Bulletin <strong>de</strong> la Recherche Agronomique du Bénin Numéro 69 – Juin 2011DISCUSSIONSpéculations Pério<strong>de</strong>s t Probabilité <strong>de</strong> tManiocPério<strong>de</strong> pré-affection 1,776 0,080pério<strong>de</strong> d’affection 1,604 0,092IgnamePério<strong>de</strong> pré-affection 0,658 0,517pério<strong>de</strong> d’affection 1,426 0,168TomatePério<strong>de</strong> pré-affection 0,77 0,497pério<strong>de</strong> d’affection 2,841 0,215PimentPério<strong>de</strong> pré-affection -0,331 0,767pério<strong>de</strong> d’affection 1,15 0,455L’analyse <strong>de</strong>s résultats démontre dans l’ensemble que le SIDA a un impact significatif sur les facteurs<strong>de</strong> production <strong>de</strong>s ménages. Les contraintes liées au SIDA sont notamment relatives à la disponibilitéen main-d’œuvre <strong>de</strong>s ménages. En effet, l’état <strong>de</strong> morbidité <strong>de</strong>s membres infectés crée un déficit <strong>de</strong>main-d’œuvre disponible du ménage ; lequel déficit induit <strong>de</strong>s transformations profon<strong>de</strong>s dans lessystèmes <strong>de</strong> production mis en œuvre par ces ménages. P<strong>ou</strong>r Slater et Wiggins (2005), la baisse <strong>de</strong>la main-d’œuvre disponible engendre une baisse <strong>de</strong>s superficies emblavées, <strong>de</strong>s changements dansles cultures et moins d’attention à la conservation du sol. Les résultats obtenus par Rau (2007) enZambie traduisent la même tendance avec les chefs <strong>de</strong> ménages affectés qui ont réduit <strong>de</strong> moitié lasuperficie <strong>de</strong> terrain qu’ils cultivaient, ce qui s’est traduit par une réduction <strong>de</strong> la production agricole etune faible disponibilité en n<strong>ou</strong>rriture.Les résultats <strong>de</strong> cette étu<strong>de</strong> n’ont pas permis <strong>de</strong> relever une différence significative entre lesren<strong>de</strong>ments <strong>de</strong>s ménages affectés et ceux <strong>de</strong>s ménages non affectés. Par contre, Kwaramba (1997)au Zimbabwe a noté une baisse <strong>de</strong>s ren<strong>de</strong>ments due au VIH/SIDA <strong>de</strong> plusieurs cultures : l’arachi<strong>de</strong>,le coton et les légumes, entre autres. Selon l’auteur, cette baisse <strong>de</strong> ren<strong>de</strong>ment peut s’expliquer parplusieurs facteurs au nombre <strong>de</strong>squels la rupture dans le transfert <strong>de</strong>s connaissances. Contrairementà cette opinion, Hadju et al. (2011) ont montré qu’une hypothétique rupture intergénérationnelle <strong>de</strong>connaissances n’est pas t<strong>ou</strong>t à fait vérifiée, car les enfants issus <strong>de</strong> ménages affectés acquièrentleurs connaissances beauc<strong>ou</strong>p plus auprès <strong>de</strong> tierces personnes que <strong>de</strong> leurs parents. A ce propos,Fagbémissi et al. (2008) ont également montré que les enfants issus <strong>de</strong> ménages affectés maîtrisentmieux les itinéraires techniques agricoles que les enfants issus <strong>de</strong> ménages non affectés. Leursrésultats sont également parvenus aux conclusions que les ménages affectés maîtrisaient mieux lesitinéraires techniques que les ménages non affectés. Ce point <strong>de</strong> vue corrobore les résultats <strong>de</strong> cetteétu<strong>de</strong> en ce qui concerne le maintien <strong>de</strong>s niveaux <strong>de</strong> ren<strong>de</strong>ments par les ménages affectés.Quant à Mutangadura et al. (1999), ils ont relevé que la morbidité liée au SIDA a un impact négatif surles systèmes <strong>de</strong> production <strong>de</strong>s ménages aussi bien à travers la baisse <strong>de</strong> la disponibilité en maind’œuvre,qu’à travers la baisse du temps <strong>de</strong> travail consacré aux activités champêtres, le revenu <strong>de</strong>sménages et l’adoption <strong>de</strong> techniques non indiquées. Au sujet <strong>de</strong> la baisse du temps <strong>de</strong> travailagricole, la réduction significative (33%) du temps <strong>de</strong> travail consacré par les ménages aux activitéschampêtres a été notée. Sur le capital financier, l’impact <strong>de</strong> la maladie s’est traduit par une baissesignificative <strong>de</strong> 33% du revenu au niveau <strong>de</strong>s ménages affectés, avec p<strong>ou</strong>r corollaire une baisse <strong>de</strong>leur investissement agricole <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 10%. A ce sujet, Jayne et al. (2004) estiment que le SIDAaffecte la capacité <strong>de</strong>s ménages à investir dans la production et dans l’achat <strong>de</strong>s matériels,équipements et intrants nécessaires. Ces résultats ne sont t<strong>ou</strong>tefois pas concordants avec la théorie<strong>de</strong> l’économie paysanne. Selon cette théorie, les ménages ayant un ratio C/W (du nombre <strong>de</strong>consommateurs C) par rapport au nombre d’actifs W) élevé <strong>de</strong>vraient procé<strong>de</strong>r à une intensification<strong>de</strong> leur production, soit en augmentant la superficie emblavée par actif, soit en augmentant le temps<strong>de</strong> travail et en investissant plus dans les intrants agricoles (Leinbach et Bowen, 1992).CONCLUSIONLa santé est une préoccupation fondamentale p<strong>ou</strong>r t<strong>ou</strong>te forme <strong>de</strong> développement socioéconomique.Inversement, la pathologie présente un défi important p<strong>ou</strong>r le développement, car elle a un effetdévastateur, systémique et cumulatif sur t<strong>ou</strong>s les aspects du développement humain. Elle représenteune sérieuse menace p<strong>ou</strong>r l’agriculture et le développement rural, surt<strong>ou</strong>t dans les communautéspauvres, car elle réduit la main-d’œuvre, perturbe les moyens d’existence, b<strong>ou</strong>leverse l’échange <strong>de</strong>connaissances agricoles entre les générations et augmente la vulnérabilité <strong>de</strong>s ménages et <strong>de</strong> lacommunauté face à la pauvreté. Afin <strong>de</strong> mieux cerner les interactions qui existent entre l’agriculture etla santé, la présente étu<strong>de</strong> a été conduite dans quatre localités du Sud-Bénin. Dans chacune <strong>de</strong> ceslocalités, l’impact du SIDA sur les facteurs <strong>de</strong> production <strong>de</strong>s ménages, ainsi que sur leur ren<strong>de</strong>ment a24
Bulletin <strong>de</strong> la Recherche Agronomique du Bénin Numéro 69 – Juin 2011été évalué. Au terme <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong>, il a été noté que la morbidité et la mortalité liées au SIDA induisent<strong>de</strong>s changements dans les systèmes <strong>de</strong> production <strong>de</strong>s ménages. Aussi les ménages affectés sont-ilsconfrontés à <strong>de</strong>s pénuries <strong>de</strong> main-d’œuvre adéquate, à l’incapacité d’investir dans l’activité agricoleet d’emblaver les superficies escomptées. Dans ce contexte, il est opportun que la rechercheagronomique i<strong>de</strong>ntifie <strong>de</strong>s techniques alternatives p<strong>ou</strong>vant permettre aux ménages affectés t<strong>ou</strong>t enrestant dans l’agriculture <strong>de</strong> p<strong>ou</strong>rvoir à leurs besoins alimentaires et monétaires.REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUESAgbahey, J. U. 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