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médiasDieu reconnaîtra sa sérieArte lance la saison 2 de sa fiction Ainsi soient-ils. Dans les arcanes de l’Église,à contre-courant de nombre de productions, mais avec le succès à la clé.Le hasard du calendrier, çan’existe pas, ou peu. Deuxsemaines après que le géantaméricain de la vidéo à lademande, Netflix, avec ses séries àhaute dose, a débarqué en France,Arte diffuse la deuxième saisond’une série inaugurée voilà deuxans déjà, Ainsi soient-ils. Une fictionen huit volets annoncée et programméelongtemps à l’avance parla chaîne franco-allemande.Écrite par David Elkaïm, VincentPoymiro et Arthur Harari, réaliséepar Rodolphe Tissot, cette sériemet en scène une poignée de jeunesséminaristes à Paris. Un étudianten archéologie, un fiston dont lamère est immature, le rejeton d’unriche entrepreneur, un petit caïden quête de rédemption (entrela saison 1 et 2, un séminariste alâché prise). Tous placés sous l’ailed’un ancien prêtre-ouvrier, mentorassumé, puis remplacé par un autresupérieur, acariâtre, austère, loinde tout paternalisme. En un lieuoù se pêle-mêlent une économieen berne, des luttes de pouvoir,des doutes et des failles, le rapportà la foi et à l’engagement, et,au-dessus de toutes les têtes, unepolitique politicienne menée par leVatican. Tout le théâtre de l’Église,pas moins, et pas vraiment un longfleuve tranquille.La série aurait pu être un regardsur la vie d’un séminaire, àl’encéphalogramme plat. Du tout.C’est que les rumeurs de la ville,ses chaos, pénètrent facilementdans les murs. Les Capucins n’ontrien d’un camp retranché à l’écartUne sérieportée parplusieurspersonnagesqui viventavec leurtemps.du monde. Dans la saison 1, étaitlargement développée la questiondes sans-abri, de la sexualitéet de l’homosexualité ; dans cetteseconde saison, celle du mariagepour tous (entre crispation ettolérance). Ce sont des séminaristesqui écoutent de la musiquecontemporaine,fument, boiventdes coups, jurent,poussent au blasphème,réparent uneplomberie, s’inscriventdans les débatsde société, parlent de sexe, s’insurgeantquand on voudrait lesfaire passer pour de « simplescréatures à qui on a ajouté unebite en plus ». Des hommes deleur temps.Tout le théâtrede l’Église, pasvraiment un longfleuve tranquille.C’est toute l’originalité de cettefiction, à la fois intime et universelle,époustouflante immersiondans les arcanes de l’Église. Avecquelque chose de singulier : lemanque d’artifice et la simplicité.En témoigne cette scène où deuxapprentis prêtres viennent confronterleur vocation auxquestions de gaminsdans une école primaire,des questionsdirectes, naïves etfinalement des plusdélicates.Même simplicité dans la bandesonore, ou plutôt l’absence d’unecertaine tonalité, celle qui faussementrenforcerait un suspense,avec ses notes anxiogènes. À l’instardes non-dits, des silences, des© Zadig Productionshésitations ponctuant le discours,des séquences qui semblent prendreleur temps. Non pas qu’elle avanceau ralenti, mais elle ne surajoutepas, tout en restant rythmée, bouleverséedans l’entrelacs de sesintrigues.Finement réalisée, jouissant desombres et lumières que prêteaisément le cadre, au diapasondes tourments intérieurs, la séries’enorgueillit aussi de la densité deses caractères, de ses comédiens.Ainsi soient-ils n’est pas portéepar un personnage, un seul hérosou anti-héros, mais plusieurs.Plusieurs fortes personnalités quifont de la série un travail d’équipeéquilibré, où chacun prend à sontour le récit à son compte.S’y distinguent tout de même troiscaractères, crevant l’écran (commeon dit) : Samuel Jouy, dans la peaud’un dur à cuire, réprouvé exemplaire,dans le rôle de José del Sarte,et dont le nom renvoie directementaux tableaux réalistes du peintre dela Renaissance ; Thierry Gimenez,en père Bosco, atrabilaire en butteà la maladie, volontariste, autoritaire; ou encore Jacques Bonnaffé,en président de la Conférence desévêques, prodigieux, tout en subtilité,fragile, fébrile, puissant, passantd’un registre à l’autre, concentrantpeut-être à lui seul tout ce querecèle Ainsi soient-ils. Autant decomédiens remarquables, dans uneœuvre s’épargnant donc les stars etla spectacularisation.Résolument à contre-courantd’une production française ouinternationale tournée principalementvers le polar, le fantastiqueou la fiction politique, la premièresaison avait connu un réel succèsd’audience (jusqu’à 1,5 million detéléspectateurs). Ce qui tendrait àprouver que la création originale aencore des jours devant elle. Surtoutquand elle prend des risques.≥ Jean-Claude RenardAinsi soient-ils, à partir du jeudi 2 octobre,20 h 50, Arte (deux épisodes chaque jeudi).À vos postesTélévisionLes Faussairesde l’histoireDimanche 28 septembre,à 22 h 25, sur France 5Valérie Igounet et MichaëlPrazan retracent l’histoire dunégationnisme, dès l’après-guerre,chez les nostalgiques du régimenazi. Un décryptage du discoursde haine dissimulé derrièreles masques de l’historicité etdu militantisme politique.Cures thermales :business ou santé ?Mardi 30 septembre, à 20 h 35,sur France 5Une enquête de Nathalie Chiesasur les enjeux du thermalisme,comptant plus de 110 000 emplois,coûtant plus de 230 millions àl’assurance maladie, et largemententretenu par les lobbies.Un air de paradis :MadagascarMercredi 1 er octobre, à 20 h 45,sur France ÔRetracé par Thomas Delorme etPatrick Dedole, le sombre tableaude l’île : des essences rares priséespar l’industrie du luxe, un sous-solconvoité, un territoire malmenépar les coups d’État, un tourismesexuel à côté des palaces…Les garçons de RollinVendredi 3 octobre, à 23 h 15,sur France 3Retour sur un lycée parisien,au pied du Sacré-Cœur, théâtred’activité politique intense sousl’Occupation, avec ses résistants,mais aussi ses collabos. Uneévocation de Claude Ventura.28 Politis 25 septembre 2014

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