Télécharger la revue - Église Catholique d'Algérie
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REGARD SUR L’ALGÉRIE<br />
est un bel exemple de l’originalité de <strong>la</strong> flore du Tell.<br />
Ce travail rejoint celui qui est mené à l’échelle mondiale<br />
et dont l’objectif est d’identifier des zones à forte<br />
valeur patrimoniale appelées « point chaud » de biodiversité.<br />
La combinaison des critères : richesse spécifique,<br />
endémisme et menaces, a permis d’identifier<br />
le onzième « point chaud » du bassin méditerranéen.<br />
L’identification d’un point chaud constitue un argument<br />
fondamental pour mener des mesures de gestion<br />
conservatoire afin de sauvegarder <strong>la</strong> biodiversité<br />
des milieux naturels.<br />
Endémisme et rareté de <strong>la</strong> flore d’Algérie<br />
Le nombre d’espèces endémiques pour l’Algérie du<br />
Nord est de 407 et le nombre d’espèces rares dans le Tell<br />
est de 1 635. L’analyse cumulée des paramètres « endémisme<br />
» et « rareté » fait ressortir <strong>la</strong> prédominance des<br />
secteurs kabyles et<br />
numidien avec près<br />
de 50% d’endémiques<br />
et 40% d’espèces<br />
rares. Ainsi, les secteurs<br />
montagnards<br />
et littoraux centrés<br />
autour de <strong>la</strong> Petite et<br />
Grande Kabylie et de<br />
<strong>la</strong> Numidie sont identifiés<br />
comme un vaste<br />
point chaud de biodiversité<br />
qui appartient<br />
à un ensemble biogéographique<br />
naturel<br />
correspondant au Tell<br />
algéro-tunisien. C’est<br />
dans ces secteurs que<br />
Cèdre de l’At<strong>la</strong>s (Chel<strong>la</strong><strong>la</strong>)<br />
l’on retrouve le cèdre<br />
de l’At<strong>la</strong>s, endémique<br />
à l’Algérie et au Maroc, les belles orchidées caractéristiques<br />
de <strong>la</strong> région d’El Ka<strong>la</strong>, ou encore une proche<br />
espèce du nénuphar Nymphoides peltata, petite merveille<br />
présente à Guerbès, unique station au Maghreb.<br />
La richesse remarquable de ces secteurs s’explique<br />
par <strong>la</strong> présence de chaînes de montagnes parmi les<br />
plus élevées du pays (Djurdjura 2308 m, Babor 2004<br />
m), en contact direct avec le littoral méditerranéen, et<br />
l’existence d’un complexe de zones humides remarquables<br />
(Guerbès-Senhadja-El Ka<strong>la</strong>). L’hétérogénéité<br />
spatiale des habitats naturels participe à l’enrichissement<br />
exceptionnel de <strong>la</strong> diversité floristique. C’est le<br />
cas des milieux littoraux qui se déclinent en p<strong>la</strong>ges,<br />
criques ou fa<strong>la</strong>ises, les milieux continentaux qui sont<br />
de nature terrestre, marécageuse ou aquatique et les<br />
montagnes qui possèdent un panel intéressant de<br />
10<br />
Photo de G de B<br />
Photo de G de B<br />
Orchidée d’allégresse (Djurdjura)<br />
forêts encore sauvages qui contrastent avec les autres<br />
secteurs plus ou moins fortement anthropisés.<br />
Menaces sur le « onzième point chaud »<br />
L’agriculture et l’urbanisation sont les principales<br />
menaces qui depuis longtemps ont détruit les zones<br />
humides et le littoral aux environs d’Alger au cours du<br />
XXe siècle. Ces mêmes menaces se développent aujourd’hui<br />
aux environs d’El Ka<strong>la</strong>, Annaba, Skikda et Jijel.<br />
La crainte d’une perte de <strong>la</strong> diversité floristique dans ce<br />
point-chaud est grande lorsque l’on sait que ces milieux<br />
servent encore de refuge à une flore venue d’ailleurs et<br />
qui n’a pu se maintenir que par <strong>la</strong> présence de milieux<br />
aquatiques compensant l’aridité du climat méditerranéen.<br />
Des mesures urgentes de conservation et de restauration<br />
des milieux sont à mettre en p<strong>la</strong>ce car, quand<br />
un habitat disparaît, c’est tout un cortège floristique qui<br />
disparaît avec lui…<br />
Salima Benhouhou,<br />
enseignant‑chercheur à l’École nationale<br />
supérieure d’agronomie, Alger.<br />
Nymphoïdes Peltata ou Petit nénuphar<br />
Photo de G de B