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Mise en page 1 - Algérie news quotidien national d'information

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Kiosque inter<strong>national</strong> dclgéa aa n a l y s e s &d é c r y p t a g e se15amina Sbouē :La Fem<strong>en</strong> rep<strong>en</strong>tieHouda Belabd, ahram HebdoPour alerter l’ opinionpublique, elle avait poséseins nus sur Facebook.Aujourd’ hui, aprŹsavoir claqué la porte desFem<strong>en</strong>, la Tunisi<strong>en</strong>neAmina Sbouē a décidé depoursuivre ses études <strong>en</strong>France. A 19 ans, elle nesouhaite plus qu’ unechose : se débarrasser deson étiquetted’ islamophobe etcomm<strong>en</strong>cer un<strong>en</strong>ouvelle vie …Amina Sbouï a claqué la porte duFem<strong>en</strong> et <strong>en</strong> a mis la clé sous lepaillasson. Elle a tourné la <strong>page</strong>de son insurrection contre lemonde et souhaite aller vers l’avant.Bouleversée, confuse, vidée de ses mots. Telest son état d’âme actuel, à <strong>en</strong> croire lamanière avec laquelle elle se décrit : « Jesuis déboussolée. Je ne suis plus capable derev<strong>en</strong>ir <strong>en</strong> arrière et de raconter, <strong>en</strong> détail,le processus de mon incarcération, de maremise <strong>en</strong> liberté et de l’att<strong>en</strong>te de la datede mon deuxième procès. La pression psychologiquem’a épuisée et l’opinionpublique arabe est acerbe ». Elle a <strong>en</strong>vie defaire court. Les détails n’ont plus aucunesignification pour elle. Tout ce qu’elle saitet tout ce qu’elle veut faire passer, c’estqu’elle n’est plus une Fem<strong>en</strong>.« Dire que je m’<strong>en</strong> pr<strong>en</strong>ais à l’islamquand je faisais partie du Fem<strong>en</strong> est archifaux.Je ne me suis jamais opposée aux religions,mais à certains religieux. Je suis etj’ai toujours été contre l’obscurantisme.Contre les sociétés patriarcales et contre lesfemmes qui se soumett<strong>en</strong>t à des moeursarchaïques », se déf<strong>en</strong>d-elle, avant d’<strong>en</strong>chaîner: « J’ai tourné mon dos au mouvem<strong>en</strong>tle jour où j’ai comm<strong>en</strong>cé à avoir desdoutes sur ses sources de financem<strong>en</strong>t. Estilfinancé par Israël ? Par les Etats-Unis ? J<strong>en</strong>’<strong>en</strong> sais ri<strong>en</strong>, autant partir ! ».Elle poursuit : « Contrairem<strong>en</strong>t à ce quecertains médias racont<strong>en</strong>t, je n’ai pas quittéle réseau sous la pression de ma famille. Jesuis majeure et vaccinée. J’ai rejoint lemouvem<strong>en</strong>t de mon plein gré et c’est decette manière aussi que je lui ai tourné ledos (…) Je ne fais plus partie de ce courantparce que je me suis r<strong>en</strong>du compte qu’il estislamophobe, antireligieux voire extrémiste.Je n’ai jamais été fière d’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre lesféministes europé<strong>en</strong>nes scander AminaAkbar ou A bas l’islam. Il est vrai que je nesuis pas religieuse, mais j’ai beaucoup derespect pour la liberté de croire. Je respectetoutes les religions et tous les croyants, àl’exception des islamistes et autres extrémistes,bi<strong>en</strong> évidemm<strong>en</strong>t ».Elle s’appelle Amina Sbouï. Mais c’estsous son pseudonyme Amina Tyler qu’elles’est fait connaître auprès des internautesdu globe <strong>en</strong>tier. A 18 ans, cette jeuneTunisi<strong>en</strong>ne a posé <strong>en</strong> t<strong>en</strong>ue d’Eve à deuxreprises. La première fois date du mois demars dernier. Amina a posté une photod’elle sur sa <strong>page</strong> Facebook, seins nus, <strong>en</strong>pr<strong>en</strong>ant le soin de marquer sur sa poitrine,à l’<strong>en</strong>cre de la colère : « Mon corps m’apparti<strong>en</strong>tet n’est source d’honneur pourpersonne ». Une phrase qui a causé l’ire desislamistes tunisi<strong>en</strong>s, non sans mettre <strong>en</strong>émoi les activistes de Fem<strong>en</strong>. Un tohubohuhors norme et un énorme tollémédiatique s’<strong>en</strong> sont suivis. La justice,quant à elle, a crié à l’outrage et le gouvernem<strong>en</strong>ttunisi<strong>en</strong> a exprimé son indignationface à cette « dégradation des moeurs communes». Les salafistes l’ont m<strong>en</strong>acée demort et sa famille l’a <strong>en</strong>levée, puis séquestréequelque part à Kairouan.L’affaire ne s’est, hélas, pas arrêtée surun chemin si inextricable. Le mouvem<strong>en</strong>tFem<strong>en</strong> est bi<strong>en</strong> plus influ<strong>en</strong>t qu’il puisse <strong>en</strong>avoir l’air, et ce, malgré les admonestationsde ses opposants. Eneffet, alors que lesmédias du monde arabe<strong>en</strong> étai<strong>en</strong>t aux discoursC’ est nous qu’ ilfaut combattre, alors,et non les vraiescatastrophes socialesqui empźch<strong>en</strong>t lepays d’ avancer »,conclut Amina Sbouē.ALGERIE NEWS Jeudi 19 septembre 2013moralisateurs, AminaSbouï est remise <strong>en</strong>liberté, le 1er août, sousla pression de l’opinionpublique inter<strong>national</strong>e.Une pression qui a comm<strong>en</strong>céà se faire s<strong>en</strong>tirquelques semaines plustôt. Ce fut à l’occasion d’une visite diplomatiquedu présid<strong>en</strong>t François Hollande<strong>en</strong> Tunisie. Ce dernier, <strong>en</strong>couragé parHuman Rights Watch et la Fédérationinter<strong>national</strong>e des Ligues des droits del’homme, a exigé la libération de la jeunefemme. A sa sortie de la prison de Sousse,elle prépare, hélas, son deuxième coup.Aussitôt décidé, aussitôt fait. En effet,Amina publie sur la toile un deuxième clichéd’elle, seins nus, sur lequel elle allumeun cocktail Molotov avec une cigarette.Quelques semaines plus tard, elle constate,soudainem<strong>en</strong>t, que Fem<strong>en</strong> est antireligieux…Il faut dire qu’il y a anguille sous roche.Car le mouvem<strong>en</strong>t est, par définition, antireligieux.En Europe, il s’oppose à la représ<strong>en</strong>tationmême de l’Eglise catholique. Deplus, ses membres dénonc<strong>en</strong>t, par leursrev<strong>en</strong>dications, le monopole des figuresmasculines dans le domaine religieux. Enmême temps, il est bi<strong>en</strong> vrai que les Fem<strong>en</strong>rev<strong>en</strong>diqu<strong>en</strong>t la liberté pour tout le monde,y compris pour les croyants …« Il est vrai que je ne fais plus partie desFem<strong>en</strong>, mais j’avoue une chose : j’ai beaucoupappris de cette expéri<strong>en</strong>ce. Il est vraique la philosophie du courant ne me siedplus, mais je suis touchée par leur solidarité.Je ne savais pas que mon adhésion aumouvem<strong>en</strong>t Fem<strong>en</strong> allait m’ouvrir les yeuxsur des choses pareilles,mais, au-delà du modede financem<strong>en</strong>t et desmessages islamophobes,il faut avouer que leurunion est une belleleçon. Autrem<strong>en</strong>t dit,même si la vision de cesfemmes est différ<strong>en</strong>te dela mi<strong>en</strong>ne, je m’estimeheureuse d’avoir étéépaulée par elles »,déclare Amina. Et d’ajouter : « A vrai dire,contrairem<strong>en</strong>t à ce que certains médias seplais<strong>en</strong>t à inv<strong>en</strong>ter, je ne regrette pasd’avoir publié ces photos. Si elles étai<strong>en</strong>t àrefaire, je les aurais refaites … ».Aujourd’hui, elle vit au pays de laliberté. La France, un pays dont le ministèredes Affaires étrangères a promis de ladéf<strong>en</strong>dre contre tous ceux qui mett<strong>en</strong>t àl’index sa liberté d’agir. Cep<strong>en</strong>dant, elleappréh<strong>en</strong>de son prochain procès dont ladate est <strong>en</strong>core inconnue. « Je ne sais pas cequi pourrait bi<strong>en</strong> m’att<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> Tunisie. Ici<strong>en</strong> France, je prépare mon baccalauréat.Autrem<strong>en</strong>t dit, il s’agit d’une année décisivedans ma vie. De leur côté, les faux gardi<strong>en</strong>sde la révolution du Jasmin <strong>en</strong> sont<strong>en</strong>core à mes deux photos nues. Je ne suispas prête à perdre ma scolarité à caused’une histoire pareille. Et si je n’ai plusconfiance <strong>en</strong> la justice tunisi<strong>en</strong>ne, c’estparce qu’il s’agit d’une justice qui exécute,à la lettre, les ordres des islamistes qui sontaux commandes du pays. La Tunisie est àdes années lumières de l’indép<strong>en</strong>dance dela justice », affirme-t-elle.En outre, la célèbre Fem<strong>en</strong> ukraini<strong>en</strong>ne,Inna Shevch<strong>en</strong>ko, a réagi sur son compteTwitter <strong>en</strong> dénonçant la trahison d’Amina.Pour elle, la Fem<strong>en</strong> rep<strong>en</strong>tie a trahi toutesles femmes qui ont agi pour sa libération.Celles qui se sont mobilisées corps et âmedurant la campagne Free Amina, mais aussices 3 militantes europé<strong>en</strong>nes qui avai<strong>en</strong>tpassé un mois <strong>en</strong> prison à Tunis pour avoirmanifesté la poitrine dénudée. « Elles voulai<strong>en</strong>tm’aider, mais cela a aggravé mon cas.Si seulem<strong>en</strong>t elles s’étai<strong>en</strong>t r<strong>en</strong>seignéesauprès de mes avocats avant de s’av<strong>en</strong>turerainsi », s’interroge Amina Sbouï.Cette affaire, a priori pas comme lesautres, continue de faire couler beaucoupd’<strong>en</strong>cre <strong>en</strong> Tunisie. Ce constat est d’autantplus vrai que Fem<strong>en</strong> Tunisia compte, maint<strong>en</strong>ant,une deuxième recrue. Il s’agit deMeryem, une jeune Tunisi<strong>en</strong>ne qui a choiside marcher sur les pas d’Amina. De ce fait,les islamistes radicaux ont décidé de combattrece phénomène « gênant ». De même,des pirates informatiques de la mouvanceEnnahda ont piraté la <strong>page</strong> Facebook dugroupe néoféministe Fem<strong>en</strong> Tunisia.« La Tunisie islamiste est bi<strong>en</strong> pire quecelle de B<strong>en</strong> Ali. Parce que les membres duparti d’Ennahda sont davantage choquéspar les femmes nues que par la famine, lapauvreté, l’ignorance et la cherté de la viequi séviss<strong>en</strong>t <strong>en</strong> Tunisie. C’est nous qu’ilfaut combattre, alors, et non les vraiescatastrophes sociales qui empêch<strong>en</strong>t lepays d’avancer », conclut Amina Sbouï.

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