Bulletin <strong>de</strong> la Recherche Agronomique du Bénin Numéro 69 – Juin 2011MéthodologieCollecte et analyse <strong>de</strong>s donnéesLes données collectées ont respectivement porté sur le temps <strong>de</strong> travail moyen <strong>de</strong>s membres <strong>de</strong>sménages, les superficies emblavées, les revenus annuels et le montant <strong>de</strong>s investissements agricoleseffectués par les ménages. Ces données primaires ont été collectées sur <strong>de</strong>ux pério<strong>de</strong>s <strong>de</strong> référenceà savoir : la pério<strong>de</strong> pré-affection par le VIH/SIDA et la pério<strong>de</strong> d’affection. P<strong>ou</strong>r la plupart <strong>de</strong>sménages affectés, les effets du VIH/SIDA sur leur existence ont commencé à être ressentis au c<strong>ou</strong>rs<strong>de</strong>s cinq <strong>de</strong>rnières années. La pério<strong>de</strong> pré-affection a donc été située à la pério<strong>de</strong> antérieure aux cinq<strong>de</strong>rnières années et la pério<strong>de</strong> d’affection à celle <strong>de</strong>s cinq <strong>de</strong>rnières années. Aussi, la référence <strong>de</strong>cinq ans a-t-elle été prise p<strong>ou</strong>r fixer les <strong>de</strong>ux pério<strong>de</strong>s sur lesquelles les données ont été collectéesauprès <strong>de</strong>s ménages non affectés.Quant à l’impact du SIDA sur les ren<strong>de</strong>ments <strong>de</strong>s ménages, les données collectées ont porté sur lesproductions brutes <strong>de</strong>s ménages et les superficies emblavées p<strong>ou</strong>r les principales cultures que sont :le Maïs, le Niébé, le Manioc, l’Igname, l’Arachi<strong>de</strong>, la Tomate et le Piment. Ces données primaires ontété collectées p<strong>ou</strong>r les ménages appartenant à chacun <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux gr<strong>ou</strong>pes aussi bien p<strong>ou</strong>r la pério<strong>de</strong>pré-affection que la pério<strong>de</strong> d’affection. Sur la base <strong>de</strong>s données collectées, les ren<strong>de</strong>ments moyens<strong>de</strong>s ménages ont été déterminés en faisant le rapport <strong>de</strong>s productions sur les superficies emblavéesp<strong>ou</strong>r chaque spéculation par ménage. Les ren<strong>de</strong>ments moyens par spéculation ont ensuite étédéterminés p<strong>ou</strong>r les <strong>de</strong>ux gr<strong>ou</strong>pes <strong>de</strong> ménages.Les données ont été collectées à travers <strong>de</strong>s entretiens structurés auprès <strong>de</strong>s chefs <strong>de</strong> ménages.Après la phase <strong>de</strong> collecte, les données ont été saisies et dép<strong>ou</strong>illées avec Access, puis analyséesavec SPSS 16.L’analyse <strong>de</strong>s données collectées a essentiellement consisté en une comparaison <strong>de</strong>scaractéristiques <strong>de</strong>s ménages affectés à celles <strong>de</strong>s ménages non affectés. Cette approchecomparative a permis <strong>de</strong> déduire les éléments d’impact attribuables au VIH/SIDA. Les tests t et Chi<strong>de</strong>ux ont été utilisés p<strong>ou</strong>r tester les différences entre les <strong>de</strong>ux gr<strong>ou</strong>pes <strong>de</strong> ménages.Mesures éthiquesAvant la mise en œuvre <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong>, un protocole <strong>de</strong> recherche a été s<strong>ou</strong>mis au Comité d’éthique duMinistère <strong>de</strong> la Santé Publique et un avis favorable a été obtenu. Au c<strong>ou</strong>rs <strong>de</strong> l’enquête, le sujet a étéclairement présenté aux participants et leur consentement a été reçu avant l’administration <strong>de</strong>squestionnaires. A cette fin, une fiche <strong>de</strong> consentement a été annexée au questionnaire et a été signéepar chaque enquêté avant t<strong>ou</strong>t entretien. T<strong>ou</strong>tes les données personnelles collectées ont été gardéesconfi<strong>de</strong>ntielles. P<strong>ou</strong>r la prise <strong>de</strong> contact avec les ménages affectés, les associations <strong>de</strong> PVVIH ont étésollicitées et seuls les membres <strong>de</strong>sdites associations ont été sélectionnés comme gui<strong>de</strong>s, afin <strong>de</strong>faciliter le contact avec les ménages affectés.RESULTATSImpact du VIH/SIDA sur l’investissementCet impact a été évalué à travers le temps <strong>de</strong> travail consacré en moyenne par j<strong>ou</strong>r par les membres<strong>de</strong>s ménages aux activités agricoles, le revenu moyen <strong>de</strong>s ménages et leurs dépenses agricoles.Impact sur le temps <strong>de</strong> travailDans le but <strong>de</strong> vérifier si la durée moyenne <strong>de</strong> travail j<strong>ou</strong>rnalier par ménage varie en fonction du type<strong>de</strong> ménage, l’hypothèse suivante a été posée :H 0 : la durée moyenne <strong>de</strong> travail j<strong>ou</strong>rnalier par ménage ne varie pas en fonction du type <strong>de</strong> ménage,contreH 1 : la durée moyenne <strong>de</strong> travail j<strong>ou</strong>rnalier par ménage varie en fonction du type <strong>de</strong> ménage.Tableau 2.Durée moyenne <strong>de</strong> travail j<strong>ou</strong>rnalier par ménage pendant la pério<strong>de</strong> pré-affectionMénagesaffectés non affectésDurée moyenne <strong>de</strong> travail/j<strong>ou</strong>r/ménage 7,402 heures 7,051 heuresDifférence entre les ménages affectés et les ménages non affectés -0,351 heuret 1,740Probabilité <strong>de</strong> t (p) 0,08320
Bulletin <strong>de</strong> la Recherche Agronomique du Bénin Numéro 69 – Juin 2011Tableau 3.Durée moyenne <strong>de</strong> travail j<strong>ou</strong>rnalier par ménage pendant la pério<strong>de</strong> d’affectionMénagesaffectés non affectésDurée moyenne <strong>de</strong> travail/j<strong>ou</strong>r/ménage (en heures) 4,975 heures 6,527 heuresDifférence entre les ménages affectés et les ménages non affectés -1,552 heurest -7,26Probabilité <strong>de</strong> t (p) 0,0001P<strong>ou</strong>r la pério<strong>de</strong> pré-affection, la durée moyenne <strong>de</strong> travail <strong>de</strong>s ménages affectés n’a pas étéstatistiquement différente <strong>de</strong> celle <strong>de</strong>s ménages non affectés au seuil <strong>de</strong> 5% (Tableau 2). L’hypothèseH 0 a donc été acceptée au seuil <strong>de</strong> 5% p<strong>ou</strong>r la pério<strong>de</strong> pré-affection. Ce résultant a confirméqu’initialement, t<strong>ou</strong>s les ménages avaient les mêmes caractéristiques. Par contre, p<strong>ou</strong>r la pério<strong>de</strong>d’affection, la durée <strong>de</strong> travail <strong>de</strong>s ménages non affectés a été très significativement différente <strong>de</strong>celle <strong>de</strong>s ménages affectés au seuil <strong>de</strong> 0,01% (Tableau 3). Par conséquent, p<strong>ou</strong>r la pério<strong>de</strong>d’affection, l’hypothèse H 0 a été rejetée au seuil <strong>de</strong> 0,01%. Ce résultat p<strong>ou</strong>vait s’expliquer par l’effet <strong>de</strong>la morbidité liée à la maladie sur les membres infectés qui ne peuvent travailler longtemps sanss’épuiser et risquer une rechute.T<strong>ou</strong>tefois, il a été observé une baisse <strong>de</strong> la durée moyenne <strong>de</strong> travail j<strong>ou</strong>rnalier aussi bien au niveau<strong>de</strong>s ménages affectés que <strong>de</strong>s ménages non affectés. En effet, au sein <strong>de</strong>s ménages non affectés, ladurée moyenne <strong>de</strong> travail a baissé <strong>de</strong> 0,52 heure. Cette variation est significative au seuil <strong>de</strong> 1% (t =5,875 et p < 0,01). Au sein <strong>de</strong>s ménages affectés, la réduction <strong>de</strong> la durée <strong>de</strong> travail a été beauc<strong>ou</strong>pplus importante (2,42 heures) et est hautement significative au seuil <strong>de</strong> 0,01% (t = 13,99 et p