toxi-infections alimentaires collectives (TIAC) - ISPED ...
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Diplôme Inter-Universitaire des Services de<br />
Santé et de Secours Médical des Services<br />
Départementaux d’Incendie et de Secours<br />
Santé Publique – Santé Travail<br />
Module 4 : Hygiène et Prévention<br />
Cours 3 : Toxi-<strong>infections</strong> <strong>alimentaires</strong> <strong>collectives</strong><br />
Version du 29 mars 2011 – Relecture : Comité de coordination pédagogique<br />
©ENSOSP –École Nationale Supérieure des Officiers de Sapeurs-Pompiers<br />
1
Sommaire<br />
Toxi-<strong>infections</strong> <strong>alimentaires</strong> <strong>collectives</strong><br />
I- Résumé 3<br />
II- Introduction 3<br />
A- Morbidité, mortalité 3<br />
B- Objectifs de l’information aux autorités sanitaires 4<br />
C- Symptômes et conséquences 5<br />
D- Sources infectieuses 6<br />
E- Traitement 8<br />
1- La réhydratation hydro-électrolytique 8<br />
2- Les mesures diététiques 8<br />
3- Les anti-diarrhéiques 9<br />
4- Le traitement anti-infectieux 9<br />
III- Conduite pratique du Service de santé et de secours médical (SSSM) 10<br />
A- Confirmer le diagnostic 10<br />
1- Poser le diagnostic différentiel 10<br />
2- Affirmer l’épidémie 10<br />
3- Trouver l’aliment responsable 10<br />
4- Évaluer la gravité de la situation 11<br />
B- Contacter les autorités sanitaires 11<br />
C- Les mesures d’urgence 12<br />
IV- Références bibliographiques 13<br />
Liste des acronymes 14<br />
2
Toxi-<strong>infections</strong> <strong>alimentaires</strong> <strong>collectives</strong><br />
I- Résumé<br />
Les <strong>toxi</strong>-<strong>infections</strong> <strong>alimentaires</strong> <strong>collectives</strong> (<strong>TIAC</strong>) font partie du cadre nosologique plus général<br />
des diarrhées aiguës infectieuses. Elles répondent à un nombre limité d’étiologies et<br />
représentent une cause importante de mortalité dans les pays en voie de développement, de<br />
morbidité dans les pays industrialisés, responsables d’absentéisme au travail et à l’école.<br />
L’agent infectieux le plus représenté est Salmonella spp.. Leur évolution est le plus souvent<br />
rapidement favorable. Cependant, le risque de déshydratation est important, surtout chez les<br />
nourrissons, les personnes âgées ou les malades immunodéprimés. Un traitement<br />
symptomatique s’impose dans tous les cas, qu’il soit associé ou non à un traitement antiinfectieux.<br />
La réhydratation hydro-électrolytique doit toujours être débutée per os, sauf quand la<br />
déshydratation est majeure ou que les vomissements limitent leur ingestion. Une antibiothérapie<br />
n’est pas indispensable sauf quand il existe des signes évocateurs d’une invasion muqueuse ou<br />
que la diarrhée se prolonge au-delà de 3 jours. Les autorités sanitaires doivent être informées<br />
au plus tôt afin de mettre en place les mesures visant à empêcher les récidives.<br />
II- Introduction<br />
Plus de 200 maladies infectieuses, bactériennes, virales et parasitaires ou <strong>toxi</strong>ques sont<br />
transmises par l'alimentation. Leur nombre est mieux connu car les <strong>toxi</strong>-<strong>infections</strong> <strong>alimentaires</strong><br />
doivent faire l'objet d'une déclaration obligatoire à l'autorité sanitaire du département (Direction<br />
départementale des affaires sanitaires et sociales [DDASS] ou Direction des services<br />
vétérinaires [DSV]) depuis 1987. Cependant, il existe encore une sous-déclaration des <strong>toxi</strong><strong>infections</strong><br />
<strong>alimentaires</strong>.<br />
Les systèmes de surveillance permettre de suivre l’évolution des tendances, de détecter les<br />
épidémies d’origine alimentaire, mais ne permettent pas d’évaluer avec précision l’impact<br />
sanitaire.<br />
A- Morbidité, mortalité<br />
En 2004, l'Institut national de veille sanitaire (InVS) 1 a estimé le nombre des cas d'<strong>infections</strong>,<br />
d'hospitalisations et de décès à partir de 23 micro-organismes (13 bactéries, 2 virus, 8<br />
parasites). Les agents infectieux étudiés sont à l'origine de plus de 250 000 cas de <strong>toxi</strong><strong>infections</strong><br />
par an d'origine alimentaire : 50 000 à 80 000 d’origine bactérienne (principalement<br />
Salmonella spp. et campylobacter), 70 000 d’origine virale (principalement les rotavirus), et<br />
environ 110 000 cas d’origine parasitaire, notamment la toxoplasmose et Taenia saginata.<br />
Le nombre total annuel de cas hospitalisés est estimé entre 10 188 et 17 771. Les<br />
salmonelloses en sont la première cause (5 691 à 10 202 cas), suivi par les <strong>infections</strong> à<br />
1 http://www.invs.sante.fr/<br />
3
campylobacter (2 598 à 3 516 cas) et la listériose (304 cas). La toxoplasmose (426 cas) apparaît<br />
comme la principale cause d'hospitalisation parmi les <strong>infections</strong> parasitaires.<br />
L'estimation du nombre annuel total de décès au décours d’une infection d’origine alimentaire se<br />
situe entre 228 et 691. Les <strong>infections</strong> d’origine bactérienne sont responsables d’environ 90%<br />
des décès (84% à 94%) : la majorité des décès est attribuable aux salmonelloses (première<br />
cause de décès) et à la listériose (deuxième cause de décès avec 78 décès estimés).<br />
En France, comme aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne, les salmonelles sont la première<br />
cause de mortalité infectieuse d’origine alimentaire. Listeria monocytogenes est la deuxième en<br />
France et aux Etats-Unis.<br />
Ces <strong>infections</strong> et leurs conséquences (consommation médicale, arrêt de travail,<br />
hospitalisation,…) sont la plupart du temps évitables. L’efficacité des mesures de prévention et<br />
des contrôles ont montré une réduction significative du nombre de cas.<br />
B- Objectifs de l’information aux autorités sanitaires<br />
On distingue deux procédures : le signalement et la notification.<br />
Le signalement des <strong>toxi</strong>-<strong>infections</strong> <strong>alimentaires</strong> consiste à déclarer sans délai les maladies<br />
nécessitant une mise en place d’urgence de mesures de prévention individuelle et collective, ou<br />
d’investigation. Elle permet aux médecins inspecteurs de santé publique ou aux directeurs des<br />
services vétérinaires de réaliser une enquête épidémiologique et environnementale destinée à<br />
identifier les aliments responsables et les facteurs favorisants afin de décider des mesures<br />
spécifiques qui empêcheront les récidives.<br />
La notification 2 est la déclaration sur questionnaires spécifiques pour maladies à déclaration<br />
obligatoire (MDO) 3 . Elle sert à mieux connaître les caractéristiques et tendances évolutives des<br />
2 Critères de déclaration pour les MDO d’origine alimentaire à l’InVS :<br />
- Botulisme : le diagnostic de botulisme doit donner lieu à une déclaration même en l’absence de<br />
confirmation par un laboratoire (mise en évidence de la <strong>toxi</strong>ne botulinique). Un foyer de botulisme est<br />
défini comme un ou plusieurs cas liés à un repas ou à un aliment commun. Une seule fiche clinique<br />
peut être utilisée pour des cas groupés.<br />
- Brucellose : signes cliniques de brucellose associés à un isolement de Brucella spp. . Dans un<br />
prélèvement biologique, ou une augmentation du titre des anticorps, ou immunofluorescence directe<br />
positive.<br />
- Listériose : isolement de Listeria monocytogenes.<br />
- Toxi-<strong>infections</strong> <strong>alimentaires</strong> <strong>collectives</strong> : survenue d’au moins deux cas similaires d’une<br />
symptomatologie, en générale gastro-intestinale, dont on peut rapporter la cause à une même origine<br />
alimentaire.<br />
- Fièvre typhoïde ou paratyphoïdes : hémoculture positive à Salmonella typhi, paratyphi A, ou<br />
parathyphi B.<br />
3 Article L 3113-1, article D11-j et D11-l du Code de la santé publique<br />
Décret n°2001-910 du 5 octobre 2001 ajoute le charbon à la liste des MDO<br />
4
différentes maladies surveillées et d’adapter des actions de santé publique. Pour une <strong>TIAC</strong> un<br />
seul document suffit pour l’ensemble des victimes.<br />
Les six maladies potentiellement d’origine alimentaire à déclaration obligatoire sont : le<br />
botulisme, la brucellose, la listériose, les fièvres typhoides et para-typhoides, le choléra et les<br />
<strong>toxi</strong>-<strong>infections</strong> <strong>alimentaires</strong> <strong>collectives</strong>. Elles doivent faire l'objet d'une déclaration à l'autorité<br />
sanitaire départementale (DDASS ou DSV). Cette déclaration est obligatoire "d'une part pour<br />
tout docteur en médecine qui en a constaté l'existence, d'autre part, pour le principal occupant,<br />
chef de famille ou d'établissement, des locaux où se trouve le malade".<br />
En 1998, les médecins libéraux ont effectué 32% des déclarations, les médecins hospitaliers<br />
30%, les directeurs d'établissement 11%, les malades 6% et les services de santé scolaire<br />
2,5%. Les autres sources de déclaration étaient représentées par les centres antipoison,<br />
laboratoires, mairies, presse et lieux de distribution.<br />
C- Symptômes et conséquences<br />
Le tableau clinique sera variable en fonction du mécanisme d’action de l’agent infectieux<br />
(virulence des micro-organismes), en fonction de la dose ingérée (inoculum), et en<br />
fonction des moyens de défense de l’hôte.<br />
Les symptômes classiques sont les nausées, vomissements, crampes abdominales, diarrhée,<br />
fièvre, céphalées. Les diarrhées sont fébriles dans environ la moitié des cas et s’accompagnent<br />
de nausées, de vomissements et de douleurs abdominales dans environ 80 % des cas. La<br />
présence de glaires dans les selles est notée dans 10 % des cas et celle de sang dans 1 % des<br />
cas. D’autres signes cliniques s’ajoutent selon l’agent causal (par exemple, troubles<br />
neurologiques et oculaires avec le Clostridium botulinum).<br />
La période d’incubation est variable en fonction du microorganisme pathogène. C’est le délai<br />
entre l’absorption de l’aliment contaminé et l’apparition de la symptomatologie. Elle dépend de la<br />
multiplication de l’agent infectieux et de sa capacité à attaquer la paroi intestinale, de la<br />
sécrétion ou non d’une <strong>toxi</strong>ne (entéro<strong>toxi</strong>ne).<br />
La plupart des <strong>toxi</strong>-<strong>infections</strong> <strong>alimentaires</strong> sont bénignes et ne durent que quelques jours.<br />
Cependant, des conséquences peuvent être plus graves en particulier chez les personnes<br />
âgées, les femmes enceintes, les enfants, et ceux dont le système immunitaire est affaibli. La<br />
déshydratation accompagnée de pertes hydro-électrolytiques importantes peut conduire aux<br />
troubles liés à la déplétion potassique, jusqu’au collapsus hypovolémique.<br />
Des complications peuvent survenir et provoquer des séquelles (septicémie, méningoencéphalite,<br />
avortement spontané), et parfois le décès.<br />
Les <strong>toxi</strong>-<strong>infections</strong> d’origine alimentaire se caractérisent le plus souvent par une source de<br />
contamination commune (aliment, boisson), et par l’absence de contamination secondaire, c’est-<br />
Décret n°2001-437 du 16 mai 2001 fixant les modalités de transmission à l’autorité sanitaire de données<br />
individuelles concernant les maladies visées à l’article L 3113-1 du Code de la santé publique et modifiant<br />
les articles R11-2 et R 11-3 du Code de la santé publique (partie décrets en Conseil d’Etat)<br />
5
à-dire de contamination interhumaine (comme dans certaines maladies parasitaires par<br />
exemple).<br />
D- Sources infectieuses<br />
Tableau 1 : Principales causes des <strong>toxi</strong>-<strong>infections</strong> <strong>alimentaires</strong> (liste non exhaustive, les trois<br />
premiers germes représentent plus de 90 % des foyers de <strong>TIAC</strong> en France)<br />
Invasion<br />
muqueuse<br />
Sécrétion d’une<br />
entéro<strong>toxi</strong>ne<br />
Source de contamination<br />
Salmonelle +++ + Œufs, viande eau<br />
Clostridium<br />
perfringens<br />
0 ou + +++ Viande mal cuite<br />
Staphylocoque 0 +++ Produits laitiers, viande<br />
Shigelle +++ + Interhumaine<br />
Campylobacter jejuni +++ Volailles<br />
Escherichia coli<br />
‘invasif’<br />
+++ 0 Eau, viandes, laitages non<br />
pasteurisés, interhumaine<br />
Yersinia +++ 0 Viande de porc, végétaux<br />
Vibrion cholerique 0 +++ Eau<br />
Escherichia coli<br />
‘entéro<strong>toxi</strong>nogène’<br />
0 +++ Eau, viandes, laitages non<br />
pasteurisés, interhumaine<br />
Virus +++ Eau, interhumaine<br />
6
Tableau 2 : Principales causes des <strong>toxi</strong>-<strong>infections</strong> <strong>alimentaires</strong><br />
Exemples<br />
de microorganismes<br />
(des<br />
+ aux –<br />
fréquents)<br />
Salmonella<br />
Bacilles<br />
Gram<br />
négatif<br />
Staphylococus<br />
aureus<br />
Cocci Gram<br />
positif<br />
Clostridium<br />
botulinum<br />
Bacille<br />
Gram positif<br />
anaérobie<br />
strict<br />
Aliments Incubation Signes cliniques Facteurs favorisants Seuil<br />
d’infection<br />
Œufs, ovo-produits frais,<br />
viandes, volailles,<br />
poissons, fruits de mer<br />
(rare), aliments conservés<br />
dans de mauvaises<br />
conditions<br />
Viande hachée (en<br />
particulier le cheval),<br />
produits laitiers (crèmes,<br />
glace,…)<br />
Plats manipulés<br />
(pâtisseries, salades<br />
composées, …..)<br />
Viande préchauffée<br />
Spores telluriques<br />
contaminant les fruits et<br />
légumes, et pouvant être<br />
ingérées par des animaux<br />
La bactérie sécrète une<br />
<strong>toxi</strong>ne en même temps que<br />
l’aliment contaminant<br />
Silencieuse<br />
12 à 36<br />
heures<br />
2 à 4<br />
heures<br />
Voire 8<br />
heures<br />
2 heures à<br />
8 jours<br />
Le plus<br />
souvent 12<br />
à 36 heures<br />
Nausées,<br />
vomissements,<br />
diarrhée aigüe<br />
invasive, douleurs<br />
abdominales, fièvre<br />
entre 38 et 40 °C<br />
Chez un sujet<br />
présentant un déficit<br />
immunitaire :<br />
forme extradigestive<br />
(pneumonie, abcès<br />
du poumon,<br />
méningite,<br />
endocardite,<br />
péricardite, …)<br />
Diarrhée aigüe<br />
<strong>toxi</strong>nique (sans<br />
fièvre,<br />
vomissements,<br />
nausées, douleurs<br />
abdominales)<br />
Bactérie ayant une<br />
action<br />
entéro<strong>toxi</strong>nogène<br />
Syndrôme<br />
neurologiques:<br />
Manifestations<br />
paralytiques<br />
bilatérales<br />
symétriques avec<br />
troubles sécrétoires<br />
Troubles oculaires<br />
(diplopie, de<br />
l’accommodation)<br />
signes digestifs avec<br />
nausées,<br />
sécheresse des<br />
muqueuses,<br />
vomissements,<br />
douleurs<br />
abdominales<br />
Non respect de la chaîne<br />
du froid<br />
Erreur de préparation<br />
des repas (cuisson<br />
insuffisante)<br />
Bactérie inhibée par le<br />
froid, détruite par<br />
ébullition ou cuisson<br />
lente<br />
Non respect des bonnes<br />
pratiques d’hygiène tout<br />
au long de la chaîne<br />
alimentaire<br />
Porteur asymptômatique<br />
humain( furoncle,<br />
protage rhinopharyngé)<br />
Mise en conserve<br />
d’aliments avec une<br />
stérilisation insuffisante<br />
Produit une <strong>toxi</strong>ne<br />
thermolabile<br />
L'inquiétude des autorités sanitaires concerne plutôt les produits sensibles comme les<br />
coquillages qui peuvent concentrer les effets de la pollution, que les aliments préparés par<br />
l'industrie. On observe plus de <strong>toxi</strong>-infection <strong>alimentaires</strong> pendant la période estivale.<br />
E- Traitement<br />
1- La réhydratation hydro-électrolytique<br />
C’est la mesure thérapeutique essentielle devant toute diarrhée aiguë, en particulier chez le<br />
nourrisson ou le sujet âgé. On considère que les pertes liquidiennes à remplacer avoisinent 200<br />
ml par selle liquide. Les pertes sodées sont estimées sur la base d’une concentration fécale de<br />
40 à 70 mmol par litre de selles.<br />
La compensation des pertes liquidiennes doit se faire per os en première intention. Cependant,<br />
si la déshydratation est très importante, ou que les vomissements sont incoercibles et résistent<br />
aux anti-émétiques, la réhydratation se fera par voie intra-veineuse.<br />
Les solutions de réhydratation orales (SRO 4 ) permettent d’augmenter l’absorption de l’eau et<br />
des électrolytes du contenu luminal de l’intestin grâce à l’absorption du glucose contenu dans<br />
les SRO. Elles se présentent sous forme de sachets à diluer dans 200 ml d’eau propre ou<br />
bouillie.<br />
Chez l’adulte, la réhydratation se fera avec 5 à 6 sachets de SRO reconstitués en alternance<br />
avec de l’eau simple (1 à 2 litres le premier jour). Les solutions pédiatriques commercialisées en<br />
France, ont une charge sodée moindre (environ 50 mmol/litre) ; l’efficacité clinique est<br />
équivalente et est adaptée chez le vieillard (où on peut redouter une surcharge sodée).<br />
2- Les mesures diététiques<br />
Régime sans résidus et sans lactose à la phase aigüe. Les apports caloriques doivent être<br />
maintenus.<br />
Eliminer tous les aliments stimulant le péristaltisme intestinal : les produits laitiers (en raison du<br />
déficit en lactase de la bordure en brosse) et les fibres irritantes (fruits et légumes verts sous<br />
toutes les formes). Ainsi que le café, les jus de fruits et les alcools, les épices et tous les<br />
aliments gras, les pâtes et autres aliments à base de blé (semoule, pain, biscottes), les produits<br />
à base de farine d’avoine, d’orge ou de seigle.<br />
Conseiller : les carottes (fraîches, cuites, surgelées, en soupe en purée), le riz blanc (crèmes et<br />
farine à base de riz instantanées ou à cuire), le tapioca cuit à l’eau, les pectines sous forme de<br />
gelée de fruit (pommes, coing, groseille, mûre, myrtille), les bananes crues ou cuites, les<br />
4 La composition des SRO recommandée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) est la suivante :<br />
glucose (20 g/litre), sodium (90 mmol/litre), potassium (20 mmol/litre), chlore (80 mmol/litre),<br />
bicarbonates mmol/litre ou citrates (30 mmol/litre). Elles peuvent être reconstituées par une pharmacie<br />
hospitalière.<br />
8
pommes et coings cuits, les pâtes de fruits. Tous ces aliments ralentissent le transit intestinal<br />
grâce à leur pouvoir d’absorption d’eau et laissent peu ou pas de résidus dans l’intestin. Les<br />
autres aliments conseillés sont les viandes maigres grillées, jambon dégraissé, poissons<br />
maigres pochés, bouillon de légumes salé.<br />
3- Les anti-diarrhéiques<br />
Les ralentisseurs de transit (lopéramide, diphénoxylate) sont déconseillés en cas de suspicion<br />
de germes invasifs (notamment syndrome dysentérique). La posologie du lopéramide est d’une<br />
gélule après chaque selle molle, sans dépasser huit gélules par jour. Son utilisation est limitée à<br />
48 heures.<br />
Les substances adsorbantes (dérivés de l’argile, lactoprotéines méthyléniques), les<br />
antispasmodiques, prokinétiques gastriques et antinauséeux, les antiseptiques intestinaux<br />
peuvent être proposés dans les formes modérées.<br />
4- Le traitement anti-infectieux<br />
La majorité des <strong>TIAC</strong> est spontanément résolutive et ne nécessite que rarement un recours à<br />
l’antibiothérapie. D’autre part, l’antibiothérapie peut prolonger le portage asymptomatique de<br />
Salmonella. Il faut également connaître l’émergence récente d’épidémies de salmonelloses<br />
résistantes aux fluoroquinolones. Malgré tout, dans certains cas, une antibiothérapie probabiliste<br />
peut être débutée après avoir réalisé tous les prélèvements microbiologiques permettant<br />
l’isolement du germe. L’indication sera discutée en fonction de plusieurs paramètres : une durée<br />
de l’infection prolongée au-delà de trois jours, un syndrome dysentérique complet (diarrhée<br />
sanglante avec syndrome septique), un terrain à risque avec un risque prévisible d’évolution<br />
fatale (valvulopathie, sujet âgé ou immunodéprimé). Les fluoroquinolones sont en général<br />
utilisées dans l’hypothèse d’une salmonellose et devant leur biodisponibilité colique.<br />
9
III- Conduite pratique du Service de santé et de<br />
secours médical (SSSM)<br />
A- Confirmer le diagnostic<br />
1- Poser le diagnostic différentiel<br />
Devant des victimes présentant les mêmes signes cliniques digestifs, il convient de penser au<br />
diagnostic différentiel.<br />
Faire un enregistrement de monoxyde de carbone dans l’air ambiant et rechercher une<br />
éventuelle source d’émission de ce gaz (moyen de chauffage inhabituel ou complémentaire<br />
dans une salle des fêtes, une église, etc…).<br />
2- Affirmer l’épidémie<br />
Un foyer de <strong>TIAC</strong> est défini par l'apparition d'au moins deux cas groupés présentant une<br />
symptomatologie similaire, en général digestive, dont on peut rapporter la cause à une même<br />
origine alimentaire.<br />
A partir de 2 victimes, on peut parler d’in<strong>toxi</strong>cation alimentaire. Cependant, pour le botulisme,<br />
une seule victime suffit pour alerter les autorités sanitaires.<br />
L’origine alimentaire est retenue sur la notion de déclenchement des symptômes chez des<br />
personnes ayant consommé simultanément le même repas.<br />
Quand un cas est défini, il faut identifier l’ensemble des cas similaires et les situer sur une<br />
échelle de temps et dans une même unité de lieu. Cette identification permet d’établir la courbe<br />
épidémique.<br />
Après interrogatoire des victimes, les autorités sanitaires pourront poser la définition d’un cas<br />
certain, d’un cas probable et établir une courbe épidémique temporo-spatiale. La durée<br />
moyenne d’incubation est définie par le délai entre le premier et le dernier cas de l’épidémie.<br />
3- Trouver l’aliment responsable<br />
Questionnement des victimes :<br />
Connaître l’heure de début et de fin des symptômes, et l’heure d’ingestion (se faire préciser<br />
l’intégralité des consommations solides et liquides).<br />
En institution, connaître le détail des repas pris en commun dans les trois jours précédant<br />
l’apparition des signes cliniques.<br />
10
Préciser les symptômes et les caractériser (des diarrhées sanglantes orientent vers une<br />
infection à germes invasifs comme les salmonelles, les shigelles, Campylobacter jejuni,<br />
Escherichia coli 0157 entéro-hémorragique. Des diarrhées aqueuses orientent plus vers un<br />
mécanisme <strong>toxi</strong>que).<br />
Rechercher une hyperthermie.<br />
4- Évaluer la gravité de la situation<br />
Après confirmation de l’origine alimentaire, évaluer la situation : combien de victimes<br />
Le taux d’attaque sera calculé selon un rapport entre le nombre total de cas sur le nombre total<br />
de sujets exposés au risque.<br />
Calcul du taux d’attaque :<br />
Exemple : une <strong>toxi</strong>-infection alimentaire se déclare à la cantine d’une école départementale<br />
recevant 250 sapeurs-pompiers. 52 pompiers sont malades. Le taux d’attaque est 52/250=<br />
208 pour 1000.<br />
Tenir compte du délai variable d’apparition des symptômes : les sapeurs-pompiers sont<br />
appelés pour 2 victimes, à l’arrivée il y en a 3, et une heure plus tard 12.<br />
Pour le dénominateur, penser à inclure le personnel de cuisine s’il a goûté aux plats.<br />
B- Contacter les autorités sanitaires<br />
En présence de plusieurs victimes, il peut être très utile de contacter :<br />
- soit le vétérinaire<br />
- soit un médecin de la DDASS<br />
pour 1°) vous aider<br />
2°) enregistrer la déclaration obligatoire de <strong>toxi</strong> -infection alimentaire.<br />
Accès à la fiche de déclaration de <strong>TIAC</strong> :<br />
www.invs.sante.fr/surveillance/mdo/fiches/fiche <strong>toxi</strong> infection/pdf<br />
Cette alerte rapide permettra de mettre en œuvre une investigation épidémiologique, analyser<br />
les causes, soustraire le ou les aliments responsables et prendre les mesures préventives<br />
appropriées.<br />
11
C- Les mesures d’urgence<br />
Outre la prise en charge médicale et l’interrogatoire des victimes, des mesures s’imposent :<br />
- s’assurer de la conservation des plats témoins, et des matières premières ayant servie à<br />
la préparation des repas (à une température de +3°C au réfrigérateur et froid négatif de –<br />
18°C pour le congélateur)<br />
- faire des prélèvements microbiologiques des exonérations des victimes (selles,<br />
vomissements).<br />
Le médecin DDASS ou le vétérinaire procédera aux tests statistiques en comparant chaque<br />
élément des consommations <strong>alimentaires</strong> entre les sujets atteints et ceux indemnes pour<br />
trouver l’aliment ou la boisson en cause (de façon à la soustraire de la consommation).<br />
Les prélèvements microbiologiques réalisés sur les témoins des repas et sur les victimes<br />
viendront étayer les hypothèses.<br />
12
IV- Références bibliographiques<br />
- Collège des enseignants de Nutrition « Risques liés à l’alimentation : les <strong>toxi</strong>-<strong>infections</strong><br />
<strong>alimentaires</strong> » in Cahiers de nutrition et de diététique, volume 36, hors série 1, 2001, pages<br />
2S.35 à 2S.40<br />
- Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire « Les <strong>toxi</strong>-<strong>infections</strong> <strong>alimentaires</strong> <strong>collectives</strong> en<br />
France en 2001 » n°50/2002 , décembre 2002<br />
- C CLIN sud est « Conduite à tenir en cas de suspicion de <strong>toxi</strong>-infection alimentaire collective<br />
en établissement de santé » mai 2003<br />
- Pr D. PLANTAZ, « Diarrhée aigüe du nourrisson » in Corpus médical de la faculté de médecine<br />
de Grenoble, mai 2005, consultable sur le site de l’enseignement de la fac de méd de grenoble<br />
http://www.sante.ujf-grenoble.fr<br />
- C. LAMOUR, diététicienne, « conduite alimentaire en cas de diarrhée » avril 2004, consultable<br />
sur le site http://www.dietetique.com.fr<br />
- Agence française de sécurité sanitaire des aliments (AFSSA) « Fiches micro-organismes » in<br />
Description des dangers microbiologiques http://www.afssa.fr<br />
- Site généraliste sur la diététique, les régimes, les aliments et la santé « Les troubles du transit :<br />
les diarrhées et les constipations » http://fderad.club.fr<br />
- FH BOLNOT « Une <strong>TIAC</strong> est une <strong>toxi</strong>-infection alimentaire collective » site vétérinaire Maison<br />
Alfort http://www.vet-alfort.fr<br />
- IFREMER « In<strong>toxi</strong>cations <strong>alimentaires</strong> liées aux coquillages »Les nouvelles de l’Ifremer n° 66<br />
février 2005 http://www.ifremer.fr/com/marin/marin66-4pdf<br />
13
Liste des acronymes<br />
DDASS<br />
DSV<br />
InVS<br />
MDO<br />
OMS<br />
SRO<br />
SSSM<br />
<strong>TIAC</strong><br />
Direction départementale des affaires sanitaires et sociales<br />
Direction des services vétérinaires<br />
Institut de veille sanitaire<br />
Maladie à déclaration obligatoire<br />
Organisation mondiale de la santé<br />
Solution de réhydratation orale<br />
Service de santé et de secours médical<br />
Toxi-infection alimentaire collective<br />
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