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La Marquise de Pompadour - Lecteurs.com

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– Madame Poisson, dit alors M. <strong>de</strong> Tournehem, voulez-vous avoirl’obligeance d’aller m’attendre à l’Ermitage où vous retrouverez moncarrosse ?…– Mais…– Emmenez aussi M me du Hausset et les enfants, interrompit Tournehemd’un ton bref.M me Poisson exécuta la révérence, jeta un <strong>de</strong>rnier regard sournois surJeanne, et partit, emmenant les fillettes qui, toutes, embrassèrent leurgran<strong>de</strong> amie, – la souveraine <strong>de</strong> leurs jeux quand elle venait à l’Ermitage.De Tournehem s’assura que la matrone était réellement partie, puis,prenant Jeanne par la main, la fit asseoir sur un vieux tronc <strong>de</strong> hêtre, jetébas par quelque tempête… et s’assit lui-même près d’elle.Il la contempla une minute avec une profon<strong>de</strong> tendresse, tandis qu’ellelui souriait.– Mon enfant, dit-il enfin, as-tu conservé pour moi quelque affectionmalgré mes longues absences ?Elle appuya sa tête sur l’épaule <strong>de</strong> celui qu’elle appelait son oncle, et,les yeux à <strong>de</strong>mi fermés, le regard perdu au loin vers <strong>de</strong>s souvenirsd’enfance :– J’avais cinq ans lorsque vous êtes parti pour les In<strong>de</strong>s, mon bononcle ; mais il m’en souvient <strong>com</strong>me d’hier… Vous m’avez prise sur vosgenoux, ma tête contre votre poitrine… et nous sommes restés longtempsainsi… je sentais sur mes cheveux <strong>com</strong>me <strong>de</strong>s gouttes <strong>de</strong> roséetiè<strong>de</strong>, et lorsque je vous regardai, je vis que cette rosée, c’étaient voslarmes… la rosée <strong>de</strong> votre affection… Et je ne puis vous dire <strong>com</strong>bien mapetite âme fut émue… mais ce dut être bien profond, puisque, aujourd’huiencore… quand un ennui secret m’assombrit le cœur, c’estdans ce cher souvenir que je me réfugie…– Antoinette !… Ma petite Toinon chérie !…– Puis, continua Jeanne-Antoinette, vous êtes revenu <strong>de</strong>ux ans plustard. Et à la gran<strong>de</strong> joie qui m’inonda d’une lumière caressante, je <strong>com</strong>pris<strong>com</strong>bien vous m’étiez cher… Puis, <strong>de</strong> nouveau, vous avez fui versles pays lointains… allant, revenant, ne <strong>de</strong>meurant jamais plus <strong>de</strong> troismois près <strong>de</strong> nous… Les années se sont écoulées… Quand vous étiez auloin, je me sentais seule au mon<strong>de</strong>, et souvent je me <strong>de</strong>mandais quelle inquiétu<strong>de</strong>,quel chagrin puissant vous chassaient <strong>de</strong> Paris… Lorsque vousétiez là, au contraire, je me sentais rassurée <strong>com</strong>me près d’un père…M. <strong>de</strong> Tournehem tressaillit violemment.– Qu’avez-vous, mon bon oncle ?…– Rien… continue, enfant, dit sour<strong>de</strong>ment M. <strong>de</strong> Tournehem.16

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