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Luis BuñuelLas HurdesTierra sin panTerre sans pain(1933-1936)Scénario et réalisation : Luis BuñuelAssistant à la réalisation : Rafael SánchezVenturaImage : Eli LotarCommentaire : Pierre Unik, Ramón Acin,Luis BuñuelSonorisation : Charles Goldblatt, La Propagandepar le Film et Pierre Braunberger, Société du Cinémadu Panthéon, 1936Production : Ramón AcinDistribution : Les Films du Jeudi35 mm, n. et bl., 32 mnTourné en 1933, sur une période de deuxmois, dans les villages des Hurdes au sud deSalamanque, le film fut interdit de sortie(« insultant pour l’Espagne ») après la victoirede la droite aux élections de la République(les « Deux années noires »).En 1937, à Paris, lui fut ajouté un « épiloguerépublicain » qui faisait de l’œuvre un manifestede soutien à la République en danger.Premier film de Buñuel tourné entièrementen Espagne, « étude de géographie humaine», portrait cruel d’êtres misérables etabandonnés, hanté par la mort, la sécheresse,et implacablement mis en scène, LasHurdes dérange et questionne ses spectateursdepuis bientôt 70 ans.« Ce qui fait de Las Hurdes un exempleunique de société humaine, ce n’est pas lamisère, mais la permanence de cette misère.Ce n’est pas la souffrance, mais la pérennitéde cette souffrance. » (Luis Buñuel en 1942)Séance commentéepar Jean-Louis Comolli« S’il est vrai qu’au cinéma le désir de voirpousse à ne pas voir ce qu’il en est de ce désir,et que c’est à la forme et au sens de notreécoute que nous restons sourds ; s’il est vrai,encore, que ce qui peut ou ne veut pas êtrevu n’est autre, très exactement, que l’aviditéelle-même de voir, c’est bien dans uneposition de voyeurisme exacerbé que nousplace Terre sans pain, jusqu’à l’insupportable.Hyperréalisé, notre propre désir de voir nousapparaît ici de plus en plus étranger, déplacé,retourné contre nous-mêmes. Tel est le prixà payer de la curiosité du voy(ag)eur. La visiten’est pas gratuite. Mieux : elle est dangereuse.»(in : Les Années pop, « Cinéma et politique1956-1970 », Bpi - Centre Pompidou, 2000)Shot in 1933 over a two-month period in thevillages of Las Hurdes south of Salamanca,the film was banned from release (as “insultingto Spain”) after the right-wing victoryin the Republican elections (the “twoblack years”).In 1937, in Paris, a “Republican epilogue”was added to the film, turning the work intoa manifesto for the endangered Republic.As the first film shot entirely in Spain, this“study of human geography” is a cruel portrayalof poverty-stricken and abandonedpeople. Haunted by death and drought, LasHurdes has disturbed and raised questionsin its audiences’ minds for nearly 70 years.“What makes Las Hurdes a unique exampleof human society is not poverty, but the everlastingnessof this poverty. It is not suffering,but the permanence of this suffering.”(Luis Buñuel in 1942)Screening followedby Jean-Louis Comolli’s comments.“If it is true that the desire to see leads tonot seeing what this desire is about, andthat it is to the form and meaning of ourhearing that we remain deaf; again, if it istrue that what cannot or does not want tobe seen is very precisely none other than theactual greed of seeing, then Land WithoutBread indeed puts us in a position of exacerbatedvoyeurism, to the limits of what isbearable. Hyper-fulfilled, our own desire tosee seems to us here to be increasingly alien,misplaced, turned against us. This is the priceto pay for the voy(ag)eur’s curiosity. The visitis not free. Better still, it is dangerous.”(Jean-Louis Comolli - in : Les Années pop,«Cinéma et politique 1956-1970», Bpi - CentrePompidou, 2000)Bibliographie :Tierra sin pan, Luis Buñuel y los nuevos caminosde las vanguardias, sous la dir.de Mercè Ibarz.- Catalogue de l’expositionde 1999-2000, IVAM Centre Julio GanzalzaValencia / Generalitat ValencianaEspaña 36(1936)(Espagne 36 / Spain 36)Réalisateur : Jean-Paul Dreyfus - Le ChanoisProduction : Luis Buñuel pour le Subsecretariade Propaganda35 mm, noir et blanc, 34 mnEn septembre 1936, le ministre des Affairesétrangères de la République confie à LuisBuñuel le service de propagande de son ambassadeparisienne. Dans ce contexte, il referala version française de Las Hurdes / Terresans pain, et produira España 36, ainsi queEspaña leal en armas (1937). Il sera aussi leprogrammateur du Pavillon espagnol de l’Expositionuniverselle de 1937.Montage de documents et de photos,« grand reportage cinématographique » issud’opérateurs variés, España 36 veut « présenterobjectivement les deux côtés » : il faitl’impasse sur toute orientation révolutionnairepour combattre la « non intervention »des démocraties dans la Guerre civile et l’interventionnismedes dictatures allemandeet italienne. Portrait d’une République courageuse,« au travail », qui résiste (Bataillede Madrid et visite de La Pasionaria DolorèsIbarurri à Paris) et accueille les Brigades internationales.Pour mieux « parler » au publicfrançais, le film conclut que « Madridest devenu le Verdun de l’Europe » et appelleà mettre fin à une guerre qui menacela paix en Europe.In September 1936, the Republic’s Ministry ofForeign Affairs entrusted Luis Buñuel with itspropaganda services at the Paris embassy. Itwas during this period that he made theFrench version of Las Hurdes / Land WithoutBread, and produced España 36 (Spain 36)and España leal en armas,1937. He was alsoin charge of film programming for the SpanishPavilion at the 1937 Universal Exhibition.As a montage of documents and photos andfilms by various cameramen, España 36avoids any revolutionary position in orderto fight the democracies’ “non-intervention”in the Civil War and the interventionism ofthe German and Italian dictatorships. Theportrayal of a courageous Republic “atwork”, continuing to resist (Battle of Madridand the Paris visit of La Pasionaria, DolorèsIbarruri) and welcoming the InternationalBrigades. To “speak” more effectively to theFrench public, the film concludes: “Madridhas become the European Verdun” and callsfor the end to a war that threatens peacein our time.64