Proj<strong>et</strong> SHS Master 20085.4 <strong>Les</strong> <strong>déch<strong>et</strong>s</strong> comme source de profit <strong>et</strong> les conséquences de cecommerce 70 .Pour l’ensemble <strong>des</strong> «recycleurs» appartenant à <strong>la</strong> filière <strong>des</strong> emplois informels <strong>des</strong> paysimportateurs, le traitement <strong>des</strong> DEEE représente une source de revenu importante. En eff<strong>et</strong>, en Chinepar exemple, un recycleur gagne trois à quatre fois le sa<strong>la</strong>ire d’un chinois travail<strong>la</strong>nt dans une rizière. 71Le recyc<strong>la</strong>ge non officiel perm<strong>et</strong> donc désormais à plusieurs anciennes familles d’agriculteurs de vivre.Au-delà de ce constat, il faut également tenir compte du fait que le recycleur s’inscrit dans un réseaucomplexe de collecteurs, revendeurs <strong>et</strong> démonteurs. Finalement, les secteurs de récupération <strong>des</strong> DEEEen Asie sont devenus une source de profit indispensable pour <strong>des</strong> pans entiers de <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion.De plus, ces filières de recyc<strong>la</strong>ge <strong>des</strong> <strong>déch<strong>et</strong>s</strong> <strong>électroniques</strong> intègrent les pays importateurs dans<strong>la</strong> <strong>mondialisation</strong> actuelle. En eff<strong>et</strong>, un rapport émis par <strong>la</strong> Toxics Link m<strong>et</strong> en évidence que 70% <strong>des</strong>DEEE mis en décharge à New Delhi (Inde) provenait d’exportation de pays industrialisés. La BaselAction N<strong>et</strong>work (BAN) affirme de son côté que 80% <strong>des</strong> appareils collectés à fin de recyc<strong>la</strong>ge enAmérique du Nord sont en réalité exportés en Asie. 72Le marché du déch<strong>et</strong> électronique représente donc un nouveau pan de l’économie mondiale. Siles <strong>déch<strong>et</strong>s</strong> étaient considérés jusqu’alors comme <strong>des</strong> résidus non désirés, ils deviennent actuellementsource de profit autant pour les producteurs que pour les recycleurs. Néanmoins, c<strong>et</strong>te situation est loind’être parfaite. Au-delà <strong>des</strong> conséquences environnementales <strong>et</strong> sociales désastreuses, on estime que75% <strong>des</strong> ordinateurs expédiés vers les pays en développement sont irrécupérables ou indémontables <strong>des</strong>orte qu’ils s’empilent dans <strong>des</strong> lieux d’enfouissement 73 . Ce qui signifie que les pays exportateurs, aunom du recyc<strong>la</strong>ge ou de <strong>la</strong> charité, se débarrasse de leurs DEEE sans scrupules, considérant les paysimportateurs comme les poubelles du monde occidental. A ces puissances occidentales, il fautcependant ajouter les pays émergents comme <strong>la</strong> Chine <strong>et</strong> l’Inde elles-mêmes. En eff<strong>et</strong>, si ces futurspoids lourds p<strong>la</strong>nétaires connaissent une croissance phénoménale dans le secteur de l’informatique,elles favorisent <strong>et</strong> profitent également de leur filière locale informelle dite de recyc<strong>la</strong>ge.5.5 <strong>Les</strong> problèmes de <strong>la</strong> responsabilité.Depuis plusieurs siècles, l’énergie fossile est utilisée comme source d’énergie. <strong>Les</strong>conséquences de c<strong>et</strong>te consommation sont visibles au niveau environnemental depuis déjà quelquesdécennies. Malgré tout, l’économie mondiale est aujourd’hui entièrement dépendante de c<strong>et</strong>teressource, c’est pourquoi les changements de comportement nécessitent maintenant de grands effortshumains <strong>et</strong> financiers qui bouleversent les marchés en p<strong>la</strong>ce. De manière simi<strong>la</strong>ire, les appareilsélectriques <strong>et</strong> <strong>électroniques</strong> sont devenus indispensables non seulement au bureau, mais également à <strong>la</strong>maison <strong>et</strong> maintenant lors de nos traj<strong>et</strong>s sous forme d’ordinateur portable par exemple. Ce marché aconnu en 30 ans une évolution considérable, si bien qu’actuellement, c<strong>et</strong>te technologie est présentepartout dans le monde. A-t-on pour autant anticipé les risques environnementaux liés à leurélimination? A-t-on envisagé un traitement <strong>des</strong> DEEE respectueux de l’environnement <strong>et</strong> <strong>des</strong>travailleurs, au moment du <strong>la</strong>ncement de <strong>la</strong> production <strong>des</strong> appareils <strong>électroniques</strong>. Non, certesactuellement, comme mentionné, les légis<strong>la</strong>tions re<strong>la</strong>tives se m<strong>et</strong>tent en p<strong>la</strong>ce <strong>et</strong> les technologies70Voir annexe 10.1 (page 36)71Ollivier S. (2003). Le royaume <strong>des</strong> e-<strong>déch<strong>et</strong>s</strong>. Science & Vie, n°1026, mars 2003, p. 154-160.72Schwarzer S., De Bono A., Giuliani G., Kluser S. & Peduzzi P. (2005). <strong>Les</strong> <strong>déch<strong>et</strong>s</strong> <strong>électroniques</strong>, <strong>la</strong> face cachée del’ascension <strong>des</strong> technologies de l’information <strong>et</strong> <strong>des</strong> communications. PNUE, (s.l.).73. Puck<strong>et</strong>t J., Byster L., Westervelt S., Gutierrez R., Davis S., Hussain A. & Dutta M. (2002). Exporting Harm: The High-Tech Trashing of Asia. The Basel Action N<strong>et</strong>work (BAN) & Silicon Valley Toxics Coalition (SVTC).28
Proj<strong>et</strong> SHS Master 2008d’élimination <strong>et</strong> de recyc<strong>la</strong>ge voient le jour. Néanmoins, qui restera responsable <strong>des</strong> atteintesenvironnementales <strong>et</strong> humaines provoquées jusqu’à ce jour?Finalement, lorsqu’un producteur quelconque m<strong>et</strong> sur le marché un nouveau produit, il estessentiel qu’il soit responsable de l’ensemble du cycle de vie de son produit. Le principe étant que lesconstructeurs ont intérêt à faciliter le recyc<strong>la</strong>ge <strong>et</strong> le démantèlement de leur appareil, limitant lesressources, <strong>la</strong> pollution <strong>et</strong> le volume de <strong>déch<strong>et</strong>s</strong>. Il est difficile de chercher à réduire les scandalesenvironnementaux <strong>et</strong> sociaux provoqués par le processus d’élimination d’un produit avec <strong>des</strong>techniques intervenants en fin de processus. Par contre, il est n<strong>et</strong>tement plus efficace de prévenir c<strong>et</strong>tepollution à <strong>la</strong> source, en intervenant directement à <strong>la</strong> conception du produit. Avec le background que lemonde porte en termes de scandales environnementaux <strong>et</strong> sociaux en re<strong>la</strong>tion au traitement <strong>des</strong> <strong>déch<strong>et</strong>s</strong>,ne devrait-on pas autoriser <strong>la</strong> mise sur le marché d’un appareil pour autant que son élimination soitfonctionnelle <strong>et</strong> efficace. Heureusement, l'Europe commence à traiter de manière sérieuse toutes cesquestions, mais ce n'est pas encore le cas de l'Amérique du Nord.29
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