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Université Victor Sega<strong>le</strong>n Bordeaux 2Année 2005 Thèse n°1218THESEpour <strong>le</strong>DOCTORAT DE L’UNIVERSITE BORDEAUX 2Mention : Sciences Biologiques et Médica<strong>le</strong>sOption : Epidémiologie et Intervention en Santé PubliquePrésentée et soutenue publiquement<strong>le</strong> 20 octobre 2005par Céline Moty, épouse Monnereau Moiniernée <strong>le</strong> 04 mars 1975 <strong>à</strong> Paris XV èmeDe la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilitédes pratiques médica<strong>le</strong>s en France.Illustration avec <strong>le</strong> dépistage de l’infection<strong>à</strong> cytomégalovirus chez la femme enceinte en France.Membres du juryMadame F. Tabou<strong>le</strong>t, Professeur, Toulouse, FranceMadame I. Durand-Za<strong>le</strong>ski, Professeur, Paris, FranceMonsieur P. Mossé, Directeur de recherche, Aix-Marseil<strong>le</strong>, FrancePrésidenteRapporteurRapporteurMonsieur R. Salamon, Professeur, Bordeaux, FranceMonsieur Y.-A. Flori, Professeur, Bordeaux, FranceDirecteur de thèse


Université Victor Sega<strong>le</strong>n Bordeaux 2Année 2005 Thèse n°1218THESEpour <strong>le</strong>DOCTORAT DE L’UNIVERSITE BORDEAUX 2Mention : Sciences Biologiques et Médica<strong>le</strong>sOption : Epidémiologie et Intervention en Santé PubliquePrésentée et soutenue publiquement<strong>le</strong> 20 octobre 2005par Céline Moty, épouse Monnereau Moiniernée <strong>le</strong> 04 mars 1975 <strong>à</strong> Paris XV èmeDe la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilitédes pratiques médica<strong>le</strong>s en France.Illustration avec <strong>le</strong> dépistage de l’infection<strong>à</strong> cytomégalovirus chez la femme enceinte en France.Membres du juryMadame F. Tabou<strong>le</strong>t, Professeur, Toulouse, FranceMadame I. Durand-Za<strong>le</strong>ski, Professeur, Paris, FranceMonsieur P. Mossé, Directeur de recherche, Aix-Marseil<strong>le</strong>, FrancePrésidenteRapporteurRapporteurMonsieur R. Salamon, Professeur, Bordeaux, FranceMonsieur Y.-A. Flori, Professeur, Bordeaux, FranceDirecteur de thèse


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…RemerciementsA Monsieur <strong>le</strong> Professeur FloriJe vous remercie d’avoir accepté de diriger ce travail de thèse. Je suis très heureuse d’avoirainsi pu bénéficier de votre vision des problèmes que posent la politique de santé etl’économie de la santé. Ceci m’a permis d’enrichir ma formation et je vous en suis trèsreconnaissante.A Monsieur <strong>le</strong> Professeur SalamonVous m’avez fait l’honneur de participer <strong>à</strong> ce jury. Je vous témoigne de ma profondereconnaissance pour la formation que vous m’avez permis d’acquérir au cours de mon internatet de mon assistanat au sein de l’Institut de Santé Publique que vous dirigez.Je vous remercie éga<strong>le</strong>ment de m’avoir donné la grande chance de travail<strong>le</strong>r au sein d’équipescanadiennes, ce qui m’a permis d’acquérir de nouvel<strong>le</strong>s compétences tant scientifiques quelinguistiques et m’a ouvert de nouveaux horizons.A Madame <strong>le</strong> Professeur Durand-Za<strong>le</strong>skiJe vous remercie vivement de votre présence en qualité de rapporteur de cette thèse. Je voustémoigne de ma reconnaissance pour <strong>le</strong> temps précieux que vous avez bien voulu y consacrerainsi que pour l’enrichissement que vous apportez <strong>à</strong> ce travail par votre doub<strong>le</strong> formation etexpérience médica<strong>le</strong> et en politique économique et socia<strong>le</strong>.Je suis très heureuse d’avoir l’occasion de travail<strong>le</strong>r <strong>à</strong> l’avenir avec vous dans <strong>le</strong> cadre duprojet de recherche européen visant <strong>à</strong> développer des méthodes communes aux différents payseuropéens pour assurer l’évaluation et <strong>le</strong> suivi des technologies émergentes.


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…A Monsieur <strong>le</strong> Directeur MosséJe suis vous remercie d’avoir accepté avec enthousiasme d’être rapporteur de cette thèse ainsique pour l’analyse critique que vous avez bien voulu réalisée. Je suis très honorée que vousayez bien voulu apporter <strong>à</strong> ce travail votre expertise dans <strong>le</strong> domaine de l’économie de lasanté, de la politique de santé et des politiques publiques en lien avec l’innovation.A Madame <strong>le</strong> Professeur Tabou<strong>le</strong>tJe suis très heureuse que vous ayez accepté de juger ce travail et vous témoigne de monadmiration pour votre intérêt inépuisab<strong>le</strong> pour toute thématique de recherche. Votreconnaissance de l’évaluation dans <strong>le</strong> domaine du médicament et des problèmes juridiques etéconomiques liés <strong>à</strong> cette thématique contribue <strong>à</strong> la richesse des critiques de ce travail de thèse.


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…<strong>à</strong> Cyril, pour son soutien et sa générosité qui ont permisl’aboutissement de ce travail de thèse,<strong>à</strong> mes parents, pour <strong>le</strong>ur amour et <strong>le</strong>ur investissement qui m’ont permisde réaliser ces longues études,<strong>à</strong> mes beaux-parents, pour <strong>le</strong>ur affection et <strong>le</strong>ur confiance, et en particulier <strong>à</strong> mon beaupèrepour l’aide apportée par son intérêt en santé publique,<strong>à</strong> ma famil<strong>le</strong> et <strong>à</strong> ma bel<strong>le</strong>-famil<strong>le</strong>,<strong>à</strong> mes amis et <strong>à</strong> mes collègues bordelais, parisiens et canadiens,<strong>à</strong> mes professeurs.Je tiens éga<strong>le</strong>ment <strong>à</strong> remercier tout particulièrement :Philippe Michel et l’équipe du CCECQA,ainsi que Rachid Salmi et Pasca<strong>le</strong> Barberger-Gateau,dont <strong>le</strong>s connaissances et l’expérienceont contribué <strong>à</strong> ma formation dans <strong>le</strong> domaine de l’évaluation,Adalsteinn Brown, pour son accueil dans son équipe <strong>à</strong> l’université deToronto et pour l’encadrement de mes travaux canadiens,Andreas Laupacis, pour son hospitalité au sein de l’Institute of ClinicalEvaluative Sciences (ICES) une année durant,Florence Saillour-Glénisson,pour sa contribution au démarrage de cette thèse,Sylvie Maurice-Tison et <strong>le</strong> bureau 15,pour <strong>le</strong>ur soutien pendant la réalisation de ce travail de thèse et pour <strong>le</strong>ur amitié,Valériane Leroy et Caroline Latapy, pour <strong>le</strong> travail réalisé ensemb<strong>le</strong> sur <strong>le</strong>thème du dépistage du cytomégalovirus chez la femme enceinte,Evelyne Mouil<strong>le</strong>t et Coralie Thore, pour <strong>le</strong>ur aide documentaire,Co<strong>le</strong>tte Perreve, pour sa re<strong>le</strong>cture attentive.


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…SOMMAIREListe des abréviations ..........................................................................................17Introduction .........................................................................................................19I. . Partie 1 : L’évaluation de la variabilité des pratiques medica<strong>le</strong>s : état des lieuxen France .............................................................................................................29I.1... Chapitre 1 : Les structures participant <strong>à</strong> l’évaluation des pratiques médica<strong>le</strong>s en France.............................................................................................................................................. 31I.1.1. Les Instituts de recherche................................................................................. 31I.1.2. La Haute Autorité de santé............................................................................... 33I.1.3. L’Assurance Maladie ....................................................................................... 35I.1.4. Les producteurs de soins .................................................................................. 36— Les établissements de santé.............................................................................. 36— Les médecins libéraux...................................................................................... 38I.2.......... Chapitre 2 : Méthodologie de l’évaluation de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s.............................................................................................................................................. 41I.2.1 Les différents types d’évaluation ..................................................................... 41— L’évaluation descriptive................................................................................... 41— L’évaluation normative .................................................................................... 57— La recherche évaluative.................................................................................... 61I.2.2. Les sources de données .................................................................................... 63— Les systèmes d’information disponib<strong>le</strong>s .......................................................... 63— Les enquêtes spécifiques .................................................................................. 69I.2.3. L’analyse des données...................................................................................... 74— Analyse de données agrégées........................................................................... 74— Analyse de données individuel<strong>le</strong>s .................................................................... 78I.2.4. La définition de seuils ...................................................................................... 79— Introduction ...................................................................................................... 79— Méthode............................................................................................................ 80— Résultats ........................................................................................................... 81— Discussion ........................................................................................................ 8213


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…I.3. Chapitre 3 : Causes et conséquences de la variabilité des pratiques........................... 85I.3.1. Les causes de la variabilité des pratiques......................................................... 85— Les caractéristiques du patient ......................................................................... 85— Les caractéristiques du médecin....................................................................... 86— Les caractéristiques de l’établissement ............................................................ 90— L’environnement .............................................................................................. 90I.3.2. Les conséquences de la variabilité des pratiques ............................................. 92— Les conséquences médica<strong>le</strong>s ............................................................................ 92— Les conséquences humaines............................................................................. 93— Les conséquences en terme d’utilisation des ressources.................................. 93I.4. Chapitre 4 : Actions mises en place pour diminuer cette variabilité ........................... 95I.4.1. A destination des patients................................................................................. 96— Actions sur <strong>le</strong>s connaissances des patients....................................................... 96— Autres actions................................................................................................... 96I.4.2. A destination des médecins .............................................................................. 97— Actions sur <strong>le</strong>s connaissances des médecins .................................................... 97— Autres actions <strong>à</strong> destination des médecins ..................................................... 117I.4.3. A destination des établissements.................................................................... 119II...Partie 2 : Exemp<strong>le</strong> de la variabilité des pratiques de depistage de l’infection <strong>à</strong>Cytomégalovirus (CMV) chez la femme enceinte en France...........................127II.1. Chapitre 1 : La variabilité des pratiques de dépistage du CMV en France et sesdéterminants ....................................................................................................................... 129II.1.1. Méthode.......................................................................................................... 129II.1.2. Principaux résultats ........................................................................................ 130II.1.3. Discussion ...................................................................................................... 131II.2.Chapitre 2 : Les conséquences de la variabilité des pratiques concernant <strong>le</strong> dépistage duCMV chez la femme enceinte ............................................................................................ 135II.2.1. Conséquences chez la femme enceinte et sur la poursuite de la grossesse .... 135II.2.2. Conséquences économiques........................................................................... 13914


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…II.3. .....Chapitre 3 : Les actions possib<strong>le</strong>s pour faire converger <strong>le</strong>s pratiques de dépistage duCMV chez la femme enceinte en France ........................................................................... 141II.3.1. Critères <strong>à</strong> évaluer pour élaborer une recommandation pour la pratique cliniqueconcernant <strong>le</strong> dépistage de l’infection <strong>à</strong> CMV chez la femme enceinte ........................ 142II.3.2. Recherche des données disponib<strong>le</strong>s ............................................................... 144— Les sources d’information.............................................................................. 144— La stratégie de recherche documentaire ......................................................... 145— Critères de sé<strong>le</strong>ction des artic<strong>le</strong>s .................................................................... 146— Consultation d’autres sources d’information ................................................. 148II.3.3. Résultats de la littérature concernant l’épidémiologie de l’infection <strong>à</strong> CMVpendant la grossesse ....................................................................................................... 150— Préva<strong>le</strong>nce et incidence infections <strong>à</strong> CMV chez <strong>le</strong>s femmes enceintes,incidence de la transmission materno-foeta<strong>le</strong> ............................................................ 150— Préva<strong>le</strong>nce de l’infection <strong>à</strong> CMV chez <strong>le</strong>s nouveau-nés ................................ 150— Mortalité et morbidité postnata<strong>le</strong> ................................................................... 151— Facteurs de risque d’infection <strong>à</strong> CMV ........................................................... 151II.3.4. Conclusions de l’évaluation de l’intérêt du dépistage du CMV chez la femmeenceinte en France.......................................................................................................... 159II.3.5. La mise en œuvre de la recommandation et <strong>le</strong> suivi de l’application de larecommandation ............................................................................................................. 161Conclusion.........................................................................................................166Liste des publications et communications <strong>à</strong> des congrès, issues directement dutravail de thèse...................................................................................................174Références .........................................................................................................17615


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…Annexes 189Annexe 1 : artic<strong>le</strong> « Risk adjustment of quality indicators in French long termcare facilities for elderly peop<strong>le</strong>. A preliminary study. »..................................194Annexe 2 : artic<strong>le</strong> « Setting patient satisfaction thresholds for EmergencyDepartment care : Patients differ from providers and administrators. »...........206Annexe 3 : artic<strong>le</strong> « Lecture critique d'une évaluation des pratiquesprofessionnel<strong>le</strong>s. ».............................................................................................227Annexe 4 : artic<strong>le</strong> « Le dépistage du cytomégalovirus chez la femme enceinte enfrance de 2000 <strong>à</strong> 2003 : une augmentation des prescriptions en l'absence derecommandation favorab<strong>le</strong>. »............................................................................237Annexe 5 : artic<strong>le</strong> « Epidemiology of congenital infection with Cytomégalovirusin industrialized countries. A systematic review of the burden of the disease. »...........................................................................................................................265Annexe 6 : artic<strong>le</strong> « Recommandations de l'Anaes : Évaluation de l'intérêt dudépistage de l'infection <strong>à</strong> cytomégalovirus chez la femme enceinte en France. »...........................................................................................................................299Annexe 7 : dossier de presse sur <strong>le</strong> dépistage du cytomégalovirus et larecommandation Anaes. ....................................................................................307Tab<strong>le</strong> des tab<strong>le</strong>aux.............................................................................................31916


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…LISTE DES ABREVIATIONSAFSSaPS : Agence Française de Sécurité Sanitaire des Produits de SantéALD : Affection de Longue DuréeAMM : Autorisation de Mise sur <strong>le</strong> MarchéANAES : Agence Nationa<strong>le</strong> d’Accréditation et d’Evaluation en SantéANDEM : Agence Nationa<strong>le</strong> pour <strong>le</strong> Développement de l'Evaluation Médica<strong>le</strong>AP-HP : Assistance Publique des Hôpitaux de ParisARH : Agence Régiona<strong>le</strong> d’HospitalisationCANAM : Caisse Nationa<strong>le</strong> d’Assurance MaladieCCAM : Classification Commune des Actes MédicauxCCECQA: Comité de Coordination de l’Evaluation Clinique et de la Qualité en AquitaineCEDIT : Comité d’Evaluation et de Diffusion des Innovations TechnologiquesCMV: CytomégalovirusCNAMTS : Caisse Nationa<strong>le</strong> de l'Assurance Maladie des Travail<strong>le</strong>urs SalariésCNRS : Centre National de la Recherche ScientifiqueCOMPAQH : COordination pour la Mesure de la Performance et l’Amélioration de la QualitéHospitalièreCPAM : Caisse Primaire d’assurance MaladieCREDES : Centre de Recherche, d'Etude et de Documentation en Economie de la SantéCREGAS : Centre de Recherche en Economie et Gestion Appliquées <strong>à</strong> la SantéDHOS : Direction de l’Hospitalisation et de l’Organisation des SoinsEHPAD : Etablissements Hébergeant des Personnes Agées DépendantesEPAS : Echantillon Permanent des Assurés SociauxEPP : Evaluation des Pratiques Professionnel<strong>le</strong>sGIS : Groupe d’Intérêt ScientifiqueHAS : Haute Autorité de santéINSERM : Institut National de la Santé et de la Recherche Médica<strong>le</strong>IRDES : Institut de Recherche et de Documentation en Economie de la SantéLPP : Liste des Produits et PrestationsMSA : Mutuel<strong>le</strong> Socia<strong>le</strong> Agrico<strong>le</strong>NABM : Nomenclature des Actes de Biologie Médica<strong>le</strong>NICE : National Institute for Health and Clinical Excel<strong>le</strong>nce17


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…PMSI : Programme de Médicalisation du Système d’InformationPCS : Profession et Catégorie Socioprofessionnel<strong>le</strong>PSL : Produits Sanguins Labi<strong>le</strong>sPSF : Ponction de Sang FœtalRMO : Références Médica<strong>le</strong>s Opposab<strong>le</strong>sRPC : Recommandations de Pratique CliniqueURCAM : Union Régiona<strong>le</strong> des Caisses d’Assurance MaladieURML : Unions Régiona<strong>le</strong>s de Médecins Libéraux18


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…INTRODUCTIONLa variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s est décrite dès <strong>le</strong> XIX ème sièc<strong>le</strong> comme <strong>le</strong> rapporteIezzoni [1]. Des différences de taux de mortalité néonata<strong>le</strong> entre hôpitaux ont en effet éténotées en 1863 en Grande-Bretagne. Cette variabilité pouvait notamment être expliquée parl’hétérogénéité des soins apportés aux femmes. C’est ensuite dans <strong>le</strong> début des années 1970que Wennberg et Gittelsohn [2] ont montré une grande variabilité des pratiques entre hôpitauxdans <strong>le</strong> Vermont : <strong>le</strong> taux d’hystérectomie y variait de 1 <strong>à</strong> 3 pour 1000 habitants, <strong>le</strong> taux deprostatectomie de 1 <strong>à</strong> 4 pour 1000 habitants… Cette variabilité des pratiques entre hôpitaux aensuite été largement documentée dans la deuxième moitié du XX ème Sièc<strong>le</strong> [3] avec <strong>le</strong>souhait d’étendre l’analyse aux pratiques en médecine ambulatoire [4-6].En France, c’est <strong>à</strong> partir du milieu des années 80 que l’évaluation des pratiques médica<strong>le</strong>ss’est développée avec la création de l'Agence Nationa<strong>le</strong> pour <strong>le</strong> Développement del'Evaluation Médica<strong>le</strong> (ANDEM) et <strong>le</strong> financement par l’Etat de projets de recherche dans cedomaine. Son importance a été affirmée par son inscription législative et rég<strong>le</strong>mentaire tantpour l’évaluation dans <strong>le</strong>s établissements de santé (ordonnances du 24 avril 1996) que pour lamédecine libéra<strong>le</strong> (loi du 13 août 2004, artic<strong>le</strong> L.4133-1-1 du code de la santé publique). Lanécessité de l’évaluation est éga<strong>le</strong>ment présentée dans <strong>le</strong> code de santé publique (Section 3 :Evaluation des pratiques professionnel<strong>le</strong>s du code de santé publique, Artic<strong>le</strong>s D.1414-53 <strong>à</strong>D.1414-65). L’importance de l’évaluation est réaffirmée par la création de la Haute Autoritéde santé (HAS) en 2004 (loi du 13 août 2004 relative <strong>à</strong> l’assurance maladie). Cetteinstitutionnalisation de l’évaluation des pratiques en France fait suite <strong>à</strong> une accumulationd’observations et de résultats de recherche qui relèvent des variations de pratiques et desinégalités en France tant dans l’état de santé que dans <strong>le</strong>s modes de prise en charge [7].** *19


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…L’évaluation des pratiques et de <strong>le</strong>ur variabilité contribue <strong>à</strong> la vérification de l’atteinte desobjectifs du système de soins. Ces principaux objectifs, tels que définis par l’OMS [8], sontd’améliorer la santé de la population et des individus, de répondre aux attentes de lapopulation et d’assurer l’équité des soins et de la contribution financière. L’atteinte de cesobjectifs très généraux requiert du système de soins d’être efficace et efficient, de garantirl’accessibilité et la sécurité des soins, l’adéquation de l’offre <strong>à</strong> la demande, la continuité dessoins, <strong>le</strong> respect des délais, la prévention et la détection précoce. Ce sont l<strong>à</strong> autant dedimensions de la performance des soins, décrites par la Joint Commission on Accreditation ofHealthcare Organizations (JCAHO) [9], qu’il convient de prendre en compte commeobjectifs intermédiaires. Or, du constat de la variabilité des pratiques est née l’idée, comme <strong>le</strong>notait Ker<strong>le</strong>au [10], que « si <strong>le</strong>s réponses apportées par <strong>le</strong>s professionnels s’écartent <strong>le</strong>s unesdes autres, sans justification médica<strong>le</strong>, c’est que certaines d’entre el<strong>le</strong>s sont non appropriéeset, en tant que tel<strong>le</strong>s, contraires aux objectifs du système de soins ». En effet, quand el<strong>le</strong> n’estpas justifiée par l’hétérogénéité des patients, l’hétérogénéité des pratiques s’oppose <strong>à</strong>l’efficacité, <strong>à</strong> l’efficience (rapport entre <strong>le</strong> coût et <strong>le</strong>s avantages pour la population concernée)et parfois <strong>à</strong> la sécurité même du système de soins. Sur un plan général, c’est aussi la questionde l’équité du système de soins qui est posée.Certes, une partie de l’hétérogénéité des pratiques est irréductib<strong>le</strong> et il ne s’agit pas de la niernon plus de la contester ; l’on peut au contraire distinguer principa<strong>le</strong>ment deux causes de cetteirréductibilité. Il s’agit d’une part de la diversité des patients et des présentations cliniques desmaladies et, d’autre part, de l’insuffisance de données scientifiques consensuel<strong>le</strong>s et parconséquent d’une absence de stratégie unique de prise en charge face <strong>à</strong> un cas clinique donné.En ce sens, l’exercice médical demeure, pour une part, du domaine de l’art. Un artic<strong>le</strong> publiédans <strong>le</strong> cadre de cette thèse souligne l’importance de prendre en considération <strong>le</strong>scaractéristiques des patients pour élaborer des indicateurs de qualité des soins et comparer desétablissements. Cet artic<strong>le</strong> est présenté au chapitre 2 de la première partie de cette thèse.20


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…Cependant, pour de nombreuses pathologies, la communauté scientifique a élaboré desrecommandations définissant <strong>le</strong>s pratiques optima<strong>le</strong>s en se fondant sur <strong>le</strong>s dernières donnéesdisponib<strong>le</strong>s de la science. La prise en compte de ces recommandations par <strong>le</strong>s médecinsdevrait se traduire par une diminution de la variabilité des pratiques pour la pathologieconcernée. La « médecine fondée sur <strong>le</strong>s preuves » (Evidence Based Medicine), c’est-<strong>à</strong>-direfondée sur une démarche épistémologique soucieuse de dégager <strong>le</strong>s lois impersonnel<strong>le</strong>s duvivant vérifiées par des expériences scientifiques, constitue ici une avancée majeure. El<strong>le</strong>illustre en grande part <strong>le</strong>s bénéfices que l’on peut retirer d’une maîtrise intelligente de lavariabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s, notamment en termes d’efficacité et de sécurité. En seconfrontant aux singularités loca<strong>le</strong>s que génère l’expérience plus ou moins empirique de telou tel praticien, el<strong>le</strong> valide objectivement <strong>le</strong>s meil<strong>le</strong>ures pratiques, <strong>le</strong>s diffuse et écarte <strong>le</strong>smoins bonnes. La médecine fondée sur <strong>le</strong>s preuves universalise la « bonne pratiquemédica<strong>le</strong> », el<strong>le</strong> en diminue <strong>le</strong>s aléas locaux et contribue <strong>à</strong> une optimisation de la pratiquegénéra<strong>le</strong>. C’est <strong>à</strong> ce doub<strong>le</strong> titre, universel<strong>le</strong> et méliorative, qu’el<strong>le</strong> devrait devenir premièredans la prise de décision médica<strong>le</strong>. Tong<strong>le</strong>t [11] souligne que, malgré la méfiance de certainsprofessionnels, « la médecine fondée sur <strong>le</strong>s preuves » propose des concepts et une méthodesusceptib<strong>le</strong>s de contribuer effectivement <strong>à</strong> l’amélioration du processus de prise de décision enmédecine, <strong>à</strong> l’exercice d’une responsabilité professionnel<strong>le</strong> soucieuse de la défense des droitsde la personne, et <strong>à</strong> la mise en œuvre d’une politique de santé régulée en vue du maintien d’unjuste équilibre entre <strong>le</strong>s aspirations individuel<strong>le</strong>s et <strong>le</strong>s projets de la société. Ainsi, Tong<strong>le</strong>tsitue <strong>le</strong>s recommandations pour la pratique clinique fondées sur <strong>le</strong>s données de la science aucœur de l’amélioration de l’équité et de la qualité (dont dépendent l’efficacité et la sécurité)du système de santé.Concernant plus particulièrement l’efficience du système de soins, l’évaluation des pratiqueset la maîtrise de <strong>le</strong>ur variabilité s’inscrit éga<strong>le</strong>ment dans une nécessaire régulation desdépenses de santé. El<strong>le</strong> répond particulièrement <strong>à</strong> l’un des neuf principes de santé publiqueretenus par la loi quinquenna<strong>le</strong> 2004-806 du 9 août 2004 relative <strong>à</strong> la politique de santépublique : <strong>le</strong> principe d’efficacité économique (donc d’efficience, selon la terminologie duJCAHO).En effet, l’augmentation des dépenses de santé (dépenses hospitalières, soins ambulatoires,biens médicaux, transport des malades, autres dépenses…) est plus rapide que cel<strong>le</strong> du revenu21


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…national. Ces dépenses représentent <strong>le</strong> deuxième poste des dépenses socia<strong>le</strong>s en 2003, soitprès de 125 milliards d’Euros [12]. La pérennité du système de sécurité socia<strong>le</strong> françaisappel<strong>le</strong> avec force une régulation des dépenses. Cette régulation doit permettre de rationaliserl’offre de soins sans que la demande soit rationnée. Les instruments de régulation dontdispose l’Etat concernent des activités de soins et sont de nature <strong>à</strong> la fois quantitative, axéssoit sur l’offre soit sur la demande (planification sanitaire mise en place par la loi du 31décembre 1970, complétée par <strong>le</strong> programme de médicalisation du système d’informationhospitalier institué en 1984 et la réforme hospitalière du 31 juil<strong>le</strong>t 1991) et qualitative(évaluation et accréditation confiée <strong>à</strong> l’Agence Nationa<strong>le</strong> d’Accréditation et d’Evaluation enSanté [ANAES], établie par l’ordonnance du 24 avril 1996, puis <strong>à</strong> la Haute Autorité de santé[HAS] établie par la loi du 13 août 2004). Une des modalités de la régulation des dépensesrepose sur la diminution de la variabilité des pratiques en faveur de cel<strong>le</strong> recommandée, cel<strong>le</strong>cis’appuyant sur des données scientifiques concernant son efficacité et sa sécurité.On conçoit aisément que cette modalité de régulation n’est pas sans limite, el<strong>le</strong> présuppose,pour être optima<strong>le</strong>, que la pratique recommandée soit plus économique que <strong>le</strong>s autrespratiques. A défaut, <strong>le</strong> bénéfice escompté est soit de l’ordre de la mutualisation des moyens(inhérent <strong>à</strong> la généralisation d’une pratique uniforme), soit, par analogie avec la théorie desgraphes, de l’ordre du « plus court chemin » économique (<strong>le</strong>s pratiques inuti<strong>le</strong>s maiscoûteuses étant écartées d’office).Enfin, <strong>le</strong>s enjeux éthiques propres <strong>à</strong> toute activité de Santé Publique resurgissent avec uneacuité particulière sous l’ang<strong>le</strong> de la maîtrise des dépenses. Le caractère fini du budget allouépar <strong>le</strong> Par<strong>le</strong>ment au système de santé oblige <strong>à</strong> mettre en adéquation la qualité et la quantité dessoins apportés <strong>à</strong> un patient et <strong>le</strong> coût de ceux-ci, et par l<strong>à</strong>-même <strong>à</strong> porter un jugement deva<strong>le</strong>ur sur <strong>le</strong> mal-être ou <strong>le</strong> mieux-être des personnes (l’indéfinissab<strong>le</strong> « qualité de vie »),quand ce n’est pas sur la personne el<strong>le</strong>-même. La maîtrise de la variabilité des pratiquesmédica<strong>le</strong>s intègre une dimension normative qui, pour ne pas être moralisatrice, n’en est pasmoins éthique. C’est l<strong>à</strong> une difficulté supplémentaire dans ce travail de normalisation qui nepeut qu’élargir <strong>le</strong> cerc<strong>le</strong> des personnes susceptib<strong>le</strong>s d’y porter un intérêt.** *22


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…L’évaluation des pratiques et de <strong>le</strong>ur variabilité conduit <strong>à</strong> prendre des décisions qui peuventne pas satisfaire tous <strong>le</strong>s intervenants du système de soins. C’est la raison pour laquel<strong>le</strong> cesderniers s’intéressent <strong>à</strong> l’évaluation des pratiques afin de pouvoir éga<strong>le</strong>ment participer <strong>à</strong> laprise de décision. Ces intervenants comprennent, comme indiqué au chapitre 1 de la premièrepartie de la thèse, <strong>le</strong>s décideurs et <strong>le</strong>s financeurs (la Direction de l’Hospitalisation et del’Organisation des Soins, <strong>le</strong>s Agences Régiona<strong>le</strong>s d’Hospitalisation, <strong>le</strong>s Caisses d’AssuranceMaladie,…), <strong>le</strong>s professionnels de terrain (<strong>le</strong>s Unions Régiona<strong>le</strong>s de médecins libéraux,l’Assistance Publique des Hôpitaux de Paris…) et <strong>le</strong>s scientifiques (<strong>le</strong> Comité deCoordination de l’Evaluation Clinique et de la Qualité en Aquitaine, l’Institut National de laSanté et de la Recherche Médica<strong>le</strong>, la Haute Autorité de santé…). Ces intervenants utilisentdes méthodes d’évaluation pour la plupart identiques mais faisant intervenir des critères dejugement différents conduisant <strong>à</strong> des actions variées selon <strong>le</strong>s objectifs de l’évaluation.Les méthodes utilisées par ces différents intervenants, <strong>le</strong>urs forces et <strong>le</strong>urs limites serontprésentées dans <strong>le</strong> chapitre 2 de la première partie, de même que certains de nos travaux derecherche portant sur la méthodologie de l’évaluation. En effet, l’évaluation pose desproblèmes méthodologiques comme l’élaboration d’indicateurs permettant la comparaisond’établissements entre eux et la définition d’un seuil au-del<strong>à</strong> duquel <strong>le</strong>s pratiques médica<strong>le</strong>sdoivent être jugées comme s’écartant par trop des bonnes pratiques. Les choixméthodologiques effectués varient en fonction des objectifs de l’évaluation et portent <strong>à</strong>conséquence sur <strong>le</strong>s décisions et <strong>le</strong>s actions correctrices mises en œuvre. Un artic<strong>le</strong> soumisdans <strong>le</strong> cadre de cette thèse illustre la difficulté de choisir des seuils et l’importance de laméthode utilisée pour effectuer ce choix. Cet artic<strong>le</strong> conclut <strong>le</strong> deuxième chapitre de lapremière partie de cette thèse.Les objectifs de l’évaluation diffèrent selon <strong>le</strong>s promoteurs de l’évaluation : <strong>le</strong>s décideurs etfinanceurs évaluent <strong>le</strong>s pratiques dans <strong>le</strong> but premier de régu<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s dépenses de soins tandisque <strong>le</strong>s professionnels de santé cherchent <strong>à</strong> identifier des axes d’amélioration favorab<strong>le</strong>s audéveloppement de <strong>le</strong>ur exercice plutôt qu’<strong>à</strong> sa limitation. Enfin, <strong>le</strong>s scientifiques peuventavoir des objectifs différents, que ce soit <strong>le</strong> développement de nouvel<strong>le</strong>s méthodesd’évaluation des pratiques (Instituts de recherche en général) ou l’élaboration d’une norme(HAS). Les objectifs des scientifiques peuvent être influencés par <strong>le</strong>s organismes quifinancent <strong>le</strong>ur recherche, d’où l’importance de la HAS comme structure scientifiqueindépendante.23


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…Malgré l’existence de l’évaluation des pratiques en France depuis une vingtaine d’années, lavariabilité des pratiques reste un problème non résolu en France en 2005. Sont analysées auchapitre 3 de la première partie de la thèse <strong>le</strong>s causes et <strong>le</strong>s conséquences de cette variabilitéainsi que, au chapitre 4, <strong>le</strong>s actions mises en place pour la réduire, <strong>à</strong> défaut de la maîtrisercomplètement. Parmi cel<strong>le</strong>s-ci, l’audit clinique est un bon exemp<strong>le</strong> de ce qui peut contribuer <strong>à</strong>faire converger <strong>le</strong>s pratiques <strong>à</strong> condition d’en respecter <strong>le</strong>s différents points méthodologiques.C’est ce que rappel<strong>le</strong> un artic<strong>le</strong> publié dans <strong>le</strong> cadre de cette thèse et présenté au chapitre 4 dela première partie.En conclusion de cette première partie, nous mettons l’accent sur l’insuffisance d’exploitationdes différentes actions possib<strong>le</strong>s pour maîtriser la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s. Cettesituation peut-être expliquée par un manque d’outils, un manque de cohérence entre <strong>le</strong>s étudeset <strong>le</strong>s différents intervenants dans l’évaluation, mais éga<strong>le</strong>ment un manque de volontépolitique. Le risque est donc grand que, <strong>à</strong> l’opposé des objectifs fixés par la politique de santéen France évoqués plus haut, une évaluation des pratiques qui ne serait pas suivie d’effets soitfina<strong>le</strong>ment coûteuse et inuti<strong>le</strong>. Il est certes plus faci<strong>le</strong> de s’informer que de décider…** *Nous avons choisi d’illustrer cette première partie, théorique, par une seconde partie, pratique,traitant du dépistage de l’infection <strong>à</strong> cytomégalovirus chez la femme enceinte en France. Lesraisons de ce choix sont multip<strong>le</strong>s.Premièrement, <strong>le</strong> dépistage pose en 2005 des problèmes éthiques. En effet, il permet dedétecter précocement de plus en plus de maladies sans pour autant proposer pour chacuned’entre el<strong>le</strong>s une prise en charge permettant de freiner l’évolution de cel<strong>le</strong>-ci. C’est <strong>le</strong> cas parexemp<strong>le</strong> du dépistage du cancer de la prostate qui permet la détection précoce de la maladiemais dont <strong>le</strong>s conséquences en terme de prise en charge thérapeutique se limitent <strong>à</strong>l’information du patient et au suivi de celui-ci jusqu’<strong>à</strong> ce que la tail<strong>le</strong> de la tumeur soitsuffisante pour être l’objet d’une intervention [13]. Ces annonces précoces de l’existenced’une maladie sans proposition de traitement immédiat ont des conséquences non24


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…négligeab<strong>le</strong>s sur <strong>le</strong> patient et son entourage (anxiété en particulier) pouvant retentir sur <strong>le</strong>urvie familia<strong>le</strong>, professionnel<strong>le</strong> et socia<strong>le</strong> et, par effet psychosomatique, sur <strong>le</strong>ur santé même.D’un point de vue économique, un sur-dépistage s’apparente <strong>à</strong> un type de sur-qualité, <strong>à</strong> la foisinuti<strong>le</strong> et cause d’un surcoût. Ce surcoût est trip<strong>le</strong>, d’abord pour <strong>le</strong> système de soins quiorganise <strong>le</strong> dépistage, ensuite pour la société avec qui <strong>le</strong> patient et son entourage entretiennentdes relations étroites, et, enfin, de nouveau pour <strong>le</strong> système de soin qui prend en charge <strong>le</strong>sconséquences psychiques d’un diagnostic défavorab<strong>le</strong> (prise d’anxiolytiques,d’antidépresseurs…) voire <strong>le</strong>s accidents liés au dépistage (comme <strong>à</strong> tout acte médical).Dans <strong>le</strong> cas d’une infection survenant pendant la grossesse, <strong>le</strong>s conséquences du dépistagesont d’autant plus importantes qu’el<strong>le</strong>s concernent deux sujets, la mère et l’enfant <strong>à</strong> naître,entraînant des prises de décision graves concernant la poursuite ou non de la grossesse, et cecidans des situations d’incertitude médica<strong>le</strong>. L’enjeu éthique est ici important tandis que lascience ne peut aujourd’hui apporter de réponse fiab<strong>le</strong>.Ceci met particulièrement en exergue la difficulté de l’exercice quand il s’agit de maîtriser lavariabilité des pratiques, c’est-<strong>à</strong>-dire, <strong>le</strong> plus souvent, d’en choisir une et de l’imposer ; maisaussi, et surtout, la nécessité d’une tel<strong>le</strong> maîtrise quand la justification d’une pluralitépersistante des pratiques est éthiquement et socia<strong>le</strong>ment irrecevab<strong>le</strong>.Deuxièmement, <strong>le</strong> dépistage en tant qu’activité de prévention des médecins appartient <strong>à</strong> l’undes objectifs prioritaires de la politique de santé tel<strong>le</strong> que définie par la loi 2004-806 du 9 août2004 relative <strong>à</strong> la politique de santé publique.Troisièmement, <strong>le</strong> dépistage de l’infection <strong>à</strong> cytomégalovirus (CMV) chez <strong>le</strong>s femmesenceintes était une question controversée en France au début de notre travail et requéraitl’évaluation de son intérêt.Enfin, ce sujet nous permettait de travail<strong>le</strong>r en amont du processus d’élaboration d’unerecommandation, nous donnant ainsi la possibilité d’étudier <strong>le</strong>s pratiques avant l’élaborationde la recommandation, puis de concevoir une méthode du suivi de la recommandation dès laphase d’élaboration permettant <strong>le</strong> pilotage des recommandations.25


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…Nous présentons dans cette seconde partie plusieurs de nos travaux sur cette thématique, quece soit la mise en évidence de la variabilité des pratiques en France, l’évaluation de l’intérêtdu dépistage avec notamment l’évaluation de l’amp<strong>le</strong>ur du problème d’un point de vueépidémiologique et enfin l’élaboration d’une recommandation et la proposition d’actions pourcontrô<strong>le</strong>r son appropriation par <strong>le</strong>s médecins.** *Cette thèse sur travaux s’articu<strong>le</strong> autour de deux grands axes de recherche : 1) identifier desméthodes permettant d’améliorer la mesure de la variabilité des pratiques et 2) étudier lavariabilité des pratiques du dépistage de l’infection <strong>à</strong> CMV chez la femme enceinte en France.A ces deux axes s’ajoutent une réf<strong>le</strong>xion sur <strong>le</strong>s raisons pour <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s la France n’est pasencore passée de la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en dépitd’une volonté affichée depuis vingt ans.A cet effet, dans la première partie de la thèse, nous dressons l’état des lieux de l’évaluationdes pratiques médica<strong>le</strong>s et de <strong>le</strong>ur variabilité en France. Pour cela, nous présentons <strong>le</strong> cadreinstitutionnel de l’évaluation, <strong>le</strong>s aspects méthodologiques de l’évaluation, <strong>le</strong>s causes etconséquences de la variabilité des pratiques et, enfin, <strong>le</strong>s actions mises en œuvre pourdiminuer cette variabilité.Dans la seconde partie, nous illustrons notre propos en présentant la problématique dudépistage de l’infection <strong>à</strong> cytomégalovirus chez la femme enceinte. Nous montrons toutd’abord qu’il existe une variabilité importante des pratiques dans ce domaine avec desconséquences non négligeab<strong>le</strong>s pour la femme enceinte et la poursuite de la grossesse. Nousprésentons ensuite <strong>le</strong>s différentes étapes accomplies pour évaluer l’intérêt de ce dépistage etfaire converger <strong>le</strong>s pratiques médica<strong>le</strong>s.** *26


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…PARTIE 1L’évaluation de la variabilité des pratiquesmédica<strong>le</strong>s : état des lieux en France27


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…28


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…I PARTIE 1 : L’EVALUATION DE LA VARIABILITE DES PRATIQUESMEDICALES : ETAT DES LIEUX EN FRANCECette première partie s’articu<strong>le</strong> comme suit. Nous présentons dans <strong>le</strong> premier chapitre <strong>le</strong> cadreinstitutionnel de l’évaluation. En effet, il nous semb<strong>le</strong> important d’identifier <strong>le</strong>s différentsintervenants dans l’évaluation, <strong>le</strong>urs objectifs et <strong>le</strong>ur participation ou <strong>le</strong>ur impact sur la prisede décision.Dans <strong>le</strong> deuxième chapitre, nous analysons <strong>le</strong>s aspects méthodologiques de l’évaluation. Nousmontrons <strong>le</strong>s forces et <strong>le</strong>s faib<strong>le</strong>sses de l’évaluation tel<strong>le</strong> qu’el<strong>le</strong> a été réalisée jusqu’<strong>à</strong> ce jouret nous proposons des axes d’amélioration. En particulier, nous présentons plusieurs de nostravaux portant sur <strong>le</strong>s aspects méthodologiques de l’évaluation.Un premier artic<strong>le</strong> a pour objectif de montrer l’importance de la prise en compte descaractéristiques des résidents d’un établissement lors de la mesure d’indicateurs de qualité dessoins pour pouvoir ensuite comparer <strong>le</strong>s pratiques et <strong>le</strong>s résultats de plusieurs établissements.La problématique de définition d’un seuil est abordée dans un deuxième artic<strong>le</strong>. Il s’agit enl’espèce de définir un seuil permettant de différencier un établissement excel<strong>le</strong>nt pour unindicateur donné (résultat de l’indicateur situé au-dessus du seuil supérieur lorsqu’il s’agitd’un indicateur positif, l’inverse sinon), d’un établissement satisfaisant (résultat situé entre <strong>le</strong>sseuils supérieurs et inférieurs) et d’un établissement insatisfaisant (résultat situé en dessous duseuil inférieur, lorsqu’il s’agit d’un indicateur positif, l’inverse sinon). Nous avons pour celatesté plusieurs méthodes (focus groupe, méthode Delphi, enquête par questionnaire) etinterrogé différents acteurs du système de soins (<strong>le</strong>s responsab<strong>le</strong>s des services étudiés, <strong>le</strong>sprofessionnels de santé et <strong>le</strong>s patients).Le troisième chapitre s’intéresse aux causes et conséquences de la variabilité des pratiques. Ils’agit d’analyser <strong>le</strong>s raisons de la persistance de l’hétérogénéité des pratiques en dépit de samise en évidence depuis une vingtaine d'années en France.Enfin, dans <strong>le</strong> quatrième chapitre, sont nous présentons <strong>le</strong>s actions mises en œuvre pourréduire cette variabilité et cel<strong>le</strong>s qui ne sont pas encore exploitées. Nous faisons notammentréférence <strong>à</strong> notre troisième artic<strong>le</strong> qui détail<strong>le</strong> <strong>le</strong>s différentes étapes de l’audit clinique. L’auditclinique, tout en étant une méthode d’évaluation des pratiques professionnel<strong>le</strong>s, contribue <strong>à</strong>29


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…l’appropriation des recommandations par <strong>le</strong>s professionnels et favorise la convergence despratiques vers la pratique recommandée. L’accent est mis notamment sur <strong>le</strong>s pré requis <strong>à</strong>respecter pour tirer p<strong>le</strong>inement profit de cette méthode.30


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…I.1 Chapitre 1 : Les structures participant <strong>à</strong> l’évaluation des pratiques médica<strong>le</strong>s enFranceLes structures participant <strong>à</strong> l’évaluation des pratiques médica<strong>le</strong>s en France sont diverses : <strong>le</strong>sInstituts de recherche, la HAS, l’Assurance Maladie et <strong>le</strong>s producteurs de soins. Les objectifs<strong>à</strong> court terme des évaluations sont aussi variés et dépendent en partie des structures <strong>le</strong>sréalisant : ces objectifs peuvent être la recherche, l’amélioration de la qualité des pratiquesmédica<strong>le</strong>s <strong>à</strong> court, moyen, voire long terme, <strong>le</strong> contrô<strong>le</strong> et la planification comme nous <strong>le</strong>développons ci-dessous. Les méthodes utilisées par ces différentes structures sont détailléesdans <strong>le</strong> chapitre 2.I.1.1Les Instituts de rechercheLes Instituts de recherche font partie des structures menant des études d’évaluation despratiques, notamment <strong>le</strong>s unités de l’Institut National de la Santé et de la Recherche Médica<strong>le</strong>(INSERM), du Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) et l’Institut deRecherche et de Documentation en Economie de la Santé (IRDES) anciennement nomméCREDES (Centre de Recherche, d'Etude et de Documentation en Economie de la Santé).Une unité mixte INSERM-CNRS (<strong>le</strong> Centre de Recherche en Economie et GestionAppliquées <strong>à</strong> la Santé : CREGAS) est actuel<strong>le</strong>ment maître d’œuvre, en collaboration avec <strong>le</strong>Comité de Coordination de l’Evaluation Clinique et de la Qualité en Aquitaine (CCECQA)pour <strong>le</strong> projet COMPAQH (COordination pour la Mesure de la Performance et l’Améliorationde la Qualité Hospitalière) [14]. La maîtrise d’ouvrage est assurée par la Direction del’Hospitalisation et de l’Organisation des Soins et la Haute Autorité de santé. Ce travail est <strong>le</strong>prolongement d’un premier travail mené par la Fédération Hospitalière Privée et <strong>le</strong> Centre deRecherche en Economie et Gestion Appliquées <strong>à</strong> la Santé (CREGAS) [15]. Trente sixétablissements participent <strong>à</strong> ce projet (mars 2003-décembre 2005). Ce projet a pour objectifde proposer une série d’indicateurs de la qualité hospitalière permettant la comparaison desétablissements de santé au niveau national en ce qui concerne l’atteinte de huit objectifsdéfinis comme prioritaires : la lutte contre la dou<strong>le</strong>ur ; la continuité de la prise en charge despatients ; la lutte contre <strong>le</strong>s troub<strong>le</strong>s nutritionnels ; la lutte contre <strong>le</strong>s infections nosocomia<strong>le</strong>s ;la lutte contre <strong>le</strong> risque iatrogène ; la satisfaction du patient ; <strong>le</strong> respect des bonnes pratiquescliniques ; la motivation, la responsabilisation et l’évaluation des compétences des31


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…professionnels au contact du patient et la garantie de l’accessibilité [14]. Ce projet s’inscritdans une démarche d’amélioration de la qualité des soins mais éga<strong>le</strong>ment de planification. Lesindicateurs ainsi développés serviront d’outil pour identifier <strong>le</strong>s meil<strong>le</strong>urs établissements, ainsique <strong>le</strong>s pratiques qui <strong>le</strong>ur permettent d’atteindre ces objectifs. Ils permettront éga<strong>le</strong>mentd’identifier <strong>le</strong>s établissements qui ont <strong>le</strong> plus de difficultés et la mise en œuvre d’actionscorrectrices.L’IRDES développe actuel<strong>le</strong>ment un axe de recherche portant sur la variabilité des pratiquesmédica<strong>le</strong>s en médecine généra<strong>le</strong> et l’identification des déterminants de cette variabilité [16,17].Les études réalisées portent sur la prise en charge de l’hyperlipidémie [16] et la prescriptiond’antibiotiques dans <strong>le</strong> cas de la rhinopharyngite aiguë [17]. Une étude en cours porte sur laprescription pour <strong>le</strong>s patients diabétiques (diabète de type 2) [18]. Cette étude est réalisée dans<strong>le</strong> cadre d’un travail de thèse dirigé par un chercheur du CREGAS.L’étude concernant la prise en charge de l’hyperlipidémie [16] a été financée par la Directionde la Sécurité Socia<strong>le</strong> au Ministère de l’Emploi et de la Solidarité. El<strong>le</strong> n’a pas permis dejuger de l’opportunité du traitement (données médica<strong>le</strong>s non disponib<strong>le</strong>s), ce qui limitaitl’interprétation de la variabilité observée. En effet, une partie de la variabilité pouvait êtreexpliquée par l’état de santé du patient (<strong>le</strong>s résultats de son bilan lipidique et son niveau derisque coronarien global).Pour sa part, l’étude portant sur la prise en charge la rhinopharyngite aiguë [17] montrait que,malgré <strong>le</strong>s recommandations de l’Agence Française de Sécurité Sanitaire des Produits deSanté (AFSSaPS) contre la prescription d’antibiotiques chez des patients consultants pourrhinopharyngite, 50,8 % des consultations pour rhinopharyngite avaient quand même donnélieu <strong>à</strong> la prescription d’antibiotiques. Vingt-trois pour cents de l’hétérogénéité des pratiquesétaient imputab<strong>le</strong>s <strong>à</strong> une variabilité inter-médecin, c’est-<strong>à</strong>-dire <strong>à</strong> des différences de pratiquesselon <strong>le</strong> médecin consulté et non <strong>à</strong> des différences de présentations cliniques.L’apport des études de la variabilité des pratiques menées par l’IRDES est de proposer etd’exploiter une méthode particulière d’analyse des données que nous détail<strong>le</strong>rons plus loin :l’analyse multi niveaux <strong>à</strong> partir des données individuel<strong>le</strong>s des patients. Ceci permet uneanalyse fine des informations avec l’identification des déterminants de la variabilité despratiques liés au médecin d’une part, au patient d’autre part, voire <strong>à</strong> l’environnement et <strong>à</strong>d’autres facteurs.32


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…Ainsi, <strong>le</strong>s études menées par <strong>le</strong>s Instituts de recherche portent <strong>à</strong> la fois sur l’élaborationd’outils pour mesurer et comparer <strong>le</strong>s pratiques médica<strong>le</strong>s mais aussi sur l’identification dedéterminants permettant d’interpréter et d’expliquer la variabilité observée. Leur objectif n’estpas d’influencer directement la décision mais d’améliorer <strong>le</strong>s méthodes d’évaluation utilisées.Leur neutralité peut cependant être mise en cause en fonction de l’origine du financement dela recherche.I.1.2La Haute Autorité de santéLa Haute Autorité de santé (HAS), organisme public indépendant <strong>à</strong> caractère scientifique, aété créée dans <strong>le</strong> cadre de la loi du 13 août 2004 relative <strong>à</strong> l’Assurance Maladie (loi n°2004-810 du 13 août 2004). El<strong>le</strong> est installée depuis janvier 2005 (Décret n° 2004-1139 du 26octobre 2004). La HAS est notamment chargée d’évaluer l’utilité médica<strong>le</strong> de l’ensemb<strong>le</strong> desactes, prestations et produits de santé pris en charge par l’Assurance Maladie et depromouvoir <strong>le</strong>s bonnes pratiques médica<strong>le</strong>s. El<strong>le</strong> étend ainsi <strong>le</strong>s missions de l’ANAES (crééeen 1996 [Ordonnance du 24 avril 1996, Décret n° 97-311 du 7 avril 1997] pour succéder <strong>à</strong>l'Agence Nationa<strong>le</strong> pour <strong>le</strong> Développement de l'Evaluation Médica<strong>le</strong> [ANDEM] créée en1989), de la Commission de la transparence et de la Commission d'évaluation des produits etprestations de l’Agence Française de Sécurité SAnitaire des Produits de Santé (AFSSaPS).Le vo<strong>le</strong>t évaluation de la HAS comprend plusieurs activités que ce soit l’évaluation desmédicaments, des dispositifs et des produits de santé en vue de <strong>le</strong>ur inscription <strong>à</strong> la Liste desProduits et Prestations (LPP) ; l’évaluation des technologies et des actes médicaux en vue de<strong>le</strong>ur inscription <strong>à</strong> la Classification Commune des Actes Médicaux (CCAM) ; l’évaluation desactes de biologie en vue de <strong>le</strong>ur inscription <strong>à</strong> la Nomenclature des Actes de Biologie Médica<strong>le</strong>(NABM) ; l’élaboration de recommandations professionnel<strong>le</strong>s pour la prise en charge depathologies chroniques, la prévention, <strong>le</strong> dépistage (ces recommandations sont ensuiteutilisées comme références dans <strong>le</strong> cadre d’études d’évaluations) ainsi que l’évaluation despratiques dans <strong>le</strong> cadre de l’amélioration des pratiques avec principa<strong>le</strong>ment l’Evaluation desPratiques Professionnel<strong>le</strong>s (EPP).Ces activités sont menées par sept services au sein de trois directions :33


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…- la direction des bonnes pratiques et prise en charge, qui comprend <strong>le</strong> service d’évaluationmédico-économique et de santé publique, <strong>le</strong> service des recommandationsprofessionnel<strong>le</strong>s et <strong>le</strong> service des affections de longue durée et accords conventionnels ;- la direction de l’évaluation des actes et produits de santé qui comprend notamment <strong>le</strong>service d’évaluation des médicaments, <strong>le</strong> service d’évaluation des dispositifs et <strong>le</strong> serviced’évaluation des actes professionnels ;- la direction accréditation et évaluation des pratiques qui comprend notamment <strong>le</strong> serviced’évaluation des pratiques professionnel<strong>le</strong>s.Dans <strong>le</strong> cadre de sa mission d’évaluation des pratiques médica<strong>le</strong>s, l’ANAES (structureantérieure <strong>à</strong> la HAS jusqu’en janvier 2005) a essentiel<strong>le</strong>ment réalisé un travail théorique enélaborant des recommandations professionnel<strong>le</strong>s sans proposer des modalités de contrô<strong>le</strong> de<strong>le</strong>ur appropriation sur <strong>le</strong> terrain. Récemment, el<strong>le</strong> a cependant développé deux axes derecherche : l’un concerne l’appropriation et la mise en œuvre des recommandations par <strong>le</strong>sprofessionnels (ce thème était l’un des trois thèmes proposés lors des appels <strong>à</strong> projets derecherche en 2003 et 2004 par l’ANAES) ; l’autre concerne l’élaboration de référentielssynthétiques et d’indicateurs <strong>à</strong> partir des recommandations afin de pouvoir évaluer etcontrô<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s pratiques de façon opérationnel<strong>le</strong> (« projet base d’indicateurs »). Ceci devraitcontribuer <strong>à</strong> une meil<strong>le</strong>ure appropriation des recommandations par <strong>le</strong>s médecins et <strong>le</strong>spatients. Dans certains cas, ces actions pourraient conduire <strong>à</strong> une révision du <strong>texte</strong> desrecommandations afin de <strong>le</strong>s rendre plus opérationnel<strong>le</strong>s.La place de la HAS au sein des structures participant <strong>à</strong> l’évaluation des pratiques devraits’étendre dans <strong>le</strong>s années <strong>à</strong> venir avec <strong>le</strong> développement de nouveaux axes stratégiques. Enparticulier, l’inscription de la HAS dans une perspective internationa<strong>le</strong> (comme annoncéedans <strong>le</strong> rapport d’activité de la HAS 2005, consultab<strong>le</strong> sur <strong>le</strong> site) devrait renforcer et enrichir<strong>le</strong>s compétences de la HAS et lui procurer une meil<strong>le</strong>ure crédibilité et visibilité sur <strong>le</strong> plannational et international. Cette évolution pourrait conduire la HAS <strong>à</strong> devenir une structureayant la même crédibilité que <strong>le</strong> NICE (National Institute for Health and Clinical Excel<strong>le</strong>nce).De plus, <strong>le</strong> caractère scientifique et indépendant de la HAS la situe en première ligne desinstances apportant une aide <strong>à</strong> la décision tant politique (intéressant <strong>le</strong>s décideurs et <strong>le</strong>sfinanceurs) que médica<strong>le</strong> (intéressant <strong>le</strong>s professionnels de santé et <strong>le</strong>s patients). Le caractèrescientifique de la HAS et son positionnement international pourraient être renforcés par <strong>le</strong>développement de partenariat entre la HAS et <strong>le</strong>s universités et instituts de recherche.34


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…I.1.3L’Assurance MaladieL’Assurance Maladie et plus particulièrement <strong>le</strong>s trois principaux régimes (la CaisseNationa<strong>le</strong> de l'Assurance Maladie des Travail<strong>le</strong>urs Salariés (CNAMTS), la Mutuel<strong>le</strong> Socia<strong>le</strong>Agrico<strong>le</strong> (MSA) et la Caisse Nationa<strong>le</strong> d’Assurance Maladie (CANAM)) réalisent éga<strong>le</strong>mentdes études d’évaluation des pratiques médica<strong>le</strong>s dont <strong>le</strong>s résultats sont publiés dans « <strong>le</strong>s faitsmarquants » [19, 20][194][21, 22].Ces évaluations ont porté jusqu’en 2005 sur <strong>le</strong>s différents domaines de la santé publique, quece soit la prévention (santé bucco-dentaire), <strong>le</strong> dépistage (diabète de type 2, cancercolorectal…), <strong>le</strong> diagnostic (prescriptions d’examens biologiques, radiologiques…), <strong>le</strong>traitement médical (interactions et iatrogénie médicamenteuses, chimiothérapieanticancéreuse, traitement par hormone de croissance…) et chirurgical (prothèse de hanche,chirurgie de l’obésité…) et l’organisation des soins (chirurgie ambulatoire, offre de soins enpsychiatrie…). Ces évaluations étaient réalisées au niveau national, régional ou local avecl’intervention du service médical de l’Assurance Maladie <strong>le</strong> plus souvent. Nous présenterons<strong>le</strong>s méthodes d’évaluation et des exemp<strong>le</strong>s dans <strong>le</strong> chapitre 2.L’objectif des évaluations réalisées par l’Assurance Maladie est principa<strong>le</strong>ment de contrô<strong>le</strong>r labonne utilisation de ses services (remboursements en particulier) par <strong>le</strong>s professionnels desanté et <strong>le</strong>s patients. Ainsi, <strong>le</strong>s études réalisées par l’Assurance Maladie évaluent la qualité despratiques dans <strong>le</strong> but de contrô<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s dépenses de santé et d’inciter <strong>à</strong> l’amélioration despratiques. La mise en œuvre de sanctions est éga<strong>le</strong>ment un objectif possib<strong>le</strong> de l’évaluationréalisée par l’Assurance Maladie mais el<strong>le</strong> a une part faib<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s études réalisées commenous <strong>le</strong> verrons dans <strong>le</strong> chapitre 4 portant sur <strong>le</strong>s actions mises en place pour diminuer lavariabilité des pratiques.35


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…I.1.4Les producteurs de soins— Les établissements de santéLes établissements de santé réalisent éga<strong>le</strong>ment des évaluations multicentriques des pratiquesmédica<strong>le</strong>s en France.L’Assistance Publique des Hôpitaux de Paris (AP-HP) [23], comprenant 39 hôpitaux ougroupes d’hôpitaux publics, a ainsi réalisé des évaluations dans <strong>le</strong> domaine de la prévention(prophylaxie de la thrombose veineuse en chirurgie), du diagnostic (prescriptions d’examensradiologiques de la chevil<strong>le</strong> en service d’urgences) et de la thérapeutique (prise en charge dela dou<strong>le</strong>ur en service de chirurgie, prescription d’antibiotiques…).Ces études sont réalisées <strong>à</strong> des fins opérationnel<strong>le</strong>s, afin d’améliorer la qualité des pratiquesmédica<strong>le</strong>s au sein de l’AP-HP, mais éga<strong>le</strong>ment <strong>à</strong> des fins de recherche afin d’évaluer <strong>le</strong>sméthodes de mise en œuvre des recommandations et l’impact des recommandations.Ainsi, dans l’étude portant sur la prescription des radiographies de chevil<strong>le</strong> [24], l’objectif del’étude était premièrement d’évaluer l’impact des règ<strong>le</strong>s d’Ottawa sur ces prescriptions etdeuxièmement d’évaluer l’utilisation des posters seuls comme rappel de la recommandationaprès la période d’intervention. Deux groupes furent constitués pour l’étude : un groupetémoin, sans intervention, et un groupe avec intervention. Cette dernière comprenait uneréunion d’information (présentation de l’étude) et de formation des professionnels aux règ<strong>le</strong>sd’Ottawa, l’affichage de posters, la remise de plaquettes aide-mémoire et l’utilisation defiches d’examen de la chevil<strong>le</strong>. L’étude avant-après montrait une diminution significative desprescriptions de radiographies de chevil<strong>le</strong> pendant et après l’intervention dans <strong>le</strong> groupe avecintervention ainsi que l’effet bénéfique des posters seuls pour maintenir l’effet del’intervention <strong>à</strong> court terme. Cette étude a ainsi permis d’une part d’améliorer la prise encharge des patients et d’autre part de tester un mode de rappel de la recommandationpréconisée.L’AP-HP présente l’originalité de s’être dotée d’une structure d’évaluation propre, <strong>le</strong> Comitéd’Evaluation et de Diffusion des Innovations Technologiques (CEDIT), dédié <strong>à</strong> l'évaluationdes dispositifs médicaux et <strong>à</strong> la diffusion des innovations technologiques. Le CEDIT s’estdéj<strong>à</strong> positionné au niveau international : il constitue en 2005 la seu<strong>le</strong> structure d’évaluationfrançaise membre de Euroscan (réseau européen d’évaluation des technologies émergentes) et36


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…constitue avec la Haute Autorité de santé, <strong>le</strong>s deux structures d’évaluation françaises membresdu réseau INAHTA (International Network of Agencies for Health Technology Assessment)qui est un réseau international d’évaluation des technologies en santé.Le Comité de Coordination de l’Evaluation Clinique et de la Qualité en Aquitaine 1(CCECQA), créé en 1996, regroupant plus de 50 établissements publics et privés [25, 26],élabore et coordonne des études multicentriques d’évaluation des pratiques médica<strong>le</strong>s au seindes établissements adhérents.Les études portent sur différents domaines : l’organisation (<strong>le</strong> dossier patient [27], latraçabilité des produits sanguins labi<strong>le</strong>s [28]), la prévention (<strong>le</strong> bilan préopératoire [29]) ; <strong>le</strong>diagnostic (la prescription du bilan thyroïdien [30], la prescription du bilan myocardique), <strong>le</strong>traitement (la prise en charge des Schizophrènes [31]).Ces études sont réalisées <strong>à</strong> des fins opérationnel<strong>le</strong>s pour améliorer <strong>le</strong>s pratiques au sein desétablissements adhérents mais éga<strong>le</strong>ment <strong>à</strong> des fins de recherche. Ainsi, <strong>le</strong> projet portant surl’optimisation des prescriptions du bilan thyroïdien comprenait d’une part l’élaboration de larecommandation [32], la diffusion de cette recommandation, la mesure de l’impact de cetterecommandation avec la réalisation d’une étude avant-après intervention avec groupe decomparaison et d’autre part, l’identification de la meil<strong>le</strong>ure méthode de diffusion de larecommandation (comparaison de l’utilisation de la plaquette aide-mémoire, de la fiche deprescription et du document présentant la recommandation, seuls ou en association) [30].Cette étude a ainsi amélioré la connaissance des professionnels de santé et l’appropriation desbonnes pratiques de prescription du bilan thyroïdien (objectif d’amélioration des pratiques).De plus, el<strong>le</strong> a permis d’identifier <strong>le</strong> support d’information ayant <strong>le</strong> plus d’impact sur <strong>le</strong>spratiques (objectif de recherche).Ces deux structures, l’AP-HP et <strong>le</strong> CCECQA, présentent l’avantage de pouvoir mobiliser ungrand nombre d’hôpitaux dans <strong>le</strong> cadre d’études d’évaluation des pratiques utilisant uneméthode commune. Leurs objectifs sont d’une part la recherche avec l’évaluation detechnologies innovantes avant <strong>le</strong>ur diffusion dans l’ensemb<strong>le</strong> des établissements (action duCEDIT principa<strong>le</strong>ment), d’autre part l’amélioration des pratiques avec la réalisation d’auditdes pratiques et la proposition d’outils de mesure <strong>à</strong> un ensemb<strong>le</strong> d’établissements, permettant1www.ccecqa.asso.fr37


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…dans un second temps aux établissements de se positionner par rapport aux autresétablissements participants.— Les médecins libérauxLes Unions Régiona<strong>le</strong>s de médecins libéraux (URML) créées par la loi du 4 janvier 1993regroupent <strong>le</strong>s médecins libéraux ayant une activité conventionnée dans une même région. I<strong>le</strong>n existe 27 en 2005 en comptant <strong>le</strong>s départements d’Outre Mer. Les URML mènent desétudes d’évaluations dans <strong>le</strong> domaine des soins ambulatoires ou dans <strong>le</strong>s établissements desanté privés. Citons pour <strong>le</strong>s premiers, par exemp<strong>le</strong>, l’évaluation de la surveillance des frottiscervicaux-vaginaux par <strong>le</strong> médecin généraliste, étude réalisée par l’URML de Bretagne [33]et, pour <strong>le</strong>s seconds, l’évaluation des prescriptions d’examens pré-anesthésiques, étuderéalisée par l’URML d’Aquitaine [34].Depuis 2003 (avec une expérimentation dans 4 régions en 2002), en collaboration avecl’ANAES [35] et maintenant la HAS, <strong>le</strong>s URML proposent aux médecins libéraux uneévaluation des pratiques professionnel<strong>le</strong>s (EPP) individuel<strong>le</strong>s. Cel<strong>le</strong>-ci consiste en une autoévaluationsuivie d’une visite par un médecin habilité (« évaluation individuel<strong>le</strong> ») ou d’unemise en commun en groupe (« évaluation col<strong>le</strong>ctive »). Les référentiels sont extraits desrecommandations élaborées par l’ANAES (et la HAS) et listent une série de critères <strong>à</strong> vérifierpar <strong>le</strong> médecin libéral dans un échantillon de dossiers de patients. Au 22 octobre 2004, 752médecins se sont engagés dans une EPP en I<strong>le</strong> de France [36].La réalisation d’études régiona<strong>le</strong>s et l’EPP constituent ainsi deux méthodes complémentairespour évaluer <strong>le</strong>s pratiques médica<strong>le</strong>s en médecine libéra<strong>le</strong> <strong>à</strong> des fins opérationnel<strong>le</strong>sd’amélioration des pratiques, <strong>le</strong>s études régiona<strong>le</strong>s évaluant <strong>le</strong>s pratiques de façon transversa<strong>le</strong>sur l’ensemb<strong>le</strong> d’une région pour une pathologie ou une pratique donnée, l’EPP évaluantquelques pratiques d’un médecin donné. Les URML ont tout intérêt <strong>à</strong> être acteurs del’évaluation des pratiques médica<strong>le</strong>s afin de pouvoir mieux maîtriser <strong>le</strong>s modalités et <strong>le</strong>sconséquences de ces évaluations et de pouvoir influencer <strong>le</strong>s réformes.A l’issue de cet inventaire il apparaît que <strong>le</strong>s structures évaluant <strong>le</strong>s pratiques médica<strong>le</strong>s enFrance sont diverses et touchent <strong>le</strong>s différents domaines (<strong>le</strong> dépistage, la prévention, <strong>le</strong>diagnostic, la thérapeutique et l’organisation des soins) et champs de la médecine (lamédecine libéra<strong>le</strong> et <strong>le</strong>s établissements de santé publics et privés).38


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…A court terme, l’objectif consiste soit <strong>à</strong> améliorer <strong>le</strong>s connaissances méthodologiques (objectifde recherche comme l’identification d’outils et de modes de diffusion des recommandations etdes résultats d’évaluation), soit <strong>à</strong> améliorer <strong>le</strong>s pratiques loca<strong>le</strong>s (établissement, médecin), soit<strong>à</strong> contrô<strong>le</strong>r la bonne utilisation des ressources (Assurance Maladie, DHOS). L’objectif <strong>à</strong> longterme de ces évaluations est d’améliorer <strong>le</strong>s pratiques médica<strong>le</strong>s afin d’optimiser l’efficienceet l’équité du système de santé cependant ceci suppose qu’un contrô<strong>le</strong> des actionsd’amélioration proposées soit mis en œuvre. En l’absence de ce contrô<strong>le</strong>, l’évaluation estcoûteuse et d’utilité limitée.L’objectif secondaire commun aux différents intervenants, hormis <strong>le</strong>s chercheurs, est demaîtriser <strong>le</strong>s conséquences de l’évaluation et de participer <strong>à</strong> la décision. Cependant, lamultiplicité des études, des objectifs et des méthodes rend l’interprétation des résultatsdiffici<strong>le</strong> et peut remettre en cause <strong>le</strong>ur pertinence. Dans cette diversité d’acteurs et cefoisonnement de démarches, il est indispensab<strong>le</strong> d’identifier une méthodologie communefacilitant l’utilisation et l’interprétation des résultats afin de permettre ensuite la mise enœuvre d’actions concrètes pour faire converger <strong>le</strong>s pratiques vers une pratique optima<strong>le</strong>. Deplus, une définition des rô<strong>le</strong>s de chacun permettrait de donner une certaine cohérence auxétudes réalisées. La HAS apparaît être la seu<strong>le</strong> structure indépendante et neutre pourl’évaluation des pratiques, el<strong>le</strong> pourrait être considérée comme la structure centra<strong>le</strong> del’évaluation. Autour d’el<strong>le</strong> se placent <strong>le</strong>s décideurs et <strong>le</strong>s financeurs d’une part, <strong>le</strong>sprofessionnels de santé d’autre part et enfin <strong>le</strong>s chercheurs (universitaires et membresd’instituts de recherche). La HAS a la mission d’évaluer un certain nombre de services desanté (dispositifs, actes, médicaments, pratiques médica<strong>le</strong>s, établissements…). El<strong>le</strong> n’a paspour vocation de réaliser des études de recherche, cependant il lui est nécessaire de bénéficierdes fruits de cette recherche (résultats des essais cliniques, développement de nouveaux outilsd’évaluation des pratiques ou de diffusion des recommandations…), d’où l’importance detravail<strong>le</strong>r avec <strong>le</strong>s universitaires et <strong>le</strong>s instituts de recherche ainsi qu’avec <strong>le</strong>s professionnelsde santé (établissements et médecins libéraux). De plus, la HAS n’a pas pour mission definancer ni de décider, par conséquent il est nécessaire que son autorité soit reconnue par <strong>le</strong>sfinanceurs et <strong>le</strong>s décideurs pour que <strong>le</strong>s décisions nécessaires <strong>à</strong> la mise en œuvre desrecommandations émises par la HAS soient prises d’une part pour faciliter <strong>le</strong>ur applicationpar <strong>le</strong>s professionnels et d’autre part pour suivre et contrô<strong>le</strong>r cette application. En l’absence deces deux mesures, <strong>le</strong> travail de la HAS serait coûteux et d’utilité limitée.39


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…40


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…I.2 Chapitre 2 : Méthodologie de l’évaluation de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>sSelon Contandriopoulos et al. [37], l’évaluation dans <strong>le</strong> domaine de la santé « consistefondamenta<strong>le</strong>ment <strong>à</strong> porter un jugement de va<strong>le</strong>ur sur une intervention en mettant en œuvreun dispositif permettant de fournir des informations scientifiquement valides et socia<strong>le</strong>mentlégitimes sur une intervention ou sur n’importe laquel<strong>le</strong> de ses composantes de façon <strong>à</strong> ce que<strong>le</strong>s différents acteurs concernés, qui peuvent avoir des jugements différents, soient en mesurede prendre position sur l’intervention et de construire un jugement qui puisse se traduire enactions ». Ces auteurs distinguent deux types d’évaluation : la recherche évaluative etl’évaluation normative. La recherche évaluative consiste <strong>à</strong> étudier <strong>le</strong>s effets d’une interventionsur la santé et <strong>le</strong>s relations entre ses composantes. L’évaluation normative consiste <strong>à</strong> étudier laconformité de l’intervention et de ses composantes <strong>à</strong> des normes. On peut éga<strong>le</strong>ment ajouterun autre type d’évaluation : l’évaluation descriptive (éga<strong>le</strong>ment appelée évaluation positive[16]) qui consiste <strong>à</strong> décrire une intervention ou ses composantes en l’absence de norme. Lesdeux derniers types d’évaluation sont <strong>le</strong>s plus utilisées en France dans <strong>le</strong> cadre de l’évaluationdes pratiques et en particulier de l’étude de <strong>le</strong>ur variabilité et de <strong>le</strong>ur conformité auxrecommandations existantes. Nous détail<strong>le</strong>rons ces deux types d’évaluation dans ce chapitreen présentant notamment <strong>le</strong>ur intérêt et <strong>le</strong>urs limites.I.2.1Les différents types d’évaluation— L’évaluation descriptiveDéfinition et exemp<strong>le</strong>sL’évaluation descriptive consiste <strong>à</strong> mesurer puis <strong>à</strong> comparer <strong>le</strong>s pratiques dans <strong>le</strong> temps [21]et/ou dans l’espace : entre régions [21, 22], entre établissements [14, 38][194][21, 22, 39] ouentre médecins [16, 17] afin de pouvoir porter un jugement sur <strong>le</strong>s pratiques observées parrapport <strong>à</strong> une norme explicite (moyenne ou fréquence définie comme représentant la pratiqueoptima<strong>le</strong>) ou implicite (la moyenne des observations par exemp<strong>le</strong>).Par exemp<strong>le</strong>, la CNAMTS [21] a décrit l’évolution dans <strong>le</strong> temps du marché des génériques(sur la période 2001-2002) permettant ainsi d’appréhender <strong>le</strong>s pratiques de prescription des41


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…médecins et de délivrance des pharmaciens concernant ces médicaments. El<strong>le</strong> a ainsi montréune augmentation du pourcentage de génériques dans <strong>le</strong> marché du médicament remboursab<strong>le</strong>(en montant présenté au remboursement) de 3,6% <strong>à</strong> 4,6% entre 2001 et 2002. Cette étuden’évaluait pas uniquement <strong>le</strong>s pratiques médica<strong>le</strong>s puisque ces chiffres sont <strong>le</strong> résultat soitd’une augmentation de la prescription de génériques par <strong>le</strong>s médecins soit d’une augmentationde la proposition de substitution par <strong>le</strong> pharmacien. Cependant, el<strong>le</strong> montre que l’évaluationdescriptive des pratiques est possib<strong>le</strong> <strong>à</strong> partir des données de remboursement dont disposel’Assurance Maladie.La CANAM [21] a observé <strong>le</strong>s pratiques concernant la chirurgie de la prothèse de hanchedans <strong>le</strong>s établissements privés dans chaque région. El<strong>le</strong> a notamment étudié <strong>le</strong> pourcentage deprothèses de hanche par région en fonction du nombre d’éléments de prothèse utilisés. Lespourcentages entre régions étaient relativement similaires.Concernant l’évaluation descriptive des pratiques et <strong>le</strong>ur comparaison entre établissements,<strong>le</strong>s résultats obtenus dans <strong>le</strong> cadre des évaluations réalisées par l’Assurance Maladie sontpubliés sous forme agrégée par régions ou départements [38][194][21, 22]. Ces données, quidécrivent l’offre de soins, ont été utilisées jusqu’en 2005 principa<strong>le</strong>ment dans <strong>le</strong> cadre de laplanification. Par exemp<strong>le</strong>, <strong>le</strong> service médical de l’Assurance Maladie a réalisé en 1997, <strong>à</strong> lademande de l’Agence Régiona<strong>le</strong> d’Hospitalisation (ARH) de la région Centre, une descriptionde l’offre de soins relative aux établissements de court séjour psychiatrique adulte. Lesdonnées recueillies portaient sur <strong>le</strong> nombre de lits autorisés, <strong>le</strong> nombre de lits installés, <strong>le</strong>nombre de patients présents et l’adéquation de <strong>le</strong>ur présence par rapport <strong>à</strong> <strong>le</strong>ur état de santé(qui permettait d’évaluer la pertinence de la prise en charge des patients eu égard <strong>à</strong> <strong>le</strong>ursbesoins médicaux). De cette variabilité dans l’offre de soins dépend une certaine variabilitédans <strong>le</strong>s pratiques notamment d’hospitalisation, comme a permis de <strong>le</strong> juger plus finementl’évaluation de l’adéquation des séjours par rapport <strong>à</strong> la santé des patients.Le projet COMPAQH [14] devrait quant <strong>à</strong> lui aboutir <strong>à</strong> la mesure d’indicateurs au niveau dechaque établissement. De même, dans <strong>le</strong> cadre de l’expérimentation en France d’un outild’évaluation des résidents, <strong>le</strong> RAI (Resident Assessment Instrument), en EtablissementsHébergeant des Personnes Agées Dépendantes (EHPAD), certaines pratiques médica<strong>le</strong>s ontété décrites pour chaque établissement volontaire en présentant <strong>le</strong>s résultats anonymisés [40].42


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…Les indicateursL’évaluation descriptive nécessite la mesure d’indicateurs de structure, de processus et derésultats [41]. Les indicateurs de structure concernent <strong>le</strong>s ressources matériel<strong>le</strong>s (<strong>le</strong> matérielutilisé, <strong>le</strong>s systèmes d’information) et humaines (<strong>le</strong>s effectifs, <strong>le</strong>s qualifications du personnel)ainsi que l’accessibilité des soins (géographique et financière). Les indicateurs de processusconcernent l’organisation (la gestion des dossiers patients, <strong>le</strong> circuit du patient…) et <strong>le</strong>spratiques de soins (<strong>le</strong>s techniques, <strong>le</strong>s procédures, <strong>le</strong>s pratiques médica<strong>le</strong>s). Les indicateurs derésultats comprennent <strong>le</strong>s résultats intermédiaires (par exemp<strong>le</strong> la diminution de la fréquencedes complications) et <strong>le</strong>s résultats finaux des pratiques médica<strong>le</strong>s qui sont : la mortalité, lamorbidité, l’incapacité, l’inconfort et l’insatisfaction [42].Dans <strong>le</strong> champ de l’amélioration de la qualité des pratiques, <strong>le</strong>s indicateurs de processus et derésultats sont <strong>le</strong>s plus utilisés. Les indicateurs de processus présentent l’avantage, s’ils sontliés aux résultats, de mesurer directement la pratique <strong>à</strong> modifier pour améliorer <strong>le</strong> résultat decel<strong>le</strong>-ci [42]. Ils nous intéressent donc tout particulièrement pour évaluer <strong>le</strong>s pratiques. Dansla littérature, <strong>le</strong>s auteurs discutent <strong>le</strong>s limites de ces indicateurs et <strong>le</strong> choix entre indicateurs deprocessus et indicateurs de résultats. Plusieurs auteurs considèrent que <strong>le</strong> manque de donnéessur l’association entre processus et résultats encourage plutôt <strong>à</strong> développer des indicateurs derésultats [42, 43]. Néanmoins, l’évaluation des processus est nécessaire car <strong>le</strong>s situations oùl’évaluation des résultats n’est pas possib<strong>le</strong> ou pas pertinente sont nombreuses [42, 44, 45].Dans <strong>le</strong> cadre de l’évaluation des pratiques, la mesure d’indicateurs de processus permet unemesure directe de la pratique et apparaît donc plus opérationnel<strong>le</strong> que la mesure d’indicateursde résultat.Avant d’utiliser des indicateurs il est indispensab<strong>le</strong> de vérifier <strong>le</strong>ur pertinence, <strong>le</strong>ur caractèreopérationnel et <strong>le</strong>urs performances métrologiques en terme de validité et de fiabilité [46-48].Un indicateur est d’autant plus pertinent qu’il permet de repérer directement <strong>le</strong>s causes desdysfonctionnements et que <strong>le</strong>s actions correctives au niveau des processus ont un impactsignificatif sur <strong>le</strong>s résultats. Un indicateur est opérationnel si sa mesure est réalisab<strong>le</strong> enpratique (existence d’une base de données, charge de travail définie et acceptée) et s’il répond<strong>à</strong> une attente des professionnels. Un indicateur est fiab<strong>le</strong> s’il donne des résultats constantslorsqu’il est appliqué de façon répétitive sur une même réalité. La fiabilité des indicateurs estparticulièrement importante dans l’évaluation des pratiques médica<strong>le</strong>s pour permettre de43


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…comparer <strong>le</strong>s résultats dans <strong>le</strong> temps ou dans l’espace. En effet, la variabilité des résultats nedoit pas être expliquée par une variabilité inter ou intra-enquêteur. Cela souligne l’intérêt desévaluations nationa<strong>le</strong>s, utilisant une méthode standardisée et recrutant des professionnelsformés dans ce but (des attachés de recherche clinique par exemp<strong>le</strong>) comme c’est <strong>le</strong> cas dans<strong>le</strong> cadre du projet COMPAQH. L’exploitation des bases de données nationa<strong>le</strong>s disponib<strong>le</strong>s,tel<strong>le</strong>s que cel<strong>le</strong>s de l’Assurance Maladie, permet éga<strong>le</strong>ment de décrire la variabilité despratiques et de réaliser des comparaisons en utilisant des données recueillies selon unprotoco<strong>le</strong> national [49]. Enfin, un indicateur est valide s’il mesure bien ce qu’il est censémesurer ; en particulier, sa variation doit refléter une variation de la qualité des soins et noncel<strong>le</strong> d’un autre paramètre. Notamment, on doit s’assurer que l’on mesure bien la qualité dessoins et non pas des caractéristiques des résidents non liées <strong>à</strong> la qualité. En effet, <strong>le</strong> niveau del'indicateur peut être influencé non seu<strong>le</strong>ment par la qualité des soins mais éga<strong>le</strong>ment par descaractéristiques propres au patient qui augmentent son risque de présenter des événementsindésirab<strong>le</strong>s sans être <strong>le</strong> ref<strong>le</strong>t d'une mauvaise qualité des soins. Dans ce cas il est nécessaired’élaborer des indicateurs ajustés sur <strong>le</strong>s caractéristiques des patients. L’interprétation durésultat de ces indicateurs ajustés et des comparaisons entre médecins ou entre établissementsréalisées en utilisant ces indicateurs sont alors rendues plus justes. Nous illustrons ci-après, <strong>à</strong>l’aide de l’un de nos travaux, l’importance de la prise en compte des caractéristiques despatients lors de l’élaboration d’indicateurs pour l’évaluation descriptive de la qualité de soins(pratiques et résultats) et la comparaison des établissements. Ce travail portait sur l’évaluationde la qualité des soins en Etablissements Hébergeant des Personnes Agées DépendantesEHPAD et comprenait l’élaboration d’indicateurs permettant la comparaison entreétablissements. Il a été réalisé dans <strong>le</strong> cadre d’un Programme Hospitalier de RechercheClinique.44


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…Illustration : évaluation descriptive des pratiques de soins en EHPAD et élaborationd’indicateurs pour la réalisation de comparaison entre établissementsIntroductionEn France, en 1999, la mise en place de la réforme de la tarification des ÉtablissementsHébergeant des Personnes Âgées Dépendantes (EHPAD) comprenait l’introduction d’unedémarche qualité par la mesure d’indicateurs permettant la réalisation d’un tab<strong>le</strong>au de bord[50, 51].Aux Etats-Unis, une équipe a particulièrement travaillé <strong>à</strong> l’élaboration d’indicateurs <strong>à</strong> partird’un « minimum de données standardisées » (Minimal Data Set [MDS]) décrivant <strong>le</strong>spersonnes hébergées. Il s’agit du Centre pour l’Analyse et la Recherche sur <strong>le</strong>s Systèmes deSanté (CHSRA : Center for Health Systems research and Analysis 2 ) de l’universitéWisconsin-Madison, dirigé par Zimmerman, qui a proposé 30 indicateurs [52] sur <strong>le</strong>squels 24ont été retenus : indicateurs de préva<strong>le</strong>nce ou d’incidence (évolution entre deux évaluationsdes résidents), de processus ou de résultat (tab<strong>le</strong>au 1). Ces indicateurs couvrent 11 domainesde soins et décrivent la fréquence de différents événements indésirab<strong>le</strong>s. Le travail derecherche de cette équipe a été réalisé avec <strong>le</strong> soutien financier de l’Health Care FinancingAdministration (HCFA).Plusieurs études ont montré la performance de ces indicateurs : la faisabilité, l’utilité, lavalidité et la fiabilité [52, 53]. L’utilisation de ces indicateurs pour évaluer la qualité desétablissements hébergeant des personnes âgées dépendantes permet de différencier <strong>le</strong>sétablissements selon <strong>le</strong>ur niveau de qualité [54]. De plus, <strong>le</strong> suivi régulier du niveau de cesindicateurs au sein des établissements aide <strong>à</strong> la mise en place de l’amélioration continue de laqualité [55]. Parmi <strong>le</strong>s indicateurs proposés par <strong>le</strong> CHSRA, seuls quatre prennent en compte<strong>le</strong>s caractéristiques des résidents avec la stratification des résidents en deux groupes <strong>à</strong> haut etbas risque de présenter l’événement indésirab<strong>le</strong> étudié.Plusieurs auteurs ont souligné l’importance de la prise en compte des caractéristiques despatients [56-58]. En effet, <strong>le</strong> niveau de l'indicateur peut être influencé non seu<strong>le</strong>ment par laqualité des soins mais éga<strong>le</strong>ment par des caractéristiques propres au résident qui augmententson risque de présenter des événements indésirab<strong>le</strong>s sans être <strong>le</strong> ref<strong>le</strong>t d'une mauvaise qualité45


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…des soins. Par exemp<strong>le</strong> pour l'indicateur « préva<strong>le</strong>nce des chutes » : la chute d'un résident peutêtre la conséquence de l'état démentiel de celui-ci. Ainsi un établissement qui accueil<strong>le</strong>beaucoup de personnes atteintes de démence aura un certain nombre de résidents qui ferontune chute sans que cela reflète un défaut de qualité. Mais la chute peut éga<strong>le</strong>ment êtreexpliquée par un défaut de vigilance des soignants ou une mauvaise prise en chargethérapeutique. Dans ce dernier cas la chute du résident révè<strong>le</strong> un défaut de la qualité de laprise en charge du résident par l'établissement. Il était donc nécessaire, pour chaque indicateurproposé, d'analyser quels étaient <strong>le</strong>s facteurs non liés <strong>à</strong> la qualité des soins qui influençaient lava<strong>le</strong>ur de l'indicateur, et d'en tenir compte dans la procédure d'estimation de l'indicateur. Deplus, <strong>le</strong>s ajustements développés pour une population donnée doivent être testés avant d’êtreappliqués <strong>à</strong> une autre population [59], ainsi <strong>le</strong>s ajustements éventuel<strong>le</strong>ment proposés par <strong>le</strong>CHSRA devaient être testés avant d’être appliqués <strong>à</strong> l’évaluation de la qualité des soins enEHPAD en France et d’autres ajustements pouvaient se révé<strong>le</strong>r nécessaires. Ce fut l’objet denotre étude.L'objectif de notre étude préliminaire était d’ajuster <strong>le</strong>s indicateurs proposés par <strong>le</strong> CHSRAavant de <strong>le</strong>s utiliser en France.MéthodeL’unité d’analyse était l’évaluation des résidents (558) de huit EHPAD français, volontairespour expérimenter un instrument d’évaluation du résident, <strong>le</strong> RAI (Resident AssessmentInstrument) entre janvier 1996 et juin 1999, dans <strong>le</strong> cadre d’un Programme Hospitalier deRecherche Clinique.Notre étude portait sur neuf événements pour <strong>le</strong>squels la fréquence était suffisante sur la basede données [40]. Parmi ces événements, sept étaient considérés comme des indicateurs derésultats des pratiques de soins : « <strong>le</strong>s chutes », « la déshydratation », « l’activité réduite »,« l’état grabataire », « <strong>le</strong>s infections urinaires », « <strong>le</strong>s escarres » et « l’incontinence urinaire ouféca<strong>le</strong> fréquente » et deux étaient considérés comme des indicateurs de processus :« l’utilisation de plus de huit médicaments » et « l’absence de plan de soins relatifs <strong>à</strong>l’incontinence ».2 www.chsra.wisc.edu46


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…Tab<strong>le</strong>au 1 : Indicateurs développés par <strong>le</strong> CHSRADomaines Indicateurs TypeP=ProcessusR=RésultatAccidentsIncidence des nouvel<strong>le</strong>s fracturesPréva<strong>le</strong>nce des chutes (30 jours)RRAjustementNonNonComportement et humeurPréva<strong>le</strong>nce des troub<strong>le</strong>s du comportementaffectant <strong>le</strong>s autresRDétérioration cognitivePsychosePréva<strong>le</strong>nce des symptômes de dépressionPréva<strong>le</strong>nce des symptômes de dépression sanstraitementRP+RNonNonPrise en charge clinique Plus de huit médicaments prescrits P NonElimination et continencePréva<strong>le</strong>nce de l’incontinence urinaire ou féca<strong>le</strong>fréquenteRDétérioration cognitivesévèreDépendance tota<strong>le</strong> pour <strong>le</strong>sdéplacementsPréva<strong>le</strong>nce de l’incontinence urinaire ou féca<strong>le</strong>occasionnel<strong>le</strong> ou fréquente sans plan de soinsPréva<strong>le</strong>nce des sondes urinaires <strong>à</strong> demeurePréva<strong>le</strong>nce du fécalomeP+RPRNonNonNonCognition Incidence de la détérioration cognitive R NonContrô<strong>le</strong> des infections Préva<strong>le</strong>nce des infections urinaires R NonAlimentationPréva<strong>le</strong>nce de la perte de poidsPréva<strong>le</strong>nce de l’alimentation par sondegastriquePréva<strong>le</strong>nce de la déshydratationRPRNonNonNonAutonomie fonctionnel<strong>le</strong>Préva<strong>le</strong>nce des résidents confinés au litIncidence du déclin aux AVQ*Incidence du déclin <strong>à</strong> la mobilitéPPPNonNonNonUtilisation des psychotropesPréva<strong>le</strong>nce de l’utilisation de psychotropes enl’absence de diagnostic spécifiquePDétérioration cognitiveTroub<strong>le</strong>s du comportementPréva<strong>le</strong>nce de l’utilisation des anxiolytiques ethypnotiquesPréva<strong>le</strong>nce d’utilisation d’hypnotiques>2 foisdans la semaine précédentePPNonNonQualité de viePréva<strong>le</strong>nce des contentions physiquesPréva<strong>le</strong>nce de l’activité réduitePRNonNonSoins de la peau Préva<strong>le</strong>nce des escarres stades 1 <strong>à</strong> 4 R Limitation <strong>à</strong> la mobilitéComaMalnutritionMaladie en phase termina<strong>le</strong>*AVQ : activités de la Vie Quotidienne47


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…Un groupe de travail a été constitué en collaboration avec <strong>le</strong> CCECQA afin de sé<strong>le</strong>ctionner <strong>le</strong>scaractéristiques des résidents <strong>à</strong> tester pour ajuster ces indicateurs en considérant la littérature[57, 58, 60, 61], <strong>le</strong>s ajustements du CHSRA [52], et ses propres propositions. Le groupemultidisciplinaire était composé d’utilisateurs de l’outil RAI. Il se composait d’infirmières,d’assistantes socia<strong>le</strong>s, d’aides-soignantes, de médecins et de chercheurs. Les caractéristiquesproposées devaient pouvoir expliquer une partie du résultat de l’indicateur (patient <strong>à</strong> hautrisque de présenter l’événement par exemp<strong>le</strong>), et ne pas refléter un problème de qualité dessoins.Pour chaque événement, <strong>le</strong>s caractéristiques des résidents sé<strong>le</strong>ctionnées furent analysées enunivarié, puis, lorsqu’ils étaient significativement associées <strong>à</strong> l’événement étudié, enmultivarié par une régression logistique pas <strong>à</strong> pas descendante selon la procédure de Hosmeret Lemeshow [62]. L’adéquation du modè<strong>le</strong> final a été vérifiée sur l’ensemb<strong>le</strong> de la base [63]en utilisant la tab<strong>le</strong> de classification, <strong>le</strong> test de calibration (test de Hosmer-Lemeshow) et <strong>le</strong>test de discrimination (aire sous la courbe ROC). Seuls <strong>le</strong>s modè<strong>le</strong>s qui vérifiaient <strong>le</strong>sconditions d’adéquation ont été retenus. Notamment il fallait un test de Hosmer-Lemeshownon significatif et une aire sous la courbe ROC supérieure ou éga<strong>le</strong> <strong>à</strong> 0,7.Nous avons calculé <strong>le</strong>s nombres observé et théorique des événements indésirab<strong>le</strong>s retenuspour chaque établissement. Le nombre théorique des événements indésirab<strong>le</strong>s a été calculé,pour chaque établissement de la base nationa<strong>le</strong>, compte-tenu de son « profil de clientè<strong>le</strong> », enadditionnant <strong>le</strong>s probabilités prédites pour chaque résident de cet établissement par <strong>le</strong>smodè<strong>le</strong>s ci-dessus [57, 58]. Les calculs ont été réalisés en tenant compte des exclusions audénominateur proposées par <strong>le</strong> groupe de travail.Nous avons ensuite comparé <strong>le</strong> nombre observé et <strong>le</strong> nombre théorique par établissement,pour chaque événement indésirab<strong>le</strong> en utilisant <strong>le</strong> test Z [43]. Si <strong>le</strong> nombre observé étaitdifférent du nombre théorique de la va<strong>le</strong>ur théorique, cela signifiait que <strong>le</strong> nombre de casobservé différait significativement du nombre de cas théorique en prenant en compte <strong>le</strong>« profil de clientè<strong>le</strong> » de l’établissement.Enfin, nous avons comparé <strong>le</strong>s établissements en présentant <strong>le</strong> nombre observé d’événementsainsi que <strong>le</strong> rapport entre nombres observé et théorique qui était l’indicateur ajusté proposé.48


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…RésultatsLes résultats de l’analyse univariée et multivariée sont présentés dans <strong>le</strong>s tab<strong>le</strong>aux III et IV del’artic<strong>le</strong> joint en annexe 1 [39] : « Moty C, Barberger-Gateau P, de Sarasqueta A, Teare GF,Henrard JC. Risk adjustment of quality indicators in French long term care facilities forelderly peop<strong>le</strong>. A preliminary study ». Six indicateurs ont été maintenus sans ajustement. Pourl’événement « absence de plan de soins relatifs <strong>à</strong> l’incontinence », l’indicateur a été stratifiésur « maladie neurologique-démence » (p


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…tab<strong>le</strong>au 3 ci-dessous. La seu<strong>le</strong> différence significative concernait l’établissement G.L’établissement avait moins de résidents incontinents que ce que <strong>le</strong> modè<strong>le</strong> prédisait. Il faisaitdonc mieux, concernant l’indicateur « Incontinence urinaire ou féca<strong>le</strong> fréquente » que ce quiétait attendu compte-tenu de son profil de clientè<strong>le</strong>.Tab<strong>le</strong>au 2 : Résultats respectifs des établissements pour l’événement « Absence de plande soins relatifs <strong>à</strong> l’incontinence » : stratification sur la variab<strong>le</strong> « maladiesneurologiques, démences » (N=138)n = nombre de résidents sans plan de soinsN = nombre de résidents incontinents dans l’établissementÉtablissement Total Groupe sans« maladiesneurologiques– démences »Groupe avec« maladiesneurologiques– démences »N n % N n % N n %A 17 15 88 6 6 100,0 11 9 81,8B 12 12 100 8 8 100,0 4 4 100,0C 17 12 71 10 7 70,0 7 5 71,4D 14 13 93 10 9 90,0 4 4 100,0E 21 7 33 5 2 40,0 16 5 31,2F 15 7 47 7 4 57,1 8 3 37,5G 28 14 50 8 7 87,5 20 7 35,0H 14 13 93 8 8 100,0 6 5 83,3Tab<strong>le</strong>au 3 : Nombres observé et théorique de résidents ayant une incontinence urinaireou féca<strong>le</strong> fréquente sur l’ensemb<strong>le</strong> des résidents évalués de chaque établissement, enexcluant <strong>le</strong>s résidents étant dans <strong>le</strong> coma, ayant une sonde urinaire <strong>à</strong> demeure ou unecolostomie (N=493)ÉtablissementNombre derésidentsévaluésNombreobservéNombrethéoriqueTest ZScore Z pA 62 29 27,6 0,36 NSB 50 28 25,6 0,68 NSC 68 45 37,1 1,92 NSD 39 17 18,4 -0,45 NSE 57 36 33,9 0,57 NSF 35 22 18,4 1,22 NSG 125 44 56,4 -2,23


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…Tab<strong>le</strong>au 4 : Nombres observé et théorique de résidents ayant des escarres sur l’ensemb<strong>le</strong>des résidents évalués de chaque établissement (N=508)ÉtablissementNombre derésidentsévaluésNombreobservéNombrethéoriqueTest ZScore Z pA 69 16 10,8 1,72 NSB 58 8 10,4 -0,82 NSC 65 3 12,3 -2,94


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…soins relatifs <strong>à</strong> l’incontinence ». L’identification de ces caractéristiques permet de cib<strong>le</strong>rl’action correctrice qui sera dans notre cas d’améliorer la prise en charge de l’incontinenceurinaire quel que soit l’état neurologique du patient, voire de rappe<strong>le</strong>r l’importance d’unprotoco<strong>le</strong> de prise en charge urinaire, y compris, des résidents ne souffrant pas de maladieneurologique ou de démence (particulièrement pour <strong>le</strong>s établissements F et G).La description, pour chaque établissement, des deux indicateurs pour <strong>le</strong>squels nous avonsproposé un modè<strong>le</strong>, suggérait éga<strong>le</strong>ment l’importance de mesurer plusieurs indicateurs pourévaluer la qualité des soins. En effet, comme <strong>le</strong> soulignent plusieurs auteurs [43, 57, 58, 61],un établissement ne peut pas être de performance éga<strong>le</strong> vis-<strong>à</strong>-vis de tous <strong>le</strong>s indicateurs. Lamesure d’un seul indicateur conduirait <strong>à</strong> des conclusions erronées [57].Cette étude d’évaluation descriptive se heurte <strong>à</strong> la limite méthodologique présentéeprécédemment, commune <strong>à</strong> toute évaluation, qui est la définition de la norme. Bien que nousayons ajusté plusieurs indicateurs sur <strong>le</strong>s caractéristiques des résidents, la norme implicite estla moyenne obtenue sur l’ensemb<strong>le</strong> des établissements. En effet, étant développés <strong>à</strong> partir del’ensemb<strong>le</strong> de la base de données disponib<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s modè<strong>le</strong>s proposés reflètent <strong>le</strong>s pratiquesobservées : <strong>le</strong> nombre attendu des événements dans chaque établissement est calculé sur labase de ce qui est observé en moyenne sur l’ensemb<strong>le</strong> des établissements étudiés. Ceci exposeau risque de donner une fausse impression de « bonne qualité » aux établissements, commenous l’avons dit précédemment. Cependant, el<strong>le</strong> permet la réalisation d’une comparaison entre<strong>le</strong>s établissements qui prend en compte <strong>le</strong>ur profil de résidents, sachant que <strong>le</strong>scaractéristiques prises en compte ne sont pas liées <strong>à</strong> un problème de qualité des soins.Notre étude présentait éga<strong>le</strong>ment des limites propres, la première étant la tail<strong>le</strong> del’échantillon étudié qui ne permettait pas de tester différentes méthodes de classification desétablissements, <strong>le</strong>s petits effectifs étant exposés <strong>à</strong> avoir des taux instab<strong>le</strong>s [64]. A cause decette faib<strong>le</strong>sse des effectifs, nous avons éga<strong>le</strong>ment pu manquer de puissance pour montrer desassociations significatives entre <strong>le</strong>s caractéristiques des résidents et <strong>le</strong>s événements.Cependant, nous avons pu identifier certaines associations significatives statistiquement etcliniquement. De plus, <strong>le</strong>s indicateurs que nous n’avons pas ajustés, ne l’étaient pas non pluspar <strong>le</strong> CHSRA [52, 61].La deuxième limite est <strong>le</strong> biais de sé<strong>le</strong>ction introduit 1) par l’engagement volontaire desétablissements dans <strong>le</strong> projet, 2) <strong>le</strong> fait que tous <strong>le</strong>s résidents n’ont pas été évalués. La52


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…conséquence peut être un biais dans l’estimation de la préva<strong>le</strong>nce des événements maiséga<strong>le</strong>ment pour <strong>le</strong>ur prédiction. Une validation externe [65] de nos indicateurs est nécessairesavant de <strong>le</strong>s utiliser pour l’ensemb<strong>le</strong> des EHPAD en France.Troisièmement, <strong>le</strong> groupe de travail a pu omettre certaines caractéristiques des résidents <strong>à</strong>tester. Cependant, pour une utilisation des indicateurs en routine, il est préférab<strong>le</strong> de limiter <strong>le</strong>nombre de caractéristiques prises en compte pour ajustement.Enfin, notre étude ne portait que sur <strong>le</strong>s caractéristiques des résidents qui auraient puexpliquer des différences dans <strong>le</strong>s pratiques ou <strong>le</strong>s résultats des soins. Il aurait pu êtreintéressant d’étudier éga<strong>le</strong>ment des caractéristiques des établissements <strong>à</strong> prendre en comptepour la réalisation de comparaison inter-établissements [66].En conclusion, ce travail a permis de souligner l’importance de la prise en compte descaractéristiques des résidents pour l’évaluation descriptive des pratiques et des résultats desoins en vue de la réalisation de comparaisons inter-établissements. Cette évaluationdescriptive conduit <strong>à</strong> un jugement relatif. Ce n’est pas la qualité absolue d’une pratique ausein d’un établissement qui est évaluée mais sa qualité relative par rapport <strong>à</strong> ce qui est réalisédans d’autres établissements. Une pratique ainsi évaluée n’est pas jugée comme « bonne » oumauvaise » mais comme « mieux » ou « moins bien ».Ce travail a fait l’objet de la publication d’un artic<strong>le</strong> dans la Revue d’Epidémiologie et deSanté Publique.53


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…Artic<strong>le</strong>Moty C, Barberger-Gateau P, de Sarasqueta A, Teare GF, Henrard JC. Riskadjustment of quality indicators in French long term care facilities for elderlypeop<strong>le</strong>. A preliminary study. [Ajustement d'indicateurs de qualité des soins pour<strong>le</strong>s Établissements Hébergeant des Personnes Âgées Dépendantes en France.Une étude préliminaire]. Rev Epidemiol Sante Publique 2003;51(3):327-338.Se reporter <strong>à</strong> l’annexe 154


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…Intérêt de l’évaluation descriptivePour <strong>le</strong>s financeurs et <strong>le</strong>s décideurs, tels que l’Assurance Maladie, la Direction del’Hospitalisation et de l’Organisation des Soins (DHOS) et <strong>le</strong>s Agences Régiona<strong>le</strong>sd’Hospitalisation, l’évaluation descriptive est particulièrement uti<strong>le</strong> pour la planification etl’organisation de l’offre de soins sur un territoire afin de diminuer la variabilité des pratiques.El<strong>le</strong> ne suppose pas de critères sous-jacents mais implique de prendre en compte d’autresinformations (caractéristiques de la population, de la région…) que cel<strong>le</strong>s contenues dans <strong>le</strong>calcul des indicateurs, sauf s’il s’agit d’indicateurs ajustés (comme <strong>le</strong>s ratios par exemp<strong>le</strong>),afin de rendre comparab<strong>le</strong>s <strong>le</strong>s résultats des indicateurs mesurés sur plusieurs régions ouétablissements.Pour <strong>le</strong> demandeur de soins (<strong>le</strong> patient), l’évaluation descriptive est éga<strong>le</strong>ment pertinente afinde mieux connaître l’offre de soins, même si <strong>le</strong> plus souvent c’est <strong>le</strong> médecin ou <strong>le</strong>scirconstances qui décident pour <strong>le</strong> patient du lieu d’hospitalisation ou de soins. Un effortd’information et de transparence est réalisé par <strong>le</strong>s établissements et par la HAS (avec parexemp<strong>le</strong> la mise en ligne des comptes-rendus de l’accréditation des établissements) afin depermettre aux patients de juger de la qualité des établissements. Cependant, ces informationsrestent sommaires et il est encore très diffici<strong>le</strong> en 2005 pour <strong>le</strong>s patients de juger de la qualitédes soins.Enfin, <strong>le</strong>s professionnels de santé (ou fournisseurs de soins) peuvent être intéressés parl’évaluation descriptive si el<strong>le</strong> se situe dans une démarche d’amélioration de la qualité. Le butde la description est alors pour <strong>le</strong>s professionnels d’identifier <strong>le</strong>s meil<strong>le</strong>urs fournisseurs desoins et d’identifier <strong>le</strong>urs pratiques et de se <strong>le</strong>s approprier pour améliorer la qualité des soins.Limites de l’évaluation descriptiveL’évaluation descriptive pose <strong>le</strong> problème de l’interprétation des résultats des indicateursretenus. En effet, la norme implicite dans une évaluation de ce type est constituée par un desparamètres de la distribution statistique de l’indicateur décrit. Or ce paramètre, qui peut êtreune moyenne, un percenti<strong>le</strong>… sur un ensemb<strong>le</strong> d’hôpitaux ou de régions ou sur une périodedonnée (avec dans ce cas une comparaison des résultats obtenus au cours du temps), nepermet aucun jugement de va<strong>le</strong>ur car il ne dépend que des mesures effectuées sur une réalité(imparfaite) et non d’un objectif <strong>à</strong> atteindre. Etre « au-dessus de la moyenne » mathématique,55


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…ne veut, médica<strong>le</strong>ment parlant, strictement rien dire. Cette norme implicite présente donc <strong>le</strong>risque d’entraîner un jugement biaisé de « bonne qualité des pratiques » [67]. Afin de couvrirce risque, une étape importante lors de l’élaboration des indicateurs consiste en l’élaborationd’un ou de plusieurs seuils (ou « standards ») [47] qui permettent de distinguer <strong>le</strong>s pratiquessatisfaisantes des pratiques excel<strong>le</strong>ntes et insatisfaisantes <strong>à</strong> partir des connaissances (sur <strong>le</strong>principe de l’Evidence Based Medicine) et du jugement d’individus. Ceci implique d’utiliserdes méthodes qualitatives. Toutefois, la méthode pour fixer ces seuils ne fait pas l’objet d’unconsensus, il peut s’agir d’une méthode Delphi [68-70] ou de l’utilisation de focus groupes[71]. Les seuils ainsi fixés voient donc <strong>le</strong>ur validité et fiabilité réduites du fait des limites desméthodes de consensus [72] et peuvent faire l’objet d’une réévaluation périodique [67]. Rantzet al. [67] soulignaient l’importance de fixer des seuils suffisamment hauts pour stimu<strong>le</strong>r <strong>le</strong>séquipes tout en restant accessib<strong>le</strong>s. La définition de seuils dans <strong>le</strong> cadre d’une évaluationdescriptive fut l’objet d’une de nos études de recherche au Canada. Ce sujet sera présentédans la section I.2.4 puisqu’il concerne éga<strong>le</strong>ment l’évaluation normative.56


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…— L’évaluation normativeDéfinition et exemp<strong>le</strong>sL’évaluation normative [37] consiste <strong>à</strong> mesurer des écarts entre la pratique observée et unréférentiel, qu’il s’agisse :- d’un <strong>texte</strong> rég<strong>le</strong>mentaire [27 , 28]Par exemp<strong>le</strong>, l’étude de la conformité des dossiers patients dans 15 établissements enAquitaine, étude réalisée par <strong>le</strong> CCECQA [27], avait notamment utilisé comme référentiel unerég<strong>le</strong>mentation détaillée. Cel<strong>le</strong>-ci comprenait <strong>le</strong> décret relatif aux règ<strong>le</strong>s de fonctionnementdes centres hospitaliers et des centres locaux (décret n°74-27 du 14 janvier 1974), la circulairerelative aux droits des patients hospitalisés (circulaire n°95-22 du 6 mai 1995), <strong>le</strong> décretrelatif au dossier médical et <strong>à</strong> l’information des personnes accueillies dans <strong>le</strong>s établissementsde santé publics et privés (décret n°92-329 du 30 mars 1992) et <strong>le</strong> décret relatif aux actesprofessionnels et <strong>à</strong> l’exercice de la profession infirmier (décret n°93-345 du 15 mars 1993).Cette étude avait montré une variabilité de la qualité et du contenu des dossiers selon <strong>le</strong>sétablissements et des écarts par rapport <strong>à</strong> la norme. Par exemp<strong>le</strong> <strong>le</strong> taux de dossiers pour<strong>le</strong>squels l’ensemb<strong>le</strong> des documents relatifs <strong>à</strong> l’admission étaient présent variait de 61,2% <strong>à</strong>97,2% avec une médiane <strong>à</strong> 97,8%.- d’une recommandation professionnel<strong>le</strong> élaborée par une société savante [21 , 22 , 29]Par exemp<strong>le</strong>, dans <strong>le</strong> cadre de l’étude de l’Assurance Maladie portant sur la prise en chargebucco-dentaire des patients <strong>à</strong> risque d’endocardite infectieuse, <strong>le</strong> référentiel était constitué par<strong>le</strong>s recommandations émises par la Société de pathologie infectieuse de langue française [73].Cette étude a montré une variabilité de la prise en charge de ces patients et des écarts parrapport au référentiel avec notamment : une absence de suivi bucco-dentaire pour plus de lamoitié des patients <strong>à</strong> risque d’endocardite infectieuse et un état bucco-dentaire des patientsnon satisfaisant pour <strong>le</strong>s ¾ des patients non suivis [22].57


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…- d’une recommandation professionnel<strong>le</strong> élaborée par une agence tel<strong>le</strong> que l’AFSSaPS (dont<strong>le</strong>s Autorisations de Mise sur <strong>le</strong> Marché [AMM]) [21, 22], l’ANDEM [27, 29, 33, 34],l’ANAES [21, 22] et maintenant la Haute Autorité de santé.Par exemp<strong>le</strong>, l’Union Régiona<strong>le</strong> des Caisses d’Assurance Maladie (URCAM) du Limousin aétudié la prise en charge des patients traités par anti-vitamines K (AVK) dans cette région, enutilisant comme référentiel <strong>le</strong>s recommandations émises par l’AFSSaPS [74] pour améliorerla qualité de l’équilibre thérapeutique des patients sous AVK. Cette étude mettait notammenten évidence un suivi biologique insuffisant chez un tiers des patients et un équilibrethérapeutique précaire chez deux tiers des patients [22].- d’une recommandation professionnel<strong>le</strong> adaptée d’un référentiel étranger [24]Par exemp<strong>le</strong>, l’étude menée par l’AP-HP [24] sur la prescription de radiographies de chevil<strong>le</strong>en service d’urgence utilisait comme référentiel <strong>le</strong>s règ<strong>le</strong>s d’Ottawa. Cette étude montrait destaux de demandes de radiographies de chevil<strong>le</strong> similaires dans <strong>le</strong>s cinq établissements avantl’intervention (diffusion du référentiel) et une diminution du taux de radiographies prescritesaprès intervention.- d’un référentiel élaboré par <strong>le</strong>s auteurs de l’étude d’évaluation en utilisant des méthodes deconsensus [30 , 31]Par exemp<strong>le</strong>, <strong>le</strong> projet du CCECQA portant sur l’optimisation des prescriptions du bilanthyroïdien comprenait dans un premier temps l’élaboration de la recommandation [75] par ungroupe de travail régional, comprenant des biologistes et des médecins prescripteurs de bilanthyroïdien, avec la participation d’un groupe de re<strong>le</strong>cture national [32]. Cette étude montraitune forte augmentation du volume de prescription de la THS seu<strong>le</strong> (Hormone Stimulant lathyroïde) après la diffusion de la recommandation.L’évaluation normative est <strong>le</strong> plus souvent réalisée en utilisant la méthode de l’audit cliniquequi comprend différentes étapes <strong>à</strong> réaliser méthodologiquement sur <strong>le</strong> terrain comme nous <strong>le</strong>sprésenterons dans la section 1.4.2 <strong>à</strong> l’aide d’une de nos publications [76]. L’évaluationnormative est parfois effectuée en exploitant des bases de données disponib<strong>le</strong>s. Ainsil’Assurance Maladie a étudié la prescription de certains médicaments <strong>à</strong> partir des données deremboursement [21, 22].58


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…Intérêt de l’évaluation normativeL’évaluation normative est particulièrement intéressante pour <strong>le</strong>s fournisseurs de soinsimpliqués dans une démarche d’amélioration de la qualité, pour identifier un écart par rapport<strong>à</strong> un référentiel reconnu comme présentant la pratique recommandée. Cette évaluation permetd’identifier précisément un point d’une pratique <strong>à</strong> améliorer. La difficulté réside ensuite dansl’identification et la mise en œuvre des mesures correctrices de ces écarts. En effet, danscertains cas, l’identification d’un écart est simp<strong>le</strong> (par exemp<strong>le</strong> : absence de compte-renduopératoire dans <strong>le</strong> dossier médical du patient) mais l’identification et la mise en œuvre desmesures correctrices ne sont pas aisées. Ces mesures pourront viser <strong>à</strong> l’information deschirurgiens et du secrétariat, <strong>à</strong> l’élaboration d’une procédure pour s’assurer que <strong>le</strong> compterenduopératoire sera mis dans <strong>le</strong> dossier puis <strong>à</strong> la mise en œuvre de cette procédure.L’évaluation normative est éga<strong>le</strong>ment intéressante du point de vue des décideurs et financeurspour la mise en œuvre de sanctions ou d’incitations éventuel<strong>le</strong>s. Ainsi, suite <strong>à</strong> l’étude de laCaisse Primaire d’assurance Maladie (CPAM) des Hautes-Alpes sur la prescription de sulfatede morphine, des patients toxicomanes ayant bénéficié d’un remboursement pour cetraitement (hors AMM) ont été identifiés [22]. Le Service Médical a ainsi pu mettre en œuvredes actions correctrices tel<strong>le</strong>s que l’envoi d’une <strong>le</strong>ttre de mise en garde aux médecinsprescrivant du sulfate de morphine dans <strong>le</strong> cadre de la prise en charge de patients toxicomaneset la cessation de ce remboursement.Limites de l’évaluation normativeL’évaluation normative pose <strong>le</strong> problème de la définition de la norme. En effet, cel<strong>le</strong>-ci doitêtre de qualité pour pouvoir être opposab<strong>le</strong>. C’est pourquoi, par exemp<strong>le</strong>, la qualité desrecommandations de pratique clinique (RPC) est vérifiée avec un outil générique utilisé defaçon internationa<strong>le</strong>. Il s’agit de la gril<strong>le</strong> AGREE d’évaluation de la qualité desrecommandations pour la pratique clinique (Appraisal of Guidelines for Research andEvaluation Instrument) [77, 78].Cette gril<strong>le</strong> évalue d’une part la qualité de la formulation de la recommandation (validitéexterne) et d’autre part <strong>le</strong> contenu de cel<strong>le</strong>-ci (validité interne) en prenant en compte laméthode d’élaboration de la recommandation. La gril<strong>le</strong> AGREE se décompose ainsi enplusieurs parties portant sur <strong>le</strong>s domaines suivants : <strong>le</strong> champ et l’objectif de larecommandation évaluée, la participation des groupes concernés par cette recommandation, la59


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…rigueur de l’élaboration de la recommandation, la clarté et la présentation, l’applicabilité de larecommandation et l’indépendance éditoria<strong>le</strong>. Cette gril<strong>le</strong> est utilisée par la HAS pour évaluer<strong>le</strong>s recommandations diffusées sur la « base française d’évaluation en santé » (accessib<strong>le</strong> sur<strong>le</strong> site Internet de la HAS).On peut toutefois opposer trois limites <strong>à</strong> l’utilisation de cette gril<strong>le</strong>. Premièrement, el<strong>le</strong>n’évalue pas l’impact pratique de la recommandation (il s’agit d’une évaluation théorique dela recommandation). Deuxièmement, el<strong>le</strong> donne lieu au calcul de scores pour chaque domainesans pondération des questions en fonction de <strong>le</strong>ur importance pour la validité et parconséquent l’opposabilité de la recommandation. Par exemp<strong>le</strong>, pour <strong>le</strong> calcul du scorecorrespondant au champ « rigueur d’élaboration de la RPC », l’item « <strong>le</strong>s bénéfices, <strong>le</strong>s effetssecondaires et <strong>le</strong>s risques en terme de santé ont été pris en considération dans la formulationdes recommandations » a <strong>le</strong> même poids que l’item « une procédure d’actualisation de la RPCest décrite ». Troisièmement, <strong>le</strong>s scores par domaine ainsi obtenus peuvent être utilisés pourcomparer <strong>le</strong>s recommandations entre el<strong>le</strong>s mais il n’est pas possib<strong>le</strong> d’identifier un seuilpermettant de distinguer <strong>le</strong>s bonnes des mauvaises recommandations, ce qui limitel’utilisation de ces scores.L’évaluation normative pose éga<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> problème de la définition de la variabilitéacceptab<strong>le</strong>, reflétant une pratique de qualité satisfaisante, et de la variabilité inacceptab<strong>le</strong>,reflétant une qualité des soins peu satisfaisante. Soit on considère qu’aucun écart ne doit êtreobservé entre une pratique observée et <strong>le</strong> référentiel : <strong>le</strong> seuil est alors nul (aucun écart) oumaximum (100% des dossiers comp<strong>le</strong>ts par exemp<strong>le</strong>). Soit on considère une certaine part dela variabilité acceptab<strong>le</strong> et la définition du seuil est alors <strong>à</strong> préciser. En effet on pourraitadmettre qu’aucune variabilité ne devrait exister en ce qui concerne <strong>le</strong> dérou<strong>le</strong>ment d’un actemédical pour <strong>le</strong>quel il existe une procédure établie, mais il est diffici<strong>le</strong> de refuser toutevariabilité dans <strong>le</strong> choix d’une pratique médica<strong>le</strong>, la décision médica<strong>le</strong> ayant lieu <strong>le</strong> plussouvent en situation d’incertitude médica<strong>le</strong> liée pour une part aux données de l’examenclinique du patient. La limite posée par la nécessité de définir un seuil dans <strong>le</strong> cadre del’évaluation normative rejoint la limite précédemment discutée dans <strong>le</strong> cas de l’évaluationdescriptive. Nous détail<strong>le</strong>rons ce point dans la section I.2.4. « Définition d’un seuil ».En conclusion, l’évaluation normative présente l’avantage d’identifier des écarts entre unepratique observée et une recommandation considérée comme étant la norme, permettant ainsila mise en œuvre d’actions correctrices de ces écarts. El<strong>le</strong> présente <strong>le</strong>s limites liées <strong>à</strong> la60


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…définition de cette norme et <strong>à</strong> la définition de la variabilité acceptab<strong>le</strong> par rapport <strong>à</strong> cettenorme.— La recherche évaluativeDans <strong>le</strong> cadre de l’évaluation des pratiques, seu<strong>le</strong>s <strong>le</strong>s études de recherche peuvent appartenir<strong>à</strong> ce dernier type d’évaluation, la recherche évaluative. El<strong>le</strong>s sont peu nombreuses car el<strong>le</strong>sn’ont pas d’impact <strong>à</strong> court terme sur <strong>le</strong>s pratiques, même si el<strong>le</strong>s intéressent <strong>le</strong>s financeurs et<strong>le</strong>s décideurs <strong>à</strong> long terme pour identifier de nouvel<strong>le</strong>s modalités d’intervention pour faireconverger <strong>le</strong>s pratiques. Les études menées par l’IRDES dans <strong>le</strong> cadre de l’évaluation despratiques [16, 17] peuvent être classées dans la recherche l’évaluative. El<strong>le</strong>s ont pour objectifde mieux comprendre <strong>le</strong>s raisons de l’hétérogénéité des pratiques. El<strong>le</strong>s ne présentent pas derésultats individuels et ne permettent donc pas d’évaluer <strong>le</strong>s pratiques d’un médecin donné, nide <strong>le</strong>s comparer <strong>à</strong> cel<strong>le</strong>s d’autres médecins. Par contre, ces études s’attachent <strong>à</strong> étudier <strong>le</strong>sliens entre <strong>le</strong>s caractéristiques des patients, des médecins et des consultations afin d’identifierdes déterminants de la variabilité des pratiques. El<strong>le</strong>s s’attachent notamment <strong>à</strong> étudier lavariabilité des pratiques inter-médecins. Nous détail<strong>le</strong>rons <strong>le</strong>s sources de données et <strong>le</strong>sméthodes d’analyse des données utilisées par <strong>le</strong>s chercheurs de l’IRDES dans <strong>le</strong>s sectionssuivantes de ce chapitre 2 ainsi que <strong>le</strong>s résultats de ces études dans <strong>le</strong> chapitre 3 (causes de lavariabilité des pratiques).61


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…En résumé, il apparaît qu’il existe différents types d’évaluations ayant chacun des avantageset des inconvénients. L’évaluation descriptive pose <strong>le</strong> problème du choix des indicateurs et del’interprétation de <strong>le</strong>urs résultats tandis que l’évaluation normative pose <strong>le</strong> problème de ladéfinition d’une norme (une recommandation par exemp<strong>le</strong>) et de l’écart acceptab<strong>le</strong> entre <strong>le</strong>spratiques observées et la norme. La recherche évaluative appartient par définition au domainede la recherche et a par conséquent moins de place dans l’évaluation des pratiques réaliséedans <strong>le</strong> but d’améliorer <strong>le</strong>s pratiques <strong>à</strong> court terme.L’évaluation normative apparaît être la plus opérationnel<strong>le</strong> pour proposer des actions visant <strong>à</strong>faire converger <strong>le</strong>s pratiques, cependant el<strong>le</strong> implique que soient définis : d’une part unenorme et l’écart acceptab<strong>le</strong>, d’autre part <strong>le</strong>s mesures d’incitation au respect de cette norme etéventuel<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s sanctions. En effet, l’utilité de l’évaluation des pratiques, quel que soit sontype, dépend des conséquences de cette évaluation. Ainsi, l’absence de suivi <strong>à</strong> l’issue del’évaluation lui enlève une grande part d’utilité sans en amoindrir <strong>le</strong> coût.Le cadrage méthodologique que nous avons utilisé est critiquab<strong>le</strong>. En particulier, ladistinction entre évaluation normative et évaluation descriptive peut paraître artificiel<strong>le</strong>. Eneffet l’évaluation normative utilise éga<strong>le</strong>ment des indicateurs et l’évaluation descriptiveimplique éga<strong>le</strong>ment l’utilisation d’une norme qui est dans ce cas implicite (moyenne observéesur un ensemb<strong>le</strong> par exemp<strong>le</strong>). Cependant la distinction entre ces deux types d’évaluationpermettait de différentier <strong>le</strong>s situations pour <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s une norme explicite avait été définie,tel qu’un référentiel ou une recommandation, des situations pour <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s il n’en existaitpas. En effet, l’interprétation des résultats est alors différente, dans <strong>le</strong> premier cas il s’agit demesurer des écarts par rapport <strong>à</strong> une norme prédéfinie, dans <strong>le</strong> second cas il s’agit d’analyser<strong>le</strong>s résultats par rapport <strong>à</strong> un seuil <strong>à</strong> préciser.62


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…I.2.2Les sources de donnéesLes données utilisées pour évaluer <strong>le</strong>s pratiques médica<strong>le</strong>s peuvent provenir de systèmesd’information déj<strong>à</strong> en place ou nécessiter un recueil spécifique de données. Les informationsnécessaires dans <strong>le</strong> cadre d’une étude d’évaluation comprennent <strong>à</strong> la fois <strong>le</strong>s données quipermettent de mesurer <strong>le</strong>s pratiques (information sur la prestation, <strong>le</strong>s actes, la prescription) etcel<strong>le</strong>s qui permettent de <strong>le</strong>s justifier, ainsi des données médica<strong>le</strong>s sont <strong>le</strong> plus souventnécessaires pour juger de l’opportunité d’un traitement qu’il soit médical ou chirurgical. Deplus la variabilité des pratiques observées peut éga<strong>le</strong>ment être liée <strong>à</strong> d’autres facteurs liés aumédecin (ancienneté, mode d’exercice) ou <strong>à</strong> l’offre de soins (nombre de médecins etproximité des services de soins pour <strong>le</strong> patient, par exemp<strong>le</strong>), ces données pourront donc êtrenécessaires pour expliquer une partie de la variabilité observée. Nous reviendrons sur cesfacteurs dans la section « causes de la variabilité des pratiques ».— Les systèmes d’information disponib<strong>le</strong>sPlusieurs systèmes d’information disponib<strong>le</strong>s en 2005 offrent des données exploitab<strong>le</strong>s pourl’évaluation des pratiques médica<strong>le</strong>s. Toutefois, cette exploitation s’avère parfois limitée car<strong>le</strong>s systèmes d’information n’ont pas toujours été conçus dans une optique d’évaluation de lavariabilité des pratiques et certaines données viennent ainsi <strong>à</strong> manquer. Un recueil de donnéesspécifique peut donc être nécessaire pour compléter <strong>le</strong>s données disponib<strong>le</strong>s. Ainsi <strong>le</strong>s étudesréalisées par l’IRDES étudiant la variabilité des pratiques exploitent d’une part <strong>le</strong>s données del’observatoire épidémiologique Thalès (présenté plus loin) qui sont col<strong>le</strong>ctées de façonsystématique par <strong>le</strong>s médecins généralistes [16, 17] et d’autre part <strong>le</strong>s données renseignées par<strong>le</strong>s médecins <strong>à</strong> l’occasion de l’étude. Par exemp<strong>le</strong>, pour l’étude relative <strong>à</strong> la prise en chargedes hyperlipidémies, une enquête complémentaire avait été réalisée en ajoutant un écransupplémentaire temporaire au logiciel informatique dont disposaient <strong>le</strong>s médecins de l’étude[16]. Les données complémentaires portaient sur <strong>le</strong> con<strong>texte</strong> de prescription et d’exercice dumédecin. De même, <strong>le</strong>s études réalisées par l’Assurance Maladie combinent <strong>le</strong> plus souventtrois types de données : l’identification des patients concernés par l’étude <strong>à</strong> partir de donnéesinformatisées (tel<strong>le</strong>s qu’une affection longue durée ou un traitement médical remboursé),l’exploitation des données de remboursement et la réalisation d’une enquête auprès de ces63


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…patients et/ou de <strong>le</strong>urs médecins. On peut citer comme exemp<strong>le</strong> l’étude de l’URCAM I<strong>le</strong>-de-France réalisée en 2002 qui portait sur la prise en charge de la dou<strong>le</strong>ur chronique chez l’adulte[22]. Dans cette étude, <strong>le</strong>s patients souffrant de dou<strong>le</strong>ur chronique avaient été identifiés <strong>à</strong>partir des données de remboursement de l’Assurance Maladie ; un questionnaire avait étéadressé aux médecins prescripteurs en collaboration avec l’URML ; et des requêtesinformatiques avaient été réalisées sur <strong>le</strong>s données de remboursement correspondant <strong>à</strong> unéchantillon de ces patients. Cette étude avait donc combiné l’exploitation des données del’Assurance Maladie et une enquête ad hoc auprès des médecins prescripteurs.Les systèmes d’information de l’Assurance MaladieLes données disponib<strong>le</strong>s au sein des systèmes d’information de l’Assurance Maladie portentsur <strong>le</strong>s caractéristiques des médecins, <strong>le</strong>s caractéristiques socio-démographiques des patients,<strong>le</strong>s données de remboursements (médicaments, consultations, examens complémentaires,actes médicaux et chirurgicaux (hors établissement public), et <strong>le</strong>s forfaits d’hébergement. Lesdonnées de prestations sont mises <strong>à</strong> jour mensuel<strong>le</strong>ment avec un historique de trois ans ce quipermet d’étudier la variabilité temporel<strong>le</strong> des pratiques médica<strong>le</strong>s sur une période de trois ans.Plusieurs fichiers de données sont communs aux trois principaux régimes de l’AssuranceMaladie, la Caisse Nationa<strong>le</strong> de l'Assurance Maladie des Travail<strong>le</strong>urs Salariés (CNAMTS), laMutuel<strong>le</strong> Socia<strong>le</strong> Agrico<strong>le</strong> (MSA) et la Caisse Nationa<strong>le</strong> d’Assurance Maladie (CANAM). Ils’agit du fichier des professionnels de santé, du fichier des établissements, du fichier desmédicaments et du fichier de biologie. De plus l’Assurance Maladie a constitué <strong>à</strong> partir de sesfichiers un Echantillon Permanent d’Assurés Sociaux (EPAS). Cet échantillon estreprésentatif au 1/1200 ème des assurés au régime général (CNAMTS) et de <strong>le</strong>urs ayants-droits.Les données médica<strong>le</strong>s ne sont pas disponib<strong>le</strong>s sur <strong>le</strong> système d’information de l’AssuranceMaladie (en dehors des Affections de Longue Durée qui font l’objet d’une demande de priseen charge), puisque <strong>le</strong> service médical et <strong>le</strong> service de liquidation sont indépendants, hormis <strong>à</strong>la CANAM. Les données disponib<strong>le</strong>s au sein du système d’information de la CANAMcomprennent des informations saisies par <strong>le</strong>s services médicaux lors des demandes de prise encharge (exemp<strong>le</strong>s : actes de kinésithérapie), d’attribution de droits spéciaux (exemp<strong>le</strong> :exonération) ou d’avis pour l’attribution de prestations en nature (exemp<strong>le</strong> : indemnitésjournalières). L’existence d’informations médica<strong>le</strong>s reliées aux données de remboursementdans <strong>le</strong> système d’information de la CANAM en fait une source de données particulièrement64


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…intéressante. C’est une des raisons pour <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s nous utiliserons ces données dans ladeuxième partie de notre travail (illustration de la variabilité des pratiques avec <strong>le</strong> cas dudépistage du cytomégalovirus chez la femme enceinte).Le système d’information de l’Assurance Maladie a été utilisé dans plusieurs études [21, 22,49, 79] soit pour identifier <strong>le</strong>s patients <strong>à</strong> inclure dans une étude d’évaluation (ex :identification des patients traités par hormonothérapie [22]), soit pour analyser <strong>le</strong>s données deremboursement directement et uniquement (ex : évaluation des prescriptions de médicamentsavec interactions [21, 22], évaluation de l’application des Références Médica<strong>le</strong>s Opposab<strong>le</strong>s(RMO) [79], étude des pratiques de dépistage dans <strong>le</strong> cadre du diabète de type 2 [49]).Un groupe d’intérêt scientifique (GIS) « évaluation épidémiologique des produits de santé » aété créé en 2004 par la Direction Généra<strong>le</strong> de la Santé (DGS), la CNAMTS, la Direction de laSécurité Socia<strong>le</strong> (DSS) et l’INSERM pour évaluer l’impact des médicaments sur la santépublique <strong>à</strong> partir des données de l’Assurance Maladie (communiqué de presse, 6 août 2004).Ce GIS a facilité notamment la mise en œuvre de l’étude CADEUS (Cox-2 et AINSclassiques : Description des UtiliSateurs) portant sur <strong>le</strong>s anti-inflammatoires 3 . Cette étude adébuté en septembre 2003 et ses résultats doivent être publiés en octobre 2005. Les donnéesde l’Assurance Maladie permettent d’identifier <strong>le</strong>s patients ayant bénéficié d’unremboursement pour ce type de médicaments. El<strong>le</strong>s permettent éga<strong>le</strong>ment d’identifier <strong>le</strong>smédecins prescripteurs. Cependant, l’évaluation de l’impact en santé publique n’est pasréalisée <strong>à</strong> partir des seu<strong>le</strong>s données de l’Assurance Maladie. El<strong>le</strong> nécessite la mise en œuvred’une étude de cohorte avec la réalisation d’un recueil de données complémentaires (enquêteauprès des patients et des médecins). De même, une étude observationnel<strong>le</strong> est en cours ayantpour objectif de décrire la population des personnes traitées par Ebixa® (memantinehydrochloride utilisée dans <strong>le</strong> cadre de la maladie d’Alzheimer) et <strong>le</strong> devenir <strong>à</strong> moyen termede ces malades. Cette étude utilise éga<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s données de l’Assurance Maladie pouridentifier <strong>le</strong>s médecins prescripteurs et <strong>le</strong>s patients bénéficiaires (protoco<strong>le</strong> non publié).L’évaluation réalisée par <strong>le</strong> bureau d’études CEMKA-EVAL sur l’apport des systèmesd’information dans l’évaluation du respect des Références Médica<strong>le</strong>s Opposab<strong>le</strong>s (RMO)concluait que <strong>le</strong>s données de l’Assurance Maladie ne permettait l’identification directe etprécise des situations de non-respect que pour 6% des RMO [79] et qu’un codagecomplémentaire spécifiquement conçu pour l’identification des cas de non-respect augmentait3 Informations accessib<strong>le</strong>s <strong>à</strong> l’adresse Internet suivante : http://www.etude-cadeus.com/65


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…ce pourcentage <strong>à</strong> 22%. Cette étude soulignait la nécessité de disposer de donnéessupplémentaires pour réaliser cette évaluation, notamment sur <strong>le</strong>s actes (ex : prise de latension-artériel<strong>le</strong>) et <strong>le</strong>s médicaments ne donnant pas lieu <strong>à</strong> un remboursement. El<strong>le</strong>mentionnait éga<strong>le</strong>ment la comp<strong>le</strong>xité des RMO et <strong>le</strong>ur imprécision dans certains cas, quilimitait l’identification des situations de respect ou de non-respect <strong>à</strong> partir des donnéesdisponib<strong>le</strong>s. Cette conclusion souligne l’importance d’extraire des indicateurs <strong>à</strong> partir desrecommandations pour pouvoir contrô<strong>le</strong>r <strong>le</strong>ur application de façon opérationnel<strong>le</strong>.Enfin l’étude réalisée par Hirtzlin et al. [49] avait permis de calcu<strong>le</strong>r <strong>le</strong> taux de dépistageopportuniste du diabète <strong>à</strong> partir des seu<strong>le</strong>s données de l’échantillon permanent de l’AssuranceMaladie. Les seu<strong>le</strong>s données nécessaires étaient : <strong>le</strong> remboursement d’un traitementantidiabétique qui permettait d’identifier <strong>le</strong>s patients diabétiques connus, <strong>le</strong> remboursementd’un test de glycémie ou la notion d’hospitalisation (avec l’hypothèse qu’une glycémie avaitété réalisée en cours d’hospitalisation) qui permettait d’identifier un dépistage opportuniste dudiabète et l’existence d’au moins un remboursement en 2000 et 2001 (pour l’inclusion dansl’échantillon étudié). Cette étude montre l’intérêt de l’utilisation des données de l’AssuranceMaladie pour <strong>le</strong> calcul d’indicateurs simp<strong>le</strong>s permettant une évaluation simp<strong>le</strong> etopérationnel<strong>le</strong> des pratiques.En conclusion, <strong>le</strong>s données de l’Assurance Maladie offrent des possibilités importantes pourla réalisation d’études d’évaluation des pratiques, que ces études soient réalisées <strong>à</strong> partir deces données seu<strong>le</strong>s ou qu’el<strong>le</strong>s combinent l’analyse des données de l’Assurance Maladie etcel<strong>le</strong>s recueillies lors d’une étude ad hoc. Cependant, l’utilisation des données de l’AssuranceMaladie implique que <strong>le</strong>s recommandations professionnel<strong>le</strong>s soient précises et que desindicateurs simp<strong>le</strong>s et mesurab<strong>le</strong>s <strong>à</strong> partir des données de l’Assurance Maladie puissent êtreextraits de ces recommandations. Fender et Weill [80, 81] ont décrit <strong>le</strong>s avantages et <strong>le</strong>slimites présentés par <strong>le</strong>s bases de données médico-tarifaires en France pour <strong>le</strong>ur exploitationen épidémiologie et en santé publique. En particulier ils ont rappelé que l’exploitation de cesbases de données nécessitait une coopération entre <strong>le</strong>s spécialistes de l’Assurance Maladie et<strong>le</strong>s chercheurs, épidémiologistes et acteurs en santé publique du fait de la comp<strong>le</strong>xité de cesbases de données.66


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…Les données du Programme de Médicalisation du Système d’Information (PMSI)Ces données décrivent l’activité médica<strong>le</strong> des établissements de santé. Ces données ont étécol<strong>le</strong>ctées <strong>à</strong> des fins d’allocation budgétaire et non pour analyser la qualité des soins [82, 83]ou <strong>le</strong>s écarts entre <strong>le</strong>s pratiques et un référentiel. Cependant un des objectifs de la mise enœuvre du PMSI était de diminuer la variabilité des pratiques en standardisant <strong>le</strong>s coûts pargroupe homogène de malades. Ce système d’information est en cours d’enrichissement grâce<strong>à</strong> la Classification Commune des actes médicaux (CCAM) qui est mise en place dans <strong>le</strong> cadrede la nouvel<strong>le</strong> tarification <strong>à</strong> l’activité (T2A) dans <strong>le</strong>s établissements publics (loi du 18décembre 2003). Ceci permettra <strong>à</strong> l’Assurance Maladie de recevoir des informationsmédicalisées des établissements publics puisqu’el<strong>le</strong> sera destinataire de ces données, alorsqu’el<strong>le</strong> ne l’était pas des données du PMSI.Les données du PMSI ont été utilisées pour des études d’évaluation. On peut citer l’évaluationréalisée par <strong>le</strong> bureau d’études CEMKA-EVAL sur l’apport des systèmes d’information dansl’évaluation du respect des Références Médica<strong>le</strong>s Opposab<strong>le</strong>s qui concluait qu’en ce quiconcerne <strong>le</strong>s données d’hospitalisation, <strong>le</strong>s données du PMSI (complétées par <strong>le</strong>s données desfichiers du laboratoire d’analyse médica<strong>le</strong>, du service de radiologie et de la pharmacie) nepermettaient l’identification directe (par tri informatique des fichiers) des situations de nonrespectque pour 2% des RMO [79] et qu’un codage complémentaire spécifiquement conçupour l’identification des cas de non-respect augmentait ce pourcentage <strong>à</strong> 23% [79]. Ainsi, <strong>le</strong>sdonnées du PMSI offraient un apport limité <strong>à</strong> l’évaluation de l’application des RMO, unepartie des limitations étant liées <strong>à</strong> la formulation des RMO.Les données du laboratoire de biologie, de la pharmacie et du service d’imagerie médica<strong>le</strong>des établissements de santéLes données du laboratoire de biologie, de la pharmacie et du service d’imagerie médica<strong>le</strong> desétablissements de santé sont informatisées pour une part et peuvent être utilisées dans <strong>le</strong> cadred’études d’évaluation des pratiques comme cel<strong>le</strong> réalisée par <strong>le</strong> bureau d’étude CEMKA-EVAL présentée ci-dessus [79].Les données des laboratoires de biologie ont notamment été utilisées par <strong>le</strong> CCECQA dans <strong>le</strong>cadre des études portant sur <strong>le</strong>s prescriptions d’examens biologiques, que ce soit <strong>le</strong> bilanthyroïdien [30] ou <strong>le</strong> bilan devant une souffrance myocardique [31]. Les données du67


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…laboratoire permettaient de connaître la nature et <strong>le</strong> volume des prescriptions. Il était ensuitenécessaire de recueillir des données médica<strong>le</strong>s pour juger de l’adéquation entre <strong>le</strong>sprescriptions et <strong>le</strong>s recommandations. Cependant l’étude portant sur la prescription du bilanthyroïdien proposait un indicateur de suivi mesurab<strong>le</strong> <strong>à</strong> partir des seu<strong>le</strong>s données dulaboratoire : <strong>le</strong> taux de prescription de la TSH seu<strong>le</strong> (Hormone Stimulant la Thyroïde).Les données de la pharmacie des établissements ont notamment été utilisées dans l’étuderéalisée par <strong>le</strong>s pharmaciens conseils du régime général sur la chimiothérapie en Limousin[21]. Cette étude consistait pour partie en l’analyse rétrospective des données des pharmacienshospitaliers concernant <strong>le</strong>s cytotoxiques et <strong>le</strong>s principaux médicaments adjuvants, complétéepar une enquête de pratique sur <strong>le</strong> terrain portant sur <strong>le</strong>s conditions de prescription et depréparation des cytotoxiques.Ces différentes études montrent que <strong>le</strong>s données informatisées, qu’il s’agisse des données dulaboratoire de biologie, du service de radiologie, de la pharmacie ou d’autres services desétablissements de santé, sont exploitab<strong>le</strong>s pour évaluer <strong>le</strong>s pratiques médica<strong>le</strong>s et améliorerainsi la qualité des soins fournis au patient. Ces différentes données nécessitent cependant unedéfinition et un recueil systématisé pour permettre <strong>le</strong>ur utilisation dans <strong>le</strong> cadre d’étudesmulticentriques comparatives.La base de données de l’observatoire épidémiologique permanent THALESLa base de données de l’observatoire épidémiologique permanent THALES est une based’accès payant qui comprend l’ensemb<strong>le</strong> des dossiers médicaux d’un échantillon national demédecins libéraux. En 2004, <strong>le</strong> panel de médecins était constitué de 1010 médecinsgénéralistes et de spécialistes (102 cardiologues, 61 neurologues, 100 psychiatres, 120gynécologues, 81 pédiatres et 100 rhumatologues) [84]. Ces dossiers anonymisés sonttransmis volontairement par <strong>le</strong>s médecins. A un patient correspond un numéro d’anonymat, cequi permet de constituer pour chaque patient des données informatisées longitudina<strong>le</strong>spermettant ainsi de suivre chaque patient dans <strong>le</strong> temps. Les données disponib<strong>le</strong>s comprennent<strong>le</strong>s caractéristiques des patients (année de naissance, sexe, catégorie socio-professionnel<strong>le</strong>,département de résidence, facteurs de risque, données cliniques), de la consultation, desprescriptions ainsi que <strong>le</strong>s caractéristiques des médecins (âge, sexe, région d’exercice, secteurconventionnel, mode d’exercice et mode d’activité) [16]. Cette base de données présente deslimites en terme de représentativité des médecins. En effet, Mousquès et al. [16] ont montré68


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…que <strong>le</strong>s médecins adhérant <strong>à</strong> l’observatoire épidémiologique permanent THALES étaient plusjeunes que ceux décrits <strong>à</strong> partir des données de l’Assurance Maladie (base du systèmenational inter-régimes SNIR), qu’ils travaillaient plus souvent <strong>à</strong> temps p<strong>le</strong>in et en cabinet degroupe.Autres bases de donnéesIl existe éga<strong>le</strong>ment des systèmes d’information spécifiques <strong>à</strong> la prise en charge de certainespathologies tel que <strong>le</strong> Dossier épidémiologique, Médico-économique de l’Immunodéficiencehumaine (DMI.2) qui est une base de données hospitalière créée en 1987 pour <strong>le</strong>s patientsimmunodéprimés. Ce système d’information a été utilisé pour l’évaluation des pratiquesmédica<strong>le</strong>s [85-87], en particulier <strong>le</strong>s pratiques de prescription chez ces patients [88].— Les enquêtes spécifiquesLorsque <strong>le</strong>s données nécessaires <strong>à</strong> l’évaluation des pratiques médica<strong>le</strong>s ne sont pasdisponib<strong>le</strong>s dans <strong>le</strong>s systèmes d’information, il est nécessaire de réaliser une enquête ad hocpour recueillir ces données. Différents types d’enquête sont possib<strong>le</strong>s (prospectives,rétrospectives, transversa<strong>le</strong>s), portant sur des données observées ou déclarées. Nousillustrerons cette partie avec des évaluations multicentriques, régiona<strong>le</strong>s ou nationa<strong>le</strong>s,réalisées en France ces dernières années.Le type d’enquêteLe type d’enquête choisi peut être prospectif [21 , 29, 30 , 31], rétrospectif [21, 27, 35, 36, 89-91] ou transversal [34].Certaines études peuvent combiner ces différents types de recueil de données. Ainsi, l’étuderéalisée par l’AP-HP [24] sur la prescription de radiographies de chevil<strong>le</strong> en service d’urgenceutilisait d’une part des données rétrospectives portant sur la période avant intervention (c’est<strong>à</strong>-direavant la diffusion des recommandations) qui comprenaient <strong>le</strong>s donnéesdémographiques des patients, <strong>le</strong>s demandes et <strong>le</strong>s résultats des radiographies de la chevil<strong>le</strong> surla période de janvier <strong>à</strong> mai 1995 et, d’autre part, des données prospectives recueillies pendantet après l’intervention qui comprenaient <strong>le</strong>s demandes et <strong>le</strong>s résultats des radiographies dechevil<strong>le</strong>.69


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…Comme exemp<strong>le</strong> d’enquête transversa<strong>le</strong>, on peut citer l’étude réalisée par l’URML Aquitaineen 2002 sur la prescription du bilan pré-anesthésique [34]. Il s’agissait d’une enquêtetransversa<strong>le</strong> descriptive des prescriptions « un jour donné ». Cette étude multicentriqueincluait tous <strong>le</strong>s patients ayant bénéficié d’un acte impliquant un médecin anesthésisteréanimateur dans tous <strong>le</strong>s établissements privés d’Aquitaine, hors structures <strong>à</strong> but non lucratif.Les pratiques étaient comparées <strong>à</strong> ce qui était recommandé dans la recommandation del’ANDEM [92] et aux résultats obtenus en 1996 lors d’une étude similaire. Cette étudemontrait une amélioration des pratiques (avec une augmentation du nombre de consultationset la diminution des prescriptions non recommandées) et identifiait des points <strong>à</strong> améliorercomme <strong>le</strong> respect du délai minimum de 48 heures entre la consultation et l’acte diagnostiqueou thérapeutique.Le choix du type d’enquête (prospectif, rétrospectif ou transversal) dépend de multip<strong>le</strong>sfacteurs, notamment de la question posée, de la possibilité d’obtenir des donnéesrétrospectivement ou non, des moyens disponib<strong>le</strong>s (humains, financiers) et des contraintes detemps. En effet, chaque type d’enquête présente des avantages et des inconvénients [93] quenous ne détail<strong>le</strong>rons pas ici.La nature des pratiques évaluéesCes études peuvent évaluer <strong>le</strong>s pratiques observées ou déclarées.L’évaluation des pratiques observéesL’évaluation des pratiques médica<strong>le</strong>s observées peut être réalisée en analysant <strong>le</strong>s dossiers, <strong>le</strong>sdemandes d’examens complémentaires ou d’autres documents contenant de l’informationmédica<strong>le</strong> (fiche de liaison entre <strong>le</strong> masso-kinésithérapeute et l’Assurance Maladie). El<strong>le</strong> peutéga<strong>le</strong>ment consister en la réalisation d’un audit clinique sur <strong>le</strong> terrain.L’analyse des dossiers est une méthode fréquemment utilisée pour évaluer <strong>le</strong>s pratiques [21,22, 27, 28, 38], étant donné la richesse des données qu’ils contiennent (données sociodémographiques,données médica<strong>le</strong>s, soins infirmiers, comptes-rendus opératoires,prescriptions…). Ainsi, l’Assurance Maladie a réalisé plusieurs études impliquant <strong>le</strong>spraticiens conseils qui, après avoir repéré <strong>le</strong>s patients ayant bénéficié d’un remboursementdonné ou <strong>le</strong>s établissements réalisant un acte donné, ont étudié <strong>le</strong>s dossiers médicaux de ces70


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…patients. On peut citer par exemp<strong>le</strong> l’étude nationa<strong>le</strong> réalisée en 1999-2001 par <strong>le</strong> régimegénéral de l’Assurance Maladie sur <strong>le</strong>s conditions de pose des endoprothèses aortiques pouranévrisme de l’aorte abdomina<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s établissements de santé publics et privés [21]. Aprèsidentification des établissements concernés, <strong>le</strong>s praticiens conseils ont étudié <strong>le</strong>s dossiersmédicaux dans tous ces établissements et ont comparé <strong>le</strong>s pratiques avec <strong>le</strong>s recommandationsémises par l’ANAES et par l’AFSSaPS. Il n’apparaît pas très clairement dans <strong>le</strong>s publicationsde l’Assurance Maladie que <strong>le</strong>s dossiers médicaux du Service médical de l’AssuranceMaladie puissent constituer une source de données qui compléterait <strong>le</strong>s données informatiséessans nécessiter la réalisation d’une enquête complémentaire. En effet, dans l’étude portant sur<strong>le</strong> sulfate de morphine, <strong>le</strong>s dossiers de l’Assurance Maladie ont permis d’exclure <strong>le</strong>s patientsnécessitant la prescription de ce traitement mais une étude complémentaire a dû être réaliséepour étudier <strong>le</strong>s huit patients toxicomanes identifiés [22].On peut éga<strong>le</strong>ment citer l’exemp<strong>le</strong> de l’étude de la traçabilité des produits sanguins labi<strong>le</strong>s enAquitaine [28] réalisée <strong>à</strong> partir des dossiers des patients. Cette étude portait sur un échantillonde produits sanguins labi<strong>le</strong>s (PSL) tirés au hasard. El<strong>le</strong> consistait d’une part <strong>à</strong> mesurer ladisponibilité et la concordance des informations nécessaires <strong>à</strong> une bonne traçabilité des PSLdans <strong>le</strong>s établissements de santé en Aquitaine ; et d’autre part <strong>à</strong> mesurer la disponibilité et laconcordance des informations transmises par l’Etablissement Français du Sang Aquitaine-Limousin par <strong>le</strong>s établissements de santé concernant <strong>le</strong>s PSL cédés. Cette étude avaitnécessité l’implication d’au moins deux enquêteurs par établissement afin de réaliser <strong>le</strong> travai<strong>le</strong>n binôme pour chaque dossier. Ce type d’étude requiert donc un investissement humainimportant qui limite sa généralisation pour l’évaluation de l’ensemb<strong>le</strong> des pratiquesmédica<strong>le</strong>s.A ce propos, la perspective du dossier patient informatisé est particulièrement prometteusedans <strong>le</strong> cadre de l’évaluation des pratiques médica<strong>le</strong>s car ceci permettra une extraction et uneanalyse des données de ce dossier beaucoup plus rapides et opérationnel<strong>le</strong>s que l’analyse dudossier papier.L’évaluation des pratiques observées peut consister en l’analyse des demandes d’examenscomplémentaires tels que <strong>le</strong>s examens radiologiques et biologiques, comme réalisée dansl’étude d’Au<strong>le</strong><strong>le</strong>y et al. [24] sur <strong>le</strong>s prescriptions d’examens radiologiques de la chevil<strong>le</strong>, oudans <strong>le</strong>s études réalisées par <strong>le</strong> CCECQA sur <strong>le</strong>s prescriptions biologiques [30, 31], ou encoredans <strong>le</strong>s études réalisées sur <strong>le</strong>s prescriptions du bilan pré-anesthésique [34] ou pré-opératoire71


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…[29]. Ces études impliquaient de disposer de données médica<strong>le</strong>s qui étaient notées soitdirectement par <strong>le</strong> médecin prescripteur sur un document joint <strong>à</strong> la demande d’examen(comme c’était <strong>le</strong> cas pour l’étude d’Au<strong>le</strong><strong>le</strong>y et al. [24]) soit recueillies <strong>à</strong> partir du dossiermédical ou au moyen d’appel téléphonique du médecin prescripteur (comme réalisé dans <strong>le</strong>sautres études citées ci-dessus).Enfin, l’évaluation des pratiques observées peut consister en la réalisation d’un audit cliniqueavec une observation réel<strong>le</strong> des pratiques sur <strong>le</strong> terrain (par exemp<strong>le</strong>, on peut citer l’audit dulavage des mains réalisé <strong>à</strong> l’initiative du Service d’hygiène des établissements de santé, par<strong>le</strong>s infirmières hygiénistes). Ce type d’évaluation implique la présence de l’enquêteur sur <strong>le</strong>terrain pendant la réalisation des actes ce qui rend ce type d’évaluation peu opérationnel<strong>le</strong>pour l’évaluation des pratiques en routine. Ainsi, certains établissements ont parfois remplacél’audit de lavage des mains par <strong>le</strong> suivi de la consommation en solution hydro-alcoolique [94].Nous n’avons pas trouvé d’exemp<strong>le</strong> d’audit clinique multicentrique avec observation despratiques en dehors de l’audit portant sur la gestion des documents tel que <strong>le</strong> dossier patient[27].La réalisation d’une enquête sur <strong>le</strong> terrain avec observation des pratiques entraîne éga<strong>le</strong>mentun biais de mesure lié au fait que la personne enquêtée se sait observée et peut donc améliorerla qualité de sa pratique <strong>le</strong> temps de l’enquête. Ceci peut entraîner une sous-estimation desécarts entre la pratique et <strong>le</strong>s recommandations qu’il faudra prendre en compte lors del’interprétation des résultats.L’évaluation des pratiques déclaréesLes pratiques déclarées peuvent être évaluées au moyen d’un auto-questionnaire ou d’unquestionnaire administré.Concernant l’auto-questionnaire, on peut citer par exemp<strong>le</strong> l’étude de la prise en charge de ladou<strong>le</strong>ur chronique réalisée par l’URCAM I<strong>le</strong>-de-France en 2002 [22] : un questionnaire avaitété envoyé (en collaboration avec l’URML I<strong>le</strong>-de-France) aux médecins prescripteurs pourévaluer <strong>le</strong>ur connaissance de la recommandation ANAES, <strong>le</strong>ur attitude et <strong>le</strong>ur pratique face un72


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…patient présentant des dou<strong>le</strong>urs chroniques. De même, l’EPP tel<strong>le</strong> que mise en œuvre parl’URML et l’ANAES, utilise éga<strong>le</strong>ment l’auto-questionnaire pour permettre aux médecinsd’auto-évaluer <strong>le</strong>urs pratiques par rapport aux référentiels extraits des recommandationsANAES [35, 36, 89-91]. L’évaluation des pratiques déclarées via un auto-questionnaireprésente éga<strong>le</strong>ment un biais de mesure, l’évaluateur (<strong>le</strong> médecin ici) étant <strong>à</strong> la fois juge(enquêteur) et partie (médecin évalué), ce qui entraîne <strong>le</strong> plus souvent une surestimation desbonnes pratiques avec une sous-estimation des écarts aux référentiels [95].Concernant <strong>le</strong> questionnaire administré, on peut citer par exemp<strong>le</strong> l’étude portant sur <strong>le</strong>diagnostic et <strong>le</strong> traitement de la maladie d’Alzheimer. Cette étude a été réalisée en 2000-2001par l’Assurance Maladie auprès des médecins traitants par questionnaire administré au cabinetou, <strong>à</strong> défaut, par téléphone. Les patients bénéficiant d’un remboursementd’anticholinestérasique avaient été repérés <strong>à</strong> partir des données informatisées des troisrégimes de l’Assurance Maladie et <strong>le</strong> médecin prescripteur avait ainsi pu être identifié puiscontacté. Ce type d’enquête présente éga<strong>le</strong>ment un biais d’information lié, d’une part, <strong>à</strong> lavariabilité inter-enquêteurs et au risque de suggestion des réponses selon la formulation desquestions par l’enquêteur, et d’autre part, au médecin, qui peut modifier ses réponses parrapport <strong>à</strong> la réalité par crainte de sanction ou de jugement défavorab<strong>le</strong>.En résumé, il existe différentes sources de données selon que cel<strong>le</strong>s-ci sont informatisées ounon. Dans <strong>le</strong> cas où ces données ne sont pas informatisées, il est nécessaire de formaliser <strong>le</strong>recueil de ces données au moyen d’une enquête qui peut porter sur <strong>le</strong>s pratiques observées oudéclarées. Le choix du type d’enquête et de la méthode de recueil de données dépend demultip<strong>le</strong>s facteurs, qu’il s’agisse des critères méthodologiques (objectif, schéma d’étudeoptimal) ou pratiques (moyens disponib<strong>le</strong>s). La situation idéa<strong>le</strong> consisterait <strong>à</strong> développer unsystème d’information permettant d’évaluer directement, sur un mode de veil<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s pratiquesréel<strong>le</strong>s en routine sans avoir <strong>à</strong> réaliser d’enquête ad hoc. Des indicateurs pourraient êtremesurés dans un premier temps et, en cas d’écart inacceptab<strong>le</strong>, une enquête ad hoc pourraitêtre menée dans un deuxième temps pour expliquer l’écart observé et préciser <strong>le</strong>s modalitésde correction, voire d’incitation ou de sanctions.73


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…I.2.3L’analyse des donnéesL’analyse de données peut porter sur deux types de données : <strong>le</strong>s données agrégées et <strong>le</strong>sdonnées individuel<strong>le</strong>s. Ces deux types de données décou<strong>le</strong>nt de l’utilisation de techniquesd’analyse statistique différentes.— Analyse de données agrégéesDéfinition, avantages et inconvénientsLes données agrégées se définissent par <strong>le</strong> regroupement de données individuel<strong>le</strong>s sur unevariab<strong>le</strong> donnée. Par exemp<strong>le</strong>, la localisation géographique, <strong>le</strong> type de maladie, une période detemps… L’utilisation de données agrégées évite l’identification, même indirecte, de l’individu(ou unité statistique) décrit, qu’il s’agisse d’un patient, d’un médecin, d’un service, voire d’unétablissement, selon <strong>le</strong> niveau d’agrégation. Ainsi, <strong>le</strong>s données du PMSI sont recueillies etconservées sous forme individuel<strong>le</strong> au niveau de l’établissement mais sont envoyées aux ARHsous forme agrégée par groupes homogènes de malades afin d’éviter toute identification dupatient. Ce souci du respect de la confidentialité des données individuel<strong>le</strong>s et de la protectionde l’individu est dicté et, <strong>le</strong> cas échéant, vérifié, par la Commission Nationa<strong>le</strong> del’Informatique et des Libertés (loi dite « Informatique et Liberté », loi 78-17 du 06/01/1978,particulièrement <strong>le</strong>s chapitres IX et X traitant des données de santé). Selon la CNIL, il n’y aeu «de remontée de données au niveau national que sous forme agrégée et statistique, aux finsd’information du pouvoir politique et pour permettre <strong>à</strong> l’administration centra<strong>le</strong> d’exercer sesmissions norma<strong>le</strong>s d’évaluation et de pilotage » [96]. Cette protection, en France, des donnéesnominatives informatisées demeure d’actualité même si el<strong>le</strong> se heurte parfois au principe delibre circulation des données, comme en témoignent la Loi pour la Confiance en l’EconomieNumérique (LCEN, loi 2004-575 du 21/06/2004) et la réforme du 7 août 2004 de la loi dite« Informatique et Liberté » suite <strong>à</strong> la Directive européenne 95/46. A ces lois s’ajoutent <strong>le</strong>srèg<strong>le</strong>s de droit médical pur, tel<strong>le</strong>s cel<strong>le</strong>s relatives au secret médical (artic<strong>le</strong> 458 du CodePénal). Les études que nous avons présentées dans la section précédente portaient, pour lamajorité, sur des données agrégées.74


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…Le fait que, par définition, <strong>le</strong>s données agrégées ne permettent pas d’identifier <strong>le</strong>s individusconstitue dans une certaine mesure un avantage pour l’individu (dans la mesure où celaconstitue une protection) mais éga<strong>le</strong>ment un inconvénient pour celui qui exploite <strong>le</strong>s données.Il ne sera pas possib<strong>le</strong> en effet d’analyser finement la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s <strong>à</strong>partir des données agrégées. En particulier, il sera diffici<strong>le</strong> d’identifier <strong>le</strong>s déterminants decette variabilité car <strong>le</strong>s données agrégées « gomment la variabilité interindividuel<strong>le</strong> » [10], cequi empêche l’analyse de ce phénomène. De plus, on ne pourra pas décrire l’activité deprescription d’un médecin donné <strong>à</strong> partir des données agrégeant <strong>le</strong>s prescriptions de plusieursmédecins. Ce serait s’exposer au risque de l’erreur écologique qui consiste <strong>à</strong> inférer <strong>à</strong> partird’observations agrégées un modè<strong>le</strong> explicatif qui serait utilisé pour expliquer <strong>le</strong>s pratiques <strong>à</strong>un niveau individuel [97], ceci en considérant que <strong>le</strong>s comportements sont homogènes entreindividus d’un même groupe [16]. On ne pourra donc pas réaliser d’évaluation normative, lacomparaison des pratiques individuel<strong>le</strong>s <strong>à</strong> une référence n’étant pas possib<strong>le</strong>. Par contre onpourra utiliser ces données pour réaliser des études d’évaluation descriptive. On pourra parexemp<strong>le</strong> comparer <strong>le</strong> volume de prescriptions entre deux régions (qui comprennent unensemb<strong>le</strong> de médecins), cependant l’interprétation de ce résultat sera limité comme pour touteévaluation descriptive (voir la section correspondante).La « Small Area Analysis »A l’issue des travaux de Wennberg et Gittelsohn [2] publiés en 1973, l’étude de la variabilitédes pratiques a été réalisée <strong>à</strong> un niveau international (comparaison entre plusieurs pays) etnational (comparaison de régions, d’états, ou de régions au sein d’un état) selon une méthodeappelée la « Small Area Analysis » (SAV) [3]. La « small area analysis » est une méthoded’analyse de l’utilisation des ressources par la population au sein d’une zone géographiquedonnée sur une période donnée. El<strong>le</strong> consiste <strong>à</strong> rapporter <strong>le</strong> nombre de soins de santé <strong>à</strong> lapopulation présentant <strong>le</strong> risque de nécessiter ce soin [3]. La zone géographique étudiée peutêtre de tail<strong>le</strong> plus ou moins importante (commune, canton, département, région, pays, état,province…).Le résultat de ces analyses est un taux standardisé pour une population donnée. Ainsi, dans <strong>le</strong>domaine hospitalier (qui a été <strong>le</strong> plus étudié), <strong>le</strong>s quatre taux standardisés d’utilisation desoins hospitaliers <strong>le</strong>s plus souvent présentés portent sur <strong>le</strong>s admissions <strong>à</strong> l’hôpital (ou <strong>le</strong>ssorties), la durée moyenne de séjour, <strong>le</strong> recours des patients aux soins hospitaliers (en nombre75


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…de jours) et <strong>le</strong>s dépenses de santé per capita [3]. Les taux décrits concernent plus fréquemment<strong>le</strong>s hospitalisations pour raison chirurgica<strong>le</strong> que <strong>le</strong>s hospitalisations pour raison médica<strong>le</strong> [3],sans doute en raison de l’existence de consensus formalisés pour <strong>le</strong>s traitements chirurgicaux[16] mais éga<strong>le</strong>ment en raison du caractère dichotomique de la variab<strong>le</strong> étudiée (intervention :oui ou non) contrairement, par exemp<strong>le</strong>, aux données médicamenteuses qui comprennent ladose et la durée de traitement.La variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s est <strong>le</strong> plus souvent décrite par l’étendue des résultats dece taux standardisé. Par exemp<strong>le</strong>, Wennberg et Gittelsohn [2], lors de <strong>le</strong>ur étude portant sur 13zones hospitalières du Vermont, ont montré que <strong>le</strong>s taux des neuf actes chirurgicaux <strong>le</strong>s plusfréquemment réalisés, ajustés sur l’âge, variaient de façon importante entre <strong>le</strong>s 13 zones.Ainsi <strong>le</strong> taux d’amygda<strong>le</strong>ctomie variait de 13 <strong>à</strong> 151 pour 10 000 habitants avec une moyennede 43 pour 10 000 sur l’ensemb<strong>le</strong> des zones. De même <strong>le</strong> taux d’appendicectomie variait de10 <strong>à</strong> 32 pour 10 000 avec une moyenne de 18 pour 10 000 sur l’ensemb<strong>le</strong> de l’état. Cesauteurs ont éga<strong>le</strong>ment décrit la variation du recours aux soins selon <strong>le</strong>s zones. Ainsi <strong>le</strong> tauxd’hospitalisation pour une pathologie respiratoire variait de 10 <strong>à</strong> 36 pour 1000 personnes avecune moyenne de 16 pour 1000 sur l’ensemb<strong>le</strong> du Vermont [2].La variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s est parfois décrite par <strong>le</strong> coefficient de variation qui est<strong>le</strong> rapport entre l’écart-type d’une distribution et sa moyenne. Ainsi, Westert et al. [98] ontdécrit la variation de la prise en charge de 12 classes médica<strong>le</strong>s ou chirurgica<strong>le</strong>s <strong>à</strong> l’hôpitalaux Pays-Bas et l’évolution de cette variabilité dans <strong>le</strong> temps, en présentant <strong>le</strong> taux(standardisé sur l’âge et <strong>le</strong> sexe) pour 10 000 personnes <strong>à</strong> risque et <strong>le</strong> coefficient de variation.Par exemp<strong>le</strong>, <strong>le</strong> taux d’appendicectomie et <strong>le</strong> coefficient de variation (CV) correspondantdiminuaient de 13,9 (CV=17,6) en 1980 <strong>à</strong> 11,7 (CV=16,1) en 1989 et <strong>à</strong> 10,4 (CV=12,8) en1997 pour 10 000 personnes <strong>à</strong> risque. Cette étude concluait d’une part que <strong>le</strong>s régions sesituaient <strong>le</strong> plus souvent de façon constante dans <strong>le</strong> temps au-dessus ou en-dessous de latendance régiona<strong>le</strong> du recours au soins pour <strong>le</strong>s pathologies ou actes chirurgicaux étudiés ;d’autre part qu’il existait une diminution significative de la variabilité régiona<strong>le</strong> concernant<strong>le</strong>s pathologies et actes chirurgicaux pris en charge <strong>à</strong> l’hôpital au cours des années 80 et 90aux Pays-Bas [98].76


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…De façon généra<strong>le</strong>, la variabilité des pratiques mesurée dans <strong>le</strong> cadre des études de type« small area variation » a permis de dégager quatre constats concernant la variabilité despratiques : 1) la variabilité des pratiques se maintient dans <strong>le</strong> temps (avec des zonesgéographiques associées de façon stab<strong>le</strong> <strong>à</strong> une plus forte consommation de soins) ; 2) el<strong>le</strong> estplus é<strong>le</strong>vée pour <strong>le</strong>s pratiques non chirurgica<strong>le</strong>s que chirurgica<strong>le</strong>s ; 3) au sein d’une zone lasur ou sous-consommation de soins est observée de façon transversa<strong>le</strong> sur plusieurspratiques ; et 4) certaines pratiques présentent une variabilité stab<strong>le</strong> sur l’ensemb<strong>le</strong> des zonesgéographiques [3].Certaines études ont cherché <strong>à</strong> expliquer la variabilité observée en étudiant son associationavec <strong>le</strong>s caractéristiques des patients, de la société et cel<strong>le</strong>s des médecins [3]. Ces études ontabouti <strong>à</strong> des conclusions variées et parfois contradictoires [3]. Dans <strong>le</strong>s études portant sur lavariabilité des pratiques chirurgica<strong>le</strong>s, la variabilité était principa<strong>le</strong>ment expliquée par <strong>le</strong>nombre de lits, de chirurgiens et de médecins [3]. Ainsi 62% de la variabilité de la réalisationde l’amygda<strong>le</strong>ctomie était expliquée par ces trois caractéristiques dans l’étude de Stockwell etVayda [99] réalisée en Ontario en 1974.Cependant, l’analyse de ces données agrégées est limitée par trois types de défauts ; l’erreurécologique, la forte colinéarité des variab<strong>le</strong>s explicatives (en effet, <strong>le</strong>s caractéristiques despatients ne sont pas indépendantes de cel<strong>le</strong>s de <strong>le</strong>ur médecin, ou de la société), <strong>le</strong>s artefactsqu’introduisent <strong>le</strong>s petits échantillons pour <strong>le</strong>squels <strong>le</strong>s moyennes vont être très sensib<strong>le</strong>s auxfaib<strong>le</strong>s variations de ce qui est mesuré [97]. Ces trois facteurs limitent l’intérêt des donnéesagrégées pour identifier <strong>le</strong>s déterminants de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s.Certes, l’analyse de données agrégées permet l’évaluation descriptive des pratiques médica<strong>le</strong>set de <strong>le</strong>ur variabilité notamment géographique, grâce aux études de type « small areavariation ». El<strong>le</strong> a ainsi permis de mettre en évidence de fortes disparités régiona<strong>le</strong>s. Parcontre, l’analyse de données agrégées ne permet pas l’évaluation normative qui implique dedisposer de données individuel<strong>le</strong>s. De plus, l’agrégation des données ne permet pas d’analysedes déterminants de cette variabilité (caractéristiques des médecins et des patients notamment)d’où <strong>le</strong> recours <strong>à</strong> l’analyse des données individuel<strong>le</strong>s.77


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…— Analyse de données individuel<strong>le</strong>sDepuis <strong>le</strong>s années 90, un autre type d’analyse de la variabilité des pratiques est utilisé :l’analyse multi-niveaux <strong>à</strong> partir de données individuel<strong>le</strong>s. Ce type d’analyse, portant surplusieurs niveaux de regroupement, permet d’analyser <strong>le</strong>s différents déterminants quipourraient expliquer une partie de la variabilité des pratiques dans <strong>le</strong> domaine de la santé, touten prenant en compte la similitude qui existe entre <strong>le</strong>s observations dans un même groupe. Parexemp<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s patients d’un même médecin ont plus de chance de se faire prescrire untraitement similaire que <strong>le</strong>s patients d’un autre médecin pour une même pathologie [100]. Deplus <strong>le</strong>s patients d’un même médecin se ressemb<strong>le</strong>nt davantage entre eux qu’avec <strong>le</strong>s patientsd’un autre médecin. Dans ce cas, <strong>le</strong> modè<strong>le</strong> utilisé est un modè<strong>le</strong> de régression logistique(lorsque la variab<strong>le</strong> dépendante est binaire : pratique réalisée ou non) mixte (<strong>à</strong> effets aléatoireset fixes). Le nombre d’effets aléatoires introduits dans <strong>le</strong> modè<strong>le</strong> dépend du nombre deniveaux de regroupements : un effet aléatoire pour deux niveaux de regroupements, deuxeffets aléatoires pour trois niveaux de regroupements...Dans <strong>le</strong> cas d’une analyse <strong>à</strong> deux niveaux de regroupements, par exemp<strong>le</strong> un niveau médecin(regroupant plusieurs patients) et un niveau patient (regroupant plusieurs consultations), <strong>le</strong>modè<strong>le</strong> permet de prendre en compte la corrélation intra-médecin des données concernant <strong>le</strong>spatients, ce qui revient <strong>à</strong> prendre en compte l’hétérogénéité inter-médecin.Ainsi, Rabilloud et al. [101] ont utilisé un modè<strong>le</strong> de régression logistique <strong>à</strong> deux niveauxpour expliquer la variabilité inter-maternité du taux de césariennes prophylactiques dans larégion Rhône-Alpes. Les deux niveaux de regroupement étaient d’une part <strong>le</strong>s femmes etd’autre part <strong>le</strong>s maternités. Cette étude montrait que <strong>le</strong> taux de césariennes dépendait d’unepart des caractéristiques de chaque femme (caractéristiques qui étaient éga<strong>le</strong>ment identifiéeslors d’une analyse en régression logistique simp<strong>le</strong>) mais éga<strong>le</strong>ment de l’activité de lamaternité : <strong>le</strong>s maternités qui recevaient beaucoup de femmes « <strong>à</strong> risque » réalisaient moins decésariennes prophylactiques.En France, l’IRDES utilise éga<strong>le</strong>ment l’analyse hiérarchique multi-niveaux pour sathématique portant sur l’identification des déterminants de la variabilité des pratiques. L’étudeportant sur la prise en charge de l’hyperlipidémie [16] utilisait notamment un modè<strong>le</strong> mixte <strong>à</strong>deux niveaux avec comme effet aléatoire : l’effet médecin, et comme effets fixes : <strong>le</strong>scaractéristiques relatives aux patients, aux médecins et <strong>à</strong> l’environnement médical. Cetteétude a montré d’une part que la probabilité de prescrire un médicament re<strong>le</strong>vant de la classe78


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…des fibrates ne dépendait pas de la densité médica<strong>le</strong>, d’autre part qu’el<strong>le</strong> dépendait descaractéristiques patients (principa<strong>le</strong>ment de ses facteurs de risque cardio-vasculaire) et desmédecins avec une hétérogénéité inter-médecins diffici<strong>le</strong> <strong>à</strong> expliquer <strong>à</strong> partir des principa<strong>le</strong>scaractéristiques d’exercice (âge, sexe, mode d’exercice).L’analyse de données individuel<strong>le</strong>s présente principa<strong>le</strong>ment deux limites. La première tient <strong>à</strong>la difficulté d’obtenir <strong>le</strong>s accords nécessaires pour traiter des données individuel<strong>le</strong>s ; laseconde est d’ordre statistique, <strong>le</strong>s programmes d’analyse statistique et l’interprétation desrésultats étant parfois sujets <strong>à</strong> controverse.En bref, l’analyse de données individuel<strong>le</strong>s permet l’analyse fine des déterminants de lavariabilité des pratiques. Par contre, el<strong>le</strong> implique des difficultés d’ordre statistique etadministratif (obtention des données).I.2.4La définition de seuilsPlusieurs méthodes ont été utilisées pour définir des seuils permettant de différencier unepratique de soins de qualité satisfaisante d’une pratique de qualité peu satisfaisante et ainsiposer un jugement sur la variabilité des pratiques qu’il s’agisse des résultats d’une évaluationdescriptive ou normative. Ces seuils peuvent être soit absolus, soit relatifs. Absolus, ils sont <strong>le</strong>ref<strong>le</strong>t d’une norme et <strong>le</strong>ur détermination requiert une expertise médica<strong>le</strong>. Relatifs, ils nerelèvent pas spécifiquement de la connaissance médica<strong>le</strong> mais d’une maîtrise statistique de lavariabilité des pratiques. Ce sujet a fait l’objet d’une de mes études de recherche au Canadadans <strong>le</strong> cadre du projet Hospital Report. El<strong>le</strong> est présentée ci-dessous.— IntroductionLe projet Hospital Report est dirigé par l’université de Toronto (Department of HealthManagement and Evaluation) et financé par <strong>le</strong> ministère de la santé de l’Ontario (Ministry ofHealth and Long-term care) et l’association des hôpitaux d’Ontario (Ontario HospitalAssociation, OHA). Il fait partie de l’évaluation descriptive tel<strong>le</strong> que définie précédemment.L’Hospital Report présente la performance des hôpitaux d’Ontario sur <strong>le</strong> modè<strong>le</strong> desBalanced score-cards (tab<strong>le</strong>au de bord prospectif ou tab<strong>le</strong>au de bord équilibré) selon quatre79


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…quadrants : la structure et son organisation, <strong>le</strong>s processus et résultats de soins, la satisfactiondes patients et <strong>le</strong>s conditions et résultats budgétaires. Les rapports portent sur de multip<strong>le</strong>ssecteurs : <strong>le</strong>s soins aigus, <strong>le</strong>s soins de longue durée, <strong>le</strong>s services d’urgence, la santé menta<strong>le</strong> etla santé des femmes. Dans chaque chapitre, <strong>le</strong>s résultats des établissements sont présentéssous forme d’indicateurs, en présentant <strong>le</strong>s résultats pour l’Ontario, pour chaque région (selon<strong>le</strong> découpage en cinq régions par l’OHA) et pour chaque type d’hôpital (universitaire, local etgénéral).Pour ces indicateurs, incluant <strong>le</strong>s indicateurs portant sur <strong>le</strong>s pratiques de soins, il étaitnécessaire d’identifier des seuils permettant de différencier <strong>le</strong>s hôpitaux ayant des pratiquesde qualité satisfaisante, voire excel<strong>le</strong>nte, des hôpitaux ayant des pratiques de qualité peusatisfaisante. Deux seuils pouvaient donc être définis : un seuil supérieur correspondant <strong>à</strong> lava<strong>le</strong>ur au-del<strong>à</strong> de laquel<strong>le</strong> la qualité était considérée comme excel<strong>le</strong>nte et un seuil inférieuren-deç<strong>à</strong> duquel la qualité était considérée comme insatisfaisante. Les résultats compris entreces deux seuils correspondaient <strong>à</strong> une qualité satisfaisante. Williams [102] argumentait que <strong>le</strong>public devait non seu<strong>le</strong>ment savoir quels étaient <strong>le</strong>s standards mais devait aussi <strong>le</strong>scomprendre et se <strong>le</strong>s approprier.L’objectif de notre étude exploratoire était de définir <strong>le</strong>s seuils inférieur et supérieurdélimitant des résultats satisfaisants pour <strong>le</strong>s six indicateurs de satisfaction des patients vis-<strong>à</strong>visdes services d’urgence d’Ontario participant au projet Hospital Report [103].— MéthodeAfin de répondre <strong>à</strong> notre objectif, nous avons réalisé une étude de juin <strong>à</strong> septembre 2002portant sur l’ensemb<strong>le</strong> des services d’urgence de l’Ontario participant au projet HospitalReport. Nous avons interrogé trois types d’acteurs du système de soins correspondant <strong>à</strong> troispoints de vue différents : <strong>le</strong>s responsab<strong>le</strong>s de services d’urgence, <strong>le</strong>s professionnels de santé et<strong>le</strong>s patients. Pour chaque point de vue, nous avons utilisé la méthode qui nous semblait lamieux adaptée d’après <strong>le</strong>s données de la littérature. Nous avons utilisé l’enquête parquestionnaire pour <strong>le</strong>s responsab<strong>le</strong>s des services d’urgence [104], la méthode Delphi pour <strong>le</strong>sprofessionnels [105, 106] et <strong>le</strong>s focus groupes pour <strong>le</strong>s patients [107]. Notre hypothèse étaitque <strong>le</strong>s trois points de vue identifieraient des seuils similaires.80


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…Nous avons développé un questionnaire qui présentait <strong>le</strong>s six indicateurs de satisfaction vis-<strong>à</strong>visdes services d’urgence. Pour chaque indicateur, <strong>le</strong>s répondants devaient définir un seuilinférieur et un seuil supérieur tels que définis précédemment. Le questionnaire présentait ladistribution du résultat des indicateurs sur l’ensemb<strong>le</strong> des services d’urgence participant auprojet Hospital report. Le questionnaire a été critiqué par trois scientifiques indépendants ettesté par trois professionnels (une infirmière cadre, un médecin, un directeur).Procédure Delphi avec <strong>le</strong>s experts :Nous avons recruté, <strong>le</strong>ur nomination étant assurée par <strong>le</strong>s établissements de santé, desprofessionnels reconnus par <strong>le</strong>urs pairs comme experts dans la délivrance des soins enservices d’urgence, dans l’évaluation de la satisfaction des patients et/ou dans l’améliorationde la qualité des soins. Nous souhaitions recruter 30 experts pour avoir un panel représentatifde l’ensemb<strong>le</strong> des professionnels, des hôpitaux (hôpital local, universitaire, général) et desrégions. Le questionnaire a été adressé <strong>à</strong> deux reprises aux experts, la deuxième versionincluant <strong>le</strong>s réponses faites au premier tour.Enquête auprès des services d’urgence :Nous avons envoyé <strong>le</strong> questionnaire <strong>à</strong> l’ensemb<strong>le</strong> des services d’urgence. Le questionnairedevait être rempli par une personne autre que l’expert retenu pour la méthode Delphi.Focus-groupes de patients :Nous avons organisé fin août 2002 six focus groupes de patients, coordonnés par uneentreprise privée « Phase 5 » afin de recueillir l’avis de patients représentatifs de l’ensemb<strong>le</strong>des patients de l’Ontario. Le recrutement des patients fut effectué par Phase 5 en utilisant unegril<strong>le</strong> de recrutement que nous avions validée. Le modérateur (de Phase 5) utilisa un guidesemi-directif pour animer la discussion, guide développé <strong>à</strong> partir de notre questionnaire.— RésultatsDix-neuf experts ont participé aux deux tours du panel, 59 services d’urgence sur 125 ontparticipé <strong>à</strong> l’enquête par questionnaire et 56 patients ont participé aux focus groupes.81


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…Plusieurs participants ont trouvé diffici<strong>le</strong> de définir des seuils arbitrairement. Neuf servicesd’urgence et deux experts ont exprimé <strong>le</strong>ur préférence pour des seuils relatifs, fixés enfonction de la distribution de l’indicateur : moyenne, percenti<strong>le</strong>s, interval<strong>le</strong>s de confiance.Les services d’urgence et <strong>le</strong>s experts ont donné des seuils similaires. Les seuils fixés par <strong>le</strong>spatients étaient variés, avec chevauchement des seuils inférieurs et supérieurs <strong>le</strong>s plusfréquemment cités (voir <strong>le</strong> tab<strong>le</strong>au 3 de l’artic<strong>le</strong> joint en annexe 2 [108] : « Moty-MonnereauC, Seeman NL, Brown AD. Setting patient satisfaction thresholds for Emergency Departmentcare: Patients differ from providers and administrators ». Dans l’ensemb<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s seuils fixés par<strong>le</strong>s patients étaient inférieurs <strong>à</strong> ceux fixés par <strong>le</strong>s experts et <strong>le</strong>s services d’urgence.— DiscussionNous avions posé l’hypothèse que <strong>le</strong>s trois points de vue donneraient des résultats similairesen ce qui concerne <strong>le</strong>s seuils des indicateurs de satisfaction des patients vis-<strong>à</strong>-vis des servicesd’urgence. Notre étude a montré une différence entre <strong>le</strong> point de vue des patients et ceux desprofessionnels. Cette différence peut être expliquée en partie par la méthode utilisée qui étaitdifférente. Il est possib<strong>le</strong> que <strong>le</strong>s explications communiquées aux patients lors des focusgroupes aient été mal interprétées par <strong>le</strong>s patients du fait d’un manque de clarté [59]. De plus,<strong>le</strong>s patients ont présenté des difficultés vis-<strong>à</strong>-vis du concept d’indicateur et de score. Plusieursd’entre eux pensaient qu’il s’agissait du pourcentage de patients satisfaits et non du scorerésultant de la combinaison de plusieurs questions. La différence observée entre <strong>le</strong>sprofessionnels et <strong>le</strong>s patients peut éga<strong>le</strong>ment être expliquée par une moindre exigence de lapart des patients par rapport <strong>à</strong> cel<strong>le</strong>s des professionnels, ceux-ci étant impliqués et forméspour assurer des soins d’urgence de bonne qualité. En effet, certains patients ont exprimé <strong>le</strong>ursurprise devant <strong>le</strong>s scores des établissements qu’ils jugeaient très é<strong>le</strong>vés.Notre étude suggère donc que <strong>le</strong>s professionnels sont <strong>le</strong>s mieux placés pour fixer <strong>le</strong>s seuils desindicateurs mesurant <strong>le</strong>urs pratiques de soins, ceci dans une démarche d’amélioration de laqualité.Les résultats concordant entre <strong>le</strong>s deux méthodes utilisées pour recueillir l’avis desprofessionnels suggèrent que l’enquête par questionnaire était aussi valide que la méthodeDelphi. Nos résultats auraient pu être affinés par l’utilisation de la méthode Delphi modifiée82


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…qui aurait permis aux participants d’échanger directement sur certains points du questionnaire.Cependant un des avantages de la vraie méthode Delphi est d’ignorer <strong>le</strong> statut professionneldes autres participants [109] et ainsi de limiter <strong>le</strong>s jeux d’influence.Notre étude présentait plusieurs limites. La limite principa<strong>le</strong> est de ne pouvoir attribuer aveccertitude <strong>le</strong>s différences observées aux points de vue exprimés et non aux méthodes utilisées.Une autre limite relève du choix de fixer des seuils absolus ; ceci étant, cette méthode dedéfinition de seuils est considérée par Zimmerman et al. [52] comme satisfaisante. Laméthode alternative aurait consisté <strong>à</strong> fixer des seuils relatifs (<strong>à</strong> la distribution). Ces deuxméthodes ont fait l’objet de débats mais el<strong>le</strong>s n’ont pas été testées l’une par rapport <strong>à</strong> l’autre[67, 110, 111].Cette étude a sou<strong>le</strong>vé plusieurs questions, notamment concernant <strong>le</strong>s caractéristiques desétablissements <strong>à</strong> prendre en compte lors de la description de la variabilité des pratiques enOntario. En effet, comme dans <strong>le</strong> système de santé français, on distingue au Canada <strong>le</strong>s troisgrands types d’hôpitaux : universitaire, communautaire et local. Ces établissements sedistinguent éga<strong>le</strong>ment par <strong>le</strong>ur localisation (zones rura<strong>le</strong>s et urbaines) et la tail<strong>le</strong> de <strong>le</strong>ur fi<strong>le</strong>active de patients. Jusqu’en 2005 <strong>le</strong>s rapports du projet « Hospital Report » ont présenté ladistribution des indicateurs en différenciant uniquement <strong>le</strong>s trois types d’hôpitaux et en sefondant sur <strong>le</strong>s percenti<strong>le</strong>s pour juger la variabilité des pratiques et la qualité des soins.Certains participants du panel ont proposé que l’on prenne en compte <strong>le</strong>s autrescaractéristiques des établissements.Notre étude suggère donc que <strong>le</strong>s professionnels sont <strong>le</strong>s personnes <strong>le</strong>s plus compétentes pourdéterminer des seuils absolus et que la méthode <strong>à</strong> utiliser peut être soit un auto-questionnairesoit une méthode Delphi.Après cette étude exploratoire, un symposium a été organisé par l’Hospital Report ResearchCollaborative <strong>le</strong>s 10 et 11 juin 2004 afin d’approfondir certaines questions en vue de laréalisation du benchmarking en Ontario.Ce travail a fait l’objet de la rédaction d’un artic<strong>le</strong> soumis <strong>à</strong> la revue Health Services Researchand Policy.83


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…Artic<strong>le</strong>Moty-Monnereau C, Seeman NL, Brown AD. Setting patient satisfactionthresholds for Emergency Department care: Patients differ from providers andadministrators. J Hlth Serv Res Pol Soumis.Se reporter <strong>à</strong> l’annexe 284


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…I.3 Chapitre 3 : Causes et conséquences de la variabilité des pratiquesI.3.1Les causes de la variabilité des pratiquesSi la variabilité des pratiques est <strong>à</strong> ce jour bien documentée, <strong>le</strong>s déterminants (ou causes) decette variabilité font encore l’objet de travaux de recherche comme <strong>le</strong> montre <strong>le</strong> programmede recherche 2004 de l’IRDES [18]. Citons éga<strong>le</strong>ment l’ANAES qui, lors des appels <strong>à</strong> projetsde recherche en 2003 et 2004, a maintenu sa thématique « Évaluation des facteurs limitantl'appropriation et la mise en œuvre des recommandations par <strong>le</strong>s professionnels de la santé »afin d’identifier <strong>le</strong>s déterminants pouvant expliquer une partie de la variabilité des pratiquesliée <strong>à</strong> la non appropriation des recommandations.Casparie [112] distingue quatre groupes de déterminants pouvant expliquer la variabilité despratiques : <strong>le</strong>s caractéristiques du patient, du médecin, de l’établissement et del’environnement.— Les caractéristiques du patientLes caractéristiques du patient comprennent <strong>le</strong>s caractéristiques médica<strong>le</strong>s (<strong>le</strong>s antécédentsmédicaux et chirurgicaux, la présence voire l’association de pathologies aiguës et/ouchroniques en particulier d’une affection de longue durée [ALD], l’existence de facteurs derisque, <strong>le</strong>s symptômes présentés, <strong>le</strong> traitement habituel du patient…), <strong>le</strong>s caractéristiquesdémographiques et socio-économiques (<strong>le</strong> sexe, l’âge, <strong>le</strong> revenu, <strong>le</strong> niveau d’éducation, lacatégorie socio-professionnel<strong>le</strong>, la couverture socia<strong>le</strong>, la nature de la protectioncomplémentaire…) et <strong>le</strong> comportement du patient face <strong>à</strong> l’offre de soins (consumérisme,…).En effet, ces facteurs peuvent influencer la demande de soins et expliquer une partie de lavariabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s. Le CREDES a mis en évidence une plus forteconsommation de soins par <strong>le</strong>s patients ayant une profession libéra<strong>le</strong> [113]. Par contre il n’apas validé l’hypothèse de comportements de santé variab<strong>le</strong>s selon la nature de lacomplémentaire en ce qui concerne la consommation médicamenteuse.Casparie [112] rapporte différentes publications mettant en évidence <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> descaractéristiques des patients. Une étude montrait par exemp<strong>le</strong> que la variation du taux desortie des patients atteints de maladie musculo-sque<strong>le</strong>ttique entre hôpitaux dans <strong>le</strong> Michigan85


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…était expliquée pour 26,6% par quatre caractéristiques socio-économiques des patients : <strong>le</strong>revenu, l’éducation, <strong>le</strong> fait de vivre en zone urbaine et <strong>le</strong> niveau économique familial [114].Au contraire, Westert et al. [98] montraient que l’association entre <strong>le</strong>s taux de réalisationd’actes chirurgicaux aux Pays-Bas et <strong>le</strong> niveau économique de la communauté était faib<strong>le</strong>. Parail<strong>le</strong>urs, Leape, Brook, Chassin et <strong>le</strong>urs collaborateurs [115, 116] ont montré que la variabilitédu taux d’endarteriectomie de la carotide et du taux d’endoscopie digestive haute observéeentre 23 comtés était justifiée par <strong>le</strong>s caractéristiques cliniques du patient (ces pratiquess’avérant appropriées), contrairement au taux d’angiographie coronarienne dont 28% de lavariabilité était expliquée par une utilisation inappropriée. Cette étude souligne l’impossibilitéde conclure sur <strong>le</strong> caractère approprié des pratiques médica<strong>le</strong>s d’un établissement ou d’uncomté uniquement <strong>à</strong> partir du taux d’utilisation de cette pratique, <strong>le</strong>s caractéristiques despatients pouvant expliquer la variabilité de ces taux. Enfin, Cockburn et Pit [117] ont décritl’importance de l’attente des patients dans <strong>le</strong> processus de décision médica<strong>le</strong> qui pouvait ainsiexpliquer une partie de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s. De Pouvourvil<strong>le</strong> [118] notaitéga<strong>le</strong>ment l’impossibilité de « standardiser » <strong>le</strong>s malades comme limite <strong>à</strong> la maîtrise de lavariabilité des pratiques.En conclusion, la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s peut dans certains cas être justifiée parcertaines caractéristiques des patients notamment <strong>le</strong>s caractéristiques médica<strong>le</strong>s, mais el<strong>le</strong>peut éga<strong>le</strong>ment être injustifiée [10] nécessitant la mise en œuvre d’actions correctrices pouréviter <strong>le</strong>s conséquences négatives de la variabilité dont il est question dans la section I.3.2.— Les caractéristiques du médecinPlusieurs hypothèses ont été formulées pour expliquer la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s,notamment la demande induite par <strong>le</strong> médecin, <strong>le</strong>s sty<strong>le</strong>s de pratique et <strong>le</strong> con<strong>texte</strong> social. Ceshypothèses se révélant insuffisantes, <strong>le</strong>s caractéristiques individuel<strong>le</strong>s des médecins ont étéétudiées.La demande induite est définie comme <strong>le</strong> résultat de l’action du médecin incitant <strong>le</strong> patient <strong>à</strong>recevoir des soins dans l’intérêt du médecin et non du patient [119], <strong>le</strong> colloque médecinpatientayant lieu en situation d’asymétrie d’information en défaveur du patient. Le médecinpeut alors utiliser son « pouvoir discrétionnaire » pour influencer la décision et donc lademande du patient. Ceci résulterait en une augmentation de la dépense en soins (et du revenu86


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…du médecin) et <strong>à</strong> des pratiques médica<strong>le</strong>s injustifiées (sauf lorsqu’il s’agit uniquement del’augmentation du prix de la consultation qui ne fait pas partie de ce que l’on entend par lavariabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s), expliquant une partie de la variabilité des pratiquesmédica<strong>le</strong>s.Le rô<strong>le</strong> de la densité médica<strong>le</strong> comme composante de la demande induite est controversé.Kristiansen et Holtedahl [120], lors d’une étude réalisée en Norvège, ont montré que <strong>le</strong>nombre de visites <strong>à</strong> domici<strong>le</strong> augmentait avec la densité médica<strong>le</strong>. Scott et Shiell [121]retrouvaient cet effet de la densité médica<strong>le</strong> sur l’incitation du patient <strong>à</strong> une consultation desuivi uniquement pour la prise en charge de l’otite. Ils observèrent dans ce cas un effet positifde la densité médica<strong>le</strong> sur la proposition d’une consultation de suivi. Cet effet ne fut pas perçupour <strong>le</strong>s trois autres pathologies : la bronchite, l’angine et l’entorse. Cependant, d’après <strong>le</strong>sauteurs, certaines limites méthodologiques impliquaient de conforter ces résultats lors d’uneautre étude. L’étude menée par Davis et al. [122], en Nouvel<strong>le</strong> Zélande, <strong>à</strong> partir d’une enquêterégiona<strong>le</strong>, représentative, réalisée auprès des médecins généralistes (<strong>le</strong> mode de rémunérationprédominant étant <strong>le</strong> paiement <strong>à</strong> l’acte) avait montré une absence d’association entre ladensité médica<strong>le</strong> et la décision médica<strong>le</strong> qu’il s’agisse de la prescription, de la demanded’examens complémentaires et de la proposition d’une visite de suivi. Les auteurs concluaienten faveur d’un modè<strong>le</strong> clinique pour expliquer la variation des pratiques médica<strong>le</strong>s et étaientdéfavorab<strong>le</strong>s <strong>à</strong> la justification de cette variabilité par un modè<strong>le</strong> économique. Enfin, l’étude duCREDES [17] présentée plus loin (dans <strong>le</strong> paragraphe caractéristiques des médecins)retrouvait cette association entre densité médica<strong>le</strong> et variabilité des pratiques mais dans <strong>le</strong>sens inverse de ce que l’on aurait pu attendre : la présence de plus de 135 généralistes pour100 000 habitants dans l’unité urbaine était associée <strong>à</strong> une prescription plus faib<strong>le</strong> desantibiotiques lors de la prise en charge de la rhinopharyngite aigüe.A l’hypothèse de la demande induite est opposée cel<strong>le</strong> de l’incertitude professionnel<strong>le</strong> [2, 123,124] reprise ensuite par Folland et Stano [125] avec l’hypothèse du sty<strong>le</strong> de pratique. Cettedernière est définie comme <strong>le</strong> résultat des préférences du médecin quant <strong>à</strong> la prise en chargeoptima<strong>le</strong> du patient en situation d’incertitude médica<strong>le</strong>. Ceci ne résulte pas automatiquementen une augmentation de la dépense en soins contrairement <strong>à</strong> la demande induite. En fonctionde <strong>le</strong>urs connaissances scientifiques, de <strong>le</strong>ur éducation, de <strong>le</strong>ur expérience, de <strong>le</strong>ur aversion aurisque, de <strong>le</strong>ur aversion <strong>à</strong> l’incertitude [126] mais éga<strong>le</strong>ment de la façon dont <strong>le</strong> médecinprend en compte <strong>le</strong>s préférences du patient [127]…, <strong>le</strong>s médecins présentent des sty<strong>le</strong>s de87


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…pratiques variés allant du plus conservateur au plus innovateur [128]. Ces sty<strong>le</strong>s de pratiqueseraient stab<strong>le</strong>s dans <strong>le</strong> temps, comme <strong>le</strong> montrent Davis et al. [129] concernant <strong>le</strong>s médecinsgénéralistes.L’hypothèse du sty<strong>le</strong> de pratique présente l’inconvénient de ne pas distinguer la cause del’effet [127]. De plus, <strong>le</strong>s caractéristiques des médecins prises en compte dans la définition dusty<strong>le</strong> de pratique ne sont pas clairement définies. Stano [127] souligne l’absence de consensussur la définition ou <strong>le</strong> concept opérationnel du sty<strong>le</strong> de pratique et l’incapacité de distinguer cequi relève effectivement du sty<strong>le</strong> de pratique et ce qui relève d’autres facteurs. Westert etGroenewegen [128] relèvent la difficulté du recueil de données sur l’origine des préférenceset par conséquent des sty<strong>le</strong>s de pratiques, ces préférences se constituant dans <strong>le</strong> temps enfonction de l’éducation, l’expérience… comme noté précédemment.Face <strong>à</strong> ces limites, il s’avère nécessaire d’individualiser <strong>le</strong>s déterminants médecins au sein dusty<strong>le</strong> de pratique et d’identifier ceux sur <strong>le</strong>squels il est possib<strong>le</strong> d’agir afin de faire converger<strong>le</strong>s pratiques vers une pratique optima<strong>le</strong>. C’est une des raisons pour <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s <strong>le</strong>scaractéristiques individuel<strong>le</strong>s des médecins ont été étudiées, comme présentées plus loin.Une autre hypothèse a été avancée : « la contrainte dirigée » [128] ou <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> du con<strong>texte</strong>social dans <strong>le</strong>quel <strong>le</strong>s médecins travail<strong>le</strong>nt sur <strong>le</strong>ur prise de décision [130]. Une partie de lavariabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s serait expliquée par « des différences systématiques desmodes de travail et de pensées propres aux col<strong>le</strong>ctifs dans <strong>le</strong>squels ils s’insèrent » [10]. Cettehypothèse serait liée au désir de reconnaissance socia<strong>le</strong>, qui constitue un des objectifs de toutindividu d’après Lindenberg (cité dans [128]). Cette hypothèse explique la remarque d’Eddy[131], comme quoi <strong>le</strong>s médecins « follow the pack » (suivent <strong>le</strong> peloton), c’est-<strong>à</strong>-dire alignent<strong>le</strong>ur décision médica<strong>le</strong> sur cel<strong>le</strong> de <strong>le</strong>urs proches collègues en situation d’incertitude. Ainsi,Westert et al. [132] constataient que <strong>le</strong> médecin décidait d’une durée d’hospitalisationdifférente pour une même intervention chirurgica<strong>le</strong> selon l’hôpital dans <strong>le</strong>quel il travaillait.Les caractéristiques individuel<strong>le</strong>s du médecin comprennent <strong>le</strong>s caractéristiques sociodémographiquesdu médecin (âge, sexe, région d’exercice notamment), la spécialité,l’ancienneté, <strong>le</strong> type d’activité (en cabinet ou dans un établissement, seul ou en groupe), <strong>le</strong>mode de paiement (capitation, payement <strong>à</strong> l’acte (et dans ce cas <strong>le</strong> secteur tarifaire),88


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…salaire…). Ces caractéristiques peuvent expliquer une partie de la variabilité des pratiquesmédica<strong>le</strong>s.L’étude du CREDES portant sur la prise en charge de la rhinopharyngite aigüe en France [17]a permis d’identifier <strong>le</strong>s caractéristiques des médecins qui influaient sur <strong>le</strong>s pratiques deprescription des antibiotiques. Ces caractéristiques étaient : <strong>le</strong> niveau d’activité (plus l’activitédu médecin était importante, plus la prescription des antibiotiques était fréquente), laformation médica<strong>le</strong> continue (associée <strong>à</strong> une prescription plus faib<strong>le</strong>), la participation <strong>à</strong> unréseau de soins (associée <strong>à</strong> une prescription plus faib<strong>le</strong>), <strong>le</strong> fait de recevoir moins de 10visiteurs médicaux par mois (associée <strong>à</strong> une prescription plus faib<strong>le</strong>), <strong>le</strong> con<strong>texte</strong> local (plusde 135 généralistes pour 100 000 habitants dans l’unité urbaine, associé <strong>à</strong> une prescriptionplus faib<strong>le</strong>), <strong>le</strong> fait d’être un jeune médecin (35-44 ans) (associé <strong>à</strong> une prescription plusfaib<strong>le</strong>). Cette étude ne retrouvait pas d’association significative entre la prescriptiond’antibiotiques et <strong>le</strong>s variab<strong>le</strong>s du médecin « sexe », « secteur », « exercice en groupe ». EnAustralie, Scott et Shiell [121] ont éga<strong>le</strong>ment observé une association significative entre l’âgedu médecin et la proposition d’une consultation de suivi dans <strong>le</strong> cadre du traitement d’uneentorse, d’une bronchite aigüe ou d’une otite (dans un sens ou dans l’autre selon lapathologie). De plus, pour cette dernière pathologie, <strong>le</strong>s médecins travaillant en groupe étaientmoins enclins <strong>à</strong> proposer une consultation de suivi. Les résultats de ces études nécessitentd’être confortés dans <strong>le</strong> cadre de la prise en charge d’autres pathologies. L’IRDES mèneactuel<strong>le</strong>ment une étude sur <strong>le</strong>s déterminants de la variabilité de la prescription pour <strong>le</strong>spatients diabétiques (diabète de type 2) [18].Les caractéristiques des médecins peuvent donc expliquer une partie de la variabilité despratiques. L’identification de ces déterminants doit permettre d’une part de proposer desactions pour contrer l’induction de la demande, d’agir sur <strong>le</strong> sty<strong>le</strong> de pratique pour <strong>le</strong> modifierou d’en tenir compte lors de la diffusion d’une nouvel<strong>le</strong> pratique médica<strong>le</strong> ou d’une nouvel<strong>le</strong>recommandation, et fina<strong>le</strong>ment de prendre en compte <strong>le</strong>s caractéristiques individuel<strong>le</strong>sprincipa<strong>le</strong>s des médecins lors de l’élaboration et la mise en œuvre d’actions correctrices visant<strong>à</strong> faire converger <strong>le</strong>s pratiques.89


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…— Les caractéristiques de l’établissementLes caractéristiques de l’établissement comprennent la tail<strong>le</strong> de l’établissement, <strong>le</strong> nombre delits, la spécialité des services, <strong>le</strong> case-mix de patients, <strong>le</strong> type d’établissement (universitaire ounon), <strong>le</strong> secteur d’activité (public, privé, privé participant au service public).Ainsi dans l’étude de Wennberg et al. [133], <strong>le</strong>s auteurs expliquaient la différence entre <strong>le</strong>taux d’hospitalisation <strong>à</strong> Boston et au New Haven par <strong>le</strong> nombre de lits. De même en France, lavariabilité de la prise en charge des patients en fin de vie peut être expliquée par la variabilitédu nombre de lits et d’unité de soins palliatifs par région [134]. Enfin, Rabilloud et al. [101]ont montré que <strong>le</strong> taux de césariennes prophylactiques dans 83 maternités de la région Rhône-Alpes variait selon <strong>le</strong> case-mix des établissements, <strong>le</strong>s établissements recevant <strong>le</strong> plus defemmes <strong>à</strong> risque ayant <strong>le</strong> taux de césarienne prophylactique <strong>le</strong> plus bas.Les caractéristiques des établissements permettent donc d’expliquer une partie de lavariabilité des pratiques et d’élaborer des actions correctrices ciblées sur un profild’établissement donné ou de redéfinir l’offre de soins sur un territoire donné. Les actionsrelèveront souvent de l’Agence Régiona<strong>le</strong> d’Hospitalisation ou directement de la Direction del’Hospitalisation et de l’Organisation des Soins (DHOS) comme nous <strong>le</strong> verrons dans lasection I.4.— L’environnementLes caractéristiques de l’environnement comprennent principa<strong>le</strong>ment :- la densité médica<strong>le</strong> que nous avons traitée avec <strong>le</strong>s caractéristiques des médecins ;- <strong>le</strong> nombre et la proximité d’établissements de santé ainsi que <strong>le</strong>s ressourcesdisponib<strong>le</strong>s en termes de diagnostic et de thérapeutique dans une région donnée.En effet, une partie de la variabilité des pratiques de prise en charge des patientss’explique par des choix organisationnels et technologiques antérieurs [86].Comme <strong>le</strong> notent Flori et <strong>le</strong> Vaillant [86], selon <strong>le</strong>s régions <strong>le</strong>s ressourcesdisponib<strong>le</strong>s peuvent varier, excluant naturel<strong>le</strong>ment certaines pratiques etmobilisant d’autres en priorité [10]. De même, <strong>le</strong>s réseaux de soins sont plus oumoins développés, orientant certains patients vers une prise en charge en90


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…ambulatoire dans <strong>le</strong> premier cas ou en établissement de santé dans <strong>le</strong> second cas[86] ;- l’urbanisation [112] ;- l’existence de recommandations et de référentiels ;- l’innovation médica<strong>le</strong> et notamment thérapeutique : cel<strong>le</strong>-ci est en effet une sourced’incertitude pour <strong>le</strong> médecin et donc un facteur d’hétérogénéité des pratiquesmédica<strong>le</strong>s ;- …En conclusion, <strong>le</strong>s déterminants de la variabilité des pratiques sont nombreux, qu’ils soientliés au patient, au médecin, <strong>à</strong> l’établissement ou <strong>à</strong> l’environnement. Ils sont <strong>le</strong> plus souventintriqués entre eux [10, 128], <strong>le</strong>ur analyse devra donc prendre en compte cet emboîtement etla possib<strong>le</strong> colinéarité des données, en utilisant des méthodes propres. Dans ce cas, onprivilégiera l’analyse de données individuel<strong>le</strong>s en utilisant <strong>le</strong>s modè<strong>le</strong>s hiérarchiques multiniveaux.L’identification des déterminants de la variabilité des pratiques devrait permettre de définirdes actions correctrices pour faire converger <strong>le</strong>s pratiques, comme nous <strong>le</strong> présenterons dansla section I.4. Cependant, la part respective des différents déterminants pour expliquer lavariabilité des pratiques est mal connue, ce qui rend diffici<strong>le</strong> la priorisation des actionscorrectrices. En effet, <strong>le</strong> poids de chaque déterminant n’étant pas connu précisément, <strong>le</strong>s<strong>le</strong>viers d’action <strong>à</strong> privilégier ne <strong>le</strong> sont pas non plus. Il est donc nécessaire de poursuivre larecherche dans ce domaine.91


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…I.3.2Les conséquences de la variabilité des pratiquesLes conséquences de la variabilité des pratiques ne sont pas mesurées de façon systématiqueen France. El<strong>le</strong>s peuvent consister en une sur-utilisation [135], sous-utilisation [136] ou dysutilisationdes ressources ou des pratiques médica<strong>le</strong>s qui relèvent des questions du typetrop/trop peu, approprié/non approprié, futi<strong>le</strong>/inuti<strong>le</strong>, nécessaire/non nécessaire [85]. Lesconséquences peuvent être classées en trois catégories : médica<strong>le</strong>, humaine et économique,qui sont <strong>le</strong> plus souvent intriquées.— Les conséquences médica<strong>le</strong>sLes conséquences médica<strong>le</strong>s de la variabilité des pratiques sont pour certains patients uneperte de chance (s’ils ne bénéficient pas de la pratique recommandée alors que <strong>le</strong> rapportrisque/bénéfice est favorab<strong>le</strong>) ou une exposition <strong>à</strong> un risque inuti<strong>le</strong> (si <strong>le</strong> rapportrisque/bénéfice de la pratique médica<strong>le</strong> réalisée est défavorab<strong>le</strong> pour <strong>le</strong> patient). Ceci peutaboutir pour <strong>le</strong> médecin <strong>à</strong> des problèmes médico-légaux voire <strong>à</strong> la réalisation d’un procès enresponsabilité, <strong>à</strong> la demande du patient. En effet, on observe une judiciarisation des relationsmédecin-malade.Pour ce qui est des effets secondaires des médicaments ou des examens complémentaires, ilssont pour la plupart répertoriés mais la part évitab<strong>le</strong> n’est pas mesurée. Par exemp<strong>le</strong>, on neconnaît pas l’impact d’un nouveau médicament sur la santé de la population, impact qui inclutla variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s et l’observance du patient. LA HAS (l’ex commissionde la transparence) émet un avis sur <strong>le</strong> service médical « attendu » mais des études sontnécessaires pour mesurer <strong>le</strong> service médical effectivement rendu. C’est la raison pour laquel<strong>le</strong><strong>le</strong> GIS « évaluation épidémiologique des produits de santé » a été créé avec notammentl’étude CADEUS présentée plus haut sur l’utilisation des anti-inflammatoires. Ces évaluationsdes médicaments après <strong>le</strong>ur mise sur <strong>le</strong> marché permettent, d’une part, d’identifier desévénements indésirab<strong>le</strong>s non connus préalab<strong>le</strong>ment <strong>à</strong> l’AMM et, d’autre part, de mesurer <strong>le</strong>respect ou non de la population cib<strong>le</strong> et des conditions de prescription et d’utilisation.92


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…— Les conséquences humainesAux conséquences médica<strong>le</strong>s, s’ajoutent des conséquences humaines pour <strong>le</strong> patient,notamment d’ordre psychologique. On peut citer <strong>le</strong> stress et l’incommodité causés par la miseen route d’un traitement ou la réalisation d’examens complémentaires alors que ceux-ci nesont pas recommandés, <strong>le</strong> rapport bénéfice/risque s’avérant négatif pour <strong>le</strong> patient. Ainsi,Phelps [137] pose <strong>le</strong> problème de la relation entre variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s et pertede bien-être.Par exemp<strong>le</strong>, la réalisation d’examens complémentaires injustifiés et non recommandéspendant <strong>le</strong> suivi de la grossesse occasionne une anxiété chez la femme enceinte et peut avoirdes répercussions importantes sur la poursuite ou non de la grossesse en l’absence dejustification scientifique [138].— Les conséquences en terme d’utilisation des ressourcesLes conséquences de la variabilité des pratiques sur l’utilisation des ressources concernentnon seu<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s dépenses de la sécurité socia<strong>le</strong> (via l’Assurance Maladie) et des ménagesmais éga<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s recettes de l’industrie et des professionnels de santé. Le point de vueconsidéré est donc important car il entraînera des conclusions différentes, voire opposées. Parexemp<strong>le</strong>, la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s peut être suivie, d’une part, de conséquenceséconomiques positives pour <strong>le</strong>s industriels qui proposent un acte, un dispositif médical, unetechnologie ou un médicament qui n’a pas fait l’objet d’une recommandation favorab<strong>le</strong> (et quine serait donc pas utilisé si <strong>le</strong>s pratiques médica<strong>le</strong>s convergeaient vers la recommandation) ;mais aussi, d’autre part, de conséquences négatives sur <strong>le</strong> budget des ménages et del’Assurance Maladie. Cependant, certains médicaments ayant été retirés du marché pour desproblèmes de pharmacovigilance survenus alors que <strong>le</strong>s règ<strong>le</strong>s de bon usage n’étaient pasrespectées (contre-indications, associations médicamenteuses…), l’industriel lui-même n’apas toujours intérêt <strong>à</strong> augmenter ses ventes.Il n’existe pas, ou très peu, de données de coût permettant de chiffrer <strong>le</strong>s conséquenceséconomiques des défauts de qualité [139]. Ces défauts de qualité peuvent résulter, danscertains cas, de la variabilité des pratiques. Ainsi <strong>le</strong> rapport élaboré par <strong>le</strong> CCECQA, encollaboration avec l’ANAES, sur <strong>le</strong>s coûts de la qualité et de la non-qualité des soins dans <strong>le</strong>sétablissements de santé [139] répertorie <strong>le</strong>s différents événements coûteux en établissement de93


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…santé : <strong>le</strong>s événements indésirab<strong>le</strong>s (dont <strong>le</strong>s infections nosocomia<strong>le</strong>s), <strong>le</strong>s prescriptionsinappropriées, <strong>le</strong>s interventions injustifiées, <strong>le</strong>s hospitalisations non justifiées, <strong>le</strong>s défauts ducircuit du médicament et la non-adéquation des patients aux lits d’hospitalisation. Ce rapportne retient que deux fourchettes de coût : 383 Euros en moyenne pour une infection urinaire etentre 26 256 et 35 185 Euros pour une septicémie survenue en service de réanimation. Ilrapporte éga<strong>le</strong>ment une étude monocentrique [140] estimant, en France, <strong>à</strong> 4 150 Euros <strong>le</strong> coûtd’un événement indésirab<strong>le</strong> médicamenteux. Ce coût n’est pas négligeab<strong>le</strong>, surtout dans <strong>le</strong> casoù <strong>le</strong> médicament <strong>à</strong> l’origine de cet événement indésirab<strong>le</strong> n’aurait pas dû être prescrit <strong>à</strong> cepatient d’après <strong>le</strong>s recommandations concernant la prise en charge de sa pathologie. LesCentres Régionaux de PharmacoVigilance travail<strong>le</strong>nt actuel<strong>le</strong>ment sur la mesure del’évitabilité des effets indésirab<strong>le</strong>s et <strong>le</strong>ur coût.94


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…I.4 Chapitre 4 : Actions mises en place pour diminuer cette variabilitéDans <strong>le</strong> domaine de la santé, l’intervention de multip<strong>le</strong>s individus aux objectifs variés, voireopposés, rend comp<strong>le</strong>xe la mise en place d’actions pour faire converger <strong>le</strong>s pratiques. Eneffet, la rationalisation de cel<strong>le</strong>s-ci se fera aux dépens de l’intérêt financier des uns ou desautres, alors que <strong>le</strong>s enjeux économiques et politiques sont particulièrement présents. C’estune des raisons pour <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s la HAS a été créée : pour que l’évaluation du service médicalattendu de ces pratiques soit réalisée par une autorité indépendante tout <strong>à</strong> la fois du ministère,de l’industrie pharmaceutique, des professionnels de santé, des associations de patients…Les actions <strong>à</strong> mettre en place, pour faire converger <strong>le</strong>s pratiques vers une pratique optima<strong>le</strong>, sejustifient par l’importance des conséquences de la variabilité des pratiques et par l’existencede déterminants sur <strong>le</strong>squels il est possib<strong>le</strong> d’agir. Cependant, la hiérarchisation et lapriorisation des actions sont malaisées car ces conséquences ne sont pas mesuréessystématiquement, et la part respective des déterminants de la variabilité des pratiques est malconnue. De plus, il est diffici<strong>le</strong> de réunir <strong>le</strong>s moyens humains et financiers nécessaires <strong>à</strong>l’élaboration puis <strong>à</strong> la mise en œuvre de ces actions. Une volonté politique s’avère <strong>le</strong> plussouvent nécessaire.Les actions peuvent être mises en œuvre par différents intervenants que ce soit <strong>le</strong>s décideurs(ministère, agence ministériel<strong>le</strong>, la Haute autorité de santé), <strong>le</strong>s financeurs (AssuranceMaladie essentiel<strong>le</strong>ment) ou <strong>le</strong>s producteurs de santé (professionnels de santé et industriels).A ce jour, <strong>le</strong>s actions mises en place en France portent principa<strong>le</strong>ment sur l’offre de soins etsont dirigées plus particulièrement vers <strong>le</strong>s médecins et <strong>le</strong>s établissements. Cependant, i<strong>le</strong>xiste éga<strong>le</strong>ment des actions en direction du patient.Les actions correctrices de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s mises en place en directiondes patients et des médecins portent d’une part sur <strong>le</strong>urs connaissances (via une meil<strong>le</strong>ureinformation et formation) et d’autre part sur <strong>le</strong>ur comportement (via <strong>le</strong>s incitations et <strong>le</strong>ssanctions).95


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…I.4.1A destination des patients— Actions sur <strong>le</strong>s connaissances des patientsDes actions d’information des patients ont été mises en œuvre afin d’améliorer <strong>le</strong>ursconnaissances et agir d’une part sur l’hypothèse de la demande induite (en diminuantl’asymétrie d’information entre <strong>le</strong> médecin et <strong>le</strong> patient) et d’autre part sur l’observance et <strong>le</strong>spréférences du patient.L’Assurance Maladie lance régulièrement des campagnes d’information <strong>à</strong> destination despatients. Ainsi l’URCAM I<strong>le</strong> de France [22] a fait remettre une plaquette d’information auxpatients, via <strong>le</strong>ur médecin, portant sur la dou<strong>le</strong>ur chronique et sa prise en charge. Cette actiona été mise en place suite <strong>à</strong> l’étude de 2002 montrant une prise en charge non optima<strong>le</strong> de cespatients. De même, une action d’information et d’éducation des patients traités par antivitamineK a été mise en œuvre par l’URCAM du Limousin, en <strong>le</strong>ur remettant, via <strong>le</strong>urmédecin, un carnet de suivi [22].Les patients peuvent éga<strong>le</strong>ment se procurer des informations sur l’Internet. Afin de garantir laqualité de ces informations, la HAS doit édicter des règ<strong>le</strong>s de bonnes pratiques afin depermettre la certification des « sites informatiques dédiés <strong>à</strong> la santé » (loi n°2004-810 du 13août 2004). La loi relative <strong>à</strong> l’Assurance Maladie (loi n°2004-810 du 13 août 2004) précise :« A compter du 1 er janvier 2006, cette certification est mise en œuvre et délivrée par unorganisme accrédité attestant du respect des règ<strong>le</strong>s de bonnes pratiques édictées par la HauteAutorité de santé ». Reste <strong>à</strong> s’assurer que ces informations sont bien assimilées compte tenudes catégories socio-professionnel<strong>le</strong>s.— Autres actionsEn dehors de l’amélioration des connaissances des patients, d’autres actions ont été mises enœuvre pour agir sur <strong>le</strong> comportement des patients, notamment l’organisation duremboursement des soins et dans certains cas l’application de sanctions.Ainsi Durand-Za<strong>le</strong>ski et Chaix [141] notent que « <strong>le</strong> taux de remboursement, par l’AssuranceMaladie, des biens et des services de santé représente donc la principa<strong>le</strong> incitation financièrecol<strong>le</strong>ctive ». De même, <strong>le</strong>s mesures précisées dans la loi relative <strong>à</strong> l’Assurance Maladie (loi96


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…n°2004-810 du 13 août 2004) devraient permettre au médecin traitant de pratiquer enconformité avec <strong>le</strong>s recommandations sans craindre une perte de clientè<strong>le</strong> liée <strong>à</strong> la nonréponse<strong>à</strong> des attentes injustifiées de certains patients. Ceci devrait réduire une part de lavariabilité médica<strong>le</strong> liée aux préférences du patient. Cependant <strong>le</strong> patient pouvant changer demédecin traitant dès qu’il <strong>le</strong> souhaite, il est possib<strong>le</strong> que cette facilité soit utilisée par ceux-l<strong>à</strong>même dont on cherchait <strong>à</strong> diminuer <strong>le</strong> nomadisme médical.Les sanctions <strong>à</strong> type de cessation de remboursement sont éga<strong>le</strong>ment utilisées par l’AssuranceMaladie lorsque des patients sollicitent <strong>le</strong> remboursement de prestations non justifiées etqu’aucune autre action efficace n’est possib<strong>le</strong>. Ainsi, la CPAM des Hautes-Alpes [22] a cessé<strong>le</strong> remboursement du sulfate de morphine en 2001 et 2002 aux patients toxicomanes ayantbénéficié d’un remboursement pour sulfate de morphine hors AMM. Ces patientstoxicomanes ont été identifiés <strong>à</strong> partir des données de remboursement. Il s’agit ici d’arrêterdes pratiques non justifiées. Ces pratiques injustifiées contribuent <strong>à</strong> la variabilité des pratiquesde prescription et relèvent du non respect des recommandations. De ce fait, il estindispensab<strong>le</strong> de prendre <strong>le</strong>s mesures permettant d’y mettre un terme.I.4.2A destination des médecins— Actions sur <strong>le</strong>s connaissances des médecinsUn des principaux outils pour faire converger <strong>le</strong>s pratiques médica<strong>le</strong>s vers la pratiqueoptima<strong>le</strong> est l’élaboration de recommandations professionnel<strong>le</strong>s fondées sur <strong>le</strong>s données de lascience et l’avis d’experts. La définition utilisée en France pour <strong>le</strong>s recommandationsprofessionnel<strong>le</strong>s est cel<strong>le</strong> de l’Institute of Medicine aux Etats-Unis [142] qui <strong>le</strong>s définitcomme « des propositions développées avec une méthode explicite pour aider <strong>le</strong> praticien et<strong>le</strong> patient <strong>à</strong> chercher <strong>le</strong>s soins <strong>le</strong>s plus appropriés dans des circonstances cliniques données »[143]. El<strong>le</strong>s présentent ainsi clairement « <strong>le</strong>s interventions et <strong>le</strong>s stratégies qui sontappropriées, cel<strong>le</strong>s qui ne <strong>le</strong> sont pas ou plus, et cel<strong>le</strong>s pour <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s il existe unecontroverse » [142].LA HAS est chargée de l’élaboration des recommandations professionnel<strong>le</strong>s dans <strong>le</strong> champ dela santé. Aux recommandations qu’el<strong>le</strong> élabore, vient s’ajouter la « base de recommandationsfrançaises » (BRF) qui a pour but de mettre <strong>à</strong> disposition des professionnels de santé toutes97


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…<strong>le</strong>s recommandations françaises accompagnées d’un commentaire qualitatif permettant au<strong>le</strong>cteur d’en juger la pertinence [91]. Cette base de recommandations est accessib<strong>le</strong> depuis <strong>le</strong>site de la HAS.Il est opportun d’analyser tout d’abord <strong>le</strong>s différentes méthodes d’élaboration desrecommandations, puis <strong>le</strong>s modalités de <strong>le</strong>ur mise en œuvre, la mesure de <strong>le</strong>ur impact et <strong>le</strong>sfacteurs limitant <strong>le</strong>ur appropriation.Méthodes d’élaboration des recommandationsLes méthodes d’élaboration des recommandations sont aujourd’hui bien décrites dans lalittérature [142 , 144], notamment par l’ANAES [145, 146].On distingue la recommandation pour la pratique clinique, la conférence de consensus et <strong>le</strong>consensus formalisé d’experts. Le choix de la méthode dépend de la question posée et del’amp<strong>le</strong>ur des connaissances disponib<strong>le</strong>s. Toutes ces méthodes comprennent une revuecritique de la littérature [147] et la consultation d’experts avec une place respective plus oumoins importante. Les méthodes <strong>le</strong>s plus utilisées en France par la HAS sont larecommandation pour la pratique clinique suivie de la conférence de consensus.La recommandation pour la pratique clinique est élaborée pour des thématiques pour<strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s la littérature scientifique permet de répondre aux questions posées. El<strong>le</strong> consistetout d’abord <strong>à</strong> réaliser une revue critique de la littérature avec quantification du niveau depreuve scientifique [145]}. La classification retenue par la HAS distingue <strong>le</strong>srecommandations de grade A, lorsque la preuve est scientifiquement établie, <strong>le</strong>srecommandations de grade B, lorsque il n’y a que présomption scientifique, et <strong>le</strong>srecommandations de grade C, lorsque <strong>le</strong> niveau de preuve est faib<strong>le</strong> [147]. Il n’est pas certainque ces dernières puissent véritab<strong>le</strong>ment améliorer la pratique.Une preuve peut être scientifiquement établie par des études concordantes de fort niveau depreuve (essais comparatifs randomisés de forte puissance, méta-analyse d’essais comparatifsrandomisés, analyse de décision fondée sur des études bien menées). La présomptionscientifique repose quant <strong>à</strong> el<strong>le</strong> sur des études concordantes de niveau de preuve intermédiaire(essais comparatifs randomisés de faib<strong>le</strong> puissance, études comparatives non randomiséesbien menées, études de cohorte). Enfin, un niveau de preuve est faib<strong>le</strong> lorsqu’il repose sur des98


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…études discordantes ou de faib<strong>le</strong> niveau de preuve (études cas-témoins, études comparativescomportant des biais importants, études rétrospectives, séries de cas).Cette revue de la littérature est ensuite présentée <strong>à</strong> un groupe de travail constitué d’expertspluridisciplinaires (choisis par <strong>le</strong> comité d’organisation) qui réalise une analysebénéfice/risque et propose des recommandations. Dans certains cas, ce sont <strong>le</strong>s experts dugroupe de travail qui effectuent la revue de la littérature. Le document réalisé est ensuitesoumis pour avis <strong>à</strong> un groupe de <strong>le</strong>cture composé d’experts différents du groupe de travail.On peut citer comme exemp<strong>le</strong> la recommandation pour la pratique clinique portant sur <strong>le</strong>ssoins palliatifs [148], datée de décembre 2002, qui présentait <strong>le</strong>s modalités de prise en chargedes principaux symptômes présentés par <strong>le</strong>s patients nécessitant des soins palliatifs.La conférence de consensus est utilisée pour répondre <strong>à</strong> des questions portant <strong>à</strong> controverse etpour <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s <strong>le</strong>s données scientifiques existent mais sont insuffisantes. El<strong>le</strong> consiste « en larédaction de recommandations par un jury au terme de la présentation publique de rapportsd’experts faisant la synthèse des connaissances » [146]. On peut citer par exemp<strong>le</strong> laconférence de consensus organisée en janvier 2004 suite <strong>à</strong> la diffusion de la recommandationconcernant <strong>le</strong>s soins palliatifs. Cette conférence de consensus[149] répondait aux questionsnon traitées dans la recommandation concernant notamment la place et <strong>le</strong>s fonctions de lafamil<strong>le</strong> et des bénévo<strong>le</strong>s dans l’accompagnement des personnes en fin de vie et l’organisationpratique de la démarche d’accompagnement.Le consensus formalisé d’experts consiste <strong>à</strong> demander <strong>à</strong> des experts de coter des indicationsrelatives <strong>à</strong> une stratégie diagnostique ou thérapeutique <strong>à</strong> partir d’une liste préétablie et desdonnées de la littérature [144]. Cette méthode dérivée de la méthode Delphi [150] est sujetteaux mêmes biais que cette dernière <strong>à</strong> savoir, notamment, que <strong>le</strong>s conclusions dépendentfortement de la qualité des experts [151]. On peut citer comme exemp<strong>le</strong> <strong>le</strong> consensusformalisé d’experts sur l’indication de radiothérapie « grand champ » [152] daté de février2003 qui présentait <strong>le</strong>s pathologies pour <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s une radiothérapie était indiquée.Les recommandations ainsi élaborées, quel<strong>le</strong> que soit la méthode utilisée, nécessitent que <strong>le</strong>urapplicabilité soit vérifiée. Ainsi, Densow et Kind<strong>le</strong>r [153] ont proposé que <strong>le</strong>srecommandations soient testées sur une base de cas cliniques, permettant notamment depréciser et d’améliorer <strong>le</strong>s recommandations avant <strong>le</strong>ur diffusion.99


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…De plus, el<strong>le</strong>s doivent être réévaluées régulièrement afin de vérifier la permanence de <strong>le</strong>urvalidité et, <strong>le</strong> cas échéant, de <strong>le</strong>s mettre <strong>à</strong> jour en prenant en compte <strong>le</strong>s dernières données dela science. Ainsi Shekel<strong>le</strong> et al. [154] ont proposé que cette réévaluation soit réalisée tous <strong>le</strong>strois ans ou <strong>à</strong> un rythme fixé en fonction du niveau de preuve de la recommandation.Browman [155] a discuté ce délai de trois ans et a proposé certaines stratégies pouvantdiminuer <strong>le</strong> temps passé <strong>à</strong> réévaluer <strong>le</strong>s recommandations. Il discute notamment de lapossibilité 1) de notifier dans <strong>le</strong> <strong>texte</strong> de la recommandation l’existence d’études en coursdont <strong>le</strong>s données pourront modifier <strong>le</strong>s conclusions de la recommandation (cette proposition aété retenue par l’ANAES qui mentionnait systématiquement <strong>le</strong>s études en cours), 2) de répéterla stratégie de recherche bibliographique ayant servi <strong>à</strong> l’élaboration de la recommandationinitia<strong>le</strong> afin d’identifier rapidement de nouvel<strong>le</strong>s données et de mettre <strong>à</strong> jour régulièrement larecommandation (c’est la méthode utilisée par la revue Cochrane).Les avantages et inconvénients de chaque méthode ayant été présentés ci-dessus, on retiendranotamment que <strong>le</strong> choix de la méthode doit dépendre des données disponib<strong>le</strong>s et du type dequestion posée, portant ou non <strong>à</strong> controverse.Un reproche général qui peut être fait aux recommandations est de ne pas prendre en compte<strong>le</strong>s études en cours (car non publiées) et <strong>le</strong>s techniques émergentes (qu’il s’agisse denouvel<strong>le</strong>s technologies, d’actes, de dispositifs médicaux ou de médicaments). Ceci a pourconséquence un décalage des recommandations par rapport aux innovations. Ainsi, <strong>le</strong>srecommandations professionnel<strong>le</strong>s consistent <strong>le</strong> plus souvent en une actualisation des coursreçus en formation initia<strong>le</strong> (en utilisant <strong>le</strong>s dernières données publiées) alors qu’il seraitéga<strong>le</strong>ment nécessaire de fournir aux médecins des recommandations concernant <strong>le</strong>sinnovations. Ce complément d’information pour <strong>le</strong> médecin pourrait consister dans unpremier temps <strong>à</strong> organiser en France un système de veil<strong>le</strong>. Des cellu<strong>le</strong>s régiona<strong>le</strong>s pourraientjouer ce rô<strong>le</strong> et faire remonter l’information <strong>à</strong> la HAS qui réaliserait une première évaluationet élaborerait des recommandations pour encadrer la pratique et la recherche concernant <strong>le</strong>sinnovations.100


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…Modalités de mise en œuvre des recommandationsLes modalités de mise en œuvre des recommandations sont régulièrement décrites dans lalittérature contemporaine [91, 142, 143, 156, 157]. El<strong>le</strong>s se déclinent en méthodes dediffusion et en méthodes d’encadrement des pratiques.Les méthodes de diffusion comprennent :- la distribution de la recommandation (ou d’autre document participant <strong>à</strong>l’information/formation du patient),- <strong>le</strong>s conférences, présentations didactiques, ateliers éducatifs,- la formation médica<strong>le</strong> continue,- <strong>le</strong>s visites d’éducation au cabinet du médecin,- <strong>le</strong>s <strong>le</strong>aders d’opinion (il s’agit de praticiens reconnus et écoutés par <strong>le</strong>urs collègues,pouvant faciliter la diffusion d’une recommandation <strong>à</strong> un niveau local).Les méthodes d’encadrement des pratiques se déclinent el<strong>le</strong>s-mêmes en audits-retoursd’information et en rappels au moment de la décision. L’audit-retour d’information ou audit« feedback » consiste <strong>à</strong> évaluer <strong>le</strong>s pratiques d’un médecin ou d’un groupe de médecin puis <strong>à</strong><strong>le</strong>ur envoyer <strong>le</strong>s résultats de cette évaluation.Les rappels au moment de la décision (« reminders ») consistent <strong>à</strong> rappe<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s bonnespratiques au médecin lors de sa prise de décision, afin de l’inciter <strong>à</strong> agir conformément <strong>à</strong> cequi est recommandé. Le rappel peut-être réalisé sous forme papier, par exemp<strong>le</strong> en utilisantdes fiches de prescription (comme cel<strong>le</strong> développée par <strong>le</strong> CCECQA pour la prescription dubilan thyroïdien [30]), sous forme informatique (messages de rappel lors de la prescriptiond’un médicament ayant des contre-indications par exemp<strong>le</strong>) ou par téléphone.L’ANAES propose une classification des méthodes de mise en œuvre des recommandationsselon <strong>le</strong>ur degré d’efficacité. Cette classification est exposée dans son rapport « Efficacité desméthodes de mise en œuvre des recommandations médica<strong>le</strong>s » [143] qui présente la synthèsedes données disponib<strong>le</strong>s sur ce sujet en 2000, incluant <strong>le</strong>s études du groupe Cochrane sur <strong>le</strong>spratiques professionnel<strong>le</strong>s « Effective Practice and Organisation of Care Review group » 4 .4 http://www.epoc.uottawa.ca101


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…Ainsi, pour l’ANAES :- <strong>le</strong>s « interventions inefficaces » comprennent la diffusion simp<strong>le</strong> (neuf essais concordants) etla formation médica<strong>le</strong> continue dans sa forme traditionnel<strong>le</strong> (quatre essais concordants) ;- <strong>le</strong>s « interventions d’efficacité discutab<strong>le</strong> ou non clairement démontrée » comprennentl’utilisation des <strong>le</strong>aders d’opinion (impact trouvé dans deux études sur huit) et la démarchequalité (absence d’impact dans trois essais contrôlés de qualité discutab<strong>le</strong>) ;- <strong>le</strong>s « interventions d’efficacité démontrée mais avec un effet intervention limité »comprennent l’audit-retour d’information (impact trouvé dans 27 essais sur 34) et laformation médica<strong>le</strong> continue interactive (impact trouvé dans 9 études sur 17) ;- <strong>le</strong>s interventions « d’efficacité démontrée ayant un effet important » comprennent <strong>le</strong>s« visites <strong>à</strong> domici<strong>le</strong> » (ou visites confraternel<strong>le</strong>s) (impact retrouvé dans 13 études sur 18) et<strong>le</strong>s rappels (« reminders »).Ces conclusions étaient confirmées ou inchangées lors de la mise <strong>à</strong> jour de la revuesystématique Cochrane en 2004 sur ces différentes modalités de mise en œuvre desrecommandations professionnel<strong>le</strong>s [158-162].L’association des différentes modalités de mise en œuvre est conseillée par de nombreuxauteurs [143]. Cependant, l’association « idéa<strong>le</strong> » n’a pas été identifiée et ces associationssupposent de multiplier <strong>le</strong>s moyens humains et financiers mis <strong>à</strong> disposition. Le rapportcoût/bénéfice de ces associations nécessite d’être évalué. La mise en œuvre de cesassociations nécessitera ensuite une volonté politique.102


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…Mesure de l’impact des recommandationsLa diffusion des recommandations devrait faire systématiquement l’objet d’un suivi pour enévaluer l’impact sur <strong>le</strong>s pratiques médica<strong>le</strong>s [143] afin, <strong>le</strong> cas échéant, d’engager des actionscorrectrices plus fortes <strong>à</strong> type d’incitation ou de sanction si la diffusion seu<strong>le</strong> de larecommandation s’avère insuffisante.L’évaluation de l’impact des recommandations entre dans <strong>le</strong> cadre de l’évaluation normative(tel<strong>le</strong> que présentée dans la section I.2.1 avec quelques nuances méthodologiques que nousmentionnons ci-dessous) et de la recherche évaluative [37] qui vise <strong>à</strong> étudier la relation entre<strong>le</strong>s différentes composantes d’une intervention. L’évaluation de l’impact desrecommandations sur <strong>le</strong>s pratiques médica<strong>le</strong>s implique d’avoir identifié au préalab<strong>le</strong> descritères associés aux recommandations [163]. El<strong>le</strong> peut consister soit <strong>à</strong> entreprendre un auditclinique et <strong>à</strong> comparer <strong>le</strong>s pratiques avant et après la diffusion de la recommandation, soit <strong>à</strong>décrire des indicateurs identifiés comme reflétant <strong>le</strong> respect de la recommandation. Ces deuxméthodes peuvent être associées.L’audit cliniqueLa méthodologie <strong>à</strong> utiliser pour procéder <strong>à</strong> une évaluation des pratiques professionnel<strong>le</strong>s enréalisant un audit clinique est détaillée dans notre artic<strong>le</strong> joint en annexe 3 [76] : « Moty C,Barberger-Gateau P, Salmi LR. Lecture critique d'une évaluation des pratiquesprofessionnel<strong>le</strong>s ». Cet artic<strong>le</strong> a été publié dans la revue médica<strong>le</strong> de l’Assurance Maladie, cequi souligne l’effort déployé par cel<strong>le</strong>-ci pour former <strong>le</strong>s professionnels de santé <strong>à</strong> l’évaluationdes pratiques. Il rappel<strong>le</strong> d’une part <strong>le</strong>s six étapes de l’audit clinique (figure 1 de l’artic<strong>le</strong>) : <strong>le</strong>choix du thème et l’initialisation de l’étude, <strong>le</strong> choix des critères et des références, <strong>le</strong> choix dela méthode de mesure, <strong>le</strong> recueil de données et la mesure des écarts, l’analyse des écarts, etenfin l’élaboration des recommandations et <strong>le</strong> suivi. L’artic<strong>le</strong> détail<strong>le</strong> ensuite <strong>le</strong>s élémentsméthodologiques correspondant <strong>à</strong> ces étapes : la méthode de définition de la référence, <strong>le</strong>calcul du nombre de sujets nécessaires…D’autre part, cet artic<strong>le</strong> souligne l’importance de réaliser des mesures avant-après afin deconclure avec pertinence sur l’impact d’une intervention sur <strong>le</strong>s pratiques professionnel<strong>le</strong>s.L’audit clinique avec comparaison avant-après implique d’avoir effectué une mesure avant la103


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…diffusion de la recommandation ce qui est rarement fait. Il est <strong>à</strong> noter que la définition de latail<strong>le</strong> de l’échantillon ainsi que l’analyse sont différents pour la mesure « avant » et la mesure« après ». La figure 2 de notre artic<strong>le</strong> distingue <strong>le</strong>s deux types de comparaison : la mesure« avant » a pour objectif de mesurer <strong>le</strong>s écarts par rapport <strong>à</strong> la recommandation avant ladiffusion de cel<strong>le</strong>-ci, tandis que la mesure « après » a pour objectif de comparer <strong>le</strong>s écartsentre la mesure « avant » et la mesure « après » de façon <strong>à</strong> poser un jugement de causalité oud’imputabilité de la recommandation sur la différence mesurée entre <strong>le</strong>s pratiquesprofessionnel<strong>le</strong>s avant et après la diffusion de cel<strong>le</strong>-ci. La conclusion en terme de causalité estsujette au biais de l’histoire (qui fait partie des biais de confusion), une autre interventionpouvant expliquer <strong>le</strong> changement mesuré. S’il est vrai que l’utilisation d’un groupe témoinpermettrait de contrô<strong>le</strong>r ce biais, il paraît diffici<strong>le</strong> de ne pas diffuser une recommandation <strong>à</strong>l’ensemb<strong>le</strong> des médecins en France. La définition du groupe témoin pose alors problème. Deplus, la problématique se rapproche davantage de l’évaluation pragmatique en populationgénéra<strong>le</strong> que d’une évaluation expérimenta<strong>le</strong>, contrairement aux études évaluant l’impact desdifférentes méthodes de diffusion des recommandations, qui, el<strong>le</strong>s, visent <strong>à</strong> définir lameil<strong>le</strong>ure stratégie <strong>à</strong> utiliser et ont donc un objectif de recherche.Cependant, dans certains cas ayant un objectif de recherche, on pourra choisir d’évaluerl’impact d’une recommandation dans des conditions non-expérimenta<strong>le</strong>s en réalisant uneétude « avant-après » avec groupe témoin ou dans des conditions expérimenta<strong>le</strong>s en réalisantun essai randomisé.La conduite de ces audits avec mesure « avant-après » permet éga<strong>le</strong>ment d’informer <strong>le</strong>smédecins sur <strong>le</strong>urs pratiques et constitue en el<strong>le</strong>-même un moyen pour encadrer <strong>le</strong>s pratiquescomme noté plus-haut avec l’audit-retour d’information.La comparaison « avant-après » est très peu utilisée en France pour mesurer l’impact de ladiffusion d’une recommandation. On note en effet que la mesure « avant » n’est pas faite,sans doute parce que cette méthode s’inscrit naturel<strong>le</strong>ment dans une perspective de recherchemais ne l’est pas dans la démarche actuel<strong>le</strong> d’élaboration des recommandations. En effet,l’élaboration des recommandations ne comprend pas, <strong>à</strong> ce jour, la définition de la méthode depilotage de cel<strong>le</strong>-ci. Ainsi, il n’est pas prévu de suivre <strong>le</strong>s pratiques afin de mesurer l’impactde la recommandation, notamment au moyen d’une étude « avant-après ». Cette lacune peuts’expliquer par la nouveauté de cette discipline, par <strong>le</strong> manque d’outils méthodologiques, <strong>le</strong>104


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…manque de moyens humains et financiers mais éga<strong>le</strong>ment par <strong>le</strong> manque d’une volontépolitique ferme de mise en œuvre des recommandations.Le CCECQA, structure de recherche, a évalué l’impact de la recommandation portant surl’optimisation des prescriptions du bilan thyroïdien [75] en réalisant une comparaison « avantaprès». Cette étude montrait une forte augmentation de la conformité aux recommandationsqui passait de 42,6% <strong>à</strong> 73,9% sur l’ensemb<strong>le</strong> des établissements entre la mesure « avant » et lamesure « après » (la diffusion de la recommandation). Cette augmentation était d’importancevariab<strong>le</strong> selon <strong>le</strong>s établissements, allant de 6,1% <strong>à</strong> 63%. De même, l’étude réalisée par l’AP-HP [24] concernant la prescription d’examens radiologiques de la chevil<strong>le</strong> en serviced’urgence (présentée dans la section I.1) utilisait une comparaison « avant-après » la diffusiondes règ<strong>le</strong>s d’Ottawa. Cette étude s’inscrivait éga<strong>le</strong>ment dans une perspective de recherche.D’autres parties prenantes <strong>à</strong> l’évaluation des pratiques médica<strong>le</strong>s (présentées dans lasection I.1), comme l’Assurance Maladie et <strong>le</strong>s URML, ont mesuré l’évolution del’application des recommandations. Ainsi l’Assurance Maladie a développé des programmesnationaux sur la prise en charge du diabète de type 2 et de l’hypertension artériel<strong>le</strong> (HTA) ense référant <strong>à</strong> et en promouvant <strong>le</strong>s recommandations de l’ANAES. Les résultats de laCNAMTS concernant la prise en charge du diabète de type 2 montraient une augmentation dela conformité aux recommandations concernant cette prise en charge entre 1998 et 2000 [164]suite aux échanges confraternels réalisés en 1999. Les résultats concernant la prise en chargede l’HTA ne sont pas disponib<strong>le</strong>s <strong>à</strong> ce jour. La mesure réalisée avant la mise en place deséchanges confraternels montrait notamment des prescriptions non conformes auxrecommandations : par exemp<strong>le</strong>, parmi 51% des malades présentant des pathologiessusceptib<strong>le</strong>s d’induire une contre-indication, 27% avaient une prescription considérée commepotentiel<strong>le</strong>ment contre-indiquée [165]. Par ail<strong>le</strong>urs, l’Assurance Maladie publie depuis 2003,dans <strong>le</strong>s faits marquants, <strong>le</strong>s résultats des mesures d’impact des actions mises en œuvre <strong>le</strong>sannées précédentes. Ainsi, l’Assurance Maladie a constaté que <strong>le</strong> pourcentage des indicationsde coloscopies non conformes aux recommandations avait diminué entre 1998 et 2000 surdeux échantillons de coloscopies. Cependant, ces mesures d’impact sont rarement réaliséesdans une unité de lieu ce qui limite l’interprétation des résultats [91].On peut éga<strong>le</strong>ment citer, comme exemp<strong>le</strong> de suivi de l’application des recommandations, <strong>le</strong>travail réalisé par l’URML Aquitaine. Ce travail consistait <strong>à</strong> comparer <strong>le</strong>s pratiques deprescription du bilan pré-anesthésique [34] entre 1996 et 2002 en se référant <strong>à</strong> la105


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…recommandation de l’ANDEM [92] et montrait une diminution des prescriptions nonrecommandées.106


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…Artic<strong>le</strong>Moty C, Barberger-Gateau P, Salmi LR. Lecture critique d'une évaluation despratiques professionnel<strong>le</strong>s. Rev Med Ass Maladie 2001;32(2):185-191.Se reporter <strong>à</strong> l’annexe 3107


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…Le suivi d’indicateursL’évolution d’indicateurs identifiés comme reflétant <strong>le</strong> respect d’une recommandation permetéga<strong>le</strong>ment de mesurer l’impact d’une recommandation sur <strong>le</strong>s pratiques médica<strong>le</strong>s. Cetteméthode est adoptée par <strong>le</strong> « projet base d’indicateurs » de la HAS qui consiste <strong>à</strong> extraire desindicateurs de chaque recommandation professionnel<strong>le</strong>. El<strong>le</strong> devrait permettre de constituerune banque d’indicateurs utilisab<strong>le</strong>s en France pour évaluer <strong>le</strong>s pratiques médica<strong>le</strong>s de façonopérationnel<strong>le</strong>. En Grande Bretagne, Sheldon et al. [166] ont ainsi évalué l’application de 12recommandations émises par <strong>le</strong> NICE en étudiant <strong>le</strong>s taux de prescription, de réalisationd’actes et d’utilisation de dispositifs médicaux. Cette étude combinait l’analyse de sériestemporel<strong>le</strong>s, l’audit clinique, une enquête et des entretiens.Les indicateurs sont d’autant plus faci<strong>le</strong>s <strong>à</strong> utiliser en routine qu’ils sont simp<strong>le</strong>s <strong>à</strong> calcu<strong>le</strong>r etqu’ils sont mesurés <strong>à</strong> partir des données disponib<strong>le</strong>s dans <strong>le</strong>s systèmes d’information. Danscertains cas, la mesure de ces indicateurs est associée <strong>à</strong> la réalisation d’un audit ciblé qui alieu soit en début d’étude pour permettre <strong>le</strong> recueil d’un minimum d’information permettantde mesurer ces indicateurs, soit ultérieurement, pour expliquer plus finement <strong>le</strong> (mauvais)résultat de cet indicateur.Le CCECQA, dans la suite des études qu’il avait réalisées, a élaboré et validé des indicateursde suivi des pratiques médica<strong>le</strong>s. L’indicateur « taux de prescription de TSH seuls » (TSH :Hormone Stimulant la Thyroïde) est <strong>le</strong> seul <strong>à</strong> notre connaissance <strong>à</strong> être présent dans <strong>le</strong>système d’information des établissements (données du laboratoire de biologie). Les autresindicateurs proposés nécessitaient la réalisation d’un audit <strong>à</strong> minima. Par exemp<strong>le</strong>, <strong>à</strong> l’issue del’étude sur la traçabilité des produits sanguins labi<strong>le</strong>s (PSL), deux indicateurs ont été validés :<strong>le</strong> taux de présence de tous <strong>le</strong>s supports de traçabilité dans <strong>le</strong> dossier transfusionnel » et <strong>le</strong>« taux de présence de deux informations (groupe rhésus du PSL et devenir du PSL) sur aumoins un des supports de traçabilité » [167].Le suivi d’un ou deux indicateurs par recommandation (indicateurs qui reflètent la conformitédes pratiques par rapport <strong>à</strong> la recommandation) présente l’avantage d’être simp<strong>le</strong> etopérationnel et donc de pouvoir être utilisé en routine pour la surveillance du respect de larecommandation pour une pratique médica<strong>le</strong> donnée, contrairement <strong>à</strong> la réalisation d’un auditclinique qui constitue une démarche plus laborieuse.108


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…Facteurs associés <strong>à</strong> l’appropriation des recommandationsMalgré l’élaboration de recommandations professionnel<strong>le</strong>s et l’étude des meil<strong>le</strong>ures méthodes<strong>à</strong> utiliser pour mettre en œuvre ces recommandations, la variabilité des pratiques demeure.Certains auteurs ont alors cherché <strong>à</strong> identifier <strong>le</strong>s facteurs individuels et col<strong>le</strong>ctifs (limitants etfavorisants) associés <strong>à</strong> l’appropriation des recommandations par <strong>le</strong>s médecins et <strong>le</strong>urapplication. C’est une des thématiques de recherche en 2003 et 2004 de l’ANAES. Dans cecadre, Saillour-G<strong>le</strong>nisson et Michel [168] ont effectué une revue de la littérature afin derecenser <strong>le</strong>s facteurs associés <strong>à</strong> l’application des recommandations par <strong>le</strong>s médecins et deprésenter une classification de ces facteurs. Les auteurs ont retenu 59 études publiées entre1986 et 2001. Ils ont classé <strong>le</strong>s facteurs en trois dimensions : <strong>le</strong>s facteurs liés auxrecommandations (la forme, <strong>le</strong> thème, l’applicabilité, la qualité scientifique, la visibilité, laréalisation d’un test <strong>à</strong> petite échel<strong>le</strong>, l’adaptabilité loca<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s implications médico-léga<strong>le</strong>s) ;<strong>le</strong>s facteurs individuels (connaissance des recommandations, accord et attitude vis-<strong>à</strong>-vis desRPC [Recommandation pour la pratique Clinique], caractéristiques psychologiques, sociodémographiqueset économiques et la formation reçue) ; et <strong>le</strong>s facteurs liés <strong>à</strong> l’environnementhumain et organisationnel. Les facteurs liés <strong>à</strong> l’environnement humain comprennent <strong>le</strong>sfacteurs liés aux patients (<strong>le</strong>urs caractéristiques socia<strong>le</strong>s, <strong>le</strong>ur attitude et l’interactionmédecin/patient) et <strong>le</strong>s facteurs liés aux pairs (comprenant essentiel<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>urs attitudes vis<strong>à</strong>-visdes recommandations) [168]. Les facteurs liés <strong>à</strong> l’environnement organisationnel sontclassés en facteurs liés <strong>à</strong> l’environnement interne et externe. L’ensemb<strong>le</strong> de ces facteurs sontprésentés dans <strong>le</strong> tab<strong>le</strong>au 5 extrait de l’artic<strong>le</strong> de Saillour-G<strong>le</strong>nisson et Michel [168] avec <strong>le</strong>sréférences correspondantes listées dans <strong>le</strong> tab<strong>le</strong>au 6. Les auteurs [168] précisent que cetterevue « ne permet ni de hiérarchiser <strong>le</strong>s facteurs re<strong>le</strong>vés ni de mesurer la corrélation entre eux.Il n’est de plus pas possib<strong>le</strong> de distinguer <strong>le</strong>s facteurs directement associés de ceuxindirectement associés (tiers facteurs) <strong>à</strong> l’application de RPC. Par ail<strong>le</strong>urs, aucune inférencecausa<strong>le</strong> ne peut être affirmée entre <strong>le</strong>s facteurs re<strong>le</strong>vés et l’application de RPC. La plupart desétudes incluses dans notre revue étant de type transversal, <strong>le</strong>s facteurs recensés ne peuventêtre considérés comme des facteurs influençant l’application des RPC. Il s’agit bien defacteurs associés <strong>à</strong> l’application des RPC ».La suite de cette revue de la littérature consiste pour <strong>le</strong>s auteurs <strong>à</strong> élaborer un outil de mesurevalide des facteurs associés <strong>à</strong> l’appropriation des recommandations dans un con<strong>texte</strong> médicaldonné comprenant <strong>le</strong>s facteurs <strong>le</strong>s plus fortement associés <strong>à</strong> la recommandation [168]. Cetravail est en cours de réalisation par <strong>le</strong> CCECQA en Aquitaine.109


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…Tab<strong>le</strong>au 5 : « Recensement et classification des facteurs individuels et col<strong>le</strong>ctifs associés <strong>à</strong> l’efficacité des RPC ». Source : Saillour-G<strong>le</strong>nisson F, Michel P [168]Facteurs Sens de l’association Facteur retrouvé uniquement Source cpar des études qualitatives b1) Facteurs liés aux RPC FacteursfavorisantsFacteurslimitantsForme des RPC- Aspect pratique X X (29-31)- Aspect peu pratique X X (32, 33)- Facilité de compréhension X X (10, 29)- Mauvaise compréhension X (34-36, 37, 38)- Concision X X (29)Thème des RPC (nature du message)- Sujet jugé important, correspondant <strong>à</strong> une attente des médecins X X (10)Applicabilité des RPC- Comp<strong>le</strong>xité des pratiques préconisées (contenu incompatib<strong>le</strong> avec <strong>le</strong>s pratiques et <strong>le</strong>s connaissancesantérieures, exigence de modifications importantes des habitudes antérieures, exigence de nouvel<strong>le</strong>sX (9, 10, 29, 37, 39-41)compétences et de modifications organisationnel<strong>le</strong>s importantes)- Pratiques recommandées compatib<strong>le</strong>s avec <strong>le</strong>s conditions d’exercice X (42, 43)- Manque de f<strong>le</strong>xibilité des RPC (manque de précision et de spécificité) X (37, 44, 45)- Coût (pour <strong>le</strong> patient, la société, <strong>le</strong> producteur de soins, en général) X X (31, 34, 36, 40,43, 46, 47)Qualités scientifiques des RPC- Implication des diffuseurs des RPC dans <strong>le</strong>ur élaboration X X (10)- Implication des utilisateurs des RPC dans <strong>le</strong>ur élaboration X X (10, 40)- Qualité scientifique des RPC- concernant <strong>le</strong> processus d’élaboration X X (10, 48)- concernant <strong>le</strong>s sources utilisées – force de la preuve X (29, 37, 42, 48)– manque de preuve X X (32)- concernant la crédibilité des auteurs X X (10, 29)Visibilité des RPC- Perception ou constat des bénéfices cliniques apportés par <strong>le</strong> processus de soin préconisé dans <strong>le</strong>s RPC X (10, 49-53)Test <strong>à</strong> petite échel<strong>le</strong> des RPC- Réalisation de test préalab<strong>le</strong> des RPC X (9)Adaptabilité loca<strong>le</strong> des RPC- Adaptation ou possibilité d’adapter <strong>le</strong> message des RPC au con<strong>texte</strong> local X X (10, 48)- Possibilité de grouper la diffusion d’autres RPC X X (10)Implications médico-léga<strong>le</strong>s des RPC X (31, 42, 43)a) facteurs favorisant ou limitant l’application des RPC par <strong>le</strong>s médecins. Dans <strong>le</strong> cas des études quantitatives, <strong>le</strong> sens de cette association est déterminé par <strong>le</strong> sens de l’association statistiqueretrouvée ; dans <strong>le</strong>s études qualitatives, <strong>le</strong> sens de cette association est déterminé par <strong>le</strong>s déclarations des médecins (facteurs favorisant l’application des RPC d’une part, barrière ou frein <strong>à</strong>l’application des RPC d’autre part) ; b) études qualitatives ou analyses qualitatives des études mixtes. Les références surlignées correspondent aux études ayant mis <strong>le</strong> facteur considéré <strong>à</strong> l’issued’une analyse multivariée, c) <strong>le</strong>s références sont présentées tab<strong>le</strong>au 6, cel<strong>le</strong>s surlignées correspondent aux études ayant retenu <strong>le</strong> facteur considéré <strong>à</strong> l’issue d’une analyse multivariée.110


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…Tab<strong>le</strong>au 5 (suite 1) : « Recensement et classification des facteurs individuels et col<strong>le</strong>ctifs associés <strong>à</strong> l’efficacité des RPC ». Source : Saillour-G<strong>le</strong>nisson F et al. [168].Facteurs Sens de l’association Facteur retrouvé uniquementSource cpar des études qualitatives b2) Facteurs individuels Facteursfavorisants aFacteurslimitants aConnaissance des RPC- Connaissance du contenu des RPC diffusées X (16, 30, 34, 54)- Mauvaise connaissance du contenu des RPC diffusées X X (33, 52)- Mauvaise connaissance de l’existence des RPC diffusées X X (52)Accord vis-<strong>à</strong>-vis des RPC- Accord vis-<strong>à</strong>-vis des RPC diffusées X (16, 55, 56)- Non accord vis-<strong>à</strong>-vis des RPC diffusées X X (52)Attitude vis-<strong>à</strong>-vis des RPC- Attitude positive vis-<strong>à</strong>-vis des RPC diffusées X (31, 34, 39, 49, 50, 53, 57, 58-60)- Attitude négative vis-<strong>à</strong>-vis des RPC diffusées X X (39-41, 45-47)- Attitude positive vis-<strong>à</strong>-vis des RPC en général X (10, 11, 31, 57)- Attitude négative vis-<strong>à</strong>-vis des RPC en général X (33)Caractéristiques psychologiques- Confiance dans sa propre capacité <strong>à</strong> appliquer <strong>le</strong>s recommandations X X (48, 52)- Manque de confiance dans sa propre capacité <strong>à</strong> appliquer <strong>le</strong>s recommandations X X (44)- Perfectionnisme X (61)- Propensions personnel<strong>le</strong>s au changement X X (10)- Inertie au changement X X (32, 52)- Satisfaction au travail (notamment sentiment d’autonomie) X (10, 11)Caractéristiques socio-démographiques et économiques- Age (é<strong>le</strong>vé/peu é<strong>le</strong>vé) X (10, 62)- Age (peu é<strong>le</strong>vé/é<strong>le</strong>vé) X (45, 63, 64)- Sexe (homme/femme) X (45, 65)- Revenu important X X (10)- Race (non blanc/blanc) X (62)Formation reçue- Généra<strong>le</strong>- Ancienneté dans la profession X (52, 57, 66, 67)- Ancienneté dans l’internat X (68)- Période de temps sans enseignement X (66)- Spécialisation dans la discipline concernée par <strong>le</strong>s RPC diffusées X (10, 16, 34, 36, 58, 59, 63)- Ciblée sur <strong>le</strong>s RPC- Formation et caractère récent de la formation sur <strong>le</strong>s RPC X (30, 69)- Manque d’enseignement concernant <strong>le</strong>s RPC X X (40)- Encouragement par <strong>le</strong>s formateurs <strong>à</strong> l’utilisation des RPC X X (30)- Abonnement <strong>à</strong> un bul<strong>le</strong>tin ou journal divulguant des RPC X (59)- Avoir assisté <strong>à</strong> une conférence de consensus X (70)111


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…Tab<strong>le</strong>au 5 (suite 2) : « Recensement et classification des facteurs individuels et col<strong>le</strong>ctifs associés <strong>à</strong> l’efficacité des RPC ». Source : Saillour-G<strong>le</strong>nisson F, Michel P[168]Facteurs Sens de l’association Facteurs retrouvésSource cuniquement par des étudesqualitatives b3a) Facteurs liés <strong>à</strong> l’environnement humain – Facteurs liés au patient Facteursfavorisants aFacteurslimitants aCaractéristiques socia<strong>le</strong>s des patients- Faib<strong>le</strong> niveau de qualité de vie du patient X (71)- Faib<strong>le</strong> capacité d’accès au soin (éloignement géographique notamment) X (71, 72)- Faib<strong>le</strong> niveau d’éducation X X (10, 50)- Couverture socia<strong>le</strong>- Faib<strong>le</strong> couverture socia<strong>le</strong> X (10, 16, 41, 71, 73, 74)- Bonne couverture socia<strong>le</strong> X (59, 69)- Assurance privée/publique X (75)Attitude des patients- Résistance des patients/non adhérence. Refus du patient X X (10, 34, 38, 41, 46, 74,76)- Bonne adéquation entre <strong>le</strong> thème des recommandations et <strong>le</strong>s besoins ressentis ou <strong>le</strong>s attentes des X (16)patients- Manque d’adéquation entre <strong>le</strong> thème des recommandations et <strong>le</strong>s besoins ressentis ou <strong>le</strong>s attentesX X (10, 32)des patientsInteraction médecin/patient- Perception du message des RPC comme pouvant être dérangeant pour <strong>le</strong>s patients (inconfort pour <strong>le</strong>X (10, 34, 36, 46, 47, 50)patient)- Priorités autres pendant la consultation X (36, 38)- Possibilité de donner une information écrite aux patients X X (50)- Nature de la relation avec <strong>le</strong> patient X (72)3b) Facteurs liés <strong>à</strong> l’environnement humain – Facteurs liés aux pairs- Perception du message comme pouvant être dérangeant pour <strong>le</strong>s collègues X X (10, 32)- Possibilité de contact avec des collègues ayant adopté <strong>le</strong>s recommandations X X (30)- Soutien (promotion) des RPC par des collègues respectés X X (31, 43)- Attitude négative des collègues vis-<strong>à</strong>-vis des RPC X (32, 33)a) facteurs favorisant ou limitant l’application des RPC par <strong>le</strong>s médecins. Dans <strong>le</strong> cas des études quantitatives, <strong>le</strong> sens de cette association est déterminé par <strong>le</strong> sens de l’association statistiqueretrouvée ; dans <strong>le</strong>s études qualitatives, <strong>le</strong> sens de cette association est déterminé par <strong>le</strong>s déclarations des médecins (facteurs favorisant l’application des RPC d’une part, barrière ou frein <strong>à</strong>l’application des RPC d’autre part) ; b) études qualitatives ou analyses qualitatives des études mixtes. Les références surlignées correspondent aux études ayant mis <strong>le</strong> facteur considéré <strong>à</strong> l’issued’une analyse multivariée, c) <strong>le</strong>s références sont présentées tab<strong>le</strong>au 6, cel<strong>le</strong>s surlignées correspondent aux études ayant retenu <strong>le</strong> facteur considéré <strong>à</strong> l’issue d’une analyse multivariée.112


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…Tab<strong>le</strong>au 5 (suite 3) : « Recensement et classification des facteurs individuels et col<strong>le</strong>ctifs associés <strong>à</strong> l’efficacité des RPC ». Source : Saillour-G<strong>le</strong>nisson F et al. [168].Facteurs Sens de l’association Facteur retrouvé uniquement Source cpar des études qualitatives b4a) Facteurs liés <strong>à</strong> l’environnement organisationnel – Environnement interne Facteursfavorisants aFacteurslimitants aCaractéristiques de la structure de travail- Nature de l’implantation (urbaine, suburbaine/rura<strong>le</strong>) X (10, 47)- Lieu d’exercice (10, 67, 68)- Tail<strong>le</strong> (nombre de services, sites, densité médica<strong>le</strong>, nombre d’associés) X X (10)- Travail de nuit/de jour X X (44)- Nature de la structure- privé/publique- universitaire/autreXXX (63, 77)(60, 69, 78)Con<strong>texte</strong> financier (ressources)- Système de rémunération du médecin (Capitation/fee for service) X X (10)- Etre employé d’une “ HMO ” X (61)- Existence d’un système d’incitation financière pour utiliser <strong>le</strong>s RPC X X (10)- Absence de système d’incitation financière pour utiliser <strong>le</strong>s RPC X X (32, 76)- Contraintes budgétaires sur <strong>le</strong>s médecins X X (10, 40)- Présence de ressources financières pour diffuser <strong>le</strong>s RPC X X (10)Con<strong>texte</strong> matériel- Présence et qualité du matériel éducatif et de communication pour diffuser <strong>le</strong>s recommandations X X (10)- Bon niveau d’équipement pour appliquer <strong>le</strong>s recommandations X (10, 49)- Faib<strong>le</strong> disponibilité de l’équipement pour appliquer <strong>le</strong>s recommandations X X (40)Travail- Activité (nature du travail)- F<strong>le</strong>xibilité de travail X X (10)- Manque de temps, surcharge de travail X (30-32, 35, 36, 38, 40,43, 45, 50, 52, 74, 76,79)- Relations entre collègues – vie d’équipe- Bonne qualité de l’esprit d’équipe, cohésion de l’équipe X (10, 11)- Compétition entre médecins autour du recrutement de patient X X (10)- Bonne relation médecin généraliste/médecins spécialistes X X (72, 79)- Concurrence avec <strong>le</strong>s médecins spécialistes X X (76)- Existence d’un spécialiste référent X (56)Compétences - Personnel- Ethique et expérience professionnel<strong>le</strong>, préférences pour certains traitements X (10, 32, 72, 80)- Présence de “ champions d’idée ” en faveur des recommandations X X (10)- Compétences en interne pour comprendre et mener des projets d’amélioration continue de la qualité X X (10)- Volontés pionnières pour tester de nouvel<strong>le</strong>s procédures de soins X X (10)113


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…Tab<strong>le</strong>au 5 (suite 4) : « Recensement et classification des facteurs individuels et col<strong>le</strong>ctifs associés <strong>à</strong> l’efficacité des RPC ». Source : Saillour-G<strong>le</strong>nisson F, Michel P[168].Facteurs Sens de l’association Facteur retrouvé uniquement parSource cdes études qualitatives b4a) Facteurs liés <strong>à</strong> l’environnement organisationnel – Environnement interne Facteursfavorisants aFacteurslimitants aOrganisation- Formation - Communication- Aptitude de l’organisation <strong>à</strong> proposer des cyc<strong>le</strong>s de formation X X (10)- Capacité de l’organisation <strong>à</strong> organiser des rencontres entre médecins X X (10)- Culture- Existence d’un plan annuel stratégique de diffusion des recommandations X X (10)- Existence de processus standardisé pour <strong>le</strong> changement X X (10)- Autonomie de l’équipe pour changer <strong>le</strong>s procédures et <strong>le</strong>s processus X X (10)- Culture de l’organisation en faveur du changement X X (10)- Management - politique- Orientation politique affichée (qualité des soins/intérêt financier) X X (10)- Manque de volonté politique affichée X X (32)- Encouragement de la hiérarchie au changement X X (10, 30)- Inertie managéria<strong>le</strong> au changement X X (32)- Implication active de la hiérarchie dans <strong>le</strong> changement X X (10)- Compétences managéria<strong>le</strong>s pour <strong>le</strong> changement X X (10)- Existence d’une équipe dirigeante volontaire et enthousiaste X X (10)- Structures de changement managéria<strong>le</strong> bien développées X X (10)- Participation collégia<strong>le</strong>s aux décisions X X (10)- Incitations associées aux pratiques individuel<strong>le</strong>s des médecins X X (10)- Contribution (aide) financière apportée par l’organisation pour <strong>le</strong>s changements X X (10)4b) Facteurs liés <strong>à</strong> l’environnement organisationnel – Environnement externe- Régulation externe favorisant ou limitant la capacité au changement X X (10)- Incitations financières pour organiser des rencontres “ autour ” des recommandations X X (10)- Politique favorisant <strong>le</strong>s enquêtes de pratique X X (10)- Financement de programmes d’amélioration de la qualité des pratiques cliniques X X (10)- Promotion des RPC par un organisme d’état ou une association X (42, 43)- Absence de système de rappel aux patients et aux médecins en faveur de soins préventifs X X (38)- Pénétration du “ managed ” care dans la région X X (10)a) facteurs favorisant ou limitant l’application des RPC par <strong>le</strong>s médecins. Dans <strong>le</strong> cas des études quantitatives, <strong>le</strong> sens de cette association est déterminé par <strong>le</strong> sens de l’association statistiqueretrouvée ; dans <strong>le</strong>s études qualitatives, <strong>le</strong> sens de cette association est déterminé par <strong>le</strong>s déclarations des médecins (facteurs favorisant l’application des RPC d’une part, barrière ou frein <strong>à</strong>l’application des RPC d’autre part) ; b) études qualitatives ou analyses qualitatives des études mixtes. Les références surlignées correspondent aux études ayant mis <strong>le</strong> facteur considéré <strong>à</strong> l’issued’une analyse multivariée, c) <strong>le</strong>s références sont présentées tab<strong>le</strong>au 6, cel<strong>le</strong>s surlignées correspondent aux études ayant retenu <strong>le</strong> facteur considéré <strong>à</strong> l’issue d’une analyse multivariée.114


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…Tab<strong>le</strong>au 6 : Liste des références citées dans <strong>le</strong> tab<strong>le</strong>au 5. Source : Saillour-G<strong>le</strong>nisson F, Michel P [168].9. Grilli R, Lomas J. Evaluating the message: the relationship between compliance rate and the subject of a practice guideline. Med Care 1994; 32: 202-13.10. Solberg LI, Brekke ML, Fazio CJ, Fow<strong>le</strong>s J, Jacobsen DN, Kottke TE, et al. Lessons from experienced guideline imp<strong>le</strong>menters: attend to many factors and use multip<strong>le</strong> strategies. JtComm J Qual Improv 2000; 26: 171-88.11. Elovainio M, Mäkelä M, Sinervo T, Kivimäki M, Ecc<strong>le</strong>s M, Kahan J. Effects of job characteristics, team climate, and attitudes towards clinical guidelines. Scand J Public Health 2000;28: 117-122.16. Pathman DE, Konrad TR, Freed GL, Freeman VA, Koch GG. 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De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…Tab<strong>le</strong>au 6 (suite): Liste des références citées dans <strong>le</strong> tab<strong>le</strong>au 5. Source : Saillour-G<strong>le</strong>nisson F, Michel P [168].56. F<strong>le</strong>uren M, van der Meu<strong>le</strong>n M, Wijkel D. Do patients matter? Contribution of patient and care provider characteristics to the adherence of general practitioners and midwives to theDutch national guidelines on imminent miscarriage. Qual Health Care 2000; 9: 106-10.57. Christakis DA, Rivana FP. Pediatricians' awareness of and attitudes about four clinical practice guidelines. Pediatrics 1998; 101: 825-30.58. Graham ID, Evans WK, Logan D, O'Connor A, Palda V, McAu<strong>le</strong>y L, et al. Canadian oncologists and clinical practice guidelines: a national survey of attitudes and reported use.Oncology 2000; 59: 283-90.59. Jafari HS, Schuchat A, Hilsdon R, Whitney CG, Toomey KE, Wenger JD. Barriers to prevention of perinatal group B streptococcal disease. Pediatr Infect Dis J 1995; 14: 662-7.60. Dye TD, Alderdice F, Roberge E, Jamison JQ. Attitudes toward clinical guidelines among obstetricians in Northern Ireland. Br J Obst Gynecology 2000; 107: 101-7.61. Luckmann R, Melvil<strong>le</strong> SK. Periodic health evaluation of adults: a survey of family physicians. J Fam Pract 1995; 40: 547-54.62. Roetzheim RG, Fox SA, Leake B. Physician-reported determinants of screening mammography in older women: the impact of physician and practice characteristics. J Am Geriatr Soc1995; 43: 1398-402.63. Cochi SL, F<strong>le</strong>ming DW, Hull HF, Preblud SR, Orenstein WA. Haemophilus influenzae b polysaccharide vaccine. Physician acceptance and use of a new vaccine. AJDC 1986; 140:1226-30.64. Blacklund L, Danielsson B, Bring J, Strender LE. Factors influencing GPs' decisions on the treatment of hypercho<strong>le</strong>sterolaemic patients. Scand J Prim Health Care 2000; 18: 87-93.65. Bull FC, Schipper ECC, Jamrozik K, Phil D, Blanksby BA. How can and do australian doctors promote physical activity? Prev Med 1997; 26: 866-73.66. Langkamp DL, Langhough R. Primary care physicians' know<strong>le</strong>dge about diphteria-tetanus-pertussis immunizations in preterm infants. Pediatrics 1992; 89: 52-5.67. Black JS, Selfcik T, Kapoor W. Health promotion and disease prevention in the eldery. Arch Intern Med 1990; 150: 389-93.68. Schaffer SJ, Campbell JR, Szilagyi PG, Weitzman M. Lead screening practices of pediatric residents. Arch Pediatr Ado<strong>le</strong>sc Med 1998; 152: 185-9.69. Ferguson SC, Lieu TA. Blood <strong>le</strong>ad testing by pediatricians: practice, attitudes and demographics. Am J Public Health 1997; 87: 1349-51.70. Johnsson M. Evaluation of the consensus conference program in Sweden. Its impact on physicians. Int J Technol Assess Health Care 1988; 4: 89-94.71. James PA, Cowan TM, Graham RP. Patient-centered clinical decisions and their impact on physician adherence to clinical guidelines. J Fam Pract 1998; 46: 311-8.72. Freeman AC, Sweeney K. Why general practitioners do not imp<strong>le</strong>ment evidence: qualitative study. Br Med J 2001; 323: 1-5.73. Solberg LI, Brekke ML, Kottke TE. How important are clinician and nurse attitudes to the delivery of clinical preventive services? J Fam Pract 1997; 44: 451-61.74. Brad<strong>le</strong>y C, Riaz A. Barriers to effective asthma care in inner city general practice. Eur J Gen Pract 1998; 4: 65-8.75. Byrd RS, Hoekelman RA, Auinger P. Adherence to AAP guidelines for well-child care under managed care. Pediatrics 1999; 104: 536-40.76. Grol R. National standard setting for quality of care in general practice: attitudes of general practitioners and response to a set of standards. Br J Gen Practice 1990; 40: 361-4.77. Daucourt V, Michel P, Avargues P, Cros AM. Les recommandations dans l'intubation diffici<strong>le</strong> en anesthésie : évaluation de deux modalités d'information. Rev Epidemiol Santé Publ1999; 47: 353-60.78. Goldstein MG, DePue JD, Monroe AD, Wil<strong>le</strong>y Lessne C, Rakowski W, Prokhorov A, et al. A population-based survey of physician smoking cessation counseling practices. Prev Med1998; 27: 720-9.79. Katz DA. Barriers between guidelines and improved patients care: an analysis of AHCPR's unstab<strong>le</strong> angina clinical practice guideline. Health Serv Res 1999; 34: 377-87.80. Bair N, Bobek MB, Hoffman-Hogg L, Mion LC, Slomka J, Arroliga AC. Introduction of sedative, analgesic, and neuromuscular blocking agent guidelines in a medical intensive careunit : physician and nurse adherence. Crit Care Med 2000; 28: 707-13.116


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…— Autres actions <strong>à</strong> destination des médecinsLes incitations financières et <strong>le</strong>s sanctions sont des actions propres <strong>à</strong> modifier <strong>le</strong>comportement des médecins. El<strong>le</strong>s s’ajoutent ainsi aux interventions effectuées pouraméliorer <strong>le</strong>urs connaissances (notamment par la diffusion des recommandations) et <strong>le</strong>s aiderau moment de <strong>le</strong>ur prise de décision (notamment par l’utilisation des rappels). Il estprimordial que ces incitations et ces sanctions s’appuient sur une évaluation des pratiquesmédica<strong>le</strong>s conduite de façon rigoureuse comme décrit précédemment. En effet, el<strong>le</strong>s nepeuvent apparaître justifiées pour <strong>le</strong> médecin que si ces actions sont l’aboutissement d’uneanalyse des pratiques qui prend en compte <strong>le</strong> profil des patients traités, d’où l’importance dedisposer de données médica<strong>le</strong>s. En effet, des sanctions qui seraient décidées en s’appuyant surdes données de volume d’activité sans ajustement sur <strong>le</strong>s caractéristiques médica<strong>le</strong>s despatients conduiraient d’une part <strong>à</strong> des décisions arbitraires et d’autre part <strong>à</strong> une réaction derejet de la part des médecins de toute démarche d’évaluation voire même de touterecommandation professionnel<strong>le</strong>.En France, <strong>le</strong>s incitations financières sont peu utilisées, en dehors des taux de remboursementdes biens et des services de santé par l’Assurance Maladie.D’ail<strong>le</strong>urs <strong>le</strong>ur efficacité n’est pas satisfaisante comme l’a révélé l’expérience des RéférencesMédica<strong>le</strong>s Opposab<strong>le</strong>s (RMO). En effet, <strong>le</strong>s médecins généralistes connaissaient peu <strong>le</strong>sRMO malgré <strong>le</strong>s sanctions financières annoncées en cas de non respect des RMO [169].La réforme de l’Assurance Maladie (loi du 13 août 2004) et <strong>le</strong>s négociations conventionnel<strong>le</strong>squi ont suivi visent <strong>à</strong> inciter <strong>le</strong> médecin <strong>à</strong> s’engager dans une démarche d’auto-évaluation deses pratiques et d’amélioration de ses connaissances tout en bénéficiant d’une revalorisationtarifaire. Dans cette optique, trois syndicats de médecins (<strong>le</strong> Syndicat des médecins libéraux,la Confédération des syndicats médicaux français et l’Alliance intersyndica<strong>le</strong> des médecinsindépendants de France) ont signé la convention nationa<strong>le</strong> des médecins généralistes et desmédecins spécialistes [170] en janvier 2005. Cette convention précise notamment que <strong>le</strong>sorientations de la formation professionnel<strong>le</strong> conventionnel<strong>le</strong> portent, entre autres, sur« l’approfondissement d’une démarche qualité axée sur la ‘médecine fondée sur <strong>le</strong>s faitsprobants’ ; <strong>le</strong> développement de l’évaluation des pratiques en concertation avec la Haute117


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…Autorité de santé ; l’amélioration de la pratique médica<strong>le</strong> sur <strong>le</strong>s priorités conventionnel<strong>le</strong>s, eten particulier sur <strong>le</strong>s référentiels et recommandations publiés par la Haute Autorité de santé ».On pourra cependant noter que <strong>le</strong>s débats autour de cette convention portaient essentiel<strong>le</strong>mentsur la revalorisation tarifaire et l’institution d’un médecin traitant mais pas sur l’évaluationdes pratiques. Il est possib<strong>le</strong> que <strong>le</strong>s médecins n’aient pas mesuré l’importance de ce dernierpoint (l’engagement dans une démarche d’évaluation des pratiques) dont l’objectif estd’améliorer la qualité et l’efficience des soins du système de santé français.Les sanctions sont éga<strong>le</strong>ment peu utilisées et vont rarement au-del<strong>à</strong> de la mise en garde desmédecins. Ainsi, <strong>le</strong> service médical de l’Assurance Maladie de la CPAM des Hautes-Alpes[22] avait adressé une <strong>le</strong>ttre de mise en garde aux médecins qui prescrivaient du sulfate demorphine <strong>à</strong> des patients toxicomanes.Durand-Za<strong>le</strong>ski et Chaix [141] relèvent que pour « récompenser/sanctionner <strong>le</strong> fait de suivreune procédure recommandée », encore faut-il « que l’on puisse observer <strong>le</strong>s pratiques demanière précise, ce qui est diffici<strong>le</strong> et coûteux ». De plus, el<strong>le</strong>s soulignent que <strong>le</strong> coût desactions d’incitation (montant de l’incitation financière et coût de l’évaluation) ne doit pasdépasser <strong>le</strong>s coûts évités par l’application des recommandations.Des actions dirigées vers <strong>le</strong>s médecins sont possib<strong>le</strong>s pour faire converger <strong>le</strong>s pratiques.Cependant <strong>le</strong>s stratégies <strong>à</strong> privilégier ne sont pas identifiées et <strong>le</strong> domaine desincitations/sanctions est un domaine <strong>à</strong> explorer tant en terme d’efficience que d’acceptabilitépar <strong>le</strong>s médecins.118


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…I.4.3A destination des établissementsLes actions correctrices concernant <strong>le</strong>s caractéristiques des établissements sont principa<strong>le</strong>mentmenées par l’Agence Régiona<strong>le</strong> d’Hospitalisation via <strong>le</strong> contrat d’objectifs et de moyens ainsique via <strong>le</strong>s autorisations concernant l’installation de lits, de matériel d’imagerie,d’ouverture/fermeture de services sur <strong>le</strong> territoire régional. El<strong>le</strong>s peuvent éga<strong>le</strong>ment re<strong>le</strong>verdirectement de la Direction de l’Hospitalisation et de l’Organisation des Soins (DHOS) par lapublication d’une circulaire.Par exemp<strong>le</strong>, dans <strong>le</strong> cadre du programme national de développement des soins palliatifs2002-2005, la circulaire DHOS/02 n° 2004-257 du 9 juin 2004 relative <strong>à</strong> la diffusion du guidepour l'élaboration du dossier de demande de lits identifiés en soins palliatifs, rappelait que lacirculaire DHOS/02/DGS/SD5D/2002 n° 2002-98 du 19 février 2002 précisait l'organisationdes soins palliatifs et de l'accompagnement <strong>à</strong> domici<strong>le</strong> et en établissement. Notamment « il estnécessaire d'asseoir et de développer <strong>le</strong>s soins palliatifs dans tous <strong>le</strong>s services de soins (courtséjour, soins de suite et de réadaptation, long séjour...). Ce développement doit s'inscrireobligatoirement dans <strong>le</strong> projet médical et <strong>le</strong> projet d'établissement. Il permet <strong>le</strong> respect de lacharte du patient hospitalisé. ».Ceci illustre que des actions peuvent être menées <strong>à</strong> destination des établissements pourdiminuer <strong>le</strong>s différences entre établissements, source de variabilité des pratiques.En conclusion du chapitre 4, il apparaît nécessaire de poursuivre la recherche dans cedomaine afin de mettre en œuvre des actions qui diminuent la variabilité des pratiques defaçon efficiente et avec un effet pérenne que ce soit en pratique de vil<strong>le</strong> ou en établissementsde santé. De plus, il est prioritaire de définir des indicateurs élaborés méthodologiquement etqui soient opérationnels afin de pouvoir contrô<strong>le</strong>r la variabilité des pratiques de façonefficace.119


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…120


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…Conclusion de la partie IL'état des lieux dressé sur l’évaluation de la variabilité des pratiques en France en a exploré demultip<strong>le</strong>s aspects : <strong>le</strong>s structures impliquées et la méthodologie utilisée, <strong>le</strong>s déterminants decette variabilité et ses conséquences, <strong>le</strong>s actions mises en œuvre pour limiter cette variabilitéet <strong>le</strong>ur suivi. Il montre l’importance du développement de l’évaluation en France ces dernièresannées et met en évidence un certain nombre de questions non résolues.De nombreuses structures aux objectifs divers (recherche, planification, production desoins…) sont impliquées en 2005 dans l’évaluation de la variabilité des pratiques et utilisentdes méthodes différentes, ce qui ne contribue ni <strong>à</strong> la visibilité ni <strong>à</strong> la cohérence de cesévaluations. Il est nécessaire qu’une méthodologie commune soit définie et notamment que<strong>le</strong>s critères de jugement, la norme et l’écart acceptab<strong>le</strong> soient clairement définis.Le projet COMPAQH (COordination pour la Mesure de la Performance et l’Amélioration dela Qualité Hospitalière) est <strong>le</strong> premier projet national, coordonné par la Direction del’Hospitalisation et de l’Organisation des Soins et la Haute Autorité de santé, qui vise <strong>à</strong>choisir des indicateurs de qualité hospitalière pour mesurer, avec une méthode commune auxdifférents hôpitaux, l’atteinte d’objectifs déterminés et permettre une comparaison desétablissements au niveau national (sur une base scientifique). Ceci devrait faciliter ensuite <strong>le</strong>« benchmarking » qui permet <strong>à</strong> un établissement donné d’identifier <strong>le</strong>s établissements <strong>le</strong>smeil<strong>le</strong>urs pour s’approprier <strong>le</strong>urs techniques et améliorer sa propre pratique. Cependant il seranécessaire de fixer des seuils pour ces indicateurs afin de définir une norme explicite etvalide.Du constat de la variabilité des pratiques, <strong>le</strong>s chercheurs se sont intéressés ensuite <strong>à</strong>l’identification des déterminants de cette variabilité. On peut citer ainsi <strong>le</strong>s caractéristiquessocio-économiques du patient (profession, revenu…), <strong>le</strong>s caractéristiques du médecin (âge,volume d’activité, con<strong>texte</strong> social), <strong>le</strong> case-mix des établissements. Cependant l’identificationde ces déterminants reste du domaine de la recherche ; ils nécessitent d’être analysés etvérifiés sur un ensemb<strong>le</strong> de maladies. Cette démarche implique de disposer de donnéesindividuel<strong>le</strong>s pour élaborer des modè<strong>le</strong>s hiérarchiques prenant en compte l’emboîtement desdonnées relatives aux médecins, aux patients et <strong>à</strong> l’environnement. De ce point de vue, <strong>le</strong>sdonnées individuel<strong>le</strong>s de l’Assurance Maladie permettraient d’étudier efficacement <strong>le</strong>s121


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…déterminants de la variabilité des pratiques ; mais il reste <strong>à</strong> résoudre <strong>le</strong> problème decompatibilité avec <strong>le</strong>ur nécessaire protection par la législation française.Puisque <strong>le</strong>s multip<strong>le</strong>s conséquences de la variabilité des pratiques sont connues (perted’efficacité, d’efficience, de sécurité, d’équité), on peut regretter qu’el<strong>le</strong>s n’aient pas faitl’objet de mesures précises. Ainsi, il n’existe pas de données économiques chiffrant <strong>le</strong>sconséquences de la variabilité des pratiques et du non respect des recommandations.L’hypothèse de départ quant au caractère pernicieux de cette variabilité est une hypothèsejustifiée par <strong>le</strong> bon sens et l’éthique, mais el<strong>le</strong> gagnerait <strong>à</strong> être quantifiée. Ne serait-ce quepour aider <strong>à</strong> fixer des objectifs opérationnels et motiver <strong>le</strong>s différents intervenants.Les actions mises en œuvre pour faire converger <strong>le</strong>s pratiques médica<strong>le</strong>s vers une pratiqueoptima<strong>le</strong> consistaient essentiel<strong>le</strong>ment, jusqu'en 2005, en l’élaboration de recommandationsprofessionnel<strong>le</strong>s. Cependant, la stratégie la plus efficiente pour la mise en œuvre de cesrecommandations n’est pas connue et <strong>le</strong>s conditions de suivi de ces recommandations, ainsique <strong>le</strong> contrô<strong>le</strong> de <strong>le</strong>ur application, ne sont pas encore bien codifiés. Enfin, on a pu constaterque la diffusion de ces recommandations se heurtait <strong>à</strong> la non-appropriation de cel<strong>le</strong>s-ci par <strong>le</strong>sprofessionnels. Les facteurs associés <strong>à</strong> cette non-appropriation ont été identifiés (facteurs liésaux recommandations, <strong>à</strong> l’environnement humain et organisationnel) mais <strong>le</strong>ur partexplicative n’est pas connue ce qui limite la priorisation des actions.En France, l’application de certaines recommandations est évaluée notamment par <strong>le</strong> servicemédical de l’Assurance Maladie ou <strong>le</strong>s URML. Mais ces évaluations impliquent <strong>le</strong> plussouvent la réalisation d’un audit pour col<strong>le</strong>cter toutes <strong>le</strong>s informations nécessaires, ce qui estcoûteux et pénalise ces démarches. Or, on peut estimer que <strong>le</strong>s données de l’AssuranceMaladie sont sous-exploitées <strong>à</strong> ce jour. El<strong>le</strong>s devraient <strong>à</strong> l’avenir être traitées dès l’élaborationd’une recommandation afin d’identifier si ce système d’information peut permettre <strong>le</strong> contrô<strong>le</strong>de l’application de la recommandation et optimiser ainsi ce processus de contrô<strong>le</strong>. De plus, lamise en place de la Classification Commune des Actes Médicaux devrait améliorerl’information disponib<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s bases de données informatisées de l’Assurance Maladie etfaciliter la mesure d’indicateurs décrivant <strong>le</strong>s pratiques médica<strong>le</strong>s. On regrettera, toutefois,que la séparation des données de remboursement des données médica<strong>le</strong>s constitue une limitede ce système d’information.Au-del<strong>à</strong> des données, c’est la méthode même de contrô<strong>le</strong> de l’application desrecommandations qui fait encore défaut aujourd’hui. Ce contrô<strong>le</strong> devra comprendre <strong>le</strong> suivi de122


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…l’application des recommandations mais éga<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s incitations, voire <strong>le</strong>s sanctions, defaçon <strong>à</strong> faire réel<strong>le</strong>ment converger <strong>le</strong>s pratiques vers la pratique optima<strong>le</strong>.Enfin, même si <strong>le</strong> critère économique ne saurait être <strong>le</strong> critère ultime en santé publique, il estimportant que tout <strong>le</strong> processus ainsi retenu (évaluation des pratiques, recommandationdiffusion,contrô<strong>le</strong>) ne soit pas plus coûteux que <strong>le</strong>s conséquences de la variabilité despratiques. Pour une pratique donnée, l’on peut identifier cinq coûts <strong>à</strong> prendre enconsidération :• <strong>le</strong> coût de définition d’une norme (coût d’étude) ;• <strong>le</strong> coût de mesure de la variabilité des pratiques (coût d’information) ;• <strong>le</strong> coût de cette variabilité (coût de ne rien faire) ;• <strong>le</strong> coût de la diffusion de la norme (coût de décision) ;• <strong>le</strong> coût du contrô<strong>le</strong> de l’application de cette norme (coût récurrent) ;Schématiquement, l’alternative en la matière présente <strong>le</strong>s deux termes suivants : soit <strong>le</strong> coûtde la variabilité est inférieur ou égal <strong>à</strong> la somme des autres coûts, dans ce cas la justificationéconomique disparaît ; soit il est supérieur, et la maîtrise de la variabilité des pratiques ytrouve une justification économique. Bien sûr, ce schéma doit être affiné et complété ; enparticulier, l’estimation d’un coût a lui-même un coût qui n’est pas toujours négligeab<strong>le</strong> etdont l’amortissement doit être pris en compte.L’un des coûts <strong>le</strong>s plus délicats <strong>à</strong> estimer est sans doute celui de la variabilité des pratiques.Pour y parvenir, il faudrait tout d’abord estimer <strong>le</strong> coût de ses conséquences sur une périodedonnée <strong>à</strong> partir d’un échantillon représentatif de l’ensemb<strong>le</strong> des patients. Il conviendraitéga<strong>le</strong>ment de considérer la possibilité d’une évolution de l’utilisation des données del’Assurance Maladie par <strong>le</strong>s chercheurs, <strong>le</strong>s épidémiologistes et <strong>le</strong>s professionnels de santépublique en collaboration avec <strong>le</strong>s spécialistes de l’Assurance Maladie. Enfin, il seraitnécessaire de disposer d’une modélisation économique des parcours du patient pour <strong>le</strong>sdifférentes pathologies, dans la suite des travaux entamés <strong>à</strong> la Haute Autorité de santéconcernant <strong>le</strong>s affections de longue durée.123


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…124


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…PARTIE 2Exemp<strong>le</strong> de la variabilité des pratiquesde dépistage de l’infection <strong>à</strong>Cytomégalovirus (CMV)125


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…126


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…IIPARTIE 2 : EXEMPLE DE LA VARIABILITE DES PRATIQUES DE DEPISTAGEDE L’INFECTION A CYTOMEGALOVIRUS (CMV) CHEZ LA FEMMEENCEINTE EN FRANCELes pratiques de dépistage font partie des activités médica<strong>le</strong>s qui se sont particulièrementdéveloppées ces dernières années dans <strong>le</strong>s pays industrialisés mais aussi dans <strong>le</strong>s pays endéveloppement en relation avec <strong>le</strong> dépistage du sida.En France, <strong>le</strong> dépistage est une thématique importante que développent <strong>le</strong>s programmesnationaux de l’Assurance Maladie avec, par exemp<strong>le</strong>, <strong>le</strong> dépistage et <strong>le</strong> traitement du diabètede type 2, de l’hypertension artériel<strong>le</strong> et, depuis 2004, du cancer du sein. Dans l’appel <strong>à</strong>candidatures en juil<strong>le</strong>t 2005 pour des bourses de thèses en sciences, ce thème est plusparticulièrement retenu sous l’ang<strong>le</strong> de « la place du médecin libéral dans <strong>le</strong>s politiques et <strong>le</strong>sactions de dépistage et de prévention » afin d’améliorer <strong>le</strong>s connaissances concernant <strong>le</strong>fonctionnement et l’utilisation du système de santé.L’ANAES a consacré au thème du dépistage une part non négligeab<strong>le</strong> de son activité. Ainsi,en mars 2005, on pouvait compter 68 documents diffusés sur la période 1999-2004 relatifs audépistage (identifié grâce au mot clé « dépistage ») dont 17 mis en ligne en 2004 (25%).Le dépistage de l’infection <strong>à</strong> cytomégalovirus (CMV) chez <strong>le</strong>s femmes enceintes était unequestion controversée en France au début de notre travail [171]. Les professionnels favorab<strong>le</strong>s<strong>à</strong> une politique de dépistage de l’infection <strong>à</strong> CMV chez la femme enceinte mettent en avantqu’il s’agit d’une maladie fréquente des nouveau-nés, qui peut être <strong>à</strong> l’origine d’un déficitneurologique ou auditif grave. Cependant, il est <strong>à</strong> remarquer que beaucoup d’enfants infectésen période anténata<strong>le</strong> restent asymptomatiques. De plus, il n’existe actuel<strong>le</strong>ment pas demarqueur fiab<strong>le</strong> permettant un pronostic ou diagnostic prénatal des lésions [171]. Enfin, iln’existe pour l’instant ni de vaccin, ni de traitement antiviral prénatal ayant prouvé <strong>le</strong>urefficacité sur la réduction de la transmission materno-fœta<strong>le</strong> ou de la survenue de séquel<strong>le</strong>s.Dans ce con<strong>texte</strong>, la Direction Généra<strong>le</strong> de la Santé (DGS), la Caisse Nationa<strong>le</strong> d’AssuranceMaladie des Travail<strong>le</strong>urs Salariés (CNAMTS) et la Société de Pathologie Infectieuse de127


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…Langue Française (SPILF) ont chargé l’ANAES d’évaluer l’intérêt du dépistage sérologiquede l’infection <strong>à</strong> CMV chez <strong>le</strong>s femmes enceintes en France. L’ANAES a confié la rédactionde l’argumentaire de ce dossier <strong>à</strong> l’Institut de Santé Publique, d’Epidémiologie et deDéveloppement (<strong>ISPED</strong>) en septembre 2003. C’est dans ce cadre que j’ai travaillé sur cettethématique en collaboration avec <strong>le</strong> Dr Leroy et sous la direction du Pr Salamon.A l'opportunité offerte par ce con<strong>texte</strong> incitant <strong>à</strong> évaluer <strong>le</strong>s pratiques de dépistage du CMVchez la femme enceinte, s’ajoute l’intérêt de travail<strong>le</strong>r en amont du processus d’élaborationd’une recommandation. Ce positionnement permet en effet d’étudier <strong>le</strong>s pratiques avantmême l’élaboration de la recommandation, puis de concevoir une évaluation du suivi de larecommandation dès la phase d’élaboration (pilotage des recommandations). Ce sujetprésentait l’inconvénient d’être très ciblé puisqu’il ne concerne que 10% de la population.Dans cette seconde partie, nous décrivons, dans un premier chapitre, la variabilité despratiques de dépistage du CMV chez la femme enceinte et <strong>le</strong>urs déterminants en France. Nousprésentons <strong>à</strong> cet effet l’étude des pratiques de dépistage que nous avons réalisée <strong>à</strong> partir desdonnées de la CANAM. Cette étude montre notamment une augmentation des pratiques dedépistage en l’absence de recommandation favorab<strong>le</strong> et cela de façon hétérogène.Dans un second chapitre, nous analysons <strong>le</strong>s conséquences de la variabilité des pratiques dece dépistage tant pour la société (conséquences économiques) que pour la femme enceinte.Enfin, dans un troisième chapitre, nous présentons <strong>le</strong>s actions mises en œuvre pour diminuercette variabilité des pratiques. En particulier, nous présentons <strong>le</strong>s différentes étapes que nousavons effectuées pour évaluer l’intérêt du dépistage du CMV chez la femme enceinte. A ceteffet, nous commençons par présenter <strong>le</strong>s données épidémiologiques concernant cetteinfection pendant la grossesse, données que nous avons identifiées en réalisant une revuesystématique de la littérature. Puis nous présentons <strong>le</strong>s principaux résultats de l’évaluation del’intérêt du dépistage ainsi que <strong>le</strong> <strong>texte</strong> de la recommandation résultant de ce travail.128


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…II.1Chapitre 1 : La variabilité des pratiques de dépistage du CMV en France et sesdéterminantsNous avons réalisé, en collaboration avec l’ANAES et la CANAM, une étude dont l’objectifétait de décrire <strong>le</strong>s pratiques de dépistage du CMV en France chez <strong>le</strong>s femmes enceintesdepuis 2000 ainsi que <strong>le</strong> profil des femmes enceintes dépistées pour <strong>le</strong> CMV.II.1.1 MéthodeIl s’agit d’une étude rétrospective menée <strong>à</strong> partir des données de remboursement de laCANAM sur la période s’étendant du 01/07/2000 au 30/04/2004.La population étudiée comprenait toutes <strong>le</strong>s femmes ayant accouché en secteur privé entre2001 et 2004 (reflétant un début de grossesse entre 2000 et 2003). Ont été exclues de cetteétude <strong>le</strong>s femmes enceintes ayant avorté ainsi que <strong>le</strong>s femmes enceintes ayant accouché ensecteur public (faute de données).Les variab<strong>le</strong>s étudiées portaient sur la femme enceinte, <strong>le</strong> prescripteur et <strong>le</strong>s actes biologiquesconcernant <strong>le</strong> CMV.Chez la femme enceinte, quatre caractéristiques ont été identifiées et retenues pour notreétude :- La date d’accouchement en secteur privé. Cette information permettait de repérerde façon indirecte <strong>le</strong>s femmes enceintes et d’estimer la date de début de grossesse (il a étéconsidéré dans l’étude que toutes <strong>le</strong>s grossesses étaient menées <strong>à</strong> terme et donc que la datede début de grossesse correspondait <strong>à</strong> la date d’accouchement moins neuf mois).- La Profession et Catégorie Socioprofessionnel<strong>le</strong> (PCS) de la femme tel<strong>le</strong> queconstituée par la CANAM (artisans, commerçants et professions libéra<strong>le</strong>s),- La zone géographique, tel<strong>le</strong> que définie par la CANAM (4 zones géographiques) :Nord ; Sud ; Paris et région parisienne ; et Autres.129


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…- Les codes de la classification internationa<strong>le</strong> des maladies (CIM-10) correspondantaux maladies dues au virus de l’immunodéficience humaine (VIH) (B20, B21, B22, B23et B24) ou aux sujets en contact avec et exposés au VIH (Z206), afin d’identifier <strong>le</strong>s casde recherche de CMV réalisés dans <strong>le</strong> cadre du suivi spécifique de cette maladie.Les caractéristiques du médecin prescripteur étaient renseignées uniquement pour <strong>le</strong>smédecins en exercice libéral et comprenaient la spécialité médica<strong>le</strong> et <strong>le</strong> sexe.Des codes biologiques correspondants <strong>à</strong> une recherche du CMV, n’ont été retenus que ceuxqui correspondaient <strong>à</strong> la recherche d’une infection récente (codes 1713, 1714, 3713 et 3714), <strong>à</strong>la recherche d’une infection ancienne (codes 1785 et 1786), au diagnostic prénatal (4064 et4065) et <strong>à</strong> d’autres examens relatifs au CMV (codes 3779, 4225, 4226 et 4227) de lanomenclature des actes de biologie médica<strong>le</strong>, version 15. Ces codes ont été sé<strong>le</strong>ctionnés avec<strong>le</strong>ur date de remboursement et la correspondance avec <strong>le</strong> patient.L’analyse portait sur <strong>le</strong> nombre de grossesses identifiées par année, <strong>le</strong> type d’examenbiologique se rapportant au CMV prescrit par année de début de grossesse et par trimestre, ladistribution des patientes selon la profession et la zone géographique, la distribution dudépistage selon la profession et la zone géographique des femmes, et la distribution desmédecins prescripteurs du dépistage prénatal par spécialité médica<strong>le</strong>.La comparaison de ces distributions a été réalisée en utilisant <strong>le</strong> test du chi2 (test global puistest par classes lorsque qu’il y avait une différence significative lors du test global).II.1.2 Principaux résultatsLes résultats de cette étude sont détaillés dans l’artic<strong>le</strong> joint en annexe 4 [172] : « Moty-Monnereau C, Leroy V, Deligne J, Latapy C, Rumeau-Pichon C, Blum-Boisgard C, Flori YA, Salamon R. Le dépistage du cytomégalovirus chez la femme enceinte en France de 2000 <strong>à</strong>2003 : une augmentation des prescriptions en l'absence de recommandation favorab<strong>le</strong> ». Deuxrésultats méritent d’être soulignés :- <strong>le</strong> nombre é<strong>le</strong>vé de femmes enceintes ayant eu au moins un examen biologique <strong>à</strong> larecherche du CMV pendant <strong>le</strong>ur grossesse comme présenté dans <strong>le</strong> tab<strong>le</strong>au II del’artic<strong>le</strong> avec une augmentation significative entre 2000 (5,8% des femmes130


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…enceintes) et 2002 (22,1% des femmes enceintes), pour se stabiliser en 2003(22,0%).- Les différences significatives de pourcentage de femmes dépistées entreprofessions et entre zones géographiques, témoignant d’une variabilité despratiques médica<strong>le</strong>s dans l’espace et en fonction de la catégorie socioprofessionnel<strong>le</strong>de <strong>le</strong>ur patiente. Ainsi <strong>le</strong> pourcentage de femmes dépistées étaitplus é<strong>le</strong>vé parmi <strong>le</strong>s professions libéra<strong>le</strong>s, puis <strong>le</strong>s commerçantes que parmi <strong>le</strong>sartisans ; et plus é<strong>le</strong>vé <strong>à</strong> Paris et dans sa région proche que dans <strong>le</strong> reste de laFrance.II.1.3 DiscussionCette étude portant sur 34 347 femmes enceintes a montré un doub<strong>le</strong>ment en France dunombre de femmes enceintes ayant eu un dépistage prénatal du CMV entre 2001 et 2002 avecune stabilisation en 2003 aboutissant au total <strong>à</strong> près du quart des femmes dépistées enprénatal. El<strong>le</strong> a éga<strong>le</strong>ment montré une variabilité des pratiques de dépistage selon laprofession et la zone géographique de la femme enceinte qui soulève la question de l’équité etde la sécurité du système de santé français en particulier lors du suivi de la grossesse.La variabilité des pratiques selon la catégorie socio-professionnel<strong>le</strong> peut être en partieexpliquée d’une part par <strong>le</strong> fait que ce dépistage n’est pas systématiquement pris en charge <strong>à</strong>100% par l’Assurance Maladie, d’autre part par une différence de niveau d’études qui influesur l’éducation et l’information des patientes en matière de santé ainsi que sur <strong>le</strong>ur demandede soins. La variabilité des pratiques de dépistage selon la zone géographique peut s’expliquerpar une demande plus forte en région parisienne de la part des femmes et par uninvestissement plus important des laboratoires pharmaceutiques dans cette zone. Il peut s’agiréga<strong>le</strong>ment d’une sur-représentation des professions libéra<strong>le</strong>s <strong>à</strong> Paris.L’étude qui vient d’être résumée présentait plusieurs limites. La première est que nous nedisposions que de données agrégées ne nous permettant pas de réaliser d’analyse multivariéeet encore moins d’analyse multi-niveaux. Il ne nous a pas été possib<strong>le</strong> d’accéder aux donnéesindividuel<strong>le</strong>s.131


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…La seconde réside dans <strong>le</strong> fait que <strong>le</strong>s données de la CANAM ne portent que sur <strong>le</strong>s donnéesde remboursement de vil<strong>le</strong> de 4,5% de la population française. Notre analyse ne porte doncque sur la variabilité des pratiques de dépistage en médecine libéra<strong>le</strong> pour une faib<strong>le</strong> part de lapopulation française. Cependant, <strong>le</strong>s données du laboratoire de virologie du CHU deBordeaux montraient une fréquence du dépistage du CMV par la maternité de Pel<strong>le</strong>grin quasiinexistante (81 femmes dépistées entre janvier 2000 et août 2004), <strong>le</strong>s femmes consultant <strong>le</strong>plus souvent <strong>à</strong> l’hôpital uniquement <strong>à</strong> partir du 6ème mois de grossesse, <strong>le</strong> suivi du début degrossesse étant réalisé en vil<strong>le</strong> (requête réalisée en interne). De plus, <strong>le</strong>s donnéescommuniquées <strong>à</strong> l’ANAES par la Caisse Nationa<strong>le</strong> d’Assurance Maladie des Travail<strong>le</strong>ursSalariés (CNAMTS) montraient éga<strong>le</strong>ment une augmentation régulière du nombre d’actesbiologiques, liés au CMV, remboursés entre 1998 et 2002. Le montant remboursab<strong>le</strong> des actesbiologiques liés au CMV (toute cause confondue) en 2002 avait presque doublé par rapport <strong>à</strong>2001 [173].La troisième limite relève des données de la CANAM qui ne contiennent pas directementl’information « femme enceinte ». C'est pourquoi cette information est actuel<strong>le</strong>ment déduitede l’existence d’une date d’accouchement, mais cette date n’est disponib<strong>le</strong> que pour <strong>le</strong> secteurprivé. Les femmes ayant accouché dans <strong>le</strong> secteur public ne peuvent donc pas être identifiées<strong>à</strong> partir des données du système d’information de l’Assurance Maladie. Il est prévu que cetteinformation (femme enceinte) soit informatisée <strong>à</strong> l’avenir dans <strong>le</strong>s bases de l’AssuranceMaladie. Par ail<strong>le</strong>urs, <strong>le</strong>s femmes ayant avorté ne sont pas non plus identifiées, cetteinformation n’étant pas disponib<strong>le</strong> dans <strong>le</strong> système d’information de la CANAM, ce quipourrait entraîner une sous-estimation de la fréquence du dépistage si ces avortements fontsuite au diagnostic d’infection par <strong>le</strong> CMV.Notre étude montre qu’il est possib<strong>le</strong> de mesurer <strong>le</strong>s pratiques médica<strong>le</strong>s <strong>à</strong> partir des donnéesde l’Assurance Maladie pour des recommandations simp<strong>le</strong>s, de type binaire (dépister ou nepas dépister). De plus, cette mesure constitue une estimation des pratiques de base et devraitpermettre de mesurer l’impact de la recommandation diffusée par l’ANAES <strong>à</strong> l’issue del’évaluation de l’intérêt de ce dépistage. Le suivi de l’application de la recommandation peutêtre effectué au moyen de l’indicateur « pourcentage de femmes ayant au moins un examenbiologique <strong>à</strong> la recherche du CMV pendant <strong>le</strong>ur grossesse », en excluant <strong>le</strong>s codes spécifiquesde l’amniocentèse qui se rapportent davantage au diagnostic d’infection fœta<strong>le</strong> (suite audépistage maternel ou suite <strong>à</strong> une malformation visib<strong>le</strong> <strong>à</strong> l’échographie).132


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…Ce travail a fait l’objet de la publication d’un artic<strong>le</strong> dans <strong>à</strong> la Revue d’Epidémiologie et deSanté Publique.133


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…Artic<strong>le</strong>Moty-Monnereau C, Leroy V, Deligne J, Latapy C, Rumeau-Pichon C, Blum-Boisgard C, Flori Y A, Salamon R. Le dépistage du cytomégalovirus chez lafemme enceinte en France de 2000 <strong>à</strong> 2003 : une augmentation des prescriptionsen l'absence de recommandation favorab<strong>le</strong>. Rev Epidemiol Sante PubliqueIn press 2005Se reporter <strong>à</strong> l’annexe 4134


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…II.2Chapitre 2 : Les conséquences de la variabilité des pratiques concernant <strong>le</strong>dépistage du CMV chez la femme enceinteComme indiqué dans la première partie de la thèse, <strong>le</strong>s conséquences de la variabilité despratiques médica<strong>le</strong>s sont multip<strong>le</strong>s et touchent <strong>le</strong>s domaines de l’efficacité et de l’efficiencecomme de la sécurité et de l’équité des soins offerts par <strong>le</strong> système de santé français. Lafemme enceinte constitue un cas de figure particulièrement intéressant <strong>à</strong> cet égard.Etudier <strong>le</strong>s conséquences de la variabilité des pratiques de dépistage pendant la grossesseprésente deux particularités. Tout d’abord, cela revient <strong>à</strong> discuter des conséquences liées audépistage en général et donc au fait d’exposer certains patients <strong>à</strong> un diagnostic précoce (sujetsdépistés) et d’autres patients <strong>à</strong> une absence de diagnostic précoce (sujets non dépistés). Ontouche ici <strong>à</strong> la problématique du dépistage [174] et de son intérêt. Il mérite de faire l’objetd’une évaluation avant d’être l’objet d’une recommandation de santé publique. C'est ce quisera exposé dans la section II.4. Ensuite, <strong>le</strong> dépistage d’une infection pendant la grossesseprésente la particularité de toucher <strong>à</strong> la fois <strong>le</strong> fœtus et la mère. La variabilité des pratiques dedépistage peut donc avoir des conséquences sur <strong>le</strong>s deux sujets. Nous présenterons ici <strong>le</strong>sconséquences de la variabilité des pratiques de dépistage du CMV sur la grossesse et en termede coût dans la situation actuel<strong>le</strong> de recommandation de non-dépistage [138].II.2.1 Conséquences chez la femme enceinte et sur la poursuite de la grossesseLes conséquences de la variabilité des pratiques de dépistage du CMV sont nombreuses chezla femme enceinte dépistée :- survenue d’une anxiété [175, 176] dans <strong>le</strong>s cas où la femme est séronégative endébut de grossesse (présentant alors un risque de primo-infection pendant lagrossesse) ou présente des examens sérologiques compatib<strong>le</strong>s avec une infectionrécente pendant la grossesse.- multiplication d'examens complémentaires (répétition des tests biologiques,multiplication des échographies anténata<strong>le</strong>s, réalisation d’une amniocentèse…) ;- risque de complications liées <strong>à</strong> l'amniocentèse (avortement provoqué parl’amniocentèse principa<strong>le</strong>ment). [175, 176].135


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…- risque d’interruption de grossesse (interruption médica<strong>le</strong> de grossesse [IMG] ouinterruption volontaire de grossesse [IVG] suivant <strong>le</strong> terme) non justifiée (liée <strong>à</strong>la difficulté d’interprétation de la sérologie et <strong>à</strong> l’absence de signes defœtopathie décelab<strong>le</strong>s <strong>à</strong> l’échographie empêchant l’évaluation du pronostic pourl’enfant <strong>à</strong> naître) [175, 176].Concernant <strong>le</strong>s pratiques d’interruption de grossesse, cinq études épidémiologiques ont étéidentifiées qui présentent la fréquence des interruptions de grossesse et <strong>le</strong>urs circonstancesdans <strong>le</strong> cadre de l’infection <strong>à</strong> CMV. Ces études ont été retenues dans <strong>le</strong> cadre d’une revuecritique de la littérature portant sur la période allant de 1975 <strong>à</strong> 2004 réalisée en vue de larédaction de l’argumentaire portant sur l’intérêt du dépistage sérologique de l’infection <strong>à</strong>CMV chez <strong>le</strong>s femmes enceintes en France [138]). Ces études indiquent que l’interruption degrossesse était décidée :- suite au seul diagnostic de séroconversion maternel<strong>le</strong> : 7 IVG pour 20 femmesayant un diagnostic de séroconversion péri-conceptionnel<strong>le</strong> [177] ;- suite au diagnostic de transmission materno-fœta<strong>le</strong> alors que l’échographie fœta<strong>le</strong>était norma<strong>le</strong> [178] : 24/51 fœtus infectés [179], 4/17 fœtus infectés [180] ;- suite <strong>à</strong> la présence de signes de fœtopathie [178] : 9/51 fœtus infectés [179], 3/17fœtus infectés [180], 2/15 fœtus infectés [181] et 8/26 fœtus infectés [182].Afin de décrire <strong>le</strong>s circonstances de l’interruption de grossesse, <strong>le</strong> tab<strong>le</strong>au 7 présentel’ensemb<strong>le</strong> des issues de grossesses pour <strong>le</strong>s cinq études, sachant que cel<strong>le</strong>s-ci ne sont pasdocumentées de façon systématique pour l’ensemb<strong>le</strong> des femmes avec séroconversion : deuxétudes ne présentent que <strong>le</strong> devenir des grossesses pour <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s la mère a eu uneamniocentèse avec diagnostic fœtal. Ce tab<strong>le</strong>au montre la variabilité des pratiquesd’interruption de grossesse suite <strong>à</strong> une infection <strong>à</strong> CMV pendant la grossesse (ou en périodepéri-conceptionnel<strong>le</strong>).Par ail<strong>le</strong>urs, une enquête menée en France en 2002 sur la pratique des médecins des centres dediagnostic prénatal lors d’une infection fœta<strong>le</strong> <strong>à</strong> CMV montrait que <strong>le</strong>s attitudes des médecinsétaient très variab<strong>le</strong>s devant un même cas clinique [183]. Parmi <strong>le</strong>s 35 praticiens ayantrépondu <strong>à</strong> l’enquête (29 centres sur 41, soit 71%), 16 auraient accepté l’IMG en l’absence designe de fœtopathie. Plus précisément, parmi <strong>le</strong>s 35 praticiens, 17 n’auraient pas effectué deponction de sang fœtal (PSF) parmi <strong>le</strong>squels un aurait accepté l’IMG si el<strong>le</strong> avait étédemandée par <strong>le</strong>s parents ; 18 auraient réalisé une PSF. Parmi <strong>le</strong>s praticiens qui réalisaient la136


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…PSF : 15 auraient accepté l’IMG devant un résultat positif (présence d’anomaliesbiologiques) ; six auraient accepté l’IMG devant un résultat négatif (absence d’anomaliebiologique). Ce bilan des pratiques souligne l’amp<strong>le</strong>ur de <strong>le</strong>ur variabilité, <strong>à</strong> la fois dediagnostique et de prise en charge de la grossesse, avec des conséquences non négligeab<strong>le</strong>ssur la poursuite ou non de la grossesse.Les conséquences de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s sur la prise de décision desfemmes de poursuivre ou non <strong>le</strong>ur grossesse n’a pas été évaluée <strong>à</strong> ce jour. Une étudesociologique pourrait être réalisée afin 1) de connaître <strong>le</strong>s éléments que <strong>le</strong> médecin prend encompte pour élaborer l’information qu’il donne <strong>à</strong> la femme enceinte sur <strong>le</strong>s risques fœtaux etde séquel<strong>le</strong>s pour l’enfant lors d’une infection congénita<strong>le</strong> tel<strong>le</strong> que l’infection congénita<strong>le</strong> <strong>à</strong>CMV et 2) d’évaluer l’impact de cette information sur la décision de la femme pour lapoursuite ou l’interruption de la grossesse compte-tenu de sa capacité <strong>à</strong> comprendre et <strong>à</strong>s’approprier cette information.137


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…Tab<strong>le</strong>au 7 : Issue de grossesse chez des femmes enceintes avec dépistage néonatal ou diagnostic prénatal d’infection fœta<strong>le</strong> par <strong>le</strong>cytomégalovirus (CMV)Auteur, année, paysRevello, 2002, Italie[177]Population d’étudePériodeca<strong>le</strong>ndaire1992-2000 Femmes enceintes avec séroconversionpéri-conceptionnel<strong>le</strong> (n=20)Issue de grossesse7 IVG* 35%; IC [14,1-55,9])1 IMG † suite au diagnostic de TME ‡3 nouveau-nés infectés asymptomatiques (15%; IC[0-30,6]9 nouveau-nés non infectés (45%; IC[23,2-66,80]Guerra, 2000, Italie[180]1994-1998 Nouveau-nés infectés d'aprèsl'amniocentèse (n=17) (issus de mèresavec séroconversion)7 IMG ‡ 41,2%; IC [18,4-67,1]) dont 6 fœtus infectés et 1 non infecté (échographie fœta<strong>le</strong>anorma<strong>le</strong> dans 3 cas infectés)5 nouveau-nés asymptomatiques (29,4%; IC[10,3-56,0])5 nouveau-nés symptomatiques (29,4%; IC[10,3-56,0])Lipitz, 2002, Israel[179]1992-2000 Fœtus et nouveau-nés infectés d'aprèsl'amniocentèse (n=51)33 IMG suite au diagnostic de TME (64,7%; IC [50,1-77,6]) dont 9 échographies anorma<strong>le</strong>s14 nouveau-nés asymptomatiques (27,4%; IC [15,9-41,7])4 nouveau-nés symptomatiques (7,8%; IC [2,2-18,9])Azam, 2001, Suisse[182]1989-1998 Fœtus et nouveau-nés infectés (n=26fœtus infectés dont 20 avec diagnosticanténatal)8 IMG (30,8%; IC [14,3-51,8]) suite au diagnostic de TME avec anomalies échographiqueset/ou biologiques1 FCS (3,8%; IC [0,1-19,6])1 nouveau-né décédé (3,8%; IC[0,1-19,6])15 nouveau-nés asymptomatiques <strong>à</strong> la naissance et pendant <strong>le</strong> suivi (31 mois en moyenne)(57,7%; IC[36,9-76,7])1 nouveau-né symptomatique (3,8%; IC[0,1-19,6])Casteels, 1999, Belgique 1996-1998 3 075 femmes enceintes[181]Dépistage de tous <strong>le</strong>s nouveau-nés <strong>à</strong> lanaissance : culture des urines,Examen des fœtus avortés (autopsie)Au total 15 infections congénita<strong>le</strong>s2 IMG suite <strong>à</strong> la présence de signes de foetopathie (13,3%; IC [1,7-40,5]1 nouveau-né décédé suite <strong>à</strong> l'infection <strong>à</strong> CMV (6,7% ; IC [0,2-31,9])10 nouveau-nés asymptomatiques (66,7%; IC[38,4-88,2]2 nouveau-nés symptomatiques (13,3%; IC [1,7; 40,5]* Interruption Volontaire de Grossesse, † : Interruption Médica<strong>le</strong> de Grossesse ‡ : Transmission materno-fœta<strong>le</strong> du CMV diagnostiquée par l’amniocentèse, § Fausse Couche Spontanée138


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…II.2.2 Conséquences économiquesLes conséquences économiques de la variabilité des pratiques de dépistage du CMV chez lafemme enceinte se traduisent par la réalisation d’un dépistage non recommandé qui présenteun coût direct mais éga<strong>le</strong>ment indirect (diminution du temps de travail incombant <strong>à</strong> la femmeenceinte en raison des examens de suivi supplémentaires pendant sa grossesse,….), etintangib<strong>le</strong> (souffrance des parents, baisse de la productivité du conjoint…).Nous avons adressé des requêtes, via l’ANAES, <strong>à</strong> deux régimes de l’Assurance Maladie(CNAMTS et CANAM) pour estimer <strong>le</strong> coût direct du dépistage de l’infection <strong>à</strong> CMV chez lafemme enceinte.Les données du Régime Général disponib<strong>le</strong>s pour la France métropolitaine concernaientl’ensemb<strong>le</strong> des remboursements pour <strong>le</strong> groupe des actes biologiques relatifs au CMV sansdistinguer <strong>le</strong>s cas de dépistage prénatal. En 2002, <strong>le</strong> nombre d’actes remboursés était égal <strong>à</strong>398 132, pour un montant remboursab<strong>le</strong> de 13 085 924 €.Les données de la Caisse Nationa<strong>le</strong> d’Assurance Maladie des travail<strong>le</strong>urs indépendants(CANAM) permettaient d’iso<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s actes biologiques relatifs au CMV spécifiques de lafemme enceinte. Le nombre total d’examens pratiqués en 2002 s’é<strong>le</strong>vait <strong>à</strong> 3 656. Le montanttotal n’était pas disponib<strong>le</strong>, mais était estimé <strong>à</strong> 124 275 € en utilisant <strong>le</strong>s données deremboursement de la CNAMTS.A ce coût s’ajoute celui de la prise en charge de la grossesse après <strong>le</strong> diagnostic d’infectionmaternel<strong>le</strong> puis <strong>à</strong> la suite d’un éventuel diagnostic d’infection fœta<strong>le</strong> (suivi échographique,amniocentèse, ponction de sang fœtal, prise en charge psychologique de la mère…). En 2004,il n’existe pas d’étude économique publiée évaluant <strong>le</strong> coût du dépistage du CMV pendant lagrossesse, ni d’étude évaluant <strong>le</strong> coût de la prise en charge de l’infection <strong>à</strong> CMV pendant lagrossesse.Grâce <strong>à</strong> cette première approche, il apparaît que la variabilité des pratiques de dépistage duCMV chez la femme enceinte présente des conséquences importantes tant en terme de prisede risques injustifiés pour la femme enceinte et pour <strong>le</strong> fœtus, avec notamment une variabilitéimportante des pratiques d’interruption de grossesse dans ce con<strong>texte</strong>, avec des conséquencessur <strong>le</strong>ur coût, qu'il s'agisse de coûts direct, indirect ou intangib<strong>le</strong>.139


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…140


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…II.3Chapitre 3 : Les actions possib<strong>le</strong>s pour faire converger <strong>le</strong>s pratiques de dépistagedu CMV chez la femme enceinte en FranceLes actions envisageab<strong>le</strong>s pour faire converger <strong>le</strong>s pratiques de dépistage du CMV chez lafemme enceinte en France se déclinent essentiel<strong>le</strong>ment en élaboration, mise en œuvre et suivid’une recommandation spécifique.Afin d’élaborer une recommandation pour la pratique clinique concernant <strong>le</strong> dépistage del’infection <strong>à</strong> CMV chez la femme enceinte, nous avons procédé <strong>à</strong> une revue critique de lalittérature et rédigé un rapport de synthèse de la littérature <strong>à</strong> partir des travaux pertinents.L’ANAES a constitué un groupe de travail et un groupe de <strong>le</strong>cture réunissant respectivement17 et 29 experts et professionnels, recrutés auprès des sociétés scientifiques concernées par <strong>le</strong>thème, ayant un mode d’exercice public ou privé. Le groupe de travail se composait d'unegénéticienne, d'une épidémiologiste, de quatre pédiatres, de quatre gynécologues ougynécologues-obstétriciens, d'une sage-femme, de deux virologues, d'une économiste, d'uneanatomopathologiste et de deux médecins spécialisés en maladies infectieuses. Le groupe de<strong>le</strong>cture était composé d’un épidémiologiste, un médecin de santé publique, deux médecinsgénéralistes, cinq pédiatres dont trois spécialisés en néonatologie et maladies infectieuses etun spécialisé en épidémiologie, deux néonatologues, deux foetopathologistes, un réanimateurnéonatal et pédiatrique, sept gynécologues-obstétriciens, trois sages-femmes, deux virologues,un biologiste et deux radiologues pédiatriques.Faisant suite <strong>à</strong> la recherche bibliographique et <strong>à</strong> l'analyse de la littérature, un premierdocument a été rédigé et discuté lors d'une réunion du groupe de travail. Le document corrigéa été soumis au groupe de travail avant envoi au groupe de <strong>le</strong>cture. Les experts du groupe detravail et du groupe de <strong>le</strong>cture ont répondu <strong>à</strong> un questionnaire reprenant <strong>le</strong>s principa<strong>le</strong>sconclusions et propositions. La synthèse et <strong>le</strong>s perspectives ont été discutées et validées par <strong>le</strong>groupe de travail.Ce travail a fait l’objet de la publication d’un rapport [138] et d’une synthèse [184]accessib<strong>le</strong>s sur <strong>le</strong> site Internet de la HAS 5 depuis septembre 2004.Nous présenterons ici la liste des questions <strong>à</strong> aborder pour élaborer la recommandationconcernant <strong>le</strong> dépistage de l’infection <strong>à</strong> CMV chez la femme enceinte (liste des critères <strong>à</strong>évaluer), la recherche de données disponib<strong>le</strong>s ayant permis de documenter chaque question,141


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…<strong>le</strong>s résultats de cette recherche en ce qui concerne l’épidémiologie de l’infection <strong>à</strong> CMV, <strong>le</strong>sconclusions du groupe de travail pour chaque question et la recommandation el<strong>le</strong>-même. Suitune discussion des modalités de mise en œuvre et de suivi de cette recommandation.II.3.1 Critères <strong>à</strong> évaluer pour élaborer une recommandation pour la pratique cliniqueconcernant <strong>le</strong> dépistage de l’infection <strong>à</strong> CMV chez la femme enceinteL’Organisation Mondia<strong>le</strong> de la Santé (OMS) a défini une liste de critères pour évaluerl’intérêt d’une politique de dépistage [185] que Salmi et al. ont adapté au dépistage d’uneinfection [174]. Ces critères ont été actualisés par l’ANAES avec la publication en 2004 d’unguide méthodologique [186]. La démarche adoptée ici a consisté <strong>à</strong> vérifier si l’infection <strong>à</strong>CMV pendant la grossesse répondait de manière satisfaisante <strong>à</strong> ces critères (listés ci-dessous).- Critère 1 : la maladie ciblée représente un important problème de santé publique parses aspects épidémiologiques, cliniques et économiques. Ce critère implique dedocumenter 1) <strong>le</strong>s données épidémiologiques concernant la préva<strong>le</strong>nce de l’infection <strong>à</strong>CMV chez <strong>le</strong>s femmes enceintes ou en âge de procréer, la fréquence des primoinfectionsmaternel<strong>le</strong>s <strong>à</strong> CMV et des infections secondaires, la fréquence de latransmission materno-fœta<strong>le</strong> du CMV et la préva<strong>le</strong>nce néonata<strong>le</strong> de l’infection <strong>à</strong>CMV ; 2) <strong>le</strong>s données cliniques concernant la fréquence des formes graves et <strong>le</strong> typedes séquel<strong>le</strong>s chez l’enfant secondaire <strong>à</strong> une infection congénita<strong>le</strong> ; 3) <strong>le</strong>s donnéeséconomiques concernant la prise en charge de l’infection <strong>à</strong> CMV pendant la grossesseet des séquel<strong>le</strong>s éventuel<strong>le</strong>s chez l’enfant.- Critère 2 : l’histoire naturel<strong>le</strong> de la maladie est bien connue et il existe un délai entrel’infection maternel<strong>le</strong> et l’infection fœta<strong>le</strong> permettant une intervention. Ce critèreimplique de documenter la physiopathologie de l’infection maternel<strong>le</strong> et de latransmission materno-fœta<strong>le</strong> du CMV.- Critère 3 : il existe des facteurs de risque de la maladie ou des facteurs associés <strong>à</strong> lamaladie offrant la possibilité de sé<strong>le</strong>ctionner la population dans <strong>le</strong> cas où un dépistagede masse ne serait pas recommandé. Ce critère implique de documenter <strong>le</strong>s facteurs derisque d’infection <strong>à</strong> CMV chez la femme enceinte et de transmission materno-fœta<strong>le</strong>de l’infection.5 http://www.has-sante.fr/142


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…- Critère 4 : il existe un (des) traitement(s) efficace(s) et un intérêt de santé publiqueintégrant des paramètres économiques, associés <strong>à</strong> la prise en charge précoce de lamaladie. Ce critère implique de documenter <strong>le</strong>s modalités de suivi et de prise encharge de l’infection pendant la grossesse en terme de diagnostic fœtal et de traitementpréventif de la transmission materno-fœta<strong>le</strong>.- Critère 5 : il existe un (des) test(s) pour <strong>le</strong> dépistage fiab<strong>le</strong>(s), performant(s), simp<strong>le</strong>(s)d’utilisation, bien accepté(s) par la population et sans danger. Ce critère implique dedocumenter <strong>le</strong>s performances du diagnostic sérologique de l’infection maternel<strong>le</strong> <strong>à</strong>CMV, pendant la grossesse.- Critère 6 : il existe des modalités de mise en œuvre d’un programme de dépistage dont<strong>le</strong> rendement est favorab<strong>le</strong> et <strong>le</strong>s conséquences économiques acceptab<strong>le</strong>s. Ce critèreimplique de documenter l’acceptabilité d’un programme de dépistage et de décrire <strong>le</strong>spratiques médica<strong>le</strong>s de dépistage en France, <strong>le</strong>s politiques de dépistage des autres paysainsi que <strong>le</strong>s modalités de prévention primaire de l’infection <strong>à</strong> CMV chez la femmeenceinte dans <strong>le</strong> système de soins français.Juger de l’intérêt du dépistage du CMV pendant la grossesse correspond <strong>à</strong> une problématiqueparticulière puisqu’el<strong>le</strong> implique de considérer <strong>à</strong> la fois l’infection de la mère, cel<strong>le</strong> du fœtuset <strong>le</strong>s séquel<strong>le</strong>s éventuel<strong>le</strong>s chez l’enfant. En effet, dans <strong>le</strong> cas de l’infection congénita<strong>le</strong> <strong>à</strong>CMV, <strong>le</strong> programme de dépistage s’adresserait <strong>à</strong> des femmes enceintes non pas pour prévenirl’apparition d’une maladie infectieuse bénigne chez el<strong>le</strong>s mais pour prévenir la transmission <strong>à</strong>l’enfant in utero d’une infection pouvant se traduire par des séquel<strong>le</strong>s graves. Aussi dessituations différentes doivent-el<strong>le</strong>s être définies selon qu’el<strong>le</strong>s s’appliquent <strong>à</strong> la mère ou <strong>à</strong>l’enfant pour chaque critère <strong>à</strong> évaluer. Chaque critère repris dans la liste établie par l’OMSdoit donc être considéré sous plusieurs ang<strong>le</strong>s : 1) l’infection chez la femme, 2) latransmission materno-fœta<strong>le</strong> de l’infection maternel<strong>le</strong> et 3) l’infection chez l’enfant.143


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…II.3.2 Recherche des données disponib<strong>le</strong>sLa recherche des données disponib<strong>le</strong>s comprend l’identification des sources de données, ladéfinition d’une stratégie de recherche (mots clés, période d’étude), la <strong>le</strong>cture critique desartic<strong>le</strong>s et la consultation d’autres sources d’information.— Les sources d’informationNous avons consulté <strong>le</strong>s bases de données bibliographiques suivantes :- MEDLINE (National Library of Medicine, Etats-Unis)- EMBASE (Elsevier/SilverPlatter, Pays-Bas)- Current Contents (Institute for Scientific Information/Silver Platter, Etats-Unis)- Life Sciences- Clinical Medicine- Social & Behavioral Sciences- Pascal Biomed (INIST/SilverPlatter, France)- Francis (INIST/SilverPlatter, France)Les autres sources de données comprenaient :- la BDSP, Base Documentaire en Santé Publique, France- The Cochrane Library, Grande Bretagne- CRD databases, Center for Reviews and Dissemination, University of York, GrandeBretagne- HTA, database of Health Technology Assessment (INAHTA),- DARE, database of Abstracts of Reviews of Effects- NHSEED, database of Economic Evaluations of Health Care Interventions.Enfin nous avons consulté <strong>le</strong>s Sites Web producteurs de données suivants :- Institut de Veil<strong>le</strong> Sanitaire, France- Ministère de la Santé, de la Famil<strong>le</strong> et des Personnes handicapées, France- European Observatory on Health Care Systems, Danemark- Bureau régional de l’OMS pour l’Europe, Danemark- National Guideline C<strong>le</strong>aringhouse, Etats-Unis- National Health and Medical Research Council (NHMRC), Australie- New Zealand Guidelines Group (NZGG), Nouvel<strong>le</strong> Zélande144


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…— La stratégie de recherche documentaireLa stratégie de recherche présentée dans <strong>le</strong> tab<strong>le</strong>au 8 précise <strong>le</strong>s termes utiliséssystématiquement sur chaque base de données bibliographiques pour la période de 1975 <strong>à</strong> mai2004. Les termes de recherche sont des termes issus de thesauri (descripteurs MeSH pourMEDLINE). Ils sont combinés en autant d’étapes que nécessaires <strong>à</strong> l’aide des opérateurs« AND », « OR », « NOT ». Aucune limite ne portait sur la langue. Cette recherche excluait<strong>le</strong>s publications portant sur <strong>le</strong> VIH et se limitait aux artic<strong>le</strong>s concernant l’être humain.Tab<strong>le</strong>au 8 : Stratégie de recherche documentaireTermes utilisés(CMV AND congenital AND Human) NOT HIVSoit la combinaison MEDLINE suivante :(((("cytomégalovirus"[MeSH Terms] OR CMV [Text Word]) AND("congenital"[MeSH Subheading] OR congenital[Text Word])) NOT ("hiv"[MeSHTerms] OR HIV[Text Word])) AND (("human"[MeSH Terms] OR "hominidae"[MeSHTerms]) OR "Human"[MeSH Terms])).Cytomégalovirus infections AND pregnancy NOT HIV infections AND humanSoit la combinaison MEDLINE suivante :(((("cytomégalovirus infections"[MeSH Major Topic] AND ("pregnancy"[MeSH Terms]OR pregnancy[Text Word])) NOT ("hiv infections"[MeSH Terms] OR HIVinfections[Text Word])) AND ("hominidae"[MeSH Terms] OR "Human"[MeSHTerms])))Cytomégalovirus infections AND (perinatal OR postnatal OR neonatal) NOT HIVSoit la combinaison MEDLINE suivante :(((("cytomégalovirus infections"[MeSH Terms] OR cytomégalovirus infections[TextWord]) AND ((perinatal[All Fields] OR postnatal[All Fields]) OR neonatal[All Fields]))NOT ("hiv"[MeSH Terms] OR HIV[Text Word])))Nombre total de références obtenuesNombre total de références analyséesNombre de références retenues pour citationdont :- Nombre d’artic<strong>le</strong>s originauxNombre de revues systématiques de la littératureNombre de méta-analyseNombre d’artic<strong>le</strong>s de l’Encyclopédie Médico-chirurgica<strong>le</strong> ®Nombre d’artic<strong>le</strong>s publiés par des équipes françaisesPériode de recherche1975-20041975-20041975-200496921314513940217145


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…— Critères de sé<strong>le</strong>ction des artic<strong>le</strong>sLes artic<strong>le</strong>s retenus ont été sé<strong>le</strong>ctionnés par deux <strong>le</strong>cteurs sur la base du titre, du résumé puisde l’artic<strong>le</strong> <strong>intégral</strong> selon des critères de <strong>le</strong>cture critique présentés ci-dessous.Les artic<strong>le</strong>s publiés en français, anglais et espagnol ont été lus.Les critères de sé<strong>le</strong>ction comprenaient des critères généraux et des critères spécifiques <strong>à</strong>chaque question étudiée (en reprenant l’ensemb<strong>le</strong> des six critères OMS permettant d’évaluerl’intérêt de santé publique d’un dépistage du CMV chez la femme enceinte).Les critères généraux comprenaient <strong>le</strong> type de la publication qui devait être soit un artic<strong>le</strong>original, soit une revue systématique de la littérature ou une méta-analyse. Les artic<strong>le</strong>sdécrivant des expérimentations chez l’animal, rapportant des données concernant <strong>le</strong>sinfections <strong>à</strong> CMV dans <strong>le</strong> cadre de l’infection VIH ou d’une transplantation, ou rapportant uncas clinique ont été exclus de notre revue.Les critères propres <strong>à</strong> chaque question étudiée sont présentés ci-dessous.Amp<strong>le</strong>ur du problèmeLes artic<strong>le</strong>s ont été retenus lorsqu’ils permettaient de mesurer <strong>le</strong>s indicateurs suivants :- la préva<strong>le</strong>nce maternel<strong>le</strong> de l’infection par <strong>le</strong> CMV qui devait être estimée <strong>à</strong> partird’une procédure de dépistage systématique et exhaustif de toutes <strong>le</strong>s femmes enceintesou d’un échantillon représentatif (lieu et temps donné) ;- l’incidence maternel<strong>le</strong> de l’infection par <strong>le</strong> CMV pendant la grossesse : l’incidence desprimo-infections devait être mesurée chez des femmes séronégatives en début degrossesse, et l’incidence des infections secondaires (réactivation ou réinfection) devaitêtre mesurée chez des femmes séropositives en début de grossesse <strong>à</strong> partir d’unéchantillon représentatif ou d’une procédure systématique pendant une périodedonnée ;- la préva<strong>le</strong>nce néonata<strong>le</strong> de l’infection par <strong>le</strong> CMV qui devait être estimée <strong>à</strong> partird’une procédure de dépistage systématique de tous <strong>le</strong>s enfants nés vivants (lieu ettemps donné) ou d’un échantillon représentatif, quel que soit <strong>le</strong> prélèvement examiné(urine, salive ou sang) ;146


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…- la transmission materno-fœta<strong>le</strong> du CMV qui devait être estimée <strong>à</strong> partir d’uneprocédure de dépistage systématique de tous <strong>le</strong>s nouveau-nés d’un échantillon defemmes enceintes infectées par <strong>le</strong> CMV ;- la fréquence des séquel<strong>le</strong>s chez <strong>le</strong>s nouveau-nés infectés par <strong>le</strong> CMV qui devait êtreestimée <strong>à</strong> partir d’une cohorte de nouveau-nés infectés suivis sur <strong>le</strong> plan clinique etparaclinique.Histoire naturel<strong>le</strong> de l’infection <strong>à</strong> CMVPour étudier ce critère, nous avons utilisé <strong>le</strong>s données de l’encyclopédie médico-chirurgica<strong>le</strong> ®et des artic<strong>le</strong>s qui présentaient l’histoire naturel<strong>le</strong> de l’infection <strong>à</strong> CMV dans des cas incidentspour l’infection.Facteurs de risque d’infection maternel<strong>le</strong> <strong>à</strong> CMV et de transmission materno-fœta<strong>le</strong>Pour étudier ce critère, nous avons retenu <strong>le</strong>s artic<strong>le</strong>s qui recherchaient une association entre<strong>le</strong>s caractéristiques des femmes enceintes et l’infection maternel<strong>le</strong> ou fœta<strong>le</strong> par <strong>le</strong> CMV surun échantillon représentatif des femmes enceintes.Tests de dépistage de l’infection maternel<strong>le</strong> par <strong>le</strong> CMVPour étudier ce critère, nous avons utilisé <strong>le</strong>s données de l’Agence française de sécuritésanitaire des produits de santé (AFSSaPS) et des artic<strong>le</strong>s qui étudiaient la performance destests de dépistage en utilisant un test de référence. Nous n’avons retenu que <strong>le</strong>s artic<strong>le</strong>s récents(1996-2004) compte tenu de l’évolution récente des tests de dépistage.Traitement et prise en charge de la maladiePour étudier ce critère, nous avons repris toutes <strong>le</strong>s données de la littérature qui rapportaient<strong>le</strong>s possibilités de prévention de l’infection maternel<strong>le</strong> <strong>à</strong> CMV, <strong>le</strong>s possibilités de préventionde la transmission materno-fœta<strong>le</strong> de l’infection, <strong>le</strong>s performances du diagnostic de l’infectionfœta<strong>le</strong> et l’existence de traitement évalué par un essai clinique randomisé. Nous n’avonsretenu que <strong>le</strong>s artic<strong>le</strong>s récents (1996-2004) compte tenu de l’évolution des techniquesdiagnostiques et thérapeutiques.147


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…Modalités et acceptabilité de mise en œuvre d’un programme de dépistageNous n’avons retenu que <strong>le</strong>s artic<strong>le</strong>s récents (1996-2004) pour ne présenter que <strong>le</strong>s politiquesde dépistage qui prennent en comptent l’évolution des techniques diagnostiques etthérapeutiques.— Consultation d’autres sources d’informationLes sites des sociétés savantes en gynécologie-obstétrique et en pédiatrie listés ci-dessous ontéga<strong>le</strong>ment été consultés. Ces sociétés savantes ont été ensuite contactées par courrieré<strong>le</strong>ctronique afin de <strong>le</strong>ur demander s’il existait ou non des recommandations dans <strong>le</strong>ur paysconcernant <strong>le</strong> dépistage du CMV chez la femme enceinte.La liste des sociétés savantes contactées est la suivante :- American Academy of Pediatrics (AAP). http://www.aap.org.- American Board of Pediatrics. http://www.abp.org.- American Col<strong>le</strong>ge of Obstetricians and Gynecologists (ACOG). http://www.acog.org- Austrian Pediatric Society. http://www.kinderundjugendheilkunde.at.- Confédération Européenne des Spécialistes en Pédiatrie.http://www.uems.be/paediat.htm.- Centers for Disease Control and Prevention (CDC). www.cdc.gov- Danish Paediatric Society. http://www.paediatri.dk/.- European Association of Perinatal Medicine. http://www.eapm.it/.- European Society of Paediatric Infectious Diseases (ESPID). http://www.espid.org/.- International Federation of Gynecology and Obstetrics. http://www.figo.org/.- Paediatric Society of New Zealand. http://www.paediatrics.org.nz/.- Pediatric Infectious Diseases Society. http://www.pids.org/.- Royal Col<strong>le</strong>ge of Obstetricians and Gynaecologists (RCOG) http://www.rcog.org.uk- Society for Maternal Fetal Medicine (SFSM). http://www.smfm.org/.- Society for Pediatric & Perinatal Epidemiology U. http://www.sper.org.- Society of Obstetricians and Gynaecologists of Canada.http://sogc.medical.org/index.html.- Société Suisse de gynécologie et d'obstétrique. http: //www.sggg.ch/F/default.asp.148


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…Des requêtes ont éga<strong>le</strong>ment été adressées <strong>à</strong> deux régimes de l’Assurance Maladie (CNAMTSet CANAM) pour décrire <strong>le</strong>s pratiques de dépistage du CMV en France et estimer <strong>le</strong> coût dudépistage maternel du CMV.Enfin, <strong>le</strong>s sites Web d’information grand public (en langue française) accessib<strong>le</strong>s sur Internetont été consultés en avril 2004 <strong>à</strong> la demande du groupe de travail (mots clé : cytomégalovirusou CMV). Les sites identifiés étaient <strong>le</strong>s suivants :-Doctissimo :http://www.doctissimo.fr/html/sante/encyclopedie/sa_585_infections_et_grosse.htm- Bebe arrive : http://www.bebe-arrive.com/cytomega.htm-Auféminin :http://www.aufeminin.com/__e3897_Infection_ancienne_au_CMV_et_grossesse.html- Esculape : http://www.esculape.com/fmc/cmv.html- Atoute : http://www.atoute.org/dcforum/DCForumID5/472.html- Femiweb : http://www.femiweb.com/gynecologie/quest/quest_obst/cmv.htm- Une page avec un document universitaire était éga<strong>le</strong>ment accessib<strong>le</strong> (http://lyon-sud.univlyon1.fr/bacterio-viro/DESLYON/chapitre4/grossesse.pdf).149


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…II.3.3 Résultats de la littérature concernant l’épidémiologie de l’infection <strong>à</strong> CMV pendant lagrossesseLes résultats de la <strong>le</strong>cture critique de la littérature concernant l’épidémiologie de l’infection <strong>à</strong>CMV pendant la grossesse ont fait l’objet de la soumission d’un artic<strong>le</strong>, joint en annexe 5[187] : « Moty-Monnereau C, Leroy V, Latapy C, Salamon R. Epidemiology of congenitalinfection with Cytomégalovirus in industrialized countries. A systematic review of the burdenof the disease ».Les résultats principaux peuvent être résumés de la façon suivante :— Préva<strong>le</strong>nce et incidence infections <strong>à</strong> CMV chez <strong>le</strong>s femmes enceintes, incidence de latransmission materno-foeta<strong>le</strong>La préva<strong>le</strong>nce et l’incidence des primo-infections <strong>à</strong> CMV chez <strong>le</strong>s femmes enceintes sontrelativement bien documentées en France. En revanche, la préva<strong>le</strong>nce et l’incidence desinfections secondaires et l’incidence des séquel<strong>le</strong>s sévères y restent encore mal documentées.En France, <strong>le</strong>s études rapportaient que 43,5% [42,1-44,9] <strong>à</strong> 51,5% [48,5-54,5] des femmesenceintes étaient séronégatives et 0,6% <strong>à</strong> 1,4% faisaient une séroconversion dénotant uneprimo-infection pendant la grossesse. Parmi <strong>le</strong>s nouveau-nés vivants, dans la seu<strong>le</strong> étudefrançaise publiée, <strong>le</strong> risque de transmission materno-fœta<strong>le</strong> était de 47,4% [24,5-71,1] aprèsune primo-infection maternel<strong>le</strong>. D’après ces chiffres <strong>le</strong> nombre de nouveau-nés infectés aprèsune primo-infection maternel<strong>le</strong> par <strong>le</strong> CMV peut être estimé <strong>à</strong> 1 689 pour 750 000 naissancesen France, soit 225 pour 100 000 naissances vivantes (infections maternel<strong>le</strong>s secondairesexclues).Les données concernant l’infection maternel<strong>le</strong> <strong>à</strong> CMV primaire et secondaire ainsi que latransmission materno-fœta<strong>le</strong> sont présentées sur la figure 2 ci-après.— Préva<strong>le</strong>nce de l’infection <strong>à</strong> CMV chez <strong>le</strong>s nouveau-nésLa préva<strong>le</strong>nce de l’infection <strong>à</strong> CMV chez <strong>le</strong>s nouveau-nés n’est pas connue en France ; el<strong>le</strong>est estimée <strong>à</strong> 0,5% [0,2 - 0,8] dans <strong>le</strong>s pays industrialisés soit une estimation de 3 750 [1500 –6000] nouveau-nés infectés en France pour 750 000 naissances (500 enfants pour 100 000naissances).150


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…L’écart entre ces deux estimations reste mal expliqué (2061 nouveau-nés infectés par CMVsoit 275 pour 100 000 naissances vivantes) mais pourrait être attribué aux cas d’infectioncongénita<strong>le</strong> suite <strong>à</strong> une infection maternel<strong>le</strong> <strong>à</strong> CMV secondaire (réactivation ou réinfectionvira<strong>le</strong>).— Mortalité et morbidité postnata<strong>le</strong>La mortalité postnata<strong>le</strong> varie de 0 % [IC 95% : 0-8,2] <strong>à</strong> 4,7 % [IC 95% : 0,98-13,1].La fréquence et la gravité des séquel<strong>le</strong>s sont mal documentées, en particulier <strong>le</strong>s séquel<strong>le</strong>s <strong>à</strong>long terme. El<strong>le</strong>s sont plus graves en cas d’infection congénita<strong>le</strong> symptomatique (6,2 <strong>à</strong> 24,3 %des cas [IC 95 % : 1,7-27,2]) : 25 % [IC 95% : 3,2-65,1] <strong>à</strong> 43,7 % [IC 95% : 31,4-56,7] deséquel<strong>le</strong>s sévères chez <strong>le</strong>s nouveau-nés symptomatiques, et 8,6 % [IC 95 % : 0-17,8] chez <strong>le</strong>snouveau-nés asymptomatiques.L’amp<strong>le</strong>ur des complications <strong>à</strong> long terme suite <strong>à</strong> une transmission <strong>à</strong> l’enfant lors de primoinfectionou d’infection secondaire est mal connue, en particulier dans <strong>le</strong> cadre des infectionsasymptomatiques <strong>à</strong> la naissance.Les estimations pour 100 000 naissances, réalisées <strong>à</strong> partir d’une préva<strong>le</strong>nce néonata<strong>le</strong> de0,5% et en prenant <strong>le</strong>s bornes <strong>le</strong>s plus larges des interval<strong>le</strong>s de confiance des estimations deséquel<strong>le</strong>s sont présentées sur la figure 3.Les experts du groupe de travail ont jugé <strong>le</strong>s études publiées comme imprécises quant auxcritères de sévérité de chaque déficience. Le nombre d’enfants avec une déficienceneurosensoriel<strong>le</strong> sévère ayant pour origine une infection materno-foeta<strong>le</strong> <strong>à</strong> CMV serait del’ordre de 1 <strong>à</strong> 5 enfants pour 100 000 naissances en population généra<strong>le</strong> d’après <strong>le</strong>s experts.— Facteurs de risque d’infection <strong>à</strong> CMVLes facteurs de risque maternels identifiés dans <strong>le</strong>s études comme associés <strong>à</strong> une préva<strong>le</strong>nceplus é<strong>le</strong>vée de l’infection congénita<strong>le</strong> <strong>à</strong> CMV étaient un bas niveau socio-économique, <strong>le</strong>statut « célibataire », être « non blanche » et jeune lors de la première grossesse. Laséropréva<strong>le</strong>nce maternel<strong>le</strong> du CMV augmentait avec l’âge maternel et <strong>le</strong> nombred’accouchement (« parité »). Ces facteurs ne sont pas spécifiques et peuvent être liés aucaractère sexuel<strong>le</strong>ment transmissib<strong>le</strong> de l’infection.151


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…Le rô<strong>le</strong> d’une activité professionnel<strong>le</strong> au contact d’enfants de moins de deux ans commefacteur de risque d’infection maternel<strong>le</strong> <strong>à</strong> CMV a été étudié par plusieurs équipes, enparticulier aux Etats-Unis, qui ont montré que <strong>le</strong> personnel de crèche et de garderie d’enfantsavait un risque de séroconversion plus é<strong>le</strong>vé. Mais <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> de la profession comme facteur derisque d’infection congénita<strong>le</strong> <strong>à</strong> CMV n’a pas été mis en évidence. Cette relation mériteencore d’être explorée afin de pouvoir mettre en œuvre des mesures de prévention primaire <strong>le</strong>cas échéant. Ces observations tendraient plutôt <strong>à</strong> démontrer l’intérêt d’une informationpréconceptionnel<strong>le</strong> pour <strong>le</strong>s professions <strong>à</strong> risque.Ce travail a fait l’objet de la rédaction d’un artic<strong>le</strong>, soumis <strong>à</strong> BioMed Central Pregnancy andChildbirth.152


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…Femmes enceintes750 000Sérologie CMV+ avant grossesse48,5% - 56,5%363 750 - 423 750Sérologie CMV- avant grossesse43,5% - 51,5%326 250 - 386 250Réactivation du virusou réinfection?Pas de réactivation du virusni de réinfection?Primo-infection0,6% - 1,4%1 957 - 5 407Pas de primo-infection98,6% - 99,4%324 292 - 380 842Infection du foetus?Pas d'infection du foetus?Infection du foetus47,4% [24,5-71,1]928 - 2563 [480 - 3 845]Pas d'infection du foetus52,6% [28,9 - 75,5]1 029 - 2 844 [566 - 4 083]Avortement*ou mort-né?Nouveau-névivant?Avortement*ou mort-né0% ?Nouveau-névivant100% ?Avortement*ou mort-né?Nouveau-névivant?Avortement*ou mort-né0% ?Nouveau-névivant100% ?Figure 2. Données épidémiologiques concernant la transmission materno-foeta<strong>le</strong> de l'infection <strong>à</strong> CMV(en se basant sur <strong>le</strong>s estimations ponctuel<strong>le</strong>s)*Avortement : fausse-couche spontanée, fausse-couche iatrogène (post-amniocentèse) et interruption médica<strong>le</strong> de grossesse153


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…Nouveau-névivant100 000*Symptomatique1,7% - 27,2%1 700 - 27 200Asymptomatique72,8% - 98,3%72 800 - 98 300Mortalité0% - 13,1%0 - 3 563Séquel<strong>le</strong>s sévères3,2% - 65,1%54 - 17 707Pas de séquel<strong>le</strong> sévère21,8% - 96,8%371 - 26 330Mortalité0%?0?Séquel<strong>le</strong>s sévères0% - 17,8%0 <strong>à</strong> 17 497Pas de séquel<strong>le</strong> sévère82,2% - 100%59 841 - 98 300Figure 3 : Données épidémiologiques concernant la préva<strong>le</strong>nce des formes symptomatiques <strong>à</strong> la naissance et des séquel<strong>le</strong>s dans la petite enfance,suite <strong>à</strong> une infection congénita<strong>le</strong> <strong>à</strong> CMV(en prenant <strong>le</strong>s bornes <strong>le</strong>s plus larges des interval<strong>le</strong>s de confiance des estimations)* Estimations calculées <strong>à</strong> partir d'une préva<strong>le</strong>nce néonata<strong>le</strong> de 0,5% rapportées <strong>à</strong> 100 000 naissances en prenant <strong>le</strong>s bornes <strong>le</strong>s plus larges des interval<strong>le</strong>s de confiance desestimations.154


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…Artic<strong>le</strong>Moty-Monnereau C, Leroy V, Latapy C, Salamon R. Epidemiology ofcongenital infection with Cytomégalovirus in industrialized countries. Asystematic review of the burden of the disease. BMC Pregnancy and ChildbirthSoumisSe reporter <strong>à</strong> l’annexe 5155


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…II.3.4 Conclusions de l’évaluation de l’intérêt du dépistage du CMV chez la femme enceinteen FranceLes conclusions de l’évaluation de l’intérêt du dépistage de l’infection <strong>à</strong> CMV chez la femmeenceinte et la recommandation qui en décou<strong>le</strong> sont <strong>le</strong>s suivantes, tel<strong>le</strong>s que notées dans <strong>le</strong>rapport de l’ANAES <strong>à</strong> l’issue de notre travail [138, 188] :« Dans l’objectif de diminuer la préva<strong>le</strong>nce des infections graves et des séquel<strong>le</strong>s chezl’enfant, <strong>le</strong> dépistage de l’infection <strong>à</strong> CMV pourrait être envisagé dans <strong>le</strong> cadre de deux typesd’interventions complémentaires, mais qui, en l’état actuel des connaissances et destechniques, ne peuvent être retenues :- l’identification des femmes séronégatives pour proposer des mesures de préventionprimaire : en l’absence de vaccin disponib<strong>le</strong>, seu<strong>le</strong>s <strong>le</strong>s mesures d’hygiène peuventêtre proposées, mais el<strong>le</strong>s n’ont pas été évaluées en termes de faisabilité etd’efficacité ;- <strong>le</strong> diagnostic prénatal de l’infection fœta<strong>le</strong> afin d’en évaluer la gravité et <strong>le</strong>pronostic : en l’absence de traitement prénatal validé, <strong>le</strong>s seu<strong>le</strong>s interventionsseraient la proposition d’une IMG dans <strong>le</strong>s formes graves ou <strong>le</strong> suivi néonatal afinde dépister et prendre en charge <strong>le</strong>s séquel<strong>le</strong>s, en particulier chez <strong>le</strong>s enfantsasymptomatiques.Dans ce con<strong>texte</strong>, <strong>le</strong> dépistage sérologique systématique de l’infection <strong>à</strong> CMV pendant lagrossesse n’est pas justifié en 2004, <strong>le</strong>s critères établis par l’OMS n’étant pas tous remplis : (i)absence de traitement, (ii) données épidémiologiques incomplètes (infection secondaire,séquel<strong>le</strong>s sensoriel<strong>le</strong>s tardives), (iii) performance des tests sérologiques variab<strong>le</strong>, (iv)difficulté d’établir <strong>le</strong> pronostic (v) prise en charge non consensuel<strong>le</strong>, (vi) conséquencesnégatives du dépistage (anxiété, fausses couches iatrogènes liées <strong>à</strong> l’amniocentèse, IMG)prédominant sur <strong>le</strong>s risques de déficit ou de séquel<strong>le</strong> grave.Pour ces mêmes raisons, un dépistage en préconceptionnel ou ciblé sur la population <strong>à</strong> risquene semb<strong>le</strong> pas pertinent (dimension large de la population, incertitudes sur <strong>le</strong>s infectionssecondaires).156


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…Dans tous <strong>le</strong>s cas, l’information concernant des mesures d’hygiène universel<strong>le</strong>s doit êtredonnée aux femmes enceintes [189]. Si un dépistage sérologique a été entrepris, un diagnosticde séroconversion doit conduire <strong>à</strong> une prise en charge spécialisée par un centrepluridisciplinaire de diagnostic prénatal.Ces conclusions devront être revues dès que seront disponib<strong>le</strong>s une thérapeutique antivira<strong>le</strong>efficace ou des marqueurs pronostiques de l’atteinte fœta<strong>le</strong> valides et fiab<strong>le</strong>s. »Les perspectives de ce travail sont <strong>le</strong>s suivantes [138, 188]« en complément d’une étude épidémiologique initiée par l’InVS en 2004, plusieurstravaux devraient être débutés :- élaboration de recommandations de bonnes pratiques sur la conduite <strong>à</strong> tenir en casde diagnostic de séroconversion (modalités de prise en charge) et en cas dediagnostic d’infection fœta<strong>le</strong> (évaluation du pronostic) ;- évaluation des mesures d’hygiène proposées par <strong>le</strong> CSHP ;- estimation de la fréquence des déficits et des séquel<strong>le</strong>s <strong>à</strong> long terme ;- essais cliniques avec <strong>le</strong>s nouvel<strong>le</strong>s thérapeutiques antivira<strong>le</strong>s ;- étude des infections secondaires. ».157


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…II.3.5 La mise en œuvre de la recommandation et <strong>le</strong> suivi de l’application de larecommandationLe rapport évaluant l’intérêt du dépistage de l’infection <strong>à</strong> CMV chez la femme enceinte a étédiffusé par l’ANAES selon <strong>le</strong>s modalités habituel<strong>le</strong>s. Ainsi <strong>le</strong> rapport a été mis <strong>à</strong> dispositiondes professionnels et du public sur <strong>le</strong> site Internet de l’ANAES. Il a été envoyé <strong>à</strong> l’ensemb<strong>le</strong>des professionnels directement concernés par cette recommandation et sa publication a faitl’objet d’un communiqué de presse <strong>le</strong> 25 novembre 2004 (accessib<strong>le</strong> sur <strong>le</strong> site). L’évaluationde la variabilité des pratiques de dépistage et la recommandation ANAES ont fait éga<strong>le</strong>mentl’objet d’artic<strong>le</strong>s dans la presse médica<strong>le</strong> : <strong>le</strong> Concours Médical, <strong>le</strong> Quotidien du Médecin,l’Impact Médecine Hebdo, la revue française des laboratoires (voir dossier de presse enannexe 7)…De plus <strong>le</strong>s résultats de cette évaluation ont fait l’objet de communications scientifiques. Ainsij’ai présenté une partie des résultats au Congrès International d'Epidémiologie [190] dont <strong>le</strong>résumé a ensuite été publié dans la revue d’épidémiologie et de santé publique [191]. Nousavons éga<strong>le</strong>ment deux artic<strong>le</strong>s originaux, l’un in press, l’autre soumis [172, 187] tels queprésentés dans cette thèse. Enfin un artic<strong>le</strong>, joint en annexe 6 [188], rapportant la synthèse denotre évaluation a été publié dans <strong>le</strong> journal de Gynécologie Obstétrique et biologie de lareproduction : « Moty C, Leroy V, Salamon R, Latapy C, Xerri B, Barre S, Midy F, Rumeau-Pichon C: Recommandations de l'Anaes : Évaluation de l'intérêt du dépistage de l'infection <strong>à</strong>cytomégalovirus chez la femme enceinte en France ». La communication des résultats dansdes revues scientifiques n’est pas réalisée habituel<strong>le</strong>ment par l’ANAES, cel<strong>le</strong>-ci se limitantaux revues médica<strong>le</strong>s. Il est vrai que la communication scientifique nécessite uninvestissement humain particulier. Le partenariat institué entre l’ANAES et l’<strong>ISPED</strong> a rendupossib<strong>le</strong> cette communication et souligne l’intérêt pour la HAS actuel<strong>le</strong> de travail<strong>le</strong>r encollaboration avec des chercheurs et des universitaires. En effet, la publication dans desrevues scientifiques est une étape essentiel<strong>le</strong> pour améliorer la visibilité et la crédibilité destravaux de la HAS : el<strong>le</strong> témoigne de la validation de la qualité du travail par la communautéscientifique.La mise en œuvre de la recommandation de ne pas dépister l’infection <strong>à</strong> CMV aurait pu fairel’objet d’incitations financières tel<strong>le</strong>s que <strong>le</strong> non remboursement de la sérologie <strong>à</strong> la recherchedu CMV chez la femme enceinte ou la mise en place d’une demande d’autorisation préalab<strong>le</strong>.158


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…Le suivi de l’application de la recommandation de non dépistage peut être réalisé <strong>à</strong> partir desdonnées de l’Assurance Maladie comme <strong>le</strong> montre notre étude réalisée <strong>à</strong> partir des données dela CANAM. Ce suivi est faci<strong>le</strong> <strong>à</strong> réaliser car basé sur des données disponib<strong>le</strong>s dans <strong>le</strong> systèmed’information. Il devrait permettre de mettre en œuvre de nouvel<strong>le</strong>s actions de mise en œuvrede la recommandation en cas de non respect de cel<strong>le</strong>-ci. On peut par exemp<strong>le</strong> imaginer qu’uneinformation soit réalisée <strong>à</strong> destination des patients de Paris et de sa région proche quisemb<strong>le</strong>nt être <strong>le</strong>s plus dépistées d’après notre étude. De façon généra<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s recommandationsde l’ANAES gagneraient <strong>à</strong> être formulées de façon <strong>à</strong> pouvoir toucher directement <strong>le</strong>s patientsconcernés.Les sanctions/incitations financières peuvent éga<strong>le</strong>ment être discutées <strong>à</strong> ce stade. Enparticulier, on aurait pu soumettre la réalisation de cet examen (sérologie du CMV) <strong>à</strong> uneentente préalab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong> cas de la femme enceinte. Ceci aurait permis de limiter la pratiqueactuel<strong>le</strong> de certains médecins de réaliser un dépistage systématique chez la femme enceinte,sans empêcher cette pratique lorsqu’el<strong>le</strong> est justifiée dans <strong>le</strong> cadre du suivi de certainesmaladies (sida par exemp<strong>le</strong>).159


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…Artic<strong>le</strong>Moty C, Leroy V, Salamon R, Latapy C, Xerri B, Barre S, Midy F, Rumeau-Pichon C: Recommandations de l'Anaes : Évaluation de l'intérêt du dépistage del'infection <strong>à</strong> cytomégalovirus chez la femme enceinte en France. J GynecolObstet Biol Reprod 2005, 34:170-4Se reporter <strong>à</strong> l’annexe 6160


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…Conclusion de la partie 2Notre travail portant sur la variabilité des pratiques de dépistage de l’infection par <strong>le</strong> CMVchez la femme enceinte a permis de mettre en évidence une fréquence importante de lapratique de dépistage en l’absence de recommandation favorab<strong>le</strong>. Cette fréquence présentedes disparités en fonction de la zone géographique et de la catégorie socioprofessionnel<strong>le</strong> dela femme enceinte. Les conséquences de cette variabilité touchent <strong>à</strong> la fois <strong>à</strong> l’équité et <strong>à</strong>l’efficience du système de santé mais surtout <strong>à</strong> la sécurité de la femme et de sa grossesse. Eneffet, la particularité de la variabilité des pratiques en obstétrique est d’avoir desconséquences sur <strong>le</strong> suivi de la grossesse mais éga<strong>le</strong>ment sur son issue (décision d’avortementfondée sur un faisceau d’arguments). Les conséquences d’un dépistage dans ce domaine sontmultip<strong>le</strong>s car affectant <strong>à</strong> la fois <strong>le</strong> coup<strong>le</strong> et l’enfant <strong>à</strong> naître.Afin de mettre fin <strong>à</strong> la controverse concernant ce dépistage et <strong>à</strong> la variabilité de sa pratiquechez la femme enceinte, l’action mise en œuvre fut d’évaluer l’intérêt du dépistage del’infection par <strong>le</strong> CMV chez la femme enceinte. Cette évaluation a abouti <strong>à</strong> larecommandation de ne pas dépister systématiquement <strong>le</strong>s femmes enceintes.Cette recommandation a été diffusée par l’ANAES selon <strong>le</strong>s modalités habituel<strong>le</strong>s (mise enligne sur <strong>le</strong> site Internet, envoi aux professionnels concernés, communiqué de presse). Aucunemesure de contrô<strong>le</strong> n’a été mise en place. Cependant, <strong>le</strong> suivi de l’application de larecommandation est possib<strong>le</strong>, comme l’a montré notre étude, grâce <strong>à</strong> l’indicateur représentépar <strong>le</strong> pourcentage de femmes enceintes dépistées pour <strong>le</strong> CMV. A cette fin, <strong>le</strong>s mesures quenous avons réalisées pourront servir de « mesure avant » dans <strong>le</strong> cadre d’une évaluation del’impact de la recommandation.161


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…162


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…CONCLUSIONLa rationalisation des pratiques professionnel<strong>le</strong>s tend <strong>à</strong> se généraliser car el<strong>le</strong> répond <strong>à</strong> undoub<strong>le</strong> enjeu : améliorer la qualité et maîtriser <strong>le</strong>s coûts. Dans <strong>le</strong> domaine de la santé,l’évaluation des prestations et des services, l’orientation et <strong>le</strong> suivi des patients, la formationcontinue des intervenants constituent autant de moyens pour accroître la pertinence des soinset diminuer la variabilité des pratiques.Un accent particulier doit être mis sur la transmission et l’exploitation de l’information quisont tenues pour des outils indispensab<strong>le</strong>s <strong>à</strong> l’évaluation des pratiques, en particulier dans laprise en charge des groupes <strong>à</strong> risque comme <strong>le</strong>s personnes âgées ou <strong>le</strong>s femmes enceintes.Pour la médecine de diagnostic et de prévention, l’optimisation des ressources en dépendsachant que la demande de soins s’amplifie.C’est avec des préoccupations comme cel<strong>le</strong>s-ci que ce travail de réf<strong>le</strong>xion a été mené. Ils’agissait d’abord de dresser l’état des lieux de l’évaluation des pratiques médica<strong>le</strong>s enFrance. Ensuite d’illustrer cet exposé théorique par un cas pratique : l’infection de la femmeenceinte par <strong>le</strong> CMV.** *L’état des lieux de l’évaluation des pratiques médica<strong>le</strong>s a permis de constater que diversesstructures procèdent <strong>à</strong> des études d’évaluation mais que ces études débouchent rarement surdes actions propres <strong>à</strong> faire converger <strong>le</strong>s pratiques vers l’optimisation souhaitée. Certes, desrecommandations pour de meil<strong>le</strong>ures pratiques médica<strong>le</strong>s sont élaborées mais el<strong>le</strong>s n’ontguère d’impact sur <strong>le</strong>ur variabilité, et aucune mesure de suivi, d’incitation voire de sanctionn’est mise en place. En 2005, la variabilité des pratiques reste un problème non résolu. S'i<strong>le</strong>xiste, comme nous l'avons vu en première partie, des facteurs limitant l’appropriation desrecommandations et des a priori bloquant toute réforme, on peut éga<strong>le</strong>ment s'interroger sur <strong>le</strong>manque de vision d'ensemb<strong>le</strong> de la démarche engagée actuel<strong>le</strong>ment. A cet égard, certainsaspects structurants paraissent absents qu’ils soient d'ordre organisationnel, méthodologique,économique ou éthique.163


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…La multiplicité des structures intervenant dans l’évaluation, pour autant qu’el<strong>le</strong> <strong>le</strong>ur permettede maîtriser <strong>le</strong>s conséquences de l’évaluation et de participer <strong>à</strong> la décision, n’est pas propice <strong>à</strong>la visibilité et <strong>à</strong> la pertinence de l’évaluation en France. En effet, il apparaît nécessaire qu’unepolitique d’évaluation cohérente soit définie qui permette de passer de la mesure <strong>à</strong> la maîtrisede la variabilité des pratiques.En particulier, il semb<strong>le</strong> indiqué d’identifier une structure indépendante servant de référenceen matière d’évaluation des pratiques et ayant une autorité reconnue par <strong>le</strong>s professionnels desanté, <strong>le</strong>s décideurs et <strong>le</strong>s financeurs. Cette structure pourrait être la Haute Autorité de santé.Cel<strong>le</strong>-ci travail<strong>le</strong> actuel<strong>le</strong>ment <strong>à</strong> l’amélioration de sa crédibilité et de sa visibilité auprès desprofessionnels de santé en France et des agences au plan international et particulièrementeuropéen. Ceci devra passer notamment par une présence accrue dans <strong>le</strong>s revues scientifiqueset <strong>le</strong>s rencontres internationa<strong>le</strong>s afin d’asseoir sa notoriété et sa reconnaissance par lacommunauté scientifique. Les échanges fructueux au cours de ces rencontres (avec <strong>le</strong> NICEen particulier) et la participation active <strong>à</strong> des réseaux (European Network for HealthTechnology Assessment EUNetHTA, The European Information Network on New andChanging Health Technologies EUROscan,…) sont autant de moyens d’enrichissement dessavoirs et des savoir-faire et… du faire savoir ! Tout ceci pourrait contribuer <strong>à</strong> positionner laHAS comme autorité de référence en évaluation des pratiques en France.Sur <strong>le</strong> plan méthodologique, bien des questions ne sont pas encore résolues ou ne <strong>le</strong> sont quede façon partiel<strong>le</strong>. Fait défaut, notamment, la définition d’un seuil au-del<strong>à</strong> duquel la variabilitéobservée n’est pas justifiée alors qu’el<strong>le</strong> est préjudiciab<strong>le</strong> au bon fonctionnement du systèmede santé ou <strong>à</strong> la qualité des soins donnés au patient. Cette définition est indispensab<strong>le</strong> pourassurer qu’une maîtrise de la variabilité des pratiques soit juste. Néanmoins, <strong>le</strong>s recherchessont en cours sur <strong>le</strong>s déterminants de la variabilité des pratiques et <strong>le</strong>s freins <strong>à</strong> l’applicationdes recommandations (IRDES, CCECQA) ainsi que sur la définition d’indicateurshospitaliers permettant des comparaisons nationa<strong>le</strong>s (COMPAQH).De plus, si la multiplicité des structures intervenant dans l’évaluation est inévitab<strong>le</strong> et uti<strong>le</strong>,car el<strong>le</strong> reflète la multiplicité des situations et des perspectives (établissement de santé,professionnels libéraux, financeurs…), il est indispensab<strong>le</strong> qu’une méthodologie communesoit définie et notamment que <strong>le</strong>s critères de jugement, la norme et l’écart acceptab<strong>le</strong> soientclairement définis.164


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…Par ail<strong>le</strong>urs, l’élaboration, <strong>à</strong> partir de recommandations, de référentiels pour l’auto-évaluationdes médecins reste une tâche prioritaire en regard de la modification du système de va<strong>le</strong>ursauquel est adossée la pratique médica<strong>le</strong>. La notion de rentabilité qu’impose <strong>le</strong> sens d’unegestion plus stricte provoque des inquiétudes <strong>à</strong> tous <strong>le</strong>s niveaux de personnel en relation avec<strong>le</strong>s contraintes de la réduction du temps de travail et <strong>le</strong> poids croissant des tâchesadministratives. Il importe de faire en sorte que la diffusion des recommandations soit assuréedans <strong>le</strong>s meil<strong>le</strong>ures conditions. Cel<strong>le</strong>s-ci requièrent des études permettant d’optimiser ladécision organisationnel<strong>le</strong> et de développer une véritab<strong>le</strong> culture de gestion.La dimension économique est peut-être la dimension la plus négligée de cette démarche.D'abord, la mesure de la variabilité des pratiques risque d’être coûteuse et inuti<strong>le</strong> si el<strong>le</strong> n’estpas suivie d’actions permettant de maîtriser cette variabilité. Il est donc nécessaire qu’unprocessus de suivi de l’application des recommandations (ou des autres actions deconvergence) soit prévu dès la phase d’élaboration de la recommandation (ou des autresactions). Ce suivi doit éga<strong>le</strong>ment prévoir des mesures d’incitation et de sanction permettant decontrô<strong>le</strong>r de façon opérationnel<strong>le</strong> la mise en œuvre des actions visant <strong>à</strong> faire converger <strong>le</strong>spratiques. Les raisons de l’absence de ce contrô<strong>le</strong> jusqu’<strong>à</strong> présent peuvent être <strong>le</strong> manqued’outils, l’absence de volonté politique et <strong>le</strong> fait que cette discipline soit encore dans unephase d’installation. Cependant on peut espérer que <strong>le</strong>s choses évoluent favorab<strong>le</strong>ment suite <strong>à</strong>la création de la HAS et <strong>à</strong> la mise en place de ses nouvel<strong>le</strong>s missions. Il est en effet grandtemps de passer de la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques.Ensuite, comme <strong>le</strong> fait remarquer Molinié [192], « il est utopique de penser que <strong>le</strong>s dépensespourront diminuer » alors que « aucune information de coût n’existe en France sur desévénements indésirab<strong>le</strong>s dans <strong>le</strong>ur globalité, <strong>le</strong>s défauts du circuit du médicament, <strong>le</strong>sprescriptions inappropriées, <strong>le</strong>s interventions injustifiées, <strong>le</strong>s admissions ou journéesd’hospitalisation injustifiées, la non-adéquation des patients aux lits d’hospitalisation » [192].Cela a été souligné en conclusion de la première partie : il manque une modélisationéconomique et une estimation du coût de la variabilité des pratiques pour qu'une politiquevolontaire de maîtrise de cette variabilité participe réel<strong>le</strong>ment <strong>à</strong> l'atteinte de l'objectifd'efficience assigné au système de soins français.Enfin, comme toute gestion de risque, la maîtrise de la variabilité a el<strong>le</strong>-même un coût(économique, humain…) et appel<strong>le</strong> des choix économiques du type "coût <strong>à</strong> faire / coût <strong>à</strong> nepas faire" et <strong>le</strong>s objectifs d'efficacité et de sécurité ne peuvent être considérés comme des165


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…absolus. Mais, parce que <strong>le</strong>s risques portent sur l'humain, ces choix ne peuvent être effectuéssans prendre en compte la dimension éthique de la santé publique. Cet aspect fut mis enévidence notamment au travers de l'illustration choisie en deuxième partie de ce rapport dethèse.** *Il importait ensuite de se rendre compte, <strong>à</strong> partir de l’exemp<strong>le</strong> de l’infection de la femmeenceinte par <strong>le</strong> CMV, quel<strong>le</strong>s sont <strong>le</strong>s conséquences de la variabilité des pratiques concernant<strong>le</strong> dépistage. On a vu que l’évaluation de l’intérêt de ce dépistage selon <strong>le</strong>s critères OMS avaitconduit <strong>à</strong> la recommandation de ne pas dépister <strong>le</strong>s femmes enceintes pour cette infection. Lesconséquences de la variabilité des pratiques de dépistage du CMV sont nombreuses chez lafemme enceinte dépistée avec la création d’une anxiété, la multiplication d'examenscomplémentaires, l’exposition aux risques de l’amniocentèse (principa<strong>le</strong>ment l’avortementprovoqué par l’amniocentèse) et <strong>le</strong> risque d’interruption volontaire de grossesse pour unrisque supposé (lié <strong>à</strong> la difficulté d’interprétation de la sérologie et <strong>à</strong> l’absence de signes defœtopathie décelab<strong>le</strong>s <strong>à</strong> l’échographie empêchant l’évaluation du pronostic de l’enfant <strong>à</strong>naître). A ces conséquences humaines et médica<strong>le</strong>s, s’ajoutent <strong>le</strong>s conséquences en terme decoût, qu'il s'agisse de coûts direct, indirect ou intangib<strong>le</strong>.De façon plus généra<strong>le</strong>, la problématique du dépistage prénatal en l’absence de thérapeutiquepermettant de diminuer ou d’éviter la survenue de séquel<strong>le</strong>s chez l’enfant <strong>à</strong> naître soulève desquestions éthiques. En effet, dans ce cas, la proposition faite aux parents est de demander uneinterruption de grossesse. Cette option peut se prévaloir d’une diminution des dépenses desanté, liées <strong>à</strong> la prise en charge d’enfants présentant un risque de séquel<strong>le</strong>s ou demalformations lourdes. Cependant el<strong>le</strong> pose la question de la capacité de la société <strong>à</strong> accueillirun enfant handicapé [11]. Le coût de la prise en charge de certaines maladies congénita<strong>le</strong>s estimportant, mais ne correspond-il pas <strong>à</strong> celui qu'une société doit payer pour rester p<strong>le</strong>inementhumaine ? Quant <strong>à</strong> la liberté de la femme et du coup<strong>le</strong> pour poursuivre ou arrêter la grossesse,on peut se demander si el<strong>le</strong> peut p<strong>le</strong>inement s’exercer en l’absence d’information et de miseen œuvre de mesures favorisant l’accueil et l’insertion de l’enfant handicapé.166


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…Les actions mises en œuvre pour faire converger <strong>le</strong>s pratiques de dépistage du CMV chez lafemme enceinte en France ont consisté <strong>à</strong> évaluer l’intérêt du dépistage, <strong>à</strong> rédiger et <strong>à</strong> mettre enligne sur <strong>le</strong> site de l’ANAES <strong>le</strong> résultat de cette évaluation et <strong>à</strong> diffuser ce résultat <strong>à</strong>l’ensemb<strong>le</strong> des médecins concernés. Cette étape s’est enrichie de la présentation de cestravaux <strong>à</strong> des congrès et de la publication d’artic<strong>le</strong>s dans des journaux scientifiques.Toutefois, ces actions restent insuffisantes. En effet, il faut <strong>à</strong> présent évaluer l’impact de cetterecommandation afin de définir d’autres moyens d’action sur <strong>le</strong>s pratiques de dépistage sinécessaire. Ceci peut se faire grâce <strong>à</strong> l’existence de la base de données de la CANAM utiliséedans <strong>le</strong> cadre de cette thèse, rendant ainsi possib<strong>le</strong> une mesure avant-après diffusion de larecommandation. Cette mesure d’impact devrait être généralisée <strong>à</strong> l’ensemb<strong>le</strong> desrecommandations émises par la HAS.** *L’évaluation des pratiques médica<strong>le</strong>s et l’opportunité de la réalisation d’un dépistage posenttoutes deux la question de la liberté du médecin et du patient. Cette question se pose <strong>à</strong>différents niveaux.Il y a d’abord une tension entre la légitime liberté intel<strong>le</strong>ctuel<strong>le</strong> du médecin et la non moinslégitime revendication du patient <strong>à</strong> bénéficier de la meil<strong>le</strong>ure pratique médica<strong>le</strong>. On sait bienl'appauvrissement qu'il y a <strong>à</strong> vouloir tout normaliser, contingenter, diriger… Aron [193]pointait ainsi l'effet stérilisateur sur l'esprit humain de la généralisation de la méthode. Parprincipe, une norme a tendance <strong>à</strong> laisser peu de place <strong>à</strong> la création. De plus, n'est-ce pas uncontresens sur la vocation du médecin, humaniste avant tout, que de ramener cette professionau rang de simp<strong>le</strong> exécutant ? Certains médecins peuvent craindre de perdre cette liberté avec<strong>le</strong> développement de l’évaluation de <strong>le</strong>urs pratiques et la diffusion de recommandations et denormes. A fortiori si des sanctions sont envisagées. Or, il ne saurait y avoir de liberté vraie dumédecin qu’au service du bien de son patient. Ainsi, plutôt que de voir en la maîtrise de lavariabilité des pratiques, par défiance, un instrument de contrô<strong>le</strong> des médecins, il serait plusconforme <strong>à</strong> ses réels objectifs d’y voir une aide de qualité délivrée <strong>à</strong> ces médecins.L’évaluation des pratiques, l’élaboration de recommandations, l’evidence based medicine sont167


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…autant d’outils visant <strong>à</strong> éclairer l’intelligence du médecin de façon <strong>à</strong> lui permettre l’exerciceplénier de sa liberté au service du bien de son patient.Pour <strong>le</strong> patient, l’exercice de sa liberté implique qu’il soit informé sur sa santé et la prise encharge qui lui est proposée, comme <strong>le</strong> garantit la loi du 4 mars 2002 sur <strong>le</strong> droit des patients,mais éga<strong>le</strong>ment sur <strong>le</strong>s contraintes <strong>à</strong> respecter de façon <strong>à</strong> assurer la pérennité du système desanté. La pérennité du système de santé français, qui est considéré comme un bien pour lasociété, suppose que des limites soient posées dans l’offre et la demande de soins tout engarantissant l’accès aux soins nécessaires et la promotion des bonnes pratiquesprofessionnel<strong>le</strong>s. Cela suppose notamment de définir un panier de soins remboursab<strong>le</strong>s et desconditions d’exercice garantissant la qualité des soins (engagement des professionnels dansl’EPP par exemp<strong>le</strong>). Ceci ne s’oppose pas <strong>à</strong> la liberté du patient qui peut avoir accès <strong>à</strong>d’autres soins en <strong>le</strong>ur dédiant une partie de son budget propre, comme il <strong>le</strong> ferait pourl’acquisition de toute autre chose qu’il considérerait, <strong>à</strong> tort ou <strong>à</strong> raison, comme un bien.Le droit <strong>à</strong> l’exercice de la liberté est un droit que <strong>le</strong>s médecins utilisent norma<strong>le</strong>ment de façonresponsab<strong>le</strong>. Mais <strong>le</strong>s conflits entre l’éthique et la recherche biomédica<strong>le</strong> au XX ème sièc<strong>le</strong>(procès de Nuremberg, expérimentations nord-américaines et nord-européennes) montrentavec insistance qu’il n’en est pas toujours ainsi. Les recommandations médica<strong>le</strong>s peuvent,pour certaines, revêtir une dimension éthique qui dépasse <strong>le</strong>ur dimension strictementscientifique. Il importe que, pour chaque médecin, un patient demeure une personne, quel quesoit son état, et non un objet de science ou un faire-valoir personnel. En ce domaine, certainspatients eux-mêmes peuvent être responsab<strong>le</strong>s d’une déshumanisation de la médecine. Eneffet, des rhétoriques superficiel<strong>le</strong>s, <strong>le</strong> culte du beau, <strong>le</strong> refus de toute souffrance, en mêmetemps que <strong>le</strong> pouvoir procuré par la science <strong>à</strong> l’homme sur lui-même, poussent certainspatients <strong>à</strong> formu<strong>le</strong>r des exigences indues. Ce peut être <strong>le</strong> mirage du zéro défaut, du zérorisque, qui, privé de toute réalité, peut conduire <strong>à</strong> des décisions aliénantes. Le principed’autonomie, conçu en réponse <strong>à</strong> certaines atrocités du XX ème sièc<strong>le</strong> et que reprend la loi du 4mars 2002 sur <strong>le</strong> droit des patients, ne saurait être entendu en un sens déséquilibré et troprestrictif en faveur du patient. Au contraire, l’autonomie du patient est subordonnée au respectde la vie et doit respecter l’autonomie du médecin ; <strong>le</strong> principe de bienfaisance s’impose <strong>à</strong> lafois au médecin et au patient.168


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…Le droit <strong>à</strong> l’exercice de la liberté est une exigence inséparab<strong>le</strong> de la dignité de l’homme. Cetteliberté rend l’être humain responsab<strong>le</strong> des actes dont il est volontairement l’auteur. Selon uneconception assez répandue dans la société, mais erronée, la liberté consisterait au droit de toutfaire et de disposer de toutes <strong>le</strong>s techniques existantes, quel<strong>le</strong>s que soient <strong>le</strong>s questions sousjacentes,d’ordre économique mais éga<strong>le</strong>ment cel<strong>le</strong>s ayant trait <strong>à</strong> l’éthique, <strong>à</strong> la justice et aubien. Les décisions ainsi prises se fondent sur une réf<strong>le</strong>xion individuel<strong>le</strong> et non de santépublique.Nous disions en introduction que l’exercice médical demeure, pour une part, du domaine del’art. Certes, mais ajoutons que si <strong>le</strong> médecin exerce un art, il a tout de même des canons <strong>à</strong>respecter. Loin de limiter sa liberté, ces canons doivent <strong>le</strong> guider et <strong>le</strong> soutenir dansl’accomplissement de son art au service de ses patients. Comme dans beaucoup de domaines,c'est la mesure, c'est-<strong>à</strong>-dire l'équilibre, qui doit prévaloir entre l’autonomie, du patient commedu médecin, et la nécessaire maîtrise de la variabilité des pratiques. A cette fin, des réf<strong>le</strong>xionsorganisationnel<strong>le</strong>s, méthodologiques, économiques mais aussi éthiques restent <strong>à</strong> mener.169


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…170


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…LISTE DES PUBLICATIONS ET COMMUNICATIONS A DES CONGRES, ISSUESDIRECTEMENT DU TRAVAIL DE THESE- Moty-Monnereau C, Seeman NL, Brown AD. Setting patient satisfaction thresholdsfor Emergency Department care : Patients differ from providers and administrators. JHlth Serv Res Pol. Soumis en mars 2005.- Brown AD, Alikhan M, Anderson GM, Baker GR, Croxford R, Daniel I, Lindsay P,Markel F, McKillop I, Moty C, Pink G.H, Schull M.J, Tregunno D. Hospital Report2003: Emergency Department Care. Joint initiative of the Ontario HospitalAssociation and the Government of Ontario. Toronto: Hospital Report ResearchCollaborative, University of Toronto; 2004.- Moty C, Barberger-Gateau P, de Sarasqueta A, Teare GF, Henrard JC. Riskadjustment of quality indicators in French long term care facilities for elderly peop<strong>le</strong>.A preliminary study. [Ajustement d'indicateurs de qualité des soins pour <strong>le</strong>sÉtablissements Hébergeant des Personnes Âgées Dépendantes en France. Une étudepréliminaire]. Rev Epidemiol Sante Publique 2003;51(3):327-338.- Moty C, de Sarasqueta AM, Barberger-Gateau P, Henrard JC. Prise en compte descaractéristiques des résidents pour l'élaboration d'indicateurs de qualité des soins: unoutil pour la tarification des établissements hébergeant des personnes âgéesdépendantes? XIIème Congrès de l'Association Latine pour l'Analyse des Systèmes deSanté (CALASS) 2001:ref : 112-F.- Moty C, Barberger-Gateau P, de Sarasqueta AM, Henrard JC. Elaborationd'indicateurs de qualité des soins pour <strong>le</strong>s Etablissements Hébergeant des PersonnesAgées Dépendantes : un outil pour une meil<strong>le</strong>ure tarification. XXIVème Journées desEconomistes Français 2001.- Moty C, Barberger-Gateau P, Salmi LR. Lecture critique d'une évaluation despratiques professionnel<strong>le</strong>s. Rev Med Ass Maladie 2001;32(2):185-191.171


De la mesure <strong>à</strong> la maîtrise de la variabilité des pratiques médica<strong>le</strong>s en France…- Moty C, Leroy V, Salamon R, Latapy C, Xerri B, Barre S, Midy, F. Rumeau-Pichon,C. Evaluation de l'intérêt du dépistage de l'infection <strong>à</strong> cytomégalovirus chez la femmeenceinte en France. Paris: ANAES; 2004.- Moty C, Leroy V, Salamon R, Latapy C, Xerri B, Barre S, Midy, F. Rumeau-Pichon,C. Evaluation de l'intérêt du dépistage de l'infection <strong>à</strong> cytomégalovirus chez la femmeenceinte en France. Synthèses et perspectives. Paris: ANAES; 2004.- Moty C, Leroy V, Latapy C, Rumeau-Pichon C, Deligne J, Salamon R. Evolution despratiques de dépistage du cytomégalovirus chez la femme enceinte en France. 2001 -2002. Rev Epidemiol Sante Publique 2004:1S41.- Moty C, Leroy V, Latapy C, Rumeau-Pichon C, Deligne J, Salamon R. Evolution despratiques de dépistage du cytomégalovirus chez la femme enceinte en France. 2001 -2002. Congrès International d'Epidémiologie 2004:Ref: C4.6.- Moty C, Leroy V, Salamon R, Latapy C, Xerri B, Barre S, Midy F, Rumeau-PichonC: Recommandations de l'Anaes : Évaluation de l'intérêt du dépistage de l'infection <strong>à</strong>cytomégalovirus chez la femme enceinte en France. J Gynecol Obstet Biol Reprod2005, 34:170-4.- Moty-Monnereau C, Leroy V, Deligne J, Latapy C, Rumeau-Pichon C, Blum-Boisgard C, Flori Y A, Salamon R. Le dépistage du cytomégalovirus chez la femmeenceinte en France de 2000 <strong>à</strong> 2003 : une augmentation des prescriptions en l'absencede recommandation favorab<strong>le</strong>. Rev Epidemiol Sante Publique In press 2005.- Moty-Monnereau C, Leroy V, Latapy C, Salamon R. Epidemiology of congenitalinfection with Cytomégalovirus in industrialized countries. A systematic review of theburden of the disease. BMC pregnancy and childbirth. Soumis en juin 2005.172


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