José Val del OmarTriptico elementalde España(Tryptique élémentaire de l’Espagne)Acariño galaicoou De barro(Amour galicien) (D’argile)(1962-1982)Production : Rafael R. Tranche35 mm, n. et bl., 24 mnFuego en Castilla,tactil-vision del paramodel espanto(1958-1960)(Feu en Castille, tactilvision du désertde l’effroi)Production : Ermic Films35 mm, n. et bl., 17 mnFilms projetés avec l’aimable autorisationet la généreuse collaboration de Trafico deIdeas (Mme Piluca Baquero Val del Omar),de M. Gonzalo Sáenz de Buruaga, ArchivioMaria José Val del Omar.Projet de Fondation José y María José Valdel Omar : gonbura@eresmas.netJosé Val del Omar(Grenade 1904 - Madrid 1982)José Val del Omar réalise son premier filmdans les années 20, avant de révéler ses troispremières « techniques éclairées ». Inventeurimaginatif, visionnaire, proche despoètes, écrivains et artistes de l’avant-gardedes années républicaines, Val del Omar réaliseplus de 50 documentaires et reportagesau service des Missions pédagogiques de laRépublique. On a perdu sa vision desHurdes tournée en 1936, trois ans aprèsTerre sans pain de Buñuel. Exilé intérieurdu franquisme, Val del Omar continue d’inventerprocédés optiques et sonores, jusqu’àla vidéo et au laser des années 70, etde croire passionnément au cinéma. Sesfilms des années 50, retravaillés jusqu’à samort, sont à la fois des démonstrations deson inventivité et de sa puissante conceptionpoétique du cinéma.« Le cinéma est, par-dessus tout, lanternemagique. Lanterne magique qui, aujourd’hui,tend à utiliser l’électronique pourêtre diffusée à la télévision. Le technicienqui vit la magie du cinéma doit prendreconscience de sa responsabilité. Le technicienanime et connecte un grand spectaclede conversion, de suggestion, d’enchantementet de conquête. On ne peutcontraindre la liberté du spectateur quelorsqu’il existe une raison poétique majeure.» (José Val del Omar)Inachevé par l’auteur puis reconstruit par JavierCodesal, le film trouve en Galice, avec lespierres de Compostelle, les côtes, les paysagesviolents, et les sculptures d’argile deArturo Baltar, les métaphores visuelles de laterre, élément premier du triptyque.A film unfinished by its author but re-assembledby Javier Codesal. In Galicia, the stonesof Compostelle, the hills, the violent landscapesand Arturo Baltar’s clay sculptures givethe film the visual metaphors for earth, whichis the first element in the triptych.Aguaespejo granadino(1952-1955)(Eau-miroir de Grenade)Production : Ermic Films35 mm n. et bl., 23 mn« Essai visuel de plastique lyrique » composépour « transmettre poétiquement l’amourmystique que l’auteur éprouve pour sa terrenatale, Grenade », le film organise, par unensemble complexe de techniques, la visiondes jeux d’eau de l’Alhambra en danse aquatique,au rythme du flamenco, en « grandeséguedille de la vie ».The film is “a visual essay of lyrical plasticity”composed so as to “poetically transmit themystical love felt by the author for his homeregion, Granada”. Using a complex set oftechniques, the film sets the Alhambra fountainsin an aquatic dance to the flamenco’srhythm, to “life’s great seguidilla”.Les processions de Semaine sainte de Valladolid,les statues et retables du Musée desculpture religieuse peuplent un film quicommence comme un documentaire sur lesrituels castillans pour affoler de jeux lumineuxet visuels les images quotidiennes.The Holy Week processions in Valladolid, thestatues and altarpieces of the museum ofreligious sculptures abound in a film thatbegins as a documentary on Castilian rituals,but then sets everyday images aspin withplays on light and visual effects.José Val del Omar made his first film in the1920s. An imaginative inventor and visionary,close to the avant-garde poets, writersand artists of the Republican years,Val del Omar made over 50 documentariesand reportages for theRepublic’s Pedagogical Missions.His vision of Las Hurdes, shot in1936, four years after Buñuel’sLand Without Bread, has been lost.He experienced inner exile duringFranquism, but continued to inventoptical and sound processes, includingthe video and laser techniquesof the 70s, and to believefervently in the cinema. His 1950sfilms, which he worked on until hisdeath, are evidence of his innovation andhis forceful, poetic conception of cinema.Bibliographie :Val del Omar, au-delà du surréalisme, sousla dir. de Gonzalo Sáenz de Buruaga. - Volde Nuit, 2000, avec les festivals de Huescaet Amiens.Val del Omar sin fin sous la dir. de GonzaloSáenz de Buruaga et María José Val delOmar, Députation de Grenade / Cinémathèqued’Andalousie, 1992Insula Val del Omar : visiones en su tiempo,descubrimientos actuales sous la dir. deGonzalo Sáenz de Buruaga, Semana de cineexperimental de Madrid, 1995Trafic n°34, été 2000.66
Alrededor de las salinas(1962)(Autour des salines)Réalisateur : Jacinto Esteva GreweImage : Francisco MarinSon : Vicente Fontanals, Miguel Angel ValdiviesoMontage : Luis CigesProduction : Films 59, Cinestudio SA35 mm, couleur, 23 mnLe film fut présenté au Festival de Cannes1963 en complément de L’Ange exterminateurde Luis Buñuel. Inspiré du cinéma-vérité deChronique d’un été, il remet en jeu ladescription documentaire des salines d’Ibizapar le recours à une fiction inventée avec undes personnages.« Après quelques jours de tournage dans lessalines, nous mîmes en pratique le projet demettre en scène la fausse mort d’un des ouvriers,pour susciter ainsi une série de réactionsqui nous permettraient de créer uneparfaite dissociation entre réalité objectiveet réalité filmée. Nous nous étions mis d’accordavec le paludier qui mène la file deshommes qui, après avoir ramassé le sel,transportent les rails d’un bassin à l’autre.Au cours du dernier trajet précédant le déjeuner,il se sépara du groupe et feignit unmalaise.Nous nous proposâmes alors pour l’emmenerau dispensaire du village… »(commentaire du film)Presented at the 1963 Cannes Festival along withLuis Buñuel’s The Exterminating Angel. Inspired bythe cinema-vérité of Chronique d’un été (Chronicleof a Summer), it challenges the documentarydescription of the Ibiza salt marshes by introducinga fictional event concerning one of the characters.“After filming in the salt marshes for a fewdays, we decided to go ahead with the ideaof staging the faked death of one of theworkers, so that we could incite a series ofreactions enabling us to create a clear separationbetween objective reality and cinematicreality. We had planned it beforehandwith the salt worker who leads the line ofmen from one pond to another. On the lastround before lunch, he separated from thegroup and pretended to faint. We then offeredto take him to the village infirmary…”(film commentary)Jacinto Esteva Grewe(Barcelone, 1936-1985)Après des études de Lettres et une carrièred’urbaniste à Paris et d’architecte à Barcelone,Esteva réalise des courts métrages etcrée Filmscontacto, producteur de plusieursfilms de l’Ecole de Barcelone. Il en co-réalisele film-manifeste avec Joaquin Jordà, Danteno es únicamente severo (1969). Il réaliseaussi un long métrage sur les rites et cérémoniespopulaires d’Espagne hantés par lapulsion de mort, Lejos de los árboles.After his literary studies and careers as atown planner in Paris and an architect inBarcelona, Esteva began to make short filmsand created Filmscontacto, which has producedseveral films within the “BarcelonaSchool”. With Joaquin Jordà, he made themanifesto film, Dante no es unicamentesevero (1969). He also directed a feature film,Lejos de los arboles (Far from the Trees), onSpain’s traditional rites and ceremonieshaunted by a death wish.Manuel Summers(Séville, 1935-1993)Acteur et humoriste, il partage les débutsdu Nuevo Cine des années 60, malgré la pressionfranquiste. L’insuccès de ses films personnelsle pousse à rejoindre la productionla plus banale.An actor, comedian and drawer he participatedin the beginnings of the 1960s NewSpanish Cinema movement, despite Franquistpressures. When his more personalfilms met with failure, he went into producingmainstream films.Juguetes rotos(1965)(Jouets cassés)Réalisateur : Manuel SummersScénario : Manuel Summers, Tico MedinaImage : Luis Cadrado, Alfredo FraileMontage : Pedro del ReyProduction : Paraguas Films, PEFSAAvec : Paulino Uzcudun, Nicanor Villalta,Guillermo Gorostiza, Ricardo Alis, « El GranGilbert », Hilario Martínez, Marina Torres, Pa<strong>corr</strong>o.35 mm, n. et bl., 84 mnQue sont devenues les gloires d’antan quifaisaient l’admiration du réalisateur, enfant ?« Le Grand Gilbert », chanteur de Barcelone,Uzcudun le boxeur, « l’homme qui n’a jamaisété KO », le footballeur ou le torero...figures autrefois adulées, rejetées auxmarges de la misère et de l’oubli dans l’Espagnede Franco, occupée à sourire aux touristes.What has become of the former glories thatinspired the admiration of the child becomefilmmaker?The Barcelona singer “The Great Gilbert”,Uzcudun the boxer, “the man that had neverbeen knocked out”, the footballer and thetorero... cast aside into poverty and oblivionin Franco’s Spain, which was more concernedwith attracting tourists.Qu’arrive-t-il à un cinéaste pour qu’aprèsdes débuts ambitieux, comme d’autres, prometteurset intéressants (Del rosa... al amarillo,1963, La niña de luto, 1964), et bienqu’il ait commencé à flirter avec le conformismeet la routine (El juego de la oca, 1965)comme son instinct de conservation le luiconseillait, il mise son avenir professionnelsur une seule carte, et pour que, rompantavec les us et coutumes commerciaux, il réaliseun documentaire très dur, qui n’a rien àvoir avec ses films précédents et moins encoreavec les suivants, qui furent, commel’avait fait craindre l’échec de Juguetes rotos,une dégringolade...Manuel Summers, metteur en scène de cinémaet acteur occasionnel, était aussi dessinateurde « vignettes » au trait enfantinet innocent (de pure apparence), d’abordtrès critiques, puis très réactionnaires ou trèscyniques. Bien que prématurément chauve,il avait un certain air d’enfant mal nourri, etil sembla conserver jusqu’à la fin la nostalgiede son enfance, et un reste de désir, dansbeaucoup d’amertume, de revenir au cinémade ses débuts, bien qu’il faille admettre queses tentatives répétées s’en soldèrent par lacaricature involontaire.Un jour, il se demanda ce qu’il était advenude quelques idoles de son enfance, personnagespublics (toreros, boxeurs, footballeurs,chanteurs, artistes de cirque) autrefois ausommet de la célébrité, riches, aimés et admirésde tous, et sur lesquels était retombéun silence pesant et épais. Ils étaient encoretrop jeunes pour être morts, se dit-il. Et ilpartit à leur recherche. A l’issue de ses enquêtes,il les retrouva... dans un hôpital, dansun hospice de vieillards, dans une pensionminable. Seuls et abandonnés, sans argent,sans amis, oubliés, en mauvaise santé, sonnésou prématurément vieillis. L’un humiliéet déprimé, l’autre hautain et déçu, un autreencore, perdu dans l’irréel vaporeux des souvenirsconservés dans l’alcool, un autre enfin,amer et aigri.Cette découverte si déprimante le remplitd’indignation, et il décida non seulement deleur donner la parole et de les filmer en trainde s’exprimer, mais aussi d’exposer l’injusticeavec laquelle, tels les jouets cassés devenusinutiles aux yeux des enfants, ilsétaient délaissés par la société.Ce panorama d’une Espagne déprimante,d’une vieillesse laissée à l’abandon et de l’ingratitudegénéralisée à l’encontre des gloiresanciennes, déplut fortement à la censure,en ces temps où l’Espagne se vendait auxtouristes comme « différente », joyeuse etensoleillée. Le film de Summers dut subirquelque 80 coupes. Un des membres de laCommission de Censure, critique dans unquotidien pieux, se permit même de lui reprocher,entre autres défauts, un montage67