Entretien avec Mme Jeanne Baillifard de Bruson, dans sa maison de ...

Oui, jusqu'en 89 et puis après on a abandonné. Mon mari est mort en 90 et puis je n'avais plus
personne, j'ai dit j'abandonne le tout.
Vous alliez où à l'alpage ?
A l'alpage de Mille, au-dessus du village. Maintenant, ils ont tout aggloméré et les deux
montagnes sont ensembles, ça fait une plus grande montagne et maintenant, il n'y a qu'un seul
locataire qui loue cet alpage et on ne s'occupe plus de rien maintenant. Il y a toujours les
troupeaux mais il y a beaucoup moins de bétail qu'autrefois enfin moins de bétail peut-être
pas mais c'est plus condensé. Il n'y a que des grands troupeaux et puis c'est tout.
Mais vous quand vous alliez à l'alpage, vous y restiez tout l'été ?
Non, on les confiait aux bergers, non, non, l'été on les confiait aux bergers. Elles montaient au
mois de juin et puis elles redescendaient au mois de septembre.
Vous faisiez combien de temps pour monter là-haut ?
Si on allait jusqu'au bout de l'alpage, il fallait bien 3 heures mais elles allaient par étape, la
montagne plus bas, près des mayens et puis après ça montait toujours plus. Jusqu'au mayen, il
fallait une heure et demie. Quand on allait au mayen, où il y a le restaurant, on allait là.
Maintenant, tout a disparu.
Quand elles étaient là-haut l'été, vous ne remontiez jamais les voir ?
Ah, si, on montait voir les bergers, il fallait apporter, on devait apporter des fournitures et
donner pour chaque vache alpée le fromage, la viande, et puis on donnait les cigares au
trayeur, celui qui trayait ces vaches et puis on montait quand même pour voir comment se
comportait notre bétail. Ça, on s'inquiétait quand même, ça faisait quand même partie de notre
vie et on en vivait malgré tout même avec deux vaches, et bien on avait toujours notre lait tout
l'hiver et notre boucherie. On en vivait quoi. On n'allait pas chercher un bifteack chaque jour.
On faisait la boucherie alors. On a quand même pas trop mal vécu.
Et vous redescendiez quand ?
L'automne, ça dépendait du temps mais le 20 septembre, autour du 20 septembre, ça dépend,
ça dépendait tellement du temps s'il faisait beau, dépend le temps qu'ils avaient eu l'été,
s'ils avaient eu un temps favorable pour avoir de l'herbe, ils restaient pendant que les bergers
pouvaient soigner leurs bêtes sur place, ils les gardaient.
Oh, ce n'était pas toujours intéressant parce qu'à la fin de l'été, il n'y avait plus beaucoup de
lait à traire, il fallait payer pour les bergers et il faut aussi qu'ils aient leur salaire malgré le
manque de lait alors voilà.
Quand vous les redescendiez, vous alliez aux mayens ?
Alors on restait aux mayens, on restait 15 jours. Donc l'été, on faisait les foins dans cette
partie du mayen, et puis l'automne, au lieu de refaucher, on laissait pour le bétail, c'était le
bétail l'automne qui mangeait ce regain comme on appelle.
Donc vous ne faisiez pas les regains à l'époque ?
Aux mayens, non, on ne faisait pas les regains, on laissait pour le bétail. Oui, parce qu'on
faisait les foins plus tard donc à Bruson au village, on faisait le foin beaucoup plus tôt qu'aux
mayens mais maintenant, tout le monde est pressé. C'est tout changé. Je ne peux pas vous
expliquer parce qu'il faudrait déjà faucher au mois de juin, au mois de mai et puis faire les
regains au mois de juin, juillet, tout est bouleversé. On laisse faire maintenant.