PRATiquesser me procure plus de joie. Mais c’estprobablement ainsi parce que le butpremier des danses folk est de s’amuseralors que la danse contemporaineest une forme d’art performatif, fait pourla scène. J’aime les deux pour des raisonsdifférentes.Comment l’une peut-elle nourrirl’autre ?Cela peut être simplement au niveautechnique: on peut toujours bénéficierd’une autre pratique de danse. Celapermet de faire un mouvement de différentesmanières. Pour donner juste unexemple issu de ma propre expérience,la danse folk m’ancre plus dans le solpour la danse contemporaine, et inversement,mes mouvements en dansefolk gagnent en fluidité grâce ma pratiquede la danse contemporaine. Maisce n’est pas toujours aussi évidentqu’une forme bénéficie d’une autre;parfois, elles peuvent aller à l’encontrel’une de l’autre.Conceptuellement, ces deux dansessont aussi, selon moi, un intéressanttandem. Par leur définition, elles semblenttrès opposées. La danse folk esta priori tournée vers le passé, elle chercheà le préserver, à le lier au présent.C’est un système plutôt fermé, où l’onétudie les danses et le comportementde nos ancêtres avec le plus de précisionpossible. Nous cherchons à développerune forme d’authenticité, ce quisignifie qu’il y a un code de référencestrict qui constitue la base de notre étudede ces danses.En danse contemporaine, «tout estpossible». Chacun crée ses propresrègles et systèmes et s’ils ne conviennentplus, on peut les changer. C’estcomplètement ouvert, comme un grandloft où l’on peut construire ses propresmurs. Où l’on peut choisir aussi de nepas en construire du tout. C’est une recherchepermanente, c’est une perpétuellemise à jour, c’est ce que signifie«contemporain».Tu donnes régulièrement des stageset des animations. Qu’essayes-tu detransmettre aux amateurs?Au-delà de l’enseignement des pas,ce qui est vraiment important pour moic’est de transmettre l’esprit de la danseen question. J’encourage les gensà improviser le plus possible avec lespas (l’improvisation constitue une desbases fondamentales des danses folkhongroises et tsiganes), et même s’ilsn’en connaissent que deux ou trois, des’amuser avec autant qu’ils peuvent.Dans le cas des danses de couple, jesouligne l’importance de la relation entreles deux personnes. Il s’agit de deuxpersonnes dansant ensemble dans unsystème et pas seulement l’une à côtéde l’autre. Que ce soit en danse folk ouen danse contemporaine, c’est toujoursbien d’apprendre à être attentif auxgens autour de soi et de les prendre encompte.«Le f o l k c o m m e u n e p o r t e v e r s l a d a n s e e n g é n é r a l»D’après un entretien avec Koen Dhondt, danseur et pédagogueKoen Dhondt est passionné de dansefolk depuis son enfance. Après avoirparticipé à des performances de dansesflamandes, des Balkans et d’Israël,il se spécialise dans les danses decouple et se met à enseigner à partirde 2002 dans différentes structures(Muziekpublique, les Boombal, les BalsModernes…) avant de fonder sa propreassociation Frissefolk à Bruxelles.Peux-tu nous dire ce que l’on entendhabituellement par danse folk?J’aime reprendre les définitions des frèresChampion, des Auvergnats. Ils distinguentles danses traditionnelles desdanses folkloriques et du folk. Les premièressont propres à des sociétés rurales.La danse y est une activité socialepartagée (lors des bals et des fêtes).Chaque village a ses danses et chaquedanseur a sa spécificité qu’il peut mettreen avant en improvisant à son gré.Ces danses, tout comme ce type desociété, ont quasiment disparu en Europe.Les danses folkloriques, ont pourprincipale caractéristique d’être destinéesà la scène. Elles sont un moyende reconnaissance d’une région, maisaffichée et portée fièrement comme undrapeau que l’on montre à tous en tantque richesse culturelle. Le but est quece soit «beau», les costumes sont trèsimportants, tout le monde doit faire lesmêmes pas. Elles sont encore très activesdans certaines régions. Quant auxdanses folk, dans lesquelles je me reconnaisaujourd’hui et que j’enseigne,ce sont des danses de société héritéesde différentes cultures européennes (lesplus courantes sont la valse, la polka,la mazurka, la scottish, mais aussi lesrondeaux, les bourrées…). Dans le milieufolk, ce qui prime, c’est avant tout leplaisir de la danse. Le plaisir de la musique,de faire partie d’une grande familleaussi, où les contacts sont faciles.Tout le monde peut danser avec tout lemonde et, surtout, ce sont des dansesrelativement accessibles. Toutes ne nécessitentpas de longs apprentissagescomme le tango, par exemple. Ce quipermet à tout un chacun de se lancerquand il le souhaite. Une autre spécificitédu milieu folk, c’est que l’on se permetde danser des danses de partout.La liberté des danseurs est égalementimportante.La tradition est un point de départ, etlibre à chacun de la faire évoluer, enfonction de son bagage de danseur etde ses goûts.Comment en es-tu venu à pratiquerla danse folk?Durant mon enfance et mon adolescence,j’étais dans un groupe de dansesfolkloriques d’un assez bon niveau,à Lier. C’est ma tante qui donnait lescours. Nous dansions des danses flamandes,mais aussi internationales,des Balkans notamment, et le groupeorganisait régulièrement des voyagesen Europe et même au Brésil, ou auCanada, où nous allions montrer nosdanses. C’était très convivial. Et puis,pendant une année d’études à Lisbonne,j’ai découvert les danses folk, lorsd’une soirée organisée dans un bar.C’était la première fois que je dansaislibrement des danses de couple. Et j’yai vraiment mordu. Ce que j’ai découvert,c’était le plaisir d’improviser audépart d’un code traditionnel. Après ça,je me suis très vite familiarisé avec lemilieu. On me parlait de tel ou tel grandfestival en France ou au Portugal, et jeles ai tous faits.Tu as eu envie de transmettre cettepassion, quelles étaient tes motivations?À partir de 2002, j’ai commencé à donnerdes cours à Bruxelles. Il y avait unvide à combler, je pense. Quelquespersonnes donnaient des cours isolément,mais sans véritable promotionau-delà du bouche à oreille du milieufolk, très restreint à l’époque. J’ai donccréé mon association Frissefolk, qui adémarré lentement, mais qui maintenantcompte environ 230 élèves. Quantau désir d’enseigner, je suis professeurde langue aussi, donc j‘aime ça. C’estaussi très enthousiasmant de voir sedévelopper une pratique quasi disparueà Bruxelles.Qu’apporte selon toi la pratique dufolk au grand public? Qui sont tesélèves?Je vois le folk comme une porte vers ladanse en général, par son accès facile.L’ambiance des bals et des cours seveut relax, sans pression. C’est un lieusocial, d’échanges. Le public de mescours est assez diversifié. Entre 25 et50 ans pour la plupart. Je dirais 60 %de femmes et 40 % d’hommes.Un équilibre raisonnable. Et pour le milieusocial, c’est très varié aussi. Ce nesont pas des hippies. Je dirais mêmequ’ils deviennent rares dans le folk.Que souhaites-tu transmettre à tesélèves?Je leur apprends les bases nécessairespour pouvoir danser en bal. C’est-à-direles danses de couples ou en cercle traditionnellescomme la valse, la mazurka,la scottish, la gigue, l’andro… Après,il y a moyen d’approfondir telle ou telledanse. Comme la bourrée, par exemple,où il y a de nombreuses varianteset techniques d’improvisation. En dehorsde la transmission de ce répertoirespécifique, j’essaie d’être assez analytique.Je parle de la posture individuelleet du couple. De la gestion de l’espace,qui concerne plus les hommes que lesfemmes et qui n’est vraiment pas facile.J’essaie de faire prendre conscience dela musique aussi. Mais tout le monden’arrive pas à prendre conscience detous ces aspects en même temps.Te considères-tu comme un «puriste»?Ça dépend. Moi-même, en bal, j’improvisebeaucoup et je mélange des danses.Je danse du tango depuis cinq anset ça m’arrive d’en utiliser des pas oudes techniques pour la valse, la scottishou la mazurka. C’est ça le plaisir,pouvoir circuler entre toutes les formesde danse. D’autre part, il y a des dansesrégionales, comme la bourrée duBerry ou la bourrée d’Auvergne, quisont dansées d’une façon spécifique.Je trouve très dommage que beaucoupde jeunes dansent ces bourrées n’importecomment, en imitant des amis, etsans avoir vu la façon ou les façons originalesde les danser. Ce n’est pas pourdes raisons puristes que je condamneces versions «bâtardes» de la bourrée.Je ne pense pas qu’il faille imiter exactementle modèle traditionnel. C’est justeparce que je pense qu’ils passent àcôté de quelque chose, vu qu’il y a destechniques de mouvement et d’improvisationdans l’original, dont ils ignorentl’existence.Je suis pour l’improvisation, mais avecdu respect pour la musicalité et en partantde «l’essence» de la danse originale CDPConnais-tu d’autres danseurscontemporains professionnels quiexplorent ce genre de répertoire.Qu’en retirent-ils ?De nombreux danseurs pratiquent différentstypes de danses traditionnellesautour de moi comme le tango, la salsa,les danses galiciennes… Comme je l’aidit précédemment, je pense que l’on nepeut que tirer profit d’un répertoire pluscoloré. Au minimum, cela donne la possibilité,si l’un vous ennuie, de rebondirsur l’autre. CDP20Boombal festival 2008 © Jeroen Van der Meeren
PUBLICATIONSLivresChantal Aubry, Yano, un artiste japonaisà Paris, Coll. Parcours d’artistes,Centre national de la danse,Paris 2008, 380 p.L’auteure livre un portrait extrêmementriche de cet artiste japonais doté d’unepersonnalité complexe, à la croisée dela culture occidentale, qu’il a parfaitementintégrée sous certains aspects, etde la culture orientale, qu’il n’a jamais reniée.Et la fascination ou l’interrogationque Hideyuki Yano a suscitée dans unParis en plein japonisme, à son arrivée,comme le suggère le titre de l’ouvrage,aura certes contribué au mystèrequi l’entoure encore aujourd’hui. C’estd’ailleurs cette place singulière dansle paysage de la danse française queChantal Aubry s’attache à cerner. Touten mettant à mal certains amalgamesqui ont été faits sur l’œuvre de Yano etsur la culture japonaise. Pour ce faire,la journaliste a réalisé un formidabletravail de recherche historique, esthétique,philosophique et anthropologique.Si les premières pièces de Yano crééesau Japon sont ainsi replacées dans lescontextes politique et esthétique, quiles ont vu naître, intimement liés commeon le sait pour le butoh, le rapportdu danseur avec cette danse des ténèbresn’est pas celui que l’on pourraitcroire. Avec cette même volonté de distinguerle vrai du faux, Chantal Aubrycerne l’essence des premières piècesparisiennes, détachées de ce japonismequi a parfois déformé leur propos,voire leur nature. Nô, Bunraku, dansecontemporaine, exotique…, commentcerner une œuvre aussi complexe quecelle de son danseur/chorégraphe.Pour ce faire, Chantal Aubry s’attache àla relation que Yano entretenait avec laculture occidentale et avec celle de sonpays d’origine, fortement marquée parune éducation rigide et l’absence d’unemère. Puis, dans les années septante,c’est la rencontre avec Elsa Wolliaston,la «sœur» africaine, et la fondation dugroupe Mâ avec deux autres danseusesd’exception (Lila Greene, SidonieRochon) et avec lequel Yano élaboredes œuvres à la croisée de l’Orient et del’Occident et dont on avait peu jusqu’icimesuré l’influence. À cette époque, lapresse est avec lui et un certain milieuaussi. Mais l’aventure de ce Mâ originelsera de courte durée et Yano ne serapas suffisamment soutenu par la suite,à un moment où d’autres se voient déjàconfier la direction d’un centre chorégraphique.Pourquoi? Chantal Aubryesquisse des réponses avant d’aborderla seconde partie du parcours de Yano,celle des années 80, pendant laquelleil fréquente davantage la jeune dansefrançaise. Entrée dans l’esprit du Nô,dans trois pièces maîtresses décortiquéeset illustrées par les croquis duchorégraphe. La genèse poussée despièces et du travail à l’œuvre met enévidence le rapport à la lenteur, à l’espace,la préoccupation du sens et dugeste… car Yano était avide de recherche.Période empreinte aussi de spiritualité,voire de mysticisme avec cettenouvelle fascination pour la mort ettoujours ce caractère rituel. Yano étaitaussi pédagogue et, à ce titre, il auramarqué les mémoires. Dans le sillagedes «morts trop jeunes», Yano (1988)a laissé un espace ouvert et éphémèrequi n’autorise pas à parler d’héritage.Ni maître ou plutôt «non» maître, sanshéritier, même si certains chorégraphescomme Françoise Verret ou Karine Saportase sentent marqués par son empreinte,Yano est néanmoins devenu unmythe. Quant à son oeuvre, elle se voitrattachée, à la lumière de cette recherche,«à la voie spiritualiste de la dansecontemporaine, dans une certaine formed’ésotérisme chrétien». Richementdocumenté, cet ouvrage illustré de photosnoir et blanc et de croquis inédit, esttout simplement passionnant. BMStephanie Jordan, Stravinsky Dances.Re-Visions across a Century, DanceBooks, Hampshire, 2007, 603 p.Stravinsky est depuis longtemps considérécomme le «numéro un» des compositeursde ballets au XX e siècle. Parle nombre de ses compositions destinéesà la scène (dix-huit au total), leurqualité (chacune est un moment importantde l’histoire de la musique) etaussi par la fréquence de leur utilisationpar plusieurs générations de chorégraphes.Ce livre est issu d’un travailremarquable entrepris bien en amont:la réalisation d’une base de donnéesStravinsky. The Global Dancer, sous ladirection de l’auteure à l’Université deRoehampton (http://www.roehampton.ac.uk/stravinsky). Cette base de donnéesvise à recenser et référencer toutesles chorégraphies réalisées dansle monde entier sur les musiques ducompositeur russe. Elle en dénombreactuellement plus de mille deux cents.Ce travail a donc fourni une matièresubstantielle alimentant l’affirmation devenuelapalissade de la suprématie ducompositeur dans le monde chorégraphique.Avec cette publication, l’auteurepousse plus loin l’investigation desaffinités entre la musique de Stravinskyet la danse. Elle se penche bien sûr surdeux des plus fameuses collaborationsde l’histoire de la danse comme de lamusique: celles de Stravinsky avecDiaghilev et avec Balanchine, et tented’en dégager les parts de mythes et lesréels intérêts. Sans oublier une troisièmefigure, un peu moins connue: celledu chorégraphe Frederick Ashton qui,s’il n’a chorégraphié que quatre compositionsdu Russe, l’a fait de manière siatypique qu’elles valent la peine d’êtreétudiées en détail. à côté de l’étude deces collaborations de long terme, ellepropose également une étude comparativede différentes versions des deuxpièces qui ont sans aucun doute le plusfasciné les chorégraphes: le Sacre duPrintemps et les Noces. Elles sont l’occasionde visiter l’histoire de la danseoccidentale dans toute sa diversité:de Jérôme Robbins à Anne Teresa DeKeersmaeker, et de Paul Taylor à PinaBausch. Ses analyses reposent essentiellementsur les principes de l’analysemusicale et mettent en regard, de manièretrès détaillée, composition chorégraphiqueet partition musicale. Ainsi,l’auteure se sert de la notion de parallélismeet de contrepoint entre musiqueet danse pour analyser les processusstructurels d’organisation du tempset de l’espace. Ces analyses font évidemmentapparaître les spécificitésdes différentes approches chorégraphiquesmais aussi le potentiel contenudans une seule partition. Non moinsintéressante est la question posée parl’auteure de la transformation de la musiquepar la chorégraphie: comment lavision de différents mouvements et misesen scène peuvent faire percevoir lamusique différemment. Et de poursuivreune réflexion sur l’interdépendancedes formes d’expression, du voir et del’entendre. Comme on le voit, ce livrecombine des modes d’approche analytiques,historiques, esthétiques etpsychologiques. Il est sans contesteune somme sur l’étude des œuvreschorégraphiques de Stravinsky maisaussi un modèle pertinent pour qui s’intéresseaux rapports entre musique etchorégraphie. CDPDominique Dupuy, Danse contemporaine,pratique et théorie, Marsyas,écrits pour la danse, Images EnManœuvres éditions & Le Mas de laDanse, Avignon, 2007, 207 p.Alors que le Mas de la Danse a ferméses portes, son cogéniteur livre l’intégralitédes textes qu’il a écrits pour la revueMarsyas, alors qu’il était en missionpour l’Institut de pédagogie musicale etchorégraphique. Véritable témoignagesur le développement de la rechercheen danse entre 1991 et 1995, l’ouvrageest aussi un témoignage du développementde l’art chorégraphique en France,pendant les années 80-90. Un parcoursquasi historique, mais dont l’auteur nesuit pas la chronologie, préférant inviterle lecteur à y déambuler au gré deses intérêts ou de ses humeurs. Ainsi,le premier chapitre rassemble les textesd’introduction aux dossiers thématiquesde la revue Marsyas qui, faut-il lerappeler est une référence dans le domainede la pédagogie chorégraphiqueet musicale. L’interprétation, le souffle,le corps, autant de textes qui traduisentl’immense culture de Dominique Dupuy,comme le souligne Laurence Louppedans la préface, ainsi que ses qualitésd’auteur. Un auteur qui a par ailleurslargement contribué au développementde l’écriture de la danse. Références,le second chapitre, ouvre ainsi la voieà des écrits sur des textes emblématiquescomme L’âme de la danse dePaul Valéry. Le troisième, Chroniques,propose comptes-rendus et analysescritiques de rencontres, colloques, expositions,publications diverses. Rendantcompte, par exemple, du premiernuméro des Nouvelles de danse et deMouvement, et d’ouvrages de référencecomme à la recherche d’une dansemoderne d’Isabelle Launay. Quant auxcolloques, Dominique Dupuy et sondouble Françoise en ont eux-mêmesorganisés, à l’image de Autres pas en1992, dont le leitmotiv était de mêlerrecherches théoriques et ateliers. à liredonc comme «en marchant». BMThe body eclectic. Evolving Practicesin Dance Training, Edited byMelanie Bales and Rebecca Nettl-Fiol,University of Illinois Press, 2008,264 p.L’entraînement du danseur contemporaina considérablement évolué aucours du siècle dernier. C’est autour dece constat que cette publication collectiveest construite. Les auteurs situentle tournant majeur de cette évolutionà l’époque de la Judson Church, dansles années 1960. Deux attitudes fondamentalesguident à ce moment lesdanseurs et chorégraphes: «la déconstruction»et «le bricolage». Déconstructiondes techniques apprises: toutentraînement passe d’abord par unephase de «désentraînement» ou «désapprentissage»des habitudes et desschémas de mouvements reçus, et viseà retrouver les bases plus essentiellesdu mouvement. Le bricolage quant àlui – qui rejoint l’idée d’éclectisme et ducorps éclectique – se situe au niveaude la multiplicité de choix que chaquedanseur peut/doit faire au cours de saformation. Et ceci pointe une caractéristiqueimportante de l’entraînementdu danseur contemporain: l’autonomie.Le chorégraphe n’est plus celui qui entraînele danseur. Celui-ci doit la plupartdu temps venir échauffé aux répétitionset nourrir la création de son propre matérielde mouvement. Ce que l’on demandeau danseur aujourd’hui consistedonc avant tout à apprendre à devenirlui-même. Et ce notamment par leschoix qu’il fait au niveau de son entraînement.L’éclectisme propre à l’entraînementPost-Judson, comme le qualifientles auteurs est aussi le résultat dela prise de conscience de la nécessité,pour un danseur, de rester ouvert à tousles possibles. à ce niveau, l’entrée despratiques somatiques (Alexander, Body-mindCentering, Feldenkrais, Yoga,Release...) dans la diversité des techniquesà explorer est une donnée essentiellede l’évolution de la formationet de l’entraînement. Ces pratiques demouvement alternatives et de connaissancede soi sont elle-mêmes des méthodesaidant les danseurs à inventerde nouveaux codes et vocabulaires demouvement, qui est une quête permanentede la danse contemporaine. Cepoint vient d’ailleurs souligner un desobjectifs de cette publication: montrerles liens étroits entre formation, entraînementet création. Faisant suite àune dizaine d’articles théoriques, seizeparcours-témoignages sous forme d’interviewsde danseurs américains, telsque Chris Aiken, Janet Panetta ou TereO’Connor, étoffent le propos. Ils donnentainsi vie et chair à ce livre pertinent.CDPDictionnaire de la danse (nouvelle édition),sous la direction de Philippe LeMoal, Larousse, Paris, 2008, 840 p.Parue en 1999, la première édition duseul dictionnaire de synthèse en françaissur la danse était épuisée. De nombreuxamateurs, étudiants, chercheursattendaient sa réédition. C’est chosefaite cette année avec de nombreusesmises à jour. Afin de suivre l’actualitéde la scène chorégraphique en perpétuelmouvement et l’avancée en matièrede recherche, le dictionnaire s’esten effet enrichi de nouvelles entrées eta actualisé les anciennes. Nous avonsainsi repéré le nom du jeune chorégrapheflamand Sidi Larbi Cherkaoui dansla partie Le monde de la danse ou leterme «Interactivité» dans celle consacréeaux «mots de la danse», inexistantsdans la première édition. Certainsarticles ont aussi été complètementrefondus, comme par exemple celuiconsacré à la clog dance, témoignantvraisemblablement de nouvelles recherchesen la matière. Ces exemplesrappellent aussi l’étendue des champsliés à la danse que recouvre l’ouvrage.Oeuvre d’une centaine de collaborateursfrançais et internationaux, il pourradonc à nouveau servir d’outil simpleet efficace à tous ceux qui s’intéressentde près ou de loin à la danse. CDP21