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La Marquise de Pompadour - Lecteurs.com

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Mais quoi ! N’était-ce pas du même coup le condamner ? Son père luidéfendrait <strong>de</strong> cé<strong>de</strong>r aux menaces d’Henri, cela était sûr ! Et alors ?… Oh !alors, l’affreux petit homme aux yeux louches agirait promptement !– Que faire ! Que faire ! murmura-t-elle. Je suis condamnée… Rien nepeut me sauver !…Chose étrange !Ce n’était pas <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir la femme d’Henri, <strong>de</strong> s’appeler dès le len<strong>de</strong>mainM me d’Étioles, non, ce n’était pas cela qui lui causaitl’insurmontable horreur qu’elle sentait croître en elle <strong>de</strong> minute en minute…Ce qui l’effrayait, ce qui la faisait frissonner d’épouvante, c’estqu’elle sentait ou croyait <strong>com</strong>prendre que ce mariage était le <strong>com</strong>mencement<strong>de</strong> quelque chose…Quoi ?… Elle n’avait aucune idée <strong>de</strong> ce que ce pouvait être. Mais ce<strong>de</strong>vait être formidable… quelque chose <strong>com</strong>me une profon<strong>de</strong> et souterrainemachination où elle <strong>de</strong>venait un rouage inconscient, privé <strong>de</strong> volonté…le rouage d’une machine… oh ! d’une machine <strong>de</strong>stinée à broyerquelqu’un…Mais qui ! qui !… Elle-même ?… oh ! non !M. <strong>de</strong> Tournehem ?… Non plus !…Qui ! Qui donc alors ?…Devant qui Henri d’Étioles surgissait-il du fond <strong>de</strong> son ombre etdressait-il sa petite taille <strong>de</strong> gnome malfaisant ?…– Oh ! continuait-elle, je m’y perds !… J’entre dans <strong>de</strong> la nuit et <strong>de</strong>l’effroi… Je tremble… J’ai peur… et personne ! personne près <strong>de</strong> moi àqui je puisse me fier, personne pour me gui<strong>de</strong>r, me protéger, medéfendre !…À ce moment, on lui apporta une lettre qu’elle ouvrit d’une main fiévreuse.Elle était <strong>de</strong> M. <strong>de</strong> Tournehem. Son père la félicitait du mariageprojeté, tout en témoignant quelque surprise. Il annonçait sa visite pourle soir, voulant passer l’après-midi à courir les magasins et acheterquelques « colifichets ». Il faisait d’ailleurs un grand éloge d’Henrid’Étioles.<strong>La</strong> lettre tomba <strong>de</strong>s mains <strong>de</strong> Jeanne ; et elle éclata en sanglots.– Ô mon père ! Mon pauvre père ! Tu me félicites, ô lamentableironie !…Quelques heures s’écoulèrent. <strong>La</strong> soirée s’avançait. Contre son habitu<strong>de</strong>,M me Poisson ne vint pas rô<strong>de</strong>r autour <strong>de</strong> celle qu’elle appelait safille. M me du Hausset s’abstint aussi <strong>de</strong> toute visite… Jeanne ne remarquapas ces absences insolites et étranges en pareil jour, – car elles <strong>de</strong>vaientêtre au courant <strong>de</strong> ce qui allait se passer le len<strong>de</strong>main…42

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