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éditorial par Denis SieffertHollande, Sarkoet la V e RépubliqueLa semaine avait déjà été éprouvante.Il nous avait fallu supporter le discoursbravache de Manuel Vallsà l’Assemblée (« Gouverner, c’esttenir »), puis assister à l’exercice decontrition d’un président de la Républiquequi n’est plus sûr de rien, mais qui continueson bonhomme de chemin, non plus pour« inverser la courbe du chômage », ni mêmepour résorber les déficits, mais tout simplementparce que les institutions lui permettentde continuer. Ce qui, on en conviendra, n’estpas très excitant pour les citoyens que noussommes. Cela faisait déjà beaucoup. Hélas,la semaine n’était pas terminée. Et le pire étaitencore à venir. Non pas le pire politiquement– en cette matière, j’ai renoncé à établir deshiérarchies – mais le pire des spectacles.L’imminence du « retour » de Nicolas Sarkozyne m’avait pourtant pas échappée, maisj’avais dû oublier à quel point le personnageest insupportable. Il nous est donc revenutel qu’en lui-même, non pas inchangé, maisaggravé. Perclus de maniesoratoires. Avec cette façonde retourner la questionau journaliste : « Est-ceque vous croyez vraiment,Monsieur Machin, que sij’avais quelque chose à mereprocher je reviendrais ? »On aurait rêvé que soninterlocuteur lui réponde :« Oui, je le crois, et je croismême que c’est, entre autresraisons, pour échapper àla justice que vous revenez.» Nous sommes restésavec notre rêve. Et NicolasSarkozy a pu se livrer auplus étonnant festival debluffs politiques qu’il nousait été donné de voir. Lepersonnage a l’aplombd’un bonimenteur en démonstration dansun centre commercial. Il en a la rhétorique.En trois actes,MM. Valls, Hollandeet Sarkozy nous ontmontré ce qu’étaitla V e République :un théâtre devanités étrangerà la démocratie.Il en a le talent. Et le voilàqui nous refait le coup dudétachant qui efface tout,même le passé !Dans tout cela, évidemment,pas une once de politique.Il sera centriste ; ilsera de droite ; il sera d’extrêmedroite. Les Françaisverront bien ! L’aventurierne doute pas un instant quela France piaffe d’impatiencede le voir revenir.Et quel mépris pour sesrivaux au sein de la droite !Juppé ? « J’aurais besoinde lui. » Fillon ? « J’auraisbesoin de lui. » De simples outils entre lesmains de l’homme providentiel.On ne sait au terme de cet affligeant spectaclequi est le plus blâmable, du revenantqui nous rejoue ad nauseam la même comédie,ou de la télévision de service public quia bouleversé l’ordonnancementde son journal télévisépour accorder trois quartsd’heure, au moment de laplus forte écoute, pour uneopération de cet acabit.Mais, à quelque chose malheurest bon. Et finalementMM. Valls, Hollande etSarkozy, dans l’ordre d’entréeen scène, auront, à leurmanière, et sans doute à leurinsu, nourri la réflexion desFrançais. En trois actes, ilsnous auront montré, jusqu’àla caricature, ce qu’était laV e République. Ou ce qu’elleétait devenue. Indifférenteà nos concitoyens, sourdeaux problèmes sociaux. Unthéâtre des vanités étrangerà la démocratie. Les deux premiers ont résolude ne pas bouger en dépit de l’évidence de leuréchec. Le dernier ne bouge pas non plus, maisil s’agite, sans rien nous dire de ses projets,ni même quelle sera cette fois la couleur ducaméléon.Retrouvez l’éditoen vidéo surSophie SteinbergerEt qu’importe, puisque dans cette monarchierépublicaine décadente le peuple est censé sedonner à un personnage qui fera ensuite de saconfiance ce que bon lui semble. On ne pouvaitpas mieux introduire la problématiquede la VI e République, qui fait notre une cettesemaine. Autant le dire tout de suite – celas’est déjà vu en quelques circonstances –, jene suis pas un mélenchonien inconditionnel.L’Ukraine, le Tibet, et quelques autres sujetsd’importance m’ont parfois sérieusement éloignéde lui. Sans compter des emportementsque je trouve parfois excessifs avec ses partenairespolitiques les plus proches. Et il peut yavoir débat aussi à propos de l’approche desquestions religieuses, par exemple.Mais je dis cela à l’instant pour mieux soulignerla richesse de l’entretien qu’il nous aaccordé cette semaine. On retrouve là le meilleurMélenchon, celui de la campagne présidentielle.Le mouvement qu’il tente d’initierpour une Constituante doit être regardé sanspréjugé, et sans esprit polémique. L’objet politique« absolument neuf » qu’il nous proposenous intéresse. Il n’est d’ailleurs pas si neufque cela, et Mélenchon le sait bien. En 1789,en 1848, en 1871, et beaucoup plus près denous, en 1945, la France s’est sortie des plusgrandes crises en se dotant d’assemblées chargéesd’écrire de nouvelles constitutions. Etcela n’a pas toujours permis de donner réellementla parole au peuple, sinon à l’occasionde référendums destinés à valider après coupl’œuvre des constituants. Avec toute l’ambiguïtédu référendum. Mais dans l’affaire quinous occupe, c’est le mouvement qui importe,la mobilisation. C’est un combat qui vaut lapeine d’être mené, sans exclusive de tous lesautres, et de toutes les autres formes de rassemblementau sein de ce que nous appelonsla gauche sociale et écologiste.25 septembre 2014 Politis 3

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