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la lettre - Filmer en Alsace

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histoires de filmsDans l’actualité alsaci<strong>en</strong>ne et lorraine, il y a Jean-Marie Straub qui a tourné l’automne dernier Un Héritier <strong>en</strong> <strong>Alsace</strong> et <strong>la</strong> rétrospectiveDanièle Huillet et Jean-Marie Straub au c<strong>en</strong>tre Pompidou à Metz. Mais une actualité est une chose qui passe… L’œuvre des Straub, elle,est dans <strong>la</strong> résistance à l’actualité, tout <strong>en</strong> ne cessant d’interroger l’ici et maint<strong>en</strong>ant. Il y a vingt ans, une bande d’amis (l’associationLa Montagne brûle) organisait à Strasbourg <strong>la</strong> première rétrospective complète de leur œuvre. Aucun cinéma n’avait accepté deprojeter les films, et c’est au Maillon et à Pôle Sud que les projections eur<strong>en</strong>t lieu. Puis ce fut un cycle proposé par Cinéart à Metz.Pour un certain nombre d’<strong>en</strong>tre nous <strong>la</strong> découverte de ces films fut un choc qui est resté profondém<strong>en</strong>t gravé dans nos mémoires.Le dernier film de Jean-Marie Straub, est, à notre s<strong>en</strong>s, une excell<strong>en</strong>te porte d’<strong>en</strong>trée pour ceux qui ne connaiss<strong>en</strong>t pas <strong>en</strong>core leursfilms, pour ceux qui ont <strong>la</strong> chance d’avoir devant eux cette découverte à faire !Un héritier de Jean-Marie Straub2Straub, l’ami lorrainUn Héritier est un film empreint d’une grande t<strong>en</strong>dresse et certainem<strong>en</strong>tl’un des plus beaux films sur l’<strong>Alsace</strong> et les Alsaci<strong>en</strong>s. Un vieil hommeavec une canne (Jean-Marie Straub) et un jeune homme (Joseph Rottner, unjeune acteur alsaci<strong>en</strong> que l’on découvre avec bonheur, tant son int<strong>en</strong>sitétraverse le film) march<strong>en</strong>t et parl<strong>en</strong>t sur un chemin près du mont Sainte-Odile, puis à une table d’auberge. Le texte de Barrès, spl<strong>en</strong>dide, nousarrive et résonne, non pas comme une histoire anci<strong>en</strong>ne qui se raconteraitmais comme une photographie qui se révèle sous nos yeux. Il y a aussi unephrase dans le film qui nous paraît être une définition exacte de Jean-MarieStraub : « Je suis un héritier ; je n’ai ni l’<strong>en</strong>vie, ni le droit d’abandonner desrichesses déjà créées. » On p<strong>en</strong>se à tout le chemin parcouru et aux filmsfaits à deux, les Straub comme on les appe<strong>la</strong>it, on p<strong>en</strong>se à Danièle Huillet,disparue <strong>en</strong> 2006 et au courage de Jean-Marie de continuer à créer seul.André Warynski : Un Héritier est comme un deuxième volet, le volet alsaci<strong>en</strong> du filmLothring<strong>en</strong> ! Pourquoi désiriez-vous faire ce film ?Jean-Marie Straub : Un Héritier, c’est un chapitre du livre de Barrès Auservice de l’Allemagne qu’il a écrit <strong>en</strong> fait avant Colette Baudoche, d’oùest extrait Lothring<strong>en</strong> ! Ce qui m’a intéressé ce n’est pas Barrès <strong>en</strong> tant queBarrès. Il est le seul intellectuel parisi<strong>en</strong> qui n’a pas trouvé ça normal,que c’est monstrueux qu’on fasse cadeau de deux parties d’un pays auvainqueur parce que <strong>la</strong> banque de France était <strong>en</strong> faillite. C’est ça l’histoire.Et le 1 er octobre 1872, on a dit aux g<strong>en</strong>s : puisque vous n’avez pas quitté lepays, vous êtes Allemands, sans faire le moindre référ<strong>en</strong>dum ni demanderquoi que ce soit à quiconque. J’ai eu <strong>la</strong> curiosité de regarder le roman deBarrès, que je p<strong>en</strong>sais postérieur à Colette Baudoche pour voir ce qu’i<strong>la</strong>vait écrit par rapport à l’<strong>Alsace</strong> et ce chapitre m’a intéressé, <strong>en</strong> dehorsde plein de trucs insupportables comme il y <strong>en</strong> a chez lui sur les grossiersAllemands, etc. C’est un petit film narratif, j’avais <strong>en</strong>vie de refaire un filmnarratif sur quelque chose où je m’étais posé des questions. Et puis j’aimebi<strong>en</strong> les Alsaci<strong>en</strong>s, ce sont les seuls Français qui ont autant d’ironie queCorneille, mais personne ne le sait !A.W. : D’où vi<strong>en</strong>t votre acteur ? Et comm<strong>en</strong>t avez-vous travaillé ?J-M.S. : C’est un jeune gars que j’ai r<strong>en</strong>contré il y a dix ans, et que je revoyaissans cesse dans tous les coins, à Paris et ailleurs, et même à Buti. Il m’adit un jour qu’il était Alsaci<strong>en</strong> et comme c’est un loulou un peu bizarre…Avec lui, on a travaillé deux mois à l’hôpital parce que je ne pouvais pasbouger et <strong>en</strong>suite deux mois chez moi à Paris. Moi, j’ai beaucoup moinsde texte que l’Alsaci<strong>en</strong>, j’ai juste des questions, mais c’est un texte trèsdifficile parce qu’il est tout à fait prosaïque et <strong>en</strong> même temps ce n’est pasde <strong>la</strong> littérature journalistique, c’est un très beau texte.Tout est <strong>en</strong> extérieur. Le chemin qui desc<strong>en</strong>d vers <strong>la</strong> maison forestière,une table de bistro à <strong>la</strong> maison forestière et <strong>en</strong>suite le mur paï<strong>en</strong>. Il y atrois séqu<strong>en</strong>ces et trois décors, <strong>la</strong> plus longuec’est le mur paï<strong>en</strong> avec l’acteur, dix p<strong>la</strong>ns. C’estun cadrage répété par opposition aux deuxpremières parties du film.Marie Frering : Comm<strong>en</strong>t se fait-il que le film ne soit pasprés<strong>en</strong>té à <strong>la</strong> rétrospective ?J-M.S. : Exceptionnellem<strong>en</strong>t on a cédé à un petitchantage fréqu<strong>en</strong>t du festival de Jeonju <strong>en</strong> Corée,ils ont mis un peu de sous dans le film et ilsvou<strong>la</strong>i<strong>en</strong>t avoir l’exclusivité pour le festival finavril et on a cédé, on a eu tort, parce que maint<strong>en</strong>antpersonne ne sait que le film existe. Paradoxalem<strong>en</strong>t,le film sur l’<strong>Alsace</strong>, c’est les Coré<strong>en</strong>squi le financ<strong>en</strong>t, avec une avance du CNC et del’arg<strong>en</strong>t de <strong>la</strong> Région <strong>Alsace</strong>…M.F. : C’était un choix de tourner <strong>en</strong> numérique ?J-M.S. : Oui, j’avais choisi le numérique avant,pour des questions pratiques, pour le travellingdans le chemin qui ouvre le film je ne vou<strong>la</strong>ispas de grosse caméra. Peut-être que si le 16existait <strong>en</strong>core je l’aurais tourné <strong>en</strong> 16. J’avaisfait l’expéri<strong>en</strong>ce avec le Dante de <strong>la</strong> caméra RED4K mais je n’avais pas <strong>en</strong>vie de pr<strong>en</strong>dre cettemachine-là pour tourner <strong>en</strong> <strong>Alsace</strong>, ça dev<strong>en</strong>aitabsurde, inutilem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>combrant. Le numérique,ça n’a pas que des inconvéni<strong>en</strong>ts. C’estcomme tous les soi-disant progrès techniques, etc’est ça <strong>la</strong> malédiction… si c’était seulem<strong>en</strong>t unerégression comme le dit Godard mais ce n’estpas ça, il y a toujours un petit truc qui fait que c<strong>en</strong>’est pas uniquem<strong>en</strong>t trois pas <strong>en</strong> arrière, c’estdeux pas…M.F. : Vous n’avez pas de nostalgie ?J-M.S. : Évidemm<strong>en</strong>t, c’est frustrant au niveau de<strong>la</strong> définition, mais comme nous avons toujoursrefusé le côté pictural parce que le cinéma c’estde <strong>la</strong> photo, <strong>en</strong> numérique sans le chercheron trouve quelque chose qui dans certainescirconstances se rapproche de <strong>la</strong> peinture. Doncce n’est pas seulem<strong>en</strong>t une déperdition.Mais je déteste les étalonnages. Quand les g<strong>en</strong>sfont de l’étalonnage et qu’on leur demande cequ’ils font, ils dis<strong>en</strong>t « on essaye ». Il vaut mieux<strong>en</strong> <strong>la</strong>isser le moins possible à l’étalonnage. C’est


comme une drogue pour les jeunes qui sont là, par exemple au Fresnoy,ils dis<strong>en</strong>t « On sait pas, on veut voir ce que ça donne », alors ils font çaavec n’importe quel film, ils ne sav<strong>en</strong>t pas pourquoi ils le font ni quelintérêt ça a…M.F. : Vous avez une histoire avec l’<strong>Alsace</strong> ?J-M.S. : P<strong>en</strong>dant <strong>la</strong> guerre comme on ne pouvait pas aller ailleurs onal<strong>la</strong>it dans les Vosges avec les scouts. Je connaissais pas mal les Vosgesmais je n’y avais pas remis les pieds depuis <strong>la</strong> fin de <strong>la</strong> guerre. Et puisj’avais une chambre d’étudiant à Strasbourg <strong>en</strong> face de <strong>la</strong> brasserieKron<strong>en</strong>bourg, au rez-de-chaussée, et je regardais les ouvriers <strong>en</strong>trer etsortir à bicyclette ou à pied de l’usine…Propos recueillis par André Warynski et Marie FreringMusées et cinéma !S’il est un art que les musées n’arriv<strong>en</strong>t décidém<strong>en</strong>t pas à considérer vraim<strong>en</strong>t,c’est bi<strong>en</strong> le 7 e . L’exposition Chefs-d’œuvre ? au C<strong>en</strong>tre Pompidou-Metz où a lieu<strong>la</strong> rétrospective prés<strong>en</strong>tait des films (dont La visite au Louvre de Danièle Huillet etJean-Marie Straub) qui tournai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> boucle sur des écrans de télévision incrustésdans les murs ! Dans les auditoriums, il est quasim<strong>en</strong>t impossible de projetercorrectem<strong>en</strong>t un film, tellem<strong>en</strong>t l’équipem<strong>en</strong>t et le personnel sont inadaptés, ri<strong>en</strong> n’aété conçu pour le cinéma. Il <strong>en</strong> résulte, malgré les efforts de Cinéart qui a préparé <strong>la</strong>rétrospective, une mise à distance des œuvres des Straub plus qu’un rapprochem<strong>en</strong>tavec le public et <strong>la</strong> recherche d’un nouveau public. Acc<strong>en</strong>tué par <strong>la</strong> prés<strong>en</strong>tation parthématiques, – ce fléau contemporain –, <strong>la</strong> rétrospective est muséale au mauvaiss<strong>en</strong>s du terme. Et même si Jean-Marie Straub et d’autres invités y résist<strong>en</strong>t pourne pas dev<strong>en</strong>ir des figures de cire, cette belle idée de rétrospective dans <strong>la</strong> vill<strong>en</strong>atale de Straub garde l’image d’un événem<strong>en</strong>t sorti de <strong>la</strong> réalité, et n’invite pasles Messins à se dire que ces films les regard<strong>en</strong>t et qu’ils sont invités à autre chosequ’à admirer une œuvre. Décidém<strong>en</strong>t, il faudra continuer à déf<strong>en</strong>dre leur cinémapied à pied, ce que toute <strong>la</strong> communication déployée par le Musée est incapable defaire, qui r<strong>en</strong>force l’idée d’une œuvre inaccessible à d’autres qu’aux initiés. Une idéeà l’inverse de l’œuvre des Straub, une idée qui r<strong>en</strong>force et bétonne les séparations !Europa 2005, un cinétract (sur youtube)En 2005, une chaîne de télévision itali<strong>en</strong>ne propose à des cinéastes dont DanièleHuillet et Jean-Marie Straub, de faire un Europa 2005, <strong>en</strong> référ<strong>en</strong>ce à Europa 51 deRoberto Rossellini. Les cinéastes y répond<strong>en</strong>t par ce cinétract, 10 minutes et 34secondes, un p<strong>la</strong>n répété cinq fois et deux phrases. Le point de départ du film : Le27 octobre 2005 à Clichy-sous-Bois, trois jeunes garçons affolés, poursuivis par <strong>la</strong>police, se réfugi<strong>en</strong>t dans le périmètre interdit d'un transformateur électrique. Deuxvont mourir, brûlés vifs, Bouna et Zyed. À <strong>la</strong> question de pourquoi <strong>la</strong> répétition desp<strong>la</strong>ns, Jean-Marie Straub répond : « L’idée précise que nous avions derrière <strong>la</strong> tête,c’était de faire une oraison funèbre. Après tout, ils sont morts, ils ont bi<strong>en</strong> droit àun peu de pati<strong>en</strong>ce de notre part. » Un tombeau, comme ceux qu’écrivait Mal<strong>la</strong>rmé.Une tombe, comme celle qu’Antigone veut pour son frère.Europa 2005 est visible sur http://www.youtube.com/user/cinetractstraubfilms <strong>en</strong> fabricationJungle d’eau douceDocum<strong>en</strong>taire de 52’/43' de Serge Dumontet Thomas Weid<strong>en</strong>bach (HD)Invitation à plonger dans un monde fascinant : celui d’unpetit <strong>la</strong>c artificiel, dont l’histoire ressemble à un conte defées. Créé à l’origine pour extraire du gravier, un miracleécologique est <strong>en</strong> train de s’y produire : tout un biotope yr<strong>en</strong>aît et forme refuge pour des espèces rares et m<strong>en</strong>acées.Coproduction Seppia, Läng<strong>en</strong>grad Filmproduktion,Arte France, WDRfilms <strong>en</strong> fabricationMonsieur XDocum<strong>en</strong>taire de 52' de Régis Cael (HD)Jacques Huret devi<strong>en</strong>t brutalem<strong>en</strong>t amnésique à 30 ans.Il est interné comme inconnu dans un hôpital psychiatriqueparisi<strong>en</strong>. Un an plus tard, une <strong>en</strong>quête médicalepermet <strong>en</strong>fin de lui donner un nom. Un long processus dereconstruction s’annonce à lui.Coproduction Ère production, France télévisionsNotre-Dame de Reims,<strong>la</strong> cathédrale qui sourit à <strong>la</strong> vieDocum<strong>en</strong>taire de 52’ de Horst Brand<strong>en</strong>burg (HD)Sa réputation est mondiale. Pour son 800 e anni versaire,nous allons re<strong>la</strong>ter son destin <strong>en</strong> images fascinantes, grâceà des perspectives inédites et un dispo sitif techniqued’exception.Coproduction Ère production, BRB Filmproduktion, Francetélévisions, SWR, ARD, ZDF, SAT 3, avec le patronage de l’UnescoViombois, <strong>la</strong> bataille du hasardDocum<strong>en</strong>taire de 52’ de Christophe Lagrange (HDV)La bataille de Viombois reste inscrite comme une desvictoires militaires remportées par <strong>la</strong> Résistance. Le filminterroge aussi le bi<strong>en</strong>-fondé d’ordres donnés par desresponsables qui sembl<strong>en</strong>t ne pas avoir mesuré dansquelle tragédie ils embarquai<strong>en</strong>t les jeunes.Coproduction Ère production, Vosges télévisionDes bus à BeyrouthDocum<strong>en</strong>taire de 52’ de Aïdan Obrist (HD)À Beyrouth, 200 épaves de bus b<strong>la</strong>ncs à bandes bleuciel <strong>en</strong>tour<strong>en</strong>t un hangar. Ce sont les bus du servicepublic de transports <strong>en</strong> commun. Dans ce cimetière,des mécanici<strong>en</strong>s récupèr<strong>en</strong>t des pièces de rechange.À l'atelier, ils bricol<strong>en</strong>t, développ<strong>en</strong>t des astuces…Coproduction Ana films, Les Films de <strong>la</strong> Castagne3


nouvelles technologiesRévolution technique pour les salles de cinéma, <strong>la</strong> transition vers le numériquepose aussi <strong>la</strong> question du choix des films à numériser.Ne <strong>la</strong>isser personnesur le bord du cheminDans le cadre des dispositifs d’éducation à l’image, École au cinéma,Collège au cinéma et Lycé<strong>en</strong>s et appr<strong>en</strong>tis au cinéma, ce sont 178 filmsque le C<strong>en</strong>tre national de <strong>la</strong> cinématographie et de l’image animée (CNC)propose aux établissem<strong>en</strong>ts sco<strong>la</strong>ires français. Toute <strong>la</strong> diversité du7 e art y est représ<strong>en</strong>tée : du Cameraman de Buster Keaton au FantasticM. Fox de Wes Anderson, <strong>en</strong> passant par un “ bon” vieux Chabrol !À ce jour, ces films sont disponibles uniquem<strong>en</strong>t sur support arg<strong>en</strong>tique.Le CNC pr<strong>en</strong>d à sa charge le coût de fabrication des copies 35 mm(coût moy<strong>en</strong> de 1 000 euros). Ces dernières sont dupliquées à partir del’internégatif du film que déti<strong>en</strong>t le distributeur et sont <strong>en</strong>suite répartiessur le territoire français selon <strong>la</strong> demande des établissem<strong>en</strong>ts sco<strong>la</strong>ires.D’ici <strong>la</strong> fin 2012, tout le parc des cinémas français sera numérique. Ilest donc nécessaire que les dispositifs d’éducation à l’image s’adapt<strong>en</strong>taux changem<strong>en</strong>ts que subit l’exploitation cinématographique etnuméris<strong>en</strong>t leurs catalogues de films. Une partie de l’<strong>en</strong>veloppe globaledes 102 millions d’euros alloués par le CNC au passage au numériqueest destinée à cette numérisation du catalogue. Mais cette <strong>en</strong>velopp<strong>en</strong>e pourra pas couvrir l’<strong>en</strong>semble des frais. Cette restriction de budgetimpose donc une sélection des œuvres à numériser. Quels <strong>en</strong> sont lescritères ?Le choix des films à numériser est conditionné à <strong>la</strong> fois aux droits dedistribution et au matériel numérique préexistant. Un premier état deslieux a permis au CNC d’id<strong>en</strong>tifier les titres dont le mandat de droitde distribution sur le territoire français pr<strong>en</strong>ait fin prochainem<strong>en</strong>t.Ces films ont donc été retirés de <strong>la</strong> liste à numériser. Ensuite, le CNCs‘est intéressé aux œuvres qui possédai<strong>en</strong>t une copie HDTV. À partirde cette dernière, il est possible de créer un master numérique. Cettefabrication coûte <strong>en</strong>tre 3 500 et 5 000 euros. C’est à partir de ce masterque l’on peut dupliquer à grand nombre le DCP (Digital CinemaPackage), l’équival<strong>en</strong>t de <strong>la</strong> copie 35 mm dans le monde numérique.Cette fabrication coûte 100 euros.La plupart des 178 titres des trois dispositifs possèd<strong>en</strong>t le matérielpermettant cette fabrication. Pour les titres qui ne possèd<strong>en</strong>t pasd’élém<strong>en</strong>t numérique, ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t les films du Patrimoine, il estnécessaire de faire un télécinéma, c’est-à-dire de transférer le film del’internégatif vers un support vidéo. Cette opération coûte extrêmem<strong>en</strong>tcher (de 25 000 à 30 000 euros) et le CNC <strong>en</strong>core une fois doit faire unchoix dont le critère va dép<strong>en</strong>dre de <strong>la</strong> loi du marché, c’est-à-direcelle de l’offre et <strong>la</strong> demande. En effet, chaque dispositif d’éducationà l’image est coordonné de façon locale ou régionale. C’est au sein deces coordinations que le choix annuel des films se fait. Ainsi, le CNCvalidera <strong>la</strong> numérisation des films de répertoire les plus demandés parles <strong>en</strong>seignants.Pour les films les moins sollicités, il incombera aux ayants droit ouaux distributeurs de financer leur numérisation. Mais <strong>en</strong>core une fois,le CNC dans sa politique globale d’aide au passage au numériquea essayé de « ne <strong>la</strong>isser personne sur le bord du chemin » et desdispositifs d’aide sélective exist<strong>en</strong>t pour ce type de cas.Stéphanie Dalfeur, <strong>Alsace</strong> cinémasLe caméraman de Buster Keatonfilms <strong>en</strong> fabricationÀ mains nues – mit bloss<strong>en</strong>Händ<strong>en</strong> André WeckmannDocum<strong>en</strong>taire de 52’ écrit par Gérard Heinzet réalisé par A<strong>la</strong>in Jomy (HD)Ce film est avant tout le portrait d'un homme qui atraversé le XX e siècle, un poète amoureux de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngueet de l'humanité, à <strong>la</strong>quelle il r<strong>en</strong>d un hommage constantdans toute son œuvre.Coproduction Seppia, France 3 <strong>Alsace</strong>films <strong>en</strong> fabricationCambodge, après l’adieuDocum<strong>en</strong>taire de 52’ de Iv Charbonneau (HD)Il y a 35 ans, ma mère et mes tantes ont fui le Cambodgepour trouver refuge à Strasbourg. Après des années desil<strong>en</strong>ce, nous sommes décidés à y retourner <strong>en</strong>semble. Ilest temps de nous confronter à ce qu’a vécu notre famillesous le régime khmer rouge.Production Ana filmsR<strong>en</strong>contre(s) au sommetDocum<strong>en</strong>taire de 55’ de Sw<strong>en</strong> de Pauw,Pierre Roux et Éric Sch<strong>la</strong>f<strong>la</strong>ng (HDV)Au début d'avril 2009, 27 chefs d'État se sont réunis àStrasbourg à l'occasion du 60 e anniversaire de <strong>la</strong> créationde l'OTAN. Sous l'impulsion de différ<strong>en</strong>ts mouvem<strong>en</strong>tsd'oppo sition, un contre-sommet s'est organisé et un vil<strong>la</strong>geautogéré a été construit dans le quartier du Neuhof.Coproduction Projectile, Yvoir, Prom<strong>en</strong>ons-nous dans les boisDessine-moi un boutonCourt métrage de fiction de 8' de Gary Lebel (DV)Elliot a six ans et n'arrive pas à dormir. Son doudou <strong>en</strong>main, il déambule dans une ville fantasque et mystérieuseoù de bi<strong>en</strong> étranges grandes personnes vont lui offrir dequoi faire de beaux rêves. Reste que l'innoc<strong>en</strong>ce n'a pasde prix…Production Daroo productionsFarwestCourt métrage fiction de 20' de Célia Wag<strong>en</strong>führer (35 mm)Production Le Deuxième Souffle5


alsaceGeorges Heck est depuis toujours une cheville ouvrière de tous les rappro chem<strong>en</strong>ts pour servir le cinéma dans toutes ses dim<strong>en</strong>sions.Quittant Vidéo Les Beaux Jours, il est à prés<strong>en</strong>t responsable du départem<strong>en</strong>t audiovisuel et cinéma de <strong>la</strong> direction de <strong>la</strong> culture de<strong>la</strong> Ville et de <strong>la</strong> Communauté urbaine de Strasbourg. S’il est un homme pour qui chaque pas compte, Georges est aussi et surtout unvisionnaire pugnace. Chantiers <strong>en</strong> route, donc…6Georges HeckPHOTO DRChantierset perspectivesJoseph Tran Ti<strong>en</strong> Duc : Pouvez-vous nous brosserun portrait des changem<strong>en</strong>ts interv<strong>en</strong>us à <strong>la</strong> Ville ?Georges Heck : Le départem<strong>en</strong>t audiovisuel etcinéma fait partie de <strong>la</strong> direction de <strong>la</strong> culture.Son nouveau directeur, Jean-Louis Boullière, estarrivé début janvier, v<strong>en</strong>ant de Ca<strong>en</strong>, après êtrepassé par les Régions Midi-Pyrénées et Loire-At<strong>la</strong>ntique. C’est donc quelqu’un qui connaîtbi<strong>en</strong> les collectivités dans leurs diffé r<strong>en</strong>tesdim<strong>en</strong> sions et qui est très au fait de notredomaine qui lui ti<strong>en</strong>t à cœur. Dans notre départem<strong>en</strong>t,il y a eu le départ d’Anne Fantinel aubureau des tournages, remp<strong>la</strong>cée par EstelleZimmermann. Pour ce qui est du fonds desouti<strong>en</strong>, il s’est légèrem<strong>en</strong>t r<strong>en</strong>forcé pour monterà 851 000 euros <strong>en</strong> 2011.J.T.T.D. : Quels sont les changem<strong>en</strong>ts effectifset à v<strong>en</strong>ir, concernant le fonds et <strong>la</strong> commissionconsultative (CCAC)?G.H. : Elle a été r<strong>en</strong>ouvelée comme prévu. Lamise <strong>en</strong> p<strong>la</strong>ce de deux sous-commissions (fictionet docum<strong>en</strong>taire) est effective depuis fin janvier ;cette configuration permet un travail plusappro fondi sur les projets. Le projet de fondsconcernant les œuvres expérim<strong>en</strong>tales est <strong>en</strong>cours d’étude pour se concrétiser <strong>en</strong> 2012. L’idéeest de réunir quatre sources : <strong>la</strong> Ville et <strong>la</strong> Drac,les secteurs cinéma et arts p<strong>la</strong>stiques. Lesbases sont jetées pour que ce soit au point d’icil’automne. Mais c’est un financem<strong>en</strong>t à part dufonds, et qui ne pourra <strong>en</strong>trer dans le cadre du1 pour 2 du CNC.J.T.T.D. : Qu’est-ce que vous <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dez par expérim<strong>en</strong>tal ?G.H. : Ce que l’on nomme art vidéo, cinéma expérim<strong>en</strong>tal…Pour nous, nouvelles techno logiesou multimédia ne sont pas obligatoirem<strong>en</strong>t syno -nymes d’expé rim<strong>en</strong>tal. Au CNC, des finan cem<strong>en</strong>tspour ça se sont ouverts, le web cosip 1 parexemple. Ce n’est pas notre projet, qui est dans <strong>la</strong> perspective d’une aide à<strong>la</strong> création, à inscrire dans le budget 2012. Il ne s’agira pas d’un gros budgetau démar rage, ce qu’il faut surtout maint<strong>en</strong>ant, c’est lui donner exist<strong>en</strong>cesans être obligé de grever d’autres dotations.J.T.T.D. : Et pour les aides à l’écriture ?G.H. : Il n’y a ri<strong>en</strong> d’avancé sur ce p<strong>la</strong>n. Cette aide est prise <strong>en</strong> charge par<strong>la</strong> Région, par le biais de l’Ag<strong>en</strong>ce culturelle. La nouvelle conv<strong>en</strong>tion avecle CNC, <strong>la</strong> DRAC, <strong>la</strong> Région, l’Ag<strong>en</strong>ce culturelle et <strong>la</strong> CUS pour <strong>la</strong> période2011-2013 va repr<strong>en</strong>dre cette aide qui ne gagne pas à être dispersée <strong>en</strong>treplusieurs instances, compte t<strong>en</strong>u des budgets qui y sont affectés. Il s’agiratout au plus de savoir s’il serait bi<strong>en</strong> de <strong>la</strong> r<strong>en</strong>forcer.J.T.T.D. : Que va dev<strong>en</strong>ir le cinéma de l’Odyssée ?G.H. : L’Odyssée apparti<strong>en</strong>t à <strong>la</strong> Ville de Strasbourg et fonctionne dans lecadre d’une délégation de service public. Le délégataire actuel est l’associationdes R<strong>en</strong>contres cinématographiques d’<strong>Alsace</strong> et le contrat (appelé“contrat d’affermage”) arrive à échéance le 31 octobre prochain. Nousavons donc <strong>en</strong>gagé dès l’automne dernier <strong>la</strong> procédure de r<strong>en</strong>ouvellem<strong>en</strong>t,qui passe par un appel d’offres. Au préa<strong>la</strong>ble, nous avons <strong>la</strong>ncé une étude(assistance à maîtrise d’ouvrage) pour nous aider à revoir le cahier descharges <strong>en</strong> fonction des évolutions souhaitées par <strong>la</strong> collectivité. L’appeld’offres a été <strong>la</strong>ncé, il y a eu plusieurs candidats et le 19 mai, après étudedes différ<strong>en</strong>ts projets, une sélection sera effectuée et comm<strong>en</strong>cera alors unephase d’échange avec les candidats ret<strong>en</strong>us pour approfondir leurs projets.La décision sera prise début septembre. Le souhait partagé par tous, c’estque l’Odyssée travaille avec tous les part<strong>en</strong>aires locaux, <strong>en</strong> particulierle milieu professionnel, c’est une priorité. Et développe son public carson cahier des charges l’oblige à fonctionner différemm<strong>en</strong>t d’une sallec<strong>la</strong>ssique qui s’appuie d’abord sur les sorties nationales. En tout cas, le1 er novembre, l’équipe choisie sera <strong>en</strong> p<strong>la</strong>ce. Le fait qu’il y ait eu autant decandidats est une chose tout à fait nouvelle. C’est le signe de l’intérêt de celieu pour le milieu cinématographique local.J.T.T.D. : Et <strong>la</strong> Maison de l’image ?G.H. : La Maison de l’image est dans une situation qui n’est pas t<strong>en</strong>able<strong>en</strong> l’état. L’évolution qui avait été prévue à son ouverture <strong>en</strong> 1999 a étéstoppée car <strong>la</strong> municipalité qui a suivi avait fait d’autres choix. Il fautmaint<strong>en</strong>ant repr<strong>en</strong>dre le cours de ce processus, mais sur des bases quiont changé. Dans le bâtim<strong>en</strong>t même, se sont <strong>en</strong> effet installés, <strong>en</strong> plus del’association Stimultania, un c<strong>en</strong>tre médico-social et d’autres services de<strong>la</strong> Ville, <strong>la</strong> direction de proximité (avec l’adjoint de quartier) et <strong>la</strong> mairie dequartier. Mais ce n’est pas figé et des évolutions pourrai<strong>en</strong>t s’opérer pourque <strong>la</strong> Maison de l’image dispose de plus de p<strong>la</strong>ce. À plus long terme, noustravaillons sur les nouveaux pôles culturels urbains qui se dessin<strong>en</strong>t, <strong>la</strong>presqu’île Malraux avec l’<strong>en</strong>trepôt Seegmuller, où sont notamm<strong>en</strong>t prévus2 000 m 2 réservés pour un usage culturel, l’anci<strong>en</strong>ne Manufacture destabacs à <strong>la</strong> Krut<strong>en</strong>au ou bi<strong>en</strong> <strong>en</strong>core le site de <strong>la</strong> Coop au Port-du-Rhin.La filière cinéma pourrait trouver dans un de ces sites <strong>la</strong> possibilité nonseulem<strong>en</strong>t de s’y déployer, mais aussi de se développer. Pourquoi ne pasimaginer une idée aussi utopique qu’une école de cinéma, au regard dupot<strong>en</strong>tiel local et de l’état actuel de <strong>la</strong> formation qui est à redynamiser, <strong>en</strong>li<strong>en</strong> avec l’université. Je suis <strong>en</strong> train de faire <strong>la</strong> synthèse des différ<strong>en</strong>tesdim<strong>en</strong>sions de <strong>la</strong> filière pour qu’un docum<strong>en</strong>t décrivant <strong>la</strong> situationactuelle et surtout expliquant ce que pourrait être un regroupem<strong>en</strong>t de <strong>la</strong>filière dans un lieu ou un autre, ce que ce<strong>la</strong> recouvrirait et nécessiterait,soit diffusé. Comme on le voit à <strong>la</strong> Maison de l’image à petite échelle, il ya besoin d’un <strong>en</strong>semble de services, couvrant l’éducation, <strong>la</strong> formation, <strong>la</strong>création et <strong>la</strong> diffusion, intégrés dans un <strong>en</strong>semble plus vaste.


Tournage à Strasbourg de Sherlock Holmes 2 réalisé par Guy RitchiePHOTO BENOÎT LINDERJ.T.T.D. : Vous avez un modèle idéal <strong>en</strong> têtede quelque chose qui existe <strong>en</strong> France ou ailleurs ?G.H. : Non, pas un modèle, mais des morceaux de l’un ou de l’autre,par exemple La Jetée à Clermont-Ferrand, où est basé le Festival ducourt métrage. C’est un lieu où il y a de belles salles de travail et onpeut visionner dans de très bonnes conditions, il y a un lieu d’archivesaussi. D’autres pôles images comme <strong>en</strong> Haute-Normandie, le ZKM ou <strong>la</strong>Filmhaus de Wiesbad<strong>en</strong>, etc. Le Forum des images est aussi un modèlesous certains aspects, l’accès au fonds régional par exemple. Ici, nousavons le travail qui est fait par Mira sur les archives privées qui aurait sap<strong>la</strong>ce, l’Ina pourrait aussi être dans ce lieu avec leur souhait de r<strong>en</strong>dreleurs images plus accessibles. Avec évidemm<strong>en</strong>t le côté transfrontalieret europé<strong>en</strong>, qui ne doit pas être qu’un mot. En réfléchissant aussi auxmanifestations qui fédèr<strong>en</strong>t les publics…J.T.T.D. : Un nouveau festival ?G.H. : J’aurais t<strong>en</strong>dance à p<strong>en</strong>ser que oui, mais il faut surtout réfléchirà quel festival. C’est un débat qu’il faudra avoir <strong>en</strong>semble, avec leregroupem<strong>en</strong>t des différ<strong>en</strong>ts acteurs comme dans <strong>Filmer</strong> <strong>en</strong> <strong>Alsace</strong>aujourd’hui. Car il faut d’abord travailler à <strong>la</strong> structuration de <strong>la</strong> filière.La manière dont le Forum régional de novembre dernier a ouvert etre<strong>la</strong>ncé cette perspective est déjà un signe très <strong>en</strong>courageant qui montrel’importance de cette démarche.Propos recueillis par Joseph Tran Ti<strong>en</strong> Duc, Safire1 Cosip : compte de souti<strong>en</strong> à l’industriedes programmes audiovisuelsfilms <strong>en</strong> fabricationCeux du cinémaDocum<strong>en</strong>taire de 52’ de Gabriel Goubet (HD)Le film embarque le spectateur au plus près du quotidi<strong>en</strong>méconnu de ceux et celles, qui, avec passion et ténacité,ont accepté les règles exigeantes du monde actuel ducinéma. Décorateur, armurier, électrici<strong>en</strong> ou régisseur, ilstravaill<strong>en</strong>t pour le cinéma <strong>en</strong> <strong>Alsace</strong>.Coproduction Seppia, <strong>Alsace</strong> 20films <strong>en</strong> fabricationLieux de travail,lieux d'architecturePilote de <strong>la</strong> série docum<strong>en</strong>taire de 26’de Stan Neumann et Georges Nivoix (HD)Avec leurs fumées noires et leurs longs murs aveugles,le cliché des usines du XIX e cache une histoire beaucoupplus riche qu'il n'y paraît. L'architecture industrielle n'acessé d'évoluer jusqu'à aujourd'hui. Souv<strong>en</strong>t strictem<strong>en</strong>tutilitaire, elle est parfois dev<strong>en</strong>ue œuvre architecturalede référ<strong>en</strong>ce.Production CRDP de Franche-ComtéRandonnées sans frontièresDocum<strong>en</strong>taire de 12 x 28‘ par différ<strong>en</strong>ts réalisateursNous <strong>en</strong>jambons les frontières, les suivrons et partons àl'av<strong>en</strong>ture afin de découvrir les paysages et les savoirfairede nos régions et de celles de nos voisins europé<strong>en</strong>s(Allemagne, Belgique, Suisse, Autriche), toujours à traversdes modes de dép<strong>la</strong>cem<strong>en</strong>t respectueux de <strong>la</strong> nature.Coproduction Seppia, Zinnober film, France3, WDR, SWR, HR, ORFAre You Ready To Be…Docum<strong>en</strong>taire de 52' de Franck ViallePortrait du <strong>la</strong>bel de musique strasbourgeois Herzfeld : <strong>en</strong>suivant quelques groupes, nous remontons le temps, à <strong>la</strong>toute fin des années 80, et à l’aube des années 90. Et <strong>la</strong>musique de se déployer aux quatre coins du film, tour àtour <strong>en</strong> avant ou <strong>en</strong> arrière…Production Cerigo filmsL’intime et le monum<strong>en</strong>talDocum<strong>en</strong>taire de 52’ de Sarah Clém<strong>en</strong>t-Co<strong>la</strong>s (HD)Les coulisses d'un chantier exceptionnel : <strong>la</strong> restaurationde <strong>la</strong> Sainte-Chapelle au cœur de Paris. C'est un événem<strong>en</strong>thistorique : sa restauration vise à préserver un<strong>en</strong>semble de vitraux unique au monde et n'a lieu quetous les 100 ans…Coproduction Cresc<strong>en</strong>do films, Télessonne et histoireSur les traces de <strong>la</strong> mémoireDocum<strong>en</strong>taire de 52’ de Mathieu Rolin (HD)Entre fiction, images de synthèse et propos de sci<strong>en</strong>tifiques,le film nous fait partager <strong>la</strong> journée ordinaire dequatre personnages. Pour compr<strong>en</strong>dre le rôle de notrefragile et puissante mémoire dans l'exécution des gestesles plus simples jusqu'aux opérations les plus complexes.Coproduction Faites un vœu, Amopix7


histoires de filmsVictor Asliuk, réalisateur et Volha Dashuk, productrice et réalisatrice, nous ont fait l'honneur de leur prés<strong>en</strong>ce le samedi 12 février 2011lors de <strong>la</strong> séance de l'invité organisée par <strong>la</strong> Safire à l'Ag<strong>en</strong>ce culturelle à Sélestat. Ils sont v<strong>en</strong>us prés<strong>en</strong>ter deux films : Vostraus Be<strong>la</strong>ruset Robinsons of Matsinsaary.Robinsons of Matsinsaary de Victor Asliuk8Le désespoirbiélorusseCécile Enjalbal : Vous avez tourné Vostraus Be<strong>la</strong>rus<strong>en</strong> 2009, quel a été le cheminem<strong>en</strong>tqui vous a conduit à ce film ?Victor Asliuk : C'est un film fait par coïncid<strong>en</strong>ce.Voilà quinze ans que je travaille dans le cinémaet que j'ai toujours p<strong>en</strong>sé faire un film politique.Quelqu'un qui souhaite réaliser des films docum<strong>en</strong>tairesne peut pas se soustraire à <strong>la</strong> réalisationd'un film politique. P<strong>en</strong>dant toutes ses années, j<strong>en</strong>'ai pas trouvé le temps de le tourner, du coup,j'ai fait le montage avec des rushes que j'avaisaccumulés dans mon ordinateur. Finalem<strong>en</strong>t,j'ai compris que j'étais absolum<strong>en</strong>t incapablede faire un film politique. Regarder AlexandreLoukach<strong>en</strong>ko, notre pré sid<strong>en</strong>t réélu depuis seizeans <strong>en</strong> Biélorussie, me répugnait. C'est pourquoi<strong>la</strong> structure du film n'est pas linéaire.Les images que vous avez vues de l’intronisationd'Alexandre Loukach<strong>en</strong>ko ont été tournées ily a quinze ans. À l'époque nous p<strong>en</strong>sions quesa dictature ne serait que temporaire. Malgré leshorreurs subies par les opposants au pouvoir,ri<strong>en</strong> n'a changé. Tout est dev<strong>en</strong>u plus simple, plusbrutal et sans espoir. Ce qui se passe <strong>en</strong> Biélorussie,pour ma génération, est une catastrophe.En tout cas, j'ai perdu l'espoir de faire “mon”cinéma. Le cinéma dont mon peuple et mon paysaurai<strong>en</strong>t besoin. Je veux faire un cinéma pourmon peuple, pas pour le montrer à l'étranger.Il est imp<strong>en</strong>sable de montrer les deux filmsque vous allez voir aujourd'hui, <strong>en</strong> dehors deceux que je réalise pour les Studiofilms biélorusses. Certains sujets sontcondamnés, que ce soit dans le docum<strong>en</strong>taire et dans <strong>la</strong> fiction. Du coup,je suis obligé d'aller tourner <strong>en</strong> Ukraine, <strong>en</strong> Russie mais pas <strong>en</strong> Biélorussie,ce qui va à l'<strong>en</strong>contre de ma volonté.C.E. : Quel film auriez-vous fait si vous <strong>en</strong> aviez eu <strong>la</strong> possibilité ?V.A. : Je serais allé à <strong>la</strong> r<strong>en</strong>contre de ceux qui peuv<strong>en</strong>t raconter ce qui se passevraim<strong>en</strong>t, des choses inconnues. Mais bi<strong>en</strong> souv<strong>en</strong>t ces personnes-là feign<strong>en</strong>tde ne ri<strong>en</strong> savoir ou ne sav<strong>en</strong>t pas tout simplem<strong>en</strong>t. Voici le problème de ceg<strong>en</strong>re de film. Je préfère <strong>la</strong>rgem<strong>en</strong>t raconter une histoire humaine. Pour moi,il n'y a pas d'autres moy<strong>en</strong>s que de pr<strong>en</strong>dre sa caméra et d'aller vers les g<strong>en</strong>s.Le sujet doit être précis. Savoir à qui le projet s'adresse… Si tu le fais pourtoi, comme dans mon cas, tu es <strong>la</strong> seule personne qui le compr<strong>en</strong>ne vraim<strong>en</strong>tet tu dois beaucoup expliquer aux autres.C.E. : Comm<strong>en</strong>t cep<strong>en</strong>dant, avez-vous pu filmer cette manifestationoù cette femme se fait gifler violemm<strong>en</strong>t par ce militaire ?V.A. : En fait, ce sont des archives télévisuelles tournées <strong>en</strong> 1996 quandce<strong>la</strong> était <strong>en</strong>core possible. Aujourd'hui, ce ne serait plus possible de filmerce g<strong>en</strong>re de chose. Une chaîne polonaise diffuse des docum<strong>en</strong>taires pluscritiques que le mi<strong>en</strong> à ce sujet. Vostraus Be<strong>la</strong>rus n'est pas un film deprotestation. Je ne p<strong>en</strong>se pas qu'il fasse partie des meilleurs docum<strong>en</strong>tairesà diffuser. J'aime beaucoup le titre dans sa traduction ang<strong>la</strong>ise, Is<strong>la</strong>ndBe<strong>la</strong>rus. Je pourrais garder le titre et refaire tout le film. Je n'utiliserais pasles images de manifestations filmées par d'autres.C.E. : Quel était votre projet initial ?V.A. : Ma volonté était de r<strong>en</strong>dre lisible <strong>la</strong> situation biélorusse car AlexandreLoukach<strong>en</strong>ko est sout<strong>en</strong>u majoritairem<strong>en</strong>t par des personnes vivant demanière traditionnelle dans les campagnes. Celui-ci leur verse une p<strong>en</strong>sionretraite médiocre qui les satisfait amplem<strong>en</strong>t. Ainsi, deux millions et demid'électeurs fidèles sont issus de petits vil<strong>la</strong>ges comme vous avez pu levoir dans le film. La plupart des citadins ne particip<strong>en</strong>t pas aux élections.Alexandre Loukach<strong>en</strong>ko est originaire de l'un de ces bourgs et passe pourquelqu'un d'arriéré auprès de <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion des villes. Il est issu d'unegénération qui a connu les kolkhozes où tout appart<strong>en</strong>ait à tout le monde età personne. Ainsi, il était possible de voler. Aucune initiative n'était prise


Victor AsliukPHOTO DRpour restaurer les routes. Les lois et l'honnêteté étai<strong>en</strong>t désuètes. D'unautre côté, j'ai un grand respect pour ces femmes et ces hommes qui lesouti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t pourtant.C.E. : Quelles sont les re<strong>la</strong>tions <strong>en</strong>tre <strong>la</strong> Russie et <strong>la</strong> Biélorussie ?V.A. : Actuellem<strong>en</strong>t, les re<strong>la</strong>tions sont très mauvaises. Du fait que <strong>la</strong>Russie continue de faire de <strong>la</strong> Biélorussie son territoire. C'est dramatiqueparce que ces dernières deux c<strong>en</strong>ts ans, nous n'avons pu sortirde l'emprise russe. Elle a transformé notre pays <strong>en</strong> province, détruitnotre <strong>la</strong>ngue, changé notre m<strong>en</strong>talité. C'est une re<strong>la</strong>tion <strong>en</strong>tre l'amouret <strong>la</strong> haine. Personnellem<strong>en</strong>t, j'aime beaucoup <strong>la</strong> Russie du XIX e siècle,Dostoïevski notamm<strong>en</strong>t.L'attitude <strong>la</strong> Biélorussie vis-à-vis de <strong>la</strong> Russie m'atteint beaucoup etles dernières “élections” qui ont eu lieu le 19 décembre 2010 n'aid<strong>en</strong>tpas le pays à s'émanciper. Sept des candidats opposants d'AlexandreLoukach<strong>en</strong>ko ont été emprisonnés dont cinq le sont toujours, sansparler des émeutes <strong>en</strong>tre policiers et civils qui se sont soldées pardes emprisonnem<strong>en</strong>ts sans justification et une viol<strong>en</strong>ce policièreintolérable. Depuis, j'ai vraim<strong>en</strong>t compris quelle avait été cette terreurde l'époque stalini<strong>en</strong>ne des années 20. C'est un peu comme si je vousmontrais comm<strong>en</strong>t il ne faut pas vivre.En tous les cas, il ne faudrait pas considérer les révolutions des payspost-soviétiques comme étant de véritables révolutions. Ce qui se passedans les pays arabes est imp<strong>en</strong>sable à l'heure actuelle <strong>en</strong> Biélorussiecar nous n'avons pas assez de jeunes pour porter de tels mouvem<strong>en</strong>ts.La popu<strong>la</strong>tion diminue au lieu d'augm<strong>en</strong>ter.C.E. : Quel est le sujet de votre prochain film ?V.A. : Je vais le tourner <strong>en</strong> Russie, à Novgorod, où des milliers desquelettes de soldats de <strong>la</strong> Deuxième Guerre mondiale gis<strong>en</strong>t à mêmele sol. Des personnes de toute <strong>la</strong> Russie vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t les <strong>en</strong>terrer <strong>en</strong> familledurant le mois d'avril. Elles viv<strong>en</strong>t, mang<strong>en</strong>t, dorm<strong>en</strong>t sur cet anci<strong>en</strong>champ de bataille. C'est impressionnant de voir des <strong>en</strong>fants de dix anscreuser dans <strong>la</strong> terre à <strong>la</strong> recherche d'ossem<strong>en</strong>ts.Propos recueillispar Cécile Enjalbal, Safirefilms <strong>en</strong> fabricationLulu et ses nouveaux missilesDocum<strong>en</strong>taire de 52’ d’Hélène H<strong>en</strong>nequinet Jean-Paul Fargier (HD)Au départ il y a Luci<strong>en</strong>, lycé<strong>en</strong> humilié à cause de sonacc<strong>en</strong>t du Bitcher<strong>la</strong>nd par un prof intolérant. Il c<strong>la</strong>que <strong>la</strong>porte du lycée. Mais Luci<strong>en</strong> devi<strong>en</strong>t une vedette dans lesannées 80 avec Luci<strong>en</strong> et les missiles, premier groupe derock chantant <strong>en</strong> p<strong>la</strong>tt.Coproduction Bix films, France télévisionsfilms <strong>en</strong> fabricationAu-delà du sil<strong>en</strong>ceDocum<strong>en</strong>taire de 52’ de Loïc Mahé (AVCHD/MPE G4)Parce que le sida a tous les visages, touche toutes lescatégories, les âges, les origines. Comm<strong>en</strong>t vit-on aujourd’huiavec le virus du sida ? Comm<strong>en</strong>t <strong>en</strong> parler, comm<strong>en</strong>tse projeter dans l’av<strong>en</strong>ir ? Comm<strong>en</strong>t vit-on sa séro positivité<strong>en</strong> 2011 ?Production Faites un vœuEntertainm<strong>en</strong>t ParkDocum<strong>en</strong>taire de 90’ de Éléonore Weber et Patricia Allio (HD)Coproduction Le Deuxième Souffle, AtopicMon voisin, le KurdeDocum<strong>en</strong>taire de 52' de Luis Miranda (HD)À travers <strong>la</strong> communauté kurde alsaci<strong>en</strong>ne, nous découvronsune région du monde peu médiatisée : le Kurdistanturc, <strong>en</strong> proie à <strong>la</strong> répression et où <strong>la</strong> situation de <strong>la</strong>popu<strong>la</strong>tion est <strong>la</strong> plus dramatique.Coproduction Cresc<strong>en</strong>do films,France 3 <strong>Alsace</strong>, France 3 nationalLa t<strong>en</strong>ture de l’ApocalypseDocum<strong>en</strong>taires de 52’de Rodolphe Viémont et Jean-Yves Fischbach (HD)Tissée à <strong>la</strong> fin du XIV e siècle, <strong>la</strong> t<strong>en</strong>ture de l’Apocalypseillustre les visions que Saint Jean reçut et consigna dansl’Apocalypse. Ce patrimoine français est le plus important<strong>en</strong>semble de tapisseries médiévales existant au monde.Coproduction Ana films, KTO, TSR et KTROL’utopie de PessacDocum<strong>en</strong>taire de 52’ de Jean-Marie Bertineau (HD)En 1948, 150 jeunes ouvriers et leurs familles décid<strong>en</strong>tde construire leurs maisons de leurs propres mains. Bâtir“une cité idéale”, afin d’ échapper à <strong>la</strong> crise du logem<strong>en</strong>t.Ce sera <strong>la</strong> première cité de ce type <strong>en</strong> France. En 1949,une quarantaine de cités Castors verront le jour.Production Vie des Hauts productionChaux, une forêt <strong>en</strong> mouvem<strong>en</strong>tDocum<strong>en</strong>taire de 52’ de Jean-Philippe Macchioni (HD)La forêt de Chaux est <strong>la</strong> deuxième plus grande forêtde France. Une histoire des “g<strong>en</strong>s de Chaux”, qui l’ontfaçonnée, exploitée parfois jusqu’à l’extrême. Devi<strong>en</strong>drat-ellecomme d’autres forêts, un petit eldorado, celuid’une source d’énergie r<strong>en</strong>ouve<strong>la</strong>ble ?Production Vie des Hauts production9


histoires de filmsFilm sout<strong>en</strong>u par <strong>la</strong> Région <strong>Alsace</strong>, <strong>la</strong> Région Lorraine et <strong>la</strong> Communauté urbaine de Strasbourg et <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t tourné dans lesmontagnes vosgi<strong>en</strong>nes, La fin du sil<strong>en</strong>ce, premier long-métrage de Ro<strong>la</strong>nd Edzard et produit par Philippe Avril, est sélectionné àCannes à <strong>la</strong> Quinzaine des réalisateurs ! Et à l’actif du même Philippe Avril et égalem<strong>en</strong>t sélectionné à <strong>la</strong> Quinzaine, de <strong>la</strong> forêtindi<strong>en</strong>ne arrive Chatrak [Champignons], long métrage du Sri Lankais Vimukthi Jayasundara (souv<strong>en</strong>ez-vous de La terre abandonnée,Caméra d’Or à Cannes <strong>en</strong> 2005…).10Le sil<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> actionOn ne regarde pas La fin du sil<strong>en</strong>ce, on le vitdans un halètem<strong>en</strong>t intérieur, assis sur uneligne à haute t<strong>en</strong>sion, du début à <strong>la</strong> fin du film.La forêt vosgi<strong>en</strong>ne si magnifiquem<strong>en</strong>t filmée,elle non plus on ne <strong>la</strong> regarde pas, on y est. Lesprotagonistes sont tous habités d’un s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>textrême, mortel. Mortel pour qui, pour combi<strong>en</strong> ?On le saura. Les mises à mort inachevées, quidébut<strong>en</strong>t dès <strong>la</strong> première séqu<strong>en</strong>ce du filmannonc<strong>en</strong>t tout de suite : il y a quelqu’un <strong>en</strong>trop. Il n’est pas question d’énigmes, comme lecinéma français <strong>en</strong> regorge, il est question d’unehistoire qui doit finir. Et chacun est là, tous sontlà pour ça. Pour finir.Pas de questions de justice, de morale, de bons oude mauvais s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts. On p<strong>en</strong>se à Fassbinder,autant pour <strong>la</strong> précision absolue de chaquecaractère que pour l’urg<strong>en</strong>ce de chacun de sesfilms et qui sont le résultat d’une t<strong>en</strong>sion, jamaisd’effets de style. Le bras qui arme est aussiess<strong>en</strong>tiel que celui qui désarme. Il faut que çaarrive. Servi par des acteurs tout <strong>en</strong> int<strong>en</strong>sitéet <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce incandesc<strong>en</strong>te, le film, qui sesitue dans un no man’s <strong>la</strong>nd forestier avec des4 x 4, des chasseurs, de l’alcool, de <strong>la</strong> viol<strong>en</strong>ce,etc., échappe à toute idée de rustres épais, dechasse à l’homme ou de v<strong>en</strong>geances inassouvies.Non, quelque chose doit finir. Absolum<strong>en</strong>t.Urgemm<strong>en</strong>t.Marie Frering : D’où vi<strong>en</strong>t ce film ?Ro<strong>la</strong>nd Edzard : Mon rapport au cinéma vi<strong>en</strong>t avanttout de l’image, car j’ai comm<strong>en</strong>cé par faire de<strong>la</strong> peinture. La première idée du film est v<strong>en</strong>uepar le dessin d’une carte, d’un territoire : deuxmaisons, une rivière, une forêt et une route <strong>en</strong>treles deux maisons. Assez vite, j’ai su que tout sejouerait dans ce territoire précis. Avec une actioncourte, <strong>en</strong> trois jours, une sorte de tragédiegrecque. J'ai comm<strong>en</strong>cé alors à poser mes pions,et j’ai dessiné les contours des personnages <strong>en</strong>ne les déterminant pas par leurs psychologiesmais par leurs actions. Je crois aux images et auxactions, je vou<strong>la</strong>is faire un film impressionnistede susp<strong>en</strong>se, pas un film social.Le film comm<strong>en</strong>ce sur une famille directem<strong>en</strong>tprojetée hors du sommeil dans <strong>la</strong> réalité et <strong>la</strong>viol<strong>en</strong>ce. C’est un réveil brutal, à l’aube. C’est <strong>la</strong>fin du sil<strong>en</strong>ce.M.F. : On a l’impression que vous faites corpsavec votre décor, avec ces paysages, ce territoire…R.E. : La première chose que je savais du film, c’est qu’il se tournerait là. Cedécor, dans <strong>la</strong> montagne, dans <strong>la</strong> forêt autour d’une maison isolée dans lesVosges, m’a toujours guidé. Cette histoire ne pouvait pas se passer dansune ville ni même dans un vil<strong>la</strong>ge. Chez Faulkner ou Steinbeck qui sontdes auteurs qui m'inspir<strong>en</strong>t, on trouve aussi des espaces où les maisonssont éloignées les unes des autres et où se déroul<strong>en</strong>t des huis clos que leterritoire a r<strong>en</strong>dus possible. Ma toute petite <strong>en</strong>fance, je l'ai vécu dans le sudalgéri<strong>en</strong>, dans une petite ville au milieu du désert, sans aucune autre villeà 500 km à <strong>la</strong> ronde. C'est assez fondateur dans ma perception du territoireet des distances.Ensuite mes par<strong>en</strong>ts se sont installés dans les Vosges, pas très loin du lieuoù nous avons tourné. Je n’ai ri<strong>en</strong> inv<strong>en</strong>té. Je crois que lorsqu’on racontedes histoires, si on ne fait pas appel qu’à son imagination, le résultat estsouv<strong>en</strong>t pauvre, nourri de clichés et d’idées reçues. On s’inspire toujoursde sa propre histoire ou de celle de ses proches. J’ai ainsi sollicité monhistoire familiale comme point de référ<strong>en</strong>ce. Mais ce<strong>la</strong> ne suffit pas nonplus. Il faut savoir dépasser <strong>la</strong> dim<strong>en</strong>sion personnelle, il faut confronterl’histoire individuelle à l’Histoire plus anci<strong>en</strong>ne, qui est dans l’inconsci<strong>en</strong>tcollectif de l’humanité. Il faut puiser aussi dans <strong>la</strong> mythologie, <strong>la</strong> Bible,Shakespeare. Mettre <strong>en</strong> scène un simple fait divers n’aurait pas étéintéressant.M.F. : Vos personnages sont davantage des caractères que des individus.On s<strong>en</strong>t un travail très rigoureux pour arriver à cette distribution.R.E. : L’important pour moi, c’est surtout que les acteurs s’appropri<strong>en</strong>t, nonpas les personnages, mais les actions et les situations. Nous avons trouvéFranck Falise, le rôle principal, après plusieurs mois de casting, on avaitdéjà auditionné plus de 300 jeunes. Il fal<strong>la</strong>it quelqu’un à <strong>la</strong> fois t<strong>en</strong>dreet dangereux qui colle au personnage sans avoir à composer. Franck arépondu très tard à une annonce qu'on avait déposée dans un magazinetélé, Télé 7 jours je crois. Il est arrivé comme ça, comme une fleur, et il s’estimposé comme une évid<strong>en</strong>ce, tout <strong>en</strong> puissance.Ensuite, il nous a fallu trouver un grand frère qui arrive à lui t<strong>en</strong>ir tête, cequi n'a pas été facile ! Du côté des adultes, je vou<strong>la</strong>is des acteurs qui neport<strong>en</strong>t pas avec eux tout un passé cinématographique <strong>en</strong>combrant, desg<strong>en</strong>s qui puiss<strong>en</strong>t appart<strong>en</strong>ir à ce paysage, qui ne soi<strong>en</strong>t pas forcém<strong>en</strong>tfrançais d’ailleurs. C’est ainsi que j’ai contacté Maia Morg<strong>en</strong>stern qui estune grande actrice roumaine, dont j’avais aimé le jeu et son visage dans desfilms de Théo Angelopoulos et Mel Gibson. Je craignais un peu le problèmede <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue mais j’ai immédiatem<strong>en</strong>t s<strong>en</strong>ti qu’elle n’aurait peur de ri<strong>en</strong> etqu'on ferait de belles choses. Pour les hommes, ce que j’aime chez CarloBrandt et Thierry Frémont, c’est <strong>la</strong> force de leurs prés<strong>en</strong>ces. Carlo Brandta une simplicité et une justesse dans son geste : dans sa manière de poserses gants, de couper une p<strong>la</strong>nche, de creuser un trou… Thierry Frémont estun acteur qui s'investit physiquem<strong>en</strong>t dans son rôle. Il est impressionnant.Le décor n’était pas facile, il fal<strong>la</strong>it courir sur des p<strong>en</strong>tes abruptes, dans <strong>la</strong>forêt, les ronces, se battre dans de <strong>la</strong> boue, dans de l’eau froide, <strong>en</strong> pleinhiver, avec de <strong>la</strong> neige, c’était dur.M.F. : Comm<strong>en</strong>t s’est passé le tournage, justem<strong>en</strong>t ?R.E. : C’était éprouvant, avec des mom<strong>en</strong>ts de grâce mais avec beaucoup defrustrations aussi, liées au temps de tournage raccourci sur tr<strong>en</strong>te jours.J'ai dû faire beaucoup de concessions, trouver constamm<strong>en</strong>t des solutions<strong>en</strong>tre ce qui était dans le scénario et ce qu'il était possible de tourner. Lescontraintes budgétaires m'ont obligé à adapter, simplifier des choses, êtrejuste et précis tout de suite, trouver des astuces techniques pour alléger <strong>la</strong>


La fin du sil<strong>en</strong>ce de Ro<strong>la</strong>nd Edzardmachine cinéma… Tout ce<strong>la</strong> poussait à une inv<strong>en</strong>tivité qui rejoignaitl’urg<strong>en</strong>ce du film. Au départ, je ne vou<strong>la</strong>is pas faire le film caméra àl’épaule. Quand j’ai compris qu’il me serait impossible de régler desmouvem<strong>en</strong>ts de caméra très é<strong>la</strong>borés, <strong>la</strong> solution radicale de <strong>la</strong> caméraportée s’est imposée.Ce<strong>la</strong> a finalem<strong>en</strong>t apporté une simplicité et une énergie qui correspondai<strong>en</strong>tà l’histoire, à <strong>la</strong> brutalité inhér<strong>en</strong>te au film. Je suis trèscont<strong>en</strong>t de ce choix. C’est par <strong>la</strong> contrainte qu’on devi<strong>en</strong>t libre…M.F. : Comm<strong>en</strong>t résumeriez-vous votre film ?R.E. : En une phrase ? C’est l’histoire d’un gars qui doit tuer son pèrepour dev<strong>en</strong>ir adulte et faire le calme dans sa tête. Bon, mais c'est toutde même un peu plus compliqué que ça !Propos recueillis par Marie FreringRo<strong>la</strong>nd EdzardNé <strong>en</strong> 1980,étudiant aux Arts décosà Strasbourg de 1999à 2005, puis au Fresnoy,studio national desarts contemporains.Filmographie- Yeuxcourt métrage2006- La p<strong>la</strong>inecourt métrage2004- Dormeurscourt métrage2003- Judascourt métrage2002- Ombrecourt métrage1998films <strong>en</strong> fabricationLa main dans le chapeauDocum<strong>en</strong>taire de 52’ de Aleksandra Szrajber (HD)Martine, Aude et Jean-Yves sont trois adultes <strong>en</strong> situationde handicap m<strong>en</strong>tal qui viv<strong>en</strong>t dans un foyer d’accueilmédicalisé. Ils part<strong>en</strong>t <strong>en</strong>semble quinze jours <strong>en</strong> Bretagne.Loin de leurs habitudes, ils vont vivre le quotidi<strong>en</strong> deva canciers ordinaires.Coproduction Ana films, Vosges télévision Images plusfilms <strong>en</strong> fabricationGao Xingjian, exilé universelDocum<strong>en</strong>taire de 52’ de Leï<strong>la</strong> Férault Levy (HD)Un portrait de Gao Xingjian, écrivain d’origine chinoise,prix Nobel de littérature, dramaturge, metteur <strong>en</strong> scène,traducteur, peintre et auteur de ciné-poèmes, exilé <strong>en</strong>France depuis 1988.Coproduction Bix films, Groupe Ga<strong>la</strong>ctica363Court métrage fiction de 2 x 3'50 de Marc Amyon,Jessy Deshais et Daniel Ablin (HD)363 est une vision absurde, drôle et poétique de <strong>la</strong> vieaprès <strong>la</strong> mort… Que dev<strong>en</strong>ons-nous ? L’espace, arp<strong>en</strong>tépar un homme au vo<strong>la</strong>nt de sa brouette, le Réparateur,est jonché de r<strong>en</strong>contres, caricatures de l’humanité oùchacun est maître de sa p<strong>la</strong>nète : un “Petit Prince”…Production Les Films de l’avaléeLe sanglot des arbresLong métrage fiction de 90' de Francois Descraques (HD)Après avoir posté une vidéo d’un soi-disant fantôme surinternet, Virgil devi<strong>en</strong>t rapidem<strong>en</strong>t le buzz du mom<strong>en</strong>t.Mais les réactions qu’il reçoit <strong>en</strong> retour sont déchaînées,et bi<strong>en</strong>tôt <strong>la</strong> communauté est sous le choc <strong>en</strong> appr<strong>en</strong>antle suicide du jeune homme.Production Daroo productionsEntre amisValse politique à BruxellesDocum<strong>en</strong>taire de 90' de David Bernet (HD)À travers cinq personnages de <strong>la</strong> scène politique bruxelloisedéf<strong>en</strong>dant des intérêts contradictoires, le film suit letravail d'é<strong>la</strong>boration d'une directive pour le “futur numérique”de l'Union europé<strong>en</strong>ne, jusqu'à sa prés<strong>en</strong> tationdevant le Conseil de l'Europe et le Parlem<strong>en</strong>t europé<strong>en</strong>.Coproduction Seppia, Indifilm Gmbh, Atmosfilm West,Domino productions, Submarine, Arte, Wdr, Swr, Human11


cinéma et théâtrePascale Sp<strong>en</strong>gler est metteur <strong>en</strong> scène et p<strong>la</strong>stici<strong>en</strong>ne, fondatrice du collectif Les Foirades, Laboratoire recherche et développem<strong>en</strong>td’écritures théâtrales multimédias à Strasbourg. En 2005, c’est par le film de Jean-Luc Godard Notre musique qu’elle découvreMahmoud Darwich. En transposant son roman Une mémoire pour l’oubli sur un p<strong>la</strong>teau de théâtre, elle introduit l’image dans ledispositif scénique, interroge le mode de production théâtrale <strong>en</strong> quittant le schéma c<strong>la</strong>ssique où l’on <strong>en</strong>gage des comédi<strong>en</strong>s pour unepièce de théâtre, pour choisir de col<strong>la</strong>borer sur le p<strong>la</strong>teau avec des g<strong>en</strong>s <strong>en</strong>gagés (et donc pas que des comédi<strong>en</strong>s), concernés par <strong>la</strong>question palestini<strong>en</strong>ne. À <strong>la</strong> suite de cette expéri<strong>en</strong>ce elle démarre un <strong>la</strong>bo autour de <strong>la</strong> recherche d’une écriture scénique inspirée del’œuvre de Godard : Passion Godard/deuxième ! Les dernières minutes d’Adri<strong>en</strong>ne qu’elle ouvre de temps <strong>en</strong> temps au public.12Avec Godard, je ne m’<strong>en</strong>nuie jamais !Marie Frering : S’agit-il, dans votre travail, de Godard, de l’image ou du cinéma ?Pascale Sp<strong>en</strong>gler : De Godard. J’étudie les formes du mouvem<strong>en</strong>t de sonécriture. Godard est un inv<strong>en</strong>teur de formes et de <strong>la</strong>ngue. Le moindrefragm<strong>en</strong>t de Godard se reconnaît. Son cinéma reflète sa manière de vivreson déchirem<strong>en</strong>t intérieur : vouloir <strong>la</strong> beauté et ne jamais l’atteindre.Sa question : comm<strong>en</strong>t vaincre <strong>la</strong> tyrannie du réel et créer un monde plusbeau ? « Il arrive que <strong>la</strong> réalité soit trop complexe pour <strong>la</strong> transmissionorale, <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue ou <strong>la</strong> lég<strong>en</strong>de <strong>la</strong> recrée sous une forme qui lui permetde courir le monde. » Pour lui, donc, le cinéma a été le moy<strong>en</strong> de capterune réalité trop complexe pour <strong>la</strong> transmission orale et de lui donnerune forme qui lui permette de courir le monde. Godard est l’homme del’<strong>en</strong>tre-deux. L’image n’est pas une image juste mais juste une image. Ilchoisit cette posture inconfortable de se t<strong>en</strong>ir <strong>en</strong>tre deux mouvem<strong>en</strong>tscontradictoires qui le déchir<strong>en</strong>t, <strong>en</strong>tre certitude et incertitude. Il dit aimerles accid<strong>en</strong>ts : des événem<strong>en</strong>ts qui surgiss<strong>en</strong>t par effraction dans nos vieset qui provoqu<strong>en</strong>t un éveil de <strong>la</strong> consci<strong>en</strong>ce.P<strong>en</strong>dant longtemps les livres ont été pour moi un refuge, comme le cinémapouvait l’être pour d’autres. Le film est un dérivé du livre. Godard parle <strong>la</strong><strong>la</strong>ngue des signes. Il nous demande d’inv<strong>en</strong>ter notre propre interprétation.« J'ai une machine pour voir qui s'appelle les yeux, pour <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre, lesoreilles, pour parler, <strong>la</strong> bouche, j'ai l'impression que c'est des machinesséparées, il n’y a pas d'unité, je devrais avoir l'impression d'être unique,j'ai l'impression d'être plusieurs. » Godard se démultiplie <strong>en</strong> multipliantses appar<strong>en</strong>ces, dans ses films, ses interviews, ses écrits, ses <strong>lettre</strong>s vidéo,ses <strong>en</strong>registrem<strong>en</strong>ts. Je savais qu’<strong>en</strong> m’<strong>en</strong>gageant dans ce <strong>la</strong>bo avec Godardj’al<strong>la</strong>is vers quelque chose que je connaissais peu. J’ai choisi Godardcomme Virgile pour m’emm<strong>en</strong>er de l’<strong>en</strong>fer au paradis du cinéma. Il memontre le cinéma, sa scène, ses coulisses, ses caves et ses gr<strong>en</strong>iers.M.F. : Mais quelle a été <strong>la</strong> porte ?P.S. : À partir de JLG par JLG, je me suis demandée comm<strong>en</strong>t r<strong>en</strong>trer danscette œuvre et j’ai découvert un premier fil empirique. Dans ce film, Godardévoque un roman de Juli<strong>en</strong> Gre<strong>en</strong>, Adri<strong>en</strong>ne Mesurat, et c’est un romanoù je me suis reconnue. C’est l’histoire d’une fille de 18 ans qui a un pèretrès autoritaire, une sœur qui est une sorte de double d’elle, elle rêve del’amour et finalem<strong>en</strong>t elle <strong>en</strong> arrive à pousser son père dans l’escalier et letue. Elle est complètem<strong>en</strong>t mangée par <strong>la</strong> culpabilité et à <strong>la</strong> fin du roman,elle devi<strong>en</strong>t folle. Et là j’ai compris quelque chose de <strong>la</strong> viol<strong>en</strong>ce et dumuet, de sa puissance dramatique et de transfiguration. C'est-à-dire quecette fille, quand le père <strong>la</strong> frappait, se retirait à l’intérieur d’elle et nevoyait plus que <strong>la</strong> bouche fonctionner, voyait les coups tomber, mais ell<strong>en</strong>’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dait plus, comme si elle se dédoub<strong>la</strong>it, elle se retirait de <strong>la</strong> réalitépour <strong>en</strong> être spectatrice. Elle mourait à <strong>la</strong> vie, ne s<strong>en</strong>tait plus les coupsmais les voyait. Et là il y a quelque chose de mon rapport personnel à <strong>la</strong>viol<strong>en</strong>ce où je me suis reconnue et effectivem<strong>en</strong>t si on regarde le cinémamuet, il y a quelque chose qui touche l’inconsci<strong>en</strong>t. C’est le cinéma quiparle muet. « Le par<strong>la</strong>nt a corrompu quelque chose du muet », dit Godard.Lors de mes anci<strong>en</strong>nes expéri<strong>en</strong>ces, par exemple quand je construisais etmettais <strong>en</strong> scène mes Animaux b<strong>la</strong>ncs, j’ai été une grande muette. J’avais undoute énorme sur <strong>la</strong> puissance de <strong>la</strong> parole, son triomphe. J’étais rarem<strong>en</strong>ttouchée par ce qui se racontait. Je préférais le sil<strong>en</strong>ce. Aujourd’hui règne<strong>la</strong> toute puissance d’un discours amplifié par les médias, sans consci<strong>en</strong>ce,sans p<strong>en</strong>sée. « Même les sa<strong>la</strong>uds sont sincères » dit Godard dans Filmsocialisme. Il y a là une autre manière de dire, qui reflète consci<strong>en</strong>ceet p<strong>en</strong>sée du bi<strong>en</strong> commun. Espérer que <strong>la</strong>logorrhée insipide pr<strong>en</strong>ne consci<strong>en</strong>ce qu’elle estune amplification du sil<strong>en</strong>ce. Pour ce<strong>la</strong>, je doismoi-même remettre <strong>en</strong> cause mes formes dudire, du montrer ou du signifier.M.F. : Vous remettez donc aussi <strong>en</strong> cause un certainthéâtre militant que vous faisiez ? Un théâtre fait detextes signifiants, porteurs de s<strong>en</strong>s politique ?P. S. : Oui, et non, <strong>en</strong> suivant Godard, je cherche àmieux définir ma ligne d’opposition vie/mort. Jesuis une militante de <strong>la</strong> vie.Godard a cherché à faire un cinéma au servicede <strong>la</strong> société : son époque 68 avec le groupeDziga Vertov. Mais il a mesuré les limites decette expéri<strong>en</strong>ce : l’humanité ne peut se sauverd’elle-même. Aimer Godard et son cinéma c’estconsacrer du temps à cet acte. Pour un filmcomme Film socialisme, il y a forcém<strong>en</strong>t deuxtypes de spectateurs, ceux qui se cont<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t deregarder et ceux qui pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t le temps d’étudier.De plus, Godard a formulé le désir que ce film soitdiffusé <strong>en</strong> dehors des salles, qu’il soit possibled’interrompre <strong>la</strong> projection pour discuter etque les projections soi<strong>en</strong>t filmées elles-mêmes.La sortie du film est accompagnée par l’éditiond’un livre, d’un dvd. L’usage d’internet introduitaussi une autre manière pour les cinéphilesde discuter autour d’un film. Comme Becketta changé son théâtre par <strong>la</strong> télévision, Godardutilise les nouvelles technologies. Dans Filmsocialisme, l’image n’est plus seulem<strong>en</strong>t uneimage pellicule, s’y ajout<strong>en</strong>t des séqu<strong>en</strong>cesfilmées avec une caméra numérique, et desprélè vem<strong>en</strong>ts sur internet. Il y a une pratiquecommu niste de circu<strong>la</strong>tion et de partage desimages libres de droits d’auteur.Elles circul<strong>en</strong>t comme des textes. Godard prouveainsi qu’il demeure fidèle à sa préoccupationd’un autre monde possible. À l’âge de quatrevingtsans, il est <strong>en</strong>core un jeune homme devingt-quatre ans !M.F. : Comm<strong>en</strong>t fonctionnait le <strong>la</strong>bo ?P.S. : Nous avions mis <strong>en</strong> p<strong>la</strong>ce un dispositifqui repr<strong>en</strong>ait un peu le principe de <strong>la</strong> salle demontage et nous avons fait ce que Godard rêvaitde faire mais qui est très compliqué à cause dudroit à l’image, puisque, au lieu d’avoir un écrande cinéma plein, <strong>en</strong>tier ou un peu totalitaire, onmultiplie les écrans. Donc nous avions un écransonore et trois écrans visuels et nous étionstrois, Nadine Birghoffer, Bruno de Chénerilleset moi. Nous nous étions donnés comme règleque chacun préparerait sa matière. Moi j’aitravaillé sur les cartons (le texte) et sur des filmsde l’<strong>en</strong>fance du cinéma. J’avais un keynote et jeprojetais. J’étais manipu<strong>la</strong>trice d’ombres et detextes. Et j’avais un Nagra avec <strong>la</strong> voix de Godard


Pascale Sp<strong>en</strong>glerPHOTO PHILIPPE PARETet aussi une pile de livres dont j’introduisais les titres : Les par<strong>en</strong>tsterribles, Les <strong>en</strong>fants terribles, Les fleurs du mal, La peste… Çadurait 45 minutes top chrono et nous improvisions <strong>en</strong> <strong>en</strong>voyant nosséries. Nadine projetait des mini-séqu<strong>en</strong>ces prélevées des grandesœuvres cinématographiques, Murnau, Rossellini, Dreyer, avec desgros p<strong>la</strong>ns de mains, de visages, introduisant des verticalités, deshorizontalités, des chutes, des <strong>en</strong>fants guetteurs, avec des mises<strong>en</strong> rapport de séqu<strong>en</strong>ces <strong>en</strong> séqu<strong>en</strong>ces <strong>en</strong>tre nous trois, de manièresimultanée, et alternée. C’était un <strong>la</strong>bo de montage avec de <strong>la</strong> matièrevisuelle et sonore projetée. On réalisait quelque chose d’une idéede Godard : il aurait voulu, lui, non pas visionner l’<strong>en</strong>semble desfilms, mais chercher à mettre <strong>en</strong> dialogue des séqu<strong>en</strong>ces et faireapparaître, <strong>en</strong> mettant <strong>en</strong> rapport ces séqu<strong>en</strong>ces, des possibilités deles rapprocher, dégager une nouvelle vision permettant d’éc<strong>la</strong>irerun li<strong>en</strong> jusque-là ignoré. Les images <strong>en</strong>tre elles font écho, le muetparle, l’invisible apparaît. Une nouvelle histoire sans int<strong>en</strong>tion d’<strong>en</strong>raconter une <strong>en</strong> particulier s’écrit.Mais hé<strong>la</strong>s, nous pouvons difficilem<strong>en</strong>t répéter cette expéri<strong>en</strong>ce :nous nous confrontons à <strong>la</strong> perception des droits de reproductionmécanique. Le droit d'utiliser ce type de matériau à des finsculturelles et non commerciales est difficile à obt<strong>en</strong>ir et extrêmem<strong>en</strong>tonéreux.Godard dans Histoire(s) du cinéma procède au cinéma comme nousavons procédé dans notre Labo, espace scénique de type théâtral,mais avec un écran unique. Il dit souv<strong>en</strong>t : « Je donne tous mes droitsmais réinv<strong>en</strong>tez ! » et cite Bergson : « L’esprit emprunte à <strong>la</strong> matièreles perceptions dont il fait sa nourriture et les lui r<strong>en</strong>d sous formede mouvem<strong>en</strong>ts auxquels il a imprimé sa liberté ». Godard critiqueles “faiseurs d’images” qui les exploit<strong>en</strong>t à des fins narcissiquesou mercantiles. Il y a un droit et un devoir de l’image, un échangeobligatoire, un devoir de réciprocité. Il n’est pas possible de justepr<strong>en</strong>dre, emprunter, il faut r<strong>en</strong>dre.Godard s’inscrit dans <strong>la</strong> filiation de Brecht. Il pose <strong>la</strong> question de <strong>la</strong>finalité de l’art et de <strong>la</strong> responsabilité de l’artiste. L’art change-t-ilquelque chose dans notre vie ? Si oui, ce sera à cet <strong>en</strong>droit querésid<strong>en</strong>t <strong>la</strong> nécessité de l’art et l’espoir qu’il porte. Avec cetteconsci<strong>en</strong>ce qui nous guide et nous éc<strong>la</strong>ire, nos façons de vivrechang<strong>en</strong>t. En tout cas, avec Godard, je ne m’<strong>en</strong>nuie jamais !Propos recueillis par Marie FreringL'Odyssée des Animaux b<strong>la</strong>ncsPHOTO CHRISTIAN SAKKHAROVfilms <strong>en</strong> fabricationLes Sarajevi<strong>en</strong>sLong métrage docum<strong>en</strong>taire de 110 ’ de Dami<strong>en</strong> Fritsch (DVcam)Sarajevo r<strong>en</strong>aît de ses c<strong>en</strong>dres. La ville est <strong>en</strong> marche pourrejoindre l’Europe dans quelque temps. Pour l’instant elleest dans l’<strong>en</strong>tre-deux, <strong>en</strong> désordre. Alors que toutes lescaméras du monde ont détourné leurs objectifs, qui sontaujourd’hui les Sarajévi<strong>en</strong>s ?Coproduction Le Deuxième Souffle, Iskrafilms <strong>en</strong> fabricationKasaïDocum<strong>en</strong>taire de 52' de C<strong>la</strong>ude Haffner (HD)Voyage des vallées d'<strong>Alsace</strong>, d'où mon père est originaireet où j'ai grandi à celles du diamant du Kasaï, au cœurdu Congo-Kinshasa, le pays de ma mère et là où je suisnée. J’observe, je découvre et j’appr<strong>en</strong>ds mes ancêtres,ma terre d’origine et l'exploitation du diamant.Coproduction Seppia, Natives at Larges,Néon rouge, France télévisionsAu-delà des coupsDocum<strong>en</strong>taire de 52’ de Didier Asson (HD)Une plongée dans l'int<strong>en</strong>sité de <strong>la</strong> salle de boxe. À Neudorf,André Panza (8 fois champion du monde dans 8 typesde sports de combat différ<strong>en</strong>ts) explique, grogne, gueule,mais toujours avec passion. Face à lui, quatre élèves, trèsdiffér<strong>en</strong>ts, réagiss<strong>en</strong>t comme ils peuv<strong>en</strong>t…Production CerigoLes aides à domicileDocum<strong>en</strong>taire de 52’ de Guil<strong>la</strong>ume Terver (HD)Soulever une personne âgée ou handicapée, <strong>la</strong> pr<strong>en</strong>dredans ses bras, <strong>la</strong> dép<strong>la</strong>cer. Lui t<strong>en</strong>ir <strong>la</strong> main. L'<strong>en</strong>courager.Arriver dans une nouvelle maison, chez une nouvelle personne…Compr<strong>en</strong>dre <strong>la</strong> réalité d'un métier aussi difficileque mal connu.Coproduction Cresc<strong>en</strong>do films,France 3 national, France 3 Grand-EstUn Alsaci<strong>en</strong> sur <strong>la</strong> piste du vaudouDocum<strong>en</strong>taire de 52’ de David Arnold (HD)Le vaudou est une religion d’origine africaine, mais aussiune culture, une médecine, un mode de vie. Serait-i<strong>la</strong>ussi un art ? Au cœur du film apparaîtra Marc Arbogast,industriel alsaci<strong>en</strong>, collectionneur de statues vaudou,initiateur et propriétaire d'un futur musée.Coproduction Bix films, France télévisions13


lorraineInstallé dans une ferme à Saint-Quirin, <strong>en</strong> Lorraine, Éti<strong>en</strong>ne Jaxel-Truer proposechez lui des résid<strong>en</strong>ces d’écriture pour des réalisateurs ayant de zéro à trois filmsà leur actif, où confiance est faite avant tout à l’intellig<strong>en</strong>ce généreuse desparticipants. Basé sur <strong>la</strong> bonne volonté et beaucoup de bénévo<strong>la</strong>t, l’expéri<strong>en</strong>ceinterroge les dispositifs et les pratiques pour proposer un autre modèle.14Résid<strong>en</strong>ces actives, échanges malinsMarie Frering : Faites-nous un peu l’historique de votre av<strong>en</strong>ture…Éti<strong>en</strong>ne Jaxel-Truer : Je suis gérant d’une société qui a été construite sur <strong>la</strong>base d’un collectif et qui s’appelle Le Laboratoire d’écritures et d’images.Comme je suis aussi formateur indép<strong>en</strong>dant, j’ai inclus égalem<strong>en</strong>t cetravail dans cette société. La deuxième étape vi<strong>en</strong>t d’une demande à partirdes formations, les auteurs demandant à ce qu’on les aide à développerleurs films. Et nous avons comm<strong>en</strong>cé à faire des résid<strong>en</strong>ces, mais commec’est quelque chose qui ne r<strong>en</strong>tre pas du tout dans le cadre d’une société,nous avons créé l’association De l’écriture à l’image. Les résid<strong>en</strong>cesconcern<strong>en</strong>t des auteurs qui ont fait de zéro à trois films et qui ont <strong>en</strong>corebesoin d’être aidés. La troisième étape a été de dire puisque nous avonsune structure pour faire de <strong>la</strong> formation, je vais mettre toute <strong>la</strong> formationlà-dedans. Je suis allé demander de l’arg<strong>en</strong>t aux pouvoirs publics qui m’ontdit d’accord, à condition que les auteurs, <strong>en</strong> échange, intervi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t dansles écoles. Je n’y voyais pas d’inconvéni<strong>en</strong>t, au contraire j’ai trouvé ça trèssain. Et on s’est mis à réfléchir sur comm<strong>en</strong>t interv<strong>en</strong>ir auprès des <strong>en</strong>fantset comme je vis dans un tout petit vil<strong>la</strong>ge <strong>en</strong> Lorraine, je me suis ori<strong>en</strong>tévers les c<strong>la</strong>sses vertes.M.F. : Vous avez fait combi<strong>en</strong> de résid<strong>en</strong>ces d’auteurs et que s’y passe-t-il ?E.J-T. : J’<strong>en</strong> ai fait trois jusqu’à prés<strong>en</strong>t. Les g<strong>en</strong>s vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t avec leurs projetsde films, à un stade d’écriture suffisamm<strong>en</strong>t avancé pour qu’on puisse <strong>en</strong>discuter vraim<strong>en</strong>t et on regarde, on démonte, on cherche ce qui ne va pas.Ce qui est ess<strong>en</strong>tiel lorsqu’un auteur vi<strong>en</strong>t, c’est qu’il accepte le collectif,le regard des autres auteurs et qu’il s’<strong>en</strong>gage à donner de l’intellig<strong>en</strong>ce etdu temps pour chacun des projets qui sont autour de lui. Ce qui demandebeaucoup de temps, mais c’est pour ce<strong>la</strong> aussi qu’il s’agit de résid<strong>en</strong>cesd’un mois.M.F. : Comm<strong>en</strong>t ça marche du point de vue financier ?E.J-T. : La réalité des auteurs, c’est que soit ils sont intermitt<strong>en</strong>ts du spectacleet ils pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t du temps sur leurs Assédic pour écrire, soit ils n’y arriv<strong>en</strong>tpas parce qu’ils n’ont pas le temps, sur quel arg<strong>en</strong>t peut-on se permettrede pr<strong>en</strong>dre trois mois pour écrire ? J’<strong>en</strong> suis l’exemple même, j’ai quaranteans, j’ai fait des tas de trucs dans <strong>la</strong> vie mais je n’ai écrit que deux films.Donc par rapport à des dispositifs de bourse, il faut d’abord de l’arg<strong>en</strong>tpour vivre p<strong>en</strong>dant un mois ou deux et alors on peut mettre du temps,de l’énergie, de l’intellig<strong>en</strong>ce sur son projet. Et lorsque l’auteur arrive <strong>en</strong>résid<strong>en</strong>ce, on lui offre le service le plus gratuit possible. À chaque fois, lecoût de <strong>la</strong> résid<strong>en</strong>ce est différ<strong>en</strong>t. À <strong>la</strong> dernière, les parti cipants ont payé250 euros.Maint<strong>en</strong>ant, une des discussions <strong>en</strong> ce mom<strong>en</strong>t avec <strong>la</strong> Région Lorraine,c’est de dire on va augm<strong>en</strong>ter les aides à l’écriture assorties d’un fort <strong>en</strong> couragem<strong>en</strong>tà passer <strong>en</strong> résid<strong>en</strong>ce, que ce soit ici ou ailleurs <strong>en</strong> France,pour donner le plus de chances d’av<strong>en</strong>ir au film. Les producteurs croi<strong>en</strong>tbeaucoup à l’efficacité de ce dispositif car, et c’est pour ça que le CNC s’estretiré des aides à l’écriture, les résultats de ce qui est <strong>en</strong> p<strong>la</strong>ce actuellem<strong>en</strong>tsont bi<strong>en</strong> minces, même si <strong>en</strong> Lorraine ce sont des bourses de 2000 euros,donc plus qu’<strong>en</strong> <strong>Alsace</strong> (1500 euros) et sans l’obligation de prés<strong>en</strong>ter desfactures. Ce pour quoi moi je me bats, et pas tout seul, avec le collectifd’auteurs, c’est pour avoir des bourses de 5000 euros (on ne demande pas10 ou 15 000, comme dans certaines régions) assorties d’une résid<strong>en</strong>ceavec un certain nombre de garanties, c’est-à-dire que si le film ne se faitpas, ce n’est pas parce l’écriture ne serait pas aboutie mais que le film n’amalgré tout pas trouvé de producteur.Résid<strong>en</strong>ce à Saint-QuirinPHOTOS DRM.F. : Quelle est <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce des producteurs ?E.J-T. : Pour <strong>la</strong> dernière résid<strong>en</strong>ce, ils sont v<strong>en</strong>usdonner des cours, gracieusem<strong>en</strong>t pour certainsd’eux – Christian Montzinger d’Ère productions,par exemple. Ils voi<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> aussi l’intérêt poureux, ils vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t voir des projets, r<strong>en</strong>contrer dejeunes auteurs. Moi, j’appelle ça des échangesmalins…Pour l’instant, je n’ai pas assez de recul pouranalyser les résultats, car ça fait seulem<strong>en</strong>t un anet demi, j’ai vu passer treize films, il y <strong>en</strong> a deuxqui sont <strong>en</strong> post-production et un qui est <strong>en</strong>tournage. Mais on sait bi<strong>en</strong> qu’il faut du tempspour que les choses s’<strong>en</strong>gag<strong>en</strong>t, on verra pour lesautres… En tout cas, pour les films qui sortirontde notre petite fabrique d'écriture, nous feronstout pour accompagner aussi leur prés<strong>en</strong>tationpublique, on fera du buz !!!M.F : Comm<strong>en</strong>t concrètem<strong>en</strong>t se pass<strong>en</strong>t les journées ?E.J-T. : Les auteurs sont hébergés soit chez moi,dans mon gîte ou bi<strong>en</strong> dans un prieuré du XVIII equi nous est mis à disposition par <strong>la</strong> commune.Le matin est consacré au travail collectif, ontra vaille <strong>en</strong>semble sur un des projets, et l’aprèsmidichacun travaille individuellem<strong>en</strong>t. C’est trèsint<strong>en</strong>se, c’est de l’immersion. Ce qui me fascine,c’est qu’à chaque groupe, c’est une expé ri<strong>en</strong>cetotalem<strong>en</strong>t différ<strong>en</strong>te. Et souv<strong>en</strong>t, les g<strong>en</strong>s continu<strong>en</strong>tà travailler <strong>en</strong>semble après <strong>la</strong> résid<strong>en</strong>ce.Propos recueillis par Marie Freringhttp://www.ejt-<strong>la</strong>bo.comblog http://prom<strong>en</strong>onsnousdanslesbois.tumblr.com


ourgogneLa Bourgogne prépare actuellem<strong>en</strong>t <strong>la</strong> déclinaisonrégionale de l'accord-cadre national ADEC pour lespectacle vivant, auquel pourrai<strong>en</strong>t se rattacher lecinéma et l'audiovisuel.Un accord pour le développem<strong>en</strong>tde l'emploi et des compét<strong>en</strong>ces ?Le contexteFoisonnem<strong>en</strong>t de très petites <strong>en</strong>treprises et d'associations, situations contractuelles trèsdiverses pour les employés, morcellem<strong>en</strong>t des rythmes de travail et d'emploi… Le secteurdu cinéma et de l'audiovisuel évolue dans un <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t économique fragile et sanscesse <strong>en</strong> mouvem<strong>en</strong>t, exposé aux mutations technologiques et fortem<strong>en</strong>t dép<strong>en</strong>dant desaides financières publiques, pour garantir <strong>la</strong> viabilité des projets et des emplois.Auto-formation, appr<strong>en</strong>tissage empirique… On observe une connaissance insuffisantedes dispositifs de formation professionnelle de <strong>la</strong> part des employés mais aussi desemployeurs. Peu d'<strong>en</strong>treprises dispos<strong>en</strong>t d'un p<strong>la</strong>n de formation et les questions deressources humaines (RH) et de gestion prévisionnelle de l'emploi et des compét<strong>en</strong>ces(GPEC) sont rarem<strong>en</strong>t maîtrisées. Par ailleurs, l'organisation du travail et <strong>la</strong> structurationdes <strong>en</strong>treprises ne favoris<strong>en</strong>t pas <strong>la</strong> formation des professionnels du secteur. Manquede moy<strong>en</strong>s humains permettant de dégager du temps à un sa<strong>la</strong>rié pour se former, peurde passer à côté d'une opportunité de travail et difficultés d'anticipation sont autantde freins qui s'ajout<strong>en</strong>t aux coûts de <strong>la</strong> formation et à <strong>la</strong> méconnaissance des aidespossibles.Au niveau nationalFace à ces réalités contextuelles, qui marqu<strong>en</strong>t autant le spectacle vivant que le cinémaet l'audiovisuel, un accord-cadre de développem<strong>en</strong>t de l'emploi et des compét<strong>en</strong>ces(ADEC) a été signé le 10 mars 2009 <strong>en</strong>tre l'État (représ<strong>en</strong>té par les ministères del'Économie, de <strong>la</strong> Culture et du Travail), <strong>la</strong> branche du spectacle vivant (représ<strong>en</strong>tée par<strong>la</strong> Commission paritaire nationale emploi-formation du spectacle vivant (CPNEF-SV), <strong>en</strong>li<strong>en</strong> avec les syndicats), l'Ag<strong>en</strong>ce nationale pour l'amélioration des conditions de travail,l'Afdas, le C<strong>en</strong>tre médical de <strong>la</strong> Bourse et le groupe Audi<strong>en</strong>s.Cet accord a <strong>en</strong>gagé un p<strong>la</strong>n d'action sur trois ans pour améliorer <strong>la</strong> connaissance dumarché du travail, r<strong>en</strong>forcer le li<strong>en</strong> emploi-formation, optimiser les pratiques d'emploi,adapter et développer les compét<strong>en</strong>ces des sa<strong>la</strong>riés, concourir à <strong>la</strong> construction desparcours professionnels, et <strong>en</strong>fin développer une politique de prév<strong>en</strong>tion pour préserver<strong>la</strong> santé et <strong>la</strong> sécurité des sa<strong>la</strong>riés. Il a permis de mettre <strong>en</strong> œuvre des actions trèsconcrètes et novatrices, parfois expérim<strong>en</strong>tales, <strong>en</strong> faveur de l'emploi et de <strong>la</strong> formation,actions co-validées par <strong>la</strong> profession et les pouvoirs publics.Dans les régionsUne fois l'ADEC signé au niveau national, il rev<strong>en</strong>ait aux Directions régionales des<strong>en</strong>treprises, de <strong>la</strong> concurr<strong>en</strong>ce, de <strong>la</strong> consommation, du travail et de l'emploi (Direccte)et aux DRAC de chaque région de mettre <strong>en</strong> p<strong>la</strong>ce une déclinaison régionale de l'accord,avec l'appui de <strong>la</strong> CPNEF-SV. C'est ainsi que dès <strong>la</strong> première année, des discussions à cesujet ont été initiées dans douze régions et qu'à ce jour, quinze déclinaisons de l'ADECsont <strong>en</strong> cours ou <strong>en</strong> préparation <strong>en</strong> France. L'accord est destiné au spectacle vivant,mais dans certaines régions comme le C<strong>en</strong>tre et le Languedoc-Roussillon, <strong>la</strong> branchecinéma-audiovisuel a été intégrée, dans le but de mutualiser les moy<strong>en</strong>s (<strong>en</strong> moy<strong>en</strong>neune c<strong>en</strong>taine de milliers d'euros par an) et de favoriser les passerelles <strong>en</strong>tre les deuxsecteurs. L'ADEC est un dispositif d'État, mais pour certaines déclinaisons, les Conseilsrégionaux se sont impliqués et apport<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t des fonds. L’Afdas cofinance etconduit une grande partie des actions.En BourgogneDepuis plusieurs années, l'association Musique danse Bourgogne (MDB) mène un travailde fond pour structurer l'emploi et <strong>la</strong> formation professionnelle dans le spectacle vivant,le cinéma et l'audiovisuel. Elle organise depuis 2008 des journées d'information etd'échanges dans les départem<strong>en</strong>ts bourguignons, dont les conclusions ont été prés<strong>en</strong>téesle 30 juin 2009. À cette occasion, <strong>la</strong> déléguée générale de <strong>la</strong> CPNEF-SV, CaroleZavadski, est v<strong>en</strong>ue prés<strong>en</strong>ter l'ADEC à <strong>la</strong> Direccte de Bourgogne. C'est ainsi que leprojet de déclinaison de l'accord a été <strong>la</strong>ncé dans <strong>la</strong> région. Depuis cette date, MDBréunit régulièrem<strong>en</strong>t les syndicats, institutions et professionnels dans le cadre de <strong>la</strong>Confér<strong>en</strong>ce régionale des professions du spectacle (Coreps) pour faire avancer le projet.Au-delà du sil<strong>en</strong>ce de Loïc MahéEn dehors de l'ADECet de ses déclinaisons régionalesUn certain nombre d'autres régions, soucieuses de <strong>la</strong>consolidation de ces secteurs, ont eu recours à d'autresdispositifs qu'elles ont mis <strong>en</strong> p<strong>la</strong>ce pour le spectaclevivant et le cinéma-audiovisuel. C'est le cas de <strong>la</strong> régionRhône-Alpes, qui a conclu à l'initiative du Conseilrégional un contrat d'objectifs emploi-formation (COEF),ou de PACA qui a mis <strong>en</strong> p<strong>la</strong>ce un accord-cadre tripartite,<strong>en</strong>tre État, Région et branches professionnelles spectaclevivant et cinéma audiovisuel. Quant à <strong>la</strong> Région Poitou-Char<strong>en</strong>tes, elle a choisi un docum<strong>en</strong>t contractuel uniqueregroupant deux dispositifs : contrat d’objectifs territorial(COT) et <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t de l’emploi et des compét<strong>en</strong>ces(EDEC).Grâce à ces démarches inédites, de nombreux travauxont débuté depuis 2009 dans toute <strong>la</strong> France, portantsur <strong>la</strong> promotion des formations <strong>en</strong> alternance, le développem<strong>en</strong>t de <strong>la</strong> validation des acquis de l'expéri<strong>en</strong>ce(VAE), les bi<strong>la</strong>ns de compét<strong>en</strong>ces, l'expéri m<strong>en</strong>tationd'offres de formation modu<strong>la</strong>ires, etc., douze formationsmodu<strong>la</strong>ires ont ainsi été organisées <strong>en</strong> 2009 <strong>en</strong> régionsC<strong>en</strong>tre et Rhône-Alpes, rassemb<strong>la</strong>nt 92 sta giaires. Lescontrats et accords type ADEC peuv<strong>en</strong>t être perçuscomme de “grosses machines” ou de simples ori<strong>en</strong>tationsgénérales, mais ils form<strong>en</strong>t souv<strong>en</strong>t le cadre de travailcollégial nécessaire pour <strong>en</strong>gager par <strong>la</strong> suite un p<strong>la</strong>nd'actions concrètes. Ainsi, grâce au montage d'un ADECqui intègrerait le cinéma et l'audiovisuel (ce quesouhait<strong>en</strong>t les part<strong>en</strong>aires sociaux de Bourgogne),ce sont 189 établissem<strong>en</strong>ts et 364 actifs (dont 35 %d'inter mitt<strong>en</strong>ts et 65 % de perman<strong>en</strong>ts) qui pourrai<strong>en</strong>tprofiter de formations innovantes dans le domaine ducinéma et de l'audiovisuel <strong>en</strong> Bourgogne. En priorité :les projectionnistes, dont le métier est mis à l'épreuvepar l'arrivée du numérique dans les salles de cinéma,et l'adap tation des professions de l'audiovisuel auxnouveaux supports de diffusion (web, téléphonie mobile,cross média…).En définitive, et ce quel que soit le type d'accord, il estimportant de constater <strong>la</strong> dynamique impulsée grâce audialogue <strong>en</strong>tre l'État, les collectivités territoriales, lessyndicats et les organismes professionnels, lorsqu'ils semett<strong>en</strong>t d'accord par voie de contractualisation poursout<strong>en</strong>ir et développer l'emploi et l'activité économiquede nos secteurs.Estelle Cavoit, APAARSource : Une lecture du spectacle vivantet audiovisuel <strong>en</strong> Bourgogne, dossier produit par le C2Ret Musique danse Bourgogne <strong>en</strong> avril 2011.15


chiffres grand-estBielutin, dans le jardin du temps de Clém<strong>en</strong>t Cogitore16Les aides de <strong>la</strong> CUS et de <strong>la</strong> Région <strong>Alsace</strong>, session 1 2011CUS Région <strong>Alsace</strong>DOCUMENTAIRESdemandé obt<strong>en</strong>u demandé obt<strong>en</strong>uAre you ready to be ?, 52’ • RÉALISATION Fanck Vialle • PRODUCTEUR Cérigo films 16 000 € 15000 € 18000 € 9000 €Au-delà des coups, 52’ • RÉALISATION Didier Asson • PRODUCTEUR Cérigo films 16 000 € 13000 € 17000 € 0 €Sauvons <strong>la</strong> p<strong>la</strong>nète !, 52’ • RÉALISATION Max Disbeaux, Marc Jonas • PRODUCTEUR Des Jours meilleurs 15 000 € 0 € 15000 € 0 €L'arbre d'<strong>en</strong> face, 52’ • RÉALISATION Pierre Toussaint • PRODUCTEUR Bix films 15 825 € 0 € 15000 € 15000 €Hchouma, 52’ • RÉALISATION Zouhair Chebbale • PRODUCTEUR Bix films 15 825 € 15000 € 15000 € 10 000 €Unter Freund<strong>en</strong>, <strong>en</strong>tre amis. Valse politique à Bruxelles, 90’ • RÉALISATION David Bernet • PRODUCTEUR Seppia 20 000 € AJOURNÉ 25000 € 20000 €Les bâtisseurs de <strong>la</strong> cathédrale, 90’ • RÉALISATION Marc Jampolsky • PRODUCTEUR Seppia 75 000 € 30000 € 75000 € 30000 €Dans le jardin du temps, 45’ • RÉALISATION Clém<strong>en</strong>t Cogitore • PRODUCTEUR Seppia 15 000 € 15000 € 16000 € 8000 €À mains nues. Mit bloss<strong>en</strong> Hand<strong>en</strong>. André Weckmann, 52’ • RÉALISATION Alian Jomy • PRODUCTEUR Seppia 18 000 € AJOURNÉ 20000 € 15000 €Chemins sur les frontières, 12 x 28’ • RÉALISATION E. Migliorini, T. Cerciat, G. Meich, T. Heckel • PRODUCTEUR Seppia 10 000 € 0 € 12000 € 0 €Les percussions de Strasbourg. 50 ans de musiques d'aujourd'hui, 52’ • RÉALISATION Éric Darmon • PRODUCTEURS Ozango, 3 Cafés prod 26 375 € AJOURNÉ 20000 € 0 €Buffalo Bill, 80-90’ • RÉALISATION Vinc<strong>en</strong>t Froehly • PRODUCTEUR Ère production 26375 € 20000 € 25000 € 15000 €La leçon de cathédrale. En écoutant Clém<strong>en</strong>t Kelhetter, 52’ • RÉALISATION Bruno Agui<strong>la</strong>, D<strong>en</strong>is Becke • PRODUCTEUR Novi productions 15 825 € 12000 € - -Cambodge, après l'adieu, 52’ • RÉALISATION Iv Charbonneau • PRODUCTEUR Ana films 18 990 € 13000 € 22000 € 15000 €COURTS MÉTRAGESLa magie du Christkindelsmärick [...], 46’ • RÉALISATION François Kron<strong>en</strong>berger • PRODUCTEUR Prod 51 94 950 € 0 € - -Les navets b<strong>la</strong>ncs, 20’ • RÉALISATION Rachel Lang • PRODUCTEUR Chevaldeuxtrois 16722 € 13000 € - -La mé<strong>la</strong>ncolie du chasseur, 20’ • RÉALISATION Yannick Karcher • PRODUCTEUR Cérigo films 20000 € 0 € 22000 € 0 €En chantier, 17’ • RÉALISATION Julie Grossetête • PRODUCTEUR Prométhée productions 15825 € AJOURNÉ 25 000 € 15000 €La liste du père Noël, 15’ • RÉALISATION Walid Mattar • PRODUCTEUR Barney production 26375 € 15000 € 22 500 € 10 000 €Abribus, 18' • RÉALISATION Carine Hazan • PRODUCTEUR Cassiopée films 14955 € 12000 € - -Lambda 330, 20’ • RÉALISATION Caroline Cutaia et Domitille Leca • PRODUCTEUR Robinson production 34815 € 0 € - -La ma<strong>la</strong>die du bonheur, 20’ • RÉALISATION Cécile Déroudille • PRODUCTEUR Sedna films 5 275 € 0 € 25 000 € 0 €Les armes oubliées, 25’ • RÉALISATION Philippe Lasry • PRODUCTEUR Easy Tiger 21 100 € AJOURNÉ 20 000 € 0 €Les parapluies migrateurs, 20’ • RÉALISATION Mé<strong>la</strong>nie Laleu • PRODUCTEUR La Main productions 28485 € 15000 € - -Si proche des mi<strong>en</strong>s, 30’ • RÉALISATION Baptiste Debraux • PRODUCTEUR Les Productions Balthazar 15825 € AJOURNÉ 15000 € 15000 €A Lapse of Time, 18' • RÉALISATION Céline Tricart • PRODUCTEUR Laz<strong>en</strong>nec tout court 36925 € AJOURNÉ 30000 € 15000 €Soap Opéra, 25’ • RÉALISATION Hélène Abram• PRODUCTEUR La Vie est belle films associés 21 100 € 0 € 25000 € 0 €Cavalerie, 10' • RÉALISATION Emmanuel Pou<strong>la</strong>in-Arnaud • PRODUCTEUR 36 15 films 17935 € 15000 € 20000 € 0 €John Frum Airport, 22' • RÉALISATION Dami<strong>en</strong> Faure • PRODUCTEUR AAA production - - 40000 € 0 €Le beau petit chalet, 15' • RÉALISATION Sébasti<strong>en</strong> Auger • PRODUCTEUR Affreux sales et méchants productions - - 25000 € 0 €Qu<strong>en</strong>ottes, 15' • RÉALISATION Pascal Thiebaux • PRODUCTEUR Affreux sales et méchants productions - - 20000 € 0 €LONGS MÉTRAGESLe <strong>la</strong>c, 90’ • RÉALISATION Manuel Pradal • PRODUCTEUR Numéro 7 105 500 € 0 € - -Les Sarajevi<strong>en</strong>s, 100’ • RÉALISATION Dami<strong>en</strong> Fritsch • PRODUCTEUR Le Deuxième Souffle films & associés 42200 € 40 000 € 40000 € 35000 €AIDE À LA RECHERCHE D'UN DIFFUSEUR AUDIOVISUELL'autoroute, docum<strong>en</strong>taire, teaser 5’ • RÉALISATION Jérôme Colin • PRODUCTEUR Bix films - - 5 000 € 4000 €Les basses pressions, docum<strong>en</strong>taire, démo • RÉALISATION Michel Meyer • PRODUCTEUR Des Jours meilleurs - - 7 000 € 0 €L’autre école de <strong>la</strong> vie ou l’abécédaire, série, démo • RÉALISATION A. Spielmann et J.-L. Nachbauer • PRODUCTEUR Les Films de l'Europe - - 7 000 € 3000 €Made in China, docum<strong>en</strong>taire, teaser 4’ • RÉALISATION Jean-Luc Nachbauer • PRODUCTEUR Les Films de l'Europe - - 7 000 € 0 €Soucouping Stories, docum<strong>en</strong>taire, teaser 6’ • RÉALISATION Stéphane Martinez • PRODUCTEUR Seppia - - 7 000 € 0 €


Les aides de <strong>la</strong> Région Lorraine, session 1, 2011AIDES À LA PRODUCTION LONGS MÉTRAGESRégion Lorrainedemandéobt<strong>en</strong>uUn <strong>en</strong>fant de toi, 105 • RÉALISATION Jacques Doillon • PRODUCTEUR 4A4 productions 200000 € 200000 €L'étrange couleur des <strong>la</strong>rmes de ton corps, 105’ • RÉALISATION Hélène Cattet et Bruno Forzani PRODUCTEUR Tobina films 200000 € 50000 €Le sanglot des arbres, 90’ • RÉALISATION François Descraques • PRODUCTEUR Daroo productions 200000 € 50000 €Quand je serai petit, 100’ • RÉALISATION Jean-Paul Rouve • PRODUCTEUR Elia films 150000 € 0 €Les notes de l'espérance, 94’ • RÉALISATION Ludovic Di Andolfo • PRODUCTEUR IPEC 200000 € 0 €Toutes les nuits, 100’ • RÉALISATION Romain Basset • PRODUCTEUR Metaluna production 200000 € 0 €L'Étoile po<strong>la</strong>ire, 90’ • RÉALISATION Dominique Li<strong>en</strong>hard • PRODUCTEUR Butterfly productions 200000 € 0 €Note : depuis janvier 2011, le cinéma et l’audiovisuel sont organisés <strong>en</strong> cellule de l’audiovisuel et du cinéma à <strong>la</strong> Région Lorraine. Cette cellule regroupe toutes lesmissions liées au secteur et dont <strong>la</strong> tête de file est Marie-Alix Fourqu<strong>en</strong>ay.À partir du 1 er mai, <strong>la</strong> cellule sera composée de deux personnes dont les missions se définiront comme suit :- le chargé de mission cinéma et responsable du bureau d'accueil des tournages sera le référ<strong>en</strong>t cinéma (suivi des dossiers de demande de subv<strong>en</strong>tion de cinémaet court métrage), suivra le passage au numérique, sera le référ<strong>en</strong>t politique du cinéma et de l’audiovisuel et assurera le travail d’accueil des tournages, plus lesactions de communication et de promotion de <strong>la</strong> Région ;- le chargé de mission audiovisuel et diffusion : <strong>en</strong> re<strong>la</strong>tion et concertation avec le chef de file, sera le référ<strong>en</strong>t audiovisuel (suivi des dossiers de subv<strong>en</strong>tionsaudiovisuels), suivra les festivals de Lorraine et assurera le re<strong>la</strong>is au sein des structures d’éducation à l’image afin de développer ce secteur auprès despart<strong>en</strong>aires.Les aides de <strong>la</strong> Région Champagne-Ard<strong>en</strong>ne, session 1, 2011Champagne-Ard<strong>en</strong>nedemandéobt<strong>en</strong>uCOURTS MÉTRAGESChantou, 18’ • RÉALISATION Marion Cozzutti • PRODUCTEUR Kazak productions 35000 € 35000 €Une fois dans l'Ouest, 25’ • RÉALISATION Sophie Perrin • PRODUCTEUR Utopie films 35000 € 35000 €Le collectionneur, 15’ • RÉALISATION Iannis Guerrero • PRODUCTEUR Les Films d'ici 35000 € 15000 €AIDES À LA PRODUCTION DOCUMENTAIREEn piste ! À <strong>la</strong> découverte du CNAC de Châlons-<strong>en</strong>-Champagne, 52’ • RÉALISATION Jérôme Descamps • PRODUCTEUR Bleu iroise ars<strong>en</strong>al, Morgane groupe 20 000 € 20 000 €Les aides de <strong>la</strong> Région Bourgogne, session 1, 2011AIDE À LA PRODUCTION DOCUMENTAIRESRégion Bourgognedemandéobt<strong>en</strong>uLe bonheur <strong>en</strong> susp<strong>en</strong>s, 52’ • RÉALISATION Jacques-A<strong>la</strong>in Raynaud • PRODUCTEUR Scope 2 production 30000 € 15000 €Jeunes <strong>en</strong> campagne, 52’ • RÉALISATION Daniel Vigne, Michel Debats • PRODUCTEUR La Gaptière production 15000 € 15000 €Carrém<strong>en</strong>t cornichon !, 52’ • RÉALISATION Olivier Sarrazin • PRODUCTEUR Real productions 20000 € 20000 €François Mitterrand. Une vie <strong>en</strong> Bourgogne, 52’ • RÉALISATION Jean-Michel Dury • PRODUCTEUR Faites un vœu 30000 € 15000 €Super 8… mon amour !, 52’ • RÉALISATION Rémy Batteault • PRODUCTEUR Compagnie des phares et balises 25000 € 20000 €Le chanoine Kir, 52’ • RÉALISATION Éric Nivot • PRODUCTEUR S<strong>en</strong>sito films 50000 € 0 €L'AJ Auxerre. Les ailes de <strong>la</strong> passion, 52’ • RÉALISATION Frédéric Jacovlev • PRODUCTEUR Lucida productions 15000 € 0 €LONGS MÉTRAGES10 jours <strong>en</strong> or, 110’ • RÉALISATION Nico<strong>la</strong>s Brossette • PRODUCTEUR Loin derrière l'Oural 200 000 € 0 €Du v<strong>en</strong>t dans les mollets, 100’ • RÉALISATION Carine Tardieu • PRODUCTEUR Karé productions 200000 € 0 €Mes chers par<strong>en</strong>ts, 90’ • RÉALISATION Marc Angelo • PRODUCTEUR Manny films 200000 € 0 €Sélection officielle, 90’ • RÉALISATION Jacques Richard • PRODUCTEUR Les Films élém<strong>en</strong>taires 150 000 € 0 €Quand je serai petit, 90’ • RÉALISATION Jean-Paul Rouve • PRODUCTEUR Elia films 200 000 € 0 €Quelques heures de printemps, 100’ • RÉALISATION Stéphane Brizé • PRODUCTEUR TS productions 200 000 € 150 000 €FICTIONS TÉLÉVISÉESUne famille formidable, 3 x 100’ • RÉALISATION Joël Santoni • PRODUCTEUR Panama productions 100 000 € 90000 €Un film sans…, 10 x 1’30 • RÉALISATION Michel Muller • PRODUCTEUR Le Standard 100 000 € 0 €Note : le fonds d'aide de <strong>la</strong> Région Franche-Comté a subi une forte baisse <strong>en</strong> 2010 par <strong>la</strong> suppression des aides à l'écriture et à <strong>la</strong> production de téléfilms et longsmétrages de fiction pour 2011. Aucune commission ne s'est réunie ce printemps.17


histoires de filmsLe 28 janvier 2011, <strong>la</strong> Safire dans le cadre de <strong>la</strong> carte b<strong>la</strong>nche proposée par Vidéo Les Beaux Jours a prés<strong>en</strong>té deux courts métrages,Enclume de Romain Zaniboni et Le soupir des anges de Matthieu Rousseaux, pour donner <strong>la</strong> parole à deux jeunes réalisateurs issus del'autoproduction strasbourgeoise. Lors de cette projection croisée, ils ont découvert leurs travaux respectifs et leurs nombreux pointscommuns.Salle de projection de Vidéo Les Beaux Jours…PHOTOS DRCarte b<strong>la</strong>nche de <strong>la</strong> Safire à Romain Zaniboni et Matthieu RousseauxPHOTOS DR18Des films de partageJean-Cyrille Muzelet : Quelle est <strong>la</strong> g<strong>en</strong>èse de vos films ?Matthieu Rousseaux : C'est mon premier court métrage, parti d'une passiondes films et de <strong>la</strong> pratique de <strong>la</strong> photo. J'ai décidé de monter ce projetsans faire partie ni vraim<strong>en</strong>t connaître le fonctionnem<strong>en</strong>t professionnel.Je suis autodidacte, j’appr<strong>en</strong>ds <strong>en</strong> faisant. J’avais fait auparavant quelquescaptations de spectacles et bricolé quelques petits courts métrages, maislà, ce film marque une prise de consci<strong>en</strong>ce. J'ai décidé de le faire <strong>en</strong> medonnant les moy<strong>en</strong>s d'un “vrai”.Avant je pr<strong>en</strong>ais ma caméra et mon pied, et je filmais à l'instinct. Là, j'aiécrit un scénario, ce que je n'avais jamais fait, imaginé les découpages, crééun story-board précis. J'ai porté le film tout seul, l'artistique, le technique et<strong>la</strong> logistique. Heureusem<strong>en</strong>t au tournage j'ai été sout<strong>en</strong>u, mais on n’est paspassé loin du drame un soir, car l’équilibre est fragile lorsqu’on travaillede cette manière. Il faut savoir beaucoup supporter, et pr<strong>en</strong>dre sur soi.J'espère que ce<strong>la</strong> vi<strong>en</strong>dra avec l'expéri<strong>en</strong>ce. Je regrette quand même d'avoir<strong>la</strong>issé derrière moi une demande de subv<strong>en</strong>tion, qui m'aurait donné unelégitimité ! Maint<strong>en</strong>ant que je travaille plus souv<strong>en</strong>t dans des productionsprofessionnelles, <strong>la</strong> question du travail et de <strong>la</strong> cohér<strong>en</strong>ce de l’équipe esttoujours prés<strong>en</strong>te. Mais je cherche à ne pas oublier ce qui m'habite depuisle début : amateur veut dire être partisan avec amour.Romain Zaniboni : Enclume est un film qui clôt un cursus universitaire. C'estnéanmoins un film très personnel et intime, des réflexions sur <strong>la</strong> vie,<strong>la</strong> création, le cinéma. J'ai voulu faire un hommage à des cinéastes quej'admire, surtout Tarkovski, et aussi Kieslovski… Depuis que je suis <strong>en</strong>fantje m’amuse avec des images, je fabriquais des cadres, faisant disparaîtreet réapparaître mes jouets, un peu à <strong>la</strong> manière de Méliès. Aujourd'hui,je cherche à filmer ce qui se passe derrière l’image, dans <strong>la</strong> dim<strong>en</strong>sionspirituelle de l’art, à <strong>la</strong> manière de Tarkovski. Le but de l’homme est danssa quête spirituelle. Avoir connaissance de soi, de l'autre et de l'espace.Aujourd'hui malheureusem<strong>en</strong>t, on est dans l’hédonisme, le p<strong>la</strong>isir facile,le voyeurisme <strong>en</strong> matière d'image, un <strong>en</strong>semble de comportem<strong>en</strong>ts baséssur <strong>la</strong> pulsion.J-C.M. : Comm<strong>en</strong>t s’est passé le tournage de vos films ?M.R. : On ne r<strong>en</strong>d pas assez hommage à tous les g<strong>en</strong>s qui, dans l'ombreabatt<strong>en</strong>t un travail fou, il faut vraim<strong>en</strong>t remercier et reconnaître le travaildes personnes qui s'inves tiss<strong>en</strong>t, surtout quand personne n'est payé.–Enclume de RomainZaniboni est un filmsur l’exil et le mal-êtrequ’il suscite au traversd'un poète irani<strong>en</strong>.La poésie est prés<strong>en</strong>tepar les voix off et par desp<strong>la</strong>ns séqu<strong>en</strong>ce longs etl<strong>en</strong>ts où le personnage estperdu dans le cadre commedans sa situation d’exilé.L’écriture devi<strong>en</strong>t pourlui un li<strong>en</strong> sil<strong>en</strong>cieux qu'il<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>t avec les si<strong>en</strong>s.–Le soupir des anges prête àde multiples interprétations.Deux solitaires, un jeune etun vieil homme pourrai<strong>en</strong>têtre les anges de ce film.Encore plus isolé, untoxicomane dans son squat.En noir et b<strong>la</strong>nc, avec derares dialogues, les troispersonnages sont commetrois correspondances qui setiss<strong>en</strong>t dans l’interprétationdu spectateur. Avec desmouvem<strong>en</strong>ts de camérad’une certaine rapidité,le réalisateur interroge lesress<strong>en</strong>tis et les mouvem<strong>en</strong>tsintérieurs de ces exilésde <strong>la</strong> vie.R.Z. : Pour moi c’était une toute petite équipe,j'avais un cadreur, un pr<strong>en</strong>eur de son, et mesacteurs, cinq à dix personnes. J'avais tout storyboardé,mais j'ai pris <strong>la</strong> liberté de sortir de monscénario. J'ai écouté mon équipe et observé.J'avais <strong>la</strong> liberté de remodeler les choses au tournage.Les aléas négatifs peuv<strong>en</strong>t ainsi dev<strong>en</strong>irpositifs, mon dernier p<strong>la</strong>n n'aurait jamais eucette profondeur poétique si sur le tournage il nes’était pas mis à pleuvoir avec des bourrasquesde v<strong>en</strong>t. C'est <strong>la</strong> r<strong>en</strong>contre avec <strong>la</strong> réalité quipeut nous apporter aussi quelque chose autournage. À l’université, il y avait une tr<strong>en</strong>tainede films qui se sont faits dans <strong>la</strong> promo et ondevait s'<strong>en</strong>traider avec un matériel très limité.Il fal<strong>la</strong>it s'organiser pour ne pas gêner les autrestournages. Cette petite équipe a fait une douzainede courts métrages ! C’était vraim<strong>en</strong>t un travailtitanesque car <strong>la</strong> fac nous réc<strong>la</strong>mait des dossiersd'analyse théorique et de préparation d'exam<strong>en</strong>s.


Être réali sateur ne peut pas être juste un métier, c'est aussi savoir fairepartie d'une équipe humaine. J’<strong>en</strong> profite pour remercier ValerianWetzel, Alice Remmy, Ahmed Kleit, Val<strong>en</strong>tin Potier, Romeo Flor<strong>en</strong>tz,Sarah Kriba et Lea Hibert. Tous se sont impliqués dans plusieurs films,on a créé une synergie de c<strong>la</strong>sse.J-C.M. : Donc <strong>la</strong> fac est une bonne école ?R.Z. : La fac m'a appris à aiguiser un esprit critique, elle m'a apporté unesolide culture <strong>en</strong> arts et à me forger ma propre opinion, à me positionner.Elle m'a apporté un bagage théorique mais il nous a manqué un bagagepratique. On a dû appr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong>tre nous <strong>en</strong> tournant tous les jours.M.R. : Moi je ne suis pas passé par <strong>la</strong> fac. Au début j'ai juste accompagnéun copain, Jean Epp, qui vou<strong>la</strong>it faire des films et puis ça m'a pris aussi.De ce temps-là, je garde un amour de <strong>la</strong> technique : imaginer des p<strong>la</strong>nsinfaisables et les réussir <strong>en</strong> fabriquant une grue ou une steady cam !J'ai souv<strong>en</strong>t l'impression <strong>en</strong> voyant des films issus de <strong>la</strong> fac que lesg<strong>en</strong>s sont un peu bridés, non ? Moi, je n'ai pas eu de barrières. Maisje me suis r<strong>en</strong>du compte, hier soir, que nous avons tous les deux étéinflu<strong>en</strong>cés par Tarkovski, mais de manière différ<strong>en</strong>te, Romain a r<strong>en</strong>ducompte directem<strong>en</strong>t de cette influ<strong>en</strong>ce, dans son film, et moi pas dutout.R.Z. : De toute façon, être réalisateur ne s'appr<strong>en</strong>d pas dans une école.C'est un fantasme de croire que tu devi<strong>en</strong>s réalisateur <strong>en</strong> faisant une écoleou une fac, ce sont des lieux qui conditionn<strong>en</strong>t autant qu’ils permett<strong>en</strong>tune consci<strong>en</strong>ce critique et théorique.J-C.M. : La projection <strong>en</strong> salle devi<strong>en</strong>t de plus <strong>en</strong> plus rare pour des films autoproduitscomme les vôtres, généralem<strong>en</strong>t leur exposition passe d’abord par le net, quelle estl’importance pour vous de <strong>la</strong> projection publique ?R.Z. : Mais les g<strong>en</strong>s continu<strong>en</strong>t à aimer aller au cinéma. Ce n'est plusle c<strong>en</strong>tre car il y a une facilité à tout ram<strong>en</strong>er chez soi grâce à internetet à l’écran p<strong>la</strong>t. Mais <strong>la</strong> salle, c'est aussi le contact du public avec leréalisateur. Ce<strong>la</strong> crée le débat, les r<strong>en</strong>contres…M.R. : Et <strong>la</strong> r<strong>en</strong>contre avec le public est passionnante. L’ému<strong>la</strong>tion par<strong>la</strong> discussion, les réactions… J'ai trouvé beaucoup de li<strong>en</strong>s <strong>en</strong>tre nosfilms grâce à cette soirée, c'est un partage qui est <strong>la</strong> base de tout, etqu'internet tue !J-C.M. : Vous êtes partis vivre aujourd’hui dans deux capitales différ<strong>en</strong>tes, Berlin etParis. Comm<strong>en</strong>t voyez-vous votre av<strong>en</strong>ir ?M.R. : Être à Berlin m'offre <strong>la</strong> possibilité de trouver un producteurde chaque côté du Rhin, pour monter une coproduction grâce, parexemple, au programme MEDIA. J'ai comm<strong>en</strong>cé à faire des films dansle partage avec Jean, et c'est cette richesse que je voudrais retrouver, par<strong>la</strong> r<strong>en</strong>contre de ces deux cultures. Pour le mom<strong>en</strong>t, je me forme sur destournages professionnels et amateurs.J-C.M. : Vous préparez tous les deux d'autres films, Enclume et Le Soupir ont ététournés à Strasbourg, ce territoire que vous connaissez très bi<strong>en</strong> vous attire-t-ilpour rev<strong>en</strong>ir tourner ici ?R.Z. : Pas que Strasbourg, l'<strong>Alsace</strong> est un espace magnifique… Unmé<strong>la</strong>nge <strong>en</strong>tre passé et prés<strong>en</strong>t ; un énorme pot<strong>en</strong>tiel pour exprimer sess<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts. Strasbourg, c'est une ville qui a une histoire et dont unepart fait partie de ma vie. J'y trouve une intimité qui m'inspire.M.R. : C'est <strong>la</strong> région que je connais le mieux, alors j'essaye de lier cetteville et sa nature à l'ailleurs, c'est ce<strong>la</strong> dont j'ai vraim<strong>en</strong>t <strong>en</strong>vie…Propos recueillis par Jean-Cyrille Muzelet, Safirezlems@voi<strong>la</strong>.frfilms sortis de fabriqueChatrak [Champignons]Long métrage fiction de 90'de Vimukthi Jayasundara (DCP, 35 mm st)Coproduction Les Films de l'étranger,Vandana Trading Company, Calcutta (Inde)Festival de Cannes 2011Savoir raison garderDocum<strong>en</strong>taire de 54’ de Mamounata Nikeima (DV)Coproduction Vie des Hauts production,Les Films ess<strong>en</strong>tiels (Burkina Faso)Diffusion sur le réseaudes télévisions locales de service publicNotre camarade TitoDocum<strong>en</strong>taire de 52’ de Robin Hunzinger (HD)Coproduction Real productions, Ère production,France télévisions, Crrav Nord-Pas-de-Ca<strong>la</strong>isDiffusion France 3 Lorraine le 7 mai 2011Vermisst, portés disparusDocum<strong>en</strong>taire de 52', écrit par Monique Seemannet réalisé par Laur<strong>en</strong>t Lutaud (HD)Coproduction Seppia, France télévisionsDiffusion France 3 <strong>Alsace</strong>lundi 15 novembre et samedi 27 novembre 2010Avant-première lundi 8 novembre à <strong>la</strong> Salle des fêtesde Schirmeck et mardi 9 novembre 2010à l'Hôtel du départem<strong>en</strong>t de Strasbourgfilms sortis de fabrique19


pédagogieLa troisième r<strong>en</strong>contre de réalisation vidéo <strong>Alsace</strong> - Bade-Wurtemberg, réunissant des élèves français et allemands, a eu lieu au lycéeStanis<strong>la</strong>s de Wissembourg du 16 au 20 avril 2011.Le groupe Méliès a travaillé les effets spéciaux. Ici, un exemple d'incrustation.PHOTOS DRLes R<strong>en</strong>contres… fiche techniqueOrganisée par le ministère de l’Éducation du Land deBade-Wurtemberg, <strong>en</strong> coopération avec <strong>la</strong> délégationà l’action culturelle de l’Académie de Strasbourg, <strong>la</strong>DRAC <strong>Alsace</strong>, le Goethe-Institut de Nancy, Vidéo LesBeaux Jours (pôle régional d'éducation artistique etde formation au cinéma et à l'audiovisuel) et le lycéeStanis<strong>la</strong>s de Wissembourg, cette troisième R<strong>en</strong>contresco<strong>la</strong>ire transfrontalière consacrée à <strong>la</strong> réali sationvidéo réunit une quarantaine de jeunes, lycé<strong>en</strong>s etcollégi<strong>en</strong>s des deux régions. Organisées tous les deuxans, ces r<strong>en</strong>contres ont eu lieu à l'Akademie SchlossRot<strong>en</strong>fels de Gagg<strong>en</strong>au <strong>en</strong> 2007 et <strong>en</strong> 2009. L'édition2011 se déroule pour <strong>la</strong> première fois <strong>en</strong> France.Objectif de ces journées de travail <strong>en</strong> commun, pargroupes binationaux : <strong>la</strong> réalisation d’une séqu<strong>en</strong>cesur le thème de <strong>la</strong> mise <strong>en</strong> scène. Les élèves sont guidéspar des professionnels de l'audiovisuel, réalisateurset technici<strong>en</strong>s, qui intervi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t dans le cadre dediffér<strong>en</strong>ts ateliers pour les aider à approfondir leursconnaissances <strong>en</strong> matière d’écriture de scénario, detechnique de caméra, de prise de son, de montage… Lesaccompagnateurs-<strong>en</strong>seignants travaill<strong>en</strong>t quant à euxà l'é<strong>la</strong>boration de docum<strong>en</strong>ts pédagogiques bilinguessur le même thème.Les courts métrages réalisés par les jeunes parti cipantsont été prés<strong>en</strong>tés au public le mercredi 20 avril à10 heures à La Nef, re<strong>la</strong>is culturel de Wissembourg.Le lycée Stanis<strong>la</strong>s a mis à <strong>la</strong> disposition des parti cipantsle matériel de l'option cinéma, les moy<strong>en</strong>s infor matiquesde l'établissem<strong>en</strong>t et l'<strong>en</strong>semble des locaux.Les travaux réalisés feront l'objet d'une édition dvd(consultable à Vidéo Les Beaux Jours).20Une pédagogie de l'exerciceÉchange linguistique compte t<strong>en</strong>u de sa dim<strong>en</strong>sion transfrontalière, lesr<strong>en</strong>contres de réali sation vidéo sont bi<strong>en</strong> sûr un mom<strong>en</strong>t privi légié proposéaux élèves français et allemands pour expérim<strong>en</strong>ter le processusde réalisation filmique. Les pratiques culturelles et artistiques diffèr<strong>en</strong>t depart et d'autre du Rhin, ces r<strong>en</strong>contres axées sur une pratique int<strong>en</strong>sive(créer un film <strong>en</strong> quelques jours) contraign<strong>en</strong>t chacun à faire un pas dans<strong>la</strong> compréh<strong>en</strong>sion de l'autre afin de nourrir une proposition artistiquecommune.Le thème proposé cette année est <strong>la</strong> mise <strong>en</strong> scène. L'exercice demandé àchacun des sept groupes d'élèves est de mettre <strong>en</strong> scène un même extraitde scénario <strong>en</strong> s'appuyant sur une dominante : le son (groupe Tati), lep<strong>la</strong>n séqu<strong>en</strong>ce (groupe Ophüls), l'image fixe (groupe Marker), <strong>la</strong> musique(groupe Herrmann), les effets spéciaux et <strong>la</strong> lumière (groupe Méliès), <strong>la</strong>direction d'acteur (groupe R<strong>en</strong>oir). Le dernier groupe, nommé Lumière,est chargé de réaliser un film docum<strong>en</strong>taire sur les travaux des six autres.La mise <strong>en</strong> œuvre de l'exercice consiste à faire passer l'ess<strong>en</strong>tiel des int<strong>en</strong>tionsde réalisation à travers un prisme. Id<strong>en</strong>tifier les <strong>en</strong>jeux, les transposer pourles inscrire dans un dispositif filmique, év<strong>en</strong>tuellem<strong>en</strong>t constater <strong>la</strong> limitede l'exercice (y a-t-il quelque chose que je ne puisse évoquer au moy<strong>en</strong>du son ? ou de <strong>la</strong> lumière ?), l'expéri<strong>en</strong>ce conduit l'élève à interroger lematériau dramatique, les moy<strong>en</strong>s techniquesdont il dispose, <strong>la</strong> contrainte artistique et sonpropre désir filmique. L'inter v<strong>en</strong>ant professionne<strong>la</strong>ide le groupe à formuler sa propositionà toutes les étapes du processus.Mais l'expéri<strong>en</strong>ce ne s'arrête pas là. La projectiondes travaux opère une synthèse : <strong>la</strong> confrontationdes sept réalisations induit une infinité devariantes et de combinaisons possibles <strong>en</strong>treles propositions. L'élève pr<strong>en</strong>d consci<strong>en</strong>ce quel'expression d'un point de vue filmique est lerésultat d'une exploration, de choix, de parti pristechniques, artistiques, esthétiques qui influ<strong>en</strong>tchacun sur <strong>la</strong> perception du film.Jean-François Pey,responsable pédagogique de <strong>la</strong> r<strong>en</strong>contre


diffusionLe réseau des bibliothèques <strong>en</strong> <strong>Alsace</strong>, diffuseurs réels ou pot<strong>en</strong>tiels desproductions régionales.Les bibliothèques :des courroies de transmissionEn <strong>la</strong>issant de côté les bibliothèques universitaires, les bibliothèquespatrimoniales ou spécialisées, voici un bref aperçu du mail<strong>la</strong>ge desbiblio thèques dites de lecture publique <strong>en</strong> <strong>Alsace</strong>.Les communes de plus de 10 000 habitants ont toutes leur bibliothèqueou leur réseau de bibliothèques : Strasbourg, Mulhouse, Hagu<strong>en</strong>au,Sélestat, Saverne, Saint-Louis… Mais aussi, comme dans tous les départem<strong>en</strong>tsfrançais, les Conseils généraux du Bas-Rhin et du Haut-Rhinont une bibliothèque dépar tem<strong>en</strong>tale, <strong>la</strong> Bibliothèque dépar tem<strong>en</strong>taledu Bas-Rhin (BDBR) et <strong>la</strong> Médiathèque du Haut-Rhin (MD 68), c<strong>en</strong>tresde ressources, de coordi nation, de médiation, d'expertise et d'assistancetechnique auprès des bibliothèques des communes de moins de10 000 habitants.Cette aide aux petites communes revêt différ<strong>en</strong>ts aspects : aide financièreà <strong>la</strong> construction ou à <strong>la</strong> rénovation, formation des biblio thécairessa<strong>la</strong>riés et bénévoles des bibliothèques municipales, et <strong>en</strong>fin prêt decollections (livres, docum<strong>en</strong>ts sonores et audiovisuels) et actionsd'animation.Les collections sont impressionnantes : de 400 000 à 500 000 livres etde 9 000 à 15 000 dvd qui sont mis <strong>en</strong> dépôt pour une durée de sixmois à un an dans les bibliothèques du réseau. De plus <strong>la</strong> MD 68sillonne <strong>en</strong>core les routes du Haut-Rhin avec ses bibliobus, desservant274 communes. Dans les deux bibliothèques départem<strong>en</strong>tales, un systèmede réservation et d'acheminem<strong>en</strong>t rapide des docum<strong>en</strong>ts demandéspermet un réel service de proximité.Des actions d'animation se traduis<strong>en</strong>t par des aides ponctuelles, dessupports d'animation type expo prêtés aux bibliothèques ou destemps forts annuels regroupant toutes les bibliothèques intéresséespar ces actions. Exemple réc<strong>en</strong>t : du 4 au 15 avril 2011, Les énergies,manifestation organisée par <strong>la</strong> Médiathèque départem<strong>en</strong>tale du Haut-Rhin <strong>en</strong> part<strong>en</strong>ariat avec les bibliothèques du Haut-Rhin (confér<strong>en</strong>ces,contes, ateliers et projections-r<strong>en</strong>contres).Dans ce contexte, les contacts déjà existants <strong>en</strong>tre les professionnelsdu cinéma <strong>en</strong> <strong>Alsace</strong> et les bibliothèques peuv<strong>en</strong>t être développés etdes li<strong>en</strong>s peuv<strong>en</strong>t se tisser avec les bibliothécaires de ces réseaux, <strong>en</strong>utilisant les services des deux bibliothèques départem<strong>en</strong>tales qui sontde véritables courroies de transmission : faciliter l'acquisition des filmsproduits <strong>en</strong> région, organiser des r<strong>en</strong>contres autour de ces films etdévelopper des part<strong>en</strong>ariats.Janou Neveux, médiathèque André MalrauxMôle SeegmullerPHOTO JONATHAN STRUTZfilms sortis de fabriqueVoyage aux sources du gospel.Togo & BéninDocum<strong>en</strong>taire de 29' de Sophie Ros<strong>en</strong>zweig (HD)Production Boulevard des productionsDiffusion France 2 le 19 septembre 2010La CerisaieFilm de théâtre de 125’ d’Anton Tchekhov (texte),Julie Broch<strong>en</strong> (mise <strong>en</strong> scène),Alexandre Gavras (réalisation) (Num)Coproduction Unlimited, TNS, Ina,Vosges télévision Images plusLa fin du sil<strong>en</strong>ceLong métrage fiction de 80' de Ro<strong>la</strong>nd Edzard (35 mm)Coproduction Unlimited, Poly-Son post-production,Galerie Heine, Les Films de l’étranger,Dor film, Swift productionsFestival de Cannes 2011films sortis de fabriqueLe chant des particulesCourt métrage de 15' de B<strong>en</strong>oît Bourreau (4K anamorphique)Coproduction Unlimited, Les Films de l’étranger, ArcadiMargelleCourt métrage fiction de 30'de Omar Mouldouira (vidéo numérique)Coproduction Les Films de l'étranger, Awman productionsLe fosséLong métrage fiction de 109’ de Wang Bing (DCP, 35 mm st)Coproduction Les Films de l'étranger,Wil Productions (Hong Kong), Entre chi<strong>en</strong> et loup (Belgique)Diffusion Arte 16 avril 201121


europeL’ant<strong>en</strong>ne MEDIA Strasbourg et <strong>la</strong> Ville de Strasbourg ont accueilli, pour <strong>la</strong> première fois, l’European Short Pitch à l’auditorium desMusées de Strasbourg du 3 au 6 mars dernier. Organisée depuis 2005 par le réseau europé<strong>en</strong> de jeunes réalisateurs issus de 23 paysNisi Masa, cette formation à l’écriture et à <strong>la</strong> prés<strong>en</strong>tation de courts-métrages a pour objectif de sout<strong>en</strong>ir l’écriture de courtsmétrages europé<strong>en</strong>s et les jeunes tal<strong>en</strong>ts.Aurélie Reveil<strong>la</strong>ud : Quels étai<strong>en</strong>t les sujets abordésdans ces projets de courts ?22European short pitch à StrasbourgPHOTO DRVingt jeunes auteurs europé<strong>en</strong>sde courts métrages à StrasbourgCet atelier permet à vingt jeunes professionnels, sélectionnés sur un projetde court-métrage, de suivre une formation courte <strong>en</strong> deux temps :- une première session consacrée à <strong>la</strong> réécriture de leur projet qui sedéroule au Moulin d’Andé <strong>en</strong> Haute-Normandie sur une semaine aumois de janvier. Pour réaliser ce travail d’écriture, les jeunes auteursréalisateurssont <strong>en</strong>cadrés par quatre tuteurs qui étai<strong>en</strong>t cette annéeFabi<strong>en</strong>ne Aguado, Orsolya B<strong>en</strong>kö, Marie Dubas et Razvan Radulescu ;- une deuxième session de travail se ti<strong>en</strong>t début mars dans une capitaleeuropé<strong>en</strong>ne et permet aux participants de se former au pitch p<strong>en</strong>dantdeux jours, avant de prés<strong>en</strong>ter leur travail à une vingtaine de producteurset financeurs invités à cette occasion.Cette année, l’ant<strong>en</strong>ne MEDIA leur a proposé de v<strong>en</strong>ir à Strasbourg aprèsl’organisation de leur deuxième session qui s’est t<strong>en</strong>ue <strong>en</strong> 2010 à Bucarest,<strong>en</strong> mettant à leur disposition l’auditorium des Musées de Strasbourg etune aide logistique <strong>en</strong> amont et p<strong>en</strong>dant les trois jours sur p<strong>la</strong>ce.Les pitches des 19 projets de courts métrages réunis dans un catalogue(disponible sur demande ou accessible sur le site de Nisi Masa) se sontdéroulés durant <strong>la</strong> journée du 5 mars, <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce d’une quinzaine deprofessionnels locaux invités à participer à <strong>la</strong> journée <strong>en</strong> tant qu’observateursafin de découvrir ces projets et de r<strong>en</strong>contrer les participants.Chaque participant avait dix minutes pour prés<strong>en</strong>ter son projet <strong>en</strong> ang<strong>la</strong>iset répondre aux questions du public dans une ambiance studieuse etdét<strong>en</strong>due.Après ces trois jours passés à Strasbourg, les organisateurs, Maximili<strong>en</strong>Van Aertryck et Matthieu Darras, égalem<strong>en</strong>t réalisateurs <strong>en</strong> herbe, ainsi queles formateurs et autres professionnels sont repartis ravis de leur expéri<strong>en</strong>cestras bourgeoise et <strong>en</strong>visag<strong>en</strong>t de rev<strong>en</strong>ir l’année prochaine.Le réalisateur strasbourgeois Alexis Metzinger, qui a participé <strong>en</strong> tantqu’observateur à <strong>la</strong> prés<strong>en</strong> tation des pitches, témoigne.Alexis Mezinger : Les sujets étai<strong>en</strong>t très variés. Lesauteurs vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t d'à peu près tous les paysd'Europe, et ça apporte une vraie diversité dansles sujets et dans les s<strong>en</strong>sibilités. Ça al<strong>la</strong>it de <strong>la</strong>comédie à l'itali<strong>en</strong>ne à des récits très réalisteset très contemporains, avec aussi certains filmsplus poétiques et plus intimistes. Cep<strong>en</strong>dant,j'ai eu un peu l'impression de retrouver assezsouv<strong>en</strong>t le même type de psychologie, d'<strong>en</strong>jeuxdramatiques. Ce<strong>la</strong> ne vaut bi<strong>en</strong> sûr pas pour tousles films, mais l'acc<strong>en</strong>t était souv<strong>en</strong>t mis surl'évolution psychologique du personnage (récitinitiatique, passage à l'âge adulte), plus que surun parti pris artistique fort. C'était peut-êtreaussi dû aux contraintes du pitch qui imposed'être le plus c<strong>la</strong>ir possible <strong>en</strong> utilisant destermes clés, compris par tous.A.R. : Le pitch est-il un exercice adaptéà <strong>la</strong> prés<strong>en</strong>tation de courts métrages ?A.M. : Le pitch est toujours un bon exercice. Surle papier, tous les projets peuv<strong>en</strong>t être intéressants,mais pour un court métrage, ce quicompte le plus est <strong>la</strong> personnalité de l'auteur,son implication dans son projet. Même si toutle monde n'est pas à l'aise à l'oral, le pitch restele moy<strong>en</strong> le plus efficace et le plus rapide pourmettre un visage et une personnalité sur unprojet écrit.A.R. : Quel est l'intérêt pour un jeune professionnel ?A.M. : Pour un jeune scénariste ou réalisateur,ça peut être vraim<strong>en</strong>t très intéressant : ateliersd'écriture, r<strong>en</strong>contres avec les autres réalisateurs,s<strong>en</strong>sibilisation aux questions de productionet de coproduction… C'est un exercice qui neconvi<strong>en</strong>t pas forcém<strong>en</strong>t pour tout le monde oupour tous les projets : certains courts métragesplus fragiles ou plus expérim<strong>en</strong>taux n'ontpas forcém<strong>en</strong>t besoin d'une telle exposition etd'une démarche aussi professionnelle. Mais ici,<strong>la</strong> plupart des auteurs vis<strong>en</strong>t le long métrage,et le court est une manière pour eux de faireleurs preuves et d'intégrer <strong>la</strong> grande famille ducinéma.A.R. : Souhaitez-vous “pitcher” un projetl’année prochaine ?A.M. : Oui, afin de participer plus activem<strong>en</strong>tque cette année, maint<strong>en</strong>ant que j'ai vu à quoiressemb<strong>la</strong>it exactem<strong>en</strong>t cette manifestation.Aurélie Réveil<strong>la</strong>ud, ant<strong>en</strong>ne MEDIA StrasbourgPour participer à l’édition 2012, il faut répondreà l’appel à projets de scénarios qui sera <strong>la</strong>ncé fin septembre.http://blog.nisimasafrance.org


etour de…Le Festival international ducinéma du réel s’est t<strong>en</strong>u auc<strong>en</strong>tre Pompidou à Paris, du24 mars au 5 avril.Affiche du festivalVISUEL DU FILM IL CAPO © YURI ANCARANIGestesJe mets du temps à parv<strong>en</strong>ir à trouver le chemin des salles, je croise trop de personnes<strong>en</strong> route. Moi qui comptais sur les amis-professionnels pour me remettre de <strong>la</strong>viol<strong>en</strong>ce dont je soupçonne les films sélectionnés d’après leurs titres (Déf<strong>la</strong>grations,La croix et <strong>la</strong> bannière, La guerre est proche, La terre tremble), c’est raté. Entre statutd’intermitt<strong>en</strong>t perdu ; niche chez Besson qui permettait de s’<strong>en</strong> sortir toujours etqui vi<strong>en</strong>t de s’arrêter (oui même chez Besson, ça lic<strong>en</strong>cie) ; films qui ne trouv<strong>en</strong>t pasde diffuseur ; institutions prestigieuses qui ne pay<strong>en</strong>t plus leurs perman<strong>en</strong>ts ; il y abeaucoup de sil<strong>en</strong>ces dans les discussions. On est dans le Marais ; des filles pass<strong>en</strong>thabillées <strong>en</strong> Gucci, un couple raconte ses vacances à Miami.Les premiers films que je vois sont proches de l’expérim<strong>en</strong>tal avec des interv<strong>en</strong>tionsvisuelles et sonores marquées (image triturée, son coupé). Je reste assez extérieure.J’y vois beaucoup de poses d’auteur. À l’opposé, je visionne des films de RichardLeacock, une dédicace lui est consacrée, intitulée The Feeling of Being There.Redé couverte in<strong>la</strong>ssable de l’int<strong>en</strong>sité de ce cinéma. Je me demande si le besoind’affirmation d’un auteur sur sa matière <strong>en</strong> <strong>la</strong> triturant à outrance n’est pas un aveude n’être parv<strong>en</strong>u à tout <strong>en</strong>glober durant son filmage.Au fil des projections, je r<strong>en</strong>ie ces premières impressions. Il y a des gestes esthétiquesradicaux qui font s<strong>en</strong>s lorsqu’ils restitu<strong>en</strong>t du s<strong>en</strong>sible, lorsqu’ils ne sont pasuniquem<strong>en</strong>t des affirmations intellectuelles. C’est Kinder de Bettina Büttner qui mefait le redécouvrir. D’un très beau noir et b<strong>la</strong>nc, le film est monté par associations,par sons, par d<strong>en</strong>sité. Des <strong>en</strong>fants jou<strong>en</strong>t, on n’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>d que des coups et non leursrires. Or, c’est effectivem<strong>en</strong>t ce qui se joue dans leur rapport, ces coups.Gestes plus ou moins réussis, <strong>en</strong> tout cas toujours affirmés, les films sélectionnéssont inégaux mais sont toujours le fruit de démarches. Cond<strong>en</strong>sés sur une semaine,les voir donne à p<strong>en</strong>ser pour des mois. Joao Trabulo (Sans compagnie) filme dansles prisons <strong>en</strong> p<strong>la</strong>n séqu<strong>en</strong>ce <strong>la</strong>rge, sur pied, toujours à <strong>la</strong> même p<strong>la</strong>ce, une p<strong>la</strong>cequ’il a mis, dit-il, trois ans à trouver et qu’il n’a <strong>en</strong>suite plus quittée. Un cinémaaustère, radical dont on peut p<strong>en</strong>ser les limites, telle une proposition. À l’inverse,pour Ariane Doublet (La pluie et le beau temps), « aucun choix esthétique etnarratif ne peut être fixé a priori », de même que pour C<strong>la</strong>udio Pazi<strong>en</strong>za (Exercicesde disparition), ce qui r<strong>en</strong>d son processus de création « supportable » est qu’il estjustem<strong>en</strong>t « imprévisible ». Autant de p<strong>la</strong>ces, de façons d’être au monde et defilmer, proches de soi.Aucun des films prés<strong>en</strong>tés ne fait 13, 26, 52 ou 90 minutes. La majorité n’est pascoproduite avec des chaînes, certains sont même <strong>en</strong> autoproduction. Les tournagesvont d’une semaine (Élégie de Port-au-Prince de Aïda Maigre-Touchet) à sept ans(superbe film The Bal<strong>la</strong>d of G<strong>en</strong>eis and Lady Jaye de Marie Losier). Le festival nes’arrête pas à sélectionner ces objets hors cadre. Les r<strong>en</strong>contres professionnellesorganisées cette année étai<strong>en</strong>t des prolongem<strong>en</strong>ts politiques de ces choix. Ainsi dudébat organisé par le Réseau des organisations du docum<strong>en</strong>taire (ROD) prés<strong>en</strong>tantl’étude précieuse réalisée par ce réseau sur l’état du docum<strong>en</strong>taire de 2000-2010.On peut y constater, <strong>en</strong>tre autres, que 61 % des films coproduits avec les chaîneshertzi<strong>en</strong>nes et les chaînes du câble étai<strong>en</strong>t sélectionnés au festival de Lussas <strong>en</strong>2000 contre 22 % <strong>en</strong> 2009. Pour le Réel, c’était 42 % <strong>en</strong> 2001 contre 4 % <strong>en</strong> 2010.D<strong>en</strong>is Gheerbrant, à <strong>la</strong> tribune, s’interrogeait ainsi : « Qu’est-ce que <strong>la</strong> télévisionpublique ? Ce n’est pas un actionnaire. C’est <strong>la</strong> télévision d’un pays […]. Et pourquoidonc cette télévision se prive-t-elle de <strong>la</strong> création ? Ce n’est pas uniquem<strong>en</strong>t leproblème des auteurs, c’est celui des spectateurs ». Question ouverte.Julia Laur<strong>en</strong>ceau, Safirewww.cinemadureel.orgPour télécharger l'étude du ROD : http://www.addoc.net/films sortis de fabriquePrémonitionFiction de 29’ de Marie Frering (HD)Production Le Deuxième SouffleDiffusion TV Tours, BIP TVFrancis Bueb, le contrebandierDocum<strong>en</strong>taire de 52’ de Robin Hunzinger (HD)Coproduction Bix films, Groupe Ga<strong>la</strong>cticaDiffusion TLSP, septembre 2011films sortis de fabriqueMalbrouck, d’un château à l’autreDocum<strong>en</strong>taire de 52’ de Jean-Luc Marino (HD)Production Ère productionDiffusion Mirabelle TV au printemps 2011Le Maréchal et son fantômeDocum<strong>en</strong>taire de 52’ de Régis Latouche (HD)Production Ère productionDiffusion le 28 mai 2011 sur France 3 LorraineHansi, <strong>en</strong>tre créationet provocationDocum<strong>en</strong>taire de 52’ de Horst Brand<strong>en</strong>burget Christian Monzinger (HD)Production Ère productionDiffusion France 3 <strong>Alsace</strong>, le 18 juin 2011Le mariage qui leur ressembleDocum<strong>en</strong>taire de 52’ d’A<strong>la</strong>in Chréti<strong>en</strong> (HD)Production Ère productionDiffusion France 3 Lorraine <strong>en</strong> automne 2011Jacques, Jean-Bernard et JeanDocum<strong>en</strong>taire de 60’ d’Anna Feillou (HD)Coproduction Bix films, Têtes à c<strong>la</strong>pDiffusion TV Tours, BIP TVVoyage <strong>en</strong>tre sol et terreDocum<strong>en</strong>taire de 52' de Jean Will (HD)Coproduction Seppia, France télévisionsDiffusion <strong>en</strong> avant-première samedi 23 marsau cinéma l’Odyssée à Strasbourg23


territoiresCréée depuis près de dix ans par le réalisateur d’origine ard<strong>en</strong>naise Jérôme Descamps, l’association La Pellicule <strong>en</strong>sorcelée œuvre pour<strong>la</strong> diffusion et <strong>la</strong> promotion du cinéma art et essai sur le territoire champard<strong>en</strong>nais. Bénéficiant de différ<strong>en</strong>ts souti<strong>en</strong>s publics (RégionChampagne-Ard<strong>en</strong>ne, Drac, Départem<strong>en</strong>ts, Villes et Communes), l’association propose de nombreux projets associant <strong>la</strong> découverte decourts et longs métrages, <strong>la</strong> pratique de l’image dans le cadre d’ateliers, l’accompagnem<strong>en</strong>t de jeunes réalisateurs <strong>en</strong> herbe…24La Pellicule <strong>en</strong>sorceléeÀ <strong>la</strong> r<strong>en</strong>contre des publicschampard<strong>en</strong>naisLa Pellicule <strong>en</strong>sorcelée organise des r<strong>en</strong>dez-vousm<strong>en</strong>suels consacrés à des programmes de courtsmétrages,des r<strong>en</strong>contres avec des docum<strong>en</strong>taristeset <strong>la</strong> découverte de leur univers ainsi qu’avec dejeunes réalisateurs de longs métrages de fiction,des ciné-goûters associant projection et atelier…Elle met <strong>en</strong> œuvre des ateliers de découverte et depratique cinématographique ouverts à de jeunesArd<strong>en</strong>nais et animés par des professionnels.Égalem<strong>en</strong>t part<strong>en</strong>aire de différ<strong>en</strong>tes opérationsnationales telles que Passeurs d’images et LeMois du docum<strong>en</strong>taire, elle coordonne <strong>la</strong> Fêtedu cinéma d’animation. Un de ses objectifsmajeurs est d’aller à <strong>la</strong> r<strong>en</strong>contre de tous lespublics <strong>en</strong> proposant des modes de diffusionori ginaux dans des lieux inhabituels afin de fairedécouvrir très <strong>la</strong>rgem<strong>en</strong>t les richesses du cinémad’auteur français et étranger.Sophie Bousseau : Avec La Caravane <strong>en</strong>sorcelée, vous avezcréé <strong>en</strong> 2006 <strong>la</strong> plus petite salle de cinéma ambu<strong>la</strong>nt dumonde ! Avec quels objectifs avez-vous initié ce projetoriginal, pour quels projets et pour quels publics ?Jérôme Deschamps : Cette appel<strong>la</strong>tion de “plus petitcinéma du monde” est certainem<strong>en</strong>t im propre,dans beaucoup de pays de petites struc tures ambu<strong>la</strong>ntesparcour<strong>en</strong>t les villes et les cam pagnes,j’ai le souv<strong>en</strong>ir d’un film irani<strong>en</strong> où de jeunesgarçons prom<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t une carriole ciné ma to graphiquedans des villes détruites, le cinéma poursauver “l’esprit” d’un peuple. À ses débuts, lecinéma était une attraction foraine, nous sommesles héritiers de cette histoire.Asso ciation de terrain, nous sommes forcés deconstater que le cinéma est peu prés<strong>en</strong>t dans lescampagnes et dans les quartiers, les tournéesde cinéma ambu<strong>la</strong>nt ne sont pas si fréqu<strong>en</strong>tes.Si ceci vaut pour les longs métrages, c’est bi<strong>en</strong>pire pour le court. Un outil nous manquait, nousavons donc transformé une caravane de loisirs,objet faisant clin d’œil au temps des vacances,<strong>en</strong> salle de vidéoprojection pour douze à dixhuitpersonnes. Nous nous dép<strong>la</strong>çons ainsi facilem<strong>en</strong>tpour faire découvrir les c<strong>en</strong>t films d<strong>en</strong>otre catalogue. L’autre observation est l’effarante distance qui existe <strong>en</strong>treles films créés <strong>en</strong> France et dans le monde et ceux vus par les spectateurs.Notre volonté est donc de faire connaître <strong>la</strong> formidable diversité de <strong>la</strong>création cinématographique.S.B. : Vous proposez égalem<strong>en</strong>t d’autres dispositifs <strong>en</strong> dehors des salles de cinéma et deslieux traditionnels. Quels sont-ils et dans quel cadre les proposez-vous ?J.D. : Depuis quelques années, nous diversifions nos outils pour nous adapteraux demandes des part<strong>en</strong>aires, des spectateurs et pour accompagner <strong>la</strong>révolution numérique <strong>en</strong> cours. Ce fut d’abord le Cinéma vo<strong>la</strong>nt qui nouspermet de proposer une instal<strong>la</strong>tion image et son adaptable dans beaucoupde salles pour permettre <strong>la</strong> r<strong>en</strong>contre des films (courts ou longs) et desspectateurs. Nous pouvons ainsi investir des salles municipales, des granges,des halls, des foyers de lycées…Pour accompagner <strong>la</strong> créativité des jeunes cinéastes, nous avions idéed’installer les spectateurs dans une situation ludique, c’est pourquoi nousavons créé <strong>la</strong> Cabane à films où nous pouvons nous immerger dans lesimages et les sons allongés sur des coussins. Une nouvelle version de cetteCabane sera créée <strong>en</strong> 2012 grâce à un part<strong>en</strong>ariat avec l’École supérieured’art et de design (ESAD) de Reims. Enfin, nous faisons des t<strong>en</strong>tativesexcitantes avec notre Chapiteau aux images dans le cadre du Cabaret vert,festival rock & territoire de Charleville-Mézières. Nous y diffusons desclips, des films musicaux, des nouvelles images où les spectateurs sontsurpris par les images et l'originalité du cadre.S.B. : Consci<strong>en</strong>t des <strong>en</strong>jeux de l’initiation aux techniques cinématographiques et del’éducation à l’image, vous proposez un outil original de découverte des principesfondateurs de <strong>la</strong> fabrication d’un film à travers La Table explora-cinéma. Comm<strong>en</strong>t<strong>en</strong>visagez-vous l’utilisation de ce nouvel outil ?J.D. : Elle est <strong>la</strong> suite de notre travail de terrain. J’ai été très impressionnépar <strong>la</strong> r<strong>en</strong>contre avec un groupe de femmes maghrébines au Festival deVal<strong>en</strong>ci<strong>en</strong>nes. Elles ne par<strong>la</strong>i<strong>en</strong>t pas bi<strong>en</strong> le français, nous avons passé deuxheures autour des illusions optiques, des jeux du pré-cinéma (zootrope,thaumatrope et autre flip-book). Leurs mains, leurs yeux leur ont permis dedécouvrir un univers qu’elles ne connaissai<strong>en</strong>t pas, elles se sont amusées,ont compris quelques principes et m’ont donné beaucoup de leur att<strong>en</strong>tionet de leur générosité. Ce que l’on nomme expéri<strong>en</strong>ce est irremp<strong>la</strong>çable,c’est le fondem<strong>en</strong>t de cette table de découverte. Elle est créée <strong>en</strong> p<strong>en</strong>santà ces femmes et aussi pour les <strong>en</strong>fants, les ados, les amoureux du cinémaet ceux qui le devi<strong>en</strong>dront. Cet outil rassemblera les jeux anci<strong>en</strong>s et uneintroduction à <strong>la</strong> révolution numérique puisque nous mettons <strong>en</strong> formequelques jeux nouveaux avec le souti<strong>en</strong> de professionnels. Nous espéronsque cette table sera évolutive et que des professionnels inv<strong>en</strong>teront constamm<strong>en</strong>tde nouvelles expéri<strong>en</strong>ces de cinéma pour le plus <strong>la</strong>rge public.S.B. : Pouvez-vous nous prés<strong>en</strong>ter Le Manège aux visages ?J.D. : Le Manège aux visages est né de <strong>la</strong> conviction que les images nouvellesdoiv<strong>en</strong>t aller vers le public, de <strong>la</strong> r<strong>en</strong>contre avec l’équipe du musée duChâteau de May<strong>en</strong>ne et du réalisateur François Vogel qui a conçu uneexpéri<strong>en</strong>ce ludique qui permet de se filmer et de voir son visage formatgéant tourner dans un kiosque. C’est une interv<strong>en</strong>tion joyeuse dans <strong>la</strong> ville,c’est aussi une façon de décrisper notre rapport à <strong>la</strong> caméra. Nous avonsd’autres idées du même ordre comme les <strong>la</strong>nternes <strong>en</strong>sorcelées que noussouhaitons mettre au point depuis quelques années, dans le seul but derapprocher les films et le public.Propos recueillis par Sophie Bousseau,Office régional culturel de Champagne-Ard<strong>en</strong>ne (ORCCA)


À Strasbourg, le cycle <strong>Filmer</strong> <strong>la</strong> ville connaît <strong>en</strong>mai et juin sa septième édition. Son principe estinchangé : chaque séance est c<strong>en</strong>trée sur un ouplusieurs films docum<strong>en</strong>taires ayant trait auxévolutions de <strong>la</strong> ville d’un point de vue social,esthétique, écologique, organisationnel.<strong>Filmer</strong> <strong>la</strong> villeEntre analyse et regard s<strong>en</strong>sibleDe film <strong>en</strong> film, nous découvrons comm<strong>en</strong>t <strong>la</strong> ville change ses paysages,développe ses réseaux, r<strong>en</strong>ouvelle les mobilités et les cultures quis’y développ<strong>en</strong>t. Les contrecoups de ces évolutions sur <strong>la</strong> sociabilitéet les imaginaires urbains nous interpell<strong>en</strong>t davantage. La ville tantchantée par ses poètes, c’est le lieu propice à <strong>la</strong> prom<strong>en</strong>ade, l’errance,<strong>la</strong> “dérive”, c’est-à-dire le parcours intime qui se prête aux r<strong>en</strong>contresinouïes et privilégie le “terrain vague”. De là sont nées les histoires etles chansons qu’elle inspire. C’est aussi <strong>la</strong> ville des docum<strong>en</strong>taristes quise font poètes de l’image. Qu’auront-ils à filmer d’une ville p<strong>la</strong>nifiée,organisée par une popu<strong>la</strong>tion socialem<strong>en</strong>t homogène ? Quelles gueules ?Quelle cachette, quel “château des brouil<strong>la</strong>rds” ?La rue Mouffetard, celle qu’Agnès Varda a gravie <strong>en</strong> 1958, n’existe plus,pas davantage <strong>la</strong> rue de Lappe que D<strong>en</strong>is Gheerbrant a parcouru <strong>en</strong>1983. Il est à craindre que ce que <strong>la</strong> ville a acquis <strong>en</strong> qualité de vie, ellel’ait perdu <strong>en</strong> vie tout court. Relégation, périurbanisation, g<strong>en</strong>trificationsont ses nouvelles réalités, énoncées par le sociologue Jacques Donzelot.En pr<strong>en</strong>dre acte, est-ce r<strong>en</strong>oncer à <strong>la</strong> mettre <strong>en</strong> images ? D’édition <strong>en</strong>édition, <strong>Filmer</strong> <strong>la</strong> ville revi<strong>en</strong>t sur <strong>la</strong> problématique de <strong>la</strong> mise <strong>en</strong> scènede <strong>la</strong> ville d’aujourd’hui. Les films de ses programmations successivespropos<strong>en</strong>t un regard s<strong>en</strong>sible sur des espaces que caractéris<strong>en</strong>t l’anonymat,le mercantilisme, <strong>la</strong> standardisation. Ils reflèt<strong>en</strong>t les <strong>en</strong>jeux desnouvelles zones d’habitat, des aménagem<strong>en</strong>ts des quartiers historiques,de <strong>la</strong> prolifération des non-lieux dédiés au commerce, à l’industrieet au trafic. De même que Baude<strong>la</strong>ire appe<strong>la</strong>it <strong>la</strong> poésie à déf<strong>en</strong>dre letriste habit noir, uniforme du citadin au XIX e siècle, les films sur <strong>la</strong> villed’aujourd’hui doiv<strong>en</strong>t composer avec les façades lisses des banques,les potelets anti-stationnem<strong>en</strong>t, les vitrines customisées, les digicodeset les grilles qui prolifèr<strong>en</strong>t dans son espace.Ainsi, dans <strong>la</strong> nouvelle édition, Ateliers urbains : F<strong>la</strong>gey fait <strong>la</strong> chroniquecaustique de <strong>la</strong> mise <strong>en</strong> p<strong>la</strong>ce des nouveaux équipem<strong>en</strong>ts duc<strong>en</strong>tre-ville de Bruxelles, dédiés à <strong>la</strong> communication et au tourisme.Ode pavillonnaire considère un lotissem<strong>en</strong>t périurbain comme unlieu chargé d’affects, avec t<strong>en</strong>dresse et poésie. C’est <strong>en</strong> résistant à <strong>la</strong>pression des flux et contre flux de <strong>la</strong> foule des usagers que se construitle regard ethnographique de Changem<strong>en</strong>t à Gare du Nord.La prés<strong>en</strong>ce à chaque séance d’experts de <strong>la</strong> ville, géographes, architecteset urbanistes, permet d’apporter une dim<strong>en</strong>sion analytique. Lepoint de vue que nous att<strong>en</strong>dons d’eux s’appuie sur une approcheméthodique de <strong>la</strong> ville. En retour, nous espérons que les filmsqu’ils découvr<strong>en</strong>t les amèn<strong>en</strong>t à <strong>la</strong> considérer différemm<strong>en</strong>t. C’estce frottem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre le regard s<strong>en</strong>sible et l’analyse, <strong>en</strong>tre l’expertiseet le témoignage, <strong>en</strong>tre l’approche à hauteur d’homme et l’étude <strong>en</strong>surplomb qui nourrit les échanges <strong>en</strong>tre les interv<strong>en</strong>ants et le public.Il s’agit, par ce dispositif, de solliciter le flâneur, l’habitant et l’utopistequi veill<strong>en</strong>t <strong>en</strong> chaque spectateur.Joël Danet, Vidéo Les Beaux JoursContact : education@videolesbeauxjours.org<strong>Filmer</strong> <strong>la</strong> ville est organisé avec le souti<strong>en</strong> et <strong>la</strong> participation de l'Action culturelle del'Université de Strasbourg, l'Ordre des architectes de <strong>la</strong> Région <strong>Alsace</strong> et de l'Ag<strong>en</strong>ce dedéveloppem<strong>en</strong>t et d'urbanisme de l'agglomération Strasbourgeoise (ADEUS) et <strong>la</strong> Directionrégionale des affaires culturelles de <strong>la</strong> région <strong>Alsace</strong>, sur quatre lieux à Strasbourg : Maisonde l’image, auditorium du Musée d'art moderne et contemporain de <strong>la</strong> Ville de Strasbourg,Erage, Les Nuits électroniques de l'Ososphère - Quartier Laiterie.films sortis de fabriqueEmmène-moiDocum<strong>en</strong>taire de 52’ de Anne-Noëlle Gaessler (HD)Coproduction Dora films, <strong>Alsace</strong> 20Avant-première le 28 février 2011au cinéma l’Odyssée à Strasbourg,première diffusion le 5 mars 2011 sur <strong>Alsace</strong> 20Il était une voie…Docum<strong>en</strong>taire de 52', écrit par Laur<strong>en</strong>t Ducrozetet Jean-Marie Baverel, réalisé par Laur<strong>en</strong>t Ducrozet (HD)Coproduction Seppia, France 3 Franche-ComtéDiffusion samedi 11 décembre 2010sur France 3 Bourgogne, Franche-Comté et <strong>Alsace</strong>Carnets du BrésilDocum<strong>en</strong>taire de 52’ de Luis Miranda (HD)Coproduction Cresc<strong>en</strong>do films, Arte FranceDiffusion Arte, mi-avril 2011Ringo ou “l’homme qui bouge”Filmé et écouté par Jean-Marie Fawerassisté par Jonathan Strutz, 26'Production Ana filmsDiffusion jeudi 10 mars 2011 à 20 hà <strong>la</strong> médiathèque de Neudorffilms sortis de fabrique25


histoires de filmsEntreti<strong>en</strong> avec Anne-Noëlle Gaessler, réalisatrice du film Emmène-moi. Anne-Noëlle Gaessler vi<strong>en</strong>t determiner son nouveau film. Près de quinze ans après un premier film La par<strong>en</strong>thèse, tourné à <strong>la</strong> communautéEmmaüs de Strasbourg, elle retourne dans ce lieu pour y filmer cette fois-ci des r<strong>en</strong>contres.26Tisser des petites chosesDami<strong>en</strong> Fritsch : Quelle est l’origine de ce projet ?Anne-Noëlle Gaessler : La par<strong>en</strong>thèse que j’avaisréa lisé il y a quinze ans dans <strong>la</strong> communautéEmmaüs était née d’une expéri<strong>en</strong>ce de bénévoleque j’avais faite p<strong>en</strong>dant une semaine.J’avais trouvé très int<strong>en</strong>se <strong>la</strong> r<strong>en</strong>contre avecles compagnons et ça m’avait donné <strong>en</strong>vie defaire mon premier film qui faisait le portraitde quelques compagnons. L'été 2008, je suisretournée à <strong>la</strong> communauté am<strong>en</strong>er des dvd dufilm. En me prom<strong>en</strong>ant dans <strong>la</strong> salle de v<strong>en</strong>te,j’ai remarqué des jeunes filles sil<strong>en</strong>cieuses quitravail<strong>la</strong>i<strong>en</strong>t avec les compagnons. Ce<strong>la</strong> m’aintriguée et j’ai appris qu'elles étai<strong>en</strong>t des volontairesqui v<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t d’un peu partout <strong>en</strong> Europepour travailler avec les compagnons p<strong>en</strong>dantune à plusieurs semaines. La raison premièrequi les amène là, c’est d’améliorer leur français.Il n’y avait pas beaucoup de garçons. En voyantces jeunes filles, ça m’a rappelé mon expéri<strong>en</strong>cede l’époque et le désir de film est né à cemom<strong>en</strong>t-là.D.F. : Qu’est-ce qui vous a intéressé cette fois-ci ?A-N.G. : J’ai voulu connaître un peu mieux cequi attirait ces jeunes filles à cet <strong>en</strong>droit et j’aicherché à interroger le thème de <strong>la</strong> r<strong>en</strong>contre.Ce que je voyais, c’était ces hommes si fragileset ces jeunes filles qui v<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t de milieux trèsprotégés. Je me suis alors demandée comm<strong>en</strong>t onpouvait se r<strong>en</strong>contrer quand on vi<strong>en</strong>t d’originessi différ<strong>en</strong>tes, avec des histoires différ<strong>en</strong>tes. Estcequ’on s’apprivoise ? Comm<strong>en</strong>t est-ce qu’on seregarde ? Qu’est-ce qu’on appr<strong>en</strong>d de l’autre ?J’ai appelé le film Emmène-moi, ce qui vou<strong>la</strong>itdire pour moi emmène-moi dans ton monde,fais-moi découvrir qui tu es.D.F. : Lorsque vous étiez <strong>en</strong> repérages, est-ce que vousavez press<strong>en</strong>ti que <strong>la</strong> r<strong>en</strong>contre serait possible <strong>en</strong>tre cesvolontaires et ces hommes ?A-N.G. : J’avais été <strong>en</strong> contact avec certaines jeunesfilles et j’avais suivi une jeune Polonaise qui étaitpassée par Strasbourg et qui al<strong>la</strong>it comme volontairedans une communauté <strong>en</strong> Bretagne. J’étaisrestée une semaine et je voyais les histoiresd’amitié, d’amour, qui naissai<strong>en</strong>t, et aussi les<strong>en</strong>gueu<strong>la</strong>des. Il y avait quinze volontaires pourcinquante compagnons, alors qu’ici il y <strong>en</strong> a sixpour quarante. J’ai préféré v<strong>en</strong>ir tourner ici. EnBretagne c’était trop grand.D.F. : Comm<strong>en</strong>t avez-vous écrit ce projet ?A-N.G. : Je me suis inspirée des témoignages des volontaires avec lesquellesj’ai correspondu par mail et de ce que certains compagnons m’avai<strong>en</strong>traconté. J’ai écrit ce film comme une fiction, avec l’arrivée des jeunes filles,leur instal<strong>la</strong>tion, <strong>la</strong> r<strong>en</strong>contre, etc. Toutes les situations se sont produites.Je vou<strong>la</strong>is les voir vivre l'expéri<strong>en</strong>ce d’où le parti de ne pas mettre ma voix.D.F. : On a un peu du mal à “r<strong>en</strong>trer” dans le film. Est-ce voulu ?A-N.G. : Pour moi on est un peu comme ces jeunes filles qui ne sav<strong>en</strong>t pastrop comm<strong>en</strong>t être au début, de même que les compagnons, et au fur et àmesure que l’été avance les choses se dét<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t, les re<strong>la</strong>tions se tiss<strong>en</strong>t.Mais je vou<strong>la</strong>is un début comme ça, un peu hésitant.D.F. : Et lors du tournage, comm<strong>en</strong>t ça s’est passé ?A-N.G. : C’était un tournage difficile par rapport à ma position. En mêmetemps il fal<strong>la</strong>it être là et filmer mais que <strong>la</strong> caméra n'empêche pas quedes histoires naiss<strong>en</strong>t et se déroul<strong>en</strong>t. Il y a des mom<strong>en</strong>ts où je partais,je <strong>la</strong>issai l’équipe seule pour filmer, sinon les filles ou les compagnonsv<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t me parler. Par exemple dans <strong>la</strong> scène presque à <strong>la</strong> fin du film <strong>en</strong>tre<strong>la</strong> jeune fille chinoise et le garçon roumain dans l’appartem<strong>en</strong>t, je suispartie. Je voyais que j’empêchais leur r<strong>en</strong>contre. Parmi les compagnonsil y <strong>en</strong> a beaucoup qui ne souhaitai<strong>en</strong>t pas être filmés, par rapport à ily a quinze ans, le s<strong>en</strong>s de <strong>la</strong> communauté s’est un peu perdu. Après letravail, beaucoup de compagnons vont dans leur chambre, s’isol<strong>en</strong>t pouravoir leur tranquillité. Il y avait donc très peu de compagnons <strong>en</strong> contactavec les filles et donc très peu qui admettai<strong>en</strong>t <strong>la</strong> caméra. Pour le montagej’aurais souhaité développer plus de choses de certains vis-à-vis d’autres,mais c’était impossible. C’était un tournage où il fal<strong>la</strong>it <strong>en</strong> perman<strong>en</strong>ce serepositionner et repréciser les choses. On a tourné sur une période de deuxmois mais pas tous les jours, pour <strong>la</strong>isser aussi de l’air et de <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce auxre<strong>la</strong>tions <strong>en</strong>tre les personnes.D.F. : Et par rapport à l’équipe comm<strong>en</strong>t ça s’est passé ?A-N.G. : Nous étions trois, un caméraman, un pr<strong>en</strong>eur de son et un assistantréalisateur.Je vou<strong>la</strong>is une équipe et pas tourner seule pour pouvoir pr<strong>en</strong>drede <strong>la</strong> distance, un peu comme sur un p<strong>la</strong>teau de fiction. L’assistant étaitprécieux parce qu’il se prom<strong>en</strong>ait dans les lieux, qui sont grands, et dès qu’ilse passait quelque chose d’in téressant il m’<strong>en</strong> avertissait.D.F. : Ce qu’on ress<strong>en</strong>t dans le film c’est qu’on est à <strong>la</strong> limite d’un dispositif de cinéma,parce qu’on cherche à filmer des choses délicates. Il y a comme une impossibilité à allerplus loin.A-N.G. : Dans le film j’ai mis <strong>en</strong> p<strong>la</strong>ce des dispositifs de fiction, commepar exemple lorsqu’un compagnon discute avec une volontaire de sa vie.J’avais observé ça <strong>en</strong>tre eux et un jour, je leur ai demandé de repr<strong>en</strong>dre <strong>la</strong>discussion. Je leur suggérais et eux s’<strong>en</strong> emparai<strong>en</strong>t ou non. À ceux queEmmène-moi de Anne-Noëlle Gaessler


Emmène-moi de Anne-Noëlle Gaesslerje s<strong>en</strong>tais proches l’un de l’autre, je leur confiais une chose à faire.J’ai comme ça suggéré plusieurs événem<strong>en</strong>ts comme par exemple <strong>la</strong>petite fête qui était une idée d’un des compagnons que j’ai reprise. Leprogramme de <strong>la</strong> journée de tournage était défini <strong>la</strong> veille <strong>en</strong> fonctionde ce qui s’était joué <strong>en</strong>tre les personnes. Nous avions égalem<strong>en</strong>t mis <strong>en</strong>p<strong>la</strong>ce sur une semaine un atelier vidéo p<strong>en</strong>dant le tournage, coordonnépar Julia Laur<strong>en</strong>ceau. Il y avait quatre compagnons et les quatre jeunesfilles volontaires qui ont choisi d’y participer. L’idée était que chacunréalise un petit film sur l’autre, sorte de portraits croisés, mais aussi depermettre une appréh<strong>en</strong>sion de ce qu’est un film docum<strong>en</strong>taire. Chaqueparticipant a rapidem<strong>en</strong>t choisi qui il vou<strong>la</strong>it filmer, avec toujours <strong>la</strong>volonté de raconter quelque chose de l’autre ou de mettre <strong>en</strong> image sare<strong>la</strong>tion avec <strong>la</strong> personne filmée.D.F. : Et comm<strong>en</strong>t avez-vous choisi vos personnages ?A-N.G. : Ce projet était un vrai pari. Je n’avais pas grand-chose surquoi m’appuyer <strong>en</strong> dehors des compagnons que je connaissais. Il y atrois compagnons que je press<strong>en</strong>tais et au cours du tournage l'un s’estrévélé très coopératif alors qu’au départ il ne vou<strong>la</strong>it pas être filmé. Ladifficulté à Emmaüs, c’est qu’il y a des g<strong>en</strong>s qui part<strong>en</strong>t à tout mom<strong>en</strong>tsans qu’on puisse le prévoir. D’ailleurs lorsqu’ils part<strong>en</strong>t c’est pourune histoire d’amour. Pour les jeunes filles je ne savais ri<strong>en</strong>. J’avaistrès peur que ri<strong>en</strong> ne se produise <strong>en</strong>tre les compagnons et ces jeunesfilles. J’ai eu de <strong>la</strong> chance, car parmi les quatre volontaires il y avait descaractères très différ<strong>en</strong>ts et elles ont toutes r<strong>en</strong>contré les compagnons.Il y a une jeune Allemande qui vou<strong>la</strong>it partir. Elle m’<strong>en</strong> par<strong>la</strong>it souv<strong>en</strong>tet j’ai essayé de filmer ça mais ça ne marche pas bi<strong>en</strong>. Je crois que çavi<strong>en</strong>t de ma difficulté à ne pas savoir filmer les conflits. Je n’arrive pas àfilmer quelqu’un qui pleure. Donc avec elle je n’ai pas voulu aller plusloin. Elle était trop fragile.D.F. : Certains personnages sont plus prés<strong>en</strong>ts que d’autres, pourquoi ?A-N.G. : Parce que réellem<strong>en</strong>t ils étai<strong>en</strong>t prés<strong>en</strong>ts ou abs<strong>en</strong>ts. C’était trèsdifficile de tisser plus avec certains. J’aurais aimé filmer plus des petitsmom<strong>en</strong>ts de prés<strong>en</strong>ce, de vacuité, ou des compagnons seuls avec lesjeunes filles mais je ne suis pas arrivé à filmer ça. D’ailleurs au mom<strong>en</strong>tdu montage, ces scènes-là manquai<strong>en</strong>t. J’aurais souhaité plus tisser despetites choses <strong>en</strong>tre chacun. C’est <strong>la</strong> limite du réel et à <strong>la</strong> fois je suis auplus près de moi avec ce film.D.F. : Comm<strong>en</strong>t s'est passé le montage ?A-N.G. : J’ai monté avec Éric R<strong>en</strong>ault qui a, <strong>en</strong>tre autres, monté Quand <strong>la</strong>mer monte de Yo<strong>la</strong>nde Moreau. Je vou<strong>la</strong>is quelqu’un qui ait une oreillemusicale et qui ait monté de <strong>la</strong> fiction. Avec lui j’ai pu r<strong>en</strong>forcer le côtéfiction du film.Propos recueillis par Dami<strong>en</strong> Fritsch, Safirefilms sortis de fabriqueLes trois sœurs et <strong>la</strong> mortCourt métrage fiction de 45’de Véronique Bett<strong>en</strong>court (16 mm)Production Les Films de l'avaléeAvant-première le 10 juin à 19 haux Ateliers Varan à Parisfilms sortis de fabriqueFrançois Mitterrand,une vie <strong>en</strong> BourgogneDocum<strong>en</strong>taire de 52’ d'Édith Farine et Jean-Michel Dury (HDV)Production Faites un vœuDiffusion France télévisions,Pôle France 3 Bourgogne le 7 maiMême l’av<strong>en</strong>ir dure longtempsDocum<strong>en</strong>taire de 25’ de Emmanuel Bonn (HD)Coproduction Le Deuxième Souffle, L’América, AtopicDiffusion France 2, janvier 2011Ricardo Aronovich,avec mes yeux de dinosaureDocum<strong>en</strong>taire de 52’ de Luis Miranda (HD)Coproduction Cresc<strong>en</strong>do films , Le Deuxième Souffle,Cérigo films, CinecinémaIls étai<strong>en</strong>t commeà <strong>la</strong> recherche de rêves perdus.Une autre histoire du TNSDocum<strong>en</strong>taire de 52' de Michel Deutsch (HD)Production SeppiaDiffusion <strong>en</strong> avant-première samedi 23 mars,au cinéma l’Odyssée à StrasbourgCette terre qui nourrit les machinesDocum<strong>en</strong>taire de 52' de Jérôme Championet Luciano Ibarra (HD)Production Filfil films, Cinérebelde,Vosges télévision Images plusDiffusion Ushuaïa TV27


histoires de filmsSélectionné au Festival de Cannes à <strong>la</strong> Quinzainedes réalisateurs, Bielutin, dans le jardin du temps,film docum<strong>en</strong>taire de Clém<strong>en</strong>t Cogitore, produitpar Cédric Bonin et Pascaline Geoffroy (Seppia), nousemmène chez d'étranges collectionneurs russes.28Dans le jardin du tempsBielutin, je l’ai d’abord lu comme dossier, àl’Ag<strong>en</strong>ce culturelle d’<strong>Alsace</strong>. J’avais été étonnéeque Clém<strong>en</strong>t Cogitore dont j’avais vu les filmsde fiction Chroniques et Visités se tourne versle docum<strong>en</strong>taire. Puis très impressionnée par lesujet : un couple de collectionneurs russes dontlui est reconnu comme un peintre novateur eticonoc<strong>la</strong>ste du XX e siècle (même si toute “vérité”ou affirmation est re<strong>la</strong>tive avec les Bielutin) ; uncouple qui vit <strong>en</strong>fermé dans leur appartem<strong>en</strong>t deMoscou avec pour compagnie des chefs-d’œuvrede <strong>la</strong> R<strong>en</strong>aissance. Le dossier par<strong>la</strong>it beaucoupdes origines troubles concernant l’acquisition de<strong>la</strong> collection et déjà de <strong>la</strong> façon dont elle, NinaBielutin, avait cherché à donner une versionofficielle et romanesque de l’histoire de cesorigines (tant des peintures que de <strong>la</strong> propre viedu couple). C’était <strong>en</strong> développem<strong>en</strong>t, il y avaitcep<strong>en</strong>dant déjà des images fortes, une dém<strong>en</strong>ce<strong>la</strong>t<strong>en</strong>te que l’on ress<strong>en</strong>tait dans ce huis clos avecles grands maîtres.Un symbole m’avait frappé : ce corbeau à quiNina Bielutin avait coupé les ailes et qu’elleavait attaché à une chaîne dans sa cuisine. Ce<strong>la</strong>m’avait rappelé un autre film, docum<strong>en</strong>taire, oùun anci<strong>en</strong> seigneur de guerre d’Asie c<strong>en</strong>traletrônait dans un pa<strong>la</strong>is présid<strong>en</strong>tiel, un fauconaux ailes coupées attaché à ses côtés. Une imagedu pouvoir, du besoin démiurge, une image quiévoque le cinéma d’Orson Welles.Puis récemm<strong>en</strong>t, de nouveau à <strong>la</strong> commissionde l’ACA, je lis le dernier projet <strong>en</strong> écriturede Clém<strong>en</strong>t Cogitore. Cette fois-ci, c’est auChili où un homme vit littéralem<strong>en</strong>t dans uneimage (dans une cabane derrière un panneaupublicitaire de Coca-Co<strong>la</strong> dont il assure legardi<strong>en</strong>nage des ampoules qui l’éc<strong>la</strong>ir<strong>en</strong>t pourles automobilistes de Santiago). L’écrit fait leparallèle avec les Bielutin, avec l’explorationdu rapport trouble, paï<strong>en</strong>, politique, excessif,que les hommes <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t avec les images,un rapport où l’objet semble pr<strong>en</strong>dre le dessussur son créateur. J’ai tout ce<strong>la</strong> <strong>en</strong> tête quandje m’apprête à voir Bielutin, dans le jardin dutemps. Premier étonnem<strong>en</strong>t, le film est bavard,alors que jusqu’ici, on par<strong>la</strong>it très peu dans lesfilms de Clém<strong>en</strong>t Cogitore, l’image y était toujoursune proposition, une démarche onirique. Maiscette parole du couple qui s’adresse directem<strong>en</strong>tau réalisateur prés<strong>en</strong>t dans certains p<strong>la</strong>ns <strong>en</strong>amorce, apparaît très vite non pas comme undiscours dont il faudrait s’attacher à <strong>la</strong> littéralité,mais comme une mise <strong>en</strong> scène de soi, commeune fiction déjà maintes fois dite, comme destextes de <strong>la</strong> comedia dell’arte.Bielutin, dans le jardin du temps de Clém<strong>en</strong>t CogitoreIci, les masques véniti<strong>en</strong>s sont les tableaux de Ve<strong>la</strong>squez ou du Titi<strong>en</strong> quiont <strong>en</strong>fermé les deux personnages dans une forme de délire mégalomaneainsi que dans un imm<strong>en</strong>se désespoir, car il leur est dev<strong>en</strong>u impossiblede les ôter. Le film est hypnotique, il est une plongée de p<strong>la</strong>in-pied dans<strong>la</strong> folie, <strong>en</strong> même temps qu’il permet de <strong>la</strong> déceler par des indices : unemusique électronique qui crée une angoisse immédiate ; un montage quirisque des noirs, faisant adv<strong>en</strong>ir des séqu<strong>en</strong>ces comme des f<strong>la</strong>shs, toujours<strong>en</strong> c<strong>la</strong>ir-obscur puisque le couple s’éc<strong>la</strong>ire à <strong>la</strong> bougie, se recréant ainsi àl’image des figures peintes autour d’eux. La caméra glisse sur les mainsde ceux qui se dis<strong>en</strong>t opprimés et qui ti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t des couverts <strong>en</strong> arg<strong>en</strong>t ; unfilmage superbe qui lui aussi se risque, avec des flous, des mouvem<strong>en</strong>tsrapides, une sorte de vertige. Enfermé avec ses personnages dans cette cagedorée, embarquant le spectateur dans <strong>la</strong> démesure de ses personnages, dansleur ivresse, le regard du réalisateur n’est cep<strong>en</strong>dant jamais accusateur etc’est sa force : déceler l’abs<strong>en</strong>ce et <strong>la</strong> souffrance derrière les masques.Vi<strong>en</strong>t l’écran définitivem<strong>en</strong>t noir. Il faut quelque temps pour se réhabituerà <strong>la</strong> lumière du jour, et mettre des mots sur les s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts indicibles queprovoqu<strong>en</strong>t ces personnages dostoïevski<strong>en</strong>s d’une profonde humanité,complexité et viol<strong>en</strong>ce.Les mots ne vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t pas. Là est le cinéma. Il faut voir.Julia Laur<strong>en</strong>ceau, Safire


films primés, films sélectionnésfilms primés/sélectionnésBielutin,dans le jardin du tempsDocum<strong>en</strong>taire de 43’ de Clém<strong>en</strong>t Cogitore (HD)Coproduction Seppia, Arte, MDR- Prix FIDLAB- Sélection Quinzaine des réalisateurs,festival de Cannes 2011Chatrak [Champignons]Long métrage fiction de 90' de VimukthiJayasundara (DCP, 35 mm st)Coproduction Les Films de l'étranger, VandanaTrading Company, Calcutta (Inde)Sélection Quinzaine des réalisateurs,festival de Cannes 2011Ciao Cirel<strong>la</strong>Docum<strong>en</strong>taire de 55’ de Christophe Berthaud (HD)Coproduction La Curieuse, <strong>Alsace</strong> 20Award of Excell<strong>en</strong>ce in Filmmaking au 2011,Canada International Film FestivalCoup de bordure à BitterfeldDocu-fiction de 70’ de Yann Kerninonet Sébasti<strong>en</strong> Lecordier (Betacam)Production Le Deuxième SouffleSélection Visions du réel 2011 à Nyon (Suisse)DreamtimacyCourt métrage fiction de 57’de Franck Vialle (35 mm)Production Le deuxième souffleSélection Côté court 2011 à PantinReprise égalem<strong>en</strong>t de HOM (Heart of Mine)de Franck Vialle dans le cadrede <strong>la</strong> rétrospective des 20 ans de Côté courtKapitalisme,notre recette secrèteDocum<strong>en</strong>taire de 52’ de Alexandru Solomon (HD)Coproduction Seppia, Hifilm, Néon rougeSélections- Sarajevo (Bosnie-Herzégovine)- Jih<strong>la</strong>va (République tchèque)- Polish WatchDocs Human Right (Varsovie)- Bratis<strong>la</strong>va, CinePecs, Free Zone (Belgrade)- IDFA (Amsterdam) 2010- Panorama, Trieste (Italie)- Goteborg Film Festival 2011- One World Film Festival Prague 2011- London InternationalDocum<strong>en</strong>tary Festival (LIDF)Là-bas – dert ànnaDocum<strong>en</strong>taire de 52’ de C<strong>la</strong>udia Marschal (HD)Coproduction Cresc<strong>en</strong>do films, France télévisionsSélections 2010- Journées professionnellesde Gérardmer à Maxeville- Kino Knock-out Festival à Altkirch- Traces de vies à Clermont Ferrand- Premier Doc au Mans- Songes d’une nuit DV à Saint-D<strong>en</strong>isnovembre 2010La fin du sil<strong>en</strong>ceLong métrage fiction de 80'de Ro<strong>la</strong>nd Edzard (35 mm)Coproduction Unlimited, Poly-Son postproduction,Galerie Heine, Les Films de l’étranger,Dor film, Swift productionsSélection Quinzaine des réalisateurs,festival de Cannes 2011Le chant des particulesCourt métrage de 15' de B<strong>en</strong>oît Bourreau(4K anamorphique)Coproduction Unlimited,Les Films de l’étranger, ArcadiSélection officielle au festival internationaldu court-métrage de Clermont-Ferrand,compétition LABOLe FosséLong métrage fiction de 109'de Wang Bing (DCP, 35 mm st)Coproduction Les Films de l'étranger,Wil productions (Hong Kong),Entre Chi<strong>en</strong> Et Loup (Belgique)- Sélection officielle<strong>en</strong> compétition à V<strong>en</strong>ise 2010- Autres festivals : Pusan (Corée du Sud),Abou Dhabi (Émirats Arabes Unis),Tokyo (Japon), Nantes, 3 Contin<strong>en</strong>ts(France), Rotterdam (Pays-Bas)…Prix spécial du jury, Prix du publicet Prix Signis au 12 e Festival internationaldu film de Las Palmas (Grande Canarie)Leptis Magna,un rêve de Rome <strong>en</strong> AfriqueDocum<strong>en</strong>taire de 43’ et 52' de Baudouin Ko<strong>en</strong>ig,Éti<strong>en</strong>ne Jaxel-Truer, Fulvia Alberti (HD)Coproduction Seppia, SWR/Arte, Images plusSélection The Archaeology Channel (TAC)-International Film and Video FestivalQuelques jours de répitLong métrage fiction de 80'de Amor Hakkar (5 mm/DCP)Coproduction Sarah films, H.A films- Sélection Movies That Matter Festival,La Haye (Pays-Bas), 2011- Nominé aux compétitions officiellesdu Festival du film de Sundance,Park City (États-Unis), 2011Ringo ou“l’homme qui bouge”Filmé et écouté par Jean-Marie Fawerassisté par Jonathan Strutz, 26'Production Ana filmsDiffusion jeudi 10 mars 2011 à 20 hà <strong>la</strong> médiathèque de NeudorfSélection Festival du film des droitsde l'homme à Strasbourg 2010,projection le 18 novembre au StarUn dernier étédans le CaucaseDocum<strong>en</strong>taire de 43’ et 52' de Andreas Voigt (HD)Coproduction Seppia, Swr/Arte,Barbara Etz FilmproduktionSélection The Archaeology Channel (TAC)International Film and Video FestivalDe haut <strong>en</strong> bas :Tournage de Ringo© JONATHAN STRUTZCiao Cirel<strong>la</strong>Là-bas – dert ànnaDreamtimacyLe fosséQuelques jours de répitBielutin29


Vidéo Les Beaux JoursMaison de l'image31 rue Kag<strong>en</strong>eck67000 Strasbourgtram C, arrêt Faubourg de Savernetéléphone 03 88 23 86 51info@videolesbeauxjours.orgwww.videolesbeauxjours.orgouvert du lundi au v<strong>en</strong>dredide 9 h 30 à 12 h et de 14 h à 18 hVidéo Les Beaux Jours|DIFFUSION DE LA CRÉATION CINÉMATOGRAPHIQUE EN ALSACEPÔLE RÉGIONAL D'ÉDUCATION ARTISTIQUE ET DE FORMATION AU CINÉMA ET À L'AUDIOVISUELCENTRE DE RESSOURCES| | |Un programmeUne vidéothèqueÉducationde projectionset de r<strong>en</strong>contreset un c<strong>en</strong>trede docum<strong>en</strong>tationformationCartes b<strong>la</strong>nches,r<strong>en</strong>contres autour d’un film,programmations thématiques,r<strong>en</strong>dez-vous réguliersProgramme surwww.videolesbeauxjours.org3 000 filmsà consulter sur p<strong>la</strong>ce,cinéma docum<strong>en</strong>taire,art vidéo, des ouvrages,revues, catalogues,ressources…Entrée libre et gratuiteDes actions de formationà destinationdes <strong>en</strong>seignants,bibliothécaireset médiateurs culturels,des séminairesd’analyse filmiqueContacteducation@videolesbeauxjours.orgwww.tournages-alsace.orgFonctionnem<strong>en</strong>td’un tournageV<strong>en</strong>ir tourner<strong>en</strong> <strong>Alsace</strong>Carnetde décorsRessources

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