Lionel Balouin<strong>Le</strong> lieu a une double mission : l’enseignement <strong>artistique</strong> et la diffusion <strong>de</strong> la création contemporaine.L’équipe administrative compte « 3 personnes et <strong>de</strong>mi » : un directeur, une administratrice et unepersonne qui s’occupe à la fois <strong>de</strong> la médiation, <strong>de</strong> la communication et <strong>de</strong> la documentation ainsiqu’un secrétariat à mi-temps. Il y a par ailleurs 9 enseignants. Notre budget <strong>de</strong> fonctionnement estfaible par rapport <strong>au</strong>x actions que nous menons et que nous souhaiterions mener. Ce budget <strong>de</strong>fonctionnement inclut les subventions <strong>de</strong> l’état et du département.Notre <strong>projet</strong> pédagogique est le fon<strong>de</strong>ment même <strong>de</strong> la structure. Nous sommes avant tout un lieud’enseignement. Par ailleurs, les expositions constituent un élément pédagogique stimulant, <strong>au</strong>ssibien pour les professeurs que pour les élèves. C’est d’<strong>au</strong>tant plus vrai <strong>au</strong>jourd’hui. Nous réalisons <strong>de</strong>sdossiers pédagogiques et tous les élèves <strong>de</strong> l’école visitent les expositions. Nous renforçons nosactions <strong>de</strong> médiation par rapport <strong>au</strong>x expositions, en travaillant <strong>au</strong>près <strong>de</strong>s centres <strong>de</strong> loisirs, <strong>de</strong>sscolaires et <strong>de</strong>s publics adultes. Il est pour l’instant encore difficile <strong>de</strong> nouer <strong>de</strong>s partenariats stables,sur le long terme avec les scolaire et les services municip<strong>au</strong>x (jeunesse, etc.) pour <strong>de</strong>s raisons quipeuvent être très différentes les unes <strong>de</strong>s <strong>au</strong>tres dont la principale serait le manque <strong>de</strong> temps. Maisnous sommes optimistes.Depuis ma prise <strong>de</strong> fonction en 2002, j’ai renforcé avec mon équipe le lien entre les <strong>de</strong>ux missions <strong>de</strong>la structure (pédagogie d’un côté et diffusion et promotion <strong>de</strong> la création contemporaine <strong>de</strong> l’<strong>au</strong>tre) etdéveloppé pour un public non touché <strong>de</strong>s actions <strong>de</strong> médiation <strong>au</strong>tour <strong>de</strong>s expositions ainsi que <strong>de</strong>sactions <strong>artistique</strong>s.L’école municipale <strong>de</strong>s be<strong>au</strong>x-arts/ galerie Edouard Manet a un budget <strong>de</strong> fonctionnement <strong>de</strong> 65 000euros, ce qui doit être le plus faible budget <strong>de</strong> la table. Un peu plus <strong>de</strong> 50% du budget est consacré<strong>au</strong>x expositions, soit environ 9 000 euros par exposition. <strong>Le</strong>s frais <strong>de</strong> production s’échelonnent entre3000 et 6000 euros.Claire <strong>Le</strong> RestifA pédagogie, je préfère le terme <strong>de</strong> médiation. Si le <strong>projet</strong> <strong>artistique</strong> est un élément pédagogiquestimulant, il est <strong>au</strong>ssi parfois déconcertant. <strong>Le</strong> <strong>projet</strong> <strong>artistique</strong> que je développe, propose uneesthétique formaliste et abstraite qui n’est pas la plus simple à conduire et à porter. Elle <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>au</strong>xvisiteurs <strong>de</strong>s efforts et un travail. Nous avons développé <strong>de</strong>s outils afin <strong>de</strong> mettre en lumière le travail<strong>de</strong>s jeunes artistes que nous présentons tels que le dossier pédagogique. Ce <strong>de</strong>rnier permet à toutel’équipe <strong>de</strong> réfléchir précisément à l’objet que nous allons transmettre. Il nous ai<strong>de</strong> à trouver unlangage commun <strong>au</strong> sein <strong>de</strong> l’équipe. <strong>Le</strong> dossier pédagogique est <strong>au</strong>ssi et avant tout un outil <strong>de</strong>compréhension commune <strong>au</strong> sein d’une équipe. Par ailleurs, nous réfléchissons à la manièred’entamer un dialogue avec les enseignants <strong>au</strong>tour <strong>de</strong> cet outil notamment en organisant unerencontre <strong>au</strong> début <strong>de</strong>s expositions. Ceci dit, si les œuvres sont exposées <strong>au</strong> public, elles sont <strong>au</strong>ssiparfois très seules face à ce public. Je pense qu’il f<strong>au</strong>t fournir <strong>de</strong>s contextes favorables <strong>au</strong>x œuvres. Ilf<strong>au</strong>t <strong>au</strong>ssi donner <strong>de</strong>s outils et <strong>de</strong>s moments <strong>de</strong> travail <strong>au</strong>x jeunes artistes, ce que tout le mon<strong>de</strong> fait<strong>au</strong>tour <strong>de</strong> cette table, leur donner la parole en milieu ou en fin d’exposition afin qu’ils puissent discuter,mettre en perspective ce qu’ils ont pu produire avec <strong>de</strong>s critiques d’art ou avec <strong>de</strong>s membres <strong>de</strong>l’équipe. Cela leur permet <strong>de</strong> prendre la parole, <strong>de</strong> mettre <strong>de</strong>s mots sur les formes qu’ils mettent enplace, à <strong>de</strong>stination du public. Ce sont vraiment <strong>de</strong>s moments privilégiés et <strong>de</strong>s outils pour les artistes,pour les œuvres et pour le public.Quant à la question <strong>de</strong>s moyens financiers, elle est assez complexe car certains lieux sont en régiesdirectes, certains ont <strong>de</strong>s parts <strong>de</strong> fonctionnement du lieu qui sont hors du budget. <strong>Le</strong> budget ducrédac est 290 000 euros, ce qui est un petit budget pour un lieu dont la surface d’exposition est <strong>de</strong>700 m 2 . Nous réalisons sept expositions par an qui sont <strong>de</strong>s productions. 50% du budget est consacréà l’administration, <strong>au</strong>x salaires, ce qui fait partie <strong>au</strong>ssi <strong>de</strong> l’<strong>artistique</strong> puisque sans équipe il n’y a pas<strong>de</strong> <strong>projet</strong>. 30% sont dévolus à la production d’œuvres et à la réalisation d’éditions. Bien que nouséditons peu d’ouvrages, nous essayons les uns et les <strong>au</strong>tres <strong>de</strong> fédérer <strong>de</strong>s lieux pour faire <strong>de</strong> lacoproduction et <strong>de</strong> la coédition. 20% du budget est dédié à la médiation et à la communicationPierre Bal-BlancUn <strong>projet</strong> culturel se définit d’abord par une i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong> l’histoire du lieu et <strong>de</strong> son contextegéographique et social. Il f<strong>au</strong>t également i<strong>de</strong>ntifier les moyens humains existant ainsi que les moyenstechniques. Ensuite <strong>de</strong>s missions nous sont données que nous <strong>de</strong>vons interpréter : missions <strong>de</strong>© tram 2005 - <strong>Le</strong> <strong>projet</strong> <strong>artistique</strong>, <strong>au</strong> cœur d’une <strong>politique</strong> <strong>de</strong> sensibilisation et <strong>de</strong> formation <strong>de</strong>s publics 4
soutien à la création, <strong>de</strong> sensibilisation et <strong>de</strong> diffusion. <strong>Le</strong> centre d’art <strong>de</strong> Brétigny a la missionparticulière <strong>de</strong> sensibiliser <strong>de</strong>s publics éloignés <strong>de</strong>s offres culturelles. Cette mission me semble êtrecomplètement déjà remplie par le fait que le centre d’art se trouve à Brétigny, dans une zonegéographique possédant peu d’équipements culturels. Montrer un artiste connu ou un jeune artiste àBrétigny, c’est pour moi déjà remplir cette mission <strong>de</strong> sensibilisation. <strong>Le</strong> <strong>projet</strong> culturel se constitueensuite en fonction <strong>de</strong> cette interprétation <strong>de</strong> la situation. Il y a ici une longue histoire en lien avec laproduction d’œuvres spécifiques, développée par Xavier Franceschi. Par ailleurs, Francis Bentolilaavait développé très tôt <strong>de</strong>s actions <strong>de</strong> médiation axées sur la rencontre entre les publics et lesartistes. J’ai donc décidé <strong>de</strong> créer un <strong>projet</strong> pédagogique s’articulant <strong>au</strong>tour <strong>de</strong>s <strong>projet</strong>s <strong>de</strong> création :les actions éducatives se déclinent du <strong>projet</strong> <strong>artistique</strong>. Avec Francis Bentolila, nous avons réfléchi, dufait <strong>de</strong> la situation spécifique <strong>de</strong> cet établissement associant spectacle vivant et arts plastiques, à <strong>de</strong>scroisements intéressants. Nous avons développé plusieurs actions dans ce sens avec <strong>de</strong>schorégraphes, <strong>de</strong>s metteurs en scène, <strong>de</strong>s scénographes et <strong>de</strong>rnièrement avec un <strong>de</strong>signer. <strong>Le</strong>développement du <strong>projet</strong> culturel s’est véritablement articulé <strong>au</strong>tour <strong>de</strong> croisements <strong>de</strong> champs<strong>artistique</strong>s ainsi que sur les <strong>projet</strong>s d’expositions pour lesquels l’artiste est chaque fois sensibilisé à lasituation <strong>de</strong> Brétigny. Je les encourage à créer <strong>de</strong>s œuvres dont certaines pourront rester sur le site etnous ai<strong>de</strong>r à organiser les relations avec les différentes populations. J’ai développé <strong>de</strong>puis monarrivée ici un travail important pour relier l’intérieur et l’extérieur du bâtiment. En effet, ce bâtiment acomme caractéristique d’être assez replié sur lui-même. L’idée est par conséquent <strong>de</strong> travailler sur unrapport intérieur/extérieur, en particulier avec le lycée qui se trouve en face.Caroline Coll-SerorNotre budget global d’activité est <strong>de</strong> 172 000 euros, hors salaires, frais <strong>de</strong> fonctionnement etd’entretien du domaine. L’abbaye <strong>de</strong> M<strong>au</strong>buisson est composée d’une grange du XIIIème siècle, d’unpavillon d’accueil contemporain commandé dans le cadre d’une exposition, un parc <strong>de</strong> 10 hectares etce qu’il reste du carré cl<strong>au</strong>stral , à savoir l’aile est et les anciennes latrines. Nous avons fait le choix <strong>de</strong>ne présenter que <strong>de</strong>ux expositions par an qui durent cinq mois chacune, pour dégager <strong>de</strong>s moyens <strong>de</strong>production. Sur le budget <strong>de</strong> 172 000 euros, 100 000 euros sont consacrés à la production d’œuvres.Il me semblait plus intéressant que <strong>de</strong>s artistes interviennent et créent en fonction du lieu plutôt qued’avoir un regard <strong>de</strong> commissaire d’exposition qui réunit dans le lieu <strong>de</strong>s œuvres qui n’ont pas étéfaites pour lui. Il arrive que 80-90% <strong>de</strong>s pièces présentées soient <strong>de</strong>s pièces créées pour le lieu.Nous essayons <strong>au</strong>ssi, si cela s’avère pertinent, d’acquérir <strong>de</strong>s œuvres suite à une exposition afinqu’elles prennent place dans le parc. <strong>Le</strong>s publics qui viennent spontanément à l’abbaye ne sont pasles publics <strong>de</strong> l’art contemporain, ce sont les publics du patrimoine et les publics du parc : <strong>de</strong>smamans avec les poussettes, les enfants qui viennent jouer <strong>au</strong> foot, les joggeurs etc.… Nousessayons <strong>de</strong> les emmener vers d’<strong>au</strong>tres territoires. Notre <strong>projet</strong> est donc éminemment pédagogique :comment, en s’inspirant <strong>de</strong> ce lieu, en y travaillant, en l’investissant, créer <strong>de</strong>s œuvres qui fassentjouer <strong>au</strong> lieu un rôle dynamique par rapport à l’environnement qui se trouve <strong>au</strong>tour <strong>de</strong> nous ? Nousessayons <strong>de</strong> répondre à cette question en articulant les réalités contemporaines et la réalitépatrimoniale insolite <strong>de</strong> notre lieu. En effet <strong>au</strong> fur et à mesure <strong>de</strong> la programmation, les chosess’affinent, nous savons <strong>de</strong> mieux en mieux avec quel type d’artistes et <strong>de</strong> personnes nous avonsenvie <strong>de</strong> travailler. Nos <strong>projet</strong>s - d’Anne Deguelle en ce moment, le <strong>projet</strong> d’Eric Samakh pour laprochaine exposition - impliquent vraiment les habitants et reflètent une réflexion sur le territoire. Ence sens, bien qu’assumant la direction <strong>artistique</strong> du lieu, je me définis comme une médiatrice. Ce<strong>projet</strong> <strong>artistique</strong> ne m’intéresse que comme outil pour mettre en place <strong>de</strong>s actions, faire venir <strong>de</strong>spublics et faire en sorte qu’il se passe <strong>de</strong>s choses avec ces publics. Pour ce faire, nous avons lesmoyens suivants : 72 000 euros dédiés à l’action culturelle, l’événementiel et l’action éducative, ce qui<strong>de</strong>meure insuffisant. Treize personnes composent l’équipe. Afin d’accompagner l’équipe en interne,nous organisons pour le service tous les mois <strong>de</strong>s sorties culturelles vers d’<strong>au</strong>tres lieux d’artcontemporain. Du coté <strong>de</strong>s hôtesses d’accueil, cela fonctionne admirablement bien. Elles vont suivrele cycle <strong>de</strong> conférences sur l’art contemporain <strong>de</strong> Monsieur Pallatier et sont assidues <strong>de</strong>puis plusieursannées. Du coté <strong>de</strong>s gardiens par contre c’est très difficile et pour l’instant, force est <strong>de</strong> constater quec’est un échec. Concernant les actions en direction <strong>de</strong>s publics, nous faisons intervenir <strong>de</strong>s artistesdans le lieu. Toute l’année, nous accueillons <strong>de</strong>s cours <strong>de</strong> pratique amateur et tentons <strong>de</strong> faire ensorte que l’envie <strong>de</strong> pratiquer entraîne une sensibilisation et une ouverture sur l’art contemporain.Nous réalisons également un travail avec l’éducation nationale, avec qui nous menons <strong>de</strong>s actions <strong>de</strong>formation en direction <strong>de</strong>s enseignants à travers un stage « art et patrimoine ». Nous tentons doncd’établir une cohérence entre notre <strong>projet</strong> <strong>artistique</strong> et notre <strong>projet</strong> pédagogique. A partir <strong>de</strong> cette« entrée » patrimoine qui, a priori, est une entrée plus facile, nous essayons d’amener les gens versl’art contemporain. Nous éditions par ailleurs un livre d’artiste par exposition. Il intervient comme la<strong>de</strong>rnière pièce <strong>de</strong> l’exposition, celle qui reste et permet <strong>de</strong> constituer une mémoire <strong>de</strong> la succession<strong>de</strong>s <strong>projet</strong>s, ce qui est fondamental. En mars nous in<strong>au</strong>gurerons à l’abbaye <strong>de</strong> M<strong>au</strong>buisson un espace© tram 2005 - <strong>Le</strong> <strong>projet</strong> <strong>artistique</strong>, <strong>au</strong> cœur d’une <strong>politique</strong> <strong>de</strong> sensibilisation et <strong>de</strong> formation <strong>de</strong>s publics 5