2.1. Les alternatives techniques au <strong>soja</strong> en alimentation anima<strong>le</strong>Problématique stratégique du développement <strong><strong>de</strong>s</strong> productions végéta<strong>le</strong>s et anima<strong>le</strong>s, la réductiondu déficit protéique <strong>de</strong> l'UE-27 est un défi pour la durabilité <strong>de</strong> ses agricultures. Ce défiimpacte a fortiori <strong>le</strong>s modè<strong>le</strong>s agrico<strong>le</strong>s et alimentaires <strong><strong>de</strong>s</strong> pays du Sud, qu'ils soient exportateurs<strong>de</strong> protéines végéta<strong>le</strong>s ou consommateurs <strong>de</strong> produits animaux.Dans certaines filières anima<strong>le</strong>s, une substitution du <strong>soja</strong> par <strong><strong>de</strong>s</strong> protéines loca<strong>le</strong>s ne peuts'envisager sans une « désintensification » relativement importante <strong><strong>de</strong>s</strong> mo<strong><strong>de</strong>s</strong> d'é<strong>le</strong>vage, laquel<strong>le</strong>implique un allongement <strong>de</strong> la durée d'engraissement <strong><strong>de</strong>s</strong> animaux et une diminution <strong>de</strong>la production laitière par tête. Ceci est particulièrement vrai pour <strong>le</strong>s volail<strong>le</strong>s <strong>de</strong> chair. Toutefois,si une plus gran<strong>de</strong> durée d'é<strong>le</strong>vage va dans <strong>le</strong> sens d'une meil<strong>le</strong>ure qualité du produit, el<strong>le</strong>n'est pas sans conséquence <strong>sur</strong> son prix.Ainsi, la reconquête <strong>de</strong> l'autonomie protéique <strong>de</strong> l'UE-27 ne se fera pas dans un horizon <strong>de</strong>court-terme. Il existe encore <strong>de</strong> nombreux obstac<strong>le</strong>s économiques, techniques et politiquesqu'il faut i<strong>de</strong>ntifier au préalab<strong>le</strong>, car la gran<strong>de</strong> majorité <strong><strong>de</strong>s</strong> exploitations d'é<strong>le</strong>vage <strong>de</strong> l'UE-27étant intégrés dans <strong>le</strong>s filières <strong>de</strong> l'amont (alimentation anima<strong>le</strong>) et <strong>de</strong> l'aval (transformation), i<strong>le</strong>st illusoire d'inverser la tendance en agissant <strong>sur</strong> un seul maillon <strong>de</strong> la filière.La prégnance <strong>de</strong> l'enjeu <strong>de</strong> la reconquête protéique varie selon <strong>le</strong> niveau <strong>de</strong> dépendance <strong><strong>de</strong>s</strong>filières anima<strong>le</strong>s aux <strong>importations</strong> <strong>de</strong> matières riches en protéines. Face à ce problème, troistypes <strong>de</strong> <strong>le</strong>viers distincts – avec <strong><strong>de</strong>s</strong> stratégies d'acteurs différentes – peuvent être actionnéspour apporter <strong><strong>de</strong>s</strong> réponses :<strong>le</strong>s <strong>le</strong>viers « standards » : ils consistent à investir dans la hausse du ren<strong>de</strong>ment <strong><strong>de</strong>s</strong> céréa<strong>le</strong>s,développer <strong>le</strong>s agrocarburants et donc la production <strong><strong>de</strong>s</strong> tourteaux et <strong><strong>de</strong>s</strong>drêches. Ces <strong>le</strong>viers sont déjà à l'œuvre dans l'UE <strong>de</strong>puis au moins une décennie mêmesi <strong>le</strong>s résultats ne sont pas toujours au ren<strong>de</strong>z-vous (stagnation du ren<strong>de</strong>ment <strong><strong>de</strong>s</strong> céréa<strong>le</strong>s);<strong>le</strong>s <strong>le</strong>viers « productivistes » : ils concernent <strong>le</strong>s autorisations <strong>de</strong> mise en culture <strong>de</strong>variétés d’oléagineux OGM et la <strong>le</strong>vée d'interdiction <strong><strong>de</strong>s</strong> farines anima<strong>le</strong>s dans l'alimentationanima<strong>le</strong>. L'essor <strong>de</strong> ces technologies/procédés promus pour réduire <strong>le</strong> déficitprotéique a été stoppé par <strong>le</strong>s pouvoirs publics communautaires. Un intense lobbying<strong><strong>de</strong>s</strong> industries concernées est à l'œuvre pour obtenir la <strong>le</strong>vée <strong>de</strong> ces interdictions dansl'UE ;<strong>le</strong>s <strong>le</strong>viers « alternatifs » : ils concernent <strong>le</strong>s investissements dans la recherche et <strong>le</strong>développement <strong><strong>de</strong>s</strong> protéagineux, (amélioration variéta<strong>le</strong>, amélioration <strong><strong>de</strong>s</strong> itinérairestechniques, structuration <strong><strong>de</strong>s</strong> filières, formation <strong><strong>de</strong>s</strong> agriculteurs...), <strong>le</strong>s incitations à laculture <strong>de</strong> protéagineux et <strong>de</strong> prairies à légumineuses. Il faut souligner que la reconquêted’une indépendance protéique ne pourra pas reposer que <strong>sur</strong> l’intégrationd’oléagineux et <strong>de</strong> protéagineux dans <strong>le</strong>s rotations cultura<strong>le</strong>s. En effet, la quantité <strong><strong>de</strong>s</strong>urfaces <strong>de</strong> céréa<strong>le</strong>s à convertir en <strong>sur</strong>faces d’oléagineux ou <strong>de</strong> protéagineux serait tropimportante 98 . Il importe donc <strong>de</strong> prévoir en complément une plus gran<strong>de</strong> utilisation <strong><strong>de</strong>s</strong>98 La <strong>sur</strong>face céréalière française s’élève à 9,4 Mha et la <strong>sur</strong>face en oléo-protéagineux à 2,2 Mha. Pour compenserl’ensemb<strong>le</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>importations</strong> <strong>de</strong> <strong>soja</strong>, il faudrait par exemp<strong>le</strong> transformer environ 4,5 Mha <strong>de</strong> céréa<strong>le</strong>s en colza,ce qui réduirait <strong>de</strong> près <strong>de</strong> moitié la <strong>sur</strong>face céréalière. Même en tenant compte d’une possib<strong>le</strong> diminution <strong><strong>de</strong>s</strong><strong>sur</strong>faces en maïs ensilage (1,4 Mha aujourd’hui), il est diffici<strong>le</strong> d’envisager, y compris pour <strong><strong>de</strong>s</strong> raisons agro-70
prairies et la culture et l’entretien <strong>de</strong> prairies temporaires riches en légumineuses fourragères.Ce chapitre relatif aux alternatives au <strong>soja</strong> portera plus spécia<strong>le</strong>ment <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s <strong>le</strong>viers « alternatifs» et « standards ».a) En fonction du type <strong>de</strong> production anima<strong>le</strong>En é<strong>le</strong>vage, <strong>de</strong>ux catégories d'animaux se distinguent habituel<strong>le</strong>ment : <strong>le</strong>s monogastriques et<strong>le</strong>s polygastriques (ruminants).Les monogastriques exigent dans <strong>le</strong>ur alimentation certains composants <strong>de</strong> base <strong><strong>de</strong>s</strong> protéines,<strong>le</strong>s aci<strong><strong>de</strong>s</strong> aminés. Certains <strong>de</strong> ces aci<strong><strong>de</strong>s</strong> aminés (AA) sont interchangeab<strong>le</strong>s alors queneuf d'entre eux sont essentiels : lysine, méthionine, thréonine, histidine, <strong>le</strong>ucine, iso<strong>le</strong>ucine,phénylalanine, tryptophane et valine. Dès lors, l'é<strong>le</strong>veur doit déterminer la proportion <strong>de</strong>chaque AA nécessaire à chaque sta<strong>de</strong> physiologique <strong>de</strong> l'animal (gestation, démarrage, croissance,engraissement, finition). Les porcs et <strong>le</strong>s volail<strong>le</strong>s sont <strong><strong>de</strong>s</strong> monogastriques.Les polygastriques sont moins sujets aux carences en AA indispensab<strong>le</strong>s. En effet, la floremicrobienne <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur panse <strong>le</strong>s produit avec l'absorption <strong>de</strong> matières azotées et énergétiques.D'autre part, <strong>le</strong>s polygastriques possè<strong>de</strong>nt un appareil digestif sophistiqué <strong>le</strong>ur permettant <strong>de</strong>dégra<strong>de</strong>r et <strong>de</strong> recombiner <strong>le</strong>s protéines grâce à l'action <strong><strong>de</strong>s</strong> bactéries présentes dans <strong>le</strong>ur floremicrobienne. Possédant la faculté <strong>de</strong> digérer la cellulose, <strong>le</strong>s polygastriques ont une alimentationà base <strong>de</strong> fibres, riches en énergie et favorisant la rumination et la salivation. Les bovins,ovins, caprins et équins sont <strong><strong>de</strong>s</strong> polygastriques (ruminants).Les végétaux particulièrement riches en protéines sont <strong>le</strong>s légumineuses, l'herbe jeune, <strong>le</strong>stourteaux d'oléagineux, <strong>le</strong>s crucifères et certaines céréa<strong>le</strong>s comme l'avoine. A l'inverse, sontdépourvus <strong>de</strong> protéines mais très riches en énergie : <strong>le</strong> maïs et <strong>le</strong>s pommes <strong>de</strong> terre.b) Focus <strong>sur</strong> l’é<strong>le</strong>vage laitierIncontestab<strong>le</strong>ment, c'est dans l'alimentation <strong><strong>de</strong>s</strong> vaches laitières que la panoplie <strong><strong>de</strong>s</strong> alternativesau <strong>soja</strong> est aujourd'hui la plus large. Ces <strong>de</strong>rnières consomment nettement moins <strong>de</strong> <strong>soja</strong>(17 % du total consommé) que <strong>le</strong>s autres cheptels français 99 .nomiques, une croissance <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>sur</strong>faces en oléo-protéagineux et en cultures d’autres légumineuses fourragèresincluses dans <strong>le</strong>s rotations (luzerne notamment) <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 2 à 2,5 Mha, ce qui amènerait à une réduction <strong>de</strong>50% <strong>de</strong> la dépendance protéique. Au niveau <strong>de</strong> l’Union européenne, on arrive à <strong><strong>de</strong>s</strong> conclusions semblab<strong>le</strong>s.Source : Statistiques du Ministère <strong>de</strong> l’agriculture, calculs propres, 2010.99 Source : Cereopa, calculs propres, 200671
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