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07 cata 05 corr-v5 - bilboquet

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A biology graduate from Madrid university,the Galicia-born Velo discovered LuisBuñuel’s Film Club and went on to createone for the Republic’s Pedagogical Missions.With his partner, Fernando G. Mantilla, hemade many documentaries for the Republic.The outcome of the Civil War forced himinto exile in Mexico, where he worked onnews films. He took part in Benito Alazraki’sfamous film, Raices (Roots,1954), and laterbecame a filmmaker himself.Vous avez dit« Carlos Velo » ?« Combattants loyaux à la République – la voixdu président Lazaro Cardenas résonne dansles haut-parleurs du camp de concentrationde Saint Cyprien – le Mexique vous attend àbras ouverts ! ».Carlos Velo Cobelas, Galicien de Galice du sud,là où la terre s’appelle Lobeira et se continuejusqu’au Portugal, là où l’image collective s’articuleautour des paysannes qui transformentle lin en toile et en draps pour le trousseau,parvient à sortir du camp et à retrouver safemme à Paris. Aidé par l’écrivain FernandoGamboa, le couple rejoint Veracruz.Génération mondaine et brechtienne, de pessimistesactifs, qui croit profondément en laréalité, qui s’identifie tant avec son tempsqu’elle le dépasse, et porte dans ses bagagestrimbalés dans mille et une batailles uneconsigne unique : le premier acte créatif, c’estchoisir.Carlos Velo naît en 1909 dans une famille decaciques. Son père, médecin de campagne,est peut-être le dernier d’une caste de l’ancienrégime (droit de cuissage implicite dansle status et le comportement), caste destinéeà être niée et dévorée par ses rejetons, de manièreradicale : inadaptés, anti-autoritaires,ouverts à la nouveauté, d’un appétit brûlantd’expérimenter tout ce qui est nouveau. Ilsseront, dans notre cas, l’intelligentsia de Galice,petite bourgeoisie éclairée qui perpétueles mots d’ordre de la renaissance littéraire etpolitique et les fond dans le XX e siècle, en tissantl’idéologie (le nationalisme), la théoriedu progrès (le chemin de fer), le leadershipde la paysannerie, la construction culturelle(édition, théâtre, beaux-arts, chorales) avecl’action politique. Ils participent, bien évidemment,à l’Assemblée constituante de laRépublique espagnole et s’organisent en PartiGalicien.C’est la lignée qui marque le jeune Velo, lignéequi s’apprête elle aussi à transgresser laloi pour pouvoir défendre la justice. Transgresser,c’est parfois évoquer le passé, celui deVelo à Ourense, dans ses années de lycée, lesannées vingt, quand avec ses camarades, il faitdes essais de macrophotographie dans le laboratoirede Sciences nat’, en plaçant un objectifdevant le viseur du microscope.Dans ses années de jeunesse, Velo développeaussi une capacité d’observation unique, qu’ilaiguise à l’auberge où il côtoie voyageurs,fonctionnaires et curés. Irrésistiblement attirépar tout ce qui a à voir avec l’image technique: un de ses amis organise des tournagesamateur, lui permettant ainsi de passer despectateur de serials mélodramatiques à acteurdu dimanche.Il est aussi dans l’apprentissage des corps, dudésir, du sexe fabulé, de l’affût, de la rencontreavec le féminin, rencontre qui lui vient desmarges, des quartiers populaires, des filles quise rendent en classe depuis l’autre côté dupont romain - celui qui sépare village et beauxquartiers, centre et périphérie -, des lavandièresà la jupe retroussée.La chair, tout d’abordLa première des émotions, pour le jeune Velo,a été l’émotion charnelle qu’il unit à laconstruction du rythme, au mouvement quecréent ses yeux, en allant toujours vers le planrapproché, vers le changement d’axes qui s’accordeau balancement des hanches, le retournementinespéré, le sourire, le signe, lesoupçon, le rendez-vous, le suspense, l’obsession,et, à l’occasion, l’échec (demoiselles provincialesd’Ourense), finales tragiques inventés,rites d’initiation, jouissance de la prise, laspirale du mouvement latéral, le panoramiquequi s’inscrit dans la mémoire. L’attente s’étire,plan large aux arrière-plans actifs que la silhouettemarque de son souffle concret. Dovjenkoviendra plus tard porter au carré cetteculture matérielle et environnementale quifait de Carlos Velo un panthéiste, attaché à lavie comme passage et comme attente.A 22 ans, il part pour Madrid, il y développeson goût pour les relations, les processus invisibles,le paradoxe. Il s’écarte du mandat paternel,la médecine, pour se rapprocher de labiologie, des séances de cinéma de la Residenciade Estudiantes (Maison des Etudiantsoù opèrent Lorca et Buñuel) et, avec l’avènementde la République, de la Fédéración UniversitariaEscolar où, produit par Filmfono etavec Fernando G. Mantilla, il organise le Cinéclubcomme partie intégrante du programmeéducatif des Missions pédagogiques. On y analyseencore et encore certains films “pour voircomment ils sont faits”. D’un voyage à Parispour y chercher des films, il rapporte une admirationfascinée pour Jean Painlevé.Son travail comme cinéaste au sein de la Républiquedure à peine deux ans, de La Ciudady el campo en 1934 à Finis Terrae-Galicia, dontil tourne les derniers plans en 1936, et qu’ilne verra plus avant la fin des années soixante,quand son opérateur, Cecilio Paniagua, lui remettra,au Mexique, les fragments d’une copieconservée par les services de propagandefranquistes.La Guerre civile le rattrape à Cartelle où lesoir, quand fleurit le lin, se promènent les gensbien et les « Rouges ». Il part en train pourSéville se cacher chez des parents de sa femme.Là, le producteur de droite Domínguez Rodino,l’embarque pour Tétouan, pour la réalisationd’un film de production allemande,Yebala, qui sous le titre Romancero marroquísera monté à Berlin, et fera, en 1940, partie dela campagne d’exaltation du Général Franco.En 1938, alors qu’il doit partir pour l’Allemagnefinir le film, et que tout indique que laguerre va être perdue, Velo doit décider s’ilse range du côté des vainqueurs – comme leferont beaucoup de collègues de sa génération– ou du côté de la République. A Tanger,il saute dans un taxi avec sa femme et va àl’Ambassade de la République. De là il partpour Paris, puis, seul, pour Valence et Barcelone,qu’il quittera avec les derniers convois,tandis que les troupes fascistes entrent à Pedralbes,et que la liberté s’enfuit par les sentiersde montagne. Enfin, une plage. Moinsune plage qu’un non lieu baptisé Saint-Cyprien.Carlos Velo arrive avec une boîte de pelliculequ’il accroche à un piquet pour, au nomdu cinéma, rassembler autour de lui d’autresréfugiés. Un matin, il écoute attentivementle message de Cardenas.Regardons son deuxième film Almadrabas etle matériel sauvé de Finis Terrae-Galicia, médailled’or à l’Exposition internationale de Parisen 1937, dont le programmateur avait étéLuis Buñuel. Revoyons Torero, sa signature ausein du nouveau cinéma mexicain, dans le fildu néo-réalisme, avec Luis Procuna, matadorle plus célèbre du Mexique. Un homme quin’a jamais ressenti dans l’arène d’autre sensationque celle, suicidaire, d’y entrer pourtuer, au grand enthousiasme du public, et qui,au faîte de la gloire, se rend compte qu’il apeur et qu’il a toujours eu peur sans le savoir,comme le dira Velo. L’écrivain Carlos Fuentesqui plus tard collaborera avec notre cinéasteau scénario de Pedro Paramo tiré du roman deJuan Rulfo – qui se passe en Nouvelle Galice– reconnaît le regard de Velo et sa patte d’auteurdans la manière de traiter son sujet : «Lavie de Procuna n’est pas observée de derrièreles grilles comme si le héros était un chimpanzé,mais de son côté, dans ses expressionsquotidiennes de faim, de lutte, d’assurance,de peur, de vanité.»Torero nous donne le réalisme comme effet,et le dépassement des conventions, en faisantusage, au montage, d’un ensemble d’imagesdocumentaires qui lui permettent, grâce à desenregistrements d’autres <strong>corr</strong>idas, la mise enscène de certaines séquences.L’époque de Velo, celle de l’Europe du Frontpopulaire, contient la promesse du pain quotidienet la liberté comme pratique sociale,comme intervention et comme expression. Etun postulat : le monde existe, il est visible. Leciné-monde. La vie comme espace de la joie,le cinéma comme espace de l’émotion.S’émouvoir de la vision et de l’élan du nouveau,de la nouvelle organisation de la production,des relations entre ville et campagne,de l’accès au savoir, du banal (la pêche authon). Réel transformé en œuvre cinématographique,en cinéma du nécessaire : c’est Almadrabas.Les critiques y voient l’école deGrierson du personnage collectif (les pêcheurs),du culte de l’effort, de la confrontationavec la nature (à son point le plus dur) etde la fin heureuse, avec l’entrée du produitde la pêche dans la chaîne de conserverie, etla voix off par laquelle le réalisateur conduitnotre regard vers ce que nous devons voir.Comme source créative, Velo se réfère à unEisenstein tendre, celui de la Romance sentimentale,qui l’incite à monter le finale d’Almadrabascomme une partition musicale, fondantchaque plan avec les accords du guitaristeandalou Sainz de la Maza.Galicia comme modèleVelo voulait « voir Cartelle sur l’écran » et enfaire son cinéma le plus personnel : entre LaTerre de Dovjenko, pour les glissements entresentiment d’appartenance et option esthétique,entre le paysan et la nature comme partiesd’un même cycle, avec le corps féminincomme geste sexué. Proche de la Ligne généraled’Eisenstein pour les effets choraux etde classe, plus le Flaherty de L’Homme d’Aran,son grand modèle réaliste. Le projet s’appelleraFinis Terrae-Galicia, et le matériel nonmonté était, détail significatif, destiné à unautre film, sur l’invisible la Saudade. Velo vou-61

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