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Prévention des Accidents d'Exposition au Sang (AES)

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Diplôme Inter-Universitaire <strong>des</strong> Services deSanté et de Secours Médical <strong>des</strong> ServicesDépartement<strong>au</strong>x d’Incendie et de SecoursSanté Publique – Santé TravailModule 4 : Hygiène et <strong>Prévention</strong>Cours 1 : <strong>Prévention</strong> <strong>des</strong> accidents d’exposition<strong>au</strong> sang et <strong>au</strong>x liqui<strong>des</strong> biologiquesVersion du 29 mars 2011 – Relecture : Comité de coordination pédagogique©ENSOSP –École Nationale Supérieure <strong>des</strong> Officiers de Sapeurs-Pompiers1


Sommaire<strong>Prévention</strong> <strong>des</strong> accidents d’exposition <strong>au</strong> sang (<strong>AES</strong>) et <strong>au</strong>x liqui<strong>des</strong>biologiquesI- Introduction 3II- Définition 3III- Quels risques ? 3A- Évaluation du risque 4B- Des risques pour qui ? 41- Pour les sapeurs-pompiers 42- Pour les victimes 4IV- <strong>Prévention</strong> <strong>des</strong> <strong>AES</strong> 5A- Préc<strong>au</strong>tions « standard » 5B- Conduites à tenir en cas d’<strong>AES</strong> 61- Soins loc<strong>au</strong>x immédiats 62- Consultation systématique <strong>au</strong>x urgences 63- Déclaration d’accident de service 74- Suivi sérologique <strong>des</strong> <strong>AES</strong> 7V- Stratégie de maîtrise <strong>des</strong> <strong>AES</strong> 8VI- Formation 8VII- Suivi <strong>des</strong> <strong>AES</strong> 8VIII- Discussion 9IX- Références bibliographiques 9Liste <strong>des</strong> acronymes 112


<strong>Prévention</strong> <strong>des</strong> accidents d’exposition <strong>au</strong> sang (<strong>AES</strong>)et <strong>au</strong>x liqui<strong>des</strong> biologiquesI- IntroductionLe secours à personne représente environ 60 % <strong>des</strong> sorties <strong>des</strong> sapeurs-pompiers. Dans cecontexte, le risque d’exposition <strong>au</strong>x liqui<strong>des</strong> biologiques est fréquent. Ils retrouvent surintervention du sang, <strong>des</strong> liqui<strong>des</strong> biologiques et toutes sortes d’objets coupants, perforants,piquants et tranchants : tous les éléments constitutifs d’un <strong>AES</strong> sont donc réunis. Le Service <strong>des</strong>anté et de secours médical (SSSM) n’est pas épargné. Les vétérinaires encourent égalementaprès <strong>AES</strong> un risque d’infection par <strong>des</strong> pathogènes zoonotiques.On dénombre dans le monde 350 millions de porteurs chroniques du virus de l’hépatite B (VHB),et 170 millions de porteurs du virus de l’hépatite C (VHC) (source Institut de veille sanitaire[InVS] – 2006).En France, on compte 300 000 porteurs du VHB et 500 000 porteurs du VHC (source InVS –2006).Pour le virus de l’immunodéficience humaine (VIH), l’Organisation mondiale de la santé (OMS)indique 40 millions de porteurs dans le monde, et entre 60 000 et 150 000 cas en France(source OMS - 2006).La traduction d’une directive européenne, datant de 1990, en droit positif français oblige toutemployeur à assurer la sécurité <strong>des</strong> personnes qu’il emploie et qui sont exposées à un risquebiologique (décret 94-352 du 4 mai 1994).II- Définition d’un <strong>AES</strong>• Tout contact percutané avec du sang, <strong>des</strong> liqui<strong>des</strong> biologiques* : par effraction cutanée accidentelle (coupure, piqûre) sur pe<strong>au</strong> lésée (lésions existantes comme psoriasis, érosions cutanées, eczéma, …) par projection sur les muqueuses (œil, bouche).* tous les liqui<strong>des</strong> issus et produits par un corpsIII- Quels risques ?Les risques biologiques sont directement liés :- à la nature <strong>des</strong> microorganismes qu’il est possible de trouver dans les liqui<strong>des</strong>biologiques,- à la taille de l’inoculum (c’est-à-dire <strong>au</strong> nombre de microorganismes).3


Le sang est normalement stérile. Mais on peut y trouver <strong>des</strong> :- bactéries- parasites- champignons- virus.Pour la plupart <strong>des</strong> microorganismes, on dispose d’une thérapie anti-infectieuse ; en revanchepour les virus, on n’a pas de traitement curatif. C’est la raison pour laquelle dès que l’on parled’<strong>AES</strong>, on évoque en premier le risque viral.En cas d’<strong>AES</strong>, trois virus (VHB, VHC, VIH) constituent l’essentiel du risque de transmission chezles soignants en raison de leur prévalence et de la gravité <strong>des</strong> conséquences. D’<strong>au</strong>trespathogènes ont été transmis par cette voie. Pour l’anecdote, on peut citer le cas de transmissionde cellules tumorales dans un laboratoire. On redoute également les virus <strong>des</strong> fièvreshémorragiques virales (Lassa, Ebola, Crimée-Congo, …) lors de missions à l’étranger.A- Évaluation du risqueLe médecin référent <strong>au</strong>x urgences évaluera la gravité de l’<strong>AES</strong>.Les critères de gravité sont :- la profondeur de la plaie- la taille de l’inoculum (volume, infectiosité)- le délai de prise en charge (dans les 4 heures)- le statut sérologique de la personne-source et son mode de vie (activités sexuelles à risque,tatoué, drogué, …).B- Des risques pour qui ?1- Pour les sapeurs-pompiersSapeur-pompier contaminé (il deviendra peut-être séropositif ultérieurement)Sapeur-pompier contaminant (il est déjà séropositif).2- Pour les victimes- désinfection <strong>des</strong> dispositifs médic<strong>au</strong>x inefficaces ou mal faite (traces de sang sur une attellepar exemple)- réutilisation <strong>des</strong> dispositifs à usage unique (UU) (pratique rigoureusement interdite)- gants de soins non changés entre 2 victimes- déconditionnement à l’avance de matériel stérile et contamination par projection de liqui<strong>des</strong>biologiques4


IV- <strong>Prévention</strong> <strong>des</strong> <strong>AES</strong>La vaccination contre l’hépatite B est obligatoire maintenant pour tous les sapeurs-pompiers, ycompris ceux <strong>des</strong> Centres de première intervention (CPI) qui sont quelquefois en première ligneet sont <strong>au</strong> contact <strong>des</strong> liqui<strong>des</strong> biologiques.L’achat de matériel doté de dispositif de sécurité est indispensable. Aux États-Unis, un texte deloi en rapport avec les aiguilles protégées a été promulgué en tant que loi fédérale : le« Needlestick Safety and Prevention Act » (6 novembre 2000 Président Clinton). Le dispositiflégislatif <strong>des</strong> Etats-Unis est en évolution et prévoit que l’utilisation <strong>des</strong> matériels de sécurité nerelève pas d’un choix de l’employeur, mais d’une obligation légale.Application <strong>des</strong> « préc<strong>au</strong>tions standard » dès la prise en charge d’une victime quel que soit sonstatut sérologique (séropositif connu ou pas) : dès qu’il y a risque de contact ou risque de projection de sang ou de liqui<strong>des</strong> biologiques dès qu’il y a risque de contact sur une pe<strong>au</strong> lésée, une muqueuses (œil, bouche).A- Préc<strong>au</strong>tions « standard »• Lavage ou/et désinfection <strong>des</strong> mains• Port <strong>des</strong> gants systématique :• si risque de contact avec du sang ou tout <strong>au</strong>tre produit d’origine humaine• si soins à risque de piqûre (pose et dépose de voie veineuse, glycémie capillaire, …)• si manipulations de tubes de prélèvements biologiques, linge et matériels souillés,…• chaque fois que les mains du sapeur-pompier comportent <strong>des</strong> lésions• changés entre 2 victimes.Le port de gants ne dispense pas du lavage <strong>des</strong> mains• A chaque fois qu’il y a risque de projection ou aérosolisation de sang ou <strong>au</strong>tres liqui<strong>des</strong>biologiques :port de surblouseport de lunettes de protectionport de masque.• Matériel souillé :manipulation (port de gants) avec préc<strong>au</strong>tionnettoyage et désinfection avant réemploi.• Surfaces souillées :port de gantsnettoyage et désinfection avec e<strong>au</strong> de Javel.5


3- Déclaration d’accident de service- Déclaration administrative- Suivi du dossier par le SSSM- Suivi sérologique pendant 6 mois :J01 mois3 mois6 mois.4- Suivi sérologique après <strong>AES</strong>(annexe II circulaire DGS/DH/DRT n°99/680 du 8 déce mbre 1999)à J0 ou J1à 1 moisà 3 moisà 6 moisanticorps anti-VIHantigène HBsanticorps anti-HBcanticorps anti HBsanticorps anti-VHCAlanine Amino-Transférasetransaminaseanticorps anti-VIHantigène HBsanticorps anti-HBcanticorps anti HBsanticorps anti-VHCALATanticorps anti-VIHantigène HBsanticorps anti-HBcanticorps anti HBsanticorps anti-VHCALATanticorps anti-VIHantigène HBsanticorps anti-HBcanticorps anti HBsanticorps anti-VHCALAT(ALAT) ou Glutamate PyruvateAnticorpsanti-VIHVIH VHB VHCAg P24 Antigène Anticorps Anticorps AnticorpsouHBs anti-HBc anti-HBs anti-VHCARN VIHEntre J0 et J1 X X X X X XÀ 1 mois X X X X X X XA 3 mois X X X X X XA 6 mois X X X X X XALAT7


Dès l’apparition de résultats anorm<strong>au</strong>x, adresser le sujet en milieu spécialisé.Il est conseillé <strong>au</strong> sapeur-pompier victime d’un <strong>AES</strong> de mettre <strong>des</strong> préservatifs pendant toute ladurée du suivi sérologique (résoudre le problème de la prise en charge financière par le SDIS).V- Stratégie de maîtrise <strong>des</strong> <strong>AES</strong>• Politique départementale du SSSM• Mise en place d’un dispositif de prise en charge <strong>des</strong> <strong>AES</strong>• Vaccinations à jour (notamment anti-hépatite B) et évaluées (anticorps anti HBs)• Surveillance et analyse <strong>des</strong> <strong>AES</strong> (pour dégager <strong>des</strong> actions de prévention)• Formation de tous les sapeurs-pompiers exh<strong>au</strong>stivement• Mise à disposition de matériels de protection efficaces (surtout pour les gants UU, intérêt dunitrile), et dotation de matériel de sécurité pour le SSSM (cathéter rétractable, embase deponcture pour glycémie capillaire à usage unique, …)• Evaluation <strong>des</strong> actions entreprisesVI- FormationDéfinir le contenu de la formation :- les risques avec le sang- les moyens de prévention- la conduite à tenir en cas <strong>AES</strong>- la présentation valisette premiers secours (kit <strong>AES</strong>)- la procédure administrativeCibler les <strong>au</strong>diteurs :- d’abord tous les officiers, les moniteurs, les chefs de centre- les sapeurs-pompiers professionnels, les sapeurs-pompiers volontaires <strong>des</strong> centres <strong>des</strong>ecours princip<strong>au</strong>x (CSP), Centre d’incendie et de secours (CIS), sans oublier les CPI.Organiser une traçabilité <strong>des</strong> formations faites.Prévoir une « piqûre de rappel » annuelle.VII- Suivi <strong>des</strong> <strong>AES</strong>- Détecter les cas- Remplir le questionnaire analytique (adresser une copie <strong>au</strong> médecin-chef)- Faire signer <strong>au</strong> sapeur-pompier un document <strong>au</strong>torisant le SSSM à lui faire un prélèvementVIH- Organiser le suivi sérologique (traçabilité)8


- Analyser les <strong>AES</strong> (pour dégager <strong>des</strong> actions de prévention)- Communiquer <strong>au</strong> Comité d’hygiène et de sécurité (CHS) (via le médecin-chef) et àl’ensemble <strong>des</strong> sapeurs-pompiers.VIII- DiscussionIl est très important de faire une campagne de sensibilisation à l’ensemble <strong>des</strong> sapeurspompiersdans votre département, si ce n’est pas déjà fait. On s’aperçoit à l’analyse <strong>des</strong> <strong>AES</strong>que les bilans sanguins à J0 ne sont pas toujours réalisés (en cas de séropositivité ultérieure lesapeur-pompier ne pourra pas prouver qu’il était séronégatif le jour de l’<strong>AES</strong>. Donc pas de priseen charge en maladie professionnelle).Il est très difficile de faire réaliser le bilan à 1 mois : les sapeurs-pompiers sont f<strong>au</strong>ssementrassurés par le bilan à J0 et ne voient pas l’intérêt de faire <strong>au</strong>tant de prises de sang. Il f<strong>au</strong>t leurexpliquer qu’à J0 on ne peut pas présager de l’avenir, que les virus mettent entre 4 à 9semaines (selon les virus) à être dépistés <strong>au</strong> plus tôt par les techniques de laboratoiresactuelles.Les procédures de soins immédiats ne sont pas toujours bien connues. On voit encore l’emploide molécule comme la chlorexhidine ou l’alcool.Dans chaque département, la prévention <strong>des</strong> risques professionnels doit être la préoccupationpremière du SSSM. Les <strong>AES</strong> font partie de ces risques professionnels. Il est capital d’avoir unepolitique de gestion de ces risques et de communiquer.IX- Références bibliographiques- GERES (groupe d’étu<strong>des</strong> sur le risque d’exposition <strong>des</strong> soignants <strong>au</strong>x agents infectieux),référence nationale incontournable dans la maîtrise <strong>des</strong> <strong>AES</strong> en particulier.http://www.geres.org/- Circulaire DGS/DHOS/DSS n° 2003/165 du 2 avril 200 3 relative <strong>au</strong>x recommandation demise en œuvre d’un traitement antirétroviral après exposition <strong>au</strong> risque de transmission duVIH (abroge la circulaire n° 228 du 9 avril 1998).- Circulaire DGS/DH/DRT n° 99/680 du 8 décembre 1999 relative <strong>au</strong>x recommandations àmettre en œuvre devant un risque de transmission du VHB et du VHC par le sang et lesliqui<strong>des</strong> biologiques.- Circulaire DGS/DH n°98/249 du 20 avril 1998 relati ve à la prévention de la transmissiond’agents infectieux véhiculés par le sang ou les liqui<strong>des</strong> biologiques lors <strong>des</strong> soins dans lesétablissements de santé.- Décret 94-352 du 4 mai 1994 relatif à la protection <strong>des</strong> travailleurs contre les risquesrésultant de leur exposition à <strong>des</strong> agents biologiques.- Fédération hospitalo-universitaire de maladies infectieuses et réanimation « Protocolerégional Nord pas de Calais de prise en charge <strong>des</strong> accidents d’exposition <strong>au</strong> sang.Septembre 2003.9


http://www.infectio-lille.com/VIH/aes-03.htm- De la Tribonnière X. « <strong>AES</strong> : risque d’exposition <strong>au</strong> VIH, VHC et/ou VHB » Journéed’actualisation avril 2005.http://www.infectio-lille.com/VIH/actu05/- Dr Lydia Archimède « Sérologie après <strong>AES</strong> : pourquoi il f<strong>au</strong>t faire vite » in Le quotidien dumédecin N°7722 mardi 5 avril 2005.- « Les <strong>Accidents</strong> d’Exposition <strong>au</strong> <strong>Sang</strong> » numéro spécial coordonné par le GERES in RevueHYGIENES mai 2003 ; volume XI ; n°2 ; 200 pages.- GUGEL H , SANDERS M. Needle-stick transmission of human colonic carcinoma. N Eng JMed; 1986; 315; 1487.- Organisation mondiale de la santé : Global summary of the AIDS epidemic – December2005.http://www.who.int/hiv/epi-update2005_en.pdf- Organisation mondiale de la santé Europe : Panorama de la santé en France-2004.http://www.euro.who.int/document/chh/fra_highlights_fre.pdf10

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