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L'Iran, derrière le miroir - La pensée de midi

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Du chauffeur kur<strong>de</strong> ? dont <strong>le</strong> rêve est <strong>de</strong> retourner vivre au village ? au chef d’entreprise ruiné par sa failliteou au commerçant forcé <strong>de</strong> fermer sa boutique parce que <strong>le</strong>s vêtements « disco » qu’il propose ne correspon<strong>de</strong>ntpas aux règ<strong>le</strong>s islamiques, <strong>le</strong>s raisons d'exercer cette profession sont multip<strong>le</strong>s. Et <strong>le</strong>s visages du chauffeur <strong>de</strong> taxistéhéranais échappent à toute mainmise qui viserait à enfermer <strong>le</strong>s hommes <strong>de</strong> cette profession dans une ga<strong>le</strong>rie <strong>de</strong>stéréotypes aisément i<strong>de</strong>ntifiab<strong>le</strong>s.b. Shahla Sherkat et Massoume Ebtekar, <strong>de</strong>ux « métaphores du présent »Venu à Téhéran au printemps 2008 pour y tourner un film pour Arte, Jean-François Colosimo, théologien etéditeur, brosse <strong>le</strong> portrait <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux iraniennes <strong>de</strong> renom, Shahla Sherkat et Massoume Ebtekar.Grandie dans une « famil<strong>le</strong> traditionnel<strong>le</strong> qui fréquente <strong>le</strong>s mosquées », Shahla Sherkat, journaliste d’État,est la fondatrice <strong>de</strong> l’hebdomadaire Zanân (« Femmes »), dont l’autorisation <strong>de</strong> publication a été suspendue enfévrier 2008 ; Massoume Ebtekar ? brillante biologiste ?, « s’est imposée comme la porte-paro<strong>le</strong> <strong>de</strong>s étudiants lors<strong>de</strong> la prise d’otages <strong>de</strong> l’ambassa<strong>de</strong> américaine en 1979 ». Issues toutes <strong>de</strong>ux <strong>de</strong> la Révolution, héritières <strong>de</strong> l’imamKhomeiny, el<strong>le</strong>s sont éga<strong>le</strong>ment impliquées dans la réforme. Pour l’une comme pour l’autre, <strong>le</strong> prési<strong>de</strong>nt Khatami? « qui prônera la liberté d’expression au cœur <strong>de</strong> la République théocratique », incarne l’islam politique. Rebel<strong>le</strong>sà la « fausse mo<strong>de</strong>rnité, à la fausse émancipation, au faux féminisme », rebel<strong>le</strong>s à la société libéra<strong>le</strong> du chah, el<strong>le</strong>ssont engagées l’une et l’autre dans <strong>le</strong> combat « pour la liberté, l’indépendance, la dignité ». « Leur féminisme nes’oppose pas à la religion, il s’en réclame même au besoin, et n’en regrette que la possib<strong>le</strong> instrumentalisation. »Toutes <strong>de</strong>ux continuent <strong>de</strong> combattre ? au même titre que l’avocate Chirine Ebadi, prix Nobel <strong>de</strong> la Paix en 2003 ?,pour <strong>le</strong>s droits <strong>de</strong> la femme et au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> s’interroger : « Qu’en est-il vraiment <strong>de</strong> l’économie, du progrès social, <strong>de</strong>la condition <strong>de</strong>s femmes ? » Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> ces questions récurrentes, <strong>de</strong>meure la question fondamenta<strong>le</strong> : « Sommesnoustoujours dans l’inspiration <strong>de</strong> la Révolution islamique, <strong>de</strong>s idéaux <strong>de</strong> l’imam Khomeiny ? »Véritab<strong>le</strong>s « métaphores du présent », Shahla Sherkat et Massoume Ebtekar sont représentatives <strong>de</strong> ce queJean-François Colosimo nomme <strong>le</strong> « paradoxe persan. »c. « Coopérative <strong>de</strong>s Femmes Bien-Pensantes Vertes »Chargée d’une étu<strong>de</strong> dans <strong>le</strong>s quartiers pauvres du sud <strong>de</strong> Téhéran, la sociologue et géographe Masserat Amir-Ebrahimi a rencontré l’une <strong>de</strong>s figures <strong>le</strong>s plus origina<strong>le</strong>s du 13 Abân, Farkhon<strong>de</strong>h Gohari, et l’a suivie dans l’évolutiond’une entreprise singulière, initiée en 1997.Volontaire du Comité d’hygiène <strong>de</strong> la vil<strong>le</strong> saine (CVS) du quartier sud <strong>de</strong> Téhéran (13 Abân), Mme Goharianime <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>s années une petite bibliothèque en même temps qu’un « Conseil <strong>de</strong>s femmes », <strong>le</strong>quel a été complétéune dizaine d’années plus tard par une « Coopérative <strong>de</strong>s Femmes Bien-Pensantes Vertes ». Constituées àpartir d’initiatives personnel<strong>le</strong>s, ces petites unités <strong>de</strong> travail, <strong>de</strong>stinées à pallier <strong>le</strong>s déficits socioculturels <strong>de</strong> la vil<strong>le</strong>,sont <strong>de</strong>venues <strong>de</strong>s outils indispensab<strong>le</strong>s pour venir efficacement en ai<strong>de</strong> aux plus démunies.L’ambition <strong>de</strong> Mme Gohari : agrandir encore la coopérative, la mo<strong>de</strong>rniser, la transformer en un centre multifonctionnel.Afin que davantage <strong>de</strong> femmes encore puissent venir s’y former, se perfectionner, apprendre un métier.Pour réaliser son rêve, Farkhon<strong>de</strong>h Gohari a besoin <strong>de</strong> toutes <strong>le</strong>s bonnes volontés du quartier. Pour la plupart, <strong>de</strong>sfemmes.d. Héros du quotidienArchitecte et urbaniste, Mina Saïdi-Shahrouz dresse avec Parvine Ghassemi, étudiante en anthropologieurbaine, <strong>le</strong> portrait <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux figures emblématiques <strong>de</strong> l’Iran d’aujourd’hui.Rassoul R., fondateur d’une caisse d’épargne et <strong>de</strong> prêt pour <strong>le</strong>s pauvres, et Fatemeh K., organisatrice d’unatelier <strong>de</strong> couture pour <strong>le</strong>s femmes en difficulté, offrent, par <strong>le</strong>ur savoir-faire et par <strong>le</strong>ur sens <strong>de</strong> l’organisation, <strong>de</strong>nouveaux modè<strong>le</strong>s <strong>de</strong> citoyenneté et <strong>de</strong> socialisation. C’est dans <strong>le</strong> quartier déshérité <strong>de</strong> Cyrus, quartier <strong>le</strong> plusancien <strong>de</strong> Téhéran, qu’opèrent, chacun dans <strong>le</strong>ur domaine, Rassoul et Fatemeh. Véritab<strong>le</strong>s protecteurs <strong>de</strong> Cyrus,fidè<strong>le</strong>s, par <strong>le</strong>urs actions solidaires et novatrices, à l’éthique <strong>de</strong>s anciens palhavans, Fatemeh et Rassoul ont contribuéà améliorer <strong>le</strong>s conditions <strong>de</strong> vie <strong>de</strong>s habitants du centre historique <strong>de</strong> Téhéran, mis à mal par <strong>le</strong>s problèmesliés à la présence d’ouvriers afghans. Attachés à faire fonctionner <strong>le</strong>s réseaux <strong>de</strong> solidarité ou à pousser <strong>le</strong>s femmesà participer aux réunions publiques, Rassoul et Fatemeh sont éga<strong>le</strong>ment attachés au respect <strong>de</strong> la tradition et <strong>de</strong>l’orthodoxie religieuse. Peu enclins à la transgression, ces « <strong>le</strong>a<strong>de</strong>rs charismatiques » <strong>de</strong> la nouvel<strong>le</strong> citoyennetésont <strong>de</strong>venus <strong>de</strong> « véritab<strong>le</strong>s modè<strong>le</strong>s d’action publique ».

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