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Communiquer pour résister (1940-1945) - Le Musée de la ...

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Tract édité par le maquis du Limousin en 1943-1944(coll. Musée <strong>de</strong> <strong>la</strong> Résistance nationale/Champigny)messages brefs, les tracts développent, argumententune information, une idée. Uneseule, contrairement aux journaux qui euxfourmillent <strong>de</strong> messages.Comme les papillons et les journaux ilspeuvent être le produit d’une initiativenationale et dans ce cas reproduits en <strong>de</strong>smilliers d’exemp<strong>la</strong>ires tels : l’annonce enmai 1941 par le PCF <strong>de</strong> <strong>la</strong> création du Frontnational <strong>de</strong> lutte <strong>pour</strong> l’indépendance et<strong>la</strong> liberté <strong>de</strong> <strong>la</strong> France ; <strong>la</strong> lettre pastorale<strong>de</strong> Mgr Saliège dénonçant les persécutionsantisémites reproduite par Libération (sud).Mais le plus souvent, les tracts sont d’initiativelocale, le fait <strong>de</strong> petits groupes. Ilsrépon<strong>de</strong>nt au plus près <strong>de</strong> l’événement enapportant les réponses aux popu<strong>la</strong>tionsconcernées. Par exemple texte <strong>de</strong> paysans <strong>de</strong>telle région dénonçant les réquisitions <strong>de</strong>sbêtes et <strong>de</strong>s récoltes ou adresse à <strong>de</strong>s ouvriers<strong>de</strong> telle branche professionnelle ou d’uneusine <strong>pour</strong> exiger par l’action respect etdignité (sa<strong>la</strong>ires, conditions <strong>de</strong> travail, etc.).Comme les papillons à <strong>la</strong> différence <strong>de</strong>s journaux(organes officiels <strong>de</strong> chacune <strong>de</strong>s organisations<strong>de</strong> <strong>la</strong> Résistance), ils peuvent nepas être signés. Dans <strong>la</strong> majorité <strong>de</strong>s cas, ilsportent une signature peu conventionnelle<strong>de</strong> groupes affiliés ou non à <strong>de</strong>s mouvements<strong>de</strong> résistance (comité <strong>de</strong> ménagères <strong>de</strong> te<strong>la</strong>rrondissement <strong>de</strong> Paris, comité <strong>de</strong> paysans<strong>de</strong> tel canton, <strong>de</strong> tel département, etc.) ou àpartir <strong>de</strong> 1942, ils sont signés par plusieursgroupements <strong>de</strong> <strong>la</strong> Résistance réagissantdans l’union à un événement, à un problèmecomme : les textes du Comité d’action contre<strong>la</strong> déportation (ou CAD, organisme du CNRcoordonnant les actions contre le STO) ; lesappels et instructions <strong>de</strong>s comités locauxet départementaux <strong>de</strong> <strong>la</strong> Libération (CL<strong>Le</strong>t CDL) à <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion après le débarquementen Normandie le 6 juin 1944. Durantles quatre années <strong>de</strong> guerre et d’occupation,preuve <strong>de</strong> <strong>la</strong> diversité et <strong>de</strong> <strong>la</strong> vitalité croissante<strong>de</strong> <strong>la</strong> Résistance les tracts produits etdiffusés totalisent plusieurs dizaines millionsd’exemp<strong>la</strong>ires.Laval en drapeau nazi(coll. Jean-Louis Crémieux-Brilhac)Papillon préencollé diffusé par les services<strong>de</strong> propagan<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> France combattanteen 1943<strong>Le</strong>s documents <strong>de</strong> propagan<strong>de</strong><strong>de</strong> <strong>la</strong> France libre à <strong>de</strong>stination<strong>de</strong> <strong>la</strong> FranceÀ partir <strong>de</strong> 1942, le Comité exécutif <strong>de</strong> propagan<strong>de</strong>a <strong>pour</strong> charge <strong>de</strong> coordonner <strong>la</strong> communicationavec <strong>la</strong> Résistance intérieure, d’obtenirles informations les plus précises possibles sur<strong>la</strong> situation en France et d’y organiser <strong>la</strong> diffusion<strong>de</strong>s productions <strong>de</strong> <strong>la</strong> France libre puis <strong>de</strong><strong>la</strong> France combattante, en fonction <strong>de</strong>s moyensaériens accordés par les Britanniques. <strong>Le</strong>sdocuments ainsi que les témoignages <strong>de</strong>s résistantsarrivés à Londres permettent <strong>de</strong> repérerles cibles <strong>de</strong> <strong>la</strong> propagan<strong>de</strong> et d’é<strong>la</strong>borer lesoutils adaptés. <strong>Le</strong> service <strong>de</strong> <strong>la</strong> diffusion c<strong>la</strong>n<strong>de</strong>stine,dirigé par Jean-Louis Crémieux-Brilhacdu printemps 1942 à août 1944, produit unesérie <strong>de</strong> tracts et <strong>de</strong> papillons particulièrementappréciés par les organisations <strong>de</strong> résistance.L’une <strong>de</strong>s raisons en est l’utilisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> couleuret du pré-encol<strong>la</strong>ge, très difficile à réaliseren France. Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> l’aspect technique,ce matériel est parfaitement adapté à l’action<strong>de</strong> terrain : <strong>la</strong> dénonciation <strong>de</strong> Laval alors quecelui-ci se plie <strong>de</strong> plus en plus aux <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s<strong>de</strong> l’Allemagne nazie, comme le rappel <strong>de</strong>s slogans<strong>de</strong> 1793 quand l’entrée dans <strong>la</strong> Résistancepeut se payer au prix <strong>de</strong> sa vie, sont totalementen phase avec les attentes <strong>de</strong>s résistants<strong>de</strong> l’Intérieur. <strong>Le</strong>s tracts menaçant les col<strong>la</strong>borateurset les dénonciateurs <strong>de</strong> châtimentsmérités permettent <strong>de</strong> répondre aux campagnes<strong>de</strong> haine et <strong>de</strong> mépris <strong>de</strong> l’Occupant et<strong>de</strong> l’État français alors que <strong>la</strong> perspective <strong>de</strong> <strong>la</strong>Libération se précise.<strong>Le</strong>s tracts disparusJ’avais vingt ans, et mon frère seize. Ce 1 er mai 1943, nous disposions d’une bonne centaine<strong>de</strong> tracts dénonçant les traîtres <strong>de</strong> Vichy et appe<strong>la</strong>nt à <strong>de</strong>s actions. Nous en avions déjàdéposé une bonne partie aux coins d’entrée <strong>de</strong>s entreprises, <strong>de</strong>s écoles, <strong>de</strong>s ateliers, lorsquenous parvint un bruit <strong>de</strong> bottes au fond <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue où nous marchions.<strong>Le</strong>s bruits <strong>de</strong> bottes se précisent, on entend quelque chose <strong>de</strong>rrière nous, nous avons l’impressiond’être cernés. Jeter les tracts ? Impossible. Nous sommes à proximité <strong>de</strong> <strong>la</strong> gare et,vite, nous les déposons au coin <strong>de</strong> l’entrée principale. Rasant les murs, nous rentrons à <strong>la</strong>maison. Chaussures à <strong>la</strong> main, car notre seul voisin <strong>de</strong> palier est un milicien<strong>Le</strong> len<strong>de</strong>main, nous retournons à <strong>la</strong> gare : pas <strong>la</strong> moindre trace <strong>de</strong> nos tracts. Nous avonsappris quelques jours plus tard qu’un cheminot qui se rendait au travail au petit jour lesavait ramassés, tout simplement, et distribués.Témoignage <strong>de</strong> René Paquet, recueillis <strong>pour</strong> <strong>Le</strong>s inconnus <strong>de</strong> <strong>la</strong> Résistance(coll. Musée <strong>de</strong> <strong>la</strong> Résistance nationale/Champigny)11RÉSISTANCE 12/13

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