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La plus grande collection de skis de Suisse est hébergée aux Bois

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SAMEDI 27 AOÛT 2011 L’EXPRESS - L’IMPARTIAL<br />

GROS PLAN 3<br />

VIGNE <strong>La</strong> récolte s’annonce superbe, mais Thierry Grosjean ne vendangera pas.<br />

Avec quelques larmes <strong>de</strong> bonheur<br />

SANTI TEROL<br />

Cette année, la vigne neuchâteloise<br />

promet un millésime d’exception.<br />

Tout ce que compte le<br />

canton <strong>de</strong> professionnels en viniviticulture<br />

s’accor<strong>de</strong> sur ce point,<br />

avec <strong>de</strong> larges sourires au coin<br />

<strong>de</strong>s lèvres. Tous, sauf un, qui ne<br />

peut retenir quelques larmes à<br />

l’évocation <strong>de</strong> la prochaine vendange...<br />

Celui qui peine tant à exprimer<br />

sa joie, même si elle <strong>est</strong> bien réelle<br />

au fond <strong>de</strong> lui-même, n’<strong>est</strong> autre<br />

que Thierry Grosjean. Propriétaire,<br />

avec sa mère, du Château<br />

d’Auvernier et du domaine viticole<br />

du même nom, le conseiller<br />

d’Etat s’<strong>est</strong> résolu l’automne <strong>de</strong>rnier<br />

à troquer son palais contre un<br />

bureau au Château <strong>de</strong> Neuchâtel.<br />

Après 33 ans consacrés à prendre<br />

soin <strong>de</strong> sa vigne (il <strong>est</strong> entré<br />

dans l’entreprise familiale en<br />

1977, à l’âge <strong>de</strong> 21 ans), le vigneron<br />

a posé le sécateur pour vêtir<br />

l’habit <strong>de</strong> ministre. C’<strong>est</strong> ainsi la<br />

toute première fois <strong>de</strong> sa vie que<br />

le chef du Département <strong>de</strong> l’économie<br />

ne participera pas physiquement<br />

<strong>aux</strong> vendanges. Cela,<br />

Thierry Grosjean ne peut s’empêcher<br />

<strong>de</strong> le regretter, quand<br />

bien même il avoue la même<br />

passion pour son nouveau métier<br />

<strong>de</strong> conseiller d’Etat que celle<br />

qui l’animait par le passé. «Mes<br />

mains sont foutues, ce sont celles<br />

d’un homme <strong>de</strong> bureau», lance-til<br />

en scrutant ses paumes.<br />

Sans rien renier au présent,<br />

l’édile ne peut empêcher les souvenirs<br />

<strong>de</strong> refaire surface; <strong>de</strong> se<br />

rappeler que toute sa vie à pareille<br />

époque il a arpenté la vigne,<br />

en salopettes et bottes <strong>aux</strong> pieds.<br />

«Quitter ses vignes, c’<strong>est</strong> comme si<br />

une femme vous quitte», susurre<br />

Thierry Grosjean. Le visage rougi,<br />

la gorge nouée, le ventre serré<br />

pour tenter <strong>de</strong> retenir un flot <strong>de</strong><br />

larmes, il confesse: «<strong>La</strong> pério<strong>de</strong><br />

va être ru<strong>de</strong> pour moi.»<br />

Oublié le temps du pressurage<br />

<strong>de</strong>s grappes, le chef <strong>de</strong> l’Economie<br />

remet au goût du jour ses anciennes<br />

amours: «<strong>La</strong> vigne <strong>est</strong> une<br />

femme», se plaisait-il à dire naguère.<br />

Aujourd’hui, pour l’ancien<br />

vigneron, la maxime <strong>est</strong> <strong>de</strong>venue:<br />

«<strong>La</strong> vie <strong>est</strong> une femme.» Et le<br />

conseiller d’Etat – peut-être le<br />

seul vigneron neuchâtelois à être<br />

<strong>de</strong>venu ministre – <strong>de</strong> rechercher<br />

encore et encore <strong>de</strong>s liens entre<br />

son ancienne profession et sa<br />

charge actuelle. «Quand on fait<br />

un métier comme un hobby, c’<strong>est</strong><br />

exceptionnel. Maintenant, je cherche<br />

à retrouver cette passion dans<br />

mon nouveau métier».<br />

Avec le temps, parviendra-t-il à<br />

réaliser cet amalgame en politique<br />

comme l’ancien encaveur<br />

réussissait ses assemblages? «Je<br />

considère que le métier <strong>de</strong> conseiller<br />

d’Etat <strong>est</strong> passionnant et<br />

dur. L’inverse <strong>est</strong> aussi vrai. Ce qui<br />

<strong>est</strong> important à mes yeux, c’<strong>est</strong> <strong>de</strong><br />

vivre la même passion au gouvernement<br />

que lorsque j’étais vigneron.<br />

Je me bats pour mon canton,<br />

pour les Neuchâtelois.» Et si un<br />

jour les Neuchâtelois <strong>de</strong>vaient<br />

se lasser <strong>de</strong> lui? «Moi, je travaille<br />

sur la confiance. Si on me dit qu’on<br />

ne veut <strong>plus</strong> <strong>de</strong> moi, je reprendrai<br />

mon métier <strong>de</strong> vigneron», résume<br />

Thierry Grosjean. Qui dit ne<br />

pratiquement <strong>plus</strong> goûter à ses<br />

crus. «Avec ma fonction, quand<br />

l’occasion se donne, je privilégie<br />

désormais la production <strong>de</strong> mes<br />

ex-collègues.» C’<strong>est</strong> maintenant à<br />

leur tour <strong>de</strong> lui faire honneur. �<br />

Vendanges vers le 12 septembre<br />

«Le millésime 2011 risque d’être opulent et riche»,<br />

considère Sébastien Cartillier. Pour le<br />

directeur du Service neuchâtelois <strong>de</strong> la viticulture<br />

et <strong>de</strong> la station d’essais viticoles, il ne<br />

fait aucun doute que la récolte sera exceptionnelle.<br />

Pour peu que la météo r<strong>est</strong>e favorable<br />

comme ces <strong>de</strong>rnières semaines. Sauf que, désormais,<br />

les meilleurs alliés seraient la bise en<br />

journée et <strong>de</strong> la fraîcheur en soirée. «Plus les<br />

jours passent et moins la pluie <strong>est</strong> souhaitée»,remarque<br />

le scientifique, en relevant la belle<br />

progression <strong>de</strong>s <strong>de</strong>grés Oechslé constatée lors<br />

<strong>de</strong>s sondages effectués ces <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rnières semaines<br />

à la station d’essais d’Auvernier. Un<br />

constat qui permet d’ores et déjà <strong>de</strong> prédire<br />

que les vendanges pourront commencer <strong>aux</strong><br />

alentours du 12 septembre dans le canton <strong>de</strong><br />

Neuchâtel, soit avec <strong>de</strong>ux semaines d’avances<br />

sur le calendrier habituel. Même avant, en<br />

certains lieux. «Certaines spécialités atteindront<br />

les 85 ou 87 <strong>de</strong>grés Oechslé dans un semaine<br />

déjà. Il faudra alors aller picorer dans les<br />

parcelles», <strong>est</strong>ime Sébastien Cartillier.<br />

Le 12 septembre paraît effectivement être la<br />

date idéale pour Renata <strong>de</strong> Coulon. <strong>La</strong> propriétaire<br />

du domaine <strong>de</strong> Champréveyres, à Neuchâtel,<br />

constate que la floraison s’<strong>est</strong> très bien<br />

passée. «Les grappes sont en forme et la vigne <strong>est</strong><br />

parfaite; elle n’a pas subi d’attaques <strong>de</strong> pourriture<br />

ou <strong>de</strong> mildiou», affirme-t-elle. Depuis sept ans,<br />

LA VIGNE<br />

EN IMAGES<br />

la maison Buess qui exploite le domaine effectue<br />

le pressurage à Sissach (BL). Cependant,<br />

contrairement à d’autres, le domaine recrute<br />

volontiers <strong>de</strong>s vendangeurs (appeler au 078<br />

/843 50 98): «Des chômeurs, <strong>de</strong>s jeunes, <strong>de</strong>s ménagères...<br />

pourvu qu’ils aient un permis <strong>de</strong> travail»,<br />

précise Renata <strong>de</strong> Coulon.<br />

D’un bout à l’autre du canton, le même optimisme<br />

prévaut dans la corporation. Au domaine<br />

Saint-Sébaste, à Saint-Blaise, on confirme<br />

que la vigne avance bien. <strong>La</strong> canicule n’a<br />

pas été gênante. «Mon seul souci <strong>est</strong> d’éviter <strong>de</strong>s<br />

fortes pluies chau<strong>de</strong>s», concè<strong>de</strong> Jean-Pierre<br />

Kuntzer, en précisant qu’avec 600 grammes<br />

seulement au mètre carré, ses grappes présentent<br />

un bel équilibre. «On se dirige <strong>de</strong> nouveau<br />

vers une excellente année», se réjouit le vigneron<br />

saint-blaisois. Un sentiment confirmé par<br />

Boris Keller, <strong>de</strong> Vaumarcus: «Si la pluie arrive<br />

avec le chaud, il faudra être attentif avec la pourriture.<br />

Sinon, on se dirige vers une récolte aussi<br />

belle qu’en 2003, l’expérience en <strong>plus</strong>.»<br />

«C’<strong>est</strong> vrai qu’on se rapproche du millésime <strong>de</strong><br />

2003», abon<strong>de</strong> Sébastien Cartillier. «Cette année-là,<br />

les vendanges avaient débuté vers le<br />

10 septembre» se rappelle Thierry Grosjean.<br />

Les yeux pétillants, le chef <strong>de</strong> l’Economie<br />

conclut: «Plus la mariée <strong>est</strong> belle, <strong>plus</strong> il faut en<br />

prendre soin. Et cette année, elle <strong>est</strong> magnifique!»<br />

� STE<br />

STATION D’ESSAIS VITICOLES Sébastien Cartillier Titulaire d’une<br />

licence <strong>de</strong>s sciences <strong>de</strong> la vigne et du vin <strong>de</strong> l’Université <strong>de</strong> Dijon, il<br />

analyse la vigne et dispense ses conseils <strong>aux</strong> viticulteurs qui le sollicitent.<br />

Nostalgique, le conseiller d’Etat Thierry Grosjean <strong>est</strong> intarissable sur la vigne qu’il chérit <strong>de</strong>puis <strong>plus</strong> <strong>de</strong> 30 ans.<br />

Au point qu’il avoue la regretter avec autant <strong>de</strong> forces qu’il en consacre à son nouveau métier. RICHARD LEUENBERGER<br />

Pinot noir Les cépages rouges constituent près <strong>de</strong> 55% <strong>de</strong>s <strong>plus</strong> <strong>de</strong> 600<br />

hectares <strong>de</strong> vigne neuchâteloise. Soit 4% <strong>de</strong> la surface viticole<br />

<strong>de</strong> la <strong>Suisse</strong> et 3% <strong>de</strong> sa production totale.<br />

Vignes <strong>de</strong> l’Etat Avec le bourg d’Auvernier en toile <strong>de</strong> fond, ce vignoble<br />

produit les nectars que le gouvernement sert lors <strong>de</strong>s réceptions<br />

officielles. PHOTOS RICHARD LEUENBERGER

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