Terres <strong>de</strong> femmes, la revue littéraire, artistique & cap-corsaire d’Angè<strong>le</strong> PaoliSite internet <strong>de</strong> Terres <strong>de</strong> Femmes (http://terres<strong>de</strong>femmes.blogs.com/mon_weblog/2009/04/lapens%C3%A9e-<strong>de</strong>-<strong>midi</strong>-liran-<strong>de</strong>rri%C3%A8re-<strong>le</strong>-<strong>miroir</strong>.html)07 avril 2009<strong>La</strong> pensée <strong>de</strong> <strong>midi</strong>, « <strong>L'Iran</strong>, <strong>de</strong>rrière <strong>le</strong> <strong>miroir</strong> »Chroniques <strong>de</strong> femmes - EDITOChronique <strong>de</strong> Angè<strong>le</strong> Paoli<strong>La</strong> pensée <strong>de</strong> <strong>midi</strong>, n° 27, mars 2009Coordonné par Christian Bromberger, professeur d ethnologie à l université <strong>de</strong> Provence, <strong>le</strong> numéro 27 <strong>de</strong> <strong>La</strong>pensée <strong>de</strong> <strong>midi</strong> est consacré à l Iran. Dans son introduction à ce vaste dossier “L’Iran <strong>de</strong>rrière <strong>le</strong> <strong>miroir</strong>”, ChristianBromberger se propose <strong>de</strong> mettre ‘accent sur <strong>le</strong>s comp<strong>le</strong>xités cachées <strong>de</strong> cet immense pays. Et <strong>de</strong> bouscu<strong>le</strong>r <strong>le</strong>sstéréotypes dans <strong>le</strong>squels il est trop souvent enfermé. Ce dossier est complété par un cahier <strong>de</strong> photos. Des photosen noir et blanc, présentées par Abbas, <strong>de</strong> l’Agence Magnum.Tiraillé entre <strong>de</strong>ux clichés opposés, aussi tenaces et réducteurs l’un que l’autre, l’Iran offre au mon<strong>de</strong> actuel l’imaged un Janus bifrons caricatural. D’un côté c<strong>le</strong>rcs enturbannés et dirigeants radicaux provocateurs, décidés à jouer,sur l’êchiquier international, la politique du refus. De l’autre, <strong>le</strong>s intel<strong>le</strong>ctuels et artistes qui déjouent la censure etproduisent <strong>de</strong>s œuvres reconnues par <strong>le</strong>s instances culturel<strong>le</strong>s européennes.Selon Christian Bromberger, l’Iran ne peut se réduire à l’image que l’actuel prési<strong>de</strong>nt populiste Ahmadinejad veutimposer aux yeux du mon<strong>de</strong>. Pas davantage à l’image dorée, exclusivement représentative d une société très privilégiée,que certains s’appliquent à vouloir donner <strong>de</strong> ce pays. Pour tenter d‘élargir <strong>le</strong>s frontières entre ces extrêmes,Christian Bromberger dresse, par l’intermédiaire <strong>de</strong> ses auteurs ou <strong>de</strong> lui-même, une série <strong>de</strong> portraits d'une gran<strong>de</strong>diversité, qui permettent une apprééhension plus préécise <strong>de</strong> la réalité comp<strong>le</strong>xe et polymorphe <strong>de</strong> l’Iran, divisé entre<strong>de</strong>s modè<strong>le</strong>s contradictoires, défense i<strong>de</strong>ntitaire d'une part - marquée par un attachement viscéral aux va<strong>le</strong>urs traditionnel<strong>le</strong>set tentations <strong>de</strong> la mo<strong>de</strong>rnité <strong>de</strong> l'autre.De chapitre en chapitre se <strong>de</strong>ssine <strong>le</strong> kaléidoscope mouvant où se croisent banquier pour pauvres <strong>de</strong> la capita<strong>le</strong>et chauffeurs <strong>de</strong> taxis, femmes impliquées dans la vie <strong>de</strong>s quartiers - comme cette couturière d’un nouveau sty<strong>le</strong> quise bat contre la “masculinisation <strong>de</strong>s rues” ou comme cette bibliothécaire acharnée à la défense <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong>sfemmes - , journaliste soumise aux “patrouil<strong>le</strong>s <strong>de</strong> la Guidance islamique” et politicienne attentive à l’évolution <strong>de</strong>la révolution, cinéastes engagées et artistes, jeunes coup<strong>le</strong>s a<strong>de</strong>ptes <strong>de</strong>s sports <strong>le</strong>s plus divers. Les nouveaux pahlavans*du quotidien côtoient <strong>le</strong>s antihéros <strong>de</strong> l’histoire, opportunistes forgés au sein <strong>de</strong> la société pahlavienne quis’adaptent aux situations nouvel<strong>le</strong>s imposées par la Révolution islamique. Quant aux “grands personnages emblématiques<strong>de</strong> la nation” - ayatollahs, archéologues et poêtes, <strong>le</strong>urs philosophies sont multip<strong>le</strong>s et <strong>le</strong>urs croyances, diffici<strong>le</strong>sà cerner parce que soumises à <strong>de</strong>s influences multip<strong>le</strong>s, <strong>le</strong> sont davantage encore à cataloguer.Ainsi, à travers <strong>le</strong> prisme changeant <strong>de</strong>s personnalités qui nous sont proposées, <strong>le</strong>s “paradoxes persans” apparaissent-ilsplus clairement au grand jour. Dans <strong>le</strong> même temps surgit une interrogation nouvel<strong>le</strong> : Téhéran est-el<strong>le</strong>aujourd hui en voie <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir la capita<strong>le</strong> du mon<strong>de</strong> musulman ? “Singularité <strong>de</strong> l”Iran : religion et nation ne se distinguentpas, non plus que fondamentalisme et nationalisme”.* Les Pahlavan mythiques luttaient contre <strong>le</strong>s forces du mal. L’un d’entre eux, <strong>le</strong> légendaire Rostam, sauva plusieurs fois l’Iran.I. GALERIE DE PORTRAITSa. « Brèves <strong>de</strong> taxis à Téhéran »Dans son papier « Brèves <strong>de</strong> taxis à Téhéran », Christian Bromberger rapporte un échantillonnage <strong>de</strong> conversationsre<strong>le</strong>vées au hasard <strong>de</strong> ses courses à travers la capita<strong>le</strong>. S’il est possib<strong>le</strong> d’écouter <strong>le</strong>s chauffeurs <strong>de</strong> taxis évoquer<strong>le</strong>s contraintes <strong>de</strong> la bigamie ou <strong>le</strong>s drames provoqués par <strong>le</strong>s mariages entre un chiite et une sunnite (ou l’inverse),il est bien diffici<strong>le</strong> d'établir un portrait ? robot du chauffeur <strong>de</strong> taxi téhéranais. Tel d’entre eux s’intéresse àl’Holocauste et aux théories négationnistes qui émail<strong>le</strong>nt <strong>le</strong>s discours <strong>de</strong>s politiques et <strong>de</strong>s religieux, tel autre au contrairene se passionne que pour la poésie <strong>de</strong> Mowlana, <strong>de</strong> Khayyam ou <strong>de</strong> Châmlou. Tel autre encore se réfugie, aprèsson travail, dans la <strong>le</strong>cture <strong>de</strong> textes politiques ou religieux ou dans cel<strong>le</strong> <strong>de</strong> Wittgenstein.
Du chauffeur kur<strong>de</strong> ? dont <strong>le</strong> rêve est <strong>de</strong> retourner vivre au village ? au chef d’entreprise ruiné par sa failliteou au commerçant forcé <strong>de</strong> fermer sa boutique parce que <strong>le</strong>s vêtements « disco » qu’il propose ne correspon<strong>de</strong>ntpas aux règ<strong>le</strong>s islamiques, <strong>le</strong>s raisons d'exercer cette profession sont multip<strong>le</strong>s. Et <strong>le</strong>s visages du chauffeur <strong>de</strong> taxistéhéranais échappent à toute mainmise qui viserait à enfermer <strong>le</strong>s hommes <strong>de</strong> cette profession dans une ga<strong>le</strong>rie <strong>de</strong>stéréotypes aisément i<strong>de</strong>ntifiab<strong>le</strong>s.b. Shahla Sherkat et Massoume Ebtekar, <strong>de</strong>ux « métaphores du présent »Venu à Téhéran au printemps 2008 pour y tourner un film pour Arte, Jean-François Colosimo, théologien etéditeur, brosse <strong>le</strong> portrait <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux iraniennes <strong>de</strong> renom, Shahla Sherkat et Massoume Ebtekar.Grandie dans une « famil<strong>le</strong> traditionnel<strong>le</strong> qui fréquente <strong>le</strong>s mosquées », Shahla Sherkat, journaliste d’État,est la fondatrice <strong>de</strong> l’hebdomadaire Zanân (« Femmes »), dont l’autorisation <strong>de</strong> publication a été suspendue enfévrier 2008 ; Massoume Ebtekar ? brillante biologiste ?, « s’est imposée comme la porte-paro<strong>le</strong> <strong>de</strong>s étudiants lors<strong>de</strong> la prise d’otages <strong>de</strong> l’ambassa<strong>de</strong> américaine en 1979 ». Issues toutes <strong>de</strong>ux <strong>de</strong> la Révolution, héritières <strong>de</strong> l’imamKhomeiny, el<strong>le</strong>s sont éga<strong>le</strong>ment impliquées dans la réforme. Pour l’une comme pour l’autre, <strong>le</strong> prési<strong>de</strong>nt Khatami? « qui prônera la liberté d’expression au cœur <strong>de</strong> la République théocratique », incarne l’islam politique. Rebel<strong>le</strong>sà la « fausse mo<strong>de</strong>rnité, à la fausse émancipation, au faux féminisme », rebel<strong>le</strong>s à la société libéra<strong>le</strong> du chah, el<strong>le</strong>ssont engagées l’une et l’autre dans <strong>le</strong> combat « pour la liberté, l’indépendance, la dignité ». « Leur féminisme nes’oppose pas à la religion, il s’en réclame même au besoin, et n’en regrette que la possib<strong>le</strong> instrumentalisation. »Toutes <strong>de</strong>ux continuent <strong>de</strong> combattre ? au même titre que l’avocate Chirine Ebadi, prix Nobel <strong>de</strong> la Paix en 2003 ?,pour <strong>le</strong>s droits <strong>de</strong> la femme et au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> s’interroger : « Qu’en est-il vraiment <strong>de</strong> l’économie, du progrès social, <strong>de</strong>la condition <strong>de</strong>s femmes ? » Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> ces questions récurrentes, <strong>de</strong>meure la question fondamenta<strong>le</strong> : « Sommesnoustoujours dans l’inspiration <strong>de</strong> la Révolution islamique, <strong>de</strong>s idéaux <strong>de</strong> l’imam Khomeiny ? »Véritab<strong>le</strong>s « métaphores du présent », Shahla Sherkat et Massoume Ebtekar sont représentatives <strong>de</strong> ce queJean-François Colosimo nomme <strong>le</strong> « paradoxe persan. »c. « Coopérative <strong>de</strong>s Femmes Bien-Pensantes Vertes »Chargée d’une étu<strong>de</strong> dans <strong>le</strong>s quartiers pauvres du sud <strong>de</strong> Téhéran, la sociologue et géographe Masserat Amir-Ebrahimi a rencontré l’une <strong>de</strong>s figures <strong>le</strong>s plus origina<strong>le</strong>s du 13 Abân, Farkhon<strong>de</strong>h Gohari, et l’a suivie dans l’évolutiond’une entreprise singulière, initiée en 1997.Volontaire du Comité d’hygiène <strong>de</strong> la vil<strong>le</strong> saine (CVS) du quartier sud <strong>de</strong> Téhéran (13 Abân), Mme Goharianime <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>s années une petite bibliothèque en même temps qu’un « Conseil <strong>de</strong>s femmes », <strong>le</strong>quel a été complétéune dizaine d’années plus tard par une « Coopérative <strong>de</strong>s Femmes Bien-Pensantes Vertes ». Constituées àpartir d’initiatives personnel<strong>le</strong>s, ces petites unités <strong>de</strong> travail, <strong>de</strong>stinées à pallier <strong>le</strong>s déficits socioculturels <strong>de</strong> la vil<strong>le</strong>,sont <strong>de</strong>venues <strong>de</strong>s outils indispensab<strong>le</strong>s pour venir efficacement en ai<strong>de</strong> aux plus démunies.L’ambition <strong>de</strong> Mme Gohari : agrandir encore la coopérative, la mo<strong>de</strong>rniser, la transformer en un centre multifonctionnel.Afin que davantage <strong>de</strong> femmes encore puissent venir s’y former, se perfectionner, apprendre un métier.Pour réaliser son rêve, Farkhon<strong>de</strong>h Gohari a besoin <strong>de</strong> toutes <strong>le</strong>s bonnes volontés du quartier. Pour la plupart, <strong>de</strong>sfemmes.d. Héros du quotidienArchitecte et urbaniste, Mina Saïdi-Shahrouz dresse avec Parvine Ghassemi, étudiante en anthropologieurbaine, <strong>le</strong> portrait <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux figures emblématiques <strong>de</strong> l’Iran d’aujourd’hui.Rassoul R., fondateur d’une caisse d’épargne et <strong>de</strong> prêt pour <strong>le</strong>s pauvres, et Fatemeh K., organisatrice d’unatelier <strong>de</strong> couture pour <strong>le</strong>s femmes en difficulté, offrent, par <strong>le</strong>ur savoir-faire et par <strong>le</strong>ur sens <strong>de</strong> l’organisation, <strong>de</strong>nouveaux modè<strong>le</strong>s <strong>de</strong> citoyenneté et <strong>de</strong> socialisation. C’est dans <strong>le</strong> quartier déshérité <strong>de</strong> Cyrus, quartier <strong>le</strong> plusancien <strong>de</strong> Téhéran, qu’opèrent, chacun dans <strong>le</strong>ur domaine, Rassoul et Fatemeh. Véritab<strong>le</strong>s protecteurs <strong>de</strong> Cyrus,fidè<strong>le</strong>s, par <strong>le</strong>urs actions solidaires et novatrices, à l’éthique <strong>de</strong>s anciens palhavans, Fatemeh et Rassoul ont contribuéà améliorer <strong>le</strong>s conditions <strong>de</strong> vie <strong>de</strong>s habitants du centre historique <strong>de</strong> Téhéran, mis à mal par <strong>le</strong>s problèmesliés à la présence d’ouvriers afghans. Attachés à faire fonctionner <strong>le</strong>s réseaux <strong>de</strong> solidarité ou à pousser <strong>le</strong>s femmesà participer aux réunions publiques, Rassoul et Fatemeh sont éga<strong>le</strong>ment attachés au respect <strong>de</strong> la tradition et <strong>de</strong>l’orthodoxie religieuse. Peu enclins à la transgression, ces « <strong>le</strong>a<strong>de</strong>rs charismatiques » <strong>de</strong> la nouvel<strong>le</strong> citoyennetésont <strong>de</strong>venus <strong>de</strong> « véritab<strong>le</strong>s modè<strong>le</strong>s d’action publique ».
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