13.07.2015 Views

La Marquise de Pompadour - Lecteurs.com

La Marquise de Pompadour - Lecteurs.com

La Marquise de Pompadour - Lecteurs.com

SHOW MORE
SHOW LESS
  • No tags were found...

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

sur ma tête, venez !… Je vous attends <strong>com</strong>me le seul homme capable <strong>de</strong>me sauver ! »Elle signa :« <strong>La</strong> jeune fille en rose <strong>de</strong> la clairière <strong>de</strong> l’Ermitage. »En post-scriptum, elle ajouta :« Rue <strong>de</strong>s Bons-Enfants, en face <strong>de</strong> l’hôtel d’Argenson, <strong>de</strong>man<strong>de</strong>zM lle Jeanne-Antoinette Poisson. Venez vite ! oh ! venez !… »Sans se relire, elle plaça le papier parfumé dans une <strong>de</strong>s enveloppes <strong>de</strong>satin dont elle avait coutume <strong>de</strong> se servir, écrivit la suscription et cachetaavec <strong>de</strong> la cire.– Qui va porter la lettre ? songea-t-elle. Un domestique ?… Ah !non !… Louise ?… Peut-être !… Non, Louise est trop faible… <strong>La</strong> Poissonsaurait tout… et je me défie <strong>de</strong> la Poisson… elle joue en tout ceci un rôleque je ne connais pas… Oh ! à qui me confier !…À ce moment, <strong>com</strong>me cinq heures sonnaient à une magnifique penduleen porcelaine <strong>de</strong> Saxe placée sur la cheminée, on heurta légèrementà la porte, et sans attendre la réponse on entra.– Ne te dérange pas, fillette, fit une voix d’homme éraillée et un peurauque, ce n’est que moi… moi, papa Poisson, le chéri <strong>de</strong> sa fifille !…– Cet ivrogne ! murmura Jeanne en tressaillant. Oui !… Pourquoipas ?… Pour un peu d’argent, il fait ce que je veux… oui, voilà le messager…il portera la lettre… et <strong>de</strong>main, il ne se souviendra même plus…Celui qui venait d’entrer était un homme entre <strong>de</strong>ux âges, corpulent,court sur jambes, la face rougeau<strong>de</strong>, les yeux clignotants, la lèvre lippue ;il prisait à chaque instant ; sa figure, aux traits accentués par la nature,mais aveulis par les passions basses, portait les stigmates du vice. Il étaitvêtu avec une richesse <strong>de</strong> mauvais aloi. Son habit, un peu trop éclatant,portait <strong>de</strong>s traces <strong>de</strong> vin ; son gilet à basques était <strong>de</strong> satin, mais il avait<strong>de</strong>s accrocs ; il avait <strong>de</strong>s boucles d’or à ses souliers, mais ces souliersétaient boueux. Son tricorne était un peu posé <strong>de</strong> travers sur sa perruque.– Ouf ! dit-il en se laissant tomber sur un fauteuil. Qu’il fait chaud !…– Et soif ? dit Jeanne d’un ton câlin en venant s’asseoir près <strong>de</strong> lui.– Ma fille, dit l’homme en riant d’un rire épais, rappelle-toi bien unefois pour toutes ce que dit papa Poisson… Noé Poisson… Eh bien, il faittoujours soif, été <strong>com</strong>me hiver, automne et printemps… la soif, vois-tu…c’est la gran<strong>de</strong> amie <strong>de</strong> l’homme… car un homme qui n’a pas soif, ehbien, il ne boit pas, le malheureux !– Et vous, vous avez toujours soif ? dit Jeanne en surmontant le dégoûtque lui inspirait le personnage.44

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!