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07 cata 05 corr-v5 - bilboquet

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lait y travailler l’atmosphère comme figure filmiquegrâce à la sensation qu’elle communiqueau spectateur et qui a à voir – commele titre même de ce film sans traces – avec laperte.Cartelle sur l’écran : le respect par la caméra,outil que Velo aborde après la photographie,est aussi le respect pour le sujet, pour la réalitéet pour le mode de relation qu’il entretientavec l’authenticité des «acteurs naturels,héros endogènes : les Galiciens (synecdoquede « peuple ») s’y reconnaissent sans complexes»,écrira-t-il plus tard. Il transmute lasensation physique en composition plastique.Parfois en partant de la convention du portrait,il façonne un double modèle de représentationpour ces deux êtres, homme /femme, qui sont chez lui les deux faces irréconciliablesd’une même pièce. Le cadre enplongée, emphatique, le plan fixe comme durée,l’image-souvenir, c’est le masculin. La séquenceen temps réel, le goût de la contemplation,le plan d’ensemble et la figure inscritedans la terre, c’est le féminin. Le Velo qui reproduitles valeurs ancestrales est dans la pose,le Velo artiste laïque est dans la photogénie.Le Velo agitateur est dans les scènes, dans lestableaux. Et dans les scènes collectives, là oùnous sommes un et multiple, où le cinéasteengage toute sa virtuosité pour que la réalités’exprime dans son rythme intérieur, sa répétition,sa forme parfaite.La défaite de la Guerre civile emporte un filmqui, plus que sa valeur symbolique, conservedans son caractère fragmentaire même, danssa facture incomplète, le signe tragique d’uneépoque et des anticipations que le cinéastedéroulera dans ses films mexicains.Dans l’Espagne franquiste, certains films deVelo seront remontés et leur signification détournée(Philippe II et l’Escorial). D’autres(comme le film d’avant-garde Infinitos) ontdisparu. Châteaux de Castille, dont les critiquessignalent le grand intérêt en matière d’innovationdans le mode de récit, est conservé auBundesarchiv. Et Velo lui-même, au début dela Transition espagnole déposa à la Cinémathèquece qui lui restait de sa production républicaine,ce que nous pouvons voir aujourd’hui.Pour ses camarades d’exil, Velo était la preuveque le cinéma pouvait exister.L’artiste Luis Seoane insistait d’ailleurs sur lefait qu’alors même que le cinéma galicien étaitimpossible, des films les représentaient : LaLigne générale d’Eisenstein, La Source deBergman et L’Homme d’Aran de Flaherty. Sesarticles ou ses commentaires radiophoniques,à Buenos Aires, parlaient de Velo et de l’exil,de « l’homme anonyme galicien », et du« drame du travail quotidien » comme « hauteforme esthétique » de l’œuvre du cinéaste.Produit d’un pays paradoxal, entre une natureimplacable et une hiérarchie sociale de caciquesen soutane ou complet veston, le CarlosVelo de l’exil ne s’autorisa pas le luxe des’avouer vaincu. Dans son antre mexicain, parfaitementclassés, s’accumulaient projets, requêteset rapports destinés à convaincre lepouvoir de l’utilité du cinéma. Et son Graal,la Galice : au Mexique, c’est le rassemblementde l’exil autour d’une entité, le Padroado daCultura Galega, l’édition dans les années 60 deVieiros, revue « en instance d’autorisation »,et les programmes radiophoniques d’agitprop.En 1956, l’année où Torero est projeté àCannes, salué par Lindsay Anderson dans Sightand Sound, Carlos Velo est à Buenos Aires au« Premier Congrès de l’émigration galicienne», en représentant du Padroado, et défendsa « Proposition de création d’un Centrecinématographique galicien ». Dans son intervention,il déclare à nouveau sa foi totaleen le cinéma comme « instrument le plus puissantde notre temps pour la communicationentre les hommes et la propagande pour leprogrès », et sa proposition concerne toutesles branches de l’industrie cinématographique,dans trois genres – éducatif, documentaire etd’information – sans compter un possible Noticierogalego mensuel « qui établirait sonpropre réseau de diffusion en Amérique et enEspagne et ses systèmes d’échanges avec lesautres actualités mondiales », ainsi que l’organisationde « Groupes de Ciné-action ruralequi porteraient aux villages et hameaux deGalice le message culturel du cinématographe».Dans les « Dispositions transitoires », Velo demandeau Congrès « d’ordonner immédiatementle tournage des débats en 35 mm noiret blanc. »Une partie de ces images figure dans mon premierdocumentaire, Santa Libertade (2004).Des images où l’on voit, représentant le Venezuela,un autre exilé, cousin du cinéaste,Xosé Velo, qui formera avec le capitaine portugaisHenrique Galvao et Xosé Fernandez,autre Galicien exilé, membre de l’armée républicaine,le triumvirat qui, en 1961, s’empareradu transatlantique Santa María surson trajet entre La Guaira et Vigo, dans le butde crier au monde le scandale des deux dictaturesd’Europe, celle de Franco et celle de Salazar,qui jouissent de la complicité des démocratiesoccidentales, et d’où partent denouveaux contingents de main-d’œuvre émigrée.Lettre à de jeunes poètesEn 1962, Carlos Velo écrit au Grupo Brais Pinto,eux aussi de jeunes poètes en colère. Juste intuitionencore, puisqu’une partie de ce groupecréera en 1964 la première organisation, frontisteet marxiste du nationalisme de gauchecontemporain, l’Union du Peuple galicien(UPG). Il ne cessait de dire ce qu’il fallaitfaire : au Ministère de la Culture espagnol,une série sur les Républicains en exil (1982) ;à la Galice, un Centre de formation au cinéma(1985). Il ne reçut aucune réponse du Gouvernementautonome.Il mourut dans sa ville d’accueil, Mexico, en1988, dans ce pays où il réalisait du ciné-vérité(des actualités), dans lequel il avait été cinéasteattitré du président Etcheverria, où ilfaisait des films commerciaux et où il plongeadans Pedro Paramo.Il était allé avec Zavattini au Mexique et àCuba, il avait organisé des centres d’enseignementdu cinéma et réalisé des documentaires-portraits(Hommage à León Felipe,1973-1975), des documentaires ethnographiques,historiques et, ainsi qu’il aimait à ledire, un documentaire politique, Universitéengagée (1973) avec SalvadorAllende.A l’approche de la mort, il décida que sescendres seraient dispersées dans les eaux deVeracruz afin que les courants du Gulf Streamles emportent jusqu’au « Finis Terrae desCeltes ».En 1968, le dernier numéro de Vieiros publie« Images pour un film », une série de notes« recueillies par un cosmonaute brésilien dunom de Guevara en l’an 2368 ». Ces notes, quiparaissent venir d’un cinéaste ancien, del’époque où l’on gravait images et sons, sesont conservées dans un vase d’argile noire,originaire de l’Atlantide galico-portugaise,disparue sous les eaux en l’an 2000 dans une<strong>cata</strong>strophe technologique. Ces notes contiennentl’histoire d’un film dans lequel le hérostombe amoureux, affronte mille difficultés,perd sa terre, émigre à Cuba, revient, et est récompensépar les retrouvailles avec sa bienaimée.Et le temps, naturellement, passe. Aumoment de mettre le point final, dans unescène où des fossoyeurs recouvrent le cercueil,l’auteur dit : « Il y a toujours de la terre entrop quand un Galicien meurt. Terre humideet légère. Bonne pour les vergers de Cartelleoù ce soir-là, à nouveau, fleurit le lin. »Margarita Ledo AndiónUniversidade de Santiago de CompostelaUniversité de Saint Jacques de CompostelleDid you say“Carlos Velo”?“Combatants loyal to the Republic–rings outthe voice of president Lázaro Cárdenas overthe loudspeakers of Saint Cyprien internmentcamp – Mexico awaits you with open arms!”.Carlos Velo Cobelas, born in southern Galicia–wherethe land called Lobeira rolls downto Portugal, where the country women composethe image of collective life, transformingthe flax harvest into linen and sheets for theirtrousseaux–manages to leave the camp andjoin his wife in Paris. With the help of the writerFernando Gamboa, the couple make theirway to Veracruz.Carlos Velo was born in 1909 into a family oflocal caciques. His father, a country doctor,was perhaps the last member of one of thecastes from the old order (where the right ofprimae noctis was deeply ingrained in statusand behaviour). It was a caste that was to beradically disowned and devoured by its offspring,who were maladjusted, anti-authoritarian,and open to novelty, with a burningdesire to experiment with everything new.This is the heritage that marked the youngVelo, who spent his high-school years in theOurense of the 1920s. It was during these youthfulyears that he developed an original senseof observation, whether it was in the sciencelaboratory experimenting macrophotographywith lenses and microscopes, or at the localinn rubbing shoulders with travellers, localgovernment employees or priests. He was irresistiblyattracted to anything related to technicalimages and eagerly became a Sundayactor in the amateur films made by one of hisfather’s friends.The young Velo experienced before all elsethe emotion of the flesh. It is something heuses to construct his rhythm and in the movementhe creates with his eyes. He isconstantly drawn to close-ups, to shifts in cameraangles that follow swaying hips, to theunexpected twist, to smiles, signs, suspicion,rendez-vous, suspense, obsession and, attimes, failure, tragic finales, initiation rites,the pleasure of the shot, the spiral of lateralmovement, the panorama that leaves its imprinton memory. The wait is long and drawn-62

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