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1 - Archives du MRAP

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BESANçoN: 1, rue GambettaLA ROCHE-SUR·YON: 11, rue Stéphane-GulllemévêtementsGRENOBLE ST·MARTIN D'HERES:72, avenue Gabrlel-PérlGRENOBLE ECHIROLLES: Grand PlaceRIXBESANCON : 1 , rue GambettaGRENOBLE ST-MARTIN D'HERES: 72, av. G.-PériLA ROCHE-SUR-YON: 11, rue Stéphane-Guillemé GRENOBLE ECHIROLLES: Grand PlaceGRENOBLE FONTAINE: Centre Commercial RecordORGEVAL: Centre Commercial "Les seize arpents"Magazine créé par le <strong>MRAP</strong>(Mouvement contre leracisme et pour l'amitiéentre les peuples), édité parla Société des éditionsDifférences.89, rue Oberkampf75011 PARISTél. : (1) 806.88.33DIRECTEUR DE LAPUBLICATIONAlbert LévyRÉDACTIONRédacteur en chef.Jean-Michel OlléSecrétariat de rédaction/maquettes:Véronique MortalsneService photos :Abdelhak SennaCulture:Daniel ChaputRelations extérieures :Danièle SimonADMINISTRA TION/GESTIONKhaled DebbahONT PARTICIPÉ A CE NUMÉRO:Dolorès ALO/A, Julien BOAZ,Bernard B ULL/A RD, AnnickCAMPRASSE, Christiane DANC/E,Claude FERRAN, Jean-PierreGARC/A, Dominique GODRE­CHE, Pauline JA COB, StéphaneJAK/N, Victor MA TTH/AS, KilicAli NA/L, Robert PA C, Jean­Jacques P/KON, Fausto G/U­D/CE, Martine MELH, ThéodoreMUGGLE, Jorge AMADO, YvesTHORA VAL, Anne S/ZA/RE.ABONNEMENTS1 an : 150 F; 1 an à l'étranger:180 F ; 6 mois: 80 F.Etudiants et chômeurs, 1 an : 130 F,6 mois: 70 F (joindre une photocopiede la carte d'étudiant ou de la carte depointage).Soutien : 200 F ;Abonnement d'honneur: 1 000 F.Vente à l'étranger: Algérie 14 dinars,Belgique 140 FB, Canada 3 dollars,Maroc 10 dirhams.PUBLICITÉAU JOURNALI!hotocomposition - photogravurelmpression : c.P. ParisCommission paritaire n 0 63634,ISSN 0247-9095.Dépôt légal nO 3082.PHOTO COUVERTURE:Abdelhak SennaStatuette japonaise de la région de HakataDiférences - N° 29 - Décembre 1983SBMMAIRE'DECEMBREPOINTCHAUD ........................................ 7Allemagne, mère blafardeDes menaces néo-nazies aux remises en cause <strong>du</strong> droit d'asile,la RFA n'est pas tendre avec ses Turcs.Fausto GIUDICEACTUEL ........................................ ·10A la ville comme à la scèneAmiens 1983 : troisièmes journées cinématographiques consacrées à l'antiracisme.Au même moment, nouvelle vague d'attentats racistes .Jean-Michel OLLEPRÉJUGÉS ...................................... -13Ils ont tous les droits ?Ceux qui prétendent que les étrangers sont plus favorisésque les Français par le Gouvernement se font taper sur les doigts.Martine MEHLGROS PLAN ....................................... 14Les enfants nusLe Quart-Monde, celui de la misère, sauvé par ses enfants.Anne SIZAIRE--------1 aDOSSIER ........................Le .Japon et ses pariasUn pays modèle, même dans la ségrégation raciale ?Albert LEVY2 &CUL TURES .....................................Vers le soleil de tous les BrésilsUne rencontre avec Bernard Lavilliers.Théodore MUGGLERÉFLEXION"""""""""""""""""'" 33L'apartheid, cet anti-humanismeLes intellectuels se mobilisent autour de l'expo Art contre/against apartheid.Le grand écrivain brésilien Jorge Amado nous a donné ce texte.Jorge AMADOH~TOIRE ...................................... 34Un vieillard mal connuUne histoire <strong>du</strong> cinéma indienYves THORA V ALDÉBAT .................................... ·3&Nés de parents étrangersQu'est-ce que c'est, la seconde génération? Des jeûnes répondent.Dolorès ALOIA, Bernard BULLIARD, Jean-Jacques PIKON3


Adres~CHERS lECTEUR, ...Vous êtes abonne a1)1fférenC8Sl'amitié (entre les peuples)le mensuel de . de J'anvier 1984à partIrDe la part de : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .......... .J'abonne à Différences,le cadeau qui <strong>du</strong>re plus ,au prix exceptionnel de 100 F pour un an :NOM _______________________________ _Prénom _______________________________ ____________________________________________________________________ _Code postal __________________ Commune ___________________________________ _Profession . ________ --------------------~-------------------------------Bulletin dûment rempli accompagné d'un chèque à retourner à:Différences (Service Abonnements), 89 rue Oberkampf, 75011 PARIS.Abonnement 1 an : étranger: 180 F ; chômeur et étudiant: 130 F.4DIFF.29COMMENTEST-CEPOSSIBLE?a· deux nuits d'intervalle, dans une petite ville alsacienne, puis dans le train Bordeaux­Vintimille, l'horreur raciste éclate, secoue la France. Est-ce possible? Chez nous? Onne comprend pas. L'émotion est profonde, sincère. Des personnalités, des organisations s'indignent.Des silences, aussi, attirent l'attention. Et bientôt, ces insatiables dévoreurs d'« actualité» que sontles médias passent à d'autres sujets, un peu nouveaux parfois, souvent fort anciens. En vingt-quatreheures, le racisme a disparu.Et voilà toujours les missiles, le chômage, l'inflation, les barrages d'agriculteurs, la fronde despompistes, les prochains licenciements dans les mines et ailleurs, les divers massacres au Liban ... Oùallons-nous ? Où va le monde ?Insécurité tous azimuts: crainte de perdre son emploi, de ne pas boucler la fin <strong>du</strong> mois,. peur de laguerre, <strong>du</strong> terrorisme et des voleurs de sac-à-mains ,. angoisse de l'avenir. Accumulation d'imagestraumatisantes. .Désarroi. Tout bouge. Jamais ~evie n'a été aussi instable: on change de domicile, de métier, derégion, de milieu. On est bloqué dans un environnement inhumain, on se terre ou on se jette à corpsper<strong>du</strong> dans n'importe quel dérivatif.Au milieu <strong>du</strong> tourbillon effréné des bruits et des fureurs, on ne s'entend plus, on ne se reconnaît plus,on ne reconnaît plus son pays. On n'est plus soi-même. On n'est plus chez soi...En se gardant d'exagérer ou de généraliser outre mesure, cette vision affolante de l'existence actuellepeut tra<strong>du</strong>ire ce que ressentent bien des gens, ceux justement que guette le racisme. Car il est vraiqu'une certaine conception de l'information, de même qu'une certaine stratégie politique tendent àdramatiser au maximum les manifestations et les effets de la crise, liée aux mutations de toutes sortesqui ébranlent la société traditionnelle depuis nombre d'années.Dans unerécente émission de Différences à T.S.F. 93, une femme interviewée à la descente de sontrain, s'écrie, excédée: « Je n'en peux plus, chaque jour, dans mon compartiment, il n'y a que desimmigrés » ... Est-ce bien la cause de son désespoir? Le racisme, en 1983, commence sans doute parcette tentation de reporter les inquiétudes, les frustrations, les pulsions agressives de notre temps surdes voisins qui, parce qu'ils sont« différents », incarnent l'inconnu et ses menaces. Ils font office à lafois d'explication, d'exutoire, de repoussoir, de bouc émissaire.Faudrait-il donc peindre la réalité en rose pour apaiser les esprits ? Mieux vaut, certainement,s'employer à la faire comprendre, et agir pour l'affronter dans de meilleures conditions. Cela, biensûr, ne concerne pas que les médias, mais aussi et surtout les responsables politiques. Ils surmonterontd'autant mieux les difficultés (celle-là mêmes qui attisent les tensions racistes) qu'ils s'appuieront surl'intervention lucide de tous, en ouvrant des perspectives crédibles.C'est tout le contraire qui se pro<strong>du</strong>it quand, au lieu de mettre en garde contre les errements <strong>du</strong>racisme, on le renforce délibérément, non seulement par des attaques virulentes contre les travailleursétrangers, mais plus encore par des mensonges banalisés, en un langage rassurant, sous l'apparenced'une honnête analyse. .Lorsqu'on dénonce l'immigré comme responsable <strong>du</strong> chômage, de l'insécurité, des déficits sociaux,<strong>du</strong> déséquilibre de la balance commerciale, des mauvais logements, des échecs scolaires et. de milleautres maux collectifs ou indivi<strong>du</strong>els, comment s'étonner que des Français voient en lui l'ennemi àéliminer par tous les moyens, celui dont la disparition résoudra leurs problèmes ?Et comment s'étonner que des être frustes, au cerveau embrumé par ces insanités cruelles, les vapeursde l'alcool aidant, puissent voir dans le premier« bougnoul» rencontré un gibier à« sefaire »pourprouver leur « virilité» ? 01>iHérencesDifférences - N° 29 - Décembre 1983 5


./PDIN1 CHAUD' 1« On ne peut pas s'intéresserà l'Afrique et se désintéresserde la Caraïbe»I.CARInformation CaraïbeChaque semaine 8 pages d'informationssur les Antilles-Guyane Françaiseset toute la CaraïbePOLITIQUE, ÉCONOMIE, CULTURE,VIE LOCALE50 NUMÉROS France- 200-F-, Étranger 52 US $ ou 390 FFCENTRE GABEL, BP 959, 97176 Pointe à Pitre CedexÇCP 33 820 83 T La Source6LES PIEDS SENSIBLESc'est l'affaire deSULLYConfort, élégance, qualité,des chaussures faites pour marcher85 rue de Sèvres5 rue <strong>du</strong> Louvre53 bd de Strasbourg81 rue St-LazareDu 34 au 43 féminin,<strong>du</strong> 38 au 48 masculin, six largeursCATALOGUE GRATUIT :SULLY, 85 rue de Sèvres, Paris 6 e5 % sur présentation de cette annonce~~ ~~c:,~-lDOO~ \)\~~: \~\)lesdfOlt'i \c:,\ Jean Louis DUCAMPdefhoIl1d -racontésallxenfuntsLES DROITS DE L'HOMMERACONTES AUX ENFANTSPour que tu saches.Pour que tu comprennes.Collection «Enfance heureuse»dirigé"e par Jacques Charpentreau22961 - 168 pages - 42 FIMPRIMERIEWEIL'117, rue des Pyrénées75020 PARISETABLISSEM ENTS4llTEX70, rue <strong>du</strong> Molinel " LILLETél. : 54;86.21BONNETERIEGROS ET DEMI·GROS:-------République fédérale ------Allemagne,mère blafardeLes immigrés turcs en RFA sontmalmenés,tant par le po~voirque par l'extrême droiteJeune nazi ouest-allemandDifférences - N ° 29 - Décembre 1983 7On a eu chaud à Berlindans 108 semaines précédantla rencontre defootball entre les équipesnationales de R.F.A. et deTurquie. Le 26 octobre, unpogrom de Turcs avait eneffet été annoncé par desgroupes néo-nazis auxquelss'était ralliée la fraction des« skinheads» organisésautour de la revue «attacke». Le pogrom n'a paseu lieu; l'émotion suscitéepar cette «initiative» desnostalgiques <strong>du</strong> grand Reichavait con<strong>du</strong>it le Sénat berlinoiset le gouvernement fédéralà prendre d'importantesmesures de sécurité. 6 000policiers ont été mobiliséspour assurer le déroulementserein <strong>du</strong> match, auquel ontassisté le chancelier Kohl et lemaire de Berlin-Ouest, lechrétien-démocrate von Weizsacker.Les néo-nazis de MichaelKühnen et de Hoffmann(aujourd'hui emprisonné)avaient lancé le mot d'ordre;« Kreuzberg doit brûler» aulendemain de la rencontre fasciteeuropéenne de Diksmuideen Belgique le 3 juillet dernier.Leurs troupes auraientdû être recrutées parmi lesjeunes des clubs de supporters,dont une bonne douzaineont été infiltrés, et certainsmis en coupe réglée, parles néo-nazis. L'un deuxs:appelle même « Zyclon 2 »,<strong>du</strong> nOIIl <strong>du</strong> gaz utilisé pourl'extermination dans lescamps. Finalement, on a puassister à cet étonnant spectacle,le 26 octobre, au StadeOlympique de SInIstremémoire ; 800 écervelés isolés<strong>du</strong> reste <strong>du</strong> stade par unimportant cordon sanitairefaisaient le salut hitlérien etlançaient leurs slogans antiturcsen présence de hautsreprésentants des pouvoirs enplace ... Quant aux groupes dejeunes: squatters,« punks» apprentis - venuspour «balayer» les néonazis,ils se sont retrouvéspresque aussi entourés par lapolice que les excités nationalistes.Le stade était à moitiévide, beaucoup de gens ayanteu peur d'être mêlés à desaffrontements violents.Kreuzberg, le « Barbès» deBerlin, n'a pas brûlé maisplus que la tolérancl:l c'est lemonopole de l'Etat sur la dis-­crimination qui est sortigagnant de cette journée.Une fois de plus, il s'est avéréque les Allemands; à la différencedes Français, délèguententièrement à l'Etat le soin derégler « dans le bon sens» la« question des immigrés », etc'est sûrement la raison pourlaquelle les 22 long rifles sontrestés silencieux en R.F.A.TürkenrausQuant aux Turcs, leur amourenthousiaste pour l'Allemagnedans les années 60 et 70s'est désormais largementmué en déception, amertumeet désespoir. La «mèreamère» ne leur a pas ren<strong>du</strong>leur amour; après avoirfermé ses frontières en 1974,« Almanya» (Allemagne enturc) a pris successivementdes mesures restrictives etrépressives. Les refus massifsd'asile politique aux rescapés<strong>du</strong> coup d'état militaire deseptembre 80, l'alliance cordialeavec le grand partenaireau sein de l'OTAN qu'est laTurquie, les extraditions demilitants politiques antifascites(23 depuis septembre1980, plusieurs dizaines enattente d'extradition dans lesprisons allemandes), les restrictionsau regroupementfamilial ont été autant de facteursde déception. En matchaller de qualification pour leChampionnat d'Europe, auprintemps dernier, le stadeAtatürk d'Izmir n'avait-il pasrésonné pendant deux heuresd'un cri repris par 80 000 poitrines;«Deustche raus!»(


lE MBIScc Kreuzbergdoit flamber nDes néo-nazis, sèment la paniquedans la communauté turque deBerlin-Ouest à l'occasion <strong>du</strong>match RFA-Turquie au stadeolympique dans le cadre <strong>du</strong>championnat d'Europe. Depuisplusieurs jours, les journauxlocaux s'émeuvent <strong>du</strong> déferlementde violence xénophobeannoncé dans des tracts distribuésà Berlin-Ouest et dans plusieursgrandes villes de RFA,sous le mot d'ordre: «Kreuzbergdoit flambler ». Kreuzbergest le quartier de Berlin danslequel vivent de nombreux Turcs.(26 octobre).Décor macabreLa mort de 276 personnes lasemaine dernière au Salvadorconstitue un « décor macabre »pour la visite qu'effectue l'anciensecrétaire d'Etat américain,M. Henry Kissinger, déclare MgrGregorio Rosa Chavez, archevêqueauxiliaire de San Salvador.De retour à Washington, M. Kissingerse montre néanmoins optimiste:«L'Amérique centraleest une région en crise, mais aussiune région où de grands espoirssont permis » ... (19 octobre).Marche pour l'égalitéUne trentaine de personnes quittentMarseille pour rejoindre Paris. Lestrente marcheurs ne visent aucunexploit sportif, et les étapes quotidiennesont été sagement limitées àune trentaine de kilomètres. Ilsentendent manifester de cettemanière pour l'égalité et contre leracisme, notamment contre lesagressions dont sont victimes lesimmigrés. De nombreuses associationsdont le <strong>MRAP</strong> soutiennentl'initiative.L'idée avait été lancée fm juindepuis son lit d'hôpital par TourniDjaidja, 20 ans, président de « SOSavenir Minguettes» grièvementblessé le 17 juin dernier d'une balletirée par un policier à Vénissieux.(15 octobre).Cache-tamponLa DST interpelle un Libyen recherchépar les Italiens, M. Saïd MohamedRachid en vertu d'un mandatinternational lancé en 1982 par unjuge d'instruction de Milan. TI estaccusé d'avoir participé, le 11 juin1980 en Italie, au meurtre de AzzdinLahaderi, un opposant au régime<strong>du</strong> Colonel Kadhafi. (6 octobre).A Tripoli, 37 Français ne peuventembarquer sur le vol d'UTA.(9 octobre). Paris demande desexplications. (10 octobre).Interdiction pour les Français résidanten Libye de quitter le pays.(11 octobre). Dénouement, levée de« l'embargo ». (12 octobre).NamibieL'Afrique <strong>du</strong> Sud reste intransigeantesur son refus de permettrel'indépendance de la Namibie sansretrait préalable des troupes cubainesd'Angola. Le représentant dePrétoria qualifie cette positiond'« irrévocable», lors d'une réunion<strong>du</strong> Conseil de sécurité sur laquestion narnibienne. (22 octobre).Sur un même bancLe synode <strong>du</strong> Cap, l'un des onzesynodes de la NGK (Neder<strong>du</strong>isteGereformeere Kerk), d'obédiencecalviniste vient d'annoncerl'ouverture immédiate de sesportes aux fidèles de toutes races,qualifiant la ségrégation de« péché ».Dans un rapport diffusé à lapresse, les ecclésiastiques de lapéninsule <strong>du</strong> Cap, décrètentqu'on ne saurait trouver de justificationà l'apartheid, déclarantce dernier contraire aux Ecrituressaintes et à «l'éthique chrétienne».Ils se prononcent parailleurs en faveur d'une totaleliberté <strong>du</strong> mariage, « entre deuxêtres rassemblés par un mêmeamour ».Heureusement, l'heure n'est plus à la lutte contre l'occupant nazi. Heureusement, l'heuren'est plus à la lutte contre l'indépendance <strong>du</strong> peuple algérien. La France est, à peu près,à l'abri de la barbarie. Le temps est plutôt au souvenir et aux commémorations. Trentecinquièmeanniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'Homme, issue précisémentde la lutte contre le nazisme. Procès de Klaus Barbie, où l'on juge enfin un homme pour les crimesqu'il a commis contre l'humanité. Procès dont à peu près tout le monde se rend comptequ'il peut jouer un rôle important dans la vigilance des Français face au fascisme.Barbie n'est pas un ennemi, c'est un accusé. Me Vergès, qui a longtemps combattu contre lenazisme, puis le colonialisme, assure sa défense. Tout cela est signe que depuis 1943, le vent a,heureusement, tourné. Malheureusement, Me Vergès a choisi ce qu'il appelle une défense derupture. La technique consiste à ouvrir un deuxième front: il s'agit de minimiser le rôle de Barbieà Lyon pendant la guerre, et en même temps, de nier à l'Etat français le droit de le juger, àcause de ses propres turpitudes. Le point de rencontre de ces deux lignes forces, c'est le faurissonisme: banaliser le nazisme, pour en faire une idéologie comme une autre, et se servir de cetteplanche pourrie comme estrade pour accuser ses accusateurs.C'est ainsi que Barbie est progressivement virginisé : Jean Moulin se serait suicidé, il aurait étédonné par la Résistance elle-même, Barbie n'aurait pas été au courant de l'existence des camps,etc. Par un cheminement inverse, l'Etat français serait d'autant noirci: il a commis des atrocitésen Algérie, il n'a donc pas de comptes à demander, c'est trop facile, etc.On en va pas se livrer ici à un hit-parade des atrocités. Me Vergès a raison, tout n'est pas encoreclair dans les années 1954-1962, mais ce n'est pas en éclairant cette période qu'on dédouaneraBarbie. Et surtout, la guerre d'Algérie est une sale guerre, mais ce n'est pas le nazisme. Un charniern'est pas un camp d'extermination. Ce n'est pas mieux, ni moins bien, ce n'est pas pareil. Eton ne peut se servir de l'existence de charniers pour faire pardonner, ou même oublier, les campsde concentration. Klaus Barbie n'a pas à justifier ses meurtres devant les gouvernants français etles membres de la Résistance, il doit rendre compte de sa participation active au nazisme devantl'humanité toute entière. Partir en guerre contre l'Etat français et son histoire, c'est peut-êtreune bonne chose, je n'en sais rien, mais se servir de Barbie, et à travers lui <strong>du</strong> nazisme pour lefaire, c'est risquer de blanchir le bébé et l'eau <strong>du</strong> bain en accusant la savonnette.Jack LESSONGINER8Décidant de passer à l'acte, laNGK annonce que dès dimancheles croyants noirs, blancs, métisou indiens pourront partager lesmêmes bancs d'église. (28 octobre).Condamnation à moLes électeurs sud-africains blancsapprouvent à une très fortemajorité (66 0/0) la nouvelleConstitution <strong>du</strong> pays instaurantun régime présidentiel fort, etl'association partielle des Métis etdes Indiens à la vie politique dontla majorité noire reste totalementexclue.Votée par le Parlement en septembredernier, la nouvelleConstitution sud-africaine seramise en œuvre à partir <strong>du</strong> secondsemestre 1984, après consultationdes 2,6 millions de Métis et850 000 Indiens, déclare PieterBotha, le Premier ministre. Ilqualifie par ailleurs «d'écrasante» la victoire <strong>du</strong> « oui ».Gatsha Buthelezi, Premier ministre<strong>du</strong> «homeland autonome »<strong>du</strong> Kwazoulou avait affirmé,quelques jours avant le scrutinqu'un succès <strong>du</strong> « oui» constitueraitune «condamnation àmort politique» des 24,7 millionsde Noirs qui représente72 % de la population totale.(3 novembre).Qui?Deux explosions, à quelques minutesd'intervalle, anéantissent lesimmeubles abritant le QG des Marinesaméricaines et un cantonnementfrançais de la force multinationale àBeyrouth. Le bilan est lourd, plusde deux cent morts américains,cinquante-quatre Français.L'opération est revendiquée par un« Mouvement de la révolution islamiquelibre», organisation inconnuequi pourrait regrouper des chiiteslibanais pro-iraniens. Israëlaccuse la Syrie. Washington soupçonnel'Iran. Paris imagine un« montage » plus complexe. Maisni les Américains, ni les Françaisn'envisagent de retirer leurs troupes.(23 octobre).Selon le même scénario, un camionsuicidefait exploser le QG des renseignementsisraéliens à Tyr.(4 novembre).Les Palestiniens fidèles à YasserArafat se regroupent dans les campsde Nahr el Bared et Baddaoui, pourrésister à l'agression menée contreeux par les éléments dissidents,appuyés par les troupes syriennes.(5 novembre).Pendant ce temps s'ouvre à Genèvela conférence nationale de la réconciliation,qui met face à face lesdivers acteurs <strong>du</strong> drame libanais.(2 novembre).Le président Chadli à Paris : la première visite d'un président algérien depuis l'indépendance.SyrieLa Syrie est certainement l'un des pays<strong>du</strong> monde les plus fertiles en civilisationsqui s'y sont écloses, depuis des millénaires,marquées par les multiples invasions quil'ont parcourue: Egyptiens, Babyloniens,Hittites, Philistins, Assyriens, Perses, Grecs,Romains, Arabes. .Cette exposition, en montrant des piècesdont la majorité n'était jamais sortie desmusées syriens, réussit à nous donner unpanorama <strong>du</strong> creuset que fut son sol, de laPréhistoire à la brillante dynastie arabomusulmanedes Omeyyadés.Quelques noms brillent encore, au-delà dessiècles, pour la place qu'ils ont occupée dansl'avancement des civilisations ou pour labeauté de leurs monuments: Mari et sa« bibliothèque» de 20 000 tablettes gravées,Ebla, centre d'une civilisation sémitique toutrécemment mise à jour, Ougarit, où l'abécédairele plus ancien <strong>du</strong> monde, sans doute, aété découvert, Palmyre, l'oasis-capitale de lagrande Zénobie, Doura-Europos, et sa rarissimesynagogue décorée de peintures figurati­~. 0Musée <strong>du</strong> Petit Palais <strong>du</strong> 26 octobre 83 au8 janvier 84.Ouvert tous les jours, sauf le lundi, de JO h. à17 h 40.Différences - N° 29 - Décembre 1983DRefusnikocteur en sciences techniques, Yos~sip Begun, 51 ans, citoyen soviétique,demande en 1971 un visa pourémigrer en Israël. Les autorités lui refusent,arguant <strong>du</strong> fait qu'il a travaillé entre 1967 et1969 sur des sujets classés secrets.Destitué de ses fonctions, il survit en donnantdes cours privés d'hébreu. Envoyé deux foisen exil, il est finalement arrêté le 6 novembre.1982 et inculpé d:agitation et de propagandeantisoviétique.En dehors <strong>du</strong> fait que ce n'estpas la premièrefois que nous avons à relever ce genre de brimadesenvers des personnes désireuses d'émigrer,signalons simplement que les délaisprescrits par la loi soviétique pour la conservationdes secrets d'Etat sont largementdépassés aujourd'hui. Y. Begun estcondamné à douze ans de rélégation, peinemaximum. (18 octobre).Le M.R.A.P. est intervenu auprès des autoritéssoviétiques pour demander qu'il ait ledroit d'émigrer. Une manifestation a eu lieuà Paris, à l'appel <strong>du</strong> C.R.I.F. (ConseilReprésentatif des Institutions Juives deFrance), place <strong>du</strong> Panthéon. (6 novembre).DL'Île géanteans le sillage victorieux de l' America'sCup et de ses montées au filetdans la Coupe Davis, l'Australie9semble décidément jeter son vieux complexeantipodique et insulaire; même côtéculture ... Au Musée d'Art Moderne de laVille de Paris, (1) vingt-deux artistes australiensdes deux dernières générations (lestrente/quarante ans et les moins de vingtcinq)présentent leurs travaux. Des expressionstrès fortement «branchées» sur lemedia électronique, l'art vidéo dans tous sesétats - et les derniers avatars de la figuration(<strong>du</strong> pop-art au néo-expressionisme).Pour cette même expo, douze artistes aborigènesde la tribu Warlpiri (Australie centrale)sont venus spécialement réaliser sur place une« ground-painting ». Une peinture cérémonielleau sol et sur sable; d'inspirationrituelle et totémique: une «première» àParis, après les « prestations» musique etdanse aborigènes au Théâtre des Bouffes <strong>du</strong>Nord (<strong>du</strong> 19 au 23 octobre dernier). Il reste às'interroger sur ce qui fait et constitue l'étatactuel <strong>du</strong> «problème aborigène» dansl'Australie d'aujourd'hui et ce par-delàl'opération-prestige des instances culturelleset d'une ambassade. Tout en comprenantque pour les quelques Aborigènes venus visiterles autochtones français, cette participationau Festival d'Automne de Paris a savaleur symbolique. 0(1) 11, av. <strong>du</strong> Président-Wilson - 75016 Paris(jusqu'au 4 décembre).(2) Films et vidéos «Autour des Aborigènes»(lnfos au : 723.61.27).(3) cf. Différences nO 23 (mai 83).


)CTUEl-,Cinéma" aAmiensLa figure de l'Autre dans le film de guerre: un des thèmes <strong>du</strong> Festival d'Amiens, ici les Bérets verts.Deux des candidats lègionnaires auteurs <strong>du</strong> crime raciste <strong>du</strong> Bordeaux-Vintimille.Un festivalconsacré àl'antiracisme,alors que,le racismea encore tuécet automneA LA VILLE CO MME A LA SCÈNEsur l'écran, la police charge les soir <strong>du</strong> 14 novembre, vers Castelsarrazin.Une seule question: ces jeunes gens sur l'utilité d'un festival antiraciste. abattu cet été. (The sun will rise, hom­sant par la Libération, les vainqueurs bie, tente de noyer les faits en accusantval, s'interrogeait dans son allocutionNoirs de Soweto, en Afrique <strong>du</strong>Sud. A Porto-Rico, on stérilise n'ont probablement pas inventé l'eau Qu'il ne s'inquiète pas, les milliers de mage aux combattants de FANC). Clarenceet Angel : deux mômes de New­ assoiffés de vengeance se défaisant de lui-même qui se sert des motivations per­ont souvent été présentés comme des d'autres personnes, c'est l'accusateurles femmes pauvres, ou de couleur, ce tiède. Qui leur a dit que les Algériens, personnes qui sont venus avaler de laqui revient au même. En Rhodésie après tout, c'était pas des gens comme pellicule, c'est autant de monde pour York, l'un porto-ricain, l'autre noir, leur passé à grands coups d'arrestations sonnelles de l'accusé pour condamnerd'avant le Zimbabwe, les écrivains noirs nous, et qu'on pouvait bien de temps en empêcher la naissance d'autres DDLF. régulièrement vidés de leur classe. L'un arbitraires et de procès sommaires. Ce un système. Ce festival nous a apportés'exilent. Au Mozambique d'avant temps en défénestrer un, c'était pas bien Parce qu'on ne regarde pas les films ne tient pas en place, l'autre n'arrive pas film est un fabuleux montage d'archives les leçons de l'Afrique. C'était encorel'indépendance, les étudiants noirs sont grave ?d'Amiens avec la passivité béate <strong>du</strong> à lire, ça l'énerve et il le montre. Des institutricesnoires, compétentes, attenti­suivi une séance-marathon d'autocriti­rétrospective de la façon dont le cinémade la télévision mozambicaine, qui a net dans le film Caméra d'Afrique, unesurveillés par la PIDE, la police politique.Dans la France de la fin <strong>du</strong> XIxe noir aux autorités, parce qu'il n'a pas de n'existe pas dans sa vie. Même si on se ves, mais débordées par l'ampleur <strong>du</strong> que des collaborateurs avec la puissance de ce continent n'en finit pas de naître,Des Sud-africains dénoncent leur boy spectateur venu voir sur l'écran ce quisiècle, le capitaine Dreyfus est condamnéparce qu'il est juif.bantoustan, pardon, un homeland. aussi lointain soit-il, résonne des images avait des profs ce soir là, dans la salle, ils pays. Une semaine de débats, sous la <strong>du</strong>ction, de distribution, et de référencepapiers : on doit le renvoyer dans un cale dans son fauteuil, chaque film, désastre é<strong>du</strong>catif de cette société. S'il y portugaise avant l'indépendance <strong>du</strong> englué qu'il est dans les systèmes de pro­Sur l'écran: ce sont là quelques images C'est sur l'écran d'Amiens. Un tract tricoloreavec ce texte : « Debout les Fran­efforts face à une inadaptation scolaire lutte d'indépendance.Unis. A une question <strong>du</strong> réalisateurde notre vie quotidienne.ont dû retrouver la vanité de leurs présidence de Samora Machel, leader de la qui lui imposent l'Europe et les Etatsdestroisièmes Journées cinématographiquesd'Amiens, qui se sont déroulées <strong>du</strong> çais, faisons halte aux envahisseurs Faux mouvementqui dépasse leurs possibilités ...Avant que le film commence, tout le Ferid Boughedir, Sembène Osmane15 au 23 novembre, et qui luttent depuis étrangers. Dehors les émigrés ». C'étaitMême décalage pour le jeune écrivain monde se crispait sur son siège, attendait répond dans le film : « Mettez vous bienleur création contre le racisme et pour sur tous les murs d'Amiens il y a quelquessemaines, et c'était signé, voyez­indépendant des capitaux de l'apartheid. hunger. En exil à Londres, il y est Machel, qu'il faudrait trouver bien, soli­pas l'Europe. L'Europe est à la périphé­My country my hat, film sud-africain rhodésien noir, héros <strong>du</strong> film House of un film de propagande tout à la gloire de ceci dans la tête, ma référence, ce n'estl'amitié entre les peuples.Des jeunes gens fêtent leur futur engagementdans la Légion. Un Algérien dans Travail luxueux: beau papier, nom­ne serait-ce qu'une existence, et son ramène au Zimbabwe après l'indépen­Crispés, on était, cloués, on a été. Des moi ».vous ça, DDLF : Défense de la France. Un Noir sans pass, qui cherche à avoir d'abord filmé par Chris Austin, qui le darité oblige.rie de l'Afrique, mon centre, c'estleur train. Ils lui tombent dessus, pour breux caractères différents, et des patron blanc, qui, dans un mouvement dance. Impossible alors de communiquer: l'écrivain, per<strong>du</strong> dans sa lutte per­non de peur, mais de honte sous les çais, ces films ne sont pas que de loin­centaines d'hommes, libres. Tremblants J'en oublie.; Mais pour un public fran­rien, parce qu'il est arabe. Le contrôleur coquetteries : les lettres entrelacées <strong>du</strong> de colère tue un autre Noir. L'employés'interpose et emmène la victime en tête sigle évoquaient une croix gammée. finira par récupérer le pass de la victime. sonnelle n'arrive ni à s'intégrer dans interrogations de Machel, tantôt patelin, tains témoignages de lutte. Ce sont desde train. Mais on n'arrête pas la Légion Qui c'est, la DDLF ? Et l'imprimerie? Exultation de l'homme qui vient d'accéderenfin à une existence légale, bien que l'image de « banni de retour au pays nécessaire, et Machel leur demandant de problèmes qui agitent notre société, icil'évolution de son pays, ni à cadrer avec tantôt méprisant; s'accusant plus que références pour la compréhension descomme ça : les candidats « p'tits gars» A Strasbourg, des immigrés rossés parremontent le train, retrouvent Habib une bande. A Troyes, le président de la de ce fait il se fasse le complice d'un libéré» que cherche à lui donner le réalisateur... Une remise en cause, peut-être contexte historique de la colonisation, d'Amiens: l'amitié entre les peuples, cereplacer leur collaboration dans le et maintenant. C'est cela le festivalGrimzi et le balancent par le fenêtre. On Ligue des droits de l'Homme arrangé au assassinat. Les bons sentiments, il fautretrouve son corps déchiqueté sur le ballastgnoules».Visages de parents d'un militant de sur les intellectuels et les luttes.pour en faire les victimes d'un système. c'est un enseignement. Ça explique aussirasoir parce qu'« il s'occupait des bou­exister pour avoir le droit d'en avoir. involontaire, des schémas romantiques dépénalisant les accusés de leur faute n'est pas un vague désir d'exotisme,Un remake de Dupont-Lajoie présenté Le soir de l'inauguration, notre ami FANC assassiné par Pretoria, la même Mais la grande leçon de ce festival, c'est Au moment <strong>du</strong> procès de Klaus Barbie, bien les DDLF, que les moyens de lesau Festival? Pas vraiment: c'était le Jean-Pierre Garcia, président <strong>du</strong> festi- dignité que la mère <strong>du</strong> petit Toufik sans doute Los comprometidos. De la ce film est une grande leçon de justice : combattre. 0révolution russe au Nicaragua, en pas- ce n'est plus l'accusé qui, comme Bar-Jean-Michel OLLE10Différences - N° 29 - Décembre 198311


PREJUIiES t -~-Immigrés ---ObreyHORLOGER- ,JOAILLIERIls ont tous les droits ?En tous cas, celui d'être défen<strong>du</strong>s quand on les diffame199, rue de la Convention,75015 PARISTél. : 532.85.0513, rue Tronchet75008 PARISTél. : 265.31.33Mon trés cher MUSTAPHA,Avec la grâce d' ALLAg tout puissant, nous sotmles devenusles !nai tre~r et les seigr-eurs de PARIS. je me demande pourquot tuhésites à venlr nous rejoir-dre.Toi tu travailleras J et tu s.eras considèré. Ta ferm:e et tesenfants viendront te rejoindre.~ verras,~'est très interéressant,les allocations familiales :-rur tout, lorsque tu as 10: à 15 enfa.."'lts.Attention: une S~OLE de te~ tecces . sera ccns1dérée ici co~elégitime, les autres seront inscrites cocme célibatairee, ayantcharge de f~ille pour les lcis sociales,c'e~t très intéressant!!!Tu r:!ettras tes fe=eH au traVê.il,pas longte~p3,juste le te::q,u' il faut pour pouvoir tou


fliRBS PLAN'- Ghettos-LESENFANTSNUSLe quart monde,un univers au-delàde la pauvreté.Un seul espoir :l'école.Noisy /Champs. Champ deHLM. Carrés, crénelés,fenêtres rondes et barreauxtorsadés, coktail de couleursdouteux. Fantasmes d'architectes quin'y vivront jamais.Cités dédales, labyrinthes de cours etd'escaliers, coupés parfois d'un ilôt demaigre ver<strong>du</strong>re. En bas de la cité desHauts Bâtons, tout en bas <strong>du</strong> dernierescalier : la cité de transit. Deux ou troisbâtiments d'un à deux étages, tristescomme des casernes, aux murs d'unjaune sale et écaillé, implantés au milieud'un terrain vague.Pauvres parmi les pauvres, ses habitantssont montrés <strong>du</strong> doigt : « Ah, il est de lacité jaune! ». Mépris ridicule etdramatique <strong>du</strong> prolétaire contre le sousprolétaire,derrière lequel se cache lapeur viscérale de le rejoindre un jour.Surtout en ces temps de crise. Grandalibi social pour masquer les plaieshonteuses.Soixante-dix familles vivent dans la citéjaune de Noisy. 350000 familles sur laFrance (dont 15 070 d'immigrés). Dix. millions d'hommes, de femmes etd 'enfants à travers toute l'Europe. Uneréalité niée, nommée <strong>du</strong> bout des lèvres,Une cité de transit en banlieue parisiennele Quart-Monde. Celui-ci a pourtant unporte-parole infatigable depuis vingtseptans: le Mouvement ATD (Aide àtoute détresse).ATD a précisément pris naissance àNoisy, à l'initiative <strong>du</strong> père JosephWrésinski, dans le Camp des sans-logis :deux-cent cinquante-deux familles -plus de mille enfants - y vivaient sanseau, sans électricité, sans ramassaged'or<strong>du</strong>res, dans des abris de huit mètressur cinq. Pour la première fois, cettepôpulation fatali~te, persuadée de sonincapacité, est appellée à se battre pourbriser le cercle vicieux de l'exclusion,perpétrée de g~ération en génération.Les combats d'ATD sont les multiplesfacettes d'un même but: rendre aupeuple <strong>du</strong> Quart-Monde sa dignité en luifaisant appliquer les droits élémentairesde tout être humain. Droit à l'unitéfamiliale : . des centaines de famillesvivent dans l'angoisse permanente <strong>du</strong>placement des enfants, qui passe par le.droit à un habitat décent et le droit à lasanté.Droit à la formation professionnelle, et,par conséquent droit à l'é<strong>du</strong>cation.Nous touchons là l'enjeu essentiel de lalutte d'ATD. Le milieu sous-prolétairecomprend un million d'analphabètes.14L'illettrisme engendre l'incommunicationavec l'extérieur et est à la source detoutes les difficultés <strong>du</strong> Quart-Monde.L'acquisition <strong>du</strong> savoir est doncl'objectif prioritaire et absolu. En 1977,un militant <strong>du</strong> Mouvement lance cedéfi: « Dans dix ans, plus un seulillettré dans nos cités, et il ajoute : toutviendra par les enfants ».Les enfants, unique trésor <strong>du</strong> Quart­Monde. C'est pour eux et grâce à eux,que les volontaires d' ATD arrivent àmobiliser l'énergie d'une populationhabituée à subir. Une naissance est icitoujours un miracle. Ce petit bébé sivulnérable (la mortalité infantile resteélevée en Quart-Monde) porte en lui. l'espoir fragile mais neuf, celui qui n'estpas encore déçu.La destruction de la misère passe parl'école. Les parents le savent aussi bienque le Mouvement: « Je veux qu'onapprenne à Thérèse ses lettres. Je ne saispas lire, je ne veux pas que ma petite fillesoit pareille» déclare une jeune femme.Un homme de quarante ans, très douéen mécanique, ne trouve pas de travail,faute de diplôme. « Il faut le dire auxgosses - insiste-t-il - pour que cela lesencourage à apprendre ».Mais on peut entendre aussi d'autresréflexions: « Ma fille, on l'a mise enperfectionnement dès sa sortie de maternelle.Elle a quatorze ans, elle y est toujours.Elle sait à peine lire... Il n'y aaucun avenir» - « Dès le premier jour,l'institutrice m'a dit: il prend un mauvaisdépart dans la vie, votre gamin.J'en ai trente-cinq. Celui qui est pénible,il faut bien le punir ».L'école, service public, profite le moinsà ceux qui en ont le plus besoin par inadéquationdes méthodes pédagogiques àla réalité très particulière <strong>du</strong> quartmonde.Exemple: Marie, sept ans, est chargéepar sa mère d'aller chercher à la mairieun bon d'AMG (Aide médicale gratuite)pour son petit frère malad'e.Marie a l'habitude de cette démarche,elle ne connait, d'ailleurs, que cettemanière pour se soigner, sa famille nebénéficiant pas de la Sécurité sociale.Peu de temps après, la maîtresse deMarie fait une leçon sur les métiers etdemande : « Où va-t-on quand on estmalade? » Marie s'écrie aussitôt: « Ala mairie ! » Rire général de la classe etcommentaire accablé de la maîtresse.Résultat: Marie est profondémenthumiliée et, en plus, elle prend la maîtressepour une idiote qui raconte deshistoires. Elle perd confiance et en ellemême,et en l'école.L'engrenage commence et les chiffressont sans surprises : 30 % des enfantssont dirigés vers l'enseignement spécialdès le cycle élémentaire (contre 3 % del'ensemble de la population). Troisenfants sur quatre sont en échec total auniveau <strong>du</strong> premier cycle <strong>du</strong> collège:80 % quittent l'école à seize ans.Les enfants,unique trésorLes différentes actions d' ATD tententde « rattraper » les choses en cours deroute: pivot culturel, « club <strong>du</strong>savoir », bibliothèques de rues. Maisl'initiative la plus importante sembleêtre la pré-école.La création de la première pré-écoleremonte à la fondation <strong>du</strong> Mouvement,il y a un quart de siècle, à Noisy. A cetteépoque, il n'existe aucune maternelle àproximité et, de toute façon, les enfantsn'ont pas de domiciliation légale.Le but de la pré-école est de permettreun passage réussi en primaire. Mais, dèsle début, elle ne veut en aucun cas êtreune structure de substitution à une institutiondéfaillante. Elle se propose, aucontraire, d'être une expérience pilote àgénéraliser dans tous les quartiers trèsdéfavorisés.Différences - N° 29 - Décembre 1983Le bidonville de Noisy est devenu cité detransit au milieu des HLM et trois écolesmaternelles publiques se sont implantées.Les enfants de cinq ans, puis dequatre, puis de trois, y ont été inscrits etla pré-école s'adresse aujourd'hui auxdix-huit mois/deux ans. En visant cettetranche d'âge, la pré-école a changé defonctionnement: elle a abandonné lasalle de classe et les rythmes scolaires etva directement dans chaque famille.Mais elle repose sur le même principe :l'adaptation au milieu et la participationdes parents.« Comment veux-tu que je fasse jouermon enfant? Je ne sais pas, on n'ajamais joué avec moi ». Et puis, le fairejouer avec quoi, <strong>du</strong> reste? Les appartementsde la cité de transit sont peut-êtreplus confortables que le bidonville,l'ameublement, lui, est toujours ré<strong>du</strong>itau minimum. Alors, le tout-petit passedes heures dans son lit, sans aucune stimulation.« llfaut casser cet engrenage,le plus vite possible et avec les parents,déclare Isabelle Scynthille, volontaire dela pré-école familiale, leur prouver qu'ilsont tous quelque chose à apprendre, àdonner. Que chaqlJ,e mère, chaque père,peut raconter les plus belles histoires <strong>du</strong>monde ».Avant l'écoleIsabelle va régulièrement dans vingtquatrefamilles, sa boîte à idées sous lebras. Avec <strong>du</strong> papier, de la colle et unvieux magazine, on manipule, onregarde, on invente. Avec des boules decouleur, on classe les objets selon leurteinte, les fruits, les vêtements. Ce travaild'é<strong>du</strong>catrice, si simple, si évident,prend un dimension immense en quartmonde:la mère ré-apprend la communicationpendant que son enfant ladécouvre. « Et, un jour, ils se mettent àparler ensemble. Ils m'ont presqueoubliée, ils n'ont plus besoin de moi, aumoins pour le moment. Une étape essentiellevient d'être franchie ».Ensuite, il faut continuer de leur fairetoucher <strong>du</strong> doigt le positif, le constructif.Ne pas comparer leur enfant à la« norme », mais insister sur ses progrèspersonnels. Mettre systématiquement envaleur leurs propres capacités : ainsi certainspères chômeurs arrêtent de tourneren rond pour montrer, sur l'insistanced'Isabelle, leurs prouesses en menuiserie,ou comment ils savent tout faire àpartir de rien. « Il s'agit qu'ils soient,une fois pour toutes, persuadés de leurcapacité parentale et surtout,« acteurs» de leur existence ». Le dynamismequi en résulte rejaillit sur lesenfants.L'acquis est là, tangible: le petit enfantqui a connu la pré-école arrive épanouiaux portes de la maternelle. Ludovic15était dans ce cas. Quinze jours après larentrée de septembre, une femme de servicele ramène chez lui : « Cet enfantn'est pas propre, nous ne le gardonspas ». La fragile confiance en elle de lamère s'évanouit aussitôt.« Ne cassez pas l'acquis des préécoles!»demande Isabelle. « Soyezsolidaires» reprennent les militantsATD. Leurs combats n'ont pas deraison d'être s'ils ne sont pas menés avectout le corps social. Trois centsvolontaires, de treize pays, sont engagésaujourd'hui dans la lutte <strong>du</strong> quartmonde.Des milliers d'« alliés », issus detous milieux, les entourent. Leur rôle :ouvrir les portes, s'infiltrer dans lesécoles, les mairies, les entreprises, lesusines. Etre les grains de poussière quidévient les rouages bien huilés d'unesociété aveugle.La solidarité c'est aussi l'insertion <strong>du</strong>Mouvement dans les pays <strong>du</strong> Tiers­Monde: « Partout où il y a de l'injustice,nous sommes concernés ». C'estencore l'entraide ponctuelle entre lesmilitants <strong>du</strong> quart-monde ou vis-à-visdes migrants. A Mulhouse, des femmessous-prolétaires ont rejoint publiquementdes femmes immigrées insultées. AVersailles, deux cent familles françaiseset maghrébines se sont unies pour luttercontre la misère.L'échec scolaire est aussi le problèmedes immigrés : le risque est grand pourla « deuxième génération » de rejoindrele Quart-Monde, faute de formationadaptée. Le mouvement ATD demandel'application des principes de la préécoleau niveau de la maternelle, etmême <strong>du</strong> primaire: effectifs ré<strong>du</strong>its,enseignants formés à comprendre lesenfants des milieux défavorisés, à dialogueravec les parents, reconnus commedes partenaires.Une telle transformation passe parl'acceptation de la différence: accepterqu'une petite tête remplie de poux - oufrisée comme un mouton noir - puisserenfermer autant d'intelligence que lesautres. Les enfants l'ont compris depuislongtemps: le mouvement le plus solidaired'ATD, Tapori, a été créé en 1967par des gosses.A la suite d'une émission télévisée, huitcent enfants disent leur désir de rencontrerceux des bidonvilles. Le mouvementTapori naît par les enfants pour lesenfants. En mai 1979, une fête rassembleà Paris deux mille gamins de dix-septpays, qui discutent avec gravité desDroits de l'Homme: « On veut se mettreensemble pour que plus personne soitrejeté ou méprisé» commente Delphine,quatorze ans. Et Jean ajoute : « Aprèsqu'on se connaît, on n'a plus la honte.On peut chanter, danser ensemble. Onpeut vivre ». 0Anne SIZAIRE


1aint-Chinian, bourgade <strong>du</strong>S Minervois couronnée devignes rousses et dorées. C'est la fin del'automne. A la mairie, on célèbre lafête <strong>du</strong> vin nouveau. Monsieur le maireofficie devant un assortiment de Saint­Chinian, cru récemment promu au rangd' A.O .C. (Appellation d'originecontrôlée).Bedonnant, rubicond, l'élu local faitl'éloge de la culture méditérranéenne <strong>du</strong>vin, célèbre sa place dans la liturgie chrétienne,puis, levant l'index tel un Pantocrator,désigne Bruxelles à la vindictepopulaire ... « Quand l'Espagne rentreradans le marché commun ce sera pournous la catastrophe ». Dans les environs,nombreux sont les villages comptant50 070 de familles d'origine espagnole.Y en avait-il dans l'assistance,ont-ils eu un petit pincement de cœur,ces descendants des paysans pauvresparvenus en Languedoc, d'Alicante, deMurcie, d'Albacete ?De la vigne, toujours de la vigne, encorede la vigne. 70 % de la pro<strong>du</strong>ction agricolerégionale. Le Languedoc-Roussillon,cet amphitéâtre face à la mer,possède le plus ancien vignoble deFrance, présent dès l'époque grecque etcelte-ibère. Ce n'est qu'au début de cesiècle que la région se lance dans la pro<strong>du</strong>ction<strong>du</strong> vin de table des travailleursde l'ère in<strong>du</strong>strielle naissante. C'était letemps où les Gabach (montagnards)poussés par la ruine de l'agriculture demontagne descendaient vendanger de lamontage noire et <strong>du</strong> Mont Lozère. Ils sesont petit à petit fixés dans la plaine.Devenus pour la plupart viticulteurs, illeur a fallu trouver de la main d'œuvrede l'autre côté des Pyrénées.Conjonction d 'intérêts: les hommesfuyaient alors la guerre coloniale deCuba (1898) puis les années de misère degrande dépression (20-30). Le flux n'acessé d'augmenter pour décroître à partirde 1975.Is étaient 64 000 travailleurs1 saisonniers espagnols à venirtravailler en France en 1981 dont 49,2 %absorbés par les départements del'Hérault, de l'Aude et <strong>du</strong> Gard. L'écrasantemajorité, 90,4 % vient pour lesvendanges.« On dormait à la cave ou augrenier sur de la paille» raconteM. Gabriel Rodriguez de Pardailla~(Hérault) ancien directeur <strong>du</strong> crédit agricole,tisserand, maçon et vendangeur. ..«On était huit coupeurs par colle(équipe), à chaque bout de rang, le chefde colle sifflait et on partait en sensinverse, le bagne ... ». Trois à cinqsemaines de travail intensif. On ne prenaitconnaissance de son salaire qu'à lafrontière, pour ceux qui n'étaient passatisfaits, le voyage de retour était à leurcharge. Il y avait les patrons qui embauchaient23 jours pour ne pas payer lesdeux jours de salaire supplémentairesdûs au bout de 24 jours de travail. Cesconditions difficiles n'ont pas empêchédes liens de se tisser entre villages espagnolset français. A NOël, le viticulteurfrançais envoie ses bons vœux au chefd'équipe espagnol. Et la saison suivantevoit réapparaître les mêmes villageois. Ily a les bals ou l'Espagne et la France fraternisentdans les flons-flons et lesjupons, les guitares andalouses à la veillée,la paëlla géante <strong>du</strong> dernier soir.Certains se sont fixés dans les années 50,pour devenir ramonets (régisseurs) dedomaines viticoles. Marie-Ange Gomez,38 ans, fille de ramonet, raconte sonenfance sans histoire à Béziers ... «Jevivais dans un quartier populaire peupléà 50 % d'Espagnols ... jamais je n'ai ététraitée de sale Espagnole ... il faut direque ma culture d'origine ressemblebeaucoup à celle d'ici ... Même religion,même patriarcat, même cuisine àl'huile ».Defait, les espagnols se sontintégrés dans la plaine aussibien que les italiens proven caux del'ancien Comté de Nice. Enfance heureusede l'après-guerre. Pour GabyRodriguez, l'intégration ne s'est pasfaite dans d'aussi bonnes conditions.Fils de socialiste, il est né en France en1931. Enfance studieuse, ... « pour montrerque j'étais capable de faire aussibien que les Français ». Puis ce fut lacatastrophe. Franco prend le pouvoir en1939. Les réfugiés affluent. Parquésdans des camps des Pyrénées Orientales,ils seront refoulés par les lois scélératesde Vichy en 1941. La famille Rodriguezest priée de retourner «chez elle ».Gaby ne rentre en France qu'en 1948.Un cousin maçon lui trouve <strong>du</strong> travail.La rencontre avec son ancien instituteurde Saint-Pons sera décisive. Il passe soncertificat d'études à 26 ans, entre auCrédit agricole et sera nommé directeur20 ans plus tard.Passionné de spéléologie et d'archéologie,il prépare une thèse de troisièmecycle. Parcours exemplaire pour un deces « espagnols des montagnes » dontl'intégration s'est faite moins aisémentque dans la plaine ... «Quand j'étaisreprésentant chez Singer, je préféraisdire que j'étais Gaby le spéléo plutôt queRodriguez» explique cet intégré à laforce <strong>du</strong> poignet. Il est aujourd'hui à laretraite anticipée. Je l'ai surpris en trainde superviser la construction de sa bellemaison de toute une vie ... Dans un coinson fils, 26 ans, licencié en maths et auchômage. Ce soir, ils vont discuter del'avenir entre hommes .. . plutôt sombre,fils d'espagnol ou pas.Rodriguez ou Dauzats, tout lemonde est logé à la mêmeenseigne. On se fait fonctionnaire oumaçon pour les résidences secondairesdes allemands, hollandais ou intellectuelsde Montpellier. Ou alors, on émigre.« Mon aîné qui a 26 ans est au chômage,il travaillait dans une usined'accessoires en plastic, ma seconde estmariée à un maçon français, mon troisièmeest peintre tapissier et la dernièren'est pas encore mariée» explique M.André Pino, espagnol d'origine et facteursur la région de Saint-Chinian ...« J'ai un frère retraité de la S.N.C.F. etune sœur aux P. T. T. à Paris ». Auchoix. Certains descendants d'espagnolsont cependant décidé de rester sur laterre ... Marie-Ange a planté des mûrierset va démarrer une magnanerie (élevagede vers à soie). Elle possède aussi un hectarede vigne mais Jean-Paul, son mari,travaille dans une imprimerie de Montpellierla semaine. La marmite ne boutpas encore de la terre. Le fera-t-elle unjour ?Malade de sa monoculture, le Minervoiset avec lui tout le Languedoc appréhendel'entrée de l'Espagne dans le marchécommun. Saint-Pons, centre d'unevallée textile autrefois prospère se désertifie.L a population s'élevait à10 000 habitants dans lesannées 50, elle est descen<strong>du</strong>eaujourd'hui à 3 000. Les jeunes partent.Dans la plaine, le nombre de travailleurssaisonniers français a baissé de 25 %entre 1980 et 1981, celui des espagnolsde 4 % sur la même période.La région ouverte à la circulation despersonnes depuis les temps préhistoriquesva-t-elle se replier sur elle-même?Quelques jeunes gens tentent, à leuréchelle, de renverser la vapeur. Ce sontles néo-ruraux, « descendants» des gauchistes,écologistes des années 60 et 70 :Français, Allemands, Anglais. Ils sesont attachés à ce terroir sur lequel ils nesont pas nés, aux côtés des Marie-Ange.Ainsi Claude et Frédérique « immigrés»parisien et lyonnaise, occitanistesd'adoption. Leur fille, Aurélie, joliepetite blonde aux yeux bleus, parle avecun bel accent occitan ... Sa meilleureamie s'appelle Pilar, une autre petiteblonde aux yeux bleus, de parents hollandaiset anglais, lui répond sur lemême ton. Cahin-caha, le Languedocpoursuit son histoire de rencontres. DPauline JACOBLe vignoble languedocienet la fêtedes vendanges1617


En japonais, discrimination et origine des Buraku (Maspéro).LES BURAKUMINLa première partied'une grande enquêtesur les parias de l'empire des miracles18arce que toute passion tend à déformerson objet, un amour excessif <strong>du</strong>fameux « modèle japonais » peutcon<strong>du</strong>ire à lui prêter des qualitésimaginaires et douteuses. Ainsidans ce cri <strong>du</strong> cœur de quinze Françaislittéralement éblouis par leursdécouvertes : « Il n y a pour ainsidire pas de Japonais blonds, ni deJaponais roux, ni de Japonais auxyeux bleus ! Contrairement à la population de nos paysoccidentaux, la population japonaise donne l'impressiond'une extraordinaire homogénéité. Le Japon n'ajamais été« envahi» et n 'a jamais utilisé de main-d'œuvre étrangère!(.. .) On constate que cette population dense a adopté uncomportement calme, discipliné et souriant qui fait notreadmiration» (1).Il y aurait énormément à dire sur cette vision superficielle etcondescendante qui fait d'un peuple « différent» uneDifférences - N° 29 - Décembre 1983 19masse indifférenciée: tous pareils, ces Japonais, et leur uniformitéphysique reflèterait providentiellement leur « consensus» psychologique et social !Or, il suffit de regarder dans la rue, dans le métro, pour percevoirl'extrême variété des visages, tant par la forme etl'expression que par le teint de la peau: qui a décrété qu'ilsétaient « jaunes » ? ..Inutile d'être anthropologue pour savoir que l'immensemajorité de l'humanité a les yeux et les cheveux noirs oubrun foncé, et que la « bride mongolique» de la paupièresupérieure caractérise la plus grande partie des habitants del'Asie. Rien, donc, dans l'aspect extérieur des gens, qui soittotalement spécifique au Japon.C'est que, depuis le fond des âges, l'archipel a été« envahi» - mais oui ! - par de multiples migrations quise sont heurtées et métissées pour engendrer la populationd'aujourd'hui. Il a même été occupé, après la secondeGuerre mondiale, par les Américains. La main-d'œuvreétrangère? L'économie japonaise en a usé sans scrupules à


Il#~1R- ltŒ;0.:._t1ciPourquoi cette marginalité d'unefraction de la population ? Il fautsavoir que les Burakumin sontd'authentiques Japonais, de mêmeethnie et même culture que lesautres. Traités comme chez nous lestravailleurs étrangers, on leur imposaitautrefois, comme aux Juifsd'Europe, le port de vêtements spéciauxou d'une marque distinctive'comme les Tsiganes, ils sont entourés de craintes et d~superstitions. Leur douloureuse histoire, qui se poursuitdans le Japon <strong>du</strong> 20 e siècle, se rattache à des divisions socioéconomiques,à des tabous religieux remontant aux premierssiècles de notre ère.Déjà, dans la société primitive de la plaine de Yamato,autour de Nara, on relève l'existence de deux groupes:d'une part, les artisans et les cultivateurs, qui vivent groupésdans des huttes, et, d'autre part, ceux qui se consacrent auxtravaux ayant rapport au bétail et à la mort - de la gardedes troupeaux et la boucherie aux rites funéraires - sanslieu d'habitation permanent, à l'écart.Le pur et l'impurl'époque coloniale, et ce n'est pas fini. De plus, comme pourbriser un peu plus encore l'image d'une « homogénéité»parfaite, un peu d'attention permet de discerner dans cettesociété toute en cloisonnements et en hiérarchies, le drameséculaire des quelque trois millions de Burakumin ...A une heure de voiture <strong>du</strong> centred'Osaka, la ville d'Izumi s'efforcede ré<strong>du</strong>ire peu à ~u l'éten<strong>du</strong>e deson buraku. Ce mot, qui signifie àl'origine «hameau », a pris aucours des âges le sens de « ghetto ».Selon les derniers chiffres officiels,en 1975 il existait au Japon4 374 buraku, ruraux et urbains, oùvivaient 1 840 000 Burakumin (lesgens des hameaux). Mais on en admetau moins 1 500 de plus, avec un nombre d'habitantsnettement supérieur, auxquels s'ajciUtent les centaines demilliers de Burakumin « invisibles» qui ont pu se fondredans la population des grandes agglomérations. .Passés le cimetière et la décharge d'or<strong>du</strong>res, puis l'écolenouvelle, la route se heurte au quartier de Saiwai-Oji, unbidonville à la manière de Nanterre ou Champigny desannées 60. Dans les ruelles qui vont se rétrécissant, les casesde bois couvertes de tôle ou de carton goudronné voisinentavec des petites maisons en <strong>du</strong>r, au toit de tuiles peintes,relevé aux angles.Une poussette ou un vélo sous un minuscule auvent de plastique;<strong>du</strong> linge séchant entre les cloisons disjointes d'unhangar exigu; un jardinet de poche méticuleusement soi-gné : les gens vivent, s'organisent dans ce cadre misérable,mais d'une remarquable propreté. Pourtant, les eaux uséescourent dans les caniveaux, traversant parfois une allée.Quand il pleut, la boue englue les venelles non-asphaltées.Au croisement de deux sentiers herbus, se dressent desdébris calcinés : le feu a détruit plusieurs habitations, car lesvoitures des pompiers ne peuvent pénétrer dans ce labyrinthe.On devine, aux écheveaux de laine, aux vêtements confectionnésaperçus par une fenêtre ou une porte entr'ouverte,les petits travaux à domicile qui occupent certaines familles.Une construction plus éten<strong>du</strong>e: la fabrique de perles artificielles,l'une des rares « in<strong>du</strong>stries» <strong>du</strong> lieu. Sous le plafondbas, une demi-douzaine d'hommes et de 'femmes, aux traitstirés, s'affairent lugubrement dans l'odeur suffocante'd'acétone. Non loin de là, une boutique, par comparaisonluxueuse, dont la vitrine offre les colliers, les broches, lesépingles de cravates réalisés grâce à leur labeur, dans desécrins flatteurs de velours rouge.A Saiwai-Oji, le chômage estsévère, les revenus des plus médiocres.On y compte 10 % de la populationd'Izumi sur 1 % <strong>du</strong> territoirecommunal, et 87 % des personnesassistées. Parmi les salariés, 29 %seulement perçoivent des rétributionsmensuelles, les autres étantpayés à la pièce ou à la journée.Mais tout le monde n'est pas pauvreLa fabrication d'objets en bambou, une desprincipales occupations des Burakumin.Sur le IIJur d'une école d'Osaka des graffiti racistes :« les Burakumin sont nos ennemis ». Un Buraku, àNagoya.dans les buraku. Des employeurs avisés profitent <strong>du</strong> manquede débouchés, des discriminations pratiquées au dehors,qui ramènent à leurs entreprises les plus récalcitrants. A lalisière <strong>du</strong> ghetto, des villas orgueilleuses, aux belles proportions,se dressent avec des allures de forteresses.Il est vrai qu'en quelques années, le bidonville d'Izumi s'estnotablement ré<strong>du</strong>it. Les militants de la Ligue de Libérationdes Buraku (2) sont fiers de montrer, en face, les bâtimentsbien alignés de la cité toute neuve, où sont progressivementrelogés les habitants des baraques, après le passage des bulldozers.A l'école-modèle, où l'on doit se chausser de pantouflespour entrer, les enfants <strong>du</strong> ghetto ne sont plus,comme ceux d'autrefois, voués à un enseignement au rabaisqui limitera leurs chances; ils s'épanouissent dans la joie etla conscience de leurs origines. Il y a aussi le dispensaire,bien équipé, les crèches, la douillette maison des retraités lecentre socioculturel, destinés aux Burakumin et gérés ~arleurs associations.Cependant, malgré la résorption de certains buraku, cettelèpre prolifère encore, surtout dans l'île méridionale deKyushu et autour de la mer Intérieure. Dans les départementsde Fukuoka, Hiroshima et Osaka, on compte respectivement605, 472 et 55 buraku, avec 230000, 82000 et149 000 habitants. C'est à Kobé que se trouve le plus grandburaku <strong>du</strong> Japon: il groupe plus de 1 000 foyers. 208000Burakum~n vivent dans le département de Hyogo, 58 000dans celUI de Kyoto, l'ancienne capitale, berceau de l'art etde la spiritualité <strong>du</strong> Japon ...Au 7 e siècle, quand apparaissent les registres familiaux(koseki), forme de l'état-civil qui demeure aujourd'hui ilsindiquent l'appartenance sociale de chaque personne. 'Pendant les sept siècles de gouvernement militaire des Shogun,la définition et la séparation des classes, leur hiérarchie,se codifient et se figent. Il y a, de haut en bas, les guerri:rs(subdivi~és en daimyo, seigneurs, et samouraï), les fermIers,les artIsans, les marchands ; et puis les hors-classes,rejetés loin d:s cités, établis près des cours d'eau, et qu'onappelle parfOIs pour cela kawaramono, les gens-des-bordsdes-rivières.C'est à partir <strong>du</strong> 13 e siècle qu'on les désigne,dans des documents ou sur des pierres tombales <strong>du</strong> nom dehinin (non-humain), eta (impurs), chikunan 'ou chikujo(homme ou femme-animal).Méprise-t-on un groupe parce qu'ilaccomplit des tâches jugées dégradantes? Ou l'oblige-t-on à accomplirces tâches parce qu'on leméprise ? La question surgit danstoutes les situations de racisme, etl'on s'aperçoit que les deux attitudesse complètent, s'enchaînent.Dans le cas de ces exclus nommésaujourd'hui les Burakumin - seulterme qui ne soit pas péjoratif, et que revendiquent les mouvementsde libération - se combinent l'infériorité sociale etl'idéologie religieuse. Les notions de pur et d'impur, desouillure et de purification, tiennent une place majeure dansle shintoïsme. A l'entrée des temples, une fontaine permetaux fidèles de se laver les mains et de se rincer la boucheavant d'aller se recueillir et méditer; ils brassent la fumée del'encens et se touchent le corps pour se protéger des maladies.Impurs, les eta le sont parce qu'ils abattent les animaux ~ttraitent le cuir, parce qu'ils assurent le nettoiement, parcequ'ils font office de bourreaux et gardent les cadavres descriminels exécutés, parce qu'ils s'occupent des morts et destombes, même si beaucoup cultivent de maigres lopins deterre ou sont artisans. C'est pourquoi, selon un magistrat dela seconde moitié <strong>du</strong> 1g e siècle, la vie d 'un eta vaut sept foismoins que celle d'un homme ordinaire !20Différences· N ° 29· Décembre 1983 21


,Au long des siècles, les gouvernantsne manqueront pas, pour mieuxassurer leur pouvoir, de jouer,quand besoin est, sur leur « différence». Celle-ci est systématiquementren<strong>du</strong>e visible pendant l'EreTokugawa (1603-1868) au moyen deprescriptions draconiennes: c'est letemps où les eta doivent, selon leslieux, suspendre une peau d'animalau bord <strong>du</strong> toit de leur maison, porter une ceinture de corde,et chausser des sandales de paille, arborer un rectangle decuir sur leur vêtement, qui est d'une couleur déterminée;quand ils vont chez d'autres personnes, défense leur est faitede passer la pièce d'entrée; parfois, ils sont soumis aucouvre-feu, et dans certaines régions, n'ont pas le droit deposséder ou louer de la terre. Bien enten<strong>du</strong>, ils ne peuvent semarier qu'avec de's congénères.Lors des révoltes paysannes, auxquelles ils participent, larépression se déchaîne avec une rigueur particulière contreles gens-des-ghettos (3). Mais après la réforme de la taxefoncière, en 1873, qui accroît encore la misère des paysanspauvres et en fait les prolétaires de l'in<strong>du</strong>strie en rap'idedéveloppement, les Burakumin deviennent les boucs émissairesdans le climat de peur qui s'instaure. Dans le centre etle sud <strong>du</strong> Japon, au cours de véritables pogromes, desmilliers de maisons de Burakumin seront dévastées àFukuoka et à Okayama; on comptera dix-huit morts.L'empereur Meiji venait de proclamer, en 1871, par l'Editd'émancipation, que « les appellations de eta et hinin étantabolies, les perSOf1'les appartenant à ces catégories seronttraitées dans les domaines de l'emploi et de la situationsociale de la même façon que tous les autres citoyens ».Cette mesure, réclamée au cours de multiples luttes, révoltes,appels d'intellectuels, est accueillie avec joie. Très vite,les gens-des-ghettos perdent les professions artisanales (tanneurs,maroquiniers, cordonniers) dont ils avaient le monopolede fait, et que balaie l'in<strong>du</strong>strialisation, pour devenir lamain-d'œuvre mobile et bon marché qu'exige le capitalismetriomphant. Ils travaillent massivement dans les mines etl'in<strong>du</strong>strie textile.Mais la rapide mutation de lasociété japonaise laisse subsistersous diverses formes les structureshiérarchisées de l'époque féodale,avec le pouvoir absolu de l'empereur,les pairs, les nobles devenussénateurs et les samouraïs reconvertisen cadres et notables, la propriétéde la terre inchangée, lesystème patriarcal donnant un rôleprépondérant à la naissance, à la lignée, au sexe (masculin).Les registres familiaux, les recensements continuent de mentionnerl'ancienne origine, et s'il n'est plus question officiellementd'eta ou de hinin, les termes employés rappellent lepassé: heimin (gens ordinaires), shinheimin (nouvellementhomme ou femmes ordinaires), membres de « communautésspéciales ».De fait, après l'émancipation de 1871, qui mettait fin àl'opprobre séculaire marquant les Burakumin, loin des'éteindre spontanément, les discriminations ont persisté,d'autant plus intolérables que le système social avaitchangé.jDeux images <strong>du</strong>Japon : Tokyo et sonmodernisme. Lesparents de KazuoIshikawa, unBurakumininjustementcondamné.Aujourd'hui, les ghettos les plusimportants ne se situent pas,comme autrefois, au bord des rivièresou au pied des montagnes, maisen marge des grandes cités in<strong>du</strong>strielles.En plus forte proportionque les autres Japonais, les Burakuminsont éboueurs, égoutiers, chiffonniers,terrassiers, gardiensd'immeubles, colporteurs de fruits,légumes, fleurs ou poissons. Ils travaillent majoritairementdans les petites entreprises, subordonnées aux firmes importantes: il y a parmi eux, en moyenne, dix fois plus de chômeursque dans l'ensemble de la population. S'ils cultiventla terre, 'c'est sur des parcelles minuscules (et après la guerre,comme par hasard, leurs champs furent plus particulièrementréquisitionnés pour l'installation de bases américaineset de terrains de manœuvres militaires) ; beaucoup sontdevenus ouvriers agricoles. S'ils sont fonctionnaires, c'est àdes postes subalternes. Malgré les indéniables progrès réalisésau cours des dernières décennies pour établir l'égalité deschances, les plus récentes statistiques montrent que les Burakuminsont moins nombreux que les autres Japonais àentrer dans l'enseignement secondaire (- 5 0,10) et à y poursuivreleur études jusqu'au bout (- 20 0,10) ; leur tauxd'accès à l'université est de 37 0,10 inférieur. Leur revenumoyen par foyer n'atteignait, en 1969, que 63,4 0,10 <strong>du</strong>revenu moyen national, et il semble que ce chiffre ne se soitguère amélioré depuis.Ces inégalités structurelles trouvent encore souvent prétexteou justification dans les préjugés anciens. Il n'est pas rareque des graffiti soient barbouillés autour des buraku, oumême dans des universités, reprenant le terme injurieux deeta, assorti parfois d'appels au meurtre. A Izumi, on a pulire cette inscription : « Tous les Burakumin en camps deconcentration. Gazez-les à mort ».Lorsqu'a commencé la résorption <strong>du</strong> ghetto de cette ville,certains relogements étaient prévus dans une autre partie del'agglomération. Les habitants <strong>du</strong> quartier concerné, hostilesmais n'osant pas exprimer ouvertement leur racisme, ontsigné une pétition sans texte, sur des feuilles blanches, dontils ont ensuite expliqué verbalement le sens aux autorités.Aussi, les bâtiments neufs où vivent les originaires <strong>du</strong>buraku maintiennent-ils la ségrégation, même si c'est dansdes conditions plus confortables. La haine trouve alors denouveaux aliments : on dit et on écrit que « les Burakumindépensent notre argent comme de l'eau », qu'ils exploitentle peuple »... Refrains connus.La Ligue de Libération des Burakuayant obtenu que les registres familiauxne puissent plus être consultéssans l'accord des intéressés, des listesd'habitants des buraku ont étécommercialisées avec l'indication« top secret». On a pu repérer,entre 1975 et 1981, deux cent dixneuf acheteurs, parmi lesquels lesplus importantes firmes in<strong>du</strong>strielleset commerciales <strong>du</strong> Japon.L'embauche dans ces entreprises donne lieu à une enquêteapprofondie sur les candidats. Il en est de même, traditionnellement,pour les mariages, à l'égard des fiancés. De prospèresagences de détectives privés se consacrent ainsi, quotidiennement,à la chasse aux Burakumin. A cause de son origine,on peut perdre son travail ou son amour. Plusieurs suicidesen ont résulté ces dernières années encore. La jeuneKayo Asano, en 1976, écrit à son ami, avant de se donner lamort: « Je viens d'une famille <strong>du</strong> buraku. J'avais espéré legarder secret ... C'est pour cela que je ne suis pas allée chezmes parents avec toi. Maintenant, j'espère que tu épouserasune jeune fille en pleine santé, d'une bonne famille, quipuisse convenir à ta mère. Au revoir ».L'administration, la police, la justice, ne sont pas exemptesde comportements anti-Burakumin. Un jeune garçon,Kazuo Ishikawa, a été condamné pour meurtre dans desconditions douteuses laissant croire que le fait d'habiter unburaku a pesé d'un poids essentiel contre lui. Depuis vingtans, se poursuit une campagne ardente pour sa libération.Même s'ils ne forment pas un groupe ethnique ou culturelparticulier, on comprend le sentiment de solidarité et l'espritcombatif qui unissent les Burakumin, dont la communautéa connu une longue histoire de ségrégation et de souffrances,mais aussi de luttes. En 1874, ils se joignent nombreuxau Mouvement démocratique pour le respect des droits del'Homme, visant à concrétiser les promesses de démocratisationde l'Ere Meiji.Au début <strong>du</strong> 20 e siècle, tandis que les révolutions russes de1905 et 1917 stimulent les mouvements populaires au Japon,avec les Révoltes <strong>du</strong> riz (août 1918), naissent les premièresorganisations propres aux Burakumin ,. les autorités doiventen tenir compte, soit en s'efforçant de les « récupérer », soiten prenant des mesures budgétaires pour améliorer les conditionsde vie dans les ghettos (1920). Le 3 mars 1922, troismille congressistes, à Kyoto, acclament la création del' ~ssociation japonaise pour l'égalité (littéralement: asso-JAPON:sabre,paravent,miroirFrédéric BRICNETJean-Pierre CENDRONJAPON:SABRE, PARAVENT, MIROIRNi miracle, ni modèle,la réussite japonaiseinterroge nos faiblesses.ColI.«Alternatives économiques))23267· 204 pages· 60 F22Différences· N ° 29· Décembre 1983 23


-ciation des niveleurs). Se référant à la fois au marxisme, auchristianisme et au bouddhisme, la Déclaration adoptéesoulève une intense émotion :« Nos ancêtres ( ... ) victimes de l'abjecte politique de laclasse dirigeante, sont devenus les martyrs courageux del'in<strong>du</strong>strialisation. Pour les remercier de travailler la peaudes bêtes, on les a dépouillés vivants de la leur; pour lesremercier de retirer les entrailles des bêtes, leurs entraillesencore chaudes ora été arrachées de leur propre corps; deplus, ils étaient tournés en ridicule ( ... ). Le temps est venupour les victimes de refuser leurs stigmates, pour les martyrsd'être bénis pour leurs couronnes d 'épines. Le temps estvenu pour nous de la fierté d'être eta » ...Manifestation, procès, campagnesde dénonciation et d'informationn'ont cessé, depuis, de se multiplier.Avec parfois des tendances aurepliement <strong>du</strong> groupe sur lui-même,mais le plus souvent en concordanceavec l'ensemble des luttes pour ladémocratie, contre le fascisme et laguerre, en lien avec les autres victimesde discriminations.Ainsi furent obtenues les mesures - toujours insuffisanteset d'une extrême lenteur - tendant à effacer des sièclesd'inégalité et d'humiliation. La Constitution de 1946 confirmaitl'égalité en droits de tous les Japonais. Il a fallu desbatailles acharnées avant que la « Commission consultativepour une politique d'insertion» des Burakumin (créée en1960) se voie confier un objectif précis (1961), présente unrapport (1965), débouchant sur une enquête (1967) et que laDiète vote enfin la Loi sur les mesures spéciales pour les projetsd'insertion Guillet 1969). Loi applicable pendant dixans, prolongée de trois ans en 1978, remplacée le 1 er avril1982 par la Loi sur les mesures spéciales pour les projets deszones d'amélioration d'une <strong>du</strong>rée de cinq ans. Sur le terrain,la mise en œuvre de ces mesures ne va pas sans problèmes,financiers d'abord, mais aussi de priorités, de méthodes, decontrôles, de participation des intéressés. La Ligue de Libérationdes Buraku revendique un programme plus completde transformation de l'habitat, d'élévation <strong>du</strong> niveau socialet culturel, de stabilisation de l'emploi, de protection desdroits humains, à poursuivre résolument sous la responsabilitéde l'Etat, des collectivités locales et <strong>du</strong> peuple, sanslimite de temps, jusqu'à ce qu'aient disparu toutes les inégalitéset les discriminations.Nous voilà bien loin <strong>du</strong> Japon tant vanté, ultra-moderne,paradis de l'informatique, avec ses autoroutes, ses métropolesgéantes, ses usines robotisées, ses ouvriers heureux etpleins d'allant.Que ce pays super-développé - le « Troisième Grand» del'économie mondiale - présente de telles poches de sousdéveloppement,de tels anachronismes, peut surprendre.S'agit-il d'un « Japon insolite », peu significatif, qui ne doitpas masquer le vrai ? de simples séquelles <strong>du</strong> passé, en voied'être résorbées? des scories d'une expansion impétueuse?Une étude de l'historien Martin Kaneko (4) montre quel'extension des buraku ne peut s'expliquer par la fécondité,serait-elle forte, de leur population <strong>du</strong> Moyen-Age.A Kobé, le buraku de Bancho comptait 388 habitants en1868, 1 004 en 1877, 2208 en 1887, 10 000 en 1980. Unemultitude de laissés-pour-compte de la société et, plus tard,de victimes de l'in<strong>du</strong>strialisation (paysans ruinés, chômeurs,travailleurs non-qualifiés) ont sans cesse gonflé leurs effectifs.La discrimination, constate-t-il, n'est pas causée par lefait de vivre dans un buraku, mais, à l'inverse, c'est la discriminationsociale, qui cause le buraku. Pour lui, lesburaku n'existeraient pas aujourd'hui s'ils n'étaient le résultatdes structures socio-économiques <strong>du</strong> Japon.Il faudrait longuement les analyser. Mais quelques donnéesaideront peut-être à éclairer le contexte qui implique l'existencedes buraku et comporte bien d'autres réalités moinsbrillantes qu'on ne dit.D'abord, le phénomène de la sous-traitance. Dans les grandesfirmes-vitrines, internationalement connues, les avantagessociaux, les emplois à vie - avec les formes de « participation»qui s'y attachent - ne sont possibles que grâce à lasoupape de sûreté que constituent les milliers d'entreprises,petites ou moyennes, qui gravitent autour et reçoiventd'elles, au total, 80070 de leurs commandes. Certaines fournissentdes services particuliers dans l'unité de pro<strong>du</strong>ctionprincipale (travaux spécialisés, pénibles, dangereux ou temporaires); d'autres se consacrent à des fabrications partielles.C'est là que sont imposées des conditions de travail draconiennes,que se répercutent les fluctuations de la conjonctureet de l'emploi. Pour fonctionner, ce systèmes exige unevaste réserve de main-d'œuvre flottante, à bas niveau de vie- celle, notamment, qui peuple les buraku.Ensuite, le mode des relations sociales, fondées sur de multiplesréseaux traditionnels (autorité patriarcale, parrainages)ou modernes (liens avec l'entreprise, syndicats-maison,clientélisme politique). Si les enquêtes en vue de l'embaucheou de mariages font apparaître les préjugés envers les Burakumin,elles ne concernent pas qu'eux: ce sont des pratiqueslargement répan<strong>du</strong>es.Nous voilà loin <strong>du</strong> ~apon tantvanté, ultra-moderneOn le voit: à l'âge in<strong>du</strong>striel, les préjugés médiévaux contreles eta trouvent leur prolongement dans une surexploitationqui s'appuie ailleurs sur d'autres « différences ». Mais il n'ya pas, dans les buraku actuels, que les descendants des« intouchables» d'antan; et ceux-ci ne sont pas seuls àconnaître la situation peu enviable de travailleurs sousqualifiéset de minorité méprisée.Des progrès ont été accomplis dans la lutte contre les discriminations.Mais les 6 000 buraku restent sur la carte <strong>du</strong>Japon autant de clignotants rouges, révélateurs de maux quiles dépassent. On peut craindre que, pour les raisons quis'inscrivent au plus profond de la vie japonaise, ce pays decivilisation raffinée et de techniques de pointe, conserveencore longtemps un grand nombre de parias. DAlbert LEVY(1) Quinze Français cherchent une explication aux performances japonaises,rapport <strong>du</strong> Conseil National <strong>du</strong> Patronat Français sur un séminaire itinérantau Japon, septembre 1979. Cité par Francis Ginsbourger, dans lapréface de: Japon: l'envers <strong>du</strong> miracle, de Kamata Satoshi(Ed. Maspero).(2) La Ligue de Libération des Buraku a organisé <strong>du</strong> 2 au 7 décembre 1982,une Conférence internationale contre la discrimination, qui comportaitdeux colloques, à Osaka et Tokyo, un meeting à Fukuoka, et de nombreusesrencontres. Outre ceux <strong>du</strong> Japon, des participants de six pays étaientprésents; parmi eux, pour la France, Albert Lévy, secrétaire général de<strong>MRAP</strong>, directeur de Différences. Il existe une autre organisation, créée à lasuite d'une scission, la Fédération <strong>du</strong> Mouvement National de Libérationdes Buraku.(3) Juidri Suginohara : The Status Discrimination in Japan. Intro<strong>du</strong>ction ofBuraku Problem (The Hyogo Institute of Buraku Problem, 1982).(4) Martin Kaneko : Some reconsiderations concerning the history of discriminationagainst Burakumin and the use of discriminatory terms, inLong-Suffering brothers and sisters, unite! (Buraku Kaiho Kenkynsho,1981).L'arrivée de Breytenbach à Roissy en 1982MOUROIR. J'ai connu le peintreBreyten Breytenbach, à l'époque oùil venait travailler dans ce qu'on appelaitpompeusement «l'atelier », éten<strong>du</strong>edélabrée sous le toit de ma maison. Ilétait parfois accompagné de sa femme,si jolie, d'origine vietnamienne (qu'iln'avait pu présenter à ses parents résidanten Afrique <strong>du</strong> Sud qu'en leur donnantrendez-vous au Swaziland). A cemoment, je ne le savais pas poète, écrivain,mais j'étais fascinée par la sensibilitéémanant de ses tableaux, l'obsessiondes souvenirs de son pays, dont il dénonçaitle régime d'apartheid.C'était un conteur extraordinaire, narrantune époque de sa vie, où, marin surun yacht fantomatique, dépourvu deradio, il avait affronté nombre de tempêtesà travers le monde. Les textespoèmesque nous apporte Mouroir, unrecueil de nouvelles écrites en prison(Breyten, arrêté lors d'un voyage clandestin,fut, en 75, condamné à neuf ansd'incarcération par Pretoria) sont dessouvenirs-images de la vie. « L'endroitreste un peu rugueux dans la mémoire »,dit l'auteur, « et pourtant il faut creverl'abcès, car nous sommes les miroirs, et,les miroirs ont leur vie propre. Ce qui setrouve pris en eux continue à y exister.La réalité est une version de l'imagemiroir».Nous voici donc entraînés dans des lieuxinconnus et sombres, « tout ce que l'œilpeut voir », écrit Breyten, « est gris, stérileet desséché... Toutes ces teintes degris se soulevaient et affluaient ». Etpuis émergeant de cette grisaille, soudains'élèvent des pics, couleurs inatten<strong>du</strong>es,infinies, « des arbres à fleurs rougescomme des étoiles, les roses de Ceylan... le ciel d'un bleu profond, presquepourpre» des images aveuglantes, terribles,désespérées dans leur froideur.On a comparé le peintre à Goya, mais ontrouve chez Breyten« une cruauté et unepitié qui n'ont rien d'hispaniques, donton devine tout de suite les origines à lafois néerlandaises et bantoues» (1) ; ona voulu rapprocher Mouroir de Kafka,en fait toute comparaison ne peutqu'amoindrir les textes professionnels,étonnants, inimitables <strong>du</strong> livre. La nouvellela plus retenue par les critiques estcelle qui, froidement chirurgicalement,expose La double mort d'un criminelordinaire. Mais si l'ensemble de Mouroirsemble organisé autour de ces pagesprinceps, aussi envoûtantes sont lesautres, piquées par l'enfance, quelquefoisburlesques, où les rêves <strong>du</strong> prisonnierqui n'a plus la force d'envisager laliberté nous transportent par l'étrangetéet la richesse de leur pauvreté.Libéré sous la pression de ceux quel'apartheid scandalise, Breyten Breytenbach,poète, écrivain, peintre est revenuà Paris et va nous permettre d'enrichirnos conceptions de l'humain. DAnnie L. ...- Mouroir - Nouvelles de BreytenBreytenbach. Ecrit pour deux tiers enafrikans, le reste en anglais. Tra<strong>du</strong>it del'anglais par Jean Guiloineau. Ed.Stock. Coll. Nouveau cabinet cosmopolite.(1) Ed. Roditi.2425


ICUlTURES,'c..,= Méli-mélomanieSTOP.« They go loose / War is west / war iseast... / AlI is confusion / No imagination/ No simplicity / No love, nolove ». .Le leader <strong>du</strong> groupe reggae Az Yaya andThink nous expose sa démarche.« 'Mon nom est Az Yaya, je suis né enAfrique, je ne suis qu'un Rasta parmitant d'autres. Nous sommesaujourd'hui, la génération de la Consciencesans prêtre et sans église.La musique est le seul métier qui me permettede me réconcilier avec moi-même,de me retrouver.L'album Stop that train résume assezbien la vision que nous avons <strong>du</strong> monde,celui de la haine sans amour. Le groupes'appelle Think, nous ne faisons qu'un.Faire de la musique à Paris, c'est difficile,mais nous essayons de rester positifs.Nous sommes obligés de venir enregistrerici, car, en Afrique, il n'y a rien.Parmi les nombreux groupes présents àParis, au bout <strong>du</strong> compte peu pro<strong>du</strong>isentdes disques, c'est le système quiveut ça. Les maisons de disques sont desfirmes multinationales et leurs ordresviennent d'ailleurs, notamment desU.S.A.Je suis tr-ès exigeant, j'ai besoin de joueravec des musiciens qui sentent réellementle retour en Afrique, question devibration.Pour que cesse la confusion, il faut quenous installions en Afrique. Là-bas nousserons préservés de la destruction.Nous espérons partir pour la Jamaïquedans quelques mois, malgré le climatpeu favorable. Mais nous avons de nombreuxprojets. Rita Marley trouve notrereggae « très africain ».Les Rastas parlent souvent de Babylone,nous croyons à la réincarnation descités, Babylone existe, elle est déjà tombée,elle tombera encore ». DPropos recueillispar Stéphane JAKINAz Yaya & Think. Stop that train.S.F.P.P ..ITALIE. Dans les coulisses desBouffes <strong>du</strong> Nord, Giovanna Marini,interprète de « l' opératorie » Le cadeaude l'empereur, répond à quelques unesde nos questions.« L'Italie <strong>du</strong> Sud est très concernée parla question de l'immigration. Beaucoupd'Italiens vont travailler en Suisse ou enAllemagne. De retour au pays certainsd'entre eux ont comme «per<strong>du</strong> la présence», ils ne parlent plus, ils ne s'habitentplus, ils ne s'appartiennent plus.Différences - N° 29 - Décembre 1983LAVILLIERS. Il aurait pu êtreouvrier ou paysan, il n'était pas princeou chevalier, ce pur anar est devenu célèbreavec l'intense jubilation des aventuriers.Il est né sous le signe <strong>du</strong> rêve. La premièrechanson apprise l'emmenait versle soleil de tous les Brésils. Alors,l'action, la fidélité, la générosité, motsterribles et doux, souvent, l'obligent auvoyage. Aller voir et raconter, voir et nepas oublier, témoigner: comme l'ontfait avant lui les romanciers (Kessel,Hemingway) des poètes (Rimbaud,Maïajivski, Couté, Cendrars), des journalistes(Londres) ou des chanteurs(Ferré, Morrisson). Ceux avec lesquels,pour notre bonheur, il vit, en mélodiesmétisses. La tête dans les étoiles. Lesdeux pieds et les poings sur la terre :« J'ai vu l'horreur/J'ai vu <strong>du</strong> sang/J'aivu des m6mes avec des machinesguns/ J'ai vu des cadavres pourrir sur lebord des routes,/J'ai vu des genssefaireLavilliers :VERSLESOLEILDETOUSLESBRÉSILSC'est une angoisse terrible, quasi unemaladie mentale qu'éprouvent les membresde toutes les minorités.Tous les rituels musicaux des minorités<strong>du</strong> sud de l'Italie sont liés à la nécessitéintérieure de protéger son identité. Mamusique, je la sens très proche de cesouffle vital.Par exemple, au sud de Rome, les gensacceptent mal d'être photographiés, ilsont peur qu'on leur vole leur image. AGalatino, dans les Pouilles, quandquelqu'un est mor<strong>du</strong> par la tarentule,l'orchestre <strong>du</strong> village vient l'exorciser desa musique.A la fin de notre première représentationl'autre soir, tout le groupe était très émusous les applaudissements, nous avionspu chanter, témoigner et nous étionsreconnus. Autant dire que nous étions26mitrailler pour rien, car tout le mondeest parano,/J'ai vu des gens mourir defaim./J'ai vu, à la télévision, le Présidentdire/que la situation était parfaitementclaire/et qu'il avait toutes les chosesen mains/J'ai vu la Main blanchedescendre dans des/fermes et les fairebrûler,/J'ai vu des intellectuels barbusse paumer/dans des raisonnementsd'enfer alors que dehors .../ J'ai vu toutce qu'on peut voir dans la caricature dela révolution, / J'ai vu le parti communistelutter contre le parti socialiste.J'ai vu les gens <strong>du</strong> Guatémala masserleurs/armées aux frontières et faire desraids au Salvador, / J' ai vu les instructeursaméricains débarquer avec les hélicoptères:/J'étais là à ce moment là .»Les poètes font de drôles de métier.celui-ci est chanteur de variétés. DThéodore MUGGLEEtat d'urgence, Bernard Lavilliers. Barclay.comblés, dans une société dominée parle pouvoir et l'argent, cela compte énormément.» DJ .B.AMALGAME. Nour Eddine,«Africain de race blanche », chanteavec sa jeunesse et la Méditerranée dansla voix, la nostalgie de tous les Algériensémigrés qui vivent loin de leur terrenatale et qui ruminent sans cesse l'obssession<strong>du</strong> retour au pays.Ghetto Blues est son premier album, il ya amalgame avec un certain bonheur, lesparoles d'un écorché avec une musicalitétrès moderne.Il chante la Samba africaine et l'espoir:« prends la vie <strong>du</strong> bon c6té, elle en seratrès flattée », il chante surtout l'amouret ça tient chaud au cœur. D S.K.Ghetto Blues Nour Eddine. S.F.P.P.___ Lectures __ _LOGIQUES. L'Occident philosophe? L'Orient superstitieux? Les stéréotypesne manquent pas de santé. Detemps en temps, un ouvrage tente demettre un peu 'd'ordre dans les idées quel'un se fait sur l'autre. Christian Jambet,agrégé de philosophie, apporte sacontribution en publiant La logique desorientaux en hommage au philosopheHenry Corbin qui, le premier, a imposél'idée d'une philosophie proprementorientale. Comment la logique desorientaux peut-elle éclairer la logique denos représentations ? Comment soutenirde façon réglée leur comparaison?Autant de questions indispensables etpréalables au lever <strong>du</strong> rideau de fuméeséparant les systèmes de pensée occidentauxet orientaux. DPaulin!' JACOBLa logique des orientaux par ChristianJambet - Henry Corbin et les formes.Collection l'ordre philosophique. Seuil1983.TYPES. Légitime retour de ...miroir face aux revues féministes;Types/paroles d'hommes est pensée etmijotée - depuis janvier 81 - par deshommes. Ni phallos, ni machos oumasos, et contre tout sexisme (ils invitentd'ailleurs lecteurs et sympathisantsà signer une pétition en ce sens).A l'origine: la tentative de parler de sacondition «masculine », <strong>du</strong> célibat et<strong>du</strong> mariage, de la paternité hors-contrat,<strong>du</strong> rapport à soi et à l'autre (féminin singulierinclus). Cinq numéros sont déjàparus et encore disponibles. Pours'entendre parler plus juste <strong>du</strong> désir, del'amour, de sa vie affective et sociale enremisant les vieux (et nouveaux) clichésvirils. Cette revue se veut aussi l'expressionvivante et vécue de témoignages etde débats. Déjà loin aujourd'hui desanciennes militances, Types prépare sonsixième numéro. Après ces «parolesd'hommes» sur les femmes; insolitesau programme, un juste retournementde la situation s'opérera vers la mixité.La guerre des sexes n'aurait plus lieu.J.-J. PIKONTypes/Paroles d'hommes n° 5. A proposdes femmes. Ed. A.D.A.M. (Associationpour la Disparition des ArchétypesMasculins) ; 59 bis, rue de la TombeIssoire 75014 Paris.DIASPORA Les juifs? Aussitôtles yeux se tournent vers l'Etat d'Israël,le grand génocide ou le grand rabbinat.Différences - N° 29 - Décembre 1983L'histoire des diasporas et en leur sein,des socialismes juifs demeurent trèsméconnues.La revue Combat pour la diaspora tentede réparer l'ignorance en leur accordanttout l'espace de son numéro Il - 12 :« Les socialismes juifs - les minoritésen France aujourd'hui ». Y sont notammentretracés, l'action <strong>du</strong> mouvementjuif ouvrier - le Bund - en Pologne(Pavel Korzec), la sécularisation et lapolitisation de la société juive à la fin <strong>du</strong>XIxe siècle (Rachel Ertel), les socialismessionistes et la question arabe(Ammon Kapeliouk). Pour ce qui est <strong>du</strong>quotidien dans l'hexagone, sont évoqués,l'identité, le territoire et la politiquedes minorités juive, arménienne, tsigane,occitane ...Et tout ce monde se ressemble plus qu'iln'y paraît au premier abord.Pauline JACOBCombat pour la diaspora - éditionsSyros, 6 rue Montmartre 75001 - Paris.LA HONTE. Trois millions delettres de dénonciation ont été adresséesen France à la seule Kommandantur.C'est cette délation très ordinairequ'André Halimi ressort des placards del'histoire. Une série de témoignages etsurtout la publication in-extenso dequelques spécimens.DLa délation sous l'occupation d'AndréHalimi - Ed. Alain Moreau.CUBA. Publié en 1959 quatre ansaprès Compère Général Soleil, L'espaced'un cillement est l' œuvre très intérieurede ce grand mulâtre cubain, militantsyndicaliste, bagarreur solitaire assassinéen 1961, comme son père, compagnonde José Marti quelques annéesauparavant.DL'espace d'un cillement de Jacques StephenAlexis. Réédition, coll. L'imaginaireed. Gallimard.CHRONIQUES DE LACITADELLE D'EXIL.Ecriture de l'imminence, confluence <strong>du</strong> criet de l'absence, rien ne se perd qui soitauthentiquement vécu. Abdellatif Lâabien témoigne d'une façon majeure.Un choix de lettres arrachées au silencedes murs de la prison, « Cité interdite oùles horloges ont cessé de fonctionner »,là même où il a passé huit ans de sa viecomme Breyten Bretenbach, pour«reconstitution de ligue dissoute ettroubles à l'ordre public ».Lettres ten<strong>du</strong>es vers les rives <strong>du</strong> poème.Il lutte corps rompu par l'exiguité contrela dictature <strong>du</strong> néant, «permanentemobilisation intérieure qui nous permet27sans cesse d'être autre chose que descadavres titubant dans le cirque des horreurs».Entre les «moments d'abattement etd'incertitude» Il touche <strong>du</strong> doigt ce quidégrade et «étouffe les hommes engénéral ». Interminable confrontationavec lui-même, il puise à même le passépour vivre le présent avec « la force desmots tocsin» (1), contre « l'ordre» etles « valeurs fossibles ».Amnésie élective qui le porte au devantde l'être aimé. Métamorphose d'unhomme jusqu'à l'ulcère, qui <strong>du</strong> murmureet de l'appel fait jaillir le poème,« j'ai aboli bien des déserts en moi, biendes murailles ».Il chevauche le temps sous les écorces dela mémoire avec « cette fureur de mordreà tout ce qui est vie ».Une parole errante, retenue prisonnière,qui nous donne peut être un peu moinsde bonheur quand elle s'épanche surl'Histoire, la condition de la femme oul'é<strong>du</strong>cation des enfants, alors qu'elle estsuperbe quand elle s'en prend avec« hargne aux ténèbres de l'indicible ».Autant de lettres, autant de variationssur le thème de l'enfermement, de l'exilet de l'amour, qui nous renvoient de lasolitude d'une nuit sans oiseaux au« destin de tous les emmurés, nos frères».Bribes de poèmes inarticulés dans lesquellesle rapport à la vie devient plussimple, plus essentiel.Daniel CHAPUT(1) MaïakovskyChroniques de la citadelle d'exil parAbdellatif Laâbi - Denoël.Sélection/LivresL'occupation allemande, lamémoire, l'amour, la vengeance et lepardon. Un miroir brisé à même lesol dont ilfaut recoller les morçeaux.La loi humaine de Rezvani, Le Seuil.A la veille de la seconde guerre mondiale,une libre plongée à l'intérieurde la comunauté antillaise en pleincœur de New York.Fille noire, Pierre sombre, de PauleMarshall, chez BallandLe destin de deux hommes, l'un estblanc l'autre est noir. Le problème de« l'identité» est posé; à mesure quele blanc devient noir et que le noirdevient blanc.Blanc Cassé de Gilles Rosset, chezGallimard. 011


CULTURES___ CinémoisCoupdeFoudreEnfin ! Depuis Kriss Romani deJean Schmidt, le cinéma françaisde grande diffusion n'avaitpas pro<strong>du</strong>it de film vraiment pertinentsur les Gitans. Avec Les Princes TonyGatlif, gitan lui-même, parvient à noussecouer les tripes avec ses héros qui nesont jamais à la fête, même si comme ledit Mara, le personnage principal « lesgitans n'intéressent les gens qu'aumoment <strong>du</strong> pélérinage des Sain tes­Maries-de-la-Mer ... parce que c'est lafête ».C'est Gérard Darmon, déjà remarquédans Diva, dans Le Grand Pardond'Alexandre Arcady et surtout dansBaraka de Jean Valère, qui est Mara, unjeune gitan vivant dans un de cesH.L.M. délabré où l'on entasse, ceuxqui parmi les Fils <strong>du</strong> Vent ont dû sesédentariser. Mara vit de petits boulotssans lendemains, en exil dans une sociétéqui ne comprend ni ses traditions, ni sonsens des valeurs. Mara se débat poursurvire. Gérard Darmon donne au personnageune force qui s'appelle désespoiret violence, finesse et pudeur.Robert Enrico qui, en pleine guerred'Algérie nous proposa un film résolumentantimilitariste, La rivière <strong>du</strong>Hibou (film interdit et étouffé dansl' œuf) nous donne dans un registregrand public une œuvre forte dans ladénonciation <strong>du</strong> racisme hitlérien.Robert Enrico vient d'adapter pourl'écran le roman de Martin Gray, Aunom de tous les miens. C'est trente ansde la vie d'un homme qui sont mise enimage en 2 heure~ et demie pour lecinéma (en huit heures pour la versiontélé). Le réalisateur a privilégié pour laversion cinéma la partie de la vie deMartin Gray dans le ghetto de Varsovie(il avait 20 ans en 1940): difficultéspour survivre, résistance et insurrection,déportation des êtres les plus chers,maquis russo-polonais, etc.Nul ne doute que ce film aura un succèsaussi important que le roman de MartinGray (cinq millions de lecteurs enFrance).Cannes a un peu boudé le dernier film<strong>du</strong> réalisateur brésilo-mozambicain RuyGuerra Erendira. Pourtant l'interprétationde l'œuvre de Gabriel Garcia Marquezqui nous est offerte là est riche dela même sensualité, lourde de la mêmeambiguïté permanente. Fidèle à l'idéecentrale de Garcia Marquez, RuyGuerra a su trouver un langage cinématographiqueet une direction d'acteuroriginale. Si Irène Papas, la comédiennegrecque connue internationalement n'apas (loin s'en faut) le physique pachidermiquede l'Erendira de Marquez, ellen'en a pas moins l'épaisseur dramatiquenécessaire. A ceux qui lui reprochaientla lenteur de son film, Ruy Guerrarépondait « si j'avais pu encore plus enmesurer le rythme je l'aurais fait. Erendiraest un film sud-américain, vivant audiapason des gens des campagnes. Erendiran'est pas bâti à partir des canonscinématographiques d'Hollywood! ».Allez voir Erendira.Novembre a vu aussi la sortie de Prin-28cesse de Pal Erdoss, un petit chefd'œuvre <strong>du</strong> cinéma hongrois. A retenirpour les salles art-et-essai, la reprise deSenso de Luchino Visconti, à voir et àrevoir avec délectation. Avec Jean­Pierre Sentier et Daniel Laloux, la poésieet la tendresse réinvestit un certaincinéma français. Un bruit qui court estune œuvre baroque, à mi-chemin entrela rationalité la plus absurde et le fantastique.Un bruit qui court nous révèle unRobinson Crusoé moderne, Robinsondans son île et... dans le cinéma français.Pour terminer enfin, si vous avez rêvé devoir un film de femme sur une vie defemme, bourré de talent, et massacrépar la distribution commerciale, transformezvos désirs en réalité. Cherchez etrencontrez Le destin de Juliette d'AlineIsserman. Ne soyez pas coupable denégligence complice. Laissez tomber lesWargames de John Badham que va vousservir la publicité. Pensez à vous, pensezau Destin de Juliette.Jean-Pierre GARCIACAMÉLÉON. «J'ignore, ditWoody Allen de son dernier film, Zelig,si c'est une comédie, un film sérieux,une comédie sérieuse, un documentaire,un drame; ou quoi que ce soit d'autre ».Zelig le personnage qu'il interprète, est. un homme caméléon, il ne peut souffrirles différences, il les abolit. En présenced'un Noir, il devient noir, indien avec lesIndiens. Lorsqu'il arrive en France, etqu'en présence de juifs il le devient, lesantisémites menacent de le faire déporterà l'Ile <strong>du</strong> Diable.Le film se présente comme une enquêtedocumentairesur ce Zelig qui auraitvécu dans les années 20. Des interviewsdes personnages censés l'avoir connu àcette époque, des témoignages d'intellectuelsaméricains tels Susan Sontag ouBruno Bettelhe,im sont là pour attesterde la réalité <strong>du</strong> personnage, Zelig apparaitsur des documents d'archives ennoir et blanc. Tous parlent de l'originalitéde l'homme et l'impossibilité pourl'Amérique à la fois moraliste et libéralede digérer un tel phénomène. Tous lesefforts des psychiatres et des hommes deloi ne peuvent venir à bout de sa personnalité.Zelig est un hommage à uneAmérique, véritable démocratie où toutesles minorités seraient enfin reconnues.Rêve de l'abolition de toutes lesdifférences, de la fin des discriminations.[J Christiane DAN CIEPRUSSIEN. Tout commel'avaient fait J .-P. Wenzel et B. Blochavec Vater-Land (joué par le Théâtre dela Tempête à la Cartoucherie de Vincennes),Fritz Poppenberg interroge, dansson dernier film, l'Histoire à travers lamémoire de son propre père, anciennational socialiste, et toujours ardentdéfenseur de la terre et de la race contrele mal représenté alors par les communisteset les juifs, les francs maçons et leshomosexuels.Différences - N° 29 - Décembre ~983Anna Shygulla et Angela Winkler, dansL'amie de Margarethe Von Trotta.Au centre: Toujours à l'affiche, LesPrinces de Tony Gatlif, un très beau filmsur les Gitans.A gauche: Irène Papas, principaleinterprète d'Erendira, de Ruy Guerra.Fils de faciste ? Le réalisateur se pose laquestion de savoir ce que cela signifie,surtout lorsqu'il s'agit de soi-même. Lelong d'un mur de briques, les souvenirss'égrènent, les pages <strong>du</strong> journal se tournent,le fils cherche à comprendre lepère. Le dialogue s'engage, authentiqueet sincère, dans la ferme familiale à deuxpas de Bergen Belsen, l'un des nombreuxcamps de concentration nazi de laseconde guerre mondiale.Un témoignage rarissime sur l'Allemagned'aujourd'hui: «Cinq millionsd'étrangers chez nous, nous sommes lesesclaves des juifs et des Américains. Jesuis Prussien et mon drapeau est noir etblanc ». Nous avons même droit à laprière <strong>du</strong> père au « Père », « Notre Pèrequi êtes aux cieux, envoyez-nousquelqu'un très vite: un homme grandcomme Bismarck, allemand commeFritz Ebert, populaire comme Hindenburg,excjtant comme Adolf Hitler etaussi malin que le petit père Staline ».C'est terrible, on croit rêver, on ne peutsouhaiter qu'une chose, c'est que cetteprière ne soit jamais exaucée. Mais quelfilm, quel courage, quelle lucidité de lapart <strong>du</strong> réalisateur. Les années à venirrisque d'être difficiles, l'histoire ayanttrop souvent tendance à se répéter. D.D.C •Imagine news. Lieu de rencontres etd'échanges audiovisuels, 5, rue ClaudeTillier 75012 Paris. Tél. : 356.19.39.29DES FEMMES. L'une estblonde, l'autre brune. L'amie, le dernierfilm de Magarethe Von Trotta, nousentraîne dans l'univers intime et mystérieuxde deux femmes. Leur rencontre,un coup de foudre (platonique, contrairementà ce que suggère l'affiche particulièrementracoleuse) a lieu, un soir,dans un mas provençal.La blonde, Olga, divorcée, mère d'ungrand fils, amante d'un pianiste russe etfauché, mène la vie normale d'une jeuneprofesseur d'université.La brune, Ruth, peintre amateur, secache. Traumatisée par le suicide de sonfrère, elle est prise d'angoisse devant lesgens, le téléphone, les couleurs (elle nepeint qu'en noir et blanc). Son repère,c'est Frantz, son mari, un professeurpacifiste, conférencier de haut vol. Niméchant, ni mysogine, il pêche par excèsde paternalisme.Avec <strong>du</strong> temps de la patience et l'aveu deses propres faiblesses, Olga va rendre àRuth le goût de vivre. Tout à tour amoureuxjaloux (


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fIEflEIID,,'.CRÉATIONS2222733LE REFUGELe reFUGesporTS46, rue Saint-Placide 75006 ParisTémoins---L'APARTHEID,UN ANTI-HUMANISMELe grand écrivain brésilien ,",orge Amados'est associé au comité des artistes <strong>du</strong> mondequi dénonce le régime sud-africainPREY A PORTER FEMININ19 rue d'Hauteville - 75010 ParisTél. : 770.34.8932Tous les servicesde la,Caissed 'EpargneCompte-Chèques. Livret A • Livret ~• Livret d'Epargne Populaire. Bons d'Epargne• Sicav. Fonds Communs de Placement.Obligations. Assurance sur compte• Eparvie • Livret Epargne-Logement• Plan Epargne-Logement. Prêts immobiliers• Prêts économies d'énergies. Prêtsfamiliaux. Jeune Projet. Coffres. Change• Europ Assistance. Clisse Express.et CODEVIle nouveau compte sans impôtsCaisse d'Épargne· Ecureuil de Paris19, rue <strong>du</strong> Louvre75001 ParisTél. : 296.15.00J'entend au journal télévisé uneinformation en provenance deMaputo : des avions de combatsud-africains violent l'espace aérien <strong>du</strong>Mozambique et opérent un raid sur lesfaubourgs de la capitale - on noteraque les deux pays ne sont pas enguerre - afin de bombarder les campementsdes Noirs qui ont fui les lois del'apartheid et se sont réfugiés sur le territoireaujourd'hui libre de l'anciennecolonie portugaise.La haine raciale, caractéristique fondamentale' de la contre-civilisation sudafricaine,ne met pas de bornes à sesagissements et à ses agressions: la terreuret la mort sont les emblèmes decette idéologie monstrueuse. Commentest-il possible de concevoir et de tolérerde nos jours un forfait de cetteampleur?Le venin putride de l'apartheid serépand sur le monde. Son défi ne trouveson pareil dans l 'histoire de l'humanitéque dans les années <strong>du</strong>rant lesquelles lenazisme fourbissait ses armes pour tîdétruire tout ce que l'homme a conçu et ~:réalisé de bon, de beau, et pour substituerà l'humanisme la barbarie raciste.Je ne connais rien de plus monstrueuxque le racisme. J'appartiens à un paysoù les races se sont mêlées. De cemélange de sangs et de cultures, dontl'accomplisssement difficile et douloureuxse poursuit et s'amplifie, sont issusun peuple métis et une civilisationmétisse qui constituent une nouveautédans le monde.Un peuple qui chaque jour inflige unedéfaite aux racistes de la nation etimpose la fusion des races - et non passeulement la cœxistence comme solutionunique au problème racial, c'est-à-direle contraire même de l'apartheid. Unecivilisation fondée sur les sentiments lesplus nobles et les plus féconds: la nationDifférences - N° 29 - Décembre 19831JiI ••!!!...·Jorge AmadoIls disent que les Noirs travaillent ensuant!dans les mines chaudes des milliers depieds/profondément dans les montagnesd'Afrique <strong>du</strong> Sud/pour remonter l'Or brillant sur terre/entre les mainsdes banquiers, politiciens, policiers et/militaires blancs.Allen GINSBERG-« Loin»7 novembre 1982 - Tra<strong>du</strong>it de l'américainpar Gérard-Georges Lemaire33brésilienne est exactement le résultat dela lutte contre les préjugés, contre leracisme et contre la haine.Bien des choses, idées, engagementspolitiques et religieux, sigles de partis,écoles artistiques, tendances lihtéraires - divisent les artistes et les écrivainsbrésiliens à l'heure où nous sommes,qui marque aussi le crépulcule d'unsystème de dictature militaire qui nous aopprimés pendant près de vingt ans etl'aurore d'une nouvelle communauté devie démocratique.Cependant je sais de science certaine, jesais avec une certitude absolue qu'ilexiste un point sur lequel nous nous rencontronstous, tous unis, tous d'accord : ~c'est le rejet <strong>du</strong> racisme, la dénonciationde l'apartheid et la lutte contre l'antihumanismeque représente l'apartheid.Quand les artistes. de tous les pays se réunissentpour former un Comité contrel'apartheid et préparent une expositiondestinée à porter à travers le monde lemessage de paix, de liberté et d'amour,le message de l'art, il est nécessaire qu'ilspuissent compter sur l'appui de tousceux qui d'une façon ou d'une autre sesentent une responsabilité culturelle.Aussi longtemps que l'apartheid existeracomme forme de gouvernement, commephilosophie de la vie, comme idéologied'une caste minoritaire et agressive, les ·valeurs humaines les plus nécessaires etles plus pures seront menacées.La bataille contre l'apartheid est le plusbeau des combats auquel se rallier : iln 'existe pas pour les intellectuels dedevoir qui prime la lutte contre leracisme et la forme politique qui lui a étédonnée par les gens qui « dégouvernent» l'Afrique <strong>du</strong> Sud et menacent lapaix mondiale. DJorge AMADOBahia, mai 1983(Tra<strong>du</strong>ction: Alice RAILLARD)


- Le cinéma indien -UN ·VIEILLARDMAL ·CONNUNé en 1913, c'est pourtant le plus prolifiquePlus de 40000 spectateurs sb sont pressés, pendantplus de trois mois cet été, dans les deux petites salles,cinémathèque et sousJsol <strong>du</strong> Centre GeorgesPompidou pour voir les quelques bent-vingt films indiensprésentés sous l'égide de Jean-Loup Passek, le « Monsieurcinéma» <strong>du</strong> centre. Un événement, cette manifestation l'aété. Jamais une rétrospective d'une 'telle ampleur, montrantdes longs métrages réalisés entre 1913 et 1982 n'avait eu lieuen Europe, ni même en Inde probablement. Parallèlement,un ouvrage de base sur le sujet a été publié, qui restera undocument de référence. (1)Très mal connu en France, malgré l'ébouissement pro<strong>du</strong>itdans les ciné-clubs à la fin des années 50 et dans les années60 par la Trilogie de Satyajit Ray, rediffusée ces dernierstemI's à la télévision et ressortie fur~' ivement cet été en salle,le plus grand cinéma <strong>du</strong> monde est cependant taxé de mauvaisgoût par nombre de gens qui e le connaissent pas.Pourtant, sait-on que l'inde est le premier pro<strong>du</strong>cteur mondialde films, depuis 1971 avec plus de 750 films annuels,après avoir réalisé quelques 1500~ longs métrages depuis1931 ? Sait-on également que ces films sont tournés dans lesquatorze langues principales <strong>du</strong> so ~ s continent qui compte179 langues et 544 dialectes, l'hindi Ftant la langue nationalela plus largement comprise par 50 % des 700 millionsd'Indiens et l'anglais demeurant l~ Iingua franca <strong>du</strong> pays.&5 millions d'entréespar semaineAvec plus de 10 000 salles, en grarlde majorité située dansles centres urbains, en nombre insuffisant pour « l'Inde aux500 000 villages », le pays possède lcependant un réseau dedistribution plutôt satisfaisant. Il faut dire que le publicindien est certainement le plus cinéphile <strong>du</strong> monde : chaquesemaine, on dénombre 65 millions Id 'entrées dans les sallesobscures, les masse déshéritées urbaines demandant inlassa- .blement leur part de rêve, leur « ch~wing gum des yeux» (2)au septième art. Si un double marché existe, celui des filmsen hindi, sur le plan national, ef un autre, en langues« nationales» des états il faut signaler que le second marchéest en pleine expansion, particuliètement les films en languesdravidiennes <strong>du</strong> sud: malayaIam, tamil, telugu, quiaffirment ainsi un renouveau cul~urel certain, face auxvaleurs des aryens indo-européens <strong>du</strong> Nord et <strong>du</strong> Centre del'Inde. Que nous propose le cinéhIa indien, «image del'Inde ... un miroir à l'imagination ihtarissable, même s'il luiarrive de paraître bien pauvre» ? (3)34Le premier film « Lumière » est montré à Bombay en 1896 :(même phénomène à la même époque à Alexandrie, les cinémasindien et égyptien connaissant nombre de points communsà leurs débuts). (4) On estime que le premier filmindien de fiction a vu le jour entre 1911 et 1913. Dès 1918,les Anglais promulguent des lois de censure, politiques etmorales très victoriennes... toujours en vigueuraujourd'hui, sinon renforcées. En 1927, près de 110 filmsont déjà été pro<strong>du</strong>its, avec Bombay comme centre principal.Si le premier film parlant étranger est montré à Calcutta en1929, c'est en 1931 que l'Inde pro<strong>du</strong>it son premier « parlant» national Alam Ara d'Ardeshir Irani, qui connaît unimmense succès. Une frénésie de pro<strong>du</strong>ctions s'empare desstudios de Bombay, Calcutta et Madras les trois capitales detoujours <strong>du</strong> septième art indien. On assiste à un déferlementde films mythologiques, historiques, musicaux ... Ons'arrache (déjà) les vedettes, a<strong>du</strong>lées, surtout les hommes.Les studios rivalisent de luxe dans leurs mises en scène.L'influence hollywoodienne est très forte, surtout dans lefilm hindi. En Egypte on assiste au même phénomène (4).Mais l'on s'aperçoit qu'à chaque époque de l'histoire <strong>du</strong>cinéma indien, des films de qualité existent toujours à côtéde la grosse artillerie commerciale. Jean-Loup Passek écrit àce sujet « Lesfilms d'évasion sont rois ... on vendit des kilomètresde rêves stéréotypés à une population friande dedivertissements musicaux et de romances sentimentales »(5). Le grand cinéma populaire, quoi qu'assez absent decette rétrospective était représenté par quelques exemples oùle kitsch le disputait à l'effusion, mise en musique ou non.Voici quelques ingrédients <strong>du</strong> cinéma hindi (6) : un bon etun mauvais garçon, une bonne et une mauvaise fille, six ousept chansons, des larmes, des rires, des bagarres, (presque)jamais le moindre baiser, un vide social quasi absolu. Duréemoyenne: 2 heures 30 ou 3 heures, avec un entracte; capitale:Bombay, qui a, en Inde, le rôle d'Hollywood enEurope: fournir des canevas à succès, des vedettes. Remarquonsnéanmoins qu'aujourd'hui les films hindi ne représententplus que 20 070 de la pro<strong>du</strong>ction, les 80 % restantsétant distribués dans les autres cultures nationales, qui souventadaptent néanmoins telles quelles les recettes de Bombay.Il faut ajouter à titre documentaire, que le budgetmoyen d'un de ces films est de 4,5 millions de francs. Il y aquelques thèmes interchangeables, parfois présents simultanémentdont voici quelques échantillons: (6) - L'extrêmepauvreté des masses rurales et leur exploitation forcenée(Les Enfants de la Terre (1946), Calcutta ville cruelle (1953),Mother India (1957). La croyance en des pratiques religieu- 'ses et sociales, perçues conne unification <strong>du</strong> peuple indien,au-delà de la mosaïque et croyances, avec laquelle, il faut lerappeler, tous les films indiens doivent compter (7) (Sholay(1975), Amar, Akbar et Anthony (1977). La nostalgie pourles rites et les traditions <strong>du</strong> village et de la famille vus commeun rempart contre l'affritement des valeurs (Laawaris(1981» ou face à la corruption urbaine (Awaara (1951). Laprédominance <strong>du</strong> Destin dans la vie des personnages (Pyasa(1957), Fleur de papier (le premier cinémascope indien,1959), Maître, Maîtresse et Esclave (1962).Enfin, il y a un aspect omniprésent dans les films c'est laviolence, verbale ou en actes, contre les intouchables et contreles femmes, lorsque leur est dévolu un rôle importantdans l'intrigue <strong>du</strong> film.Le plus grand mérite, sans doute, de la rétrospective deBeaubourg aura été de braquer le projecteur sur les films dequalité, qui reflètent, très nombreux, des préoccupationssociales, politiques, culturelles, privilégiant dans un vastechoix, quatre réalisateurs de premières importance. A toutseigneur, tout honneur: d'abord, le grand Bengali SatyajitRay, né en 1921, partie prenante de la renaissance bengaliepost-tagorienne, libéral et cultivé au sujet <strong>du</strong>quel on pourrase reporter à une très importante étude, la seule existant enfrançais écrite par Henri Micciolo (8) qui en étudie de près lariche thématique. Ensuite vient Mrinal Sen, également originaired'un Bengale dont le déclin quantitatif au niveau de lapro<strong>du</strong>ction, après avoir été l'un des « phares» <strong>du</strong> cinémaindien avant la Partition de 1947, est tempéré par sa réputationd'avoir vu naître les réalisateurs les plus fins et les pluspolitiquement conscients. Mrinal Sen a été une révélationpour le public d'ici, en complète rupture avec le cinémacommercial traditionnel de l'Inde: il décrit avec humourmais une grande force la misère, l'exploitation des déshéri-Smita Patil :sa forte personnalité lui apporte des déboires avec leshommes qu'eUe aime.L-________________________________________ _Différences - N° 29 - Décembre 1983 35tés de la campagne ou des villes ; les conflits interfamiliaux,les problèmes des femmes, lesquelles d'ailleurs sont souventmontrées comme dotées d'une plus grande force de caractèreque leurs partenaires masculins. De plus, la tentaculaireCalcutta, ville de toutes les fortunes, est omniprésente dansses films. Presque tous ses grands films ont été montrés àBeaubourg: Les Nuages dans le ciel (1965), Mr. Shomé(1969) qualifié par l'auteur de «gifle appliquée ausystème », Calcutta (1972), La Chasse royale (1976), sur lessévices appliqués lors de la colonisation britannique, LeChœur (1974) qui dénonce l'exploitation <strong>du</strong> prolétériaturbain, L'Homme à la hache (1978), sur un déraciné de lacampagne à Calcutta où il devient plus misérable encore,Affaire classée (1982) illustrant l'hypocrisie des classesmoyennes. (9) J'ai été également ébloui par les films deShyam Benegal dont la maîtrise de la couleur et la simplicitéforte des « messages » en font un réalisateur accessible à unvaste public, loin des poncifs traditionnels cependant. Considérécomme représentant d'une «nouvelle vague»indienne, il a réalisé quelques chefs d'~uvre : La Graine(1974), sur la tyrannie des propriétaires ruraux, et, sur larévolte contre cette même oppression,' L'Aube (1975). LeBarratage (1976), plaidoyer contre les préjugés de castes(présents dans tous les films que nous avons vus) à l'occasionde l'implantation d'une coopérative laitière dans unpetit village qui devrait permettre aux intouchables de prendreun peu mieux leur destin en main ... Le Rôle (1977), avecla superbe Smita Patil est le portrait d'une actrice dont laforte personnalité lui apporte des déboires avec des hommesqu'elle aime.Ritwik Ghatak (1926-1976) est le quatrième cinéaste, égalementbengali, plus particulièrement mis en lumière dont ona pu dire qu'il «a toujours indentifié ses souffrances àcelles-mêmes de son peuple arraché à son pays et à ses traditions... de là sa volonté de peindre des personnages toujoursreliés à une conscience collective ». (10).Les historiens <strong>du</strong> cinéma indien distinguent une période de« jeune cinéma ». En fait, il s'agirait plutôt d'un cinémaplus exigeant, plus « sérieux », en tout cas beaucoup moinsdépendant des poncifs traditionnels, surtout sousl'influence de l'Etat, par le biais de la F.F.C. (Films FinanceCorporation), fondée en 1960 plus remaniée, permettant àde jeunes cinéastes, à partir des années 70 d'aller plus enavant dans leurs recherches formelles. Cinéma d'« auteur»dans nombre de cas, cinéma des cultures nationales égale- 'ment, (<strong>du</strong> Sud de l'Inde en particulier) il a été abondamment. illustré dans la rétrospective <strong>du</strong> Centre Pompidou et l'onpourra retrouver tous ces « nouveaux » films dans le précieuxet copieux répertoire index de Le Cinéma indien quideviendra, gageons-le, la Bible de tous les passionnés del'Inde et des cinémas <strong>du</strong> monde. 0Yves THORA V AL(1) Le Cinéma indien, collectif, Ed. de l'Equerre (Centre G. Pompidou,228 p., iII., répertoire de films, Paris, 1983) (160 francs).(2) Selon la belle expression d'Ignacio Ramonet (Le Monde diplomatique).(3) Philippe Parrain dans son « classique » sur le sujet: Regards sur lecinéma indien, Ed. <strong>du</strong> Cerf, Paris, 1969.(4) Je me permets de renvoyer à mon Regards sur le cinéma égyptien, Ed.L'Harmattan, Dar el Machret, Beyrouth, Paris, 1977.(5) Dans Le Monde Indien, (Ed. Larousse).(6) Voir l'excellente étude de la critique indienne Nasren Kebir dans LeCinéma indien, op. cité.(7) Pour ma part, j'ai trouvé que la minorité musulmane (90 millions depersonne quand même) était présentée avec objectivité et positivementdans les films que j'ai vus, et d'ailleurs, il faut remarquer que nombrede grande actrices (et acteurs) portent des noms musulmans (est-ce unsigne de l'absence de castes en Islam ?).(8) Satyajit Ray, par H. Micciolo, Ed. L'Age d'Homme, Lausanne/ Paris,1981.(8) Sur Mrinal Sen, voir l'étude détaillée de Raphaël Bassan, dans LeŒnéma indien, op. cité.(10) Le Cinéma indien, p. 209.


w.,- Seconde génération -NES DE PARENTS,ETRANGERSLa marche pour l'égalité et contre le racisme, c'est eux,la seconde génération. Mais cette appellation non contrôléeest-elle juste, ou un effet secondaire de la marginalisation ?Aziz, 27 ans est né en France de famille marocaine. Depuistoujours, il habite en Seine-Saint-Denis. Aujourd'hui, il estagent de sécurité.« Toute ma vie j'ai eu à lutter. Sur le plan personnel,la lutte a été une prise de conscienceimportante au niveau des différences qu'ilpouvait y avoir, pas seulement entre les indivi<strong>du</strong>s, maisentre les castes, les ethnies existant à l'intérieur de la sociétéfrançaise. Une prise de conscience pas seulement politiquemais aussi culturelle. Ce qui m'a permis de retrouver mesorigines, et quelque chose de plus qui avait besoin des'exprimer en moi. Ça peut-être la tradition, c'est quelquechose de difficile à exprimer par des mots, ces choses quinous ont été transmises et qui existent même si nous voulonsles ignorer.Je me sens Français, j'ai fait mon choix. Chaque indivi<strong>du</strong>qui fait partie de cette « deuxième génération» doit faire unchoix. Soit il assimile sa culture d'origine, soit il est assimilépar la culture où il vit, c'est le dilemme.Ensuite chaque indivi<strong>du</strong> doit tout mettre en œuvre pourvivre son choix pleinement. Ceux qui ont choisi le retouraux sources ont leur lutte à mener, politique et culturelle,pour que la France accepte une culture, une tradition, unemanière de vivre qui peut être différente. De la part desorganisations françaises ce doit être une acceptation de ladifférence.La seule chose qui puisse permettre que les gens ne se battentplus pour des questions de race, de religion, de cultureou autre, c'est que chaque indivi<strong>du</strong> à son niveau prenneconscience que tout ne peut correspondre à ses désirs. Il doitaccepter qu'il y ait quelque chose ou quelqu'un en face delui qui est différent.Une fois cela accepté, beaucoup de choses changeront auniveau <strong>du</strong> racisme, pas seulement envers les immigrés maissur un plan plus général <strong>du</strong> respect d'un mode de vie différent,homosexuels, prostitués, gitans, hippies, animaux,rockers, etc ... Alors, tu peux discuter avec un rocky qui ressentla même vie que toi, sauf qu'apparemment il l'exprimede façon différente. C'est tout un changement des mentalitésqu'il y a à perpétuer, mais qui se fait automatiquement àmesure qu'apparaissent les antagonismes.Je suis optimiste à travers mon expérience quotidienne de lavie. C'est avant tout un problème de communication d'indivi<strong>du</strong>à indivi<strong>du</strong>, comprendre pourquoi, approfondir la différenceen écoutant l'autre ...Le problème de la deuxième génération n'est pas spécifique.2'est le même que rencontrent les jeunes dans la société36actuelle. Non acëeptation par leurs aînés de la vie qu'ils veulentmener, des nouveaux problèmes qui se posent, de leurnouvelle conception de la vie ».Aziz : « Je me sens Français»Karim, 18 ans, et né en France de famille algérienne. Depuistoujours habitant de Montreuil. Aujourd'hui lycéen en terminalecomptabilité, il vient de recevoir ses papiers militaires.Pour moi, le retour en Algérie, c'est un grosÎ Îpoint d'interrogation, le problème numéro" un. Rester ici où partir là-bas? Ici, c'estpourri. Depuis quatre ans je pars en Algérie en vacances. Jeme fais traiter de harki. J'ai parlé avec un mec, qui m 'a dit :« Ici on a pas la liberté totale» - Pour toi qu'est-ce quec'est la liberté totale?« n n'y a pas d'ambiance, pas defi/­les, pas de boîtes ». C'est sûr, en France, il trouvera ça.Pourtant ils ont besoin des jeunes immigrés, pour changerles mentalités, apporter une culture ouverte. Ils ne se rendentpas compte de ce qui se passe ici. Je suis prêt à prendrela nationalité algérienne. Les deux ans de service ne mefontpas peur, même si c'est beaucoup.La France et l'Algérie devraient avoir des liens plus étroitsen penchant plus sur l'aspect culturel que que les gadgets.En attendant, ici nous venons de créer une association,Zone Hardise pour partager les cultures, les témoignages,apporter une petite fusion à l'échelle locale. Pour le reste,c'est l'inconnu. LJPropos recueillis par Bernard BULLIARDAbdel (27 ans) est, lui, d'origine marocaine. Les membresde sa famille vivent en province. Ayant travaillé plusieursannées dans le bâtiment, il se retrouve aujourd'hui chômeurà Paris dans ce quartier de la Goutte d'Or. Actuellementhébergé par un ami marocain dans une chambre de douzem'avec coin camping-gaz; le vrai « cliché ».' ai d'abord travaillé comme ouvrier-Î Î ferrailleur dans le bâtiment à Epernay, puis à" J Reims et à Saint-Ouen. La crise, j'en ai faitles frais, voilà /... L'année dernière, je suis allé au Marocdans l'espoir de trouver une activité là-bas auprès d'amis demes parents; pour rien. Aujourd'hui, j'ai seulement le ch6-mage de « fin de droits ».Dans les années 76, en province, près de ma famille, je neressentais pas le racisme comme en région parisienne.Quand je travaillais à Saint-Ouen, j'avais une amie française.Son beau-frère lui a dit un jour: fais attention, cesgars là sont toujours plus ou moins « maquereaux »... Elleétait écœurée " moi aussi. On a cessé de se voir à cause de safamille.Les violences de cet été dans plusieurs villes où il y a beaucoupd'immigrés ? .. Je crois qu'à la base c'est plus unequestion de conditions de vie et d'agressivité que de racisme.Mais, si entre Français, ça peut aboutir à des choses graves,on ne sort pas aussi facilement un fusil ...Nés et vivants en France, on est d'abord vu comme Arabeset jugé ceci ou celà. Quand on est au ch6mage, on se sentplus exclu que les Français à part entière et ça, c'est vraimentdécourageant. En ce moment, je sais, je me sens trèscomplexé. Heureusement, ici, à la Goutte-d'or il y a une certaineentraide et je peux mieux partager mes problèmesqu'avec des amis français. Pourtant, il y a les rondes et lesfouilles de la police et le mot « raton », il sert encore souvent,je vous assure. Le gouvernement d'aujourd'hui ? .. Jecrois qu'il voudrait bien aussi se débarasser <strong>du</strong> problème del'immigration; plus intelligemment qu'avant; c'est tout /A force d'être comme ça, au ch6mage, qu'on soit de ladeuxième génération ou de la première, on sent qu'on esttoujours des immigrés. Moi, je suis prêt à aller vivre dans unautre pays européen si j'étais sûr d'y trouver <strong>du</strong> boulot. »Déracinés? Non, doublementenracinésD'origine algérienne, Mohamed a 29 ans. Il a toujourshabité le vieux fief de l'immigration maghrébine à Paris : lequartier de la Goutte-d'Or. Depuis son BEPC, il vit d'unesuccession de « jobs» sans trop d'angoisse quant à « l'avenirprofessionnel ». Il faut dire qu'une activité bénévolel'occupe pas mal: l'encadrement d'une équipe de foot crééedans le quartier « Les Enfants de la Goutte-d'Or »..•L «a deuxième génération? .. Je n'aime pas ce terme.Je pense qu'il a été inventé pour jouer sur lacorde francophone. C'est une étiquette de sociologuequ'on applique surtout aux enfants d'immigrés d'originemaghrébine. Pourquoi moins aux fils ou filles de Portugaisou d'Espagnols nés ici ? ..Deuxième génération ou pas, quand on n'a qu'une carte derésidence à mettre sur la table, ça ne pèse pas lourd. SansDifférences - N° 29 - Décembre 198337Un jeune de la Goutte d'Orparler des politiques qui ne pensent qu'à leur masse électoraleet à bien « travailler» les voix. Mettre en cause régulièrementl'immigration pour toucher au point sensible lechauvinisme français, on l'a vu ces temps-ci. A Dreux, parexemple, et lors de la campagne municipale de Le Pen dansle 20 e • Et, malheureusement, je crois qu'on le reverraencore.Ici, à la Goutte-d'Or, sous prétexte de rénovation ou deréhabilitation on a laissé le quartier se dégrader. Pour lebrader aux plus offrants? .. Et puis, c'est toujours etencore contrôles et recontrôles. Qu'il soit deux heures ouquatre heures de l'après-midi ou dix heures <strong>du</strong> soir, la policereçoit et applique les ordres. Des lois Bonnet ou Stoléru àaujourd'hui, il n'y a pas vraiment de changement. Le renvoides « clandestins », personnellement, je ne suis pas contre,mais pas par des méthodes humiliantes.Dans le club de foot <strong>du</strong> quartier, on accepte tous les jeunes.Pas d'exclusive maghrébine de la deuxième ou troisièmegénération ; il y a aussi des jeunes français dans nos équipes.Prochainement, les « seniors» vont rencontrer LesCheminots de Paris et nous avons un beau match en projet :Les Enfants de la Goutte-d'Or contre l'équipe des CRS(rires) ...Des fois, les gosses d'origirie immigrée que j'entraîne se sententFrançais, d'autres fois, ils se sentent Algériens ouMarocains. Ça dépend des moments et des circonstancesqu'ils vivent puisqu'ils transpirent - comme moi - deuxcultures.En fait, nous ne sommes pas des déracinés mais, aucontraire, des doublements enracinés. Ce qui serait certainementun avantage si on sentait moins « l'effet-boomerang»de nos origines ... C'est le vécu quotidien qui fait souventproblème ; ces vieilles tensions politico-ceci-ou-cela qui traînentdepuis trente ans pour refaire régulièrement surfacedans certaines têtes et ça, c'est plutôt triste. » 0Propos recueillis par J .-J. PIKON


lA PAROLE ACatherineSauvage« J'aime les•gens qUldéfendent leschosesauxquelles ilscroient »Elle chante depuis plus d'une trentained'années, elle appartient à une .spèce envoie d'extinction, celle des interprètes.NoUS vivons une époque charnière, un peut trop déshumanisée. J'ai peur de l'ordinateuret des masses qui marchent comme un troupeau. On ne pense plus qu'à traversla téle, l'école ou le parti. Je me sens affreusement indivi<strong>du</strong>aliste.C'est le règne de la prise en charge. Ce besoin d'être complètement assisté est signe delotre temps. L'aventure aujourd'hui, c'est de ne pas être à la Sécurité sociale.Je pense qu'il est peut être plus intéressant de faire un travail sur soi que d'essayer de changerle monde. L'actualité m'inspire de moins en moins, je suis de plus en plus à la recherched'une vie intérieure. Peut-être est-ce l'âge qui veut ça, je ne sais pas.Trop peu de gens pensent ou rentrent en eux-mêmes.Réussir trop bien sa carrière, signifie ne pas avoir vraiment le temps de vivre. Au fondmoi, j'ai le temps.Paradoxalement, quand on fait de la chanson française, tout est plus facile à l'étranger. Jetrouve une maison de disques à Tokyo, mais pas à Paris.Je me trouve à un tournant de ma carrière - Pour le tour de chant, il faut savoir s'arrêterassez jeune. La scène me tient à cœur. En tant que comédienne, je me sens frustrée, je meverrais bien remonter sur les planches pour jouer la comédie, c'est un appel que je lance ...En fait, je me sens bien dans ma tour d'ivoire, à m'occuper de mon jardin. Si j'avais desrentes, je n'aurais pas le temps de m'ennuyer, je suis une nature passionnée et curieuse. Ence moment je bouquine, je fais des liqueurs, des parfums, de l'astrologie. J'ai plein d'amisauxquels je fais de la bonne bouffe, je préfère les plats mitonnés au fast-food. C'est pareilpour la chanson.J'habite la campagne depuis treize ans maintenant, cela me donne un très grand équilibre.Je vis au rythme de la nature, je me couche de bonne heure, sans plus jamais prendre desomnifères. J'ai enfin l'impression de vivre en harmonie, avec ce qui m'entoure et notammentmes chats et mes chiens, c'est ça aussi le bonheur. 0Propos recueillis parJulien BOAZDans la têteJ'ai suivi avec tristesse l'affairede Dreux. J'ai regardé commesouvent le magazine Mosaïque <strong>du</strong>9 octobre.Comme j'aimerais que cetteémission passe sur les trois chaînesà une heure de grandeécoute: que de nombreux préjugéstrembleraient dans la tête dechacun! Car c'est bien dans latête de chacun de nous qu'il fautque cela change ! Et les médiasont un rôle immense à jouer.Aura-t-on un jour une télévisionqui nous apprenne à vivre ensembledans la paix, malgré nos différences?La paix ! Même ce mot prenddans la bouche de nos journalistesune connotation péjorative :la paix ne profite qu'au KGB,alors méfiez-vous!Jean-Philippe ROBERTParisPolonais,Yahoudims etOst-"udenEn lisant dans le N° 27 de Différences«Des macaronis auxbeurs », j'ai trouvé certainesaffirmations que je ne m 'attendaisnullement de lire dans unepublication antiraciste; d'autres,ne correspondant en rien à la réalitédes faits .Sur les immigrés polonais, travaillantdans l'agriculture,l'auteur affirme: « C'est parmices paysans, ces Sales Polaksqu'on trouve, c'est un fait attestépar les chercheurs, très souventdes délinquants et des maladesmentaux ».Si le <strong>MRAP</strong>, mouvement à vocationantiraciste propage à traversses publications ces genres d'élucubrationsdiffamatoires contredes immigrés, peu importe leurnationalité, basées sur des« recherches» scientifiques, quevont alors écrire les xénophobes,les racistes de tous bords? Et jem'interroge: comment la rédaction,que je suppose composéed'antiracistes éprouvés, sincères,a-t-elle pu laisser passer unemonstruosité semblable, totalementcontraire aux convictions,aux idéaux de tout antiraciste ?Ce genre d'affirmations fait partieintégrante de la propaganderaciste, réfutée depuis bellelurette comme calomnies sansfondement aucun, même pas« scientifique ».La vie des immigrés polonais etautres, venus de tous les paysd'Europe Centrale, y compris desRusses-blancs, ne fût pas tellementidyllique comme nous le. dépeint l'auteur par ces mots:«Les ouvriers d'in<strong>du</strong>stries queles patrons regroupaient dans descités où ils peuvent fonder desfamilles et conserver leurs traditions,lutter aux côtés de. leurscamarades français, dans des grèvespar exemples ».Je n'ai pas de connaissanceslivresques à ce sujet. J'y ai vécusur le tas: les maisons descorons, réservées aux immigrés,furent, pour la quasi-totalité, deshabitations sans aucune installationsanitaire aussi élémentairefût-elle. Sur les carreaux desmines existaient des douches,mais en nombre insuffisant, aupoint, que les hommes d'uneéquipe montante ne pouvaientpas se doucher en même temps.La plupart, aux visages couvertsde poussière de charbon, selavaient chez eux, debout dansun baquet en bois, aidé en celapar l'épouse ou les enfants. Il yeut des familles où ils étaient plu-. sieurs à se doucher de la sorte,dans une cuisine exiguë. Prendrepart, activement, à une grève,équivalait pour un immigrél'expulsion immédiate de France.Laval, ce triste sieur, avant leFront Populaire, Daladier, premierministre, après celui-là,expulsèrent par trains entiers desouvriers et mineurs qui refusèrentde jouer les «jaunes ». Il y eutcertes des exceptions. Ce ne futpas la règle.L'auteur, tout en parlant de différentesphases et époques desimmigrés en France, oublia, debonne foi, je l'admets volontiers,de mentionner, ne serait-ce qued'un mot, les immigrés juifs,ouvriers et artisans d'EuropeCentrale qui fuyaient la misère,l'antisémitisme, le fascisme, lespogroms. Ils. vinrent en Francepar leurs propres et maigresmoyens, après s'être endettés.Cette immigration là ne ressembleen rien à toutes les autres : àpart les tracasseries administrativesde toutes sortes, ils eurent àsubir le mépris des juifs autochtones.Ceux-ci, autant que lesYahoudims d'Allemagne etd' Autriche, accusèrent les Ost­Juden d'être la cause de l'antisémitismedans leurs pays; de leurssi beaux pays où il faisait si bonvivre ... Un exemple pour illustrercet état d'esprit en France: lepréfet Chiappe, fascite notoire,pour limiter les nombres d'immigrésjuifs à Paris, expédia, dèsleur arrivée, un grand nombre deceux-ci, dans les villes de province.A Bordeaux vivait un juif, unnommé Naquet,. banquier de profession,d'origine sépharade. Al'époque, immédiatement aprèsle Front populaire, il demandaau Préfet de la Gironde puis àmonsieur Adrien Marquet, mairede la ville, d'expulser de Bordeauxtous les juifs étrangers. Lesdeux refusèrent. D 'après cequ'on disait à l'époque, il auraitoffert plusieurs millions de francsd'avant la guerre s'ils avaientaccepté. Lorsqu'on demanda à cebanquier la raison de cettedémarche extravagante, il répondit:«Je ne veux pas qu'à caused'eux je sois un jour traité demétèque et de Youpin ». Les allemands,lors d'une rafle, l'arrêtèrentet l'expédièrent dans lecamps de Compiègne. Là, ilaurait confié à un ami, son repentir: « Si je reviens un jour vivantdans ma ville, je demanderaispardon à mes coréligionnairesétrangers ». Il n'est pas revenu.A Paris, aussi il y en avait de cesyahoudims, qui, pendant le règnede Pétain firent le nécessaire pouréliminer, autant que possible, cesimmigrés indésirables; Le plat de«Macaronis aux beurs» mereste sur l'estomac. Cet oubliinvolontaire, me rappelle l'époqueoù le juif fut considérécomme non-être, prélude à sonextermination.Jacques ZABA WNYParisTraumatismesetpolitiqueSi je finis par me réabonner, c'estque je suis, et cela ne date pas <strong>du</strong>10 mai, pleinement consciente.des problèmes posés par ces douloureuxaffrontements que personnellementet professionnellement,j'ai pu constater et quej'ai, dans les divers domaines demes fonctions, toujours essayé decomprendre et d'éviter. Je ne suispas d'accord avec la façon dontvous les posez. Cette accumulationde cas hélas véridiques, maischaque fois différents dans leurcontexte, sans apporter quoi quece soit de positif politise àl'extrême votre position: labonne gauche ... la mauvaise, ladroite. .Attention, vous avez contribué àaccentuer ce type de racisme, etnous commençons à le payertous!Apportez-nous <strong>du</strong> concret, et sipossible des analyses plus fines dece difficile problème qui n'est pastout d'un seul côté.Et puisque vous luttez, ce dont jevous félicite, faites le sans traumatiserceux qui sont nombreux àœuvrer sans appartenir à votrepartialité politique.F.P.ParisMarcus Garveymythe et réalitéli est vrai que le l7 août dernier,aucune des principales organisationsnoires des Etats-Unis n'a rien faitpour célébrer le 90" anniversaire dela naissance de Marcus Garvey. liavait pourtant, en son époque, provoquéle réveil de la consciencenoire et réhabilité l'Afrique et, déjà,les Noirs ne l'avaient fmalement passuivi après l'avoir d'abord fait enmasse. Mais il ne faut pas dire,comme vous le faites, que MarcusGarvey a été « trop souvent » victimede l'incompréhension de sespropres frères.Bien au contraire, les Noirs d'Amériquecomprirent que Garvey analysaitle problème noir en termes derapport de forces, face à la sociétécapita1iste blanche. Et ce qu'il proposaitn'était pas autre chosequ'une société capita1iste noire puissante,avec évidemment sa bourgeoisie,ses exploiteurs et sa classeouvrière exploitée. Dans son « Philosophyand Opinions », il écrivait:« Je me demandais: où est le gouvernementde l'Homme noir? où setrouvent son Roi et son Royaume ?Où sont donc son Président, sonpays, ses ambassadeurs, son armée,sa flotte. SES GRANDS BRAS­SEURSD'AFFAlRES ? ... Commeje ne les trouvais pas, je décidaidonc que j'allais contribuer à lescréer ... ». li alla même jusqu'à préconiserque, dans les entreprises noires,les Noirs travaillent pour dessalaires inférieurs à ceux des Blancsjusqu'à ce que le capita1isme noirsoit solidement établi.L'incompréhension était le fait deMarcus Garvey. TI ne réalisa jamaisque les millions de Noirs qui avaientrejoint son mouvement, l'UNlA,réclamaient au contraire la fm de lasociété qui avait secrété le racisme,le lynchage, le colonialisme etl'exploitation capita1iste. Ce qu'ilsvoulaient, c'était une révolutiontotale et non ce qu'il leUr offrait :un capitalisme noir.Perpétuer l'exploitation de classe,fut-elle noire, n'était pas l'objectifdes luttes de libération dans lesannées 20, pas plus qu'il ne l'estaujourd'hui. C'est cette contradictionqui mena l'UNlA à sa perte,encore plus que l'emprisonnementde Marcus Garvey.En 1960, Frantz Fanon put surmontercette contradiction et montrerque la libération des Noirs et <strong>du</strong>Tiers-Monde ne pouvait s'accomplirdans le capita1isme privé oud'Etat. li apporta aux luttes desNoirs .et <strong>du</strong> Tiers-Monde le concept<strong>du</strong> «nouvel humanisme ». TI lesengagea à cesser de vouloir imiterl'Europe et à créer une société totalementnouvelle qui verrait Dallre unhomme nOuveau ..C'est le fruit de 60 ans de lutte desNoirs en Amérique qui est l'objectifde leur combat d'aujourd'hui: l'éliminationde toute exploitation,qu'elle soit la classe, raciale ousexiste.RobertPAC38Différences. - N° 29 - Décembre 1983,39


NOËL!rinsd 'herbechaUSSllresSUCCES---------62 BOULOGNE SUCCES ALBAN. 49. rue Thiers 62 LIEVIN SUCCES, 109 bis. rue J .-B.-Defernez14 CAEN SUCCES. 26. rue Saint-Jean 57 METZ SUCCES MARCEL, 39-43, place Saint-Louis62 CALAIS SUCCES ALBAN . 6. boulevard Jacquard 93 MONTREUIL SUCCES CLAIRE, 24, avenue P.-V.-Couturier51 CHALONS SUCCES, 15-17. rue de la Marne 58 NEVERS SUCCES, 71, rue <strong>du</strong> Commerce----------08 CHARLEVILLE SUCCES. 23-25. rue de la République 75 PARIS SUCCEs, 8, rue jo-Pierre Timbaud36 CHATEAUROUX SUCCES, 33. rue Victor-Hugo 76 ROUEN AU PETIT PARIS, 69-79, rue Saint-Sever77 CHELLES SUCCES ARYS. 58 bis, av. de la Résistance 02 SOISSONS SUCCES, 52, rue Saint-M


'AIiENBA'DECEMBREReprésentation de la pièce2 brésilienne Mansamentepar le grupo Contadores deEstorias au théâtre del'Alliance (101, bd Raspail75006 Paris) <strong>du</strong> 2 au 23décembre. D. . ,3, 4, 6 et 7 décembre, la2 maison de la culture de laSeine-Saint-Denis et la CompagnielB présentent la nouvellecréation de FrançoisVerret : Une éclipse totale desoleil. Dpremière diffusion d'Interculturelleset les murs3ne sont pas innocents. Deuxnouvelles séries d'émissionspro<strong>du</strong>ites par le Centre Nationalde Documentation pédagogiquedans Entrée libre surFR3 le samedi de 14 h à16 h. D5Jocelyne Auclair dit Prévertau théâtre de 10 heures36 bd de Clichy 75018Paris) à 18 h 30 <strong>du</strong> 5 au 20décembre, relâche le dimanche.D6Jusqu'au 20, à la Mairie deNanterre Place de l'Hôtelde Ville, rue <strong>du</strong> 8 mai 1945,exposition sur l'Afrique Australe,avec projection de film etdébat avec des représentants del'ANC et <strong>du</strong> <strong>MRAP</strong>. Rens. à laMairie de Nanterre. 0Maxime le Forestier, Bill8 Deraime, José WilliamArmijo, chanteur salvadorien,se pro<strong>du</strong>isent, à laMutualité, le 8 décembre à20 h 30 dans un concert desoutien à la mission santéé<strong>du</strong>cationau Salvador organisépar le Mouvement internationalsanté, é<strong>du</strong>cation.DCarlo Colombaioni et20 Alberto Vitali, artistesde la Commedia dell'artemoderne montrent leur talent<strong>du</strong> 20 décembre 1983 a~ 1 erjanvier 1984 à l'Olympia. DLe nouveau spectacle6 d'Alex Metayer Les femmeset les enfants d'abord estprésenté à Bobino <strong>du</strong> 6 au 29décembre 1983. D~ANVIERL'oiseau vert de Carlo5 Gozzi, mis en scène parBenno Besson est présenté àpartir <strong>du</strong> 5 janvier par le TEPet la comédie de Genève.(159, Av. GambettaParis). DLe Théâtre de la Tempête6 présente, à la Cartoucherie:l'Albatros de RichardDemarcy. Ce spectacle fantastiqueest joué <strong>du</strong> 6 janvierau 18 février 1984. DSur le thème : Les constructeursà l'ALOES la17Maison de la Culture de laSeine-Saint-Denis et la Muni-1 0cipalité de Bobigny proposentune exposition <strong>du</strong> 17 janvierau 29 février 1984 sur l'œuvrede Fernand Léger (l, BldLénine). DLe TEP et leGRAT présentent jusqu'au23 décembre la mort deDanton de Georg Büchnermis en scène par Jean-LouisHourdin (159 av. GambettaParis). DET ENCOREPresse NouvelleUn numéro spécial de la « laNaîe Presse », journal progressistejuif, en langue yiddish,paraît en janvier 1984, àl'occasion <strong>du</strong> 50 e anniversairede cette revue qui parut clandestinementpendant toute la<strong>du</strong>rée de l'occupation allemande.DHenri Guédonband se pro<strong>du</strong>it en concertà Villeneuve-sur-Lot le 17décembre et à Tarbes le19. DMarie des Brumes se25 pro<strong>du</strong>it en concert authéâtre de la ville les 25, 26,27 et 28 janvier. Ce spectacleest co-pro<strong>du</strong>it par le théâtrede Sartrouville. D Photos L'associationpour les rencontres internationalesd'art photographiqueet diaporamique de Montpellierexpose à la galerie municipalede photographie 30 photosde Los Angeles de MauriceV ouga, photographe à ladouble nationalité suisse etaméricaine. DLa poésie est àl'honneur au quatrième festival<strong>du</strong> livre organisé à Trappesjusqu'au 11 décembre parl'association culturelle deTrappes, la municipalité et labibliothèque Anatole France(l, rue de l'Abreuvoir 78190Trappes). DLE COLLOQUE DE DÉCEMBREColloque scientifique sur les Différenceset inégalités, au Sénat, Palais<strong>du</strong> Luxembourg, Salle A, 26 rue de Vaugirard,75006 Paris, organisé par le <strong>MRAP</strong> etDifférences. Après une intro<strong>du</strong>ction <strong>du</strong> professeurFrançois Gremy, président <strong>du</strong><strong>MRAP</strong>, seront présentées :• Apprentissage et développement <strong>du</strong>système nerveux, par Jean-Pierre Changeux(Collège de France).• La quadrature <strong>du</strong> sexe, par André Langaney(Université de Genève).• Seuil de tolérance et cohabitation, parVéronique de Rudder (CNRS).• Inégalité et gaspillage d'intelligence,par Michel Schiff (CNRS).AFRIQUE NOIRELa Bibliothèque municipale Valeyre e( plusieursassociations <strong>du</strong> 9' arrondissement deParis organisent un mois sur l'Afrique Noired'expression française.• le 14 décembre: Le Bénin àla F.U.A.J., 10rue Notre-Dame de Lorette.• le 9 : journée d'amitié avec les femmes noiresd'organisiltions de femmes africaines),• Le 16 : Mozambique: quel développementdans un état de guerre? A 19 h : musique,projections de film, débats. A.O Racines, 28rue Pétrelle, Tél. 526.59.24.• Exposition de photos femmes africaines42• Différencier pour aider, différencierpour rejeter, par Rémy Droz (Universitéde Lausanne).• Le droit et notre regard sur l'autre,par Jacqueline Costa-Lascoux (CNRS).• Rôle de la différenciation dans lesstructures sociales, par Jean-PierreDupuy (CNRS).• L'inaccessible égalité et l'égalitarisme,par Albert Jacquard (INED).Participation 100 F. (comprenant lesActes <strong>du</strong> Colloque), 50 F. pour les membresde la Société des Amis de Différences.Rens. (1) 806.88.33 M. Jean-MichelOllé. D<strong>du</strong>rant tout le mois à Artisans <strong>du</strong> monde, 20rue Rochechouart.• Jusqu'au 20 décembre, exposition sur la littératureafricaine d'expression française avectable ronde et rencontre avec des écrivains,griots, à la Bibliothèque Valeyre, 24 rueRochechouart.• le 17 décembre à l'UCJG, 14 rue de Trévise,journée sénégalaise organisée parl'Union Générale des Travailleurs Sénégalaisen France, avec une troupe culturelle, leballet-théâtre Lemba et un repas sénégalais.Exposition de peinture d'artistes d'Afrique<strong>du</strong> Sud. Rens. Artisans <strong>du</strong> monde tél. (1)878.55.54. 0S.A RL au capital de 20000 F - RC. Paris B. 324 677 798 - APE 7703INFORMATIQUEVOUS PROPOSE UN MATÉRIEL FRANÇAISMICRO-ORDINATEUR COULEURNÉ DE LA COLLABORATIONENTRE DEUX SOCIÉTÉS FRANÇAISESMATRA ~u HACHETTEAvec « ALICE " nous offrons à tous ceux qui sont attirés par la micro-informatique mais qui reculent devant la technique la méthoded'apprentissage la plus simple.DÉCOUVREZ L'INFORMATIQUE ET PARLEZ BASIC POUR 1199 F." ALICE » est aujourd'hui le seul micro-ordinateur qui soit conçu dans un esprit d'initiation et a pour ambiton de faire percevoir à tousque l'accès à l'informatique est désormais simple et rapide.« Alice », c'est la caution technologique de MATRA et l'expérience pédagogique d'HACHETTE.LE COFFRET D' « ALICE» CONTIENT:- Le micro-ordinateur couleur « ALICE ». Unité centrale conçue autour <strong>du</strong> microprocesseur 8 bits 6803,4 K de mémoire RAM, 8 K de mémoire ROM. Clavier type AZERTY 48 touches mécaniques. Instructions« Basic ». Langage BASIC MICROSOFT résident, interpréteur BASIC 9 couleurs de fonds à l'écran ; commandepermettant l'inverse vidéo (fond de l'écran noir et caractères verts).Son: Une simple instruction permet de définir le ton et la <strong>du</strong>rée <strong>du</strong> son transmis par le haut-parleur de la TV.Affichage: 16 lignes de 32 caractères de type ASCII. Graphisme: 16 couleurs graphiques sont préétablis etpeuvent être utilisées dans l'une des 9 couleurs. Possibilité d'extension : 16 K RAM (disponible vers le 1 eT mars 1984au prjx ·d'environ 500 F). Possibilité de sorties sur cassettes et imprimantes.- Le guide d' « ALICE »: Découvrez le BASIC » vous permettra d'installer votre micro-ordinateur et de dialogueravec lui. Professeur sympathique, le guide d' « ALICE» vous apprendra à mettre la théorie en pratique jusqu'à ceque vous parliez couramment BASIC. Les utilisateurs avertis peuvent accéder rapidement à la description desprincipales instructions et commandes de ce BASIC MICROSOFT. Le guide d' « ALICE» est également unebibliothèque de programmes qui vous montre diverses utilisations de votre micro-ordinateur: mini-base, jeux,représentations graphiques, biorythme ...- Un câble de raccordement TV avec prise PÉRITEL.- un cordon d'alimentation (220 V).ATTENTION: « ALICE» est conçu pour récepteur TV SÉCAM muni de prise PÉRITEL: branchement Péritélévision inclus dans lecoffret. Vous pouvez connecter n'importe quel lecteur - enregistreur standard de cassette équipé des prises micro et écouteur afin desauvegarder vos programmes et vos tableaux de données. Il est préférable d'utiliser un matériel simple, les platines cassette étantdéconseillées pour la complexité <strong>du</strong> réglage. Vous pouvez utiliser toute imprimante série 600 bauds 7 bits, équipée de l'interfaceRS 232 C. Le matériel est garanti un an par le constructeur (échange standard à condition que l'appareil soit retourné dans son emballaged'origine).PASSEZ VITE VOTRE COMMANDE.NOUS RISQUONS, DEVANT SON SUCCÈS, LA RUPTURE DE STOCK.CADEAU IDÉAL POUR LES FÉTES DE FIN D'ANNÉE~ (Dès l'âge de 11/12 ans jusqu'au 3 e·âge. Il n'est jamais trop tard).~---------_._----------------------BON DE COMMANDE À RETOURNER À SA/CESSER INFORMATIQUE6, rue Eugène-Varlin, 94240 L'HAY-LES-ROSES .o Je vous commande .. ... coffret (s) « ALICE » au prix ren<strong>du</strong> domicile de 1 199 F pièce, port et emballage gratuits, soit . .. . .. .Ce. coffret comprend : un micro-ordinateur «ALICE »; le guide « ALICE »; un câble de raccordement TV avec prise PÉRITEL ; un cordond'alimentation.o Ne possédant pas de TV couleur, je vous demande de m'adresser également ..... adaptateur (s) noir et blancau prix de 300 F pièce, soit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ........ .o Je vous adresse ci-joint par chèque bancaire ou c.c.P. 20 % de ma commande, soit ......... .. .. ... .Je réglerai lors de la réception <strong>du</strong> colis le solde au facteur, soit . ...... . ... . . . . . . . . . . . . . . . .. ..... . .. ... . ... .Adresse de livraison: M.Adresse : . . . ..... .Code postal : Ville :Prénom:. 0 Catalogue gratuit sur demande. Joindre une enveloppe affranchie portant vos nom et adresse.Signature:(Pour les mineurs, signatures des parents.)!ToTAL

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