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immobilier - La Tribune

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SupplémentUn nouveau souffle sur la baie des Angesnicedu VENDREDI 14 au jeudi 20 décembre 2012 – N o 29 France métropolitaine - 3 €www.latribune.frDenis Kessler« Il fautinventer laprotectionsociale duxxi e siècle. » PAGE 30Le PDG de Scors’inquiètedu retard prispar les réformes.Immobiliercomment« <strong>La</strong> <strong>Tribune</strong> s’engage avec ecofolio pour le recyclage des papiers. Avec votre geste de tri, votre journal a plusieurs vies. »faire baisserles prix ?Foncier bloqué, politique fiscaleinefficace, réglementations trop lourdes…la crise du logement est profonde.Une urgence sociale qui appelledes mesures radicales. Pages 4 à 6L 15174 - 29 - F: 3,00 €enquêtebercy : septcapitaines pourun paquebot PAGES 12-13entreprisesces start-up quiveulent faire del’or avec l’art PAGE 14territoiresUne « nouvelle »décentralisationbien timide PAGES 20-21© plainpicture / Bildhuset


4l’événementLA TRIBUNE VENDREDI 14 décembre 20121 249 000C’est le nombre de logements collectifs vacantsque comptait la France au 1 er janvier 2012,selon l’Insee. Le nombre de logements vacantsindividuels s’élevait à 1,11 million à la mêmedate. Le total de logements dans l’Hexagoneatteignait 33,19 millions au début de l’année.© DR«50% des bureauxen Île-de-France sontobsolètes, ils devront êtrerestructurés. D’ici là, l’offrene sera pas pléthorique. »Philippe Lemoine, président de Silic<strong>La</strong> plaie des recoursabusifs Si les recours abusifs ontpour conséquences habituelles de retarder detrois, voire quatre ans, les différentsprogrammes de construction, ils peuventaussi les annuler. Omnium Finance, parexemple, a dû abandonner 30 % de ses projetsà cause de recours abusifs cette année.comment sortir de lale contexte Les prix de l’<strong>immobilier</strong> nebaissent pas, en particulier à Paris et dans lesgrandes villes, limitant l’accès au logementpour de nombreux particuliers. Ce marchébloqué est devenu un vrai problème de société.l’enjeu Promesse du candidat FrançoisHollande, le gouvernement prépare des réformespour favoriser la location et la constructionde logements. Mais, de l’avis des professionnels,cela ne suffira pas. Il faut des mesuresplus radicales, que <strong>La</strong> <strong>Tribune</strong> détaille ici.Pascale Besses-Boumardet Mathias Thépot<strong>La</strong> question est surtoutes les lèvres. Lesprix de l’<strong>immobilier</strong>vont-ils enfin baisser ?<strong>La</strong> réponse taraudetellement les Français que le marchés’est figé cette année, les acheteursattendant un net repli pourse lancer tandis que les vendeursse refusent à brader leur bien. Unefatalité ? Non, assure-t-on à l’Élysée.<strong>La</strong> ministre du LogementCécile Duflot a déjà concoctéquel ques réformes en vue de fluidifierle foncier, favoriser laconstruction de logementssociaux et encadrer les loyers.Cela suffira-t-il ? Non, répondentunanimement les professionnels,tant que l’on ne traitera pas le problèmesous tous ses aspects enl’inscrivant dans le long terme. <strong>La</strong><strong>Tribune</strong> a identifié certaines de cesmesures. Reste à convaincre l’ensembledes parties prenantes des’asseoir autour d’une même tablepour réformer… Pas gagné.1 / Libérer deslogementsAvant de s’attaquer au problèmede la libération du foncier, l’idéalserait déjà d’optimiser l’utilisationdes logements existants. Selonl’Insee, 2,35 millions de logementsétaient vacants au 1 er janvier 2012.Si les raisons de ce chiffre élevésont multiples, notamment lavacance « normale » liée aux changementsde locataires, mais onpeut agir vite en s’attaquant, parexemple, aux logements impropresà l’habitation.Le sénateur Pierre Jarlier, présidentde la commission Urbanismede l’Association des mairesde France (AMF), milite ainsi enfaveur d’un grand plan de réhabilitationdes logements urbains,notamment des centres anciens.Cela constituerait une « réponserapide » pour créer du logementet favoriserait en outre la mixitésociale. Le sénateur prône égalementune meilleure connexionFOCUSdes quartiers périphériques oudes zones pavillonnaires, là où lestaux de vacance sont les plus élevés.Le but est d’attirer davantagede personnes dans ces secteursaujourd’hui peu attractifs.En parallèle, des logementsrestent vacants du fait de la spéculationou de la réticence de certainspropriétaires à les louer.Dans les cas d’abus caractérisés,la ministre du Logement n’exclutpas la réquisition. L’outil juridiqueexiste, mais reste peu utilisé. Maisce type de recours n’incite pas lespropriétaires à louer leurs biens,déplore Denys Brunel, présidentde la Chambre des propriétaires.<strong>La</strong> recette miraculeuse de BirminghamOutre-Manche, certaines villes ont expérimentéavec succès un programme, appelé« Empty Properties » (« Maisons vides »),permettant d’augmenter l’offre de logements.<strong>La</strong> ville de Birmingham fut la première àl’expérimenter.Cette politique consiste à créer un bureauchargé de répertorier les appartements inoccupésdepuis plus de cinq ans, puis deprendre contact avec les propriétaires afinde leur proposer d’adhérer à un programme.Ce dernier prévoit notamment que la mairiese charge de financer jusqu’à hauteur de25 000 euros la réhabilitation de l’appartement,puis de sa mise en location, jusqu’à<strong>La</strong> solution viendra, selon lui, dela « stabilité des règles », qu’ellessoient fiscales ou juridiques.Jugeant la législation trop sévèreavec les propriétaires, il militepour une loi « à la vision moinsmanichéenne et plus pratique » desrelations entre propriétaires etlocataires.2 / dégelerle foncierLibérer le foncier est une autrepiste. À première vue, il sembledifficile à dénicher dans les zonesles plus denses. Faux, rétorqueMarc Gédoux, président du promoteurPierre Étoile. « Beaucoupde villes ont du foncier disponible.Il suffit d’avoir la volonté politiquede le rendre constructible »,estime-t-il, en pointant les frichesindustrielles des années 1970, lesterrains inutilisés de l’armée quela Mission pour la réalisation desactifs <strong>immobilier</strong>s (MRAI)l’« agence immobilière » du ministèrede la Défense, est chargée devendre, et les terrains de la SNCFet du Réseau ferré de France.Si le gouvernement a déjà prévula cession de 930 sites publics(2 000 hectares) permettant laconstruction de 110 000 logements,les professionnels considèrentqu’il faut créer un vrai chocfoncier, via les pouvoirs publicsce qu’elle se soit remboursée. Elle restitueensuite au propriétaire son bien, dont il estalors libre de disposer comme il l’entend :soit il gère à son compte, soit il accepte quela mairie se charge de continuer à le louer,en lui reversant une part des sommes reçues.Cette solution permet ainsi de réhabiliter unbien sans devoir payer les travaux. <strong>La</strong> mairie,qui fixe un loyer modéré – en moyenne inférieurde 20 % au prix du marché –, veille à lasolvabilité du locataire.<strong>La</strong>ncé en 2003, ce programme a permis àBirmingham de réduire de 5 000 le nombrede logements vides, sur les 14 000 initialementrépertoriés.locaux. En effet, « la loi de décentralisationde 1983 a donné tous lespouvoirs aux maires » en matièred’aménagement du territoire,indique Marc Gédoux, notammentpar l’intermédiaire « du planlocal d’urbanisme (PLU) ». Ortous ne tirent pas dans le mêmesens, car « un maire bâtisseur estun maire qui perd les élections »,déplore Marc Gédoux.Le sénateur Pierre Jarlier nepartage pas cet avis. « <strong>La</strong> grandemajorité des maires se dote desLe logement3 Français sur 4vivent déjà en villePart de la population urbaineSource : Insee57,3 %77,5 %1957 2010EnsembleLocataires du secteur privéLocataires du secteur socialAccédants à la propriétéPropriétaires non accédantsSource : Insee


VENDREDI 14 décembre 2012 LA TRIBUNEl’événement 5terrain Selonle promoteur Nexity,le prix des terrainsa triplé, voire sextuplédans certaines zonesen dix ans. « Certainspromoteurs doiventaccepter de ne pas fairede dumping », indiqueHervé Puybouffat,président de Tagérim.© JACQUES DEMARTHON / AFP© DR3 290c’est le nombrede pages du dernierCode de l’urbanisme,version 2012, auxquelles ilfaut ajouter les 1 926 pagesdu Code de l’habitationet de la construction.© DR«Faire baisserles prix exigeune démarchecollective, avec l’appuides élus locaux. »Hervé Puybouffat, pdt de tagérimcrise de l’<strong>immobilier</strong>moyens réglementaires et législatifsnécessaires pour mettre enœuvre une politique de logementambitieuse sur leur territoire »,tempère-t-il, en soulignant lehandicap de la complexité desprocédures d’acquisition de foncierinutilisé. « Pour que du foncierpuisse faire l’objet d’uneacquisition par la commune, ilfaut que l’opération soit déclaréed’utilité publique et donc d’intérêtgénéral. <strong>La</strong> procédure est relativementcomplexe et nécessite dutemps pour être mise en œuvre, aumoins deux ans », explique-t-il.Une telle lenteur réduit l’impactd’un choc foncier.3 / Maîtriserles coûts deconstructionMais c’est surtout en influant surles coûts de construction quel’effet de levier sera sans aucundoute le plus important. Or ilsaugmentent régulièrement, sousl’effet notamment de nouvellesnormes. « Depuis 2005, nousavons changé trois fois de réglementationthermique », constateainsi Hervé Puybouffat, quiévoque également les nouvellesnormes pour les personnes àmobilité réduite, le pré-équipementdes bâtiments en fibreoptique et les prises en sous-solpour les voitures électriques.Ces nouvelles règles qui s’accumulentmajorent le prix des travaux.« Il est grand temps que lesrègles de construction, qui sont enperpétuelle modification depuis sixest devenu un problème social majeur<strong>La</strong> part du budget des ménages consacrée au logement devient de plus en plus importanteTaux d’effort * médian ** en 2010Pour chaque catégoriePar niveau de vie9,5 %18,5 %20,1 %26,9 %27,2 %À Paris, des prix multipliés par 10 en 30 ansPrix moyen au m 2 des appartements anciens à Paris en euros constants.Source : Chambre des notaires de Paris25% des ménagesles plus modestes2 e quartile3 e quartile25% des ménagesles plus aisés1980850 €11,0 %21,3 %18,9 %* Le taux d’effort est le rapport entre la dépense en logement d’un ménager et son revenu.** <strong>La</strong> médiane est la valeur qui partage une distribution en deux parties égales.23,6 %19913 530 €Évolution du coût moyen du logemententre 2005 et 2010+ 9 %+ 17 %+ 15 %+ 17 %+ 26 %20013 040 €3 e trim.20128 440 €Répartition des ménagespar catégorie d’occupation en 2010Propriétairesnon accédantsAccédantsà la propriété38 %23 %21 %18 %Locatairesdu privéLocatairesdu logementsocialans, soient stabilisées pour plusieursannées », déclare HervéPuybouffat.Si les promoteurs demandentdu temps pour s’adapter à toutesces nouvelles normes, c’est aussiqu’ils savent qu’en amont le coûtdes matériaux va continuer decroître. « Le prix de la constructionne peut pas diminuer auregard de l’augmentation du prixdes matières premières et desbesoins des pays émergents, oùl’on construit partout », remarqueMalik Benrejdal, président fondateurde l’agence immobilièreIAD France.De fait, le prix de l’acier est fluctuantmais en hausse depuis deuxmois, et celui du béton, très lié aucoût de l’énergie par l’intermédiairede cimenteries trèsconsommatrices, devrait croîtrestructurellement. Aussi, pourréduire les coûts, il faut optimiserla chaîne de production.Malik Benrejdal propose ainside « ramener le processus de fabricationde logements à l’échelle dela construction automobile ». En« préfabriquant le plus possible enusine », ajoute pour sa part MarcGédoux, comme c’est déjà le caspour les logements en bois. Uneidée qui, in fine, sollicitera moinsde main-d’œuvre, laquelle est « leprincipal poste de coût du grosœuvre, représentant 50 % du coûtde construction », souligne MarcGédoux4 / Simplifierle permis deconstruireUne réforme du permis deconstruire pourrait égalementcontribuer à faire baisser les prix.Si l’on entend bien le message desprofessionnels, l’obtention de ceprécieux document relève aujourd’huid’un vrai parcours du combattant! Sans parler des recoursabusifs qui peuvent repousser dedeux à trois ans son obtention.« Les récentes réformes n’ontpas vraiment amélioré la procédure.Elles n’ont fait que déplacerles problèmes qui se posent maintenantun peu plus tôt lors de laréunion des différentes commissions», lance Hervé Puybouffat,président de la société de promotionTagérim. Dans le meilleurdes cas, il faut compter au minimumun an pour obtenir un permisde construire.« Au fil des ans, les nouveauximpératifs s’accumulent, sansjamais se soustraire et, de surcroît,les modifications s’accélèrent avecparfois plusieurs réformes dans lamême année. Il est temps que nousayons une pause dans cette dériveet que nous puissions respirer unpeu », plaide Pierre Alberola,


6l’événementLA TRIBUNE VENDREDI 14 décembre 2012cinq idées pourdynamiserl’<strong>immobilier</strong>patron d’une autre société de promotion,Omnium Finance. À l’évidence,plus les normes se multiplient,plus le coût de laconstruction enfle, éloignantd’autant les possibles candidats àl’accession.5 / Supprimerles avantagesfiscauxdans le neuf<strong>La</strong> fin du dispositif Scellier n’apas manqué de faire couler beaucoupd’encre, tout comme l’arrivée,pour lui succéder, de celuiconcocté par les services de laministre Cécile Duflot. Globalement,tous ceux qui attendaientune béquille fiscale pour se lancerdans l’investissement locatifregrettent le premier et nesemblent guère attirés par lesecond, jugé peu intéressant. Lesderniers gouvernements ont touspromu, revisité, amélioré ouraboté un dispositif fiscal avantageuxpour doper ce type d’investissement: le Méhaignerie, le Besson,le Borloo, le Robien et donc leScellier, en attendant le Duflot.<strong>La</strong> vérité des prixavec la Fin des bonus ?Le résultat logique de cette successionde dispositifs aura étéd’entretenir une hausse artificielledes prix, les acquéreurs n’étantpas toujours très regardants surles prix de vente des programmes,compte tenu des avantages fiscauxaccordés à la clef. Aussi, ne seraitilpas plus sain d’arrêter de subventionnercette inflation des prixdu neuf en supprimant tout avantagefiscal ? Une telle perspectivehérisse le poil des constructeurset des financiers qui commercialisentces produits. Ils diabolisenten effet volontiers cette idée l’accusantde mettre à mal toute lafilière de la promotion et de provoquerde nombreuses suppressionsd’emplois.Elle aurait pourtant l’immenseavantage d’alléger le budget del’État tout en redonnant aux prixleur véritable étiage. Sans mettreles acquéreurs dans une situationintenable, la valorisation de leurbien à terme étant toujours demise et le financement tout aussiintéressant au regard notammentdu contexte de taux actuel extrêmementbas. En contrepartie, ilne faudrait pas qu’un alourdissementde la taxation des plusvaluesou autre ne vienne pénaliserceux qui se sont lancés dans cetype de projet. qlogement intermédiaire :il y a toujours urgenceDans les zones les plus tendues, le développement des logements intermédiaires pourrait aider lesménages des classes moyennes en mauvaise posture pour se loger.mathias thépot<strong>La</strong> crise du logement affectedésormais les classesmoyennes qui se retrouventdans l’incapacité d’accéder à lapropriété, d’autant qu’elles nesont pas éligibles aux logementsHLM. Le développement du parcde « logements intermédiaires »,définis par un niveau de loyer etde ressources du locataire ciblantles revenus moyens, apparaîtcomme une urgence dans leszones sous tension. Soit principalementl’Île-de-France, mais aussila Côte d’Azur et quelquesgrandes métropoles.Ainsi en Île-de-France, l’Institutd’aménagement et d’urbanismeestime que les logements intermédiairesdisponibles dans la régionne couvrent que 28 % des besoinsdes 450 000 ménages locataires àrevenus moyens. Pour la Chambrede commerce et d’industrie deParis, ce sont les employés et lesouvriers, les jeunes de moins de25 ans et les salariés de 25 à 34 ansqui sont les plus affectés par cesproblèmes de logement. « Il y aurgence à mobiliser les pouvoirspublics pour une action volontaristesur la question du logementintermédiaire et sur la prise encompte du logement des jeunesactifs dans les politiquespubliques », indiquait-elle avantl’élection présidentielle.Le prêt locatif sociala manqué sa cibleDes réponses peuvent en toutcas déjà être apportées au niveaucommunal ou intercommunal viale programme local de l’habitat(PLH). Il permet de « veiller à ceque les politiques de logement semettent en place en tenant comptede l’ascenseur social du logement», indique le sénateur PierreJarlier, c’est-à-dire en mettant àdisposition de la population tousles types de logements dont ellea besoin : « Du logement trèssocial, du logement social, du logementintermédiaire, de l’accessionsociale à la propriété, de la copropriétéet du logement individuel »,énumère le sénateur.Pour l’instant, le logementintermédiaire souffre de la placeconséquente prise par le logementsocial classique. Une miseen retrait matérialisée dans lesfaits par l’utilisation imprécisedu prêt locatif social (PLS),pourtant connu comme le principallevier du financement deslogements sociaux intermédiaires: « Ce produit a jusqu’àprésent manqué sa cible, il est trèssouvent occupé par des ménagesdont les revenus se situent dansles plafonds du logement socialclassique », déplore dans unenote de l’Institut d’aménagementet d’urbanisme d’Île-de-France.Pour remédier à cela, le PLH deParis (2011-2016) a inscrit parmises objectifs de « veiller à réserverles attributions de logementssociaux intermédiaires auxclasses moyennes ». En parallèle,d’autres partisans du déploiementdes logements sociaux intermédiairesmilitent pour réallouerl’épargne à ce type d’habitat. C’estle cas de l’Association françaisedes sociétés de placement <strong>immobilier</strong>(Aspim), qui prône unemeilleure utilisation des ressourcesaugmentées du livret Avers le logement intermédiaire,ainsi que la mobilisation des fondslabellisés d’investissement socialementresponsable. qpour les bureaux, c’estL’heure des « ristournes »Si les prix de l’<strong>immobilier</strong> résidentiel ne baissent pas, en revanche ceux de l’<strong>immobilier</strong> de bureauxconnaissent une évolution toute différente, avec des rabais annuels sur les loyers atteignent 30 %.pascale besses-boumardSi le résidentiel n’est pascomplètement tributairede l’économie réelle, lebesoin de logements étant toujourslà, il n’en va pas de mêmepour les bureaux, très intimementliés à la richesse et l’évolutionde la croissance de chaquepays. D’où l’inquiétude denombre de professionnels, mêmes’ils se refusent à le reconnaître.Il faut dire que tous ne sont paslogés à même enseigne. Lessociétés foncières à la tête d’actifssitués à Paris, et plus particulièrementdans ce qu’elles appellentle QCA (quartier central desaffaires), ce que l’on dénommaitprécédemment le Triangle d’or,sont effectivement à l’abri degrosses frayeurs, les prix pratiquéssur cette zone demeurantExemple d’habitat intermédiaire. [Audiar]très corrects pour elles (entre550 et 850 euros du mètre carré).Du côté des commerces, les trèsgrands centres situés dans lesgrandes agglomérations sont égalementtoujours très rentablespour leurs actionnaires. Celaétant, ces mêmes professionnelsreconnaissent que les difficultéséconomiques du pays devraientcommencer à avoir de sérieusesconséquences sur les bilans desgroupes fonciers.Des bailleurs toujoursplus exigeantsDans la pratique, les clientsbailleurs demandent aujourd’huides franchises toujours plusimportantes aux propriétairesqui, pour les garder, y consententbien volontiers. De la sorte,ce n’est plus un mois de franchisepar année de prise à bailqui est consenti, mais deux, voirele double dans certains cas. Ces« ristournes » permettent ainsiaux foncières d’afficher des prixidentiques tout en supportant defaçon discrète des efforts financierspour remplir leursimmeubles. Un l’effort qui peutatteindre jusqu’à 30 % de rabaisannuel sur les loyers !De même, les bailleurs semontrent très regardants et lemoindre défaut condamne le bienà rester sans locataire pour longtemps.« L’écart de prix entre lesactifs de première qualité et lesautres n’a jamais été aussi important», relève Cyril Robert, expertchez Knight Frank, spécialiste destransactions tertiaires. « Le parcde bureaux en Île-de-Franceatteint aujourd’hui environ 53 millionsde mètres carrés. Ce chiffrene devrait plus vraiment évoluer àl’avenir. Ce qui veut dire que l’on vaassister soit à la restructurationdes immeubles obsolètes soit à lareconstruction pure et simple debâtiments abattus. Ce qui va changerle paysage de l’<strong>immobilier</strong>d’entreprise sur cette zone sansl’affaiblir puisque l’offre ne va plusaugmenter. Les professionnelsdevront surtout s’adapter à cettenouvelle donne », assure PhilippeLemoine, président de Silic.Et de faire remarquer que, detoute façon, en l’espace de vingtans, les loyers ont globalementbaissé de 50 %. « Toute crise doitpousser les gens à repenser leurshabitudes. On s’apprête à voirémerger de nouveaux pôles, biendesservis par les transports encommun et parfaitement adaptésaux besoins tant des entreprisesque des salariés. Le maître motsera sans doute rationalisation.Ceux qui l’auront bien anticipépourront tirer leur épingle dujeu », augure le patron de Silic. q


VENDREDI 14 décembre 2012 LA TRIBUNELe buzz 9>> il a osé le dire « Quand j’entends les niveaux de rémunération des dirigeants du CAC 40, je medis qu’on a bien fait de mettre une taxe à 75 % pour les revenus annuels supérieurs à 1 million d’euros,même si c’est transitoire. On a besoin de solidarité dans notre pays. » Jean-Marc Ayrault, Premier ministrel’œil de philippe mabilledirecteur adjoint de la rédactionC’est la lutte fi… scale !’exilLfiscal a commencé et, comme souvent, lesartistes, comme les sportifs, sont le baromètreavancé de la surpression fiscale. Obélix(Gérard Depardieu) s’installe à Néchin, à…1 km de la frontière française ! Astérix (ChristianClavier) a déjà traversé la Manche. « Minable »,tranche Jean-Marc Ayrault, au lendemain de l’annonced’un plan de lutte contre la pauvretéqui va coûter 2,5 milliardsd’euros sur cinq ans, et pour lequel«<strong>La</strong> France decette fin 2012ressemble à unmauvais romande Houellebecq. »l’État n’a pas le moindre sou. Lesriches sont déjà passés à la caisse.Le problème, c’est qu’il y a l’impôtà 75 %, plus la CSG, plusl’ISF, plus l’imposition des plusvalues,plus l’impôt sur les successions…L’overdose menace etla riposte s’organise. <strong>La</strong> Fondapol(Fondation pour l’innovation politique) vient de publierune note de l’ancien patron d’Andersen, Aldo Cardoso,pour dénoncer le caractère confiscatoire et « probablementinconstitutionnel » du nouvel ISF qui, associé àl’alignement de la taxation du capital sur l’impôt sur lerevenu, exige d’obtenir un rendement de 9 % sur sonépargne. Autant dire un niveau qui n’existe pas ou plusdans le monde actuel… <strong>La</strong> très influente Association françaisedes entreprises privées (Afep) travaille de son côtésur une comparaison internationale de la taxation deshauts revenus qui vise à démontrer que l’exception fiscalefrançaise menace l’économie d’embolie.Comme un pied de nez à la gauche, les patrons du CAC 40ont vu leur rémunération moyenne progresser encore de 10 %en 2011, malgré des performances de leurs entreprises enbaisse. Cela fait tache dans la période actuelle, où la cohésionsociale nécessite un peu plus de sobriété. « On a bien faitd’augmenter la fiscalité sur les très hauts revenus », a réagi dutac au tac le Premier ministre. Pendant ce temps-là, l’indiceCAC 40 caracole à son plus haut de l’année et leTrésor s’endette à des taux négatifs à un an et àmoins de 2 % à dix ans… Pourquoi s’inquiéter,doit se dire François Hollande dans son Palais ?Les marchés sont avec nous, continuons…Pourtant, l’Insee nous apprend que la France adétruit 41 700 emplois marchands au troisièmetrimestre et on s’oriente vers une croissancenégative sur les trois derniers mois de l’année.Après avoir échoué à nationaliser Florange,Arnaud Montebourg s’intéresse désormais àl’ancien site Pechiney de Rio Tinto en Savoie. Pendant cetemps-là, PSA rajoute 1 500 postes à son plan de suppressionde 8 000 emplois. C’est le tonneau des Danaïdes.<strong>La</strong> France de cette fin 2012 ressemble à un mauvais romande Houellebecq, celui où quelques très riches surnagent dansun océan de pauvreté. Les tendances sont inquiétantes. À ladifférence de l’Allemagne, la France n’a toujours pas retrouvéson niveau de PIB d’avant la crise de 2007. Le problème, c’estque tandis que la population allemande stagne, celle de laFrance s’accroît. Il faut donc partager en davantage de partsun gâteau de plus en plus petit. Certains espéraient, avecl’élection de François Hollande, un pays moins divisé. Maisl’aggravation de la crise a terni l’espoir du 6 mai. Et la popularitéde l’exécutif s’effondre. Le président ne rassemble plusque 35 % de satisfaits six mois après son arrivée.D’un côté, il faut tenir sur une ligne de crête étroite, baisserles déficits, soutenir la compétitivité des entreprises, renoncerà la tentation de nationaliser les entreprises en difficulté,pour rassurer les investisseurs. De l’autre, il faut donner desgages à gauche, adresser des signaux de solidarité.<strong>La</strong> crise a changé la donne. Il y avait 8,6 millions de personnesqui vivaient en 2010 sous le seuil de pauvreté (964 euros parmois, soit 60 % du revenu médian), dont la moitié avec moinsde 781 euros. Il y a tout lieu de penser que la situation ne s’estpas améliorée en cette fin 2012, malgré les nombreux filetsde protection de notre modèle social. <strong>La</strong> crise du logementsocial en est le symptôme le plus criant.Et si on prenait le problème à l’envers ? Pour lutter efficacementcontre la pauvreté, il faut bien sûr faire preuve desolidarité. Mais il faut plus sûrement lutter pour créer desemplois et augmenter le potentiel de création de richesse del’économie. Un grand banquier résume très bien l’impasse dela politique actuelle par la parabole de la tondeuse. Si on règlela lame trop bas, on finit par ne plus couper l’herbe, mais pargratter la terre et à force de passer et de repasser, la pelousene repousse plus. C’est bien le danger qui menace la Franceen 2013. À trop faire reposer le désendettement sur l’impôt,au lieu de réduire la dépense, la gauche risque de tarir lasource de revenus de la nation et du coup, de ne pas atteindreses objectifs de recettes fiscales et donc de baisse des déficits.Les marchés financiers, qui nous font tellement créditaujourd’hui, pourraient bien finir par s’en rendre compte. q© DRSur le podiumle meilleur de la semaine sur latribune.frLe plus lu Après Free, SFR casse ses prixpour Noël À la suite de l’annonce de Free Mobile qui vadoubler les consommations de son offre à 2 euros (passant de1 à 2 heures avec SMS illimités), SFR dévoile ses offres de find’année. Au programme : division par deux du prix de son forfait« Red 2 heures » et réduction de 10 euros sur le prix del’abonnement ADSL jusqu’au 31 décembre. publié le 7 décembreLe plus Commenté Pourquoi Renault n’arrive-t-ilpas à enrayer la chute des ventes enEurope ? Les immatriculations de voitures neuves enFrance en novembre montrent la dégringolade de Renault(-33,5 %). Et, en Europe, ce n’est guère mieux. Accent mis surles Dacia à bas coûts, gamme vieillie, image médiocre,expliquent cette inquiétante situation. publié le 3 décembrerepéré par la rédac’Prof : le métier qui fait rêver huit Français sur dix ! C’est ce que montreun sondage CSA commandé par le ministère de l’Éducation avant lelancement d’une campagne de recrutement de 43 000 professeurs.la vie de la communautéLes meilleures contributions sur latribune.fr et les réseaux sociauxLe tweet« Peut-être parce quenombre de capitaux duFatah et du Hamas sont détenuspar les banques israéliennes. »>>@faya33, à propos de l’article « PourquoiIsraël ne peut se permettre des sanctionséconomiques trop lourdes contre lesPalestiniens »et la création d’emplois ne repartirontpas. Le changement c’est maintenant,et on l’attend toujours. »>> Clem à propos de l’article « Chômage :au plus haut depuis 13 ans »L’opinion>> « Emploi des jeunes : jusqu’àquand allons-nous fuir nosresponsabilités ? », par ChristophePraud, président du Centredes Jeunes Dirigeants d’entreprise.LE DiaporamaConquête spatiale : des projets(dingues) sur la rampede lancement1 / Un voyageautour de la Lunepour 155 millionsde dollars.2 / Séjour enbungalow lunairepour 15 millionsde dollars le mois.Le plus partagé Vienne reste la ville la plusagréable à vivre… Paris s’améliore à peineSelon l’étude Mercer 2012 sur la qualité de la vie qui couvre221 villes à travers le monde, Vienne est toujours la ville offrantla meilleure qualité de vie. Zurich et Auckland arrivent respectivementen deuxième et la troisième position. Paris gagneLe commentaire« Sans réformesstructurelles profondes(marché de l’emploi, compétitivité,« Christophe Praud propose des pistespour rendre le marché du travail plusaccessible aux jeunes, qui subissent deune place pour se classer 29 e . publié le 4 décembre secteur public, fiscalité) la croissance plein fouet la montée du chômage. » Retrouvez la totalité du3 / Mars !<strong>La</strong> premièrecolonie : 36 milliardsde dollars.classement sur latribune.fr


10Le buzzLA TRIBUNE VENDREDI 14 décembre 2012Le nouveau constructeur automobile chinois Qoros dévoilera une berline de gamme moyenne supérieure début mars 2013,pour une commercialisation en octobre-novembre prochain en France. <strong>La</strong> firme veut concurrencer les constructeurs allemands.Quand le haut de gamme chinois s’éveillera…Les premières voitureschinoises devraient débarquer « enoctobre-novembre 2013, c’est-à-diredans un peu moins d’un an, enEurope continentale, France comprise», explique à <strong>La</strong> <strong>Tribune</strong>,Claude Makowski, qui vient d’êtrechargé des relations presse dansl’Hexagone de la marque Qoros. Cetout nouveau constructeur chinoisest archi-ambitieux. Alors mêmeque son usine est encore enconstruction dans la banlieue deShanghai, il s’affiche d’ores et déjàcomme le premier label automobilehaut de gamme de l’ex-Empire duMilieu. Pas moins. Et son raisonnementest logique : pour êtrereconnu comme un constructeur« Premium » en Chine, « il estindispensable d’êtreconsidéré commeallemand ou, tout >>au moins, deconquérir sesgalons en Europe ». Dès lors, si sonbut ultime demeure la conquête dumarché chinois pour y contrer lesAudi, BMW et autres Volvo, leconstructeur doit s’imposer sur leVieux Continent. Une démarcheoriginale… et gonflée !Qoros dévoilera du coup au salonde Genève, début mars 2013, « uneberline de gamme moyenne supérieured’un peu plus de 4,70 mètresde long avec des moteurs à essencePour être reconnu comme un vrai constructeur « Premium » en Chine, Qorossait qu’il doit d’abord acquérir ses galons sur le marché européen. [DR]© DRle coup de volantquatre cylindres en version atmosphériqueet turbo ». Une sorte deMercedes C aux lignes plutôt épuréesavec un intérieur très « hightech» et des commandes digitales,selon les privilégiés qui ont déjà vule véhicule. Un dérivé break et un4 x 4 compléteront rapidement lagamme. Des coupés et cabrioletssont aussi prévus. Qoros fourniratout un arsenal technologique avecdes « diesels, des boîtes robotisées,des transmissions auxquatre roues »… Et lavoiture « sera aux plushauts niveaux de sécuritépassive », assure Claude Makowski.Pour un tel résultat, le constructeurn’y va pas de main morte. Propriétéà 50-50 du constructeurchinois Chery et d’une holdingfinancière israélienne, Israel Corp,Qoros a fait son marché en Europe.« Les plates-formes sont développéespar le spécialiste (canadien)Magna, les moteurs par l’autrichienAVL. Qoros travaille avec lesgrands équipementiers commeBosch ou Continental. » Et lasociété a recruté des spécialisteschez les constructeurs du VieuxContinent. « Le patron du designvient de Mini, le responsable de lasécurité du suédois Saab… Lepatron opérationnel vient de chezVolkswagen. Qoros a recruté desanciens de Volvo, Mercedes, Fiat… »chery a bénéficiéde subventions de pékin<strong>La</strong> marque compte produire initialement150 000 véhicules paran. Mais elle a d’ores et déjà prévude porter les capacités à 450 000unités annuelles en cas de succès.Chery est l’un des constructeursles plus à même de réussir le parieuropéen. Il est le premier exportateurautomobile chinois, mêmesi ses véhicules sont de qualitémédiocre. Ses exportations ontbondi de 22 % sur neuf mois, à149 490 unités. Les ventes hors deChine (principalement en Iran eten Russie) ont représenté 42 %des volumes en septembre dernier.Pour s’ouvrir le marchélatino- américain, Chery va mêmes’implanter au Brésil à la fin del’année 2013.Chery a de l’argent grâce… àl’État chinois ! Sans les subventionsaccordées par l’État, legroupe aurait subi d’importantespertes en 2009 et 2010. Leconstructeur a dégagé un bénéficede 66 millions de yuans (8 millionsd’euros) en 2009 et de240 millions en 2010, mais a reçudes aides de 633 millions et de1,12 milliard respectivement,d’après l’agence Reuters. qAlain-Gabriel VerdevoyeLu sur le site« Et nous allons accepter sur notresol des véhicules subventionnéspar l’État chinois ? Quelque chosene tourne pas rond à Bruxelles… »publié par « Vous avez dit libreéchange?» le 11 décembre.Alors que s’est tenue cette semaine la Conférence nationale sur la pauvreté, la peur du déclassement et de la précarité n’a jamaisété aussi prégnante chez les Français. Peur qui n’épargne quasiment aucune catégorie, qu’elle soit ou non justifiée.Pauvres de nous : la France a peur de la précarité !Il fut un temps où la maladieeffrayait nos concitoyens. Unautre, où la crainte d’une attaqueterroriste nous guettait à chaquecoin de rue. En cet hiver 2012, lapauvreté a pris le relais au panthéonde nos grandes peurs.Pas moins de 48 % des personnesinterrogées par CSA pour LesÉchos se déclarent pauvres et 37 %en « train de le devenir ». S’il s’agitd’un ressenti et non d’une réalitéobjective (14,1 % de la populationfrançaise vit en dessous du seuil depauvreté, soit moins de 964 eurospar mois), il en dit long sur lacrainte des Français d’être demainprécipités dans la misère. En2009, le sociologue Éric Maurin,dans son ouvrage <strong>La</strong> peur dudéclassement, une sociologie desrécessions, prouvait à quel point cephénomène était plus imaginaireque réel. À l’époque, il n’y avaiteffectivement entre la récession de1993 et celle de 2008 pas d’accentuationnotable des licenciementscomme cause d’entrée au chômage.Et l’auteur d’égrener tous>>le coup de froidles éléments tendant à prouverqu’il y avait plus de peur que demal. Sauf que, si le déclassement,ce phénomène de rupture quiconduit un individu à perdre saposition sociale, n’était objectivementpas plus important en 2008que trente ans auparavant, la peurdu déclassement, elle, avait déjà en2008 fait un bond en avant.Et Éric Maurin de montrer quecette peur s’appuyait à l’époquenon sur des risques accrus, maissur des conséquences bien plusgraves que par le passé. Celui quiperd son emploi stagne longtempsdans les couloirs de Pôle Emploiou doit renoncer à un emploi à lamesure de ses compétences, ceuxqui ont un emploi temporaireentre deplain-pieddans le « précariat». Or,ces conséquencesont gagné en intensitédepuis 2008. Cette peur se nourritdonc des difficultés vécues par nosconcitoyens.Aujourd’hui tout travailleur craintde perdre son emploi (y compris unPDG à la merci de son conseil d’administration).Les jeunes ont peurde ne pas trouver de job (leur tauxde chômage bat des records, à24,2 %), les couches aiséesredoutent de voir leur statut grignotépar de futurs prélèvements.<strong>La</strong> réalité, c’est que la France acessé de s’enrichir et donc que lesFrançais s’appauvrissent sous lepoids des dépenses contraintes quia doublé depuis cinquante ans etentame désormais plus d’un quartde leur revenu disponible. Et lesentiment de baisse de niveau devie est désormais une réalité : lepouvoir d’achat des ménages baisseraitde 0,5 % cette année selonl’Insee, une première depuis 1984.Il faut changer notreperception de la réalitéMême si la baisse de niveau devie ne signifie pour autant pauvreté,le fait économique s’inscritaujourd’hui dans une réalité pluscomplexe. Celle, par exemple, devoir de plus en plus de bac + 5occuper des emplois à mille lieuesde leurs qualifications, des mèrescélibataires contraintes d’accepterdes temps partiels, des divorcésavoir du mal à joindre les deuxbouts, des parents âgés dont il fautorganiser et financer la fin de vie.À tout cela s’ajoute une « complication» de taille : le stress psychologiquede l’injonction « d’êtresoi » et de « se réaliser ». Si nousvoulons changer cette sombrereprésentation de notre avenir,c’est notre regard qu’il faut modifieret avec lui notre perception dela réalité. <strong>La</strong> crise nous invite àpoursuivre un débat difficile entrece qui peut relever de la responsabilitépersonnelle et ce qui doitrelever de la solidarité nationale.Collectivement, il faut aider àsortir du « précariat » annoncé parRobert Castel qui installe ceux quien sont victimes dans une impuissanceà se réaliser en tant qu’individus.Individuellement, on peutméditer la phrase de Cioranextraite de De l’inconvénient d’êtrené : « Ce n’est pas la peur d’entreprendre,c’est la peur de réussir, quiexplique plus d’un échec. » qsophie péters


VENDREDI 14 décembre 2012 LA TRIBUNELe buzz 11Les jeunes Athéniens sont de plus en plus nombreux à renier la culture dusystème public qui a longtemps prévalu en Grèce pour lancer leurs start-up.Grèce : ces start-upqui se jouent de la criseTaxiBeat est un pur produitde la crise en Grèce. Pourtant, ellefait des envieux. Cette applicationgrecque a beau avoir été conçuesur fond de fortes incertitudeséconomiques en 2010, elle connaîtaujourd’hui un large succès inespérépour ses trois fondateurs.Adapté aux smartphones, le service,simple mais efficace, permetde trouver rapidement un taxi etoffre au consommateur le luxe dechoisir son conducteur en fonctionde ses préférences (type de voitures,services à bord…) Dès sonlancement à Athènes, en 2011, lapetite application fait fureur. Fortsde ce succès, les créateurs de Taxi-Beat décident de l’exporter. Enquatre mois, TaxiBeat et ses15 employés conquièrent Rio de>>Le coup de jeuneJaneiro, Bucarest, São Polo, Osloet, depuis le 4 décembre, Paris.Bien déterminés à braver la criseéconomique par leurs initiatives etambitions, les jeunes Grecs sont deplus en plus nombreux à lancerleurs start-up. « C’est une réactionpositive aux troubles économiques »,explique Alexandra Sigala, salariéede TaxiBeat. « Aujourd’hui, il y aune forte communauté de start-upactives qui se développe à travers lepays. Il y a une importante entraideentre nous », jubile-t-elle.Vassilis Nikolopoulos, un Athénienqui dirige Intelen, une sociétéde profilage qui compte 19 em -ployés, avoue avoir déjà été tentépar un départ à l’étranger. Avec untaux de chômage de 58 % chez les15-24 ans, une partie des jeunesactifs n’hésitent pas à faire cechoix. « Rester ici est parfois difficile», admet Vassilis, avant de seressaisir : « Nous sommes la nouvellegénération, nous devons agir,il faut essayer de monter des projetsici, même si cela implique des sacrifices.» Premier défi pour ces créateursd’entreprises : rassurer lesinvestisseurs méfiants en raison dela crise. Aussi Vassilis a-t-il étécontraint d’installer son siège àChypre en 2010. <strong>La</strong> bureaucratieaccablante et le manque d’aidesfinancièrespour lesjeunes entrepreneursfreinent égalementles ambitions. « Le nombrede documents à fournir pour s’installerest incroyable et décourageant», déplore Vassilis. « L’Étatreste écrasant, renchérit Elina,une jeune Athénienne, il taxe lesjeunes de la même façon que tousles entrepreneurs ( l’impôt sur lessociétés est de 24 %). <strong>La</strong> classepolitique n’a rien compris ! »« nous pouvons êtremaîtres de notre destin »Un constat que partage VassilisNikolopoulos. Le système éducatifgrec a toujours vanté le secteurpublic, « comme un Graal », rappelleVassilis. « <strong>La</strong> solution de facilitéétait d’intégrer le service publicaprès nos études, raconte Vassilis,mais cela revient en fait à une destructionde l’innovation en Grèce.Personne n’est encouragé à monterson propre projet. » Avec la crise, le« rêve » du public s’estompeaujourd’hui. Sur les plus de700 000 fonctionnaires, 2 000devraient être licenciés d’ici à la finde l’année et 25 000 en 2013.Pour Stavros Messinis, patron dela société de conseil Co-<strong>La</strong>b, les« Nous sommes la nouvelle génération,il faut essayer de monter des projets ici, mêmesi cela implique des sacrifices », soutientVassilis, un jeune entrepreneur. [ANDREAS SOLARO/AFP]Grecs ont un bagage « très théoriquemais peu pratique » à leursortie de l’université. Ce Grec adonc fondé Co-<strong>La</strong>b, une structurequi prodigue depuis 2010 desconseils aux nouveaux entrepreneurs.« Comment structurer unréseau, intégrer le marché du travail,vendre à l’étranger », égrèneStavrosMessinis. Désormais, cesont quelque 60 entreprises quifont appel à ses services. Le jeunedirigeant exhorte les jeunes qui ontdes projets en tête à se lancer dansl’aventure « sans plus attendre ».« Nous avons le choix en Grèce,estime-t-il. Nous pouvons êtremaîtres de notre destin. »« Le problème est que nous pensonstrop local, souligne StavrosMessinis. L’idée aujourd’hui est deproduire ici puis d’exporter. » Defait, de nombreuses start-uplancent leurs activités sur le Webpour commercialiser ensuite leursproduits à l’étranger. Une stratégiequi a fait le succès de l’entreprisede Vassilis Nikolopouos. « À Intelen,notre slogan est “Develop global,expand global” », explique lejeune entrepreneur. Classée parmiles 100 premières entreprisesémergentes de son secteur par unmagazine américain en 2010, Intelena aujourd’hui un portefeuillede 50 clients en Grèce et en Bulgarie.L’entreprise veut désormaistenter de s’installer dans la SiliconValley ! qElisa Perrigueur, à AthènesLe secteur reste très rémunérateur pour lesspécialistes du risque et les commerciaux.Une prime est aussi donnée à l’expérience.Salaires de la finance :le risque paye !>>le bon coup<strong>La</strong> finance ne fait plusrêver les jeunes si l’on encroit un récent sondage réaliséauprès de la « génération Y »qui lui préfère manifestementl’industrie où toutes les différentesfilières du luxe. On estloin des tendances des années1980 et 1990 où la financeconcentrait toutes les ambitionset les rêves d’avenir. Cesecteur est-il aujourd’hui réellementen panne en matière derecrutement ? Où en sont lesniveaux de salaires, quels sontles postes les mieux rémunérés? Dans un dossier consacréà ce sujet et à paraître le18 décembre, le magazine ProfessionCGP fait un point trèsdétaillé.On y constate notammentque cette filière, même aprèscinq ans de crise aiguë, continuetoujours d’être très bienpayée. Commece gestionnaired’actifs de plusde six ans d’expériencequipeut prétendreà un salaire brutannuel comprisentre 65 000 et 150 000 euros.Globalement, « dans uncontexte de crise financière etd’accroissement descontraintes réglementaires, lesprofils techniques et expérimentéstirent leur épingle dujeu », note le magazine.Dans ce contexte, les spécialistesde la gestion des risques,tout comme les commerciauxdits « seniors », se taillent lapart du lion et voient leurrémunération plus qu’épargnée…Avec ce constat pour lemoins encourageant : il existetoujours dans la finance uneprime à la compétence et àl’expérience. Les fourchettesprésentées sont ainsi aussivariées qu’élevées avec unniveau annuel médian plutôtflatteur de 80 000 à 90 000euros. Avec, toutefois, cesérieux bémol : lafilière française laplus dynamique enmatière d’embauchess’essouffle.Il faut dire que la banquecomme l’assurance sontcontraintes de revoir leur stratégiecompte tenu de l’arrivéeprochaine des normes Bâle IIIet Solvency II.Des progrès à fairedu côté de la paritéPar ailleurs, le secteur bancairea récemment décidé deréduire la voilure du côté de laBFI (Banque de financement etd’investissement), après lesdéboires connus par certainsmastodontes dès 2008.Enfin, dans la gestion d’actifs,l’heure est aux rachats de lapart des épargnants dégoûtés150 000 eurosC’est le salaire brut annuel maximalauquel peut prétendre un gestionnaired’actifs de plus de six ans d’expérience.par les marchés financiersdepuis l’éclatement des subprimes.Et nombre de sociétésde gestion sont actuellementaux abois, cherchant par tousles moyens à trouver dessources d’économie pour passerentre les gouttes de cettecrise. Quant à la parité, si lessociétés de gestion offrent deréelles opportunités de carrièreaux femmes, il en estencore différemment dans labanque et l’assurance, commel’assurent les rédacteurs del’enquête du magazine ProfessionCGP. qPascale Besses-Boumard


12L’enquêteLA TRIBUNE VENDREDI 14 décembre 2012tion ». Sylvia Pinel ne s’occupe nides PME, ni de la consommation(dont Benoît Hamon a hérité).Mais en tant que ministre plein,elle a droit à 15 conseillers, alorsque son collègue Cahuzac, qui doitassurer la lourde tâche du redressementdes comptes publics, n’en aque dix, puisqu’il n’est « que »ministre délégué. Dans les couloirsde Bercy, il se murmure que lesconseillers de Sylvia Pinel ne sontpas les plus occupés…Au-delà de ces incohérences, sepose la question de la ligne de politiquedéfendue par l’ensemble duministère. Pierre Moscoviciassume une ligne sociale-démocohabitationLe 139, rue de Bercy n’a jamais accueilli autant de ministres.Bercy : sept capitainLe contexte Michel Sapin avait théorisé unenouvelle organisation de Bercy. Patatras, c’estPierre Moscovici qui en a été nommé le patron.Tout était à repenser.Les enjeux Faute d’une ligne politiqueclairement définie et en l’absence d’un leadershipincontesté, nombreux sont les arbitrages quiremontent à Matignon, et souvent jusqu’à l’Élysée.Ivan BestEn ce 25 juin 2012, lescollaborateurs de SylviaPinel, fraîchementnommée ministre del’Artisanat, du Commerceet du Tourisme, débarquentdans les bureaux de Fleur Pellerin,en charge des PME et de l’Économienumérique, au quatrièmeétage du ministère, rue de Bercy.Objet de la visite : Fleur Pellerindoit déménager, et vite, car elleoccupe un bureau plus grand quecelui de Sylvia Pinel, au mêmeétage. Or, cette dernière vientd’être promue au rang de ministrede plein exercice, alors que FleurPellerin n’est « que » ministre déléguée– ce qui correspond en faitaux secrétaires d’État des gouvernementsprécédents, mais ce statuta disparu, leur traitement étantdécidément trop faible.les derniers arrivéssont au bout du couloirPas question pour Sylvia Pinel delaisser une collègue ministre d’unrang inférieur s’octroyer ainsi unsymbole de supériorité. FleurPellerin refusant d’obtempérer,l’arbitrage de ce douloureux conflitremontera… à Matignon. Jean-Marc Ayrault décidera de laisserles choses en l’état. Fleur Pellerinn’aura pas à déménager.Ainsi vont les gouvernements,ainsi va la vie à Bercy où septministres doivent désormais cohabiter.Du jamais vu. Pour lesbureaux, des solutions ont fini parêtre trouvées, dans le bâtiment desministres du 139, rue de Bercy, plutôtconçu pour accueillir trois ouquatre membres du gouvernement.Les derniers arrivés sontallés s’installer au bout du couloir,dans des locaux jusqu’alors destinésà des conseillers. Construit aumilieu des années 1980, le bâtimentest modulable. On a puOn s’attendait à ceque Pierre Moscovicidevienne le poidslourd de Bercy. Celan’a pas été le cas.agrandir les pièces disponibles…En outre, des négociations arduesont eu lieu sur le stationnementdes voitures des ministres, chacund’entre eux voulant, bien sûr, voirla sienne garée le plus près del’entrée du bâtiment.Mais la question dépasse celledes ego et du confort des sept hôtesde Bercy. Qui fait quoi ? Qui décidequoi ? Aujourd’hui, si les tâchessont a priori réparties, on seraitbien en peine de désigner lecapitaine du navire Bercy, et detrouver une cohérence à l’équipagetel qu’il a été constitué.Sur le papier, tout était pourtantsimple. Structuré. Proche de FrançoisHollande, Michel Sapin avait,peu avant la formation du gouvernement,théorisé une nouvelleorganisation de Bercy : à côté d’unministère chargé de l’Industrie, ilfallait rassembler en un seul pôlele ministère de l’Économie et celuidu Budget, séparés depuis 2002.« Le redressement des comptes sefera par la croissance, disait Sapin.On ne peut donc pas séparer leredressement des comptes [le ministèredu Budget, ndlr] et celui de lacroissance [ l’Économie]. » Va pourun puissant ministre en charge del’Économie, des Finances et duCommerce extérieur, aidé notammentpar un ministre délégué encharge du Budget.Contrairement à ce qui étaitprévu, Michel Sapin n’aura pas leposte, ce sera Pierre Moscovici. Ons’attend alors à ce qu’il devienne lepoids lourd de Bercy.Ce ne sera pas le cas. Si la nomination,après les législatives, d’unministre du Commerce extérieurne dépendant pas de lui (NicoleBricq) ne joue qu’à la marge, laplace prise par Jérôme Cahuzaccompte sans doute plus. Jusqu’àl’affaire de son supposé compte enSuisse, sortie par Médiapart le4 décembre, Jérôme Cahuzac étaitprésenté comme l’une des révélationsde ce gouvernement. De sontitre de « ministre délégué » [aubudget], il a très vite enlevé, dansles faits, le mot « délégué ».Dans les faits, JérômeCahuzac s’occupe de toutSous la droite, les ministres duBudget étaient en charge desdépenses budgétaires, tandis queleurs collègues de l’Économieavaient la haute main sur la politiquefiscale. D’où des conflitsincessants et un schéma peu opérationnel.Pour en sortir, il étaitprévu que Pierre Moscovici définissela stratégie budgétaire et lapolitique fiscale, à charge pourJérôme Cahuzac de la mettre enœuvre. Dans les faits, ce derniers’occupe de tout. Jérôme Cahuzacest si peu « délégué » de PierreMoscovici qu’en cas dedésaccord éventuelentre les deux, l’arbitragedoit remonter àMatignon. Voire à l’Élysée.Cela a été le casavec l’affaire desPigeons, dans laquellePierre Moscovici estmonté au créneau pour faire reculerle gouvernement. Un peu vite,disent certaines mauvaises langues,dans les couloirs de Bercy.Cela a été le cas, aussi, quandJérôme Cahuzac, peu favorable au« choc de compétitivité », a militécontre la hausse de la TVA. Ilaurait préféré jouer sur la CSG, eta défendu cette position à l’Élyséecontre son ministre de « tutelle ».D’autres différends, sur des sujetsmoins cruciaux, sont arbitrés parle chef du gouvernement, alorsqu’ils devraient logiquement l’être© ERIC PIERMONT / AFPLe discret le bateleur Le boxePierre Moscovici S’il gagne de faitbeaucoup d’arbitrages, le ministrede l’Économie peine à imposermédiatiquement sa position.Arnaud Montebourg Le ministredu Redressement productif défend uneligne de gauche affirmée par sa volontéde nationaliser Florange.© THOMAS SAMSON / AFP© PHILIPPE HUGUEN / AFPau sein de Bercy. Ainsi, Sylvia Pineldéfend-elle le statut fiscal desmétiers d’art, auquel s’opposeJérôme Cahuzac… Jean-MarcAyrault devra trancher.En bonne logique, Sylvia Pinelaurait pu être « rattachée » à PierreMoscovici. Mais François Hollandea voulu donner un titre de ministre« plein » à cette représentante duParti radical de gauche, alors mêmeque son champ d’action est sommetoute limité. D’ordinaire, ce sont lesministres en charge des PME –Fleur Pellerin, aujourd’hui – quis’occupent de l’artisanat et du tourisme.Et l’habitude veut qu’on yajoute le dossier « consomma-Jérôme Cahministre déléguéla rigueur auxIl se bat aujourd’


VENDREDI 14 décembre 2012 LA TRIBUNEL’enquête 13Pas facile de savoir qui fait quoi dans un équipage pour le moins disparate.es pour un paqueboten faut, certes – qui ne développepas une vision industrielle de longterme. <strong>La</strong> politique économique,qui passe aussi par la politiqueindustrielle, elle se conçoit ausixième étage du bâtiment desministres, chez Pierre Moscovici,et non au troisième, chez ArnaudMontebourg, estime le ministrede l’Économie.crate, sur laquelle il emmène laplupart des ministres de Bercy,qu’il s’agisse de Benoît Hamon,Nicole Bricq, Sylvia Pinel… Mais ilpeine à exister vraiment, sur cettebase, médiatiquement et politiquement.Même s’il est capable deréunir au débotté 70 députéssocialistes à Bercy, et s’il a suplacer des proches au secrétariatnational du PS. Ses conseillersmettent en avant les nombreuxdossiers dont il a la charge :Banque publique d’investissement,réforme bancaire, etc., sans parlerdes dossiers internationaux. Ce quin’empêche pas le ministre de l’Économied’avoir du mal à convaincrede l’ampleur de la tâche accomplie.Il avait d’ailleurs récemmentprogrammé une conférence depresse, finalement annulée, destinéeà mettre en valeur six mois debilan. Le signe que celui-ci ne sautepas aux yeux de tout le monde.montebourg « agaceparfois » moscoviciEt surtout, il y a l’autre… l’autreministre qui compte, politiquement.Arnaud Montebourg, biensûr. Les relations entre les deuxapparaissent pour le moins complexes.« Arnaud l’agace parfois »,ont pu dire des collaborateurs duministre de l’Économie. Il est vraiLes cinq bâtiments qui abritent le ministère de l’Économie et des Financesportent tous des noms de serviteurs de la royauté française : Colbert, Vauban,Turgot, Sully et Necker… Ici, le bâtiment Colbert. [BERTRAND GUAY / AFP]ur <strong>La</strong> bosseuse <strong>La</strong> diplomate Le bon élève L’indépendanteuzac Grand sportif, leau Budget a su imposerautres ministres.hui contre Médiapart.© ERIC PIERMONT / AFPNicole Bricq <strong>La</strong> ministre du Commerceextérieur se consacre pleinement à sa tâche.Si elle soutient Pierre Moscovici, elle évitede se mêler aux affrontements.© ERIC FEFERBERG / POOL / AFPFleur Pellerin <strong>La</strong> ministre des PMEparvient à bien s’entendre avec son ministrede tutelle, Arnaud Montebourg, mêmesi elle est plus proche de Pierre Moscovici.© FRED DUFOUR / AFPBenoit Hamon Venu de l’aile gauchedu PS, le ministre délégué à l’Économiesociale et solidaire s’entend pourtantbien avec Pierre Moscovici.que Pierre Moscovici a été particulièrement« agacé » par la communicationd’Arnaud Montebourgautour du plan compétitivité. Leministre du Redressement productif,le MRP comme on l’appelleà Bercy, a vendu l’idée qu’il avaitgagné les arbitrages, qu’il avaitdonc inspiré le plan et obtenu descontreparties au crédit d’impôt.Cette communication a fonctionnéquelques jours, mais lavérité a fini par apparaître : decontrepartie, il n’y en avait pasvraiment. D’où la sortie de PierreMoscovici, dans Le Figaro : « Je netiens pas à polémiquer, mais je vaisêtre très clair : j’ai été, dans ma© ERIC PIERMONT / AFPSylvia Pinel <strong>La</strong> ministre de l’Artisanat,du Commerce et du Tourisme est l’unedes trois représentantes du Parti radicalde gauche au sein du gouvernement.fonction, au cœur de la préparationde ce dispositif. […] Je me consacreà mon travail à Bercy en pleineconfiance avec le président de laRépublique et le Premier ministre.Cela suppose une certaine discrétion.Pour plus d’efficacité. »Les mots sont choisis, l’attaquen’en est pas moins rude : discrétionmoscovicienne contre médiatisationéchevelée côté Montebourg.Efficacité contre agitationimproductive. Quand il se veut untout petit peu plus aimable – àpeine –, Pierre Moscovici fait passerun autre message. Il voit enArnaud Montebourg un ministrespécialiste des canards boiteux – il« on fonctionne commeune équipe de campagne »Qu’importe si cela n’est pas toutà fait exact, l’argument faitmouche. Car Arnaud Montebourgse consacre de fait aux secteursd’avenir, avec sa ministredéléguée aux PME et au numérique,Fleur Pellerin. Il multiplieles visites sur ce thème. Mais,d’un point de vue médiatique,cela ne percute pas. Les attributionsdu ministre, qui ne disposecomme administration que d’unmorceau de feu le ministère del’Industrie, n’aident pas au développementd’une vision stratégiquede l’entreprise d’avenir :« Un ministre de l’entreprise quin’a compétence ni sur leur financement,ni sur le développementde leurs ventes à l’export, quelleest la logique, que peut-il faire ? »s’interroge un haut fonctionnaire.En outre, contrairement àla plupart des ministres de l’Industrie,qui peuvent le caséchéant s’appuyer sur le Medef,Arnaud Montebourg ne disposepas du soutien des grandspatrons.« Le problème », poursuit l’un deses collègues, « c’est que Bercyfonctionne un peu comme l’équipede campagne de François Hollande.Plusieurs groupes travaillentparfois en même tempssur des sujets similaires, sans lesavoir, et c’est le chef qui s’assurede rassembler le tout, de faire letri. Ça marche dans un parti, unpeu moins au niveau d’un pôleministériel. »Et si le vrai ministre de l’Économieet des Finances avait sonbureau à l’Élysée et s’appelaitFrançois Hollande ? À l’écouterlors de sa conférence de pressedu 13 novembre, c’est l’impressionqui se dégageait. « Ministrede l’Économie ? Surtout ministrede la Fiscalité », répond un hautfonctionnaire, soulignant le goûtdu chef de l’État pour les sujetséconomiques, mais surtout fiscaux.« Toujours est-il que FrançoisHollande a tout fait pour queBercy puisse se constituer en forteresse.» De ce point de vue, il aplutôt réussi. q


14entreprises & innovationLA TRIBUNE VENDREDI 14 décembre 2012Des graffitis à l’eau et à la lumière. L’artiste AntoninFourneau a pu élaborer son « Water Light Graffiti »,grâce au soutien de Digital Arti. [DR]4 000 eurosC’est ce qu’il faut débourser pour qu’un trio demusiciens d’une certaine notoriété vienne jouerdans votre salon, ou dans votre entreprise, pendant90 minutes. Comptez 1 000 euros pour unduo (piano, saxo…). Une formule qui a déjà séduit,entre autres, la banque HSBC.Saisir les pièces de muséeGrâce à la start-up Virtuasense, le visiteur pourra se saisirdes pièces rares dans les musées afin de les contempler soustoutes les coutures… sans risquer de les faire tomber ! Leprocédé consiste d’abord à numériser les vases, bustes etautres trésors de sorte à disposer de leurs doubles virtuelsà visualiser en 3D sur un écran dédié.artistes du smartphone Aprèsavoir ouvert une galerie en ligne pourles créateurs d’images numériquesoù la valeur de l’œuvre dépend du buzzqu’elle suscite, LimitedPix a mis au pointun procédé pour imprimer des photosd’art prises avec des smartphones.Un service qui se développe au pointde donner lieu à des expositions.Ces start-up qui veulentfaire de l’or avec l’artcréation De jeunes sociétés innovantes remodèlent les relations professionnellesentre musiciens, transforment les fans en e-producteurs, organisent des concertsde jazz chez vous et rendent la pratique de la musique classique plus fun que le rock.Erick HaehnsenLe monde des start-upne se limite pas aue-commerce et àl’« informatique dansle nuage ». Désormais,artistes, ingénieurs et designerslancent des start-up à coups deréseaux sociaux spécialisés et,parfois, de crowdfunding (financementparticipatif avec le grandpublic). Même pas peur ! Selon lesprofils, elles comptent doper lacréation artistique ou la pratiquedes arts. Surtout, elles explorentde nouveaux modèles économiquespour ne plus faire rimerartiste avec pauvreté.Chacun le sait. Même truffés detalents, la majorité des artistes nesavent pas se vendre. Forte de ceconstat, Alexandra Charrier –30 ans, patronne d’une société quiporte son nom, créée en novembre2010 – souhaite inverser la tendanceen lançant en France unnouveau métier : l’organisation deconcerts de jazz à la maison oudans les entreprises. « Je cherche àremettre au goût du jour les spectaclesvivants à domicile »,explique-t-elle. Pour le confort deses clients, elle va jusqu’à s’occuperdu traiteur, privatiser un lieu pourl’événement ou même assurer desservices de conciergerie. Uneaubaine pour les musiciens ! Car,face à l’effondrement des ventes dedisques, les concerts deviennent laplanche de salut économique.Bien sûr, les artistes préfèrentpasser à l’Olympia ou au Stade deFrance plutôt que chez MadameToute-le-Monde. « En fait, mêmeceux qui ont une certaine notoriétéont du mal à trouver des “dates” »,reprend Alexandra Charrier, quia sondé des musiciens et leursagents sur l’intérêt des spectaclesde proximité. Et, de fait, desartistes comme le chanteur dejazz Gregory Porter lui ont dit :« J’aimerais bien jouer pour toi. »Après le radio-crochet,le web-crochet<strong>La</strong> jeune patronne choisit avecson client les instruments, les formations…Quant aux prix, ilsvarient de 1 000 euros pour unduo (piano, saxo) à 4 000 eurospour un trio de musiciens d’unecertaine notoriété qui va jouer90 minutes. Une formule qui adéjà séduit des entreprisescomme la banque HSBC, lasociété d’ingénierie informatiqueOsiatis ou la Web Agency ETO.Même volonté de promouvoirles musiciens pour le site Featurit.com, qui, ouvert en novembre dernier,rassemble déjà 200 créateurs(musiciens, compositeurs, photographes,vidéastes) et presqueautant d’auditeurs : « De nombreuxartistes ont des compositionsnon achevées dans leurs tiroirs :morceaux de musique, paroles,photos, rush de vidéoclips… »,constate le compositeur et producteurJean-Patrick Allouche,PDG fondateur de Featurit.L’idée est simple : partager cescréations sur le site afin de leurdonner une seconde vie grâce à lacollaboration d’au moins deuxartistes. L’un rajoute une ligne debasse, l’autre un solo de guitare…Une fois la création peaufinée,l’équipe publie le résultat, appelé« Feat », sur le site. Après avoirécouté la « démo », les auditeurspeuvent voter (note de 1 à 10).« Nous pouvons alors présenter leséquipes artistiques dont les morceauxaffichent les meilleurs scoresaux producteurs, maisons dedisques, éditeurs et labels indépendantsavec un argument : il y a déjàun public pour ces œuvres »,reprend Jean-Patrick Allouche,qui compte se rémunérer avec unpourcentage sur les contrats decession de droits.« Je cherche à faire participer desartistes connus qui pourraient donnerleur voix a cappella [sansaccompagnement instrumental,ndlr] ou leur musique pour que lescréateurs de Featurit collaborentafin d’accoucher d’une nouvelleœuvre. Le tout en collaborationavec les maisons de disques quibénéficient ainsi d’un mode social


VENDREDI 14 décembre 2012 LA TRIBUNEentreprises & innovation 15Pour « remettre au goût du jour les spectacles vivants »,la jeune entrepreneuse Alexandra Charrier a eu l’idéed’organiser des concerts de jazz à domicile. [DR]pour faire la promotion de leursartistes. À condition qu’ellesacceptent de céder leurs droits… »Encore très expérimentales,mais fort intéressantes, certainesstart-up explorent l’alliance dubuzz et du crowdfunding. Avecplus ou moins de bonheur. À commencerpar la plate-forme WebMyShowProduction, qui invite lesinternautes à coproduire des événementsculturels. En pratique, ilsuffit de s’inscrire sur le site… etde faire « chauffer » sa carte bleuepour acquérir des « parts » surl’événement de son choix. À savoir10 euros dans la limite de1 000 parts. « L’internaute devientalors officiellement “e-producteur”.À ce titre, il touchera un pourcentagesur les recettes engrangéespar l’événement. Le montant finalsera calculé en fonction de soninvestissement initial », expliqueMaximilien Fernandez, créateurde ce nouveau service.Des avantages en naturepour les musiciensPour faire fructifier leur investissement,les e-producteurs sontinvités à assurer eux-mêmes lapromotion de l’événement, parexemple via les réseaux sociaux.Un kit contenant les affiches del’événement – ainsi que des mailspréremplis qu’ils pourront diffuser– devrait bientôt leur êtredistribué. En outre, pour les inciterà miser plus (et gagner plus),les plus gros investisseurs bénéficierontd’avantages en nature. Parexemple, une place gratuite enloge avec quatre amis et uneséance photo avec les artistes.Pour l’heure, le service est encoreau stade du pilote. « Nous avonsdémarré à deux avec du “LoveMoney”. Mais le fait d’avoir développéla plate-forme montreconcrètement le projet. Ce qui aconvaincu deux nouveaux associésqui injectent des fonds et renforcentl’équipe », ajoute MaximilienFernandez.le site prélève 10 %sur les sommes levéesPlus mûre, la plate-forme Ooctoexpose les projets artistiques enrecherche de financements participatifs.Fait notable : un grandnombre de porteurs de projetsdépassent leurs objectifs chiffrés.« Nous avons récolté en quinzejours 114 % des fonds dont nousavions besoin », confirme <strong>La</strong>urentGueirard, batteur du groupe depop-rock-électro Studio Paradise,qui veut réaliser son clip vidéo.Pour les fans-financeurs, l’objectifn’est pas de s’enrichir, mais biende se faire plaisir. « Nous refusonsle système de parts et de retour surinvestissement », résume MaximeCormier, cofondateur du site quiFocusse rémunère en prélevant 10 % surles sommes levées. « Notre philosophie,c’est le partage, pas la rentabilité.» En échange d’un don enargent sonnant et trébuchant,l’internaute-fan reçoit un cadeau :du simple CD dédicacé au véritableconcert privé de plusieursheures, à l’occasion de sonmariage par exemple. Originalité,l’internaute peut égalementtravailler sur le projet en tant quetechnicien. Ce qui dépasse leclassique crowdfunding.Soutenue par Oséo et le ministèrede la Culture et de la Communication,la plate-formed’Oocto s’apparente à un job boarddans le domaine de la musiqueainsi que de l’ingénierie son etlumière. Pour commencer, Ooctos’est contenté de mettre en relation,sans filtrage, des artistes etdes techniciens. Peu à peu, lastart-up a mis en place un réseaude prestataires « certifiés » par sessoins. Autre originalité, l’artisteUn réseau social pour mieux vendreUn Ovni ! Créée par Anne-Cécile Worms en2009, la start-up Digital Arti est le premierréseau social sur l’art et l’innovation, fort deplus de 1 000 vidéo-blogs d’artistes, galeries,festivals, développeurs, codeurs… « Nouslouons ou vendons des œuvres numériques originaleset nous organisons clés en main desévénements d’art numérique pour une communicationinnovante », explique Anne-CécileWorms, qui sélectionne des artistes numériquesinternationaux capables de répondreà un cahier des charges rigoureux pour desbudgets allant de 50 000 à 250 000 euros !Dernière création : la rosace de la gare de l’Estpeut impliquer ses fans en leurproposant des missions bénévoles.Les fans ne touchent alorsaucune rémunération, mais ils ontl’occasion de côtoyer leurs artistesPour les fansfinanceurs, l’objectifn’est pas des’enrichir, mais biende se faire plaisir.favoris. Là encore, Oocto n’encadrepas la prestation, mais fournitun ensemble de « bonnes pratiques» à adopter.Toujours dans le secteur de lamusique, la plate-forme Weezicouvre une très large brèche surl’avenir des start-up artistiques.Pas étonnant qu’elle ait étélauréate du Grand Prix de l’Innovationde la ville de Paris. Créé enjuillet 2011 par trois musiciensà Paris, qui sera illuminée par une œuvre deStefan Perraud en fonction du trafic de voyageurspendant trois mois à partir du20 décembre.Grâce à l’Art <strong>La</strong>b de Digital Arti, l’artiste enrésidence Antonin Fourneau a élaboré« Water Light Graffiti », un mur de LED surlequel le public peint de la lumière avec unpinceau trempé dans l’eau ou avec un pistoletà eau. Magique. <strong>La</strong> vidéo a fait 4 millions devues en août dernier ! Et la demande mondialeexplose. « Nous allons industrialiser leprocédé », poursuit Anne-Cécile Worms quimet déjà les fabricants en concurrence. qamateurs, Weezic réinvente lapratique de la musique classiqueen s’appuyant sur la « partitionaugmentée ». Un peu comme GuitarePro pour le rock, le pop-rocket l’électro. À unegrande différenceprès : « Nous reconstituonsun modèle numériquede l’œuvre enregardant le tempo, lesnuances, les articulationset le phrasé dechaque instrument.Même s’il s’agit d’uneœuvre à 30 instruments », préciseGrégory Dell’Era, directeur généralet cofondateur de Weezic quia suivi un cursus « école etconservatoire » à la flûte à bec etau basson.Outre l’aspect bluffant et trèsludique de cette immersion musicaletrès réaliste, Weezic rendaccessible la possibilité de joueravec un orchestre symphonique.« Moi-même, cela ne m’est arrivéque trois ou quatre fois dans mavie ! Certains musiciens ne l’expérimententjamais », explique GrégoryDell’Era, qui vend chaquemorceau à télécharger entre deuxet huit euros. Autre point fort : lemusicien isole la ligne d’un instrumentet la retire pour jouer àsa place afin de s’exercer. Qui plusest, il ralentit ou accélère… sansperdre la tonalité originale.Mieux encore : en un clic, il transposeen Ut (Do) pour la flûte traversièrela ligne de clarinette (enSi b ou en <strong>La</strong>) duConcerto pourclarinette de Mozart. « Notrepreuve de concept porte sur lamusique classique », reprend GrégoryDell’Era. « Mais nous allonstransposer ce modèle à toutessortes de musiques. » Les rockersrisquaient d’être jaloux ! q


16entreprises & innovationLA TRIBUNE VENDREDI 14 décembre 2012le zoomde la semaineFrance CitéVision, petit opérateur télécoms « alternatif » qui a construit son propre réseau à Amiens,veut déployer ses offres commerciales dans un large nord-ouest de l’Hexagone, entre Paris, Reims,Dunkerque et Caen. Et entend bien se faire une place à côté des « big five »…Le Petit Poucet picard destélécoms a un appétit d’ogreClaire GarnierFrance CitéVisionchange de modèle.L’opérateur de télécomsalternatif (6 millionsd’euros de chiffred’affaires, 60 salariés, 10 000 abonnésà Amiens) qui a construit sonpropre réseau – câble et fibreoptique – à Amiens intra-muros,veut se recentrer sur le servicedans le très haut débit. « Soit nouspouvons mettre un milliard d’eurossur la table pour continuer àdéployer notre propre réseau, soitnous devenons un opérateur de services», a expliqué à <strong>La</strong> <strong>Tribune</strong>Matjas Sawodnik, le directeurgénéral de France CitéVision, dontil a repris les rênes en juin 2012.RepèresLes forfaits : À partir de23 euros par mois (téléphonieet Internet) jusqu’à 54 euros.À partir de 39,90 euros pour un débitde 100 Mbit/s.Les Actionnairesmajoritaires : Cognis Capitalet York Capital, deux fondsd’investissement anglo-saxons.En juin 2012, ces actionnaires,jusqu’alors minoritaires, ont reprisles actifs du fonds américain WestStar, qui contrôlait l’entreprise.Les opérateurs alternatifsIls représentent 5 % du marchédans le triple play (Internet,téléphone fixe et télévision).être présent là oùles grands ne vont pasFort de son expérience d’opérateurtrès haut débit quadruple playà Amiens (Internet, télévisionnumérique, téléphonie fixe etmobile), France CitéVision adécidé de s’attaquer aux marchéssitués en dehors d’Amiens sur unterritoire compris entre Paris,Reims, Dunkerque et Caen. L’opérateurveut se développer sur leszones moyennement denses(zones AMII) en louant les infrastructuresdéployées par les grandsopérateurs privés, comme Orangeet SFR. Dans son viseur : Dunkerque(Nord), Calais et Boulogne(Pas-de-Calais), Saint-Quentin(Aisne), Beauvais (Oise) ou encoreAbbeville (Somme).L’opérateur va aussi proposerses offres commerciales aux attributairesdes délégations de servicepublic (DSP) qui exploitentles réseaux d’intérêt public (RIP)où ne vont pas les grands du secteur.En attendant, par exemple,l’appel d’offres du syndicat mixteSomme Numérique, il envisage deproposer ses services à Tutor(détenu par un fonds d’investissementcanadien et Vinci), présentdans le Calvados et à Covage, enrégion parisienne.Matjas Sawodnik s’est fixé l’objectifde « passer de 10 000 lignesactives aujourd’hui à 100 000 d’icià cinq ans ». Il ne se prive pas derappeler la « spécificité française »d’un « oligopole avec les “big five”que sont Numericable, SFR, Bouygues,France Telecom et Free ». Enface, explique Matjas Sawodnik,« c’est le désert, avec quelquespetits opérateurs sur le segment“pro”, mais pas vraiment d’alternativesur le segment résidentiel ».Pour être présent physiquementlà où il va s’implanter, FranceCitéVision recrutera des commerciauxet dupliquera la stratégiemise en œuvre dans la capitalepicarde : points de vente, centresd’appels, vente à domicile. ÀAmiens, cette stratégie de proximitél’a même conduit à entrer ennégociation avec le CourrierPicard pour intégrer aux forfaitsun accès direct aux contenus de laÀ l’origine, la volontépolitique municipalede créer un pôlede télécoms pourla capitale picarde.version Web du quotidien régional.Sa nouvelle box Samsung estau cœur de sa stratégie commerciale.« Cette box va permettre lecontrôle du direct et la technologiede l’Internet sur la télévision. »France CitéVision entend clairementcapitaliser sur l’expérienceacquise à Amiens depuisdix ans. « Nous sommes un opérateurà taille “bonsaï” avec l’expériencede tous les compartimentsdu métier, une expérience d’investisseur,d’opérateur et d’exploitant,dans le professionnel et dans lerésidentiel », résume MatjasSawodnik.<strong>La</strong> société revendique être le seulopérateur alternatif à disposer decontrats de diffusion avec plusd’une centaine de chaînes, incluantles majors (Canal + et BeInSport),à avoir l’expérience du métier defournisseur d’accèsEn 2007, France CitéVision a joué les pionnières en déployantune dorsale en fibre optique à Amiens. [PASIEKA / SCIENCE PHOTO LIBRARY]Internet et de disposerd’un équipement detéléphonie basé surInternet pouvant gérerplusieurs centaines demilliers de clients. « Cesservices sont interconnectésaux grandscentres de données parisiens et sontdéployables nationalement. »Sur son réseau d’Amiens, FranceCitéVision garantit un débit comprisentre 30 et 100 Mbit/s dansles deux sens (montant et descendant).« Nous sommes le 1 er opérateuren termes de performances duréseau ; le second est Free, loin derrière», assure DidierBlondin, directeur marketing.S’il garantit letrès haut débit à Amiens,c’est parce qu’en l’espacede dix ans, il a investiquelque 40 millionsd’euros dans le déploiementdu câble et de lafibre optique. Un paricertes un peu fou pour…un « Petit Poucet » destélécoms. « C’est à replacerdans le contexte de la volontépolitique d’Amiens de créer un pôlede télécoms », explique MatjasSawodnik.une cible en fonctionde la clientèleDe fait, l’histoire de France Cité-Vision a commencé en 2002 avecun appel d’offres de la villed’Amiens pour le déploiement d’unréseau câble. L’appel avait été remportépar un consortium d’investisseursanglo-saxons, spécialisédans le déploiement de réseauxcâblés aux États-Unis ; pour40millionsd’euros. C’estce qu’a investien dix ansFranceCitéVision dansle déploiementdu câble et dela fibre optiqueà Amiens.déployer le réseau câble d’Amiens,il avait créé une société ad hoc,France CitéVision. En 2007, lasociété avait joué lespionniers en déployant àAmiens une dorsale enfibre optique. Commeelle n’a pas d’infrastructurepour la téléphoniemobile, elle utilise celled’un tiers et a passé unaccord avec un grossistequi lui revend desminutes de communicationsur le réseaud’Orange.Sa politique tarifaire est à la foisliée au contenu du forfait (nombrede chaînes de TV et d’heures detéléphonie mobile) et au niveaude débit choisi. En parallèle, l’opérateurpropose des offres cibléespour ses différents profils declients (étudiants, seniors…).France CitéVision ne prétend pasêtre le moins cher, mais revendiqueêtre le « perceived priceleader », selon la formule de MatjasSawodnik. « Mais ce n’est pastraduisible en français ! » Commepour le froid, tout est une questionde ressenti ! q


VENDREDI 14 décembre 2012 LA TRIBUNEentreprises & innovation 17Clever Cloud, une énergieinformatique intelligente<strong>La</strong> bonne Avec son service Paas (pour Platform as a Service) Clever Cloudopération a retenu l’attention de Kima Ventures, le fonds d’investissementde Xavier Niel, le patron de Free. Du coup, tout s’accélère pour la start-up !Denis Kerdraon, à nantes«Quand vous travaillezdans l’hébergementinformatique et quevous dites que vous avez Xavier Nieldans votre capital, les événementsprennent une autre dimension ».Quentin Adam sait de quoi il parle.Fondateur PDG de Clever Cloud,société évoluant dans le cloud computing,il est soutenu depuis janvierdernier par Kima Ventures, le fondsd’investissement détenu par lepatron de Free et Jérémie Berrebi.Pour autant, il n’a annoncé cetteparticipation qu’après s’êtredonné le temps de peaufiner sonoffre commerciale… Clever Cloud,c’est d’abord une affaire de passionnéset d’aventuriers du Web. Il y adeux ans, Quentin Adam emprunte10 000 euros à la banque, sousforme de prêt étudiant. « Dès ledébut, j’ai recruté six CDI », préciset-il.Avec une idée simple : le jour, lasociété travaille en tant que prestatairede services. Cela la conduit àdévelopper des applications marketingsur Facebook ou encore intervenirsur les bornes Sesam-VitaleonvaparlerdeluiChristophe Grain, fondateur de « Allo Chef alerte en cuisine »Le SAMU des restaurants en difficultéMétamorphosé et miraculé,le restaurant « Le Vitaliano» de Narbonne (Aude) nedésemplit plus. ChristopheGrain, 43 ans, chef étoilé deBourgogne formé par Jean Breton,y est intervenu pendant cinqjours. « Quand je suis arrivé, lepatron et les employés étaientdésabusés. Le changementbrutal du style de l’établissementavait fait fuir lesclients » explique-t-il.Le premier jour, lecoach restaurateurrepère les faillesdu système mis enplace par le nouveaupatron, DamienVitaliano(29 ans) repreneur del’affaire de son père.Christophe Grain a déjà« sauvé » quelque200 restaurants. [topsud]de l’Assurance maladie. De quoidégager suffisamment de trésoreriepour travailler… la nuit, en R&D.Car Quentin Adam sait où il veutmener sa société : pouvoir optimiserpour n’importe quelle applicationWeb le besoin en énergie. Avecaujourd’hui une offre opérationnelledans le Paas (Platform as aService). « Clever Cloud adapte lesQuentin Adam adémarré avec 10 000 €il y a deux ans. Sonunique « concurrent »aujourd’hui : Google !ressources de façon quasi instantanée,définit le jeune PDG. Cela permetau client de se concentrer sur saseule application. »<strong>La</strong> seule autre société à proposerce type de services, c’est… Google. Àla différence que « quand vous vousappelez Google, ce sont les clients quis’adaptent ; quand vous vous appelezClever Cloud, c’est vous qui vousadaptez ». <strong>La</strong> société nantaise adonc mis au point un supportcapable de s’adapter au code duclient. Actuellement, la start-up deneuf salariés réalise encore le principalde son activité dans le service.Mais Quentin Adam compte fairepasser la partie Paas à 80 % pour unchiffre d’affaires attendu à500 000 euros en 2013. Une montéedue à l’offre mais aussi à l’effet« Niel ». « L’annonce de l’arrivée deKima Ventures dans lecapital nous aide », soulignel’entrepreneur.En contact étroit avecIliad, la maison mèrede Free, il reconnaîtaussi que sans elle, iln’aurait pas réussi àmonter le projet.2013 sera donc commercialementimportante. Avec une stratégiecentrée sur les prescripteurs.D’un côté, les agences Web et lesSSII de telle sorte à être connus,référencés et ensuite associés àdes offres. De l’autre, une communicationaccrue auprès de développeursinfluents dans la blogosphère,« car, souligne QuentinAdam, ce sont également des prescripteurstrès importants ». qDès le deuxième jour, le mécanisme« Alerte en cuisine » estappliqué. Les congélateurs sontvidés : « Le Vitaliano » proposedésormais une cuisine à basede produits frais travailléschaque jour.« C’est plus de boulot,mais c’est trois fois moins cher.Et du coup on augmente lamarge. Ici, on épluche lespommes de terre et les carottes.Et on va chercherle saumon tousles jours chezle poissonnier.C’est une des règles debase de la restauration », insistele coach qui a simplifié la carte :5 entrées, 5 plats et 5 dessertsavec une formule imbattablepour le midi à 9,90 euros. Et…trois semaines après l’opérationsauvetage, Damien Vitaliano a,une nouvelle fois, crié « au secours» à Christophe Grain. Maiscette fois, c’est pour faire faceà l’afflux de clients !En vingt-quatre ansd’opérations, le coach asauvé plus de 200 établissementsde la faillite, avec un tauxexceptionnel de réussite de80 %. Il soigne et répare dansle monde entier, de Dubaï àl’Espagne. En 2013, Christophepromet d’ouvrir enfinson restaurant, à Perpignan.qChristian Goutorbe,à Montpellier, Objectif<strong>La</strong>nguedoc-Roussillon<strong>La</strong> chasse auxbactéries, unmarché appétissantla technoà suivreLe marché de l’analyse biologiquecroît de 5 % à 10 %. De bellesperspectives pour Prestodiag, qui lanceral’an prochain son premier kit de détectionrapide de bactéries, à destination desindustries de l’agroalimentaire.Quelquesheuressuffisent pouravoir lesrésultatsd’analyse,contre 1 à3 jours pourles systèmesconcurrents.[Prestodiag]Consommer des plats cuisinésou tout autre metscontenant des bactériespeut s’avérer mortel. Chaqueannée, les infections alimentairescausent en France plusieurscentaines de morts. Sanscompter les dizaines de milliersde patients hospitalisés. Dans cecontexte, repérer dans les platscuisinés, les viandes ou les fromages,la présence de Listeria,de Salmonella ou d’EscherichiaColi avant leur mise en vente estune question de salubritépublique mais aussi un enjeuindustriel. « Aujourd’hui, lesentreprises doivent attendreentre un et trois jours pour obtenirles résultats d’analyse microbiologiqueavant de vendre ounon leur production », fait valoirThibaut Mercey, 34 ans, présidentcofondateur de Prestodiag.Un marché estimé à1 milliard de dollars« Notre système repose sur unbiocapteur contenant unedizaine d’anticorps différents surlesquels les bactéries viendronts’accrocher par affinité »,indique Félix Piat, jeune ingénieurAgroParisTech et cofondateurde Prestodiag. « Mêmeinfime, la présence de cesintruses sera automatiquementrepérée par notre lecteur optiquequi agit comme une sorte demicrobalance afin de détectertoutes modifications du signal dela biopuce. »Grâce à ce système de détectionqui combine simultanémentla culture des micro-organismeset leur analyse, quelquesheures suffisent pour détecterdes bactéries. Contre un à troisjours donc, voire davantage,pour les systèmes existants, lesquels,à la différence du systèmede Prestodiag, procèdent demanière séquentielle (d’abord laculture des bactéries, ensuitel’analyse biologique). À l’origine,le biocapteur a été développépar un des cofondateurs dePrestodiag, à savoir, ThierryLivache, directeur du laboratoireCreab (Chimie pour lareconnaissance et l’étude d’assemblagebiologique) au CEA.Quant au lecteur optique, il a étéconçu par Thibaut Mercey, ingénieurSupOptique de formation.Créé en mars dernier, Prestodiagse positionne sur un marchéd’un milliard de dollarspour plus de 140 millions d’analysespar an, en croissanceannuelle de 5 à 10 %. « Pour lapremière année, nous comptonsvendre plusieurs centaines voireplusieurs milliers de kits etquelques dizaines de lecteursoptiques », poursuit ThibautMercey, qui compte lancer lacommercialisation de ses produitsen juin prochain pour unvéritable décollage dans deuxou trois ans. D’ici là, la start-upcompte attirer dans son capitalde nouveaux investisseurs.qErick Haehnsen


18entreprises & FinancementLA TRIBUNE VENDREDI 14 décembre 2012le zoomde la semaineEn dépit de la multitude de structures publiques de financement, les sociétés innovantes peinent à trouverdes crédits et des capitaux pour couvrir leurs besoins. Au-delà de l’entrée en action de la BPI début 2013,certains experts lorgnent les fonds placés en assurance-vie dont une partie pourrait soutenir l’innovation.L’innovation en mal de fondsFabio Marquetty<strong>La</strong> crise, couplée audurcissement descontraintes réglementaires,notamment enmatière de fondspropres, dans les secteurs de labanque et de l’assurance, a restreintl’accès au financement pourles structures de petite, voire demoyenne taille. Certes, l’économiefrançaise est loin du credit crunch,mais l’érosion est là. D’après lesdonnées de la Banque de France,le montant des encours de créditsalloués aux PME indépendanteset aux microentreprises s’estcontracté à partir du mois de juilletpour atteindre 139,5 milliardsd’euros en octobre, contre141,2 milliards d’euros trois moisplus tôt. Or, cette catégorie desociétés recèle un riche vivier destructures innovantes. « Il estaujourd’hui difficile pour des sociétésinnovantes de trouver des créditset des capitaux pour couvrirleurs besoins en financement. À lafois durant la phase d’amorçage,mais aussi lors de l’accompagnementde la société dans la mise surle marché ( lancement industriel etcommercial) de son produit », souligne<strong>La</strong>ure Reinhart, directricegénérale déléguée d’Oséo et de safiliale Innovation.Le risque d’échecau démarrage est grandCréé en 2009 dans le but de« contribuer à l’émergence de PMEinnovantes dans les secteurs définispar la stratégie nationale pour larecherche et l’innovation (SNRI) »,le fonds national d’amorçage estaujourd’hui doté de 600 millionsd’euros. Mais il ne peut pasrépondre à toutes les demandes.Et pour cause : la problématiquene s’arrête pas aux paillasses delaboratoires. Le public concernéest plus large. Selon Jean-FrançoisMarraud, président de lacommission finance du ComitéRichelieu, association Françaisedes PME innovantes, « il existeégalement une innovation d’usagequi consiste à utiliser des technologiesdéjà existantes pour proposerune offre nouvelle ». De son côté,Philippe Gluntz, président de laFédération française des businessangels, qualifie cela d’« outil dedifférenciation par rapport à laconcurrence aux travers de lacombinaison de plusieurs technologies». Pour lui, c’est à ce niveaulàque l’on crée le plus d’emplois.© CLAUDIUS THIRIET / BIOSPHOTODes aides publiques…600 millions d’eurosC’est la somme dont dispose le fonds nationald’amorçage (FNA), dont le but est d’améliorerle financement en fonds propres des PMEinnovantes. Géré par le groupe CDCEntreprises, le FNA doit investir des montantscompris entre 5 et 35 millions d’euros.Dans tous les cas, le risqued’échec au démarrage resteimportant, tant sur plan industrielque financier. L’État, via ses véhiculesCDC Entreprises, Oséo ouencore le Fonds stratégique d’investissement(FSI), joue un rôleessentiel. « Notre présence constituesouvent un facteur déclenchantpour d’autres investisseurs. Nousavons mis en place le PPA, qui estun prêt à huit ans d’un montantmaximum de 150 000 euros, si laRégion intervient en garantie, etqui permet de financer les projetsd’entreprises très en amont »,observe <strong>La</strong>ure Reinhart.En 2012, l’objectif d’Oséo entermes de crédits porte sur uneenveloppe de fonds distribués de4,8 milliards d’euros. Pour lapartie « haut de bilan » (fondspropres), le FSI intervient en tantqu’actionnaire minoritaire.Depuis le début de 2009, les fondsqu’il a créés et ceux qu’il contribueà financer ont investi plus de7 milliards d’euros dans plus de1 800 entreprises.Reste que ces dispositifs ontbesoin aujourd’hui de la sphèreprivée, et inversement, pourdisposer de suffisamment de carburant.Et c’est bien là que le bâtblesse. Affectées par l’éclatementde la bulle des subprimes, les activitésde banque de financement et… pour faire éclore les PME150 000 euros<strong>La</strong> filiale Innovation d’Oséo a mis en placeun prêt participatif d’amorçage (PPA),prêt à huit ans d’un montant maximalde 150 000 euros, si la Région intervienten garantie, qui s’adresse aux PME innovantescréées depuis moins de cinq ans.DES SOMMES QUI NE SONT PAS à LA HAUTEUR DES ENJEUX (en millions d’euros)2008 2009 2010 2011CAPITAL RISQUE 203 101 163 121INTRODUCTION EN BOURSE 12 0 114 82REFINANCEMENTS 0 169 183 74Évolution du financement de biotech et medtech entre 2008 et 2011. Source : France Biotech et Ernst & Young«L’argent estdans le circuitmais mériteraitd’être utilisé plusintelligemment. »André Choulika, président del’association France Biotech© DRd’investissement ont perdu deleur rayonnement. Même constatpour les business angels, dont lacollecte a fondu de 1,13 milliard à736 millions d’euros entre 2008et 2011. « Auparavant, les fonds decapital-risque venaient avec nous,mais maintenant c’est compliqué.Il est devenu difficile de lever degros montants », déplore PhilippeGluntz. Les marchés boursiers nesont pas mieux lotis. Même si unegrande majorité des dernièresintroductions sur Alternextconcernait des sociétés de biotechnologies,les sommes levéessont souvent symboliques parrapport aux grandes opérationsd’il y a encore cinq ans.Conséquence, dans certainssecteurs, « les initiateurs des projets,les créateurs d’entreprise euxmêmessont moins nombreux »,s’inquiète André Choulika, présidentde l’association France Biotech.Et d’ajouter : « Il est fondamentalde soutenir les velléités desjeunes entrepreneurs. » De fait, lesliquidations des entreprisesmembres du réseau, passées de 5à 25 entre 2008 et 2011, sontdésormais plus nombreuses queles créations (24 en 2011). Et celaalors que les ressources disponiblesde ces mêmes sociétés debiotechnologies se sont contractéesde 40 % en un an.Toutefois, certains, commeJean-François Marraud, estimentque toutes les sources de richessesne sont pas bien exploitées. Selonlui, « il y a un vrai problème defléchage de l’épargne des particuliersdont les Livrets A sontpleins ». Un avis que partageAndré Choulika : « Les Françaisépargnent 18 % de leurs revenus et1 300 milliards d’euros sontaujourd’hui placés sur des contratsd’assurance-vie. Outre-Atlantique,les fonds de pensions ont l’obligationd’allouer 3 à 5 % de leursencours au financement de l’innovation.<strong>La</strong> France pourrait s’eninspirer. L’argent est dans le circuitmais mériterait peut-être d’êtreutilisé plus intelligemment ».<strong>La</strong> BPI alimente…les discussionsEn attendant de pouvoir comptersur les flux de capitaux privés, lamise en place, très attendue, de laBanque publique d’investissement(BPI) alimente les discussions.Notamment sur la répartition desrôles entre les entités existantes.« Il ne faudrait pas que cela serésume à un ajout de couchessupplémentaires, mais que le projetprivilégie une approche transversale», commente André Choulika.Jean-François Marraud, quant àlui, s’interroge sur le sort réservéaux Régions qui ont sensiblementrenforcé leur action sur le terrainau cours des dernières années.« <strong>La</strong> question est de savoir si l’ons’oriente vers une gestion centraliséedes dossiers ou si le champd’action des régions sera élargi »,observe-t-il. Actuellement à l’examenau Sénat, le projet de loi serasoumis à un vote définitif le18 décembre. Si tout se passecomme prévu, une première réuniondu conseil d’administrationaura lieu à la fin de janvier. « Cesera un choc de cultures, mais je nesuis pas très inquiet. Cela permettrad’obtenir des regards croisésintéressants entre tous les acteursdéjà en place », glisse une sourceproche du dossier. q


VENDREDI 14 décembre 2012 LA TRIBUNEentreprises & Financement 19Les nouveaux challenges de Défielle cherchede l’argentLe fils du fondateur de Défi, une entreprise spécialisée dans les publicités spectaculaires, vient de la racheter augéant américain Clear Channel. Il veut accélérer son développement à l’international et démarcher toutes lesvilles de plus d’un million d’habitants. Il a de quoi faire.Les toiles sur échafaudages, une activité quel’afficheur souhaite voir prendre de l’ampleur. [DR]Pascale Besses-BoumardLe groupe Défi se prépare àune nouvelle vie. <strong>La</strong> sociétéspécialisée dans la publicitéspectaculaire (enseignes lumineusessur le toit d’immeubles,toiles publicitaires sur les échafaudages)et créée voici trente-sept anspar Gaétan Deodato avait été rachetéeen 2000 par le géant américainClear Channel Outdoor. Aprèsavoir participé à son développementpendant douze ans, le groupede San Antonio (Texas) vient d’accepterde revendre cette sociétéfrançaise au fils de son fondateur,Erminio Deodato. Pour cette acquisition,le nouvel actionnaire majoritairea été accompagné par lefonds de private equity Edmond deRothschild Investment Partners(qui a récupéré 49 % du capital).En fait, Erminio, qui n’avaitjamais quitté l’entreprise et enavait même repris les rennes en2005, voulait retrouver toute latitudepour mettre en œuvre les axesstratégiques qu’il souhaitait. Déjàtrès internationalisée (la sociétéréalise 85 % de son chiffre d’affaireshors de France), Défi aencore de nombreux challenges àrelever. « L’entreprise est à l’aubed’un important essor. Nous voulons,par exemple, aborder de nouvellescibles notamment au Moyen-Orientou en Inde, saisir des opportunitésde croissance externe en rachetantdes concurrents situés dans d’autresvilles du monde, ou encore focalisernos efforts sur toutes les villes deplus d’un million d’habitants »,précise le président du groupe.40 millions de chiffred’affaires en 2011Aujourd’hui, l’installation d’enseigneslumineuses sur les toitsd’immeubles représente 70 % del’activité de l’entreprise et génèrel’essentiel des résultats. Défi adégagé 40 millions de chiffred’affaires l’an dernier et emploieune centaine de personnes. « Lesproblèmes administratifs enFrance sont nombreux. Nousavons plus de facilités dans lesLe groupe a déjà faitconstruire une usinede productiond’enseignes en Asie.autres pays du monde et notrechamp d’investigation est énorme,chaque ville étant un client potentiel», assure Erminio Deodato.Pour un meilleur équilibre stratégique,le dirigeant souhaiteraitd’ailleurs que le poids des toilessur échafaudages prenne de l’ampleurdans l’activité du groupe.Or pour cela il faut aller là où lesconstructions sont nombreuseset donc bien évidemment plutôtdans les pays émergents.Pour l’heure, le patron de Défigère le développement de songroupe avec la trésorerie enplace : « <strong>La</strong> croissance organiquene nécessite pas beaucoup de capitaux.Idem pour lespetites opérations d’acquisitionsde concurrents.En revanche, sinous devions nous positionnerpour un ou plusieursrachats d’envergure,nous devronsrevoir nos banquiers pour négocierde nouveaux financements », précisele numéro un de Défi. Lors durachat de la participation deClear Channel Outdoor, touteune série de véhicules de financementa été mise en place, dontune dette senior avec le concoursde BNP Paribas, la Caissed’épargne d’Île-de-France, maisaussi Bank of China en Asie, legroupe y ayant fait construire uneusine de production d’enseignes.Du côté de la dette mezzanine,c’est CDC Entreprises qui a misla main à la poche.<strong>La</strong> contraction du marchépublicitaire, logiquement touchépar la récession qui a tendance àse généraliser en Europe va-t-ellepénaliser l’activité de Défi ? « Ongère la crise depuis 2008. Et lessituations manifestement problématiquessont parfois desaubaines pour nous. Comme lachute du mur de Berlin qui nous afinalement permis de signer denouveaux contrats. Nous avonsactuellement un carnet de commandesde 80 millions d’euros. Or,lorsque nous signons un accordavec un client, ces contratss’étendent sur des durées allant detrois à six ans, voire vingt ans.Nous avons donc de quoi voirvenir », explique tranquillementErminio Deodato. qUn coup de pouce pour les jeunes pousses du Sud-Ouestnouveau etintéressantAérospatial,santé,informatique… Le Sud-Ouestne manque pas de start-upinnovantes. Ou, plus exactement,de projets de start-up.Toute la difficulté pour les « GéoTrouvetou » consiste en effet àtrouver l’argent nécessaire pourpasser du stade de la bonne idée àcelui de la création d’entreprise.« Même si le capital amorçageconstitue la partie la plus risquéedu private equity, le thème de lacréation d’entreprises par valorisationde la recherche publique etprivée devrait nous conduire à desniveaux de TRI (taux de rentabilitéinterne) à deux chiffres », reconnaîtThierry Letailleur, présidentde l’Institut régional de développementindustriel de Midi-Pyrénées(IRDI).Pour pallier ce déficit en capital dedémarrage, et dans le cadre desstratégies régionales de l’innovation(SRI) mises en place pour lapériode 2007-2013, sous l’impulsionde la Commission européenne,les régions Aquitaine et Midi-Pyrénéesviennent de lancer un fondsinterrégional d’amorçage. BaptiséIRDInov, ce dernier investira dansdes start-up issues de centres derecherche publics et privés, dans lesrégions Midi-Pyrénées, Aquitainemais aussi Limousin.Trois domainesd’excellence ciblésParmi les secteurs visés figurenten première ligne l’agro-industrie,l’aérospatial et la santé, troisdomaines d’excellence du Sud-Ouest.Pour ce faire, IRDInov vient deréaliser un premier closing de25,2 millions d’euros. Sur cettesomme, 4 millions ont été apportésà parité par les régions Midi-Pyrénées et Aquitaine. L’IRDI, luiaussi, a mis 4 millions dans cenouveau fonds et plusieursbanques, comme la Caissed’épargne de Midi-Pyrénées, lesCaisses régionales du Crédit agricoleAquitaine et BNP Paribas,ont injecté 2,2 millions d’euros, autotal. Mais le plus importantcontributeur est le fonds nationald’amorçage (FNA), avec 15 millionsd’euros.Celui-ci, géré par CDC Entreprises,pourrait d’ailleurs remettreau pot d’ici à la fin de 2013, date àlaquelle IRDInov espère être dotéde 35 millions d’euros. Dans cetteoptique, « la région Limousin serasollicitée », indique ThierryLetailleur. Qui affirme par ailleursque « dans le cadre de la deuxièmetranche de souscription de 10 millionsd’euros, l’IRDI devrait renforcersa position de souscripteurd’IRDInov aux côtés du FNA ».D’ici là, IRDInov aura procédé àde premiers investissements, pourdes tickets compris entre 150 000et 3 millions d’euros. q Christine Lejoux


20territoires / franceLA TRIBUNE VENDREDI 14 décembre 2012DécentralisationQu’elle est loincette réformequi devaittout changer !Le texte tant attendu par les territoires s’annoncemoins ambitieux et beaucoup plus centralisateurque prévu. Le gouvernement n’est pasencore parvenu à lui donner un sens politiquefort. Retour sur quelques malentendusque les tentations jacobines ont entretenus.«Jean-Pierre GonguetNous sommesencore dansune période oùles partis sontprisonniers deleurs élus qui les empêchent d’allerplus loin, et l’État toujours prisonnierde son organisation administrativeet territoriale. » Clotilde Valter,députée socialiste du Calvados,résume ainsi la crise de tétanie politiquesur la décentralisation.Elle connaît les deux versants duproblème : haut fonctionnaire, rompueaux débats et conflitsavec la préfectorale (LionelJospin l’avait chargéedes questions de sécuritéà Matignon), mais aussiconseillère générale duCalvados et, depuis juin,députée. Haut fonctionnaireet politique. Elleétait rapporteur sur la loide création de la BPI et aainsi parfaitement vu lesincompréhensions entresocialistes sur la notion même dedécentralisation : « Lorsque Jean-Paul Huchon venait en commissiondire que la formation et l’emploiallaient être décentralisés, c’étaitfaux. L’État garde sa compétenceemploi et formation. C’est encoreplus évident sur la politique industrielle: ce n’est pas la Région qui faitou qui fera la politique industrielle,c’est l’État. Les Régions sont disparateset parfois trop petites, ce n’estpas à chacune d’elles de créer sesfilières industrielles. »45 %de l’activitéd’Oséo se situeen Île-deFrance. Lespetites etmoyennescollectivitésrestent encorepeu épaulées.Entre des élus, qui ont un peutrop attendu de la décentralisation,et la haute fonction publiqueil y a un grand fossé : « Lorsque,sur la BPI, des présidents deRégions viennent dire qu’ils neveulent pas de la présence du préfetde Région dans les comités d’orientationbudgétaire régionaux, on estoù ? » s’interroge la députée.Il est surtout questionde « modernisation »Clotilde Valter croit au rôle centralde l’État. Elle n’a jamais penséque les Régions « avaient vocationà devenir des Étatsnations» et elle a toujoursLes objectifs Si elle concerne au premier chef lescollectivités locales, la politique de décentralisation peuts’analyser comme une politique publique impulsée etconduite par le sommet de l’État. Les deux grands momentsde la décentralisation se sont concrétisés par l’adoption deslois Defferre en 1982-1983, puis la réforme constitutionnelleexpliqué que la BPI étaitun geste de déconcentration,pas de décentralisation.L’avant-projet de« loi de décentralisationet réforme de l’actionpublique » que MaryliseLebranchu, ministre de laRéforme de l’État, de laDécentralisation et de laFonction publique etJean-Marc Ayrault ont discutécette semaine avec les associationsd’élus a surpris le landernau socialiste,car il est profondémentimprégné, lui aussi, de cette logiquejacobine : il s’agit plus d’y réaffirmerle rôle stratège et organisateur del’État que de réaliser un véritablenouvel acte de décentralisation.Serge Morvan, directeur généraldes collectivités locales (et rédacteurde cet avant-projet pour laministre) avait d’ailleurs prévenuil y a quelques semaines. Pour rassurerdes préfets inquiets et pasforcément acquis aux bienfaits dusocialisme, il avait expliqué, enpetit comité, qu’il ne travaillait passur une loi de décentralisationmais, simplement, sur un texte de« modernisation de l’État ». EtManuel Valls, ministre de l’Intérieur,n’a pas dit autre choselorsque, face aux préfets et auxhauts fonctionnaires, il a, horsmicros et caméras, longuementexpliqué que « la France a plus quejamais besoin d’un État fort, d’unÉtat stratège ». Pour le ministredes collectivités locales, en matièrede sécurité comme en matière économique« le citoyen exprime unedemande forte d’État, une demandede protection en temps de crise ».<strong>La</strong> gauche jacobine et centralisatrice,celle de Manuel Valls, deBercy ou, assez étrangement, deMatignon, a pour l’instantemporté, du moins avant le débatparlementaire, la première manchesur le nouvel acte de la décentralisation.L’éternel affrontemententre les gauches jacobines etgirondines a même fait des dégâtsau sein du cabinet de MaryliseLebranchu. Son directeur de cabinet,Serge Bossini, a sauté débutoctobre. Plus politique que technique,plus ouvert aux idées nouvellesque patient face à l’inertie dela haute fonction publique, pasforcément enclin à travailler avecles élus, il a perdu bon nombre deses arbitrages, puis, logiquement,son poste lors de cette intense rentréede septembre. Gérard Collomb(avec la création des eurométropoles)a parfaitement comprisque la méthode Hollande était trèsfavorable aux lobbyistes de touscrins. « Pendant dix ans, expliquele maire de Lyon, nous noussommes opposés aux réformes desgouvernements de droite. Maisjamais nous ne nous sommes misd’accord entre nous, entre socialistes,entre élus, sur ce que nousvoulions. » Résultat : en 2012, c’estle chacun pour soi, chaque élu,chaque association d’élus allant àMatignon, à l’Élysée ou chezMarylise Lebranchu arracher unmorceau de texte. Et comme lecadre n’est pas fixé fermement audépart, le dernier élu qui parledéfait ce qui a été construit laveille. Tous sont socialistes, personnen’est d’accord et chacun acherché à gravir le perron élyséen.Et, naturellement, en découvrantl’avant-projet de loi, certainssont tombés de haut. Le maired’une grande ville qui avait ainsipassé beaucoup de temps à crapahuterdans les couloirs ministérielsces dernières semaines s’estécrié : « Mais, ce n’est absolumentpas ce sur quoi nous nous étionsmis d’accord ! » Le sujet ? Lesmétropoles. Un cas d’école. Lesmaires de grandes villes et lesprésidents de communautésurbaines demandaient un systèmerelativement souple : ils voulaientse constituer en métropole nonpas en fonction de leur nombred’habitants, mais en fonction deleur dynamisme. Ils avaient réagiau fait que les premières versionsdu texte comportaient une liste devilles qui pouvaient prétendre à


VENDREDI 14 décembre 2012 LA TRIBUNEterritoires / france 21focusDes préfets réticents<strong>La</strong> décentralisation coûte plus cher que la centralisation.C’est en tout cas le point de vue exprimé par l’Associationdu Corps préfectoral et des Hauts Fonctionnaires duministère de l’Intérieur dans une note à MaryliseLebranchu et Manuel Valls du 4 octobre. L’associationque dirige Daniel Canepa, préfet de l’Île-de-France(nommé par Nicolas Sarkozy), défend une double idée :s’il « est difficile d’affirmer que les deux précédents actesde décentralisation ont montré leur efficacité et que lespolitiques actuellement décentralisées sont gérées plusefficacement que si elles l’étaient par un État déconcentré »,il paraît « utile de démentir cette contrevérité que le fonctionnementde l’État dans son périmètre actuel coûte pluscher ». Et l’Association, après avoir cité moult rapports,estime qu’aucune décentralisation ne sera économe si« elle n’est pas accompagnée d’une réduction du coût globaltous services publics confondus en évaluant les coûtsdirects en personnel de part et d’autre, les coûts induits parle travail en partenariat et les coûts induits par les excèsde normes ». Les préfets admettent la réorganisation deleur corps, la suppression de certains d’entre eux, de souspréfecturesou des services, mais à condition que les élusen fassent autant, voire plus ! Le corps préfectoral, trèspeu modifié depuis le 6 mai, est sur cette ligne et ladéfend. « <strong>La</strong> non-volonté de chasse aux sorcières deFrançois Hollande est assez ahurissante, estime un préfetproche des socialistes. Si l’on veut mettre en place de nouvellespolitiques publiques, il faut de nouvelles têtes. Maisen dix ans, Nicolas Sarkozy qui a surveillé toutes les nominations,y compris la plus infime, a modelé un corps préfectoralet une haute fonction publique très proche de lui.C’est aussi l’une des raisons de la faiblesse de l’actuel textesur la décentralisation : le corps préfectoral a été malmené,il ne sait plus où il va, et beaucoup ont été nommés quin’auraient jamais dû l’être. » q J.-P. G.Avec « l’avant-projet de loi de décentralisation et réforme de l’action publique », Marylise Lebranchu, ministrede la Réforme de l’État, et Jean-Marc Ayrault ont réaffirmé le rôle organisateur de l’État. Un rôle de « stratège »que Manuel Valls, ministre de l’Intérieur, a confirmé devant les préfets. [JACQUES DEMARTHON / AFP]en 2003. Elles marquent la volonté politiqued’opérer une redistribution des pouvoirsentre l’État et les collectivités locales aveccomme objectifs une meilleure efficacité del’action publique et le développement d’unedémocratie de proximité.être des métropoles européennes(Lille, Lyon et Marseille), uneavec un statut indéfini (Paris) etd’autres (Bordeaux, Toulouse,Nantes, Nice, Strasbourg, Grenoble,Montpellier et Rouen) quiauraient pu être des métropolesurbaines. Question : pourquoiRouen et pas Rennes, pourquoiNantes et pas Metz ? « Favorisonsplutôt des communautés qui ontenvie de se constituer en métropolesparce ce qu’elles sont dynamiques», a plaidé Michel Destotle président de l’Association desgrandes villes. Peine perdue :Marylise Lebranchu a suppriméles noms, mais introduit un seuild’habitants pour se constituer enmétropoles (450 000 habitantsdans une première version,400 000 dans la dernière).Si les eurométropoles (Lille,Lyon et Marseille) ont bien obtenula compétence économiquequ’elles visaient, les métropolesurbaines ne l’ont pas, elles, de pleindroit. À quoi sert de se constitueren métropole, geste politiqueimportant, s’il faut, en plus,demander la permission à laRégion pour aider les entreprises ?la règle du « celui quipaie décide » prévautLe mode de création de cesmétropoles est un peu étonnant,relève un vieil habitué desréformes territoriales : « <strong>La</strong> définitiondes eurométropoles et communautésmétropolitaines est quasiidentique à celles des Communautésurbaines, d’agglomérations oude communes. Cela correspond trèsL’avant-projet de loi dedécentralisation et de réforme de l’actionpublique a fait l’objet d’ultimes arbitragesà Matignon le 10 décembre, et à l’Élysée, le 11.Il sera transmis début janvier au Conseild’État et en conseil des ministres le 6 février.mal au principe affiché de rayonnementnational et européen, etjustifie mal la création de ces deuxcatégories supplémentaires, sansvéritable valeur ajoutée quant àleur fonction sur le territoire nationalou au-delà. » Comme si le gouvernementavait rogné les ailes desmétropoles avant même qu’ellesdécollent. Pour le dire autrement :les élus sont en train de découvrir,à travers cet avant-projet, un texteoù l’État veut surtout en lâcher lemoins possible et contrôler la pluspetite innovation (la métropole) !Le texte respecte ainsi la promessede campagne de François Hollandede créer un « Haut Conseil desTerritoires ». Mais, rien n’obligel’exécutif à le saisir…En revanche, nul n’avait parléd’une loi de finances pour lescollectivités locales. Il semble bienque ce soit Claudy Lebreton, leprésident de l’Association desdépartements de France qui l’ait« vendue » à François Hollande enseptembre. Mais comme « l’Étatn’a plus d’argent, explique un présidentde conseil général, il atrouvé avec cette loi un magnifiquemoyen de contrôler, via le Parlement,celui des collectivités », doncil a repris l’idée.Nul non plus n’avait parlé d’un« schéma stratégique national dudéveloppement économique pourune durée de cinq ans », dans lecadre duquel les Régions vontdevoir bâtir leur propre schémarégional de développementéconomique et d’innovation et leurstratégie d’aides aux entreprises.C’est la version jacobine du « pactede confiance » que l’Élysée souhaitaitétablir avec les collectivités,pour ceux qui auraient cru qu’unpacte de confiance était un pacteoù l’on faisait confiance à son partenaire…Cette absence deconfiance affichée s’est avancéemasquée mais elle transpire aussibien dans le texte sur la décentralisationque dans les débats sur laBPI. Dans les deux cas, l’État veutcontrôler l’intervention publiqueéconomique. Comme le souligneClotide Valter à propos de la BPI,« la présidence d’un comité d’engagement,ce n’est pas la place d’unélu ». Et elle rajoute, « celui quipaie décide ». Or, les Régions nepaient pas…Avec ces textes, il apparaît en faitque les seules collectivités quipourront être un peu autonomesseront les plus riches. Comme lafuture Eurométropole lyonnaiseou la future région Île-de-France(à moins, bien sûr, qu’une Eurométropolesolide se constitue autourde Paris, ce qui est actuellementassez peu probable). Elles onttoutes deux la taille politique etéconomique pour discuter endirect avec les banques et les entreprises,sans que l’État les importune.45 % de l’activité d’Oséo est,par exemple, en Île-de-France, etla banque travaille en parfaite harmonieavec la Région : elles subventionnent,bon an mal an, unedizaine de milliers d’entreprises.BPI ou pas, décentralisation oupas, elles continueront à en faire deplus en plus. En revanche, lespetites, moyennes ou grandesintercommunalités, grandes perdantespour l’instant du nouvelacte de décentralisation (le gouvernementn’a pas voulu heurter lelobby des 36 000 maires deFrance) sont aussi peu épaulées etpeu libres de leurs mouvementsqu’auparavant. L’inégalité territorialepeut s’en trouver renforcée. q


22territoires / franceLA TRIBUNE VENDREDI 14 décembre 2012Mulhouse fait défilerses employés : bingo !nouveau et Pour la première fois, le Grand Prix du jury de Cap’Comintéressant a consacré, à Montpellier, une initiative de communicationinterne : l’autopromotion des agents de l’agglomération alsacienne.Christian Goutorbe,à Montpellier,Objectif <strong>La</strong>nguedoc-RoussillonL’Auvergne, pionnièrede la ruralité connectéenouveau etintéressantAvec ses 6 000 habitants, la communauté de communes duPays de Murat (Cantal) est en passe de devenir une référencenationale dans le domaine du télétravail.Quoi de commun entreune spécialiste del’émaillage sur lave, uneRusse installée en France, exportatricede produits cantaliensvers l’Oural, et un jeune autoentrepreneur? A priori, rien.Sauf qu’ils sont installés au cœurdu Cantal, dans la communautéde communes du Pays de Murat,pionnière dans le développementdu télétravail. Une collectivitérurale devenue une référence enmatière d’économie numérique,au point d’être sollicitée pourson savoir-faire.« Nos 13 communes regroupentprès de 6 000 habitants, soit moitiémoins qu’il y a cinquante ans,constate Bernard Delcros, le présidentde la communauté decommunes. Nous sommes unterritoire de montagne, rude, quia connu un fort exode rural. NousLes autres lauréatslorient ( Catégorie Animer leterritoire : 1 000 visages pour unefresque à la mémoire d’Éric Tabarly.tours ( Catégorie Faire évoluerles comportements : campagnesur la réduction des déchets.paris ( Catégorie Accompagnerprojets et chantiers : Ville de Paris,Direction voiries et déplacements.région pays de la loire (Catégorie Faire comprendrel’institution : campagne auprèsdes 15-30 ans.université de poitiers (Catégorie Promouvoir le territoire :communication plurimédias.paris ( CatégorieCommunication Interne,campagne Résonances.caen-sur-mer ( CatégorieParoles d’élu de la communicationnumérique : le jeu Geeking.région pays de la loire (Catégorie Cap’com Anacejdu jury des jeunes : campagne15-30 ans.avons réfléchi sur la façon de récupérerde l’activité économique etassurer une reconquête démographique.On a pensé à l’économienumérique et au télétravail. » LePays de Murat a élaboré un pland’action et bénéficié de fonds del’État, de la Région et de l’Europe.In fine, en tant que territoirepilote, il dispose d’un budgetde 500 000 euros (dont15 000 euros qu’il apporte).53 nouveaux arrivantsen trois ansUn centre de formation au télétravail(labellisé) a donc été créépour accueillir différents publicsdont des télétravailleurs indépendants.Tout est mis en œuvrepour les attirer puis les fairerester. Une personne a été dédiéeà leur accueil et à celui de leurfamille ; la formation, logementLe casting effectué par la villede Mulhouse et MulhouseAlsace Agglomération étaitbien vu. Lors de la cérémonie desvœux 2012 à leurs personnels, cesdeux collectivités avaient imaginéde mettre en avant leurs agents aucours d’un défilé en tenues professionnelles.Une manifestation àusage interne qui a séduit le jury deCap’Com, le réseau national de lacommunication publique et territoriale,qui, réuni cette semaine àMontpellier, lui a décerné sonGrand Prix.« Sur la base du volontariat,30 agents ont été choisis en croisantles critères, d’âge, de service, de morphologieafin que toutes les catégoriessoient bien représentées. Ils ontservi de modèles pour mettre envaleur la tenue d’un autre servicelors d’un défilé en musique. L’événementa duré une vingtaine deminutes mais il a eu un très fortretentissement en interne », expliqueNelly Pratz-Meyer, directrice de lacommunication interne des collectivitésmulhousiennes. « Noussouhaitions mettre en valeur lesagents qui sont au cœur de nos projets,renchérit Antoinette Schackis,la directrice générale adjointe desdeux collectivités. C’est une initiativepleine de fraîcheur et d’innovationet finalement une très belleaventure. Aujourd’hui, ce prix estcelui de la fierté partagée par les3 200 agents ». Qui plus est, l’opérationavait été menée dans uneimpressionnante économie demoyens, mobilisant les compétencesen interne, de la costumièredu théâtre aux photographes desdeux collectivités, dans le décor quiavait été utilisé la veille pour lacérémonie des vœux aux habitants.« Ce choix du jury met en évidencela communication interne, un phénomènequi monte dans les collectivités.Elle est innovante parce qu’elleimplique directement les agents euxmêmes», souligne Bernard Deljarrie,délégué de Cap’Com et membredu grand jury placé cette année sousla présidence de Pascal Josèphe,ancien directeur général de l’antennede plusieurs chaînes de téléet spécialiste des médias.qcompris, est gratuite. Mieuxencore, le temps de leur formation,les télétravailleurs indépendantspeuvent devenir salariésd’une société coopérative crééepour l’occasion.Une fois installé, le télétravailleurpourra compter sur desinfrastructures de qualité. <strong>La</strong> fibreoptique à très haut débit a été installéesur tout le territoire. Danschacun des 13 villages associés, unaccès numérique gratuit est logédans la mairie. Et une plate-formepermet à tous les télétravailleursde communiquer et de se nourrirdes expériences des uns et desautres. Résultat : « Depuis troisans, 22 entrepreneurs se sont installéschez nous, avec leursconjoints et les enfants, le nombredes arrivants s’élève à 53 », se féliciteBernard Delcros. q Jean-Christophe ChanutonvaparlerdeluiHugues de beaupuy Secrétaire généraldu syndicat mixte de la plaine de l’AinL’ornithologuedu dimancheLe dimanche, Hugues de Beaupuy s’enfonce, jumellesau cou, dans la campagne de la Dombes ou descontreforts du Jura et observe avec émerveillementles oiseaux. Dans la vie professionnelle, il est, depuisonze ans, secrétaire général du syndicat mixte quipilote le Pipa, le Parc industriel de la plaine de l’Ain.Depuis quelques semaines, son amour desoiseaux s’est immiscé dans ce lieu voué à l’industrie.Une convention vient d’être signée entre le Présidentdu Pipa et celui de la Ligue pour la protection desoiseaux, consacrant « refuge LPO » 122 hectares duparc. Devenir refuge LPO implique le respect de quatreprincipes parmi lesquels le renoncement aux produitschimiques et la création des conditions propices àl’installation de la faune et de la flore sauvages. Depuissa création, le parc mène une exigeante stratégie derespect de l’environnement, reconnue par les normesISO 14 001 et EMAS.De 2005 à 2010, Hugues de Beaupuy a engagéle Pipa dans un inventaire de sa faune avicole : « Quatrevingt-seizeespèces, soit le quart de toutes les espècesfrançaises, nous n’imaginions pas une telle diversité »,relève-t-il. Sur ses 900 hectares se mêlent harmonieusementcourlis cendrés, alouettes, cailles, piesgrièches, mais aussi sangliers, champs de maïs et127 entreprises employant plus de 4 000 salariés.Parmi ces dernières, d’importantes implantationslogistiques (comme celle de la société Norbert Dentressangle),des sites de R&D, de production et desusines dédiées au traitement des déchets industrielsdangereux (groupe Séché).« C’est ce qui est sportif et citoyen : gérer un parcavec des ambitions environnementales et répondreaux besoins industriels de la société contemporaine.Nous refusons le“greenwashing” »,affirme Huguesde Beaupuy.q <strong>La</strong>urenceJAILLARD,à Lyon,Acteurs del’économieHugues de Beaupuy marie ambitionsenvironnementales et besoins industriels. [DR]


24territoires / InternationalLA TRIBUNE VENDREDI 14 décembre 2012le grandchantierSelon l’antique calendrier maya, la fin du monde surviendra le 21 décembre prochain. Optimistes malgré tout, lesMexicains en profitent pour faire tourner à fond la machine à attraper les touristes désireux de s’amuser en faisant« comme si ». Objectif de toute cette mobilisation : redynamiser l’économie mexicaine.Et vous, vous allez aussi passerla « fin du monde » au Mexique ?Frédéric Saliba, à mexicoÀl’aéroport deMerida, capitalede l’État mexicaindu Yucatán, unegrande horlogedigitale marque le décompte dutemps restant avant la fin de l’antiquecalendrier maya, prévue le21 décembre prochain. <strong>La</strong> supposéeprophétie de ce peuple légendaire,interprétée à tort comme ladate de l’apocalypse, a fait le tourde la planète. L’occasion pour lesÉtats du sud-est du Mexique, berceaude l’énigmatique culturemaya, de lancer une gigantesqueopération touristique. Objectif :attirer 52 millions de visiteurspour redynamiser un secteurminé par les crises internationales.Baptisé « Mundo Maya 2012 »,le programme des festivitésdébute ce vendredi 14 décembre.Cérémonies préhispaniques,spectacles folkloriques et autresateliers gastronomiques sont prévusdans une zone de plus de241 000 km 2 , où vivent encore lesdescendants de cette civilisationmésoaméricaine, née au troisièmemillénaire avant notre ère. <strong>La</strong>région maya comprend cinq Étatsmexicains (Campeche, Chiapas,Quintana Roo, Tabasco et Yucatán)et quatre autres pays (Belize,Salvador, Guatemala et Honduras),tous associés aux événementsorganisés autour du21 décembre.« Une fin de cycle, ce n’estpas une catastrophe ! »Un cycle de conférences sur lethème d’une « nouvelle ère » seraorganisé au musée d’anthropologiede Villahermosa, capitale del’État de Tabasco, pour mieuxcomprendre les mystères desMayas, réputés pour leursconnaissances en astronomie. Lelieu abrite la fameuse stèle qui ainspiré les spéculations sur la findu monde. Connue comme le« monument 6 d’El Tortuguero »,cette énorme pierre, taillée versl’an 699, relate la vie et lesbatailles d’un seigneur, faisantréférence à la date du 21 ou du23 décembre, selon les versions.Ce jour correspond à la fin d’undécompte long de 5 125 ans.L’Institut d’anthropologie de l’État mexicain du Tabasco a organisé une manifestation pour rappelerà la population que le calendrier maya ne prévoit pas la fin du monde le 21 décembre, mais lecommencement d’un nouveau cycle. Ici, la pierre qui porte des inscriptions relatives à la prophétie,dans le musée d’histoire de la capitale Villahermosa. [LUIS LOPEZ / notimex]« Les Mayas n’ont pas annoncé lafin du monde, mais juste la fin d’uncycle. Pas de catastrophe en perspective», explique Saul Ancona,ministre du Tourisme du Yucatán.Son État compte la plus grandeconcentration de sites archéologiques(17), dont celui de Chichén«Le modèletouristiquedu Mexique évolue.Il s’oriente versla culture et offreplus de bénéficesaux communautéslocales. »Alejandro Zendejas,spécialiste du tourismeà monterreyItzá patrimoine de l’humanitéavec son énorme pyramide deKukulcán. Le 21 décembre, jourdu solstice d’hiver, des milliers devisiteurs mexicains et étrangersdevraient affluer vers ce site dansl’espoir d’un événement magique.Un musée du monde maya seraaussi inauguré à Mérida aurythme des danses traditionnelles.Situé à 188 km de Chich’n Itzá,la ville de Cancún dans l’État deQuintana Roo est au cœur du dispositifavec ses 29 000 chambresd’hôtel. Des événements culturelsseront organisés sur ses plages etdans un musée. Le ministère duTourisme de Quintana Roo prévoit17 millions de touristes cetteannée, soit 3 millions de plusqu’en 2011. Des festivités cérémonielleset culturelles sont aussiprévues dans les États de Campecheet du Chiapas.Redresser la barre,redorer l’image du paysL’enjeu est de taille : « <strong>La</strong> récessionaméricaine de 2008, l’épidémiede grippe A (H1N1) qu’a connule Mexique en 2009 et l’actuellecrise européenne, ont fortementaffecté l’économie locale », raconteSaul Ancona qui précise que letourisme est le second secteur duYucatán et le premier du QuintanaRoo. Sans compter le déficitd’image du Mexique, provoquépar l’avalanche de crimes des cartelsde la drogue avec ses60 000 morts en six ans.Selon l’Association des hôtels duYucatán, la chute vertigineuse dela fréquentation de ses établissementsa entraîné, depuis 2008, lavente d’une cinquantaine d’établissements.« L’attrait suscité par lafin du calendrier maya va nous permettrede redresser la barre »,espère Saul Ancona. Une hausse de132 % du nombre de visiteurs estattendue en 2012 (22 millions en2011) dans les cinq États mayas.Pour atteindre cet objectif ambitieux,une coopérationétroite a donc été mise enplace entre les autoritéslocales et nationales.Début 2012, le gouvernementfédéral a lancéune campagne de communicationinternationaleprésentant le programme« Mundo Maya »dans les foires touristiques,de Londres à NewYork, de Berlin à Moscou.Affichages, spots radioset autres conférences, complètentcette stratégie marketing déclinéelocalement par les États du sud-estdu Mexique. Le tout en collaborationavec l’Institut national d’anthropologieet d’histoire (INAH)qui gère les sites archéologiques.Une nouvelle ère…touristique !« Nos efforts communs portentaussi sur le développement desinfrastructures hôtelières et routières», explique Saul Ancona. Sanscompter le renforcement des lignesaériennes, dont une entre Paris etMérida, récemment inaugurée.Bilan : depuis novembre, le taux22millions, c’estle nombrede visiteursaccueillis en2011 dans lescinq Étatsmayas duMexique. Ilsespèrent unehausse de132 % en 2012.Repères52 millions ( Le nombre detouristes attendus en 2012 dansles cinq États mayas du Mexique,grâce en partie à la fin du monde.200 ( En milliards de pesos,les retombées économiquesattendues sur l’année.200 millions ( <strong>La</strong> somme enpesos consacrée en 2011 par l’Étatde Quintana Roo à des projetstouristiques sur la Riviera maya.110 millions ( <strong>La</strong> somme enpesos allouée par legouvernement fédéral à unecampagne de communicationinternationale.25 millions ( <strong>La</strong> somme enpesos consacrée à la promotionnationale par les cinq États mayas.503 millions ( Le montant enpesos publics qui ont permisd’équiper l’État du Yucatánde 10 540 chambres d’hôtel, soit+ 19 %, en quatre ans.d’occupation des hôtels est de 90 %à Cancún, 64 % à Mérida. Maiscelui des réservations atteintpresque 100 % pour le 21 décembredans les deux villes Selon AlejandroZendejas, spécialiste dutourisme à l’Institut technologiquede Monterrey,« ce succès fait évoluer lemodèle touristique duMexique. Jadis cantonnéau concept “sol y playa(soleil et plage)”, ils’oriente vers la culture,offrant davantage de bénéficesaux communautéslocales. » Trois villagesd’écotourisme sont associésaux festivités dans leYucatán. « Le grand gagnant del’opération reste le secteur privé quia lancé des campagnes de promotion,jouant davantage sur l’ambiguïtéapocalyptique autour de laprophétie maya », souligne AlejandroZendejas.Au point que, début décembre,via son site officiel (www.usa.gov),le gouvernement américain adémenti les « fausses rumeurs »sur la fin du monde, après avoirreçu des milliers de lettres d’Américainspaniqués. Le 21 décembreprochain ne marquera pas la fin dumonde mais sans doute le débutd’une nouvelle ère touristique pourles États du sud-est du Mexique. q


’estVENDREDI 14 décembre 2012 LA TRIBUNEterritoires / International 25Espagne : les banques sous la pression des élusnouveau etintéressantAprès le suicide de trois personnes sur le point de perdre leur logement, plusieurs maires ont pris des mesuresde rétorsion contre les banques qui veulent expulser les ménages surendettés.Grégory Noirot, À MADRIDEn Espagne, les expulsions delogement de propriétairessurendettés ont pris, ces derniersmois, une tournure tragique.Cet automne, trois personnes sur lepoint de perdre leur appartementont mis fin à leurs jours. Des dramesqui ont choqué l’opinion et pousséles collectivités à s’engager.Confrontés à la multiplication dessaisies immobilières, dans uncontexte de flambée du chômage,les maires ont dû faire face à dessituations d’urgence.Certains d’entre eux ont réagi enmettant la pression sur les banques.À l’image de José Manuel Bermudez,maire de Santa Cruz de Ténérife(Canaries), qui a retiré voiciquelques semaines le 1,5 milliond’euros que sa commune détenaitchez Bankia, quatrième banqueespagnole, afin de protester contrel’expulsion d’une mère de famille.Un geste d’autant plus remarquéque Bankia, en grande difficulté, n’aété sauvée qu’au prix d’une aidepublique de 24 milliards d’euros…Sur cette affiche, placardée lors d’une manifestation contre lesbanques, à Madrid : « <strong>La</strong> première victime mortelle des expulsions,José Luis Domingo, qui s’est suicidé (…) » [PEDRO ARMESTRE / AFP]À la suite de l’annonce du maire, uncompromis a d’ailleurs été trouvédare-dare et… la cliente de Bankiaa pu réintégrer son logement.le gouvernement veut Unmoratoire de deux ansFace aux caméras des chaînesnationales de télévision, JoséManuel Bermudez martèle : « Nousnous sommes réunis avec la banque,qui a refusé la solution d’un loyersocial. Nous avons donc retiré notreargent et deux jours après, noussommes arrivés à cette solution. Ilfaut éviter que les gens sans revenussoient jetés à la rue à cause d’un prêt<strong>immobilier</strong> qu’ils ne peuvent plusrembourser. »Souvent critiquée pour sa gestionde la crise immobilière, Bankia aune lecture différente : « <strong>La</strong> mairiede Santa Cruz de Ténérife, commen’importe quel client, peut modifierà tout moment ses comptes. <strong>La</strong>menace de retirer les fonds n’a rien àRepères20,6 % ( Les procéduresd’expulsion en Espagne ontaugmenté de 20,6 % en 2012. Ellesvisent aussi bien des logementsque des commerces.350 000 ( Le nombre de décisionsd’expulsion depuis l’éclatementde la bulle immobilière en 2008.Environ la moitié a été exécutée,selon la presse espagnole.25 % ( Le taux de chômage, à unniveau historique, avec près de5 millions de sans emploi, parmilesquels plus d’un jeune sur deux.voir avec la solution trouvée. » Bienentendu. Mais il n’empêche : sous lapression conjointe des associationscitoyennes et des collectivités, l’Associationespagnole des banques(AEB) a depuis annoncé le gel desexpulsions « dans les cas d’extrêmenécessité ». Consciente de l’impactnégatif dans l’opinion, Bankia a tenuà préciser : « Depuis 2009, Bankia arenégocié 80 000 prêts et, entre 2011et 2012, a accepté 4 300 dations enpaiement [le fait de rendre son logementpour solder sa dette, ndlr]. »L’affaire de Santa Cruz de Ténérife,très médiatisée, a inspiré d’autresélus. Ainsi le maire de Vigo, uneville de plus de 300 000 habitantssituée en Galice (nord-ouest), parailleurs numéro 2 de l’Associationnationale des maires, a prévenu lesbanques qu’il retirerait les fonds desa commune en cas de nouvellesexpulsions. Et le maire de Saragosse(700 000 habitants) aannoncé que la police locale ne participeraitplus à ces opérations. EnCatalogne, Tarragone (130 000habitants) pourrait suivre.Face à cette grogne qui se répandcomme une traînée de poudre, legouvernement a proposé un moratoirede deux ans des expulsions etla création de logements sociauxpour ceux qui se retrouveraient à larue. Mais la principale revendicationdes associations n’a pas étéentendue : elles exigent l’annulationdes crédits des personnes expulsées,car la plupart d’entre elles,même après avoir « rendu » leurlogement à la banque, doiventensuite continuer à payer le reste deleur dette… qOn en parle à BruxellesLe carnet de notre correspondante, Florence AutretPas pâtissière, pas banquier…Cl’histoire d’une ménagère dontl’évier est bouché depuis des jours etqui demande à sa moitié de le réparer.Sans succès. Un soir, le mari rentre àla maison et voit que l’évier est réparé.Il demande combien a coûté l’intervention du plombier.Elle lui dit : « Il m’a demandé de lui faire une tarteou de le payer en nature ». « Et alors ? » demande lemari. « Je ne suis pas pâtissière », répond sa femme.Aux journalistes de L’Écho et du Tijd qui l’interrogeaientsur son rôle de président (non exécutif ) deFortis dans les années qui précédèrent le naufrage dela banque en 2008, Maurice Lippens a répondu : « Jen’ai jamais été banquier ». Lui non plus, la cuisinefinancière ce n’est pas son truc. Et pour la plomberie,il comptait sur d’autres pour s’en occuper. Mais lespertes ont débordé.Les actionnaires ont été faits cocus. Etil vient d’être inculpé par le parquet bruxellois dansl’affaire Fortis. « Il » : le comte Lippens, le même quiavait donné son nom au Code Lippens, traité debonnes mœurs pour entreprises du BEL20. Le pire,c’est qu’il n’a pas fait cet aveu sur ce qu’il n’a jamaisété à mes confrères belges comme on reconnaîtraitune faute. Il l’a dit pour sa défense. Il y a de toute évidencedes problèmes récurrents de conduite, de distributiondes rôles et de moralité dans le systèmebancaire. Le scandale du Libor au sujet duquel lessuperviseurs ont coupablement fermé les yeux pendantdes années a répandu ses vapeurs nauséabondesde la City jusqu’à Washington. <strong>La</strong> semaine dernière,on apprenait que Deutsche Bank aurait dissimuléjusqu’à 12 milliards d’euros de pertes pour échapperà un plan de sauvetage, donc à la curiosité et à l’autoritédes pouvoirs publics. Sans l’indiscrétion dequelques salariés lassés de dissimuler, la Securitiesand Exchange Commission américaine n’en auraitjamais rien su. Où étaient les hommes en gris descabinets d’audit pendant ces années ?Michel Barnier n’est pas plombier, mais il a comprisqu’il était risqué, pour la moralité du système, de sereposer uniquement sur les « spécialistes ». Il n’a pasl’intention de déléguer la tâche. Il s’y colle. « Je ne suispas sûr que les gens se rendent compte. J’ai 29 textes endiscussion en ce moment », m’a-t-il dit la semaine dernière.Le commissaire européen en charge des servicesfinanciers tient les trois clés de l’avenir du secteur danssa main : les règles de capitalisation, les conditions desupervision et les règles d’organisation (séparation ounon entre activités).Même si on l’a senti plus d’une fois sincèrement révoltédepuis qu’il a ouvert ces chantiers, il lui faut bien renoncerà l’option de la table rase, s’entourer de conseils etréformer. Or les tuyauteries sont complexes. Ennovembre, l’ancien commissaire Erkki Liikanen, gouverneurde la banque de Finlande, lui a remis un plan pourscinder les banques entre banques d’investissement d’uncôté et banques de dépôts, de l’autre. Le risque, jugentcertaines critiques, est qu’à scinder les deux conduiteson finisse par créer une bifurcation qui fasse transitertous les flux de marché par une poignée de banquesd’investissement essentiellement américaines. « Lemodèle de Liikanen, c’est de créer des banques moyennesde marché », me disait récemment le lobbyiste d’unebanque européenne. « Mais le marché est mondial. Lesbanques moyennes de marché, c’est un modèle économiquequi n’existe pas et qui n’existera jamais. Au final on finiraavec un Goldman Sachs européen ou rien du tout ».À qui se fier ? Quand Goldman Sachs recrute sonnouveau directeur exécutif en charge des affairesréglementaires au cœur même de la machine législativeeuropéenne, dans le staff de la commission desAffaires économiques et monétaires du Parlementeuropéen, et que l’ancien superviseur en chef belge,Eddy Wymeersch, se fait recruter comme conseil parle club des mêmes banques d’investissement, l’AFME,une chose au moins est sûre : l’expertise désintéresséene court pas les pages jaunes. q© DR


26Vos financesLA TRIBUNE VENDREDI 14 décembre 2012le bonplanEn décembre, les épargnants se précipitent à la dernière minute sur les produits de défiscalisation.Cet exercice s’avérera particulièrement ardu cette année en raison du projet de loi de finances 2013,qui introduit des modifications considérables en matière de fiscalité du patrimoine.Réduire vos impôts ? Possible,mais dépêchez-vous !Rachel MonteroLe mois décembre estl’occasion de faire unbilan patrimonial etd’adhérer en urgence àdes dispositifs de défiscalisationafin de réduire sa facturefiscale. Cette activité traditionnellepour les conseillers engestion de patrimoine prend cetteannée un tour particulier.En effet, le projet de loi definances 2013 en passe d’êtreadopté est riche en matière d’évolutionsfiscales : hausse de l’impôtsur le revenu (IR), de l’impôt desolidarité sur la fortune (ISF),suppression du prélèvement forfaitairelibératoire, etc. Les arbitragesà effectuer sont de ce faitplus complexes et plus nombreux.Investir dans l’art,ou les forêtsDes arbitrages qui touchent enpremier lieu les hauts revenus.« En ce qui concerne l’ISF, desdécisions sont à prendre en 2012afin d’alléger sa facture fiscale en2013. Pour bénéficier du plafonnementde l’ISF, il convient eneffet de maîtriser ses revenus, ilpeut ainsi être notamment opportunde procéder à des donations entoute propriété ou en usufruit »,prévient Anne Berry, directeuradjoint à l’Ingénierie patrimonialeà la Banque privée 1818. Ils’agira par exemple de donnerl’usufruit d’un bien <strong>immobilier</strong>ou d’un portefeuille de valeursmobilières, ce qui permet deréduire son revenu, tout enconservant son patrimoine.D’un point de vue plus classique,investir peut aussi permettrede réduire sesimpôts. « En ce quiconcerne l’assiette del’ISF, certains dispositifsd’exonération partielleou totale n’ont pas étémodifiés par le projet deloi de finances pour 2013comme l’investissementdans les forêts ou partsde groupement forestierou viticole. Ceux-ci permettentune exonérationde 75 % du montant desinvestissements réalisés. Lesobjets d’art ou de collection sont,quant à eux, encore totalementexonérés. Enfin, s’agissant de la75 %c’est le tauxd’exonérationpour uninvestissementdans les forêts,taux maintenupar le projetde loide financesde 2013.Intouchables, qui représentera la France à la cérémonie des Oscars en 2013, est un des nombreuxfilms français financés par l’intermédiaire des Sofica. [KOBAL / THE PICTURE DESK]réduction du montant de l’impôt,les dons au profit de certains organismessans but lucratif bénéficientaussi d’avantages fiscaux »,énumère Anne Berry.Troisième méthode : se délesterde titres en direct – dont les revenusseront assujettis au titre del’IR – au profit de l’assurance-vieou de contrats de capitalisationdont la fiscalité n’a pas été pourl’instant modifiée.Des calculs parfoiscomplexesQuant à la nouvelle impositiondes plus-values, qui seront ellesaussi, assujetties à l’IR, lescalculs peuvent s’avérerassez complexes. « Si lesplus values de cessionsde valeurs mobilièresdevaient être intégréesau barème progressif del’IR, un abattement pourdurée de détention desactifs pourrait s’appliquersur le montant del’impôt dû. Par conséquent,dans l’attente dela version définitive dutexte, il convient de procéderà une analyse des portefeuillesde valeurs mobilières afind’évaluer s’il est plus intéressantd’arbitrer avant la fin de l’annéeses actifs, ou de les conserver pourune cession en 2013 », analyseAnne Berry.L’<strong>immobilier</strong> resteun secteur favorableToutes ces méthodes et évaluationsconcernent les hauts revenus,la cible privilégiée des produitsde défiscalisation, pourautant les classes moyennespeuvent elles aussi, même si c’estdans une moindre mesure, bénéficierde dispositifs de défiscalisationavant la fin de l’année.<strong>La</strong> méthode à privilégier dans cecadre consiste à investir dans desfonds de valeurs mobilières et/oudans l’<strong>immobilier</strong> dans la limitedu plafonnement des niches fiscales.Pour rappel, ce plafond estde 18 000 euros, + 4% du revenuimposable au titre des revenus del’année 2012.Les fonds commun de placementdans l’innovation (FCPI) etles fonds d’investissement deproximité (FIP) entrent danscette catégorie. Ces fonds sontinvestis dans des petites etmoyennes entreprises (PME) etpermettent à ce titre de bénéficierd’un avantage fiscal.En octobre et en novembre, lessociétés de gestion de capitalinvestissement lancent tous lesAvec le dispositifScellier, on peutdéduire 21 %de son investissementsur 15 ans. Avec« le Duflot » qui leremplace en 2013, cesera 18 %, sur 9 ans.ans de nouveaux fonds fiscaux.Attention, toutefois, aux frais quipeuvent être élevés sur ce type deproduit, mais aussi à la grandedispersion des performancesselon les gestionnaires.Pour choisir son fonds lesconseils d’un spécialiste sontdonc les bienvenus. Les amoureuxdu cinéma peuvent, eux,investir dans des Sofica, ces fondspermettent de financer desœuvres audiovisuelles ou cinématographiques.Ces derniers,s’ils bénéficient d’une exonérationfiscale, affichent cependantune rentabilité souvent un riendécevante.Les meilleurs outils de défiscalisationpour les particuliers nonfortunés sont de ce fait certainementà rechercher du côté del’<strong>immobilier</strong>. Pour les retardataires,les délais pour souscrire àun investissement Scellier ontété prorogés.« Les particuliers qui veulentacheter une résidence et bénéficierd’un dispositif Scellier doiventavoir effectué la réservationdevant notaire au plus tard le31 décembre et signer l’acte définiau plus tard le 31 mars. Il seraensuite remplacé par le dispositifDuflot qui est moins intéressantfiscalement. En effet, avec le Scellieron peut déduire 21 % de soninvestissement sur 15 ans, tandisqu’avec le Duflot on pourradéduire 18 % sur 9 ans, avec labaisse des niches fiscales, mieuxvaut lisser son investissement surune plus longue période », préciseBenjamin Nicaise, président deCerenicimo.Censi-Bouvard : agissezavant le 31 décembreAutre dispositif possible : leCensi-Bouvard. Celui-ci consisteà investir dans des résidences deservice (maisons de retraite médicalisées,résidences étudiantes…)et à les louer en meublé afin debénéficier d’avantages fiscaux.Jusqu’à 300 000 euros d’investissementannuel, une réductiond’impôt allant jusqu’à 11 % dumontant de l’investissement estpossible, la TVA pouvant en plusêtre récupérée.Les débats autour du prolongementdispositif Censi-Bouvardayant rebondi à plusieurs reprisesdurant l’examen duprojet de loi definances, il est vivementconseillé de s’yprendre avant le31 décembre carensuite celui-ci pourraitêtre supprimé.Restent enfin, lesinvestissements detype Malraux dans lesmonuments historiques,mais dans cedomaine, il serait déjàtrop tard. « Investir dans un monumenthistorique constitue une opérationtrop complexe pour êtreeffectuée à la dernière minute, parconséquent, il vaut mieux souscrireà une SCPI Malraux », prévientBenjamin Nicaise.Et comme pour le reste, il faut sedépêcher ! q


VENDREDI 14 décembre 2012 LA TRIBUNEVos finances 27Pour surperformer, vous prendrez bienun peu de « smart bêta » ?investirautrementCertaines sociétés proposent aujourd’hui une stratégie de gestion mêlant une approche quantitative et qualitative,afin d’obtenir de gros rendements à partir de la reproduction d’indices « retravaillés ».Pascale Besses-BoumardLe « smart bêta » c’est quoi ?Plusieurs sociétés de gestionproposent aujourd’hui cettestratégie d’investissement à leursclients. Derrière ce vocable trèstechnique – que d’aucuns traduisentpar gestion indicielle destratégie – se cache un style de gestionmêlant qualitatif et quantitatif.Comment ?Les promoteurs du « smart bêta »choisissent un indice et y intègrentune série d’éléments sélectifs afind’en corriger certains paramètres(pondération, poids de certainssecteurs ou zones géographiques).« Les indices ont parfois l’inconvénientde surpondérer certainesvaleurs ou certains secteurs aprèsdes coups de grisou, ou au contraired’accentuer l’envolée de certainesvaleurs. Notre objectif est de permettreà ces indices de ne pas êtreaffectés par ces à-coups et de luttercontre la volatilité. Pour ce faire,nous intégrons dès leur conception,des paramètres mathématiques trèsprécis et les commercialisonsensuite sous forme d’ETF, produitqui a l’immense avantage d’être trèsliquide », explique Bruno Poulin,président d’Ossiam, société de gestionspécialisée dans la conceptionde fonds « smart bêta ».Cet intermédiaire commercialiseainsi un fonds composé del’indice CAC 40 équipondéré. Ilintègre les 40 valeurs de l’indicephare parisien mais il attribue lemême poids à chacune des sociétéset ce, quelle que soit leur taille.« Une façon innovante de limiter laconcentration de l’indice sur un<strong>La</strong> pondérationsectorielle permetde mieux résisteren période de repliet d’être performanten période de reprise.petit nombre de valeurs à fortepondération et d’accroître la diversificationsectorielle », précise IsabelleBourcier, directrice du développementd’Ossiam.Autre biais que peut aborder cetype de gestion : limiter la volatilitéde certains indices. Ce que proposela société de Bruno Poulin à traversun fonds qui, à partir de l’indiceStoxx Europe 600 asélectionné les valeursles plus liquides, lesmoins volatiles tout enlimitant à 4,5 % la plusgrosse pondérationd’un titre (afin d’éviterle phénomène deconcentration) et à20 % la plus importantepondération sectorielle.Stratégie qui présente l’avantaged’être très résistante en période derepli des indices et d’être assez performanteen période de reprise,contrairement à l’équipondération,plus fragile lorsque les Boursesdécrochent.<strong>La</strong> gestion « smart bêta » est-elledonc la nouvelle génération de gestionalternative ?« Pas vraiment », s’en défendBruno Poulin, pour qui la gestionalternative n’a pas vraiment faitses preuves dans les mauvaismoments. Être vraiment décorrélédes marchés, quelles quesoient les circonstances, n’esteffectivement pas facile et certainsbiais de cette gestion (long/short ; long only) sont, de fait, enprise directe avec les mouvementsconnus au jour le jour. <strong>La</strong> gestion« smart bêta », elle, est avant toutune gestion quantitative amendéepar un biais stratégique. L’idéeétant d’aller chercher le petit pluspar rapport à la performanceintrinsèque des indices. qToute l’information économique et financière, où que vous soyez.Abonnez-vous àLA TRIBUNE• L’édition hebdomadaire papier,chaque vendredi (chez vous ou à votre bureau)• L’édition quotidienne numérique,tous les jours, du lundi au vendredi• Les services numériques,en temps réel, les informations et services réservés aux abonnés-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------OUIM. 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28Les idéesLA TRIBUNE VENDREDI 14 décembre 2012vivifier les territoires,clé de la compétitivité© DR© DRPierreLARROUYÉCONOMISTEPierreBENAÏMExpert enInnovationEn France comme en Europe, les défis de la relance économique exigeront del’innovation mais aussi une cohésion sociale forte. Selon Pierre <strong>La</strong>rrouy et PierreBenaïm, c’est en favorisant l’émergence d’initiatives territoriales fortes, aptesà refonder la confiance et le pacte citoyen, que pourra s’enclencher le processusvertueux de reconquête de la compétitivité.Compétitivité et confiance sontdevenues depuis quelquessemaines les mots-clés etconsensuels pour affronter lesenjeux majeurs d’un avenir économiqueet social dont chacun,en son for intérieur, avait bienmesuré qu’il exigerait des mesures difficiles. <strong>La</strong>présidentielle de 2012 s’est focalisée sur la dette.Mais le contexte appelle un supplément d’âme quipermet la mobilisation, la fédération des énergieset la révolte consensuelle.<strong>La</strong> confiancecomme « lubrifiant social »Compétitivité et confiance sont indissociables :« <strong>La</strong> confiance est un lubrifiant social », comme ledit K. Arrow, Prix Nobel d’économie 1972. Hélas,la période est peu propice. Comment ne pas mesurerla défiance citoyenne à l’égard du politique ?On ne peut donc se contenter de mesures gestionnaires.Il faut incarner, s’engager, porter un espoirdans un pacte citoyen mobilisateur. L’atout maîtreest que le citoyen est majoritairement mature,conscient, informé et en attente réaliste d’un projetqui l’associe.Le pacte de compétitivité présenté par le gouvernementsera complété par des accords sociaux, parune brique supplémentaire de la décentralisation,par la recherche d’un programme d’investissementsde croissance européen.Mais la réussite de toute politique publique en cesens repose sur un pacte citoyen permettant cetterelation fusionnelle confiance-compétitivité.une étroite relation entre stratégienationale et initiative territorialeEn Europe aujourd’hui les « grands travaux » sontautant de défis sociétaux : énergie et développementdurable, numérique et économiede la connaissance, santéet économie du vieillissement.«Les citoyenssontsceptiques face àdes initiatives quine leur paraîtraientpas totalementtransparentes. »Ceux-ci imbriquent fortementaxes de recherche fondamentale,de compétitivité et d’implicationcitoyenne. Ces grands travaux,que nous appellerons « travauxde génération » ont un fortimpact sur la cohésion sociale.Le projet de loi de décentralisations’avère d’autant plus stratégiqueque la plupart desréponses à ces travaux se trouvent au croisementde politiques nationales ambitieuses et d’initiativesterritoriales. Ce sont des territoires quenaissent les projets collaboratifs, la proximité étantun facteur clé de la fertilisationcroisée.Les collectivités ne s’y sont«<strong>La</strong> premièreinnovationest, sans aucundoute, à réaliseren matièred’organisationsociale. »d’ailleurs pas trompées,puisqu’elles portent des actionspolitiques fortes de soutien àleurs économies locales, avecnotamment des agences d’innovationou de développement,mais également des pôles decompétitivité, des « clusters » etdes dynamiques collectivesnouant recherche et monde économique.Le principe de subsidiarité et l’initiativeterritoriale doivent être au cœur de ce projet.<strong>La</strong> période exige donc une étroite relation entrestratégie nationale et initiative territoriale. <strong>La</strong> miseen place de règles qui en permettent l’épanouissementest essentielle. Le combat contre la crise estégalement un combat contre le temps.Ceci est visible avec les marchés au niveau de lacrise financière. Ceci est aussi vrai pour la reconquêteen matière industrielle et de compétitivité.Les grandes actions stratégiques nécessairesautour de l’innovation de rupture supposent dutemps. Les effets ne sont pas immédiats.des acteurs coordonnés,mais qui conservent leurs spécificitésLes effets connus par la science économiqueautour des multiplicateurs et accélérateurs del’investissement sont plus forts et plus rapidesdans la proximité et les circuits courts. C’est ce quiest visé dans la priorité donnée aux PME/TPE, cedoit être aussi le choix d’un soutien fort à l’initiativeterritoriale.Il semble que ces besoins soient pris en comptepar la création d’une Banquepublique d’investissement enassociation avec les Régions. Estcesuffisant ? Est-ce suffisant, enparticulier, pour obtenir le chocde confiance recherché ? Lescitoyens sont sceptiques face àdes initiatives qui ne leur paraîtraientpas totalement transparentes.<strong>La</strong> première innovationest donc, sans aucun doute, àréaliser en matière d’organisationsociale.Les projets d’intérêt général, en particulier ceuxqui correspondent à des enjeux sociétaux, nécessitentà la fois une gouvernance publique garanteet responsable de cet intérêt général et du longterme et un mode d’organisation qui permette deprivilégier les complémentarités et la transversalité.Il faut tout à la fois s’aligner sur les compétenceset ne pas en être trop tributaire. À l’instardes pôles de compétitivité qui permettent unecoordination verticale de filière, les pôles d’économiecohésive* répondent à ce dessein. Ils assurent« l’être ensemble », la cohésionsociale et « le faire ensemble »d’acteurs coordonnés quiconservent leurs spécificités.Ce nouveau « mode projet »permet une transparence, uneresponsabilité claire et génèredonc une confiance forte. C’est lacondition du nouveau pactecitoyen à rechercher pour augmenterla confiance et donc lamobilisation source de compétitivité.Les politiques oseront-ilspasser à cette organisation qui permettrait auxterritoires de retrouver de la souplesse pour menerà bien des actions prioritaires ?« Investissez làoù vos enfants vivent »Plutôt qu’un livret d’épargne, thématique maisgénéral, ne pourrait-on passer à une mobilisationde l’épargne territoriale sur des projets plus identifiés? Cette épargne disponible et mobilisable enproximité est un atout fort pour la France. Le« mode projet » permettrait la levée d’une véritablefierté de contrer les marchés financiers en soutenantdes programmes de proximité d’intérêt général.Le succès de l’offre portée par le Livret Amontre que cela est possible et que l’on pourraitéviter que cette épargne n’irrigue pas suffisammentl’économie réelle.Au-delà de l’association des Régions au managementde la BPI, la loi de décentralisation pourraitêtre plus ambitieuse. Les territoires devraient pouvoirbénéficier de garanties de celle-ci pour créerdans la proximité un fonds d’investissement pourles grands projets d’initiative territoriale d’intérêtgénéral. Il constituerait un levier pour drainer uneseconde vague d’épargne, territoriale, autour d’unpacte citoyen fédérateur et mobilisateur<strong>La</strong> compétitivité à court terme repose sur cettemobilisation autour d’un patriotisme territorialdes énergies disponibles. Voici le sens de la subsidiarité: laisser s’épanouir ces énergies, raccourcirles circuits, favoriser les actions de terraincommunes.<strong>La</strong> compétitivité de court terme niche là, dans cetenthousiasme de proximité, dans cette reconquêtede la confiance citoyenne. q* Tract pour une économie cohésive, par Pierre <strong>La</strong>rrouy, éditionsFlorent Massot, 2008, 11,57 euros.http://www.latribune.fr<strong>La</strong> <strong>Tribune</strong>18, rue Pasquier, 75008 ParisTéléphone : 01 78 41 40 93.Pour joindre directement votre correspondant,composer le 01 78 41 suivi des 4 chiffresmentionnés entre parenthèses.Société éditriceLA TRIBUNE NOUVELLE. S.A.S.au capital de 3 200 000 euros.établissement principal :18, rue Pasquier, 75008 ParisSiège social : 10, rue des Arts,31000 Toulouse. 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Jean-Pierre Gonguet.latribune.fr( Rédactrice en chef : Perrine Créquy.réalisation R&A( Direction artistique : Anne Terrin.( Rédacteur en chef édition : Alfred Mignot.( Secrétaire de rédaction : Sarah Zegel.( Révision : Cécile Le Liboux, Francys Gramet.( Infographies : ASKmedia.ActionnairesGroupe Hima, Hi-media/Cyril Zimmerman,JCG Medias, SARL CommunicationAlain Ribet/SARL, RH Éditions/Denis <strong>La</strong>fay.ManagementVice-président en charge des métropoleset des régions Jean-Claude Gallo. Conseilleréditorial François Roche. Directrice Stratégie etDéveloppement Aziliz de Veyrinas (40 78).Directrice de publicité Clarisse Nicot (40 79).Directeur de publicité Guillaume de Carné(40 76). Directeur nouveaux médias ThomasLoignon. Abonnements Dorothée Rourre (44 22).Imprimeries IPS, ZA du Chant des Oiseaux,80800 Fouilloy. N o de commission paritaire :0514 C 85607.ISSN : 1277-2380.Un supplément gratuit LA TRIBUNE DESRÉGIONS est inséré dans cette édition.


VENDREDI 14 décembre 2012 LA TRIBUNELes chroniques 29et si on arrêtait de cacherles miettes sous le tapis ?© DRFrançoisLeclercAncien conseillerau développementde l’AgenceFrance-PresseIl tient la chroniquede « L’actualitéde la crise » sur leblog de Paul Jorion.Il est l’auteur deFukushima, lafatalité nucléaire(éditions Osez laRépublique Sociale !,octobre 2012, 11 € ).au cœur de Puisque pour régler le problème de l’endettement en Europeni la carte de l’inflation, ni celle de la restructuration ne sontla crise possibles, pourquoi ne pas recourir à la dette perpétuelle, uneformule qui a autrefois fait ses preuves ?Cela ne date pas d’hier : les financiersont, en leur temps, inventéle mouvement perpétuel pourgérer la dette du même nom, quel’on appelait alors la rente. Évacuéedu paysage financier, la detteperpétuelle pourrait revenir parla porte de derrière, David Cameron y ayant mêmedernièrement fait référence. Un ballon d’essai pourl’instant sans suite. Mais il est vrai qu’à forced’allonger la maturité des émissions – certainesdésormais de 50 ans – et de faire rouler la dette enla finançant par de nouvelles émissions, on n’en estpas si loin. Entre la dette qui se perpétue et la detteperpétuelle, la frontière devient difficile à discerner.Très proches de cette dernière, il existe déjà destitres subordonnés à durée indéterminée (STDI),considérés comme des titres hybrides, des quasifondspropres.À l’ordre du jour du prochain G20 :moderniser les systèmes d’endettementPour l’instant, on n’en est pas encore là. <strong>La</strong> FEDa multiplié les programmes d’achat de titres hypothécaireset de dette souveraine et en lance unnouveau ; la Banque du Japon pourrait la suivredans la foulée des prochaines élections législatives ;la Banque d’Angleterre se retient encore de le faire ;et la BCE y a mis des conditions qui ne devraientpas tarder à être remplies par l’Espagne. Lesbanques centrales font feu de tout bois, ce qui faitdire un peu prématurément quela carte de l’inflation a été tirée,afin de résorber une dette qui nepeut pas l’être autrement.Les choses ne sont pas sisimples. <strong>La</strong> présidence russe duG20 annonce mettre à l’ordre dujour de sa prochaine réunion, enoctobre 2013 à Saint-Pétersbourg,« la modernisation des systèmesd’endettement public et de gestionde la dette souveraine ». Une révisiondes clauses d’action collective(CAC) est déjà en chantier en Europe, afin de rendreplus facile l’agrément des restructurations de detteen abaissant la majorité qualifiée des créanciers quila rend obligatoire pour tous (un alignement sur lesÉtats-Unis). Le sauvetage de la Grèce a conduit àfranchir le Rubicon en procédant à deux fois à unerestructuration de la dette du pays et à annoncer unetroisième à venir.Tout se passe comme s’il y avait deux fers au feudevant les nouveaux choix impossibles qui se«Entre la dettequi seperpétue et la detteperpétuelle,la frontièredevient difficileà discerner. »dessinent, une situation fréquemment rencontréeces derniers temps. Le FMI vient de mettre en gardeles États-Unis à propos du risque de perdre « leurleadership dans le monde » s’ils ne parvenaient pas às’engager sur la voie de leur désendettement. De soncôté, l’Europe expérimente avec la Grèce la panopliecomplète de la restructuration de la dette enespérant que cela ne sera pas qualifié de défaut, aprèsavoir effectué le transfert de la dette souverainedétenue par les banques auprès d’une BCE promueau rang de « bad bank ». Au Japon,la diminution des exportationsmenace le financement de la detteet implique le recours à grandeéchelle de la banque centrale, déjàtrès sollicitée, afin de ne pasdevoir affronter le marché internationalet consentir des taux plusélevés et inabordables.De deux choses, l’une… la troisième,disent parfois les philosophes.Et pourquoi pas les financiers? Si ni la carte de l’inflation,ni celle de la restructuration ne sont possibles,pourquoi ne pas revenir à une formule ayant faitses preuves, la dette perpétuelle ? Car si les États-Unis peuvent encore espérer, en souvenir de Roosevelt,le succès d’un cocktail de mesures s’appuyantsur le maintien d’un taux d’intérêt plus bas que lacroissance nominale (croissance plus inflation) del’économie, il n’en est pas de même ailleurs. Y a-t-ilune meilleure manière de mettre les miettes sousle tapis ? q© DR © DRMichelSudarskisSecrétaire Généralde l’INTA(AssociationInternationaledu DéveloppementUrbain)DidierLourdinDirecteur dudéveloppementdurable et destransports del’EPAD <strong>La</strong> défenseSeine archechanger de regard sur la Ville Intelligenteau cœur desterritoiresBien que de nombreuses initiativesde villes intelligentes soient encours à travers le monde, la plupartdes villes prennent (trop) lentementconscience de leur potentielde développement à être mieuxintégrées et mieux connectées.C’est regrettable, si l’on considère ce que le numériquepeut apporter aux problèmes de gestionurbaine : performance des réseaux d’énergie, desurveillance ou de transport, amélioration desconditions de travail, de formation ou de santé,contrôle des rejets atmosphériques…Un des premiers freins se trouve sans doute dansla compréhension même de la notion de ville intelligente,souvent réduite à une approche technique,utilitaire et technocratique. <strong>La</strong> ville intelligente nesaurait se résumer à une simple juxtaposition desolutions technologiques ! Trop souvent encore,elle est considérée par ce prisme qui laissed’ailleurs songeur sur le modèle de société futureque certains présentent comme inéluctable. <strong>La</strong>ville intelligente n’est-elle pas d’ailleurs perçuecomme une mégalopole grise et froide, ultraconnectée,ultra-contrôlée, déshumanisée par unetechnologie omniprésente ?Il n’est pas question pour autant de minimiserl’apport des technologies dures de l’information. LesUne simple juxtaposition de solutions technologiques nesuffira pas. Il faut définir un projet de société qui vise à offrirune meilleure qualité de vie urbaine.grandes entreprises ont bien compris tout le potentieléconomique de la technologie appliquée à lagestion des collectivités locales. Elles offrent depuisplusieurs années des services clés en main auxcollectivités : réseaux intelligents d’énergie, Internethaut débit, bâtiments à énergie positive. Certainesvont un cran plus loin en proposant de construiredes villes hyperintelligentes, comme Songdo enCorée, ou PlanIT au Portugal.Plus qu’une révolution technologique,une révolution sociétaleRendre les villes plus intelligentes ne se réduit pasà l’écriture d’algorithmes complexes, ni à mettre enplace une solution simplement technique. <strong>La</strong> villeintelligente peut répondre aux enjeux du développementde demain, à condition qu’elle soit le fruitd’une vision partagée de l’avenir. Ce qui importe n’estpas la technologie, mais le regard neuf que l’on peutporter sur les grandes questions : changement climatique,travail, loisirs, mobilité… Comment fairefructifier par le numérique le capital humain, spatialet culturel des territoires ? C’est avant tout un projetde société complexe, qui vise à offrir une meilleurequalité de vie aux habitants et usagers, et ce, dans lerespect de l’environnement et de l’équité.L’engouement des entreprises pour le développementdes villes intelligentes contraste avec le scepticismedes pouvoirs publics en la matière. Plusqu’une révolution technologique, la ville intelligenteest une révolution sociétale. Révolution socialed’abord puisqu’elle place l’individu au cœur del’action grâce à Internet et aux réseaux sociaux.Révolution économique ensuite, quand elle place lesservices au cœur de la logique de croissance. Révolutionécologique enfin, car elle favorise les comportementset modes de vie durables.Plusieurs grandes villes internationales ont déjàfranchi le pas d’une cité plus intelligente, mieuxconnectée, avec des projets d’aménagement urbainmêlant nouvelles technologies et développementdurable : associer numérique et qualité de vie – Tokyo,Barcelone, Helsinki, New York ; intégrer l’usager dansla démarche – Amsterdam, Barcelone, New York,Helsinki, Tokyo, Manchester ; rechercher l’efficiencedes infrastructures – Amsterdam, New York, HongKong, San Francisco ; mener une politique d’innovationet d’emplois dérivée du numérique – Manchester,Helsinki, Barcelone, New York, Amsterdam.<strong>La</strong> ville intelligente est une promesse : celle d’unesociété plus équitable, plus durable et plus participative.Cette promesse sera tenue à conditionque la ville intelligente soit conçue et mise enœuvre avec une gouvernance partagée et cohérente.Ce projet, seuls les acteurs publics ont lalégitimité et la capacité de le penser et de le porter.Ils pourront ensuite travailler en étroite collaborationavec les entreprises pour trouver lesréponses technologiques à des défis avant toutéconomiques, écologiques et sociaux tout en garantissantla place de l’homme. q


30L’interviewLA TRIBUNE VENDREDI 14 décembre 2012Denis KesslerPrésident-directeur général du groupe SCOR« Il faut une nouvellerefondation sociale »Qu’on se le dise, le PDG du réassureur Scor n’est pas candidat pour succéder à <strong>La</strong>urence Parisot àla tête du Medef. Mais il regrette que tant de temps ait été perdu pour réformer le pays. Selon lui,les partenaires sociaux devraient repenser notre système de protection sociale, pour le sauver.Propos recueillis par Philippe Mabille( <strong>La</strong> tribune – Comment voyez-vous évoluer l’économie en2013 ?Denis Kessler – <strong>La</strong> situation se dégrade de façon significative.Dès 2009, je prédisais un double dip, au momentoù beaucoup pensaient que la sortie de crise était probable.On est au cœur de ce deuxième creux, même si la contractionde l’activité ne se manifeste pas partout avec la mêmeintensité. <strong>La</strong> raison en est simple. Tous les freins sont serrésau même moment, dans la plupart des pays au monde.Le deleveraging [désendettement] généralisé est nécessaire.Cela va être notre principal horizon économique etfinancier, pour encore plusieurs années. Les États-Unisl’ont engagé plus tôt et sont en avance dans ce processus,mais l’Europe, à part l’Allemagne, est en retard.( Le plan de redressement de FrançoisHollande est-il à la hauteur ?Croire que la solution pour restaurerl’équilibre des comptes publicset sociaux est d’augmenter lesprélèvements obligatoires estune grave erreur. C’est opérerune ponction massive sur le secteurprivé au moment précis oùcelui-ci est obligé de réduireson propre endettement.C’est pourquoi je suispour une doubleLe PDG de Scor rêve d’un mondeoù « l’entreprise ne serait plusun objet de débat politique ». [DR]« règle d’or ». Le retour indispensable à l’équilibre structureldes comptes publics doit être renforcé par uneseconde règle d’or sur les moyens d’y parvenir. L’Étatdevrait réaliser au moins les deux tiers de l’effort enréduisant ses dépenses, et limiter à un tiers la haussedes recettes sur le secteur productif et les ménages. Or,le plan actuel repose pour l’essentiel sur l’augmentationdes prélèvements. On est donc en train de tarir la sourcede cash-flow de la nation. On ponctionne les richessesexistantes en faveur de la sphère publique, mais on nefait rien pour créer les richesses futures.( En 2000, lors de la création du Medef dont vous étiez viceprésident,vous aviez lancé la « refondation sociale ». Est-elletoujours d’actualité ?Oui… Le diagnostic de la refondation sociale a déjà treizeans et n’a hélas ! pas pris une ride. Car réformer, cen’est pas changer tel ou tel paramètre du financementde la protection sociale ou des prestationsservies. Cette approche ne marche plus.On a passé les trente dernières années àrafistoler le système existant, qui paraît deplus en plus coûteux sans être pour autantplus performant. Il faut inventer la protectionsociale du xxi e siècle, sans tabou,en nous inspirant de ce qui marche cheznos partenaires.( Depuis, on a quand même avancé…Des efforts ont été entrepris sur la représentativitédes organisations syndicales.On a engagé une réforme desretraites, qui est inachevée etparcellaire. On a créé PôleEmploi, mais sans améliorersignificativement leservice d’aide de retour àl’emploi des chômeurs,dans une conjoncturepar ailleurs difficileIl est comme ça !iPhone ou Blackberry ?Les deux.Travail le soir ou le week-end ?Les deux.<strong>La</strong> qualité que vous préférezchez vos collaborateurs ?L’intelligence loyale.Le défaut que vous ne pardonnezpas chez un collaborateur ?<strong>La</strong> déloyauté bête.Votre plus grand regretprofessionnel ?En théorie des jeux, on parle destratégie no regret. Et je ne regrettepas de l’avoir suivie.d’augmentation du chômage. On a créé le RSA, on a changécertains paramètres, mais on s’est bien gardé de repenser lesystème. Au total, une décennie en grande partie perdue. Ilfaut faire la retraite par points, en unifiant tous les régimes,créer des contrats de mission, intermédiaires entre le CDIet le CDD, réformer l’assurance-chômage et l’assurancemaladie,basculer sur d’autres bases toutes les cotisationsgrevant la feuille de paie qui n’ont pas de lien avec le contratde travail, etc. Je forme le vœu que l’on avance dans tous cesdomaines. Il en va de la compétitivité du pays.( Qu’attendez-vous de la grande négociation sociale sur l’emploi ?Nous sommes le dernier pays où l’on réunit les partenairessociaux au niveau national, en sommet, en pensant qu’en lesenfermant dans une pièce pendant suffisamment longtempset à plusieurs reprises, ils vont résoudre les problèmes…Selon moi, un accordnational interprofessionneln’a plus beaucoupde sens à notreépoque, tant la variétédes situations d’entrepriseest forte. Il faudratôt au tard dénationaliserle dialoguesocial. Le cadre publicen matière socialedevra être défini auniveau européen – les«Il faudra tôtou tarddénationaliser ledialogue social. Lecadre public devraêtre défini auniveau européen. »droits fondamentaux, l’ordre public social – et leur applicationfaite au niveau des entreprises, par des partenairessociaux en responsabilité, et pour une certaine part, auniveau des branches européennes.( Le Medef prend-il le problème comme il le faudrait ?Le Medef est une confédération de branches nationalesdont la compétence s’arrête aux frontières de l’Hexagone.Les entreprises – plutôt que les branches – devraient êtremajoritaires dans les instances de gouvernance du Medef.Je suis également en faveur d’une plus grande unité dansla représentation des entreprises, et on peut imaginerregrouper les organisations actuelles dans une entité nouvelleavec trois collèges : celui des très grandes entreprises,celui des entreprises moyennes et intermédiaires, et celuides TPE. Au-delà de la représentation des entreprises, ilfaut surtout retracer une frontière claire entre ce qui relèvedes entreprises et ce qui relève de l’État. Lorsque les prestationsn’ont pas de lien avec le contrat de travail, il fautsubstituer un impôt national (CSG ou TVA) aux cotisationspatronales et salariales, dont la distinction n’a d’ailleursplus aucune justification. On a créé en France de toutespièces une source de conflit permanent entre le salarié, quivoit seulement son salaire net avant impôt, et l’employeur,qui supporte le coût total du travail, charges comprises.C’est en France que cet écart entre revenu brut et revenunet est le plus élevé ! C’est une source d’incompréhension.( Êtes-vous candidat au Medef ?J’en suis parti il y a dix ans, après avoir déjà donné douzeans de mon existence aux instances patronales, et je n’aipas ménagé ma peine. Je ne suis pas candidat. Aupassage, une bonne gouvernance consisterait àinstaurer une présidence de deux ans non renouvelableexercée par un chef d’entreprise en activité,encadré par l’ancien président et le présidentà venir, afin d’assurer une continuité des dossiers,une gestion plus collégiale, un renouvellementpermanent des responsables, une meilleurereprésentativité des différentes catégories d’entrepriseet des secteurs. Mais dépassons le cadrede l’institution. Je rêve depuis des années d’unmonde où l’entreprise ne serait plus un objet dedébat politique. Notre collectivité a décidé defaire de l’entreprise – et de ses responsables – lebouc émissaire de ses difficultés et de la chargerde tous les péchés. L’entreprise n’est qu’un instrumentde création de richesse, ni plus ni moins.Politiser en permanence l’entreprise, en faire unenjeu politique national, lui donner une fortecharge idéologique, est un jeu très dangereux. q


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