adoptés et loyalement servis les ont baignés de leur génie. Etmaintenant, ils sont Français israélites, à peu près <strong>com</strong>me on<strong>est</strong> prot<strong>est</strong>ant ou catholique français. À notre génie ils ajoutentle leur. C’<strong>est</strong> tout ce que l’on peut dire.Ceux de Moravie, de Pologne, de Russie, nos <strong>Juif</strong>s des Carpathesne sont pas des israélites, mais des Hébreux. Ils sontHébreux plus que Déroulède ne fut Français. Et c’<strong>est</strong> leur vied’Hébreux qu’ils sont venus cacher dans ces montagnes, lamême – la même avec des amendements en accentuant encorele caractère – que leurs ancêtres menèrent dès leur sortied’Égypte, l’an 1500 avant Jésus-Christ.Où donc se sont-ils préservés de la contagion européenne ?Dans le ghetto.C’était leur refuge. Là, ils oubliaient les injures, là se calmaientles brûlures des coups de cravache. Là, ils n’essuyaientplus d’affronts, de moqueries, de crachats. <strong>Le</strong>s rois du journ’avaient fait que les barricader chez eux. Depuis le XVI e siècleils n’en sont pas sortis. Ainsi reconstituèrent-ils en milliers defragments la patrie perdue au temps où notre ère n’avait pascent ans.De quoi et <strong>com</strong>ment vécurent-ils dans ces ghettos ? Ils vécurentde rêves. Vous n’avez qu’à les regarder si vous croyezque je vous trompe. Ils ne sont pas maigres, ils sont creux.Joues pâles, <strong>est</strong>omacs défoncés. Sous un coup de doigt, ils résonneraient<strong>com</strong>me la caisse d’un violon. C’<strong>est</strong> que leurs rêvesne sont guère entourés que de maïs, de fruits sauvages, de légumesséchés et de débris d’abattoirs, des poumons auxtripailles.<strong>Le</strong>urs métiers ? Ils n’en avaient pas. Vous savez que le moyenâge conduit par l’Église ne leur en avait permis aucun, sauf celuique les chrétiens n’auraient pu exercer sans déchéance :trafiquants d’or. D’autre part, le Talmud leur faisait défense debêcher le sol étranger. Que leur r<strong>est</strong>ait-il ? D’être revendeursou intermédiaires, et <strong>com</strong>me ils étaient sans affaires, de traiter,du plus petit au plus grand, les affaires des autres.Exemple : j’arrive à Mukacevo. Fasciné par la révélation de cenouveau monde, je r<strong>est</strong>e planté sur un trottoir. Des paysans ruthéniensdescendent des chars de bois. Une dizaine de <strong>Juif</strong>ssont à l’affût, la barbe visiblement alléchée. Un paysan ruthénienn’<strong>est</strong> pas particulièrement malin. Il a su couper son bois, il40
l’apporte, que lui demander de plus ? <strong>Le</strong> <strong>Juif</strong> va le lui vendre.<strong>Le</strong>s chars s’arrêtent. Conciliabule du paysan tout de laineblanche habillé et du <strong>Juif</strong> sous son plumage de corbeau. L’accord<strong>est</strong> rapide. <strong>Le</strong> Ruthénien veut tant. Et mes <strong>Juif</strong>s de filer àgrandes enjambées. Ils entrent dans les boutiques, grimpentles étages, battant de leurs tibias le bas de leur caftan. L’un, nevoulant rien négliger, revient même sur ses pas… et me proposel’affaire !Auraient-ils pu s’évader de ce moyen âge ?En 1870, le gouvernement hongrois, voulant magyariser lesCarpathes, demanda aux <strong>Juif</strong>s de ne plus se reconnaître <strong>com</strong>menation, d’abandonner le yiddisch, de réformer leur religion, des’habiller avec notre beau v<strong>est</strong>on, notre beau pantalon et decouper leurs papillotes. <strong>Le</strong>s intellectuels acceptèrent, la masserefusa. <strong>Le</strong>s premiers sont maintenant à Budap<strong>est</strong>, médecins,avocats, banquiers, fonctionnaires, officiers. Ils sont devenusfarouches nationalistes, Hongrois jusqu’à l’hystérie. Ils ont reniéle peuple hébraïque, après ils l’ont trahi. <strong>Juif</strong>s de premièrezone, ils ont aidé les Hongrois à asservir la seconde zone.La voilà dans toute sa fidélité à Moïse. Rejetés par la Hongriequ’ils avaient rejetée, si leur corps <strong>est</strong> demeuré ici, où leuresprit <strong>est</strong>-il allé ? Vers le Wunderrabbi. <strong>Le</strong> Wunderrabbi <strong>est</strong> lerabbin sorcier, le faiseur de miracles.Ces Wunderrabbi les ont faits <strong>com</strong>me nous les voyons. Cesont eux qui les empêchent de s’assimiler et d’émigrer.Ils leur disent :– Si vous partez dans les pays impurs, vous ne pourrez plusobserver le saint jour du samedi. On vous tranchera les peycés(les papillotes), vous ne verrez pas s’ac<strong>com</strong>plir les prophéties,et Dieu vous regardera avec l’œil de la colère. Si vous envoyezvos enfants à l’école moderne, vos cheveux tomberont, vos filsdeviendront aveugles, vos filles <strong>com</strong>mettront le péché. Si vousapprenez autre chose que la parole divine (ils n’apprennent nila géographie, ni l’arithmétique, rien, seulement à lire la Thoraet le Talmud), le dernier mur de l’enceinte du Temple s’écrouleraà Jérusalem, la Thora se desséchera dans son armoire et leMessie retardera sa venue.Attendent-ils donc encore le Messie ? Oui ! C’<strong>est</strong> pourquoi ler<strong>est</strong>e leur <strong>est</strong> égal. Riez-leur au nez, parquez-les dans des wagonsspéciaux, refusez-leur la possession de la terre, mais ne41
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polonais, après avoir touché la p
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pénétré dans une Mesybtha. Rien
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d’eux n’a grossi ! Le caftan, d
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L’immeuble retentissait de la pr
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chandelier rituel qui n’est pas s
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statue. Tout homme qui a perdu un s
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Marmaroches. D’autres sont resté
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chacun des peuples, et comment me t
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ma gloire ! » sans risquer sur-le-
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dans le divin, mais dans le terrest
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faisaient-ils entre les deux ? Les
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Le nez dans la Thora, les hommes se
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J’en ai fini avec la douane. Le s
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son cheval, avant de le chevaucher
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Ils tuent. Ils chantent.Deux Anglai
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Je les connaissais tous. Tous étai
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Les neuf autres approuvent par des
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L’ouvrier juif travaille huit heu
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Sibérie, la Mandchourie, la Chine
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maison. En 1921, lors des premiers
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Chapitre 27JUIF ERRANT ES-TU ARRIV
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sur la pointe de ses pieds et tandi
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