REPERES - IREM. N° 63 - avril 2006LES TRANSFORMATIONSEN GEOMETRIE …La configuration étudiée est fondam<strong>en</strong>tale,puisqu’elle va servir de support à l’<strong>introduction</strong>des pôles et polaires.Elle est étudiée <strong>en</strong> utilisant toutes lesressources de la méthode des <strong>transformations</strong>mises <strong>en</strong> place dans les chapitres précéd<strong>en</strong>ts.La configuration n’est pas nouvelle et les propriétésobt<strong>en</strong>ues sont déjà connues.Elles figur<strong>en</strong>t soit dans le « Traité des Sectionsconiques » de De La Hire (1673 et 1685)soit dans « l’Algèbre » posthume de Mac Laurin(1748).La méthode des <strong>transformations</strong> prouve<strong>une</strong> fois de plus sa fécondité par les possibilitésqu’elle offre pour rep<strong>en</strong>ser et fédérer,simplem<strong>en</strong>t, des savoirs anci<strong>en</strong>s. La démarchesuivie est exemplaire de l’usage fait de laméthode des Transformations par Ponceletdans le Traité.1) Étude d’<strong>une</strong> configuration complexe :Étant donnés, dans <strong>une</strong> conique, un quadrilatèreinscrit ABCD et le quadrilatère circonscritformé par les tang<strong>en</strong>tes <strong>en</strong> A, B, C etD à la conique, déterminer a) les points deconcours des différ<strong>en</strong>tes lignes et b) les relations<strong>en</strong>tre les points d’<strong>une</strong> même ligne.2) On transforme par projection la configurationcomplexe <strong>en</strong> <strong>une</strong> plus simple, Poncelet choisit,cela existe, la projection qui transforme laconique <strong>en</strong> un cercle et la droite déterminéepar M = AB ∩ CD et L = BC ∩ DA <strong>en</strong> la droitede l’infini. <strong>Les</strong> deux quadrilatères sontalors transformés <strong>en</strong> deux rectangles, l’uninscrit et l’autre circonscrit au cercle.3) Étude des propriétés de la nouvelle configuration.Cela posé, par chacun des sommets A, B,C, D m<strong>en</strong>ons <strong>une</strong> tang<strong>en</strong>te au cercle pourformer le parallélogramme circonscrit abcd,dont les côtés opposés vont par conséqu<strong>en</strong>tconcourir à l’infini ; traçons les diagonalesAC et BD, ac et bd, elles passeront par le c<strong>en</strong>treP, et, de plus, les deux dernières seront parallèlesaux côtés du quadrilatère ABCD, ouconcourront avec eux à l’infini. M<strong>en</strong>ons <strong>en</strong>findes tang<strong>en</strong>tes aux points E et G, F et H où cesmêmes diagonales coup<strong>en</strong>t la circonfér<strong>en</strong>ce,elles seront, deux à deux, parallèles <strong>en</strong>treelles et aux côtés du rectangle inscrit, et irontpar conséqu<strong>en</strong>t concourir avec eux <strong>en</strong> deuxpoints à l’infini ; de plus, toutes les droites,partant du c<strong>en</strong>tre P et terminées à la circonfér<strong>en</strong>ceou aux côtés opposés des deuxquadrilatères ABCD, abcd, sont divisés <strong>en</strong>parties égales <strong>en</strong> ce point, et peuv<strong>en</strong>t êtreregardées comme coupées harmoniquem<strong>en</strong>tpar ce même point et par celui qui est à l’infini,etc.Si l’on se reporte maint<strong>en</strong>ant à la figureprimitive, les droites parallèles <strong>en</strong>tre ellesseront dev<strong>en</strong>ues concourantes <strong>en</strong> des pointsde la droite qui représ<strong>en</strong>te celle à l’infini ; lec<strong>en</strong>tre P sera dev<strong>en</strong>u le pôle de cette droite ettout le reste sera le même de part et d’autre ;donc on a ce théorème :186. Si on inscrit, à <strong>une</strong> section conique,un quadrilatère quelconque ABCD (fig.28), et qu’on lui <strong>en</strong> circonscrive un autreabcd, dont les côtés touch<strong>en</strong>t la courbeaux sommets du premier,1°. <strong>Les</strong> quatre diagonales de ces deux quadrilatèresse croiseront <strong>en</strong> un mêmepoint P.2°. <strong>Les</strong> points de concours, L et M, l et m,des côtés opposés du quadrilatère inscritet du quadrilatère circonscrit, seront34
REPERES - IREM. N° 63 - avril 2006LES TRANSFORMATIONSEN GEOMETRIE …Poncelet et ses contemporains verrontimmédiatem<strong>en</strong>t la fécondité de ce procédé 27qui permettait de doubler les vérités de la géotousquatre rangés sur <strong>une</strong> même droitepolaire de P.3°. <strong>Les</strong> diagonales du quadrilatère circonscritiront concourir respectivem<strong>en</strong>taux points L et M où se coup<strong>en</strong>t, deux àdeux, les côtés opposés du quadrilatèreinscrit.4°. Chacun de ces derniers points est lepôle de la droite, ou diagonale, qui passepar l’autre et par le point P ; ou, ce quirevi<strong>en</strong>t au même, c’est le point de concoursdes tang<strong>en</strong>tes qui correspond<strong>en</strong>t à cettediagonale.5°. Toute ligne droite, passant par lepoint P et terminée à la section coniqueou à deux côtés opposés de l’un des quadrilatères,est divisée harmoniquem<strong>en</strong>t<strong>en</strong> ce même point et <strong>en</strong> celui où la droiter<strong>en</strong>contre sa polaire LM ; et pareillechose a lieu à l’égard des points L, M parrapport aux droites PM et PL dont ils sontles pôles.4)Transport par projection inverse des propriétésprojectives, mises <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce, à la configurationinitiale.On notera que, d’un point de vue syntaxique,l’opération 4) n’a pas besoin d’être explicitéepuisque toute propriété — projective —qui apparti<strong>en</strong>t à l’<strong>une</strong> des figures apparti<strong>en</strong>tà l’autre étant donné qu’elles sont projectionl’<strong>une</strong> de l’autre, et qu’il suffit donc de se« reporter » à la figure primitive...Le texte de la démonstration semble suffisamm<strong>en</strong>tclair pour ne nécessiter ni paraphrases,ni explications.Cette théorie des pôles et polaires conduisit<strong>en</strong>suite Poncelet à <strong>une</strong> ébauche de la Théoriedes <strong>transformations</strong> par polaires réciproques.Il définit <strong>en</strong> effet l’image par polaireréciproque — par rapport à <strong>une</strong> conique donnée— d’<strong>une</strong> courbe quelconque considérée soit,comme générée par le mouvem<strong>en</strong>t d’un point,soit comme <strong>en</strong>veloppe d’<strong>une</strong> droite variable.Il termine <strong>en</strong> remarquant « ... on peut mêmedire <strong>en</strong> général, qu’il n’existe auc<strong>une</strong> relationdescriptive d’<strong>une</strong> figure donnée dans son planqui n’ait sa réciproque dans <strong>une</strong> autre figure ;car tout consiste à examiner ce qui se passe danssa polaire réciproque par rapport à <strong>une</strong> sectionconique prise pour directrice... ».Il y a donc là création d’<strong>une</strong> méthode,qui permet, par transformation, de découvriret de démontrer dans le même temps <strong>une</strong>foule de propriétés nouvelles. Il suffit étantdonnée <strong>une</strong> configuration, de la transformerpar polaires réciproques, toute propriété de laconfiguration initiale se trouve alors reflétéedans la configuration image.35