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Les transformations en géométrie, introduction à une approche ...

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REPERES - IREM. N° 63 - avril 2006LES TRANSFORMATIONS ENGEOMETRIE : INTRODUCTIONA UNE APPROCHE HISTORIQUEJean Claude THIENARDIrem de PoitiersIl est illusoire de prét<strong>en</strong>dre communiquerde manière significative les résultatsd’<strong>une</strong> étude sur l’histoire d’un concept mathématiquesi l’on ne met pas le lecteur <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>cedes textes qui l’ont créé, développé, faitvivre et sur lesquels se fond<strong>en</strong>t nos interprétationset conclusions.Le prés<strong>en</strong>t article, par sa brièveté, nepeut donc être qu’<strong>une</strong> <strong>introduction</strong> à <strong>une</strong><strong>approche</strong> historique du concept de transformationet <strong>une</strong> invitation à lire la série d’articlesconsacrés au sujet 1 (*).Néanmoins, si la forme brève implique dessimplifications, des lac<strong>une</strong>s, des raccourcis etdes affirmations péremptoires faute de produireles référ<strong>en</strong>ts et donc les élém<strong>en</strong>ts de sacritique, elle implique égalem<strong>en</strong>t de ne gar-(*) <strong>Les</strong> notes sont rassemblées <strong>en</strong> fin d’article.der que l’ess<strong>en</strong>tiel, de ne focaliser l’att<strong>en</strong>tionque sur l’articulation des faits majeurs etpeut donc avoir la vertu de fournir au lecteurquelques grands repères qui lui faciliteront<strong>en</strong>suite <strong>une</strong> étude plus approfondie.Le prés<strong>en</strong>t article abordera :— La g<strong>en</strong>èse et la création de la notion de transformationrapportées à leur contexte historique,— Le rôle des <strong>transformations</strong> dans la création,par Poncelet, de la géométrie synthétiquemoderne,— Le développem<strong>en</strong>t de la géométrie synthétiqueet de la géométrie projective suscitépar l’œuvre de Poncelet,— La refondation de la géométrie euclidi<strong>en</strong>ne,par la notion de mouvem<strong>en</strong>t et lerôle fondam<strong>en</strong>tal de la translation et de larotation,27


REPERES - IREM. N° 63 - avril 2006LES TRANSFORMATIONSEN GEOMETRIE …Le Portillon de DürerLe fil t<strong>en</strong>du d’un point de l’objet à représ<strong>en</strong>ter à l’œil de l’observateur matérialisele rayon visuel qui va de ce point à l’œil. Par conséqu<strong>en</strong>t, si l’on souhaiteque la représ<strong>en</strong>tation de l’objet sur le tableau soit fidèle, il faut que le rayonvisuel qui va d’un point de l’objet à l’œil et celui qui va de la représ<strong>en</strong>tation surle tableau de ce point à l’œil, soi<strong>en</strong>t confondus. Le point doit donc être représ<strong>en</strong>téà l’intersection du plan du tableau et du fil (ou du rayon visuel).La visée et la méthode du dessin <strong>en</strong> perspective ayant ainsi été illustrées, desrègles vont être élaborées. Dürer <strong>en</strong> donne quelques illustrations <strong>en</strong> indiquantcomm<strong>en</strong>t on peut construire <strong>en</strong> vraie grandeur l’intersection d’un cône à basecirculaire avec un plan, ou ce qui revi<strong>en</strong>t au même, comm<strong>en</strong>t on peut dessinerla perspective d’un cercle.Théorème de la Ramée :(B,H) (D,F) (C,G) <strong>en</strong> involutionimplique(b, h) (d, f) (c, g) <strong>en</strong> involution.29


REPERES - IREM. N° 63 - avril 2006LES TRANSFORMATIONSEN GEOMETRIE …Une transversale coupe le quadrilatère complet <strong>en</strong> (PQ) (IK) (HG) et le cercle <strong>en</strong> (LM).Desargues montre que (LM) (QP) (IK) sont <strong>en</strong> involution ainsi que (LM) (QP) (GH) et ét<strong>en</strong>dà cette occasion la définition de l’involution à quatre couples de points : (LM) (QP) (IK) (GH)sont <strong>en</strong> involution si trois de ces quatre couples pris comme on voudra sont <strong>en</strong> involution.La propriété vraie dans le cercle se transporte aux coniques par projection, par le théorèmede la «Ramée».euclidi<strong>en</strong>ne, la seule connue et donc la seuleadmise à l’époque. Le texte de Desargues estdonc créateur à plusieurs niveaux :* Desargues l’architecte, l’auteur de Traitéssur la perspective, la coupe des pierre, la gnomoniquevoit <strong>en</strong> perspective et donc danscette vision, l’ellipse, l’hyperbole et la parabole— perspectives du cercle — particip<strong>en</strong>tdu cercle quant aux propriétés que conserv<strong>en</strong>tles projections (ou perspectives),* Desargues mathématise la déformationd’<strong>une</strong> configuration « par mutation optiqued’appar<strong>en</strong>ce » 8 .a) <strong>en</strong> introduisant la correspondance <strong>en</strong>treles points de deux plans, aujourd’hui appeléeprojection conique ou cylindrique,b) <strong>en</strong> traitant de la même façon les faisceauxde droites parallèles et les faisceaux dedroites concourantes, par <strong>introduction</strong> de lanotion de points à l’infini : « But de l’ordonnanceà l’infini »...,c) <strong>en</strong> traitant de la même façon cônes etcylindres (sommet rejeté à l’infini),d) <strong>en</strong> abandonnant, et c’est un changem<strong>en</strong>tconsidérable, la traditionnelle trichotomiedes coniques 9 pour la démonstration de leurspropriétés.* Desargues crée un nouveau mode démonstratifqu’il qualifie de « démonstration par lerelief », c’est-à-dire par la perspective. Il utilisealors des considérations de géométriedans l’espace pour établir des propriétés de30


REPERES - IREM. N° 63 - avril 2006LES TRANSFORMATIONSEN GEOMETRIE …géométrie plane, ce qui est <strong>en</strong> rupture avec latradition euclidi<strong>en</strong>ne.Il crée la « méthode des <strong>transformations</strong> »qui consiste à démontrer <strong>une</strong> propriété sur <strong>une</strong>configuration complexe — <strong>une</strong> conique quelconque— <strong>en</strong> la démontrant tout d’abord sur<strong>une</strong> configuration simple — le cercle — et <strong>en</strong>la transportant du cercle à la conique parperspective ou projection.Desargues, consci<strong>en</strong>t de la généralité etde la fécondité de sa démarche « Cette démonstrationbi<strong>en</strong> <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du s’applique <strong>en</strong> nombred’occasions et fait voir la semblable génération... »,saura transmettre ses idées et aura <strong>une</strong> postéritéimmédiate et brillante : Pascal « Essaisur les coniques » 10 suivi d’un important Traitésur les coniques 11 .Par la création d’<strong>une</strong> transformation quipermet d’<strong>en</strong>g<strong>en</strong>drer dans le plan toute coniqueà partir d’un cercle et d’<strong>en</strong> démontrer les propriétésà partir de celles du cercle, Philippede La Hire, dans ses « Planiconiques », introduitdans la géométrie <strong>une</strong> nouvelle syntaxedémonstrative, dégagée de la sémantique dela vision dans l’espace et donc des référ<strong>en</strong>tsmétaphoriques liés à la perspective. Il fait ainsifaire à la notion de transformation naissantele saut dans l’abstraction qui permettra d’<strong>en</strong>objectiver le concept .Cette création trouvera des applicationsimmédiates dans l’oeuvre de Newton : « Principesmathématiques de la philosophie naturelle.» (Voir article I).Ces idées se perdront au cours duXVIIIème siècle <strong>en</strong> même temps que se perdrala pratique de la géométrie à la manièredes anci<strong>en</strong>s, la vieille sci<strong>en</strong>ce étant supplantéepar la géométrie de Descartes 12 et le calculinfinitésimal 13 . Il faudra att<strong>en</strong>dre la fin duXVIIIème siècle pour que les méthodes de lagéométrie arguési<strong>en</strong>ne 14 retrouv<strong>en</strong>t de l’intérêtaux yeux des savants, par la création dela géométrie descriptive de Monge 15 et par lesouvrages de Carnot 16 . <strong>Les</strong> idées de Desarguesseront réintroduites par J. V. Poncelet etseront à la base du grand « Traité des propriétésprojectives des figures 17 » qui fondera la géométriesynthétique moderne et la géométrieprojective.II. La redécouverte.L’influ<strong>en</strong>ce de l’œuvre de Monge.L’œuvre capitale de Poncelet.Après plusieurs déc<strong>en</strong>nies d’abandon,les méthodes de la géométrie seront remises<strong>en</strong> usage dans l’œuvre de G. Monge. Mongese fit reconnaître alors qu’il était chargé dedessiner des plans et de réaliser des modèles<strong>en</strong> plâtre à l’école royale du génie de Mézières,<strong>en</strong> inv<strong>en</strong>tant <strong>une</strong> méthode graphique quidevait rapidem<strong>en</strong>t donner naissance à la géométriedescriptive, pour résoudre un problèmede défilem<strong>en</strong>t 18 . Monge, à l’instar deDesargues, s’intéressera toute sa vie auxproblèmes posés par les différ<strong>en</strong>ts corps demétiers : dessin architectural, coupe despierres et du bois, charp<strong>en</strong>terie, dessins demachines, de vaisseaux, etc., et trouveradans ces problèmes matière à géométrie et àinv<strong>en</strong>tions géométriques. Cela le conduira àvoir, à conceptualiser tous les problèmes à traversla géométrie, et à élaborer ainsi desméthodes qui s’avéreront d’<strong>une</strong> très grandefécondité. C’est ainsi, pour ne donner qu’<strong>une</strong>xemple, qu’il introduisit les <strong>transformations</strong>de contact sous le terme de « courbes etsurfaces réciproques » afin de résoudre <strong>une</strong>équation différ<strong>en</strong>tielle de la forme y = xF(y’)+ f(y’) <strong>en</strong> la transformant <strong>en</strong> <strong>une</strong> équation linéai-31


REPERES - IREM. N° 63 - avril 2006LES TRANSFORMATIONSEN GEOMETRIE …re : celle vérifiée par les courbes réciproquesdes courbes cherchées.Sa vision géométrique le conduisit ainsià l’inv<strong>en</strong>tion de méthodes « géométriques » —<strong>une</strong> transformation dans l’exemple précéd<strong>en</strong>t— qui traduites analytiquem<strong>en</strong>t fécondèr<strong>en</strong>tle calcul infinitésimal.Monge, par ses créations, introduisit dansla géométrie, ce qui était novateur, desméthodes et des procédures réglées voire algorithmiques— les méthodes de la géométriedescriptive — élargissant ainsi le champd’application de la vieille sci<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> <strong>en</strong>richissantsa syntaxe. Il introduisit de plus lasémantique géométrique dans l’analyse infinitésimaled’<strong>une</strong> manière qui s’avéra trèsopératoire.La postérité des idées de Monge seraimm<strong>en</strong>se, assurée par ses élèves formés dansles institutions qu’il aura fortem<strong>en</strong>t contribuéà créer (École polytechnique, Ecole normale).Ceux-ci pér<strong>en</strong>niseront sa vision géométriquedes problèmes et créeront la géométriemoderne.« <strong>Les</strong> élèves de Monge et ses premiers successeurss’appliqu<strong>en</strong>t à retrouver géométriquem<strong>en</strong>t,sans secours étranger, par les nouvellesméthodes, les nombreux théorèmesacquis par la méthode des coordonnées.A cet égard, il faut citer <strong>en</strong> première ligneplusieurs travaux de L. Carnot.... Et dominantle tout le Traité des Propriétés projectivesdes figures de J.V. Poncelet, constitue<strong>en</strong>fin le premier exposé systématique de la«géométrie projective» au s<strong>en</strong>s actuel dumot ». 19L’œuvre de Poncelet est à la fois <strong>une</strong>œuvre de redécouverte et <strong>une</strong> œuvre de création.Elle redonna vie aux créations deDesargues 20 après un siècle d’oubli et donna<strong>une</strong> ext<strong>en</strong>sion considérable à celles de Monge.Elle marqua selon le jugem<strong>en</strong>t de G. Darboux« le vrai comm<strong>en</strong>cem<strong>en</strong>t de la géométriesynthétique moderne ».Le projet de Poncelet est explicité dansla préface : « ... J’ai cherché avant tout à perfectionnerla méthode de démontrer et dedécouvrir <strong>en</strong> simple géométrie ». Il consiste doncà doter la géométrie de méthodes et d’outils,comme il <strong>en</strong> existe <strong>en</strong> géométrie analytique,<strong>en</strong> calcul infinitésimal et <strong>en</strong> géométrie descriptive,afin de pallier ce qui fait la faiblessede la géométrie, malgré la somme considérablede résultats accumulés, et qui a étéà l’origine de son abandon progressif : « Eneffet, tandis que la géométrie analytique offrepar la marche qui lui est propre, des moy<strong>en</strong>sgénéraux et uniformes pour procéder à lasolution des questions qui se prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t...tandis qu’elle arrive à des résultats dont la généralitéest sans borne, l’autre procède au hasard,sa marche dép<strong>en</strong>d tout à fait de la capacitéde celui qui l’emploie...».La réalisation du projet se fera par :• La création de nouvelles syntaxes démonstrativesqui permettront de faire abstractionde la figure — c’est-à-dire des cas particuliersde figures — et donc de donner plus « d’ext<strong>en</strong>sionà la simple géométrie ». Parmi ces syntaxes,citons :a) le principe de continuité 21 qui a unrôle structurant dans le Traité au niveauheuristique et démonstratif,b) les élém<strong>en</strong>ts (points, droites, etc.)idéaux, imaginaires, à l’infini 22 .Ces créations r<strong>en</strong>ouvell<strong>en</strong>t les typesd’énoncés que peut produire la géométrie et32


REPERES - IREM. N° 63 - avril 2006LES TRANSFORMATIONSEN GEOMETRIE …boulevers<strong>en</strong>t les canons démonstratifs traditionnels23 .• L’<strong>introduction</strong> de nouvelles méthodes. Cesméthodes nouvelles sont dans le principecelles introduites par Desargues 24 et sont fondéessur les projections 25 .« En réfléchissant att<strong>en</strong>tivem<strong>en</strong>t à ce quifait le principal avantage de la géométrie descriptiveet de la géométrie des coordonnées,à ce qui fait que ces branches des mathématiquesoffr<strong>en</strong>t le caractère d’<strong>une</strong> véritabledoctrine, dont les principes peu nombreuxsont liés et <strong>en</strong>chaînés d’<strong>une</strong> manière nécessaireet uniforme, on ne tarde pas à reconnaîtreque cela ti<strong>en</strong>t uniquem<strong>en</strong>t à l’usagequ’elles font des projections.Il est évid<strong>en</strong>t que ces avantages sont uniquem<strong>en</strong>tdus à la nature même de la projection,qui <strong>en</strong> modifiant l’espèce particulière desfigures, les plac<strong>en</strong>t dans des circonstancesou plus générales ou au contraire plus restreintes,sans pour cela <strong>en</strong> détruire les relationset les propriétés génériques, ou <strong>en</strong> lesmodifiant d’après des lois fort simples et toujoursfaciles à deviner ou à saisir ». 26Poncelet érige alors explicitem<strong>en</strong>t auniveau d’<strong>une</strong> méthode générale de découverteet de démonstration la méthode arguési<strong>en</strong>nede démonstration par transport depropriétés <strong>en</strong> faisant <strong>une</strong> recherche systématiquedes propriétés qui « subsist<strong>en</strong>t » parprojection c<strong>en</strong>trale et <strong>en</strong> <strong>en</strong> donnant les caractérisations.En termes modernes, Desarguesdébute le Traité <strong>en</strong> dégageant la notion d’invariantprojectif et <strong>en</strong> élaborant des critères dereconnaissance simples et opératoires.Le type de démarche suivi par Ponceletpeut être illustré par l’exemple simple cicontreextrait du chapitre II de la section II.CHAPITRE IIContinuation du même sujet. Desfigures inscrites et circonscrites auxsections coniques. Questions qui s’yrapport<strong>en</strong>t. Théorie des pôles etpolaires réciproques.Un quadrilatère quelconque étant inscrità <strong>une</strong> conique, soit tracée la droite qui passepar les deux points de concours des côtésopposés ; on pourra regarder la figure commela projection d’<strong>une</strong> autre, pour laquelle la droite<strong>en</strong> question sera passée à l’infini, <strong>en</strong> mêmetemps que la section conique sera dev<strong>en</strong>ue uncercle ; le quadrilatère inscrit à cette sectionconique sera lui-même converti <strong>en</strong> un quadrilatèreinscrit au cercle, et ayant les côtésopposés parallèles ; c’est-à-dire que ce sera unrectangle.Soit donc ABCD (Fig. 27) le rectangle dontil s’agit ; toutes les propriétés projectives quilui apparti<strong>en</strong>dront, ainsi qu’au cercle correspondant,seront aussi des propriétés de lafigure primitive.33


REPERES - IREM. N° 63 - avril 2006LES TRANSFORMATIONSEN GEOMETRIE …La configuration étudiée est fondam<strong>en</strong>tale,puisqu’elle va servir de support à l’<strong>introduction</strong>des pôles et polaires.Elle est étudiée <strong>en</strong> utilisant toutes lesressources de la méthode des <strong>transformations</strong>mises <strong>en</strong> place dans les chapitres précéd<strong>en</strong>ts.La configuration n’est pas nouvelle et les propriétésobt<strong>en</strong>ues sont déjà connues.Elles figur<strong>en</strong>t soit dans le « Traité des Sectionsconiques » de De La Hire (1673 et 1685)soit dans « l’Algèbre » posthume de Mac Laurin(1748).La méthode des <strong>transformations</strong> prouve<strong>une</strong> fois de plus sa fécondité par les possibilitésqu’elle offre pour rep<strong>en</strong>ser et fédérer,simplem<strong>en</strong>t, des savoirs anci<strong>en</strong>s. La démarchesuivie est exemplaire de l’usage fait de laméthode des Transformations par Ponceletdans le Traité.1) Étude d’<strong>une</strong> configuration complexe :Étant donnés, dans <strong>une</strong> conique, un quadrilatèreinscrit ABCD et le quadrilatère circonscritformé par les tang<strong>en</strong>tes <strong>en</strong> A, B, C etD à la conique, déterminer a) les points deconcours des différ<strong>en</strong>tes lignes et b) les relations<strong>en</strong>tre les points d’<strong>une</strong> même ligne.2) On transforme par projection la configurationcomplexe <strong>en</strong> <strong>une</strong> plus simple, Poncelet choisit,cela existe, la projection qui transforme laconique <strong>en</strong> un cercle et la droite déterminéepar M = AB ∩ CD et L = BC ∩ DA <strong>en</strong> la droitede l’infini. <strong>Les</strong> deux quadrilatères sontalors transformés <strong>en</strong> deux rectangles, l’uninscrit et l’autre circonscrit au cercle.3) Étude des propriétés de la nouvelle configuration.Cela posé, par chacun des sommets A, B,C, D m<strong>en</strong>ons <strong>une</strong> tang<strong>en</strong>te au cercle pourformer le parallélogramme circonscrit abcd,dont les côtés opposés vont par conséqu<strong>en</strong>tconcourir à l’infini ; traçons les diagonalesAC et BD, ac et bd, elles passeront par le c<strong>en</strong>treP, et, de plus, les deux dernières seront parallèlesaux côtés du quadrilatère ABCD, ouconcourront avec eux à l’infini. M<strong>en</strong>ons <strong>en</strong>findes tang<strong>en</strong>tes aux points E et G, F et H où cesmêmes diagonales coup<strong>en</strong>t la circonfér<strong>en</strong>ce,elles seront, deux à deux, parallèles <strong>en</strong>treelles et aux côtés du rectangle inscrit, et irontpar conséqu<strong>en</strong>t concourir avec eux <strong>en</strong> deuxpoints à l’infini ; de plus, toutes les droites,partant du c<strong>en</strong>tre P et terminées à la circonfér<strong>en</strong>ceou aux côtés opposés des deuxquadrilatères ABCD, abcd, sont divisés <strong>en</strong>parties égales <strong>en</strong> ce point, et peuv<strong>en</strong>t êtreregardées comme coupées harmoniquem<strong>en</strong>tpar ce même point et par celui qui est à l’infini,etc.Si l’on se reporte maint<strong>en</strong>ant à la figureprimitive, les droites parallèles <strong>en</strong>tre ellesseront dev<strong>en</strong>ues concourantes <strong>en</strong> des pointsde la droite qui représ<strong>en</strong>te celle à l’infini ; lec<strong>en</strong>tre P sera dev<strong>en</strong>u le pôle de cette droite ettout le reste sera le même de part et d’autre ;donc on a ce théorème :186. Si on inscrit, à <strong>une</strong> section conique,un quadrilatère quelconque ABCD (fig.28), et qu’on lui <strong>en</strong> circonscrive un autreabcd, dont les côtés touch<strong>en</strong>t la courbeaux sommets du premier,1°. <strong>Les</strong> quatre diagonales de ces deux quadrilatèresse croiseront <strong>en</strong> un mêmepoint P.2°. <strong>Les</strong> points de concours, L et M, l et m,des côtés opposés du quadrilatère inscritet du quadrilatère circonscrit, seront34


REPERES - IREM. N° 63 - avril 2006LES TRANSFORMATIONSEN GEOMETRIE …Poncelet et ses contemporains verrontimmédiatem<strong>en</strong>t la fécondité de ce procédé 27qui permettait de doubler les vérités de la géotousquatre rangés sur <strong>une</strong> même droitepolaire de P.3°. <strong>Les</strong> diagonales du quadrilatère circonscritiront concourir respectivem<strong>en</strong>taux points L et M où se coup<strong>en</strong>t, deux àdeux, les côtés opposés du quadrilatèreinscrit.4°. Chacun de ces derniers points est lepôle de la droite, ou diagonale, qui passepar l’autre et par le point P ; ou, ce quirevi<strong>en</strong>t au même, c’est le point de concoursdes tang<strong>en</strong>tes qui correspond<strong>en</strong>t à cettediagonale.5°. Toute ligne droite, passant par lepoint P et terminée à la section coniqueou à deux côtés opposés de l’un des quadrilatères,est divisée harmoniquem<strong>en</strong>t<strong>en</strong> ce même point et <strong>en</strong> celui où la droiter<strong>en</strong>contre sa polaire LM ; et pareillechose a lieu à l’égard des points L, M parrapport aux droites PM et PL dont ils sontles pôles.4)Transport par projection inverse des propriétésprojectives, mises <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce, à la configurationinitiale.On notera que, d’un point de vue syntaxique,l’opération 4) n’a pas besoin d’être explicitéepuisque toute propriété — projective —qui apparti<strong>en</strong>t à l’<strong>une</strong> des figures apparti<strong>en</strong>tà l’autre étant donné qu’elles sont projectionl’<strong>une</strong> de l’autre, et qu’il suffit donc de se« reporter » à la figure primitive...Le texte de la démonstration semble suffisamm<strong>en</strong>tclair pour ne nécessiter ni paraphrases,ni explications.Cette théorie des pôles et polaires conduisit<strong>en</strong>suite Poncelet à <strong>une</strong> ébauche de la Théoriedes <strong>transformations</strong> par polaires réciproques.Il définit <strong>en</strong> effet l’image par polaireréciproque — par rapport à <strong>une</strong> conique donnée— d’<strong>une</strong> courbe quelconque considérée soit,comme générée par le mouvem<strong>en</strong>t d’un point,soit comme <strong>en</strong>veloppe d’<strong>une</strong> droite variable.Il termine <strong>en</strong> remarquant « ... on peut mêmedire <strong>en</strong> général, qu’il n’existe auc<strong>une</strong> relationdescriptive d’<strong>une</strong> figure donnée dans son planqui n’ait sa réciproque dans <strong>une</strong> autre figure ;car tout consiste à examiner ce qui se passe danssa polaire réciproque par rapport à <strong>une</strong> sectionconique prise pour directrice... ».Il y a donc là création d’<strong>une</strong> méthode,qui permet, par transformation, de découvriret de démontrer dans le même temps <strong>une</strong>foule de propriétés nouvelles. Il suffit étantdonnée <strong>une</strong> configuration, de la transformerpar polaires réciproques, toute propriété de laconfiguration initiale se trouve alors reflétéedans la configuration image.35


REPERES - IREM. N° 63 - avril 2006LES TRANSFORMATIONSEN GEOMETRIE …métrie et qui conduira à la féconde théoriede la dualité développée par Gergonne,Chasles, etc.Par son « Traité des propriétés projectivesdes figures », Poncelet a réintroduit dansla géométrie la méthode des <strong>transformations</strong>telle que l’avait imaginée Desargues. Il fait lasynthèse des apports de Desargues et Pascal(élém<strong>en</strong>ts à l’infini), de Monge (élém<strong>en</strong>ts imaginaires,principe de continuité), de De la Hireet Le Poivre (méthode des plans qui devi<strong>en</strong>drachez Poncelet « l’homologie »), de De la Hire,Monge et Brianchon (premiers élém<strong>en</strong>ts d’<strong>une</strong>« Théorie des pôles et polaires » utilisée pourla découverte et la démonstration de propriétésnouvelles).La synthèse de Poncelet est créatrice desyntaxes nouvelles, de méthodes de démonstrationet de découverte générales par les <strong>transformations</strong>,organisées <strong>en</strong> un corps de doctrine,créant ainsi la « géométrie moderne », et suscitant<strong>une</strong> foule de travaux, tant <strong>en</strong> Francequ’<strong>en</strong> Allemagne, qui aboutiront aux théoriesde l’homographie et de la dualité deChasles, aux travaux de Steiner et à l’élaborationde la géométrie projective moderne.III. Le concept maîtrisé.L’époque de Chasles.« <strong>Les</strong> travaux de J.V. Poncelet suscitèr<strong>en</strong>t partoutles recherches les plus approfondies 28 .On chercha à étudier sous toutes leurs facesles principes qu’il avait découverts et à <strong>en</strong>tirer toutes les conséqu<strong>en</strong>ces...Partout, on note la plus grande activité,et, comme signe de cette activité mathématique,on peut relever la grande quantitéde journaux sci<strong>en</strong>tifiques qui prir<strong>en</strong>tnaissance 29 .» 30M. Chasles s’est fait très tôt le propagandistedes méthodes et concepts introduitspar Poncelet, de leur fécondité, de leur facilitéd’application « des ressources puissantesque la géométrie a acquise depuis <strong>une</strong> tr<strong>en</strong>tained’années (et qui) sont comparables sous plusieursrapports aux méthodes analytiques,avec lesquelles cette sci<strong>en</strong>ce peut rivaliserdésormais sans désavantage dans un ordre trèsét<strong>en</strong>du de questions» 31 .Convaincu de la fécondité des méthodesnouvelles et de leur pouvoir fédérateur, Chaslesformulera à la fin de l’ « Aperçu historique »le projet de mettre de l’ordre dans « un chaosde propositions nouvelles trouvées au hasard »et dans un amoncellem<strong>en</strong>t de méthodes « <strong>en</strong>coreéparses dans les mémoires des géomètres quis’<strong>en</strong> sont servis » afin de les r<strong>en</strong>dre propres à<strong>une</strong> large diffusion et de pallier ainsi « lavéritable cause de l’éloignem<strong>en</strong>t pour la géométrierationnelle ».Ce projet trouva <strong>une</strong> première mise <strong>en</strong>œuvre par un mémoire « La dualité et l’homographie» sur « les deux doctrines générales dedéformation et de transformation des figures ».Il posa dans ce mémoire le problème de la déterminationdu « principe de transformation desfigures » et du « principe de déformation desfigures » dont les paradigmes respectifs étai<strong>en</strong>tla transformation par polaires réciproques 32 ,la projection, l’homologie, etc., sous leur formela plus générale.L’énoncé du principe de dualité est donné<strong>en</strong> deux parties. La première est relative « àla corrélation des relations descriptives desfigures » et la seconde « à la corrélation de leurrelation de grandeurs ». 33Première partie. Lorsqu’<strong>une</strong> figure deforme quelconque est donnée, on peut tou-36


REPERES - IREM. N° 63 - avril 2006LES TRANSFORMATIONSEN GEOMETRIE …jours former, d’<strong>une</strong> infinité de manières,<strong>une</strong> autre figure, dans laquelle les points, lesplans, les droites, correspondront respectivem<strong>en</strong>tà des plans, à des points, à desdroites de la première figure.<strong>Les</strong> points situés sur un même plan, dansl’<strong>une</strong> des deux figures, auront pour correspondantsdes plans passant tous par lepoint qui correspond à ce plan.<strong>Les</strong> points situés sur <strong>une</strong> même droite,dans l’<strong>une</strong> des deux figures, auront pourcorrespondants, dans l’autre figure, desplans passant par la droite qui correspondraà la première.<strong>Les</strong> points situés sur <strong>une</strong> surface courbe,dans la première figure, auront pour correspondants,dans la seconde, des planstang<strong>en</strong>ts à <strong>une</strong> autre surface courbe ; et lesplans tang<strong>en</strong>ts à la première surface, <strong>en</strong> cespoints, auront pour correspondants précisém<strong>en</strong>tles points de contact des plans tang<strong>en</strong>tsà la seconde surface.Enfin, tous les points situés à l’infini,considérés comme appart<strong>en</strong>ant à la premièrefigure, seront regardés comme situéssur un même plan, et tous les plans quileur correspondront passeront par unmême point, qui correspondra à ce plansitué à l’infini.Ce sont ces deux figures que nous appelleronscorrélatives.Deuxième partie. Dans deux figures corrélatives,à quatre points de la première,situés <strong>en</strong> ligne droite, correspond<strong>en</strong>t, dansla seconde, quatre plans passant par <strong>une</strong> mêmedroite, et dont le rapport anharmonique 34 esttoujours égal au rapport anharmonique desquatre points.Et, à quatre plans de la première figure,passant par <strong>une</strong> même droite, correspond<strong>en</strong>tdans la seconde figure, quatre pointssitués <strong>en</strong> ligne droite, dont le rapport anharmoniqueest égal précisém<strong>en</strong>t au rapportanharmonique des quatre plans.»Le principe d’homographie s’obti<strong>en</strong>talors <strong>en</strong> répétant deux fois le mécanismede transformation des figures par le principede dualité.« Une figure de forme quelconque étant donnéedans l’espace, on peut toujours concevoir<strong>une</strong> seconde figure du même g<strong>en</strong>re, et jouissantdes mêmes propriétés descriptives quela première, c’est-à-dire qu’à chaque point,à chaque plan, à chaque droite de la premièrefigure, correspondront, dans la seconde,un point, un plan, <strong>une</strong> droite.Aux points à l’infini dans la premièrefigure, correspondront dans la seconde, despoints situés tous sur un même plan, desorte qu’à des faisceaux de droites parallèlesappart<strong>en</strong>ant à la première figure, correspondront,dans la seconde, des faisceauxde droites concourantes <strong>en</strong> des points situéstous sur un même plan.<strong>Les</strong> deux figures auront <strong>en</strong>tre elles desrelations de grandeur, qui consist<strong>en</strong>t <strong>en</strong> ceque :* le rapport anharmonique de quatre pointssitués <strong>en</strong> ligne droite dans la première figure,sera égal au rapport anharmonique desquatre points homologues dans la secondefigure ;* le rapport anharmonique de quatre plansde la première figure, passant par <strong>une</strong> mêmedroite, sera égal au rapport anharmoniquedes quatre plans homologues, dans la secondefigure. »Dans le mémoire de Chasles, les <strong>transformations</strong>ou déformations sont caractérisées<strong>en</strong> tant que classe de modes de corres-37


REPERES - IREM. N° 63 - avril 2006LES TRANSFORMATIONSEN GEOMETRIE …pondance <strong>en</strong>tre figures, ayant la propriétégénérale de refléter ou de transporter certainstypes de propriétés 35 .M. Chasles fait ainsi apparaître, danssa forme la plus générale, car décontextualisée,la grande inv<strong>en</strong>tion : le couple transformation-invariant,qui confère à la « géométriemoderne » ses méthodes de découverteet de démonstration ainsi que des principesfédérateurs pour les multiples résultatsaccumulés au hasard des découvertes. Parce travail d’abstraction, il contribue ainsi àélever au rang de méthode les diverses créationsde Desargues et Poncelet liées à <strong>une</strong>utilisation systématique de modes de correspondance<strong>en</strong>tre figures.En Allemagne, J. Steiner œuvra à ladivulgation de ces méthodes par son <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>tet par ses travaux dont la féconditéet la puissance contribuèr<strong>en</strong>t fortem<strong>en</strong>tà attirer l’att<strong>en</strong>tion sur l’intérêt desméthodes de « géométrie pure ». Le projet deSteiner est exprimé dans la préface de« Etude systématique de la dép<strong>en</strong>dance desformes géométriques l’<strong>une</strong> de l’autre » 36 .« Par ce livre on a t<strong>en</strong>té de découvrir l’organisationqui relie <strong>en</strong>tre eux les phénomènesles plus disparates de l’espace géométrique.Il existe un petit nombre de relations fondam<strong>en</strong>talestoutes simples par où se révèlele schéma général suivant lequel la massedes théorèmes se déploie logiquem<strong>en</strong>t sansauc<strong>une</strong> difficulté ; l’ordre pénètre le chaoset l’on voit toutes les parties s’<strong>en</strong>chaînernaturellem<strong>en</strong>t... ».<strong>Les</strong> œuvres de Chasles et Steiner constitu<strong>en</strong>tun aboutissem<strong>en</strong>t des méthodes etrecherches initiées par Desargues et Ponceletdans le cadre de la géométrie des figureshérité des grecs et plus particulièrem<strong>en</strong>t danscelui de la géométrie des coniques 37 qui, dèsles origines, apparaît comme le lieu privilégiépour l’élaboration, le développem<strong>en</strong>t et l’applicationde ces méthodes.Il y a aboutissem<strong>en</strong>t car ces auteurs :• ont, par leur œuvre et leur <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t 38 ,par les résultats nouveaux qu’ils ont découvertset les démonstrations simples de résultatsplus anci<strong>en</strong>s, par la prés<strong>en</strong>tation dans <strong>une</strong> théorieunifiée de savoirs épars et apparemm<strong>en</strong>tsans li<strong>en</strong>s, convaincu de la fécondité, de la puissanceet donc de l’intérêt, des méthodes par transformationou déformation.• ont donné la forme la plus générale possibleaux modes de transformation et de déformationdéfinis et utilisés par leurs prédécesseurs<strong>en</strong> élaborant les théories de la dualité et del’homographie.• ne sont pas sortis, comme cela a déjà été dit,des cadres initiaux de la géométrie des figureset de la théorie des coniques 39 .Ce dernier point mérite d’être souligné,car les <strong>transformations</strong> vont, dans les déc<strong>en</strong>nies1860-1880, être utilisées à d’autres finsque celles qui consist<strong>en</strong>t à construire desfigures ou à découvrir et établir leurs propriétés.Elles vont, <strong>en</strong> effet, jouer un rôle de premierplan :• dans les reconstructions de la géométriequi accompagneront les réflexions sur l’originedes axiomes suscitées par la diffusion des« géométries non euclidi<strong>en</strong>nes » 40 ,• dans la caractérisation et la subordinationdes diverses géométries par la notion de groupede <strong>transformations</strong> qui sera opérée parKlein.38


REPERES - IREM. N° 63 - avril 2006LES TRANSFORMATIONSEN GEOMETRIE …IV. Le problème du mouvem<strong>en</strong>t<strong>en</strong> géométrie. <strong>Les</strong> apports externes.Des travaux contemporains de ceux de Ponceletet de Chasles sur :— la description du mouvem<strong>en</strong>t d’un corps dansl’espace et corrélativem<strong>en</strong>t d’<strong>une</strong> figure dansson plan (Poinsot, Chasles...),— la théorie des parallèles (Lobatchevski,Bolyai, Gauss...) 41 ,— les hypothèses qui serv<strong>en</strong>t de fondem<strong>en</strong>tà la géométrie (Riemann)vont conduire les géomètres à se questionnersur l’origine des axiomes de la géométrievraie : celle d’Euclide. Cela les amènera àintroduire de façon explicite le mouvem<strong>en</strong>t dansla géométrie et <strong>en</strong> dernière instance à refondercelle-ci sur les mouvem<strong>en</strong>ts de translationet de rotation qui conduiront, aux niveaux dessyntaxes démonstratives, aux translationset rotations géométriques par considérationdes seuls états initiaux et finaux des figures.(Voir article IV).L’histoire de cette évolution est complexeet foisonnante. <strong>Les</strong> quelques lignes qui suiv<strong>en</strong>tne peuv<strong>en</strong>t qu’<strong>en</strong> donner sommairem<strong>en</strong>tquelques étapes de façon très lacunaire.A) Le changem<strong>en</strong>t dans les croyances. <strong>Les</strong>points de vue de Gauss et Lobatchevski.Jusqu’à la fin de la première moitié duXIXème siècle, la croyance répanduedans les milieux savants était que lagéométrie d’Euclide était la seule sci<strong>en</strong>cede l’espace qui pouvait exister, toutautre postulat, demande ou axiome queceux d’Euclide devant nécessairem<strong>en</strong>tconduire à l’absurdité !Dans cette croyance, la question de lavérité du Vème Postulat d’Euclide 42 ne seposait pas. Cette vérité était a priori indép<strong>en</strong>dantede toute démonstration. Cettecroyance se doublait de celle de la démontrabilitéde cet énoncé dans le cadre des Elém<strong>en</strong>tseux-mêmes, d’où les multiples t<strong>en</strong>tativesde démonstration faites tout au long del’histoire 43 .Le premier qui semble avoir douté del’exist<strong>en</strong>ce d’<strong>une</strong> telle démonstration sembleêtre Gauss « Je suis de plus <strong>en</strong> plus convaincuque l’on ne peut démontrer par le seul raisonnem<strong>en</strong>tla nécessité de la géométrie euclidi<strong>en</strong>ne.Il est possible que dans l’av<strong>en</strong>ir nouspuissions avoir des idées sur la nature del’espace qui aujourd’hui nous sont inaccessibles.Ainsi la géométrie ne peut être à côté del’arithmétique, qui est de nature a priori,mais plutôt à côté de la mécanique 44 ».Le premier à avoir transformé ce doute<strong>en</strong> certitude est Lobatchevski 45 . En développant<strong>une</strong> géométrie, sans contradiction, surla base d’<strong>une</strong> négation du Postulat d’Euclide« Il existe <strong>une</strong> droite a et un point A non situésur celle-ci, tels que le point A soit traversé parau moins deux droites qui ne coup<strong>en</strong>t pas ladroite a tout <strong>en</strong> étant dans le même plan ». Lobatchevskiétablissait définitivem<strong>en</strong>t que toutet<strong>en</strong>tative de démonstration du Postulat étaitvouée à l’échec, que d’autres géométries quecelle d’Euclide étai<strong>en</strong>t logiquem<strong>en</strong>t possibles.En conséqu<strong>en</strong>ce, la vérité de la géométried’Euclide, non remise <strong>en</strong> question et évid<strong>en</strong>tepuisqu’elle était le cadre de l’expression deslois de la philosophie naturelle 46 , ne pouvaitêtre établie que par l’expéri<strong>en</strong>ce. C’est cequ’exprime clairem<strong>en</strong>t Lobatchevski lui-même,croyant pouvoir établir la vérité de la géométried’Euclide par des expéri<strong>en</strong>ces astronomiques :« Dans mon mémoire sur les principes de la39


REPERES - IREM. N° 63 - avril 2006LES TRANSFORMATIONSEN GEOMETRIE …géométrie, j’ai prouvé <strong>en</strong> m’appuyant surquelques observations astronomiques, quedans un triangle dont les côtés sont de lamême grandeur que de la terre au soleil, lasomme des angles ne peut différer de deuxdroits au plus que de 0,0003 secondes sexagésimales.On doit donc regarder la propositionde la géométrie usitée comme démontréeavec rigueur ». 47L’irruption des géométries non euclidi<strong>en</strong>nes,leur diffusion dans les années 1860auront pour effet de promouvoir les thèsesmatérialistes qui subordonn<strong>en</strong>t la géométrieà la physique et plus particulièrem<strong>en</strong>tà la mécanique. Ces thèses seront corroboréeset r<strong>en</strong>forcées par le mémoire de Riemann sur« les hypothèses qui serv<strong>en</strong>t de fondem<strong>en</strong>ts àla géométrie » (1854). Riemann r<strong>en</strong>ouvelantle « concept » même de géométrie, montrantla diversité des géométries possibles sur <strong>une</strong>variété de dim<strong>en</strong>sion n, r<strong>en</strong>voie explicitem<strong>en</strong>tà la physique pour les critères de choix.En résumé, la possibilité reconnue d’<strong>une</strong>multiplicité de géométries possibles, toutes logiquem<strong>en</strong>tvalides, pose le problème de la justificationdu choix euclidi<strong>en</strong> fait pour l’expressiondes lois de la physique. Ces choix nepeuv<strong>en</strong>t être fournis que par la physique ellemêmeet plus particulièrem<strong>en</strong>t par la mécaniquedont les concepts fondam<strong>en</strong>taux et primordiaux,notion de solide invariable,mouvem<strong>en</strong>t d’un solide dans l’espace, vontfournir aux savants de l’époque le cadre de lajustification, voire de la refondation desaxiomes d’Euclide.B) Le problème de l’origine des axiomes. <strong>Les</strong>travaux de refondation de la géométrie.Helmholtz <strong>en</strong> Allemagne (1865) et à sa suiteHoüel <strong>en</strong> France (1867) accréditèr<strong>en</strong>t la thèseselon laquelle « les propositions fondam<strong>en</strong>talesde la géométrie correspond<strong>en</strong>t à des relationsphysiques dont l’expéri<strong>en</strong>ce seule peut nous fournirla connaissance », et m<strong>en</strong>èr<strong>en</strong>t des recherchesayant pour objet de caractériser la géométriede l’espace physique par les propriétés desmouvem<strong>en</strong>ts. Helmholtz élabora le premier <strong>une</strong>caractérisation de la géométrie de l’espacephysique par les propriétés des mouvem<strong>en</strong>ts<strong>en</strong>visagés comme <strong>transformations</strong> de pointsdans <strong>une</strong> région de l’espace qui aura <strong>une</strong> postéritéconsidérable avec notamm<strong>en</strong>t les travauxde Lie.En France, ce mouvem<strong>en</strong>t d’idées trouveraun zélateur <strong>en</strong> la personne de J. Hoüel par son« Essai critique sur les principes fondam<strong>en</strong>tauxde la géométrie élém<strong>en</strong>taire ». J. Hoüels’y élève contre « ... <strong>une</strong> suite d’idées inexactessur la nature et l’origine des vérités primordialesde la sci<strong>en</strong>ce de l’ét<strong>en</strong>due » dont la sourceest « ... le faux point de vue métaphysiqueoù l’on s’est placé <strong>en</strong> considérant la géométriecomme <strong>une</strong> sci<strong>en</strong>ce de raisonnem<strong>en</strong>t pur, et nevoulant admettre parmi ces axiomes que desvérités nécessaires et du domaine de la pureraison ». Cela le conduit à donner aux axiomesun statut différ<strong>en</strong>t « des autres vérités géométriquesque l’expéri<strong>en</strong>ce nous révèle <strong>en</strong>dehors de toute étude sci<strong>en</strong>tifique et que la géométrierattache à ces axiomes comme conséqu<strong>en</strong>ces». Il y a donc eu erreur sur la naturede la géométrie qui « ... comme la mécaniqueet la physique a pour objet d’étude <strong>une</strong> grandeurconcrète, l’ét<strong>en</strong>due, affectant nos s<strong>en</strong>sd’<strong>une</strong> certaine manière ». 48J. Hoüel illustre ces thèses <strong>en</strong> discutant,ce qui reste à ses yeux, <strong>en</strong> dépit de tous leslivres parus sur le sujet, le modèle d’expositiondes Elém<strong>en</strong>ts de Géométrie : le traitéd’Euclide. J. Hoüel traducteur de Lobatchevski,Bolyai, Riemann sait qu’il y a mul-40


REPERES - IREM. N° 63 - avril 2006LES TRANSFORMATIONSEN GEOMETRIE …tiplicité des géométries possibles et <strong>en</strong> déduit,conformém<strong>en</strong>t à l’idéologie de l’époque que « lanature intime des vérités géométriques » n’estpas de l’ordre de la logique mais de celui del’expéri<strong>en</strong>ce. La géométrie d’Euclide est la« géométrie réelle ou expérim<strong>en</strong>tale » autrem<strong>en</strong>tdit la géométrie vraie et ses axiomes noussont révélés par l’expéri<strong>en</strong>ce, l’instrum<strong>en</strong>t dela révélation étant le mouvem<strong>en</strong>t.Aux axiomes, demandes, définitions duLivre I d’Euclide, J. Hoüel propose « d’<strong>en</strong>ajouter <strong>une</strong>... dont Euclide fait souv<strong>en</strong>t unusage tacite, quoiqu’il semble avoir voulud’abord l’éviter.... Nous demandons qu’<strong>une</strong>figure invariable de forme puisse être transportéed’<strong>une</strong> manière quelconque dans sonplan ou dans l’espace ». 49Pour J. Hoüel, l’origine des « idées géométriques», la « véritable source » des propositionsest cont<strong>en</strong>ue dans les termes de lanouvelle demande :« Toute la géométrie est fondée sur l’idée del’invariabilité des formes. On comm<strong>en</strong>cerapar admettre qu’il existe dans les figures <strong>une</strong>certaine propriété qui subsiste lorsque cesfigures se trouv<strong>en</strong>t transportées dans <strong>une</strong> autrerégion de l’espace ».<strong>Les</strong> concepts de base de la mécaniquefond<strong>en</strong>t la géométrie 50 . L’étude géométriquedu mouvem<strong>en</strong>t faite par Poinsot 51 , Chasles,etc., <strong>en</strong> fournit les syntaxes par la translationet la rotation. Ces idées vont trouver <strong>une</strong> traductiondidactique dans les « Nouveaux Elém<strong>en</strong>tsde Géométrie » de Ch. Méray (1874).C) La traduction didactique de Charles Méray.Ch. Méray repr<strong>en</strong>d à Helmholtz et àHoüel cette idée que l’expéri<strong>en</strong>ce du mouvem<strong>en</strong>tdes corps dans l’espace est la matrice detoutes les idées géométriques et <strong>en</strong> fait lapierre angulaire d’un ouvrage qui vise à améliorerl’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t de la géométrie élém<strong>en</strong>taire.La démarche suivie, dans le but « d’éleverl’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t théorique sans imposerplus d’efforts aux élèves, simplifier l’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>tpratique sans l’abaisser à ne mettre<strong>en</strong> jeu que la mémoire... chercher à ôter auxdébuts de la géométrie leur caractère aride ettout à fait scolastique », se fait par des innovationshardies qui boulevers<strong>en</strong>t l’ordre d’expositiontraditionnel. Ch. Méray innove surdeux points « J’ai abandonné la distinctiond’usage <strong>en</strong>tre la géométrie plane et la géométriedans l’espace... puisque la nature ne nousoffre que des figures de l’espace ». 52« J’ai changé la base première des raisonnem<strong>en</strong>ts<strong>en</strong> substituant d’autres faits auxaxiomes reçus ». Ces faits sont :• l’expéri<strong>en</strong>ce de l’invariabilité des corpssolides qui par abstraction conduit à la notionde figure invariable, c’est-à-dire qui peut être« déplacée dans l’espace » sans être altérée danssa forme et ses dim<strong>en</strong>sions,• l’expéri<strong>en</strong>ce de la coïncid<strong>en</strong>ce qui conduit àcelles de figures égales. Deux figures solidessont égales quand on peut (au moins par lap<strong>en</strong>sée) les am<strong>en</strong>er à coïncider.Ce qui conduit à préciser la notion dedéplacem<strong>en</strong>t « on <strong>en</strong>t<strong>en</strong>d par déplacem<strong>en</strong>td’<strong>une</strong> figure un mouvem<strong>en</strong>t limité, <strong>en</strong> vertuduquel elle passe d’<strong>une</strong> première position diteinitiale, à <strong>une</strong> seconde dite finale ».Méray définit et étudie les deux déplacem<strong>en</strong>tsqui permett<strong>en</strong>t <strong>en</strong> mécanique der<strong>en</strong>dre compte des mouvem<strong>en</strong>ts d’un corps dansl’espace : le mouvem<strong>en</strong>t de translation et le41


REPERES - IREM. N° 63 - avril 2006LES TRANSFORMATIONSEN GEOMETRIE …mouvem<strong>en</strong>t de rotation, qui sont des déplacem<strong>en</strong>ts.Le mouvem<strong>en</strong>t de translation est alors lerévélateur des parallélismes et de leurs propriétéset le mouvem<strong>en</strong>t de rotation des perp<strong>en</strong>dicularitéset de leurs propriétés. Le postulatd’Euclide devi<strong>en</strong>t alors <strong>une</strong> banalepropriété qui dérive de la possibilité d’am<strong>en</strong>er<strong>une</strong> droite <strong>en</strong> <strong>une</strong> autre position par translation.La géométrie ainsi construite aux référ<strong>en</strong>tsexternes : « la réalité des choses », « lanature », « les faits », « des vérités considérablespar elles-mêmes », « ... que l’origine premièredes vérités géométriques est incontestablem<strong>en</strong>texpérim<strong>en</strong>tale (il est bi<strong>en</strong> difficile devoir dans l’évid<strong>en</strong>ce mathématique autre chosequ’un souv<strong>en</strong>ir net et prés<strong>en</strong>t de l’exactitudede faits simples mille et mille fois observés...) »,est alors nécessairem<strong>en</strong>t euclidi<strong>en</strong>ne. Elle estla géométrie vraie, la géométrie expérim<strong>en</strong>talefondée sur les mouvem<strong>en</strong>ts de translationet de rotation qui r<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t compte de façon infinitésimaleet finie de tout déplacem<strong>en</strong>t desfigures ou des corps solides.Cette reconstruction de la géométrie aam<strong>en</strong>é au premier plan deux mouvem<strong>en</strong>tsqui fur<strong>en</strong>t traités syntaxiquem<strong>en</strong>t comme des<strong>transformations</strong> par la seule considérationdes états initiaux ou finaux : la translation etla rotation 53 . Celles-ci occuperont <strong>une</strong> placefondam<strong>en</strong>tale dans l’œuvre de F. Klein qui caractériserales géométries par des groupes de<strong>transformations</strong>.V. <strong>Les</strong> <strong>transformations</strong>et la classification des géométries.Au début des années 1870 émerge <strong>une</strong> nouvelleconception de la géométrie dans laquellela notion de transformation occupe <strong>une</strong>place c<strong>en</strong>trale et sera dotée d’un nouveaustatut. <strong>Les</strong> travaux de Riemann et Helmholtzdéjà m<strong>en</strong>tionnés, ceux de Galois et Jordan surla théorie des groupes eur<strong>en</strong>t pour postéritéimmédiate ceux de S. Lie et de F. Klein 54 quiimposèr<strong>en</strong>t, à l’issue d’<strong>une</strong> synthèse originaleet novatrice, le point de vue selon lequel toutegéométrie est caractérisée par un groupe de<strong>transformations</strong>, l’œuvre déterminante estcelle de F. Klein connue sous le nom de « Programmed’Erlang<strong>en</strong> ».Ce texte, publié <strong>en</strong> 1872, « considérationscomparatives sur les recherches géométriquesmodernes » expose un « principe général » quipermet d’édifier la géométrie élém<strong>en</strong>taire etla géométrie projective (dont les li<strong>en</strong>s étai<strong>en</strong>tmal élucidés) et, par ext<strong>en</strong>sion, de décrire lesrapports de dép<strong>en</strong>dance qu’ont les différ<strong>en</strong>tesgéométries <strong>en</strong>tre elles : subordinations ouisomorphie.Klein comm<strong>en</strong>ce par caractériser les propriétésqui font l’objet de la géométrie élém<strong>en</strong>tairepar un groupe de <strong>transformations</strong>,le groupe principal :« Il y a des <strong>transformations</strong> de l’espace quin’altèr<strong>en</strong>t <strong>en</strong> ri<strong>en</strong> les propriétés géométriquesdes figures. Par nature, ces propriétés sont,<strong>en</strong> effet, indép<strong>en</strong>dantes de la situation occupéedans l’espace par la figure, de sa grandeurabsolue, et <strong>en</strong>fin aussi du s<strong>en</strong>s dans lequelses parties sont disposées. <strong>Les</strong> déplacem<strong>en</strong>tsde l’espace, les <strong>transformations</strong> avec similitudeet celles par symétrie n’altèr<strong>en</strong>t doncpas les propriétés des figures, non plus queles <strong>transformations</strong> composées avec les précéd<strong>en</strong>tes.Nous appelons groupe principal de<strong>transformations</strong> de l’espace l’<strong>en</strong>semble de toutesces <strong>transformations</strong> ; les propriétés géométriquesne sont pas altérées par les <strong>transformations</strong>du groupe principal. La réci-42


REPERES - IREM. N° 63 - avril 2006LES TRANSFORMATIONSEN GEOMETRIE …proque est égalem<strong>en</strong>t vraie : les propriétésgéométriques sont caractérisées par leurinvariance relativem<strong>en</strong>t aux <strong>transformations</strong>du groupe principal ».Klein ét<strong>en</strong>d <strong>en</strong>suite ce point de vue :« comme généralisation de la géométrie sepose ainsi la question générale que voici :Etant donnés <strong>une</strong> multiplicité et un groupede <strong>transformations</strong> de cette multiplicité,<strong>en</strong> étudier les êtres au point de vue des propriétésqui ne sont pas altérées par les <strong>transformations</strong>du groupe.On donne <strong>une</strong> multiplicité et un groupe de<strong>transformations</strong> de cette multiplicité ; développerla théorie des invariants relatifs à cegroupe».Ce point de vue permet à Klein :• de subordonner les géométries et de mettreainsi <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce leurs li<strong>en</strong>s internes. Ilmontre ainsi que le groupe des <strong>transformations</strong>projectives conti<strong>en</strong>t le groupe des <strong>transformations</strong>affines (les <strong>transformations</strong> projectivesdu plan qui laiss<strong>en</strong>t invariantes la droiteà l’infini) qui conti<strong>en</strong>t lui-même le groupe dela géométrie élém<strong>en</strong>taire, etc.,• de montrer :— l’isomorphie de la géométrie projective dela droite et de la géométrie projective dessystèmes de points d’<strong>une</strong> conique,— l’id<strong>en</strong>tité de la géométrie par rayons vecteursréciproques dans le plan et de la géométrieprojective sur <strong>une</strong> surface du second degré,• de montrer que la géométrie de Lobatchevskiest subordonnée à la géométrie projective.Klein a donc mis <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce le fait quele concept de groupe de <strong>transformations</strong> permettaitd’établir des relations <strong>en</strong>tre les différ<strong>en</strong>tesgéométries (li<strong>en</strong>s de subordination)— de sérier et de classer les différ<strong>en</strong>ts typesde propriétés géométriques (projectives,métriques, etc.) — de dégager l’id<strong>en</strong>tité structuralede géométries <strong>en</strong> appar<strong>en</strong>ce étrangèresles <strong>une</strong>s aux autres.<strong>Les</strong> travaux de F. Klein opèr<strong>en</strong>t un déplacem<strong>en</strong>tde l’intérêt porté aux <strong>transformations</strong>géométriques de l’instrum<strong>en</strong>tal vers le structuralqui aura pour effet de libérer la géométriede ses bases empiriques, d’éliminer l’intuitifdes raisonnem<strong>en</strong>ts et de libérer les résultatsproduits de l’adéquation à un certain typed’expérim<strong>en</strong>tal ou d’observable comme modede validation ultime 55 . Cela implique unr<strong>en</strong>ouvellem<strong>en</strong>t des conceptions quant auxrapports <strong>en</strong>tre le théorique et l’expérim<strong>en</strong>talqui ne peut être développé ici 56 .Dans les déc<strong>en</strong>nies qui suivront le programmed’Erlang<strong>en</strong>, les <strong>transformations</strong>seront au cœur de la géométrie 57 et Poincarévoit dans la notion de groupe de déplacem<strong>en</strong>tsla notion primordiale et fondam<strong>en</strong>talede la géométrie 58 , mieux <strong>en</strong>core : <strong>une</strong>catégorie de l’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dem<strong>en</strong>t « Dans notreesprit préexistait l’idée lat<strong>en</strong>te d’un certainnombre de groupes : ce sont ceux dont Lie afait la théorie ».VI. <strong>Les</strong> premières traditions didactiques.La première tradition didactique 54 futinstaurée par M. Chasles lui-même, par son<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t à la chaire de Géométrie Supérieureà la Faculté des Sci<strong>en</strong>ces de Paris et parla publication de son Traité de GéométrieSupérieure. Paradoxalem<strong>en</strong>t, alors qu’il avaitété l’apologiste et le propagandiste de laméthode des <strong>transformations</strong> dans l’« Aperçuhistorique » 59 , après avoir contribué lui43


REPERES - IREM. N° 63 - avril 2006LES TRANSFORMATIONSEN GEOMETRIE …même à lui donner la plus grande ext<strong>en</strong>sionpossible par ses travaux sur l’homographie etla dualité, il donne à cette méthode structuranteet unifiante pour l’<strong>en</strong>semble des savoirsgéométriques, <strong>une</strong> place marginale.Il ne leur consacre <strong>en</strong> effet que trois destr<strong>en</strong>te cinq chapitres du Traité de GéométrieSupérieure :Chapitre XXV « Théorie des figures homographiques».Chapitre XXVI « Théorie des figures corrélatives».Chapitre XXVII « Des applications de lathéorie des figures homographiques et de cellesdes figures corrélatives regardées commeméthodes de démonstration »Ce chapitre donne la clé du paradoxe évoquéci-dessus. Chasles y rappelle que :« Ces <strong>transformations</strong> donn<strong>en</strong>t le moy<strong>en</strong>d’appliquer à <strong>une</strong> figure les propriétés d’<strong>une</strong>figure plus simple... ».« Ou bi<strong>en</strong> un problème étant proposé àl’égard d’<strong>une</strong> figure, on cherche à le résoudresur la plus simple des figures transformées».« Avec <strong>une</strong> figure donnée, on <strong>en</strong> forme <strong>une</strong>seconde, aux propriétés de la première figurecorrespond<strong>en</strong>t des propriétés de la secondequi dériv<strong>en</strong>t de la première <strong>en</strong> vertu despropriétés générales qui ont lieu <strong>en</strong>tre deuxfigures corrélatives ».Chasles y explique <strong>en</strong>suite « Pourquoil’on ne fait pas usage dans le cours de cetouvrage des méthodes de transformation ».Bi<strong>en</strong> que ne r<strong>en</strong>iant pas les « méthodes ingénieusesqui ont <strong>en</strong>richi la sci<strong>en</strong>ce d’<strong>une</strong> foulede vérités dont on n’avait pas eu l’idée auparavant...et que la géométrie doit connaître »,Chasles évite d’y recourir car, « Par lesméthodes de transformation, on fait un théorèmedéterminé avec un autre théorème déjàconnu. On peut former ainsi <strong>une</strong> collectionplus ou moins ample de propositions », et lespropositions obt<strong>en</strong>ues « manqu<strong>en</strong>t de li<strong>en</strong>s<strong>en</strong>tre elles », ne se laissant pas « déduire les<strong>une</strong>s des autres » et ne peuv<strong>en</strong>t donc pas formerun corps de doctrine. « Nous avons cherché,au contraire, à former un <strong>en</strong>semble de propositionsconstituant par leur <strong>en</strong>chaînem<strong>en</strong>tnaturel des théories et un corps de doctrinessusceptibles d’applications fécondes danstoutes les parties de la géométrie. »« Il nous a donc fallu démontrer directem<strong>en</strong>tchac<strong>une</strong> de ces propositions, ... par lespropres ressources que peuv<strong>en</strong>t offrir les théoriesauxquelles elles se rapport<strong>en</strong>t ».Chasles écrit un traité ; un traité obéità <strong>une</strong> logique déterminée par le modèle desElém<strong>en</strong>ts d’Euclide resté canonique jusqu’auxtemps prés<strong>en</strong>ts. <strong>Les</strong> <strong>transformations</strong> sontmarginalisées au nom de cette logique. Néanmoins,<strong>une</strong> grande partie du traité de GéométrieSupérieure est consacrée à l’étude d<strong>en</strong>otions dont l’importance a été révélée par laméthode des <strong>transformations</strong> : « Théorie durapport anharmonique, de la division homographiqueet de l’involution » qui se rapport<strong>en</strong>taux invariants des projections c<strong>en</strong>trales,révélés par Desargues et Poncelet. Ces théoriesconduis<strong>en</strong>t à celles des divisions et faisceauxhomographiques qui ont un rôle c<strong>en</strong>traldans le Traité.D’autres cours et traités vont suivre celuide M. Chasles, dans lesquels la méthode des<strong>transformations</strong> se verra conférer l’importancequi lui a été reconnue à partir des travauxde J.V. Poncelet 60 . Paul Serret dans44


REPERES - IREM. N° 63 - avril 2006LES TRANSFORMATIONSEN GEOMETRIE …« Des Méthodes <strong>en</strong> Géométrie » 61 la décrit dansla onzième méthode : « Par la transformationdes figures — Réflexions générales sur l’importancede cette méthode » :« Cette méthode, l’<strong>une</strong> des plus importanteset des plus fécondes de la géométrieest certainem<strong>en</strong>t celle qui a le plus puissamm<strong>en</strong>tservi les géomètres de notre siècledans leurs efforts pour reculer les bornes dela sci<strong>en</strong>ce de leurs prédécesseurs. Ceux-ciparaiss<strong>en</strong>t l’avoir à peu près ignorée...Dans notre siècle au contraire, d’émin<strong>en</strong>tsgéomètres, parmi lesquels nousciterons M.M. Poncelet, Chasles et Dupin,ont cultivé cette méthode avec <strong>une</strong> sorte deprédilection...C’est donc de nos jours seulem<strong>en</strong>t quecette méthode a réellem<strong>en</strong>t pris naissance ;et des fruits qu’elle a déjà portés, des r<strong>approche</strong>m<strong>en</strong>tsinatt<strong>en</strong>dus qu’elle établit sifréquemm<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre des figures diverses , ilest permis de conclure qu’elle constitue la véritableméthode <strong>en</strong> géométrie, et doit le mieuxcontribuer à agrandir indéfinim<strong>en</strong>t le champdes vérités géométriques...».P. Serret exemplifie son propos par <strong>une</strong>prés<strong>en</strong>tation, <strong>une</strong> étude et diverses applications<strong>en</strong> géométrie plane et <strong>en</strong> géométriesphérique de la transformation par rayons vecteursréciproques 62 .M. Höuel dans « Introduction à la géométriesupérieure » 63 qui se propose de mettre àla disposition des élèves et candidats aux concoursles méthodes modernes, bi<strong>en</strong> que pr<strong>en</strong>ant pourbase le traité de M. Chasles redonne à la méthodedes <strong>transformations</strong> un rôle c<strong>en</strong>tral.« On sait que les théories de l’anci<strong>en</strong>ne géométrie,telles que les expose le traité deLeg<strong>en</strong>dre, sont dev<strong>en</strong>ues insuffisantes pourrésoudre <strong>une</strong> foule de questions que les élèvessont appelés à traiter. Le but que nous proposonsest d’exposer... les méthodes modernesqui devi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t alors indisp<strong>en</strong>sables 64 . Pourcela, nous n’avons pu mieux faire que depr<strong>en</strong>dre pour base de notre travail le Traitéde Géométrie Supérieure de M. Chasles... »Le traité de M. Chasles est <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t fondésur le rapport anharmonique : <strong>en</strong> effet, ungrand monum<strong>en</strong>t a besoin d’unité ; mais unélève, aux prises avec <strong>une</strong> question difficile,frappe à toutes les portes pour demander<strong>une</strong> solution... Aussi nous avons rappelé lesidées dont M. Poncelet a tiré un si grandparti... ».Le traité se termine par un chapitreconsacré à « la rotation des figures et qui n’estpas exclusivem<strong>en</strong>t consacré à la géométriepure » 65 .Ces méthodes ne feront longtemps quel’objet d’app<strong>en</strong>dices dans les traités de géométrieélém<strong>en</strong>taire 66 .Des élém<strong>en</strong>ts de « géométrie moderne » liésà la théorie des <strong>transformations</strong> : inversion,perspective, homographies,... seront introduitsau niveau de la classe de mathématiqueslors de la réforme 1902 - 1905 (voir articleVI). La translation, le mouvem<strong>en</strong>t de rotation,l’homothétie feront leur apparition dans le programmede la classe de mathématiques élém<strong>en</strong>taires<strong>en</strong> 1891, selon les conceptionsexprimées par J. Höuel, développées par Ch.Méray (voir articles IV et V). La traditiondidactique qui se constituera pour l’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>tde ces notions nouvelles sera déterminéepar le livre de J. Peters<strong>en</strong> : « problèmesde constructions géométriques » 67 proposant« Méthodes et théories pour la résolution desproblèmes de constructions géométriques avec45


REPERES - IREM. N° 63 - avril 2006LES TRANSFORMATIONSEN GEOMETRIE …application à plus de 400 problèmes ». Dansce livre, J. Peters<strong>en</strong> met <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce <strong>une</strong> classede problèmes, les constructions géométriqueset les recherches de lieux géométriques,pour lesquels translation, rotation,homothétie, inversion etc... trouv<strong>en</strong>t un vastechamp d’application où elles s’avèr<strong>en</strong>t très efficaces.<strong>Les</strong> exemples développés par J. Peters<strong>en</strong>(voir article VI) seront la mine danslaquelle les auteurs de livres d’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>tiront puiser leurs exercices sur le sujetjusqu’aux années 1970, qui marqueront laquasi disparition de l’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t de la géométrie« pure » 68 .ConclusionsI — Ce bref historique suffit à montrer queles <strong>transformations</strong> géométriques ont étéconsidérées sous trois aspects, apportant dessolutions à trois problématiques étrangèresles <strong>une</strong>s aux autres qu’il convi<strong>en</strong>t de bi<strong>en</strong>discerner pour leur <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t.1) La méthode des <strong>transformations</strong> fut crééedans le cadre de la géométrie des figures etmême plus étroitem<strong>en</strong>t dans le cadre de la théoriedes coniques, comme méthode pour découvriret démontrer par transport de certainespropriétés — les invariants de la transformation— d’<strong>une</strong> configuration simple, où celles-cipeuv<strong>en</strong>t être démontrées, à des configurationsplus complexes 69 . Elle fut <strong>en</strong>suite ét<strong>en</strong>due parla méthode des polaires réciproques <strong>en</strong> <strong>une</strong>méthode qui permet de doubler les théorèmesde la géométrie par reflet de toutepropriété P d’<strong>une</strong> configuration C <strong>en</strong> <strong>une</strong>propriété P* de la configuration duale C*obt<strong>en</strong>ue.Ces méthodes qui ont <strong>en</strong>thousiasmé lesgéomètres des XVIIème et XIXème siècles, quiont conduit ces derniers à p<strong>en</strong>ser, eu égard àleur fécondité, qu’elles constituai<strong>en</strong>t « la véritableméthode <strong>en</strong> géométrie », mérit<strong>en</strong>t d’être<strong>en</strong>seignées comme telles 70 <strong>en</strong> les faisant agirdans un champ d’application privilégié 71 : lathéorie des coniques 72 .2) Le mode de correspondance des figurespar <strong>transformations</strong> intervint dans le cadrede la problématique de la refondation de lagéométrie élém<strong>en</strong>taire — euclidi<strong>en</strong>ne —comme géométrie vraie, car expérim<strong>en</strong>tale.D’autres <strong>transformations</strong> seront alors considéréescomme métaphore du mouvem<strong>en</strong>t quiamène <strong>une</strong> figure d’<strong>une</strong> position de l’espaceà <strong>une</strong> autre (translation, rotation), comme métaphoredes procédés d’agrandissem<strong>en</strong>t - rétrécissem<strong>en</strong>t(homothétie) et comme syntaxepour l’égalité et la similitude des figures 73 . C’estdans ce cadre que ces <strong>transformations</strong> prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>tun intérêt 74 , ou dans le cadre étroitdes constructions géométriques développépar J. Peters<strong>en</strong> 75 .3) <strong>Les</strong> <strong>transformations</strong> jou<strong>en</strong>t, par lanotion de groupe de <strong>transformations</strong>, un rôlemajeur dans le cadre d’<strong>une</strong> classification etd’<strong>une</strong> hiérarchisation des géométries. F. Kleina montré que cette notion de « groupe de<strong>transformations</strong> » était l’instrum<strong>en</strong>t d’<strong>une</strong>étude structurale des géométries puisqu’ilpermettait d’id<strong>en</strong>tifier par isomorphie desgéométries <strong>en</strong> appar<strong>en</strong>ce étrangères les <strong>une</strong>saux autres, d’établir des li<strong>en</strong>s de subordination<strong>en</strong>tre des géométries dont on voyait malles li<strong>en</strong>s qui pouvai<strong>en</strong>t les unir et donc de hiérarchiserespaces et propriétés géométriques76. Ce point de vue ne peut être abordé qu’àun niveau avancé.II — L’étude des programmes des quatre dernièresdéc<strong>en</strong>nies permet de distinguer sommairem<strong>en</strong>ttrois grandes périodes.46


REPERES - IREM. N° 63 - avril 2006LES TRANSFORMATIONSEN GEOMETRIE …1) Dans les années 60, les <strong>transformations</strong>faisai<strong>en</strong>t l’objet de longs développem<strong>en</strong>ts dansla classe de mathématiques élém<strong>en</strong>taires. Leprogramme comportait <strong>une</strong> longue partie surles <strong>transformations</strong> : Translations - Rotations- Homothéties - Similitudes - Affinités- Inversions - Transformations par polaires réciproques.Celles-ci trouvai<strong>en</strong>t des champsd’application dans les autres parties du programme: Descriptive - Cinématique - Théoriedes coniques et dans deux grandes classesde problèmes : problèmes de lieux géométriqueset problèmes de construction. Cesderniers initiés par J. Peters<strong>en</strong> (Problèmes deconstructions géométriques 77 ) faisai<strong>en</strong>t l’objetd’un appr<strong>en</strong>tissage systématique et donnai<strong>en</strong>taux translations, rotations, etc., un lieu d’applicationsprivilégié.La géométrie projective, les homographies,la dualité figurai<strong>en</strong>t aux programmesde Math. Sup et de Math. Spé.Ces programmes avai<strong>en</strong>t <strong>une</strong> grandecohér<strong>en</strong>ce d’un point de vue épistémologique.Ils s’inscrivai<strong>en</strong>t dans la première traditionhistorique de la géométrie pure.2) Dans les années 70, après la réformedes maths modernes, les <strong>transformations</strong>conservai<strong>en</strong>t <strong>une</strong> grande place dans le programmede terminale C. Elles étai<strong>en</strong>t alorsintroduites par l’algèbre linéaire et lesgroupes. Leur étude était m<strong>en</strong>ée ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>tpar voie analytique et vectorielle.L’acc<strong>en</strong>t était mis sur la notion d’espace : Transformationsaffines - Espaces projectifs - Harmonicité- Espace affine euclidi<strong>en</strong> - Pôles etpolaires par rapport à un cercle - Isométriesvectorielles et affines - Similitudes - Notionssur le groupe circulaire du plan - Inversion- Espace anallagmatique. <strong>Les</strong> problématiquesde la structuration de l’espace et dela subordination des géométries affines,euclidi<strong>en</strong>nes et projectives étai<strong>en</strong>t mises aupremier plan et celle de la géométrie desfigures étai<strong>en</strong>t mises au second plan bi<strong>en</strong> qu<strong>en</strong>on négligées. Ces programmes avai<strong>en</strong>t euxaussi <strong>une</strong> grande cohér<strong>en</strong>ce d’un point de vueépistémologique. Ils s’inscrivai<strong>en</strong>t dans la troisièmetradition historique.3) La grande cohér<strong>en</strong>ce épistémologiquede ces programmes ne les mettait pas à l’abrides critiques et des réformes.<strong>Les</strong> programmes des années 60 fur<strong>en</strong>tréformés car jugés vieillots et n’<strong>en</strong>tret<strong>en</strong>antplus de li<strong>en</strong>s avec le savoir savant del’époque et les programmes de l’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>tsupérieur.<strong>Les</strong> programmes des années 70 fur<strong>en</strong>tréformés <strong>en</strong> raison des difficultés r<strong>en</strong>contréespour leur <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t, mettant aucœur de celui-ci la notion de structureavant qu’il y ait quoi que ce soit à structurerpour les élèves.<strong>Les</strong> programmes qui suivir<strong>en</strong>t diminuèr<strong>en</strong>tfortem<strong>en</strong>t la part de la géométrie. Ils negardèr<strong>en</strong>t des <strong>transformations</strong> que la rotation,la translation, les symétries, la similitude etles isométries, sans problématique propre,sans champ d’application clair.Contrairem<strong>en</strong>t aux précéd<strong>en</strong>ts, ces programmes:• ne relèv<strong>en</strong>t plus d’auc<strong>une</strong> tradition historiqueet n’ont donc plus de cohér<strong>en</strong>ce épistémologique.• ne s’inscriv<strong>en</strong>t clairem<strong>en</strong>t dans auc<strong>une</strong> problématiquede résolution de problèmes et <strong>en</strong>conséqu<strong>en</strong>ce fonctionn<strong>en</strong>t sur des problèmes47


REPERES - IREM. N° 63 - avril 2006LES TRANSFORMATIONSEN GEOMETRIE …d’inspiration disparate, voire sur de purescréations didactiques.Ils sont utilisés soit comme outil dedémonstration, le plus souv<strong>en</strong>t non nécessaire(voir translation – homothétie), soitcomme simple langage démonstratif, et doncdans des cadres où ils ne pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t pas s<strong>en</strong>s.A la lumière de ce qui précède, il nesemble pas abusif d’affirmer que la finalité d’un<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t des <strong>transformations</strong> visée parces programmes n’est pas claire et mériteraitd’être réexaminée.BibliographieNotion de Transformation ; élém<strong>en</strong>ts pour <strong>une</strong> étude historique et épistémologique,Irem de Poitiers,Article I : La g<strong>en</strong>èse de la notion de transformation. <strong>Les</strong> premières <strong>transformations</strong>. 1994.Article II : La redécouverte. L’influ<strong>en</strong>ce de l’œuvre de Monge. L’œuvre capitale de Poncelet.1995.Article III : Le concept maîtrisé. L’époque de Chasles. 1997.Article IV : <strong>Les</strong> apports externes. 1998.Article V : Le problème du mouvem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> géométrie. 1995.Article VI : La constitution d’<strong>une</strong> tradition didactique. 1999.Article VII : <strong>Les</strong> <strong>transformations</strong> et la classification des géométries. 1998.<strong>Les</strong> sommaires de ces brochures sont consultables sur le site de l’IREM de Poitiers : http://irem.univpoitiers.fr/Ces articles conti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t <strong>une</strong> bibliographie importante.On pourra consulter <strong>en</strong> particulier :M. Chasles, Aperçu Historique sur le Développem<strong>en</strong>t des Méthodes <strong>en</strong> Géométrie (1837)D. Hilbert, <strong>Les</strong> Fondem<strong>en</strong>ts de la GéométrieJ. Hoüel, Essai Critique sur les Principes Fondam<strong>en</strong>taux de la Géométrie Élém<strong>en</strong>taire (1867)F. Klein, Programme d’Erlang<strong>en</strong>G. Monge, Géométrie Descriptive (1799)J.V. Poncelet, Traité des Propriétés Projectives des Figures (1822)R. Taton, L’œuvre Mathématique de G. DesarguesR. Taton, L’œuvre mathématique de G. Monge48


REPERES - IREM. N° 63 - avril 2006LES TRANSFORMATIONSEN GEOMETRIE …Notes :1 Sept articles, écrits par Jean Claude Thiénard,publiés par l’IREM de Poitiers ont étéconsacrés au sujet. Ceux-ci r<strong>en</strong>ferm<strong>en</strong>t de trèslarges extraits expliqués et comm<strong>en</strong>tés desgrands auteurs qui ont créé et développé leconcept de transformation et la méthode detransformation.2 Voir bibliographie3 XIVe siècle itali<strong>en</strong>4 Une copie faite par De La Hire sera retrouvéeet publiée par Poudra <strong>en</strong> 1864. Un exemplairedu texte original sera retrouvé à la bibliothèqu<strong>en</strong>ationale <strong>en</strong> 1950.5 Celles-ci étant nombreuses et n’ayant paseu de postérité, constitu<strong>en</strong>t un obstacle à<strong>une</strong> première lecture du texte. Un effort de<strong>une</strong> à deux heures permet de franchir cetobstacle.6 (KI) (HG) (PQ) sont <strong>en</strong> involution signifieQI.QK QG.QHque : ––––– = –––––– .PI.PK PG.PH7 Le langage est évidemm<strong>en</strong>t anachronique.L’anachronisme sera systématiquem<strong>en</strong>t utilisé,<strong>en</strong> dépit de l’inconvéni<strong>en</strong>t majeur qu’il ad’éloigner des modes de p<strong>en</strong>sée des auteurs,voire de les dénaturer, comme outil de laforme brève.8 Selon l’expression de Leibniz.9 Trichotomie : ellipse, hyperbole, parabole,jusque là observée depuis le Traité des coniquesd’Apollonius (262-180 avant J.C.).10 1640. Cet essai r<strong>en</strong>ferme le fameux théorèmesur l’hexagramme mystique.11 Celui-ci s’est perdu après que Leibniz l’aitconsulté <strong>en</strong> 1676.12 La géométrie de Descartes (1637) fonde, aveccertains travaux de Fermat la géométrie analytique.13 Le calcul infinitésimal est créé conjointem<strong>en</strong>tet de manière apparemm<strong>en</strong>t indép<strong>en</strong>dantepar Leibniz et Newton dans les années1660-1670. <strong>Les</strong> méthodes de la géométrie à lamanière des anci<strong>en</strong>s resteront vivaces <strong>en</strong>Angleterre. Halley Mac Laurin, Simson, Stewart,Taylor resteront dans le cadre des «Principesmathématiques de la philosophie naturelle»de Newton pour donner des solutions auxproblèmes de leur époque. Sur le contin<strong>en</strong>t cesméthodes tomberont dans l’oubli.14 Le mot Arguési<strong>en</strong>ne est construit sur le nomde Desargues.15 La géométrie descriptive fut l’objet deleçons à l’école normale <strong>en</strong> l’an 1793. Elle futpubliée par Hachette <strong>en</strong> 1799.16 De la corrélation des figures <strong>en</strong> géométrie(1801).Géométrie de Position (1803).Essai sur la théorie des transversales (1806).17 Publiée <strong>en</strong> 1822.18 Problème classique de l’architecture militairequi consiste à construire les murs de protectiondes fortifications <strong>en</strong> fonction des accid<strong>en</strong>tsdu terrain, de façon à être protégé destirs d’artillerie de l’<strong>en</strong>nemi. Selon les méthodesclassiques, ce type de problème se résolvait parapproximations successives et exigeait delourds et nombreux calculs (se rapporter àl’article II).19 Michel Chasles, dans «Aperçu historique».20 Dans sa préface, Poncelet évoque longuem<strong>en</strong>tles travaux de Desargues qu’il connaîtà travers ses disciples ou ses <strong>en</strong>nemis.Pour Poncelet, Desargues est le «Monge de sonsiècle».21 Voir article II, III 1) a) pour des détails.Ce principe a son origine dans le principe des49


REPERES - IREM. N° 63 - avril 2006LES TRANSFORMATIONSEN GEOMETRIE …relations conting<strong>en</strong>tes de Monge. Il énonce quesi l’on passe d’<strong>une</strong> figure à <strong>une</strong> autre par« degrés ins<strong>en</strong>sibles » ou par un « mouvem<strong>en</strong>tcontinu » certaines propriétés métriquesou descriptives démontrées pour l’<strong>une</strong> d’ellesseront <strong>en</strong>core vraies pour l’autre, même sicertains élém<strong>en</strong>ts ont disparu.22 Ces derniers avai<strong>en</strong>t déjà été considérés parDesargues.23 Ceux-ci avai<strong>en</strong>t déjà été bouleversés parDesargues.24 « Desargues, ami illustre de Descartes, etdont celui-ci faisait le plus grand cas commegéomètre, fut, je crois, le premier d’<strong>en</strong>tre lesmodernes qui <strong>en</strong>visagea la géométrie sous lepoint de vue général que je vi<strong>en</strong>s de faireconnaître ». Poncelet25 Hormis la transformation par polairesréciproques (cf infra).26 Poncelet27 Dès 1823, Poncelet rédigera un mémoire« Théorie générale des polaires réciproques »qu’il prés<strong>en</strong>tera à l’Académie <strong>en</strong> avril 1824.28 Elles fur<strong>en</strong>t l’œuvre de Chasles, Gergonne,Bobillier.... <strong>en</strong> France, et de Steiner,Möbius, Plücher, Von Staudt... <strong>en</strong> Allemagne.29 <strong>Les</strong> annales mathématiques fondées parJ.D. Gergonne (de 1810 à 1831), la correspondancemathématique et physique fondéepar A. Quételet, le Journal de Crelle, etc.30 Cité de l’<strong>en</strong>cyclopédie des sci<strong>en</strong>ces mathématiquespures et appliquées. Article de G.Fano (1915).31 Introduction à l’« Aperçu historique sur l’origineet le développem<strong>en</strong>t des méthodes <strong>en</strong>géométrie ».32 Le seul exemple connu à l’époque.33 On notera que le point de vue est global.Ces <strong>transformations</strong> ou déformations sontconsidérées par leur action sur les figures etnon sur les élém<strong>en</strong>ts d’un espace ; elles sontdéfinies par leur action sur les différ<strong>en</strong>ts élém<strong>en</strong>tsconstitutifs des figures : points, droites,plans, tang<strong>en</strong>tes...34 Le rapport anharmonique d’un faisceau dequatre plans est le rapport anharmoniquedes quatre points d’intersection d’<strong>une</strong> droiteavec ces quatre plans. Ce rapport est un invariant: il ne dép<strong>en</strong>d pas de la droite.35 Dans les œuvres des prédécesseurs, cellesciapparaiss<strong>en</strong>t comme modes de correspondanceparticuliers et effectifs.36 « Systematische Entwickelung der Abhängigkcitgeometrisher gestalt<strong>en</strong> von einander». (1832).37 Chasles publie le « Traité des sectionsconiques » <strong>en</strong> 1865. Dans ce traité les coniquessont caractérisées par :« La courbe, lieu des points d’intersection desrayons homologues de deux faisceaux homographiques,est <strong>une</strong> section conique qui passepar les c<strong>en</strong>tres des deux faisceaux ».ou l’énoncé dual« La courbe, <strong>en</strong>veloppe des droites qui joign<strong>en</strong>tdeux à deux les points homologues dedeux divisions homographiques faites sur deuxdroites est <strong>une</strong> section conique tang<strong>en</strong>te àces deux droites ».38 Chasles milita pour la création d’<strong>une</strong>chaire de géométrie supérieure à la facultédes sci<strong>en</strong>ces de Paris. Celle-ci fut créée <strong>en</strong> 1846.Il fut le premier à l’occuper. L’ess<strong>en</strong>tiel des coursqu’il y professa fit l’objet du « Traité de GéométrieSupérieure » (1852) (cf infra.)39 Une autre transformation sera introduiteet utilisée dans le cadre de la géométrie desfigures : la transformation par rayons vecteursréciproques (inversion <strong>en</strong> termes modernes)qui aura <strong>une</strong> grande importance parmi lesméthodes nouvelles <strong>en</strong> géométrie.40 Expression de Gauss pour caractériser les50


REPERES - IREM. N° 63 - avril 2006LES TRANSFORMATIONSEN GEOMETRIE …géométries de Bolyai et Lobatchevski.41 De façon précise l’élaboration de géométriesniant l’axiome des parallèles appelé Postulatd’Euclide.42 Dont un équival<strong>en</strong>t est l’exist<strong>en</strong>ce d’<strong>une</strong>unique parallèle passant par un point donnéà <strong>une</strong> droite donnée.43 Se reporter à l’article IV pour les détails.44 Lettre à Olhers 1817.45 <strong>Les</strong> premiers mémoires sont de 1829. Ilsseront suivis par celui de Bolyai (1832). Ilsemble que ce dernier possédait déjà sesrésultats <strong>en</strong> 1823.46 Terme par lequel on désignait l’<strong>en</strong>sembledes sci<strong>en</strong>ces d’observation dans lesquelles<strong>en</strong>trait la physique.47 Lobatchevski - Géométrie (1835). L’énoncé: « la somme des angles d’un triangle estégale à deux droits » est un équival<strong>en</strong>t duPostulat d’Euclide. Dans la géométrie deLobatchevski, la somme des angles d’un triangleest inférieure à deux droits et cettesomme croît avec les dim<strong>en</strong>sions du triangle.La différ<strong>en</strong>ce de cette somme à deux droits nepeut donc être mise expérim<strong>en</strong>talem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>évid<strong>en</strong>ce, qu’<strong>en</strong> considérant des trianglesastronomiques.48 Dans cette conception les vérités géométriquess’ordonn<strong>en</strong>t <strong>en</strong> deux catégories :1) celles qui nous sont révélées par les s<strong>en</strong>sau travers des expéri<strong>en</strong>ces les plus ordinairesde la vie. Certaines (théorèmes) peuv<strong>en</strong>tapparaître comme conséqu<strong>en</strong>ces logiqued’autres (axiomes) et la limite <strong>en</strong>tre axiomeset théorèmes est arbitraire,2) celles plus cadrées qui apparaîtront àl’issue d’<strong>une</strong> démarche déductive et qui a posterioriseront confirmées (ou non infirmées)par l’expéri<strong>en</strong>ce.49 J. Hoüel affirme qu’Euclide a recours aumouvem<strong>en</strong>t de façon tacite. Ce point est longuem<strong>en</strong>tanalysé dans l’article V.50 Newton affirmait déjà que « la géométrieest fille de la méchanique... ».51 Voir article IV.52 Cette distinction hiérarchique faite dansEuclide a toujours été reconduite dans lesouvrages didactiques.53 L’œuvre de Méray fait l’objet d’<strong>une</strong> étudedétaillée dans l’article IV. On pourra notamm<strong>en</strong>ty voir comm<strong>en</strong>t Méray r<strong>en</strong>d compte dela deuxième grande problématique de la géométrieélém<strong>en</strong>taire, celle de la similitude desfigures par l’homothétie (la première étant cellede la congru<strong>en</strong>ce des figures traitée par les déplacem<strong>en</strong>ts).54 Voir article VII pour <strong>une</strong> étude détaillée.55 Rappelons que pour Méray, par exemple,les énoncés de la géométrie élém<strong>en</strong>tairesont factuels et qu’<strong>en</strong> conséqu<strong>en</strong>ce leur véritéultime résulte moins du raisonnem<strong>en</strong>tqui les produit que de l’adéquation à certainesexpéri<strong>en</strong>ces. Dans la dialectique de l’interneet de l’externe, l’externe est primordial. Ily a r<strong>en</strong>versem<strong>en</strong>t des termes de cette dialectiquedans l’optique de Klein.56 Voir article VII.57 Même si la construction faite par Hilbertdans les « Fondem<strong>en</strong>ts de la géométrie » comm<strong>en</strong>cepar énoncer les axiomes de congru<strong>en</strong>ceindép<strong>en</strong>damm<strong>en</strong>t de la notion de déplacem<strong>en</strong>t.Voir article VI.58 Se reporter à l’article VI pour <strong>une</strong> étudedétaillée.59 La méthode des <strong>transformations</strong> a « donnélieu aux méthodes qui constituait la géométrieréc<strong>en</strong>te »... « Ces modes de <strong>transformations</strong>sont autant de moy<strong>en</strong>s sûrs, de moules,pour ainsi dire qui serv<strong>en</strong>t à créer à volontédes vérités géométriques sans nombre ».51


REPERES - IREM. N° 63 - avril 2006LES TRANSFORMATIONSEN GEOMETRIE …60 Par M. Chasles lui-même. (Cf supra).61 1855.62 Voir article VI.63 1865.64 Souligné par l’auteur.65 Rotation et translation sont des mouvem<strong>en</strong>tsqui apparti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t à la mécanique. Elles comm<strong>en</strong>c<strong>en</strong>tà <strong>en</strong>trer dans la géométrie, sousforme de <strong>transformations</strong> par considérationsdes positions initiales et finales et par lathéorie du c<strong>en</strong>tre instantané de rotation développéepar M. Chasles et déjà très usitée parses contemporains : voir articles III et IV.66 Voir les différ<strong>en</strong>tes éditions du traité de géométriede Rouché et Comberousse.67 Cop<strong>en</strong>hague 1866. Traduit <strong>en</strong> français <strong>en</strong>1879.68 Selon l’expression de M. Chasles.69D’où la méthode plus complexe, immédiatem<strong>en</strong>télaborée, qui consiste pour démontrer<strong>une</strong> propriété P d’<strong>une</strong> configuration C complexe:1) à trouver <strong>une</strong> transformation (bijective) ftelle que P soit invariante par f et C’ = f(C) soit<strong>une</strong> configuration plus simple2) à démontrer P sur C ‘ et à déduire le résultatsur CC’est cette démarche qui donne à la méthodesa fécondité.70 En insistant sur l’aspect méthodologique :le transport ou le reflet de propriété et doncsur la notion d’invariant...En faisant ressortir l’aspect culturel, <strong>en</strong> explicitantles li<strong>en</strong>s <strong>en</strong>tre dessins <strong>en</strong> perspectiveet projection c<strong>en</strong>trale et la méthode des plansqui <strong>en</strong> découle : homologie, etc.71 Pour rester à un niveau élém<strong>en</strong>taire.72 Cela permet d’insister sur le fait que les<strong>transformations</strong> intéressantes dans le cadrede la géométrie des figures sont a priori cellesqui déform<strong>en</strong>t.A cet égard, le petit traité de J.F Le Poivre resteun modèle du g<strong>en</strong>re. Il conduit avec simplicitéet <strong>une</strong> grande économie de moy<strong>en</strong>s à despropriétés substantielles des différ<strong>en</strong>tesconiques.73 Voir la géométrie de C. Méray par exemple.74 Ou dans celui qui sera évoqué ci-après (cfinfra).75 S’initier à ce type de problème demande uninvestissem<strong>en</strong>t important <strong>en</strong> temps et il n’ya guère de saupoudrage possible <strong>en</strong> la matière.76 La géométrie élém<strong>en</strong>taire est alors caractériséepar ce que F. Klein appelle le groupeprincipal <strong>en</strong>g<strong>en</strong>dré par les rotations, translations,homothéties et symétries.77 <strong>Les</strong> nombreux exercices sur ce thème quirempliront les manuels scolaires p<strong>en</strong>dant desdéc<strong>en</strong>nies seront directem<strong>en</strong>t inspirés voirerecopiés de ce petit livre.52

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