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Numéro 46 - Le libraire

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Ti-Jean et le Français de France(suite)Indiens nomment le Père des Eaux. Figurez-vousque ce fleuve remonte mille milles vers l’intérieur,qu’il débouche sur cinq grands lacs aussi grandsque la France...— Ah... ?— <strong>Le</strong>s Anglais arrivent ici avec une flotte denavires et des soldats. Ils peuvent remonter toutdroit vers le cœur du pays. Installés là, ils serontdifficiles à déloger. Et je vous assure que vous, lesFrançais, vous serez en fuite vers les côtes en trèspeu de temps...—Vous croyez?— J’en suis sûr. Naturellement, vous ne pourreztenir trois ou quatre cents ans contre les Anglais.Si l’on veut que le cours de l’histoire ne soit paschangé, mon avis est que vous devrez céder votrecolonie un jour ou l’autre. Mais le truc serait detenir le plus longtemps possible.Ti-Jean se leva tout à coup. Il venait d’avoir uneidée. Son visage s’illumina.— Je vais tout arranger ça! dit-il.— Vous?— Oui.— Tout seul? Mais comment?— Vous verrez.— Je ne comprends pas.— Nierez-vous ma force?— Non.— Je peux remuer des montagnes s’il me plaît. Etje vous assure ici même que je vais prendre lesmesures nécessaires pour empêcher que lesAnglais remontent le Saint-Laurent jusqu’auxIls sont nésà QuébecHenri DorionJacques LacoursièreMichel <strong>Le</strong>ssardPierre MorencyDenis VaugeoisGeneviève AmyotAlain BeaulieuAndré RichardMonique ProulxJean O’NeilMarie LabergeEsther CroftDenis CôtéHélène DorionClaire MartinSylvie NicolasGuy CloutierSylvie NicolasMichel PleauJacques CôtéLucie BergeronGuy CloutierHélène VachonChrystine BrouilletDenys GagnonJacques GarneauSuzanne MartelAndré RicardChristiane LahaieDenis CôtéMartine LatulippeChrystine BrouilletClaude BolducSuzanne ParadisÉlaine AudetPierre CaronDécédésPhilippe Aubert de Gaspé filsAlain GrandboisCharlotte BoisjoliOctave CrémazieLouis FréchetteRoger <strong>Le</strong>melinYves ThériaultGrands Lacs. Attendez, je reviens.Ti-Jean se plaça sur le bord de la montagne etcomme à son habitude lorsqu’il voulait voyagerrapidement, il s’élança dans les airs. Grâce à saforce, il pouvait battre des bras assez vite et sanslassitude pour voler comme un oiseau. Il fila àtoute vitesse vers l’embouchure du Saint-Laurent,remonta rapidement le fleuve, cherchant l’endroitle plus propice pour opérer un miracle à samesure. Il passa l’île aux Coudres et hésita un peudevant les promontoires de la Baie Saint-Paul.Mais le fleuve était encore trop large. Il continuason chemin et arriva à l’île d’Orléans. Soudain, ilcomprit que c’était le seul et le meilleur endroit.L’île bloquait les deux tiers de la largeur du fleuveet ne laissait qu’un chenal assez étroit de chaquecôté. <strong>Le</strong> fleuve s’élargissait devant la bourgade deStadaconé, mais aussitôt il se rétrécissait à Cap-Rouge et devenait une gorge de faible portée. Cefut devant la falaise de Lauzon et de Lévis que Ti-Jean choisit d’établir la barrière. Il plongea vers larive, aborda à Stadaconé.En ce temps-là, la rive descendait en pente trèsdouce jusqu’au fleuve et la bourgade indienne occupaitce qui est aujourd’hui le quai de la traverse deLévis.— Bougez pas, dit Ti-Jean aux Indiens. Je vaistransporter votre bourgade, j’ai du travail à faire ici.— Mais...! tenta de protester le chef.— Chut! dit Ti-Jean. C’est pour votre bien futur,vous verrez que j’ai raison.Et prenant la bourgade dans une main, il vous latransporta dans les airs jusqu’à l’endroit qui senomme aujourd’hui l’Ancienne-Lorette, un valloncharmant, quelques milles derrière Québec. Puis,revenant au bord du fleuve, Ti-Jean atterrit denouveau, plongea la main dans le sable, sous leroc, et d’un grand coup il vous sortit tout ça, édifiad’un revers de main le grand cap Diamant. Endeux secondes le fleuve était dominé par cetteénorme masse de roc brut. Des hauteurs du Cap,les Français pourraient à leur loisir barrer lefleuve de leurs canons et empêcher que les Anglaispuissent jamais atteindre les Grands Lacs et lecœur du pays. Jamais, en tout cas, jusqu’au jourfixé par l’Histoire et le Destin où, sur les plainesd’Abraham, Montcalm se fera battre par lestroupes de Wolfe.Mais il faut dire que pendant un bon bout detemps, les Français profitèrent de la merveilleusedéfense naturelle du cap Diamant et ce, grâce à Ti-Jean, à la ceinture magique, et à la force merveilleusedu jeune homme...Il revint à toute vitesse vers le lieutenant deJacques Cartier.— Va dire à ton maître, déclara Ti-Jean au lieutenant,que s’il remonte le fleuve Saint-Laurent, iltrouvera à quatre jours de navigation d’ici unendroit formidable où il pourra tenir tête auxAnglais pendant longtemps.— Mais, dit Paul, je ne comprends pas.— Prends ma parole, dit Ti-Jean. Je viens de créerle cap Diamant et je t’assure que c’est un jolibétail, haut comme le ciel, d’où vous pouvezbalayer tout le fleuve de vos boulets de canon.Personne ne pourra jamais passer là... Pour untemps, en tout cas, bien raisonnable, qui permettraau Roy et à la Compagnie des Cent-Associés defaire leur magot.— <strong>Le</strong>s qui?— Allez, tu comprendras plus tard quand tu lirasles manuels d’histoire... Va répéter ce que je viensde te raconter à ton maître...<strong>Le</strong> lieutenant s’en fut trouver Jacques Cartier etl’on fit ce soir-là de grandes réjouissances...Ce fut seulement un mois plus tard que Ti-Jean serendit compte qu’il avait peut-être agi sous uneimpulsion un peu vive et que le service qu’il avaitvoulu rendre aux Français nouvellement immigrésau pays pouvait bien être une extravagance. Peutêtreque s’il avait réfléchi...C’est le chef de la bourgade huronne de Stadaconéqui réprimanda Ti-Jean.— Tu agis toujours sous le coup de l’impulsion,dit-il. Cette fois, tu aurais dû y penser à deuxfois...— Mais pourquoi? Qu’ai-je fait de si mal?— Regarde!— Je vois bien. Et puis après?— Ton cap Diamant.— Oui, je le vois. Mais qu’est-ce qu’il a? Chosecertaine, il protège le fleuve Saint-Laurent contretoute invasion des Anglais.— Peut-être. Seulement, qu’est-ce qui arriveraquand la ville de Québec sera construite à cetendroit?— Qu’est-ce qui peut arriver?<strong>Le</strong> chef huron secoua lentement la tête en ungeste de commisération.— Je te dis que tu ne réfléchis pas assez avant d’agir.Ti-Jean se fâcha tout net.— J’en ai assez, dit-il. Je ne vois absolument pasce que j’ai fait de répréhensible. C’est un beaucap, en bon granit, très solide, qui aide lesFrançais à repousser les conquêtes anglaises.Voilà.— Oui, dit le chef. Seulement, quand Québec serabâti, les gens du quartier Saint-Malo habiteraientla Haute-Ville si tu n’avais pas chambardé la géographie.Voilà ce que tu as fait.— Et puis?— Et puis, je trouve que ce n’est pas logique, c’esttout. Ces gens avaient un droit géologique et géographiqued’habiter la Haute-Ville. Tu le leur asenlevé sans les consulter. C’est mal et ce n’est pasdémocratique.— La ville, dit Ti-Jean, n’existe pas encore. <strong>Le</strong>sgens de Saint-Malo ne sont pas encore nés! Alorscomment aurais-je pu les consulter?— Vois-tu, dit le Huron qui avait suffisamment debon sens, voilà ce qui arrive quand on fait deschoses merveilleuses. Elles en viennent à toutchambarder, à tout bousculer. Moi j’en ai vu lesconséquences. À toi de les voir aussi avant desoulever des caps par ici ou de creuser des merspar là. Tu joues avec la nature? Prends garde dene pas créer plus de problèmes que tu n’en règles.<strong>Le</strong> chef avait raison. Mais Ti-Jean aussi avait euraison de créer le cap Diamant. Reste à savoir,naturellement, ce que pensent de tout cela lesgens de Saint-Malo*...* Rappelons que le village de Saint-Malo a été annexé à la villede Québec en 1907.A V R I L - M A I 2 0 0 834

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