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une approche globale des dangers et menaces - La Tribune

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Réseau ferré de France :<br />

<strong>une</strong> <strong>approche</strong> <strong>globale</strong><br />

<strong>des</strong> <strong>dangers</strong> <strong>et</strong> <strong>menaces</strong><br />

Xavier Raufer – mars 2007<br />

Etude RFF - 1


Préambule – p. 2<br />

Sommaire<br />

Dangers <strong>et</strong> <strong>menaces</strong> visant le ferroviaire : un élément d’alerte précoce – p. 4<br />

1 - Penser dans la perspective large les <strong>menaces</strong> sur les réseaux ferroviaires – p. 5<br />

2 - L’oubli <strong>des</strong> <strong>menaces</strong>, phénomène fréquent <strong>et</strong> préoccupant – p. 12<br />

3 - « Champ préalable d’inspection » : le périmètre de l’étude – p. 15<br />

4 - Dangers <strong>et</strong> <strong>menaces</strong> : les spécificités ferroviaires – p. 19<br />

5 - Dangers <strong>et</strong> <strong>menaces</strong> réels : les faits – p. 22<br />

6 - Le « triangle de sûr<strong>et</strong>é » RFF – SNCF – EPSF – p. 27<br />

7 - Préconisations : face aux risques, renforcer la sûr<strong>et</strong>é du réseau ferré français – p. 29<br />

Annexes – p. 33<br />

- Les principaux attentats ferroviaires, du XIX e au XXI e siècle p. 34<br />

- Les principaux épiso<strong>des</strong> du chantage du pseudo-AZF – p. 39<br />

- <strong>La</strong> bombe sur la LGV, près d’Angers, avril 2006 – p. 41<br />

- Missions <strong>et</strong> statuts de l'Etablissement public de sécurité ferroviaire – p. 42<br />

- <strong>La</strong> base de données CEZAR – p. 49<br />

- Sources <strong>et</strong> références de l’étude – p. 50<br />

Etude RFF - 2


Préambule<br />

S’agissant du domaine spécifique constitué par le réseau ferré français, c<strong>et</strong>te étude ex-<br />

clut les risques accidentels engendrés par la nature ou par l’évolution technique <strong>et</strong><br />

s’intéresse à ce qui relève, non de la catastrophe, mais de la tragédie : l’attentat, le sa-<br />

botage, <strong>et</strong>c. Une catastrophe est en eff<strong>et</strong> un événement désastreux, inopiné, involon-<br />

taire, imprévisible. A l’inverse, la tragédie découle <strong>des</strong> actes (volontaires ou non) ac-<br />

complis par un ou plusieurs individus. Le déroulement tragique tient à ce qu’ils ont fait<br />

ou négligé de faire ; de ce qu’ils ont vu ou refusé de voir ; de ce qu’ils ont pris en<br />

compte ou négligé. Leur <strong>des</strong>tin tragique, l’événement tragique – qui inspirent la pitié ou<br />

la terreur – sont le fruit de leurs passions ou de leurs aveuglements.<br />

Ainsi par exemple, l’attaque terroriste du 11 septembre, qui m<strong>et</strong>tait fin à la parenthèse<br />

historique 1989-2001 (durant laquelle <strong>des</strong> naïfs pensaient que le monde était sorti de<br />

l’Histoire), a-t-elle bien été <strong>une</strong> tragédie, ce, au plein sens du terme.<br />

C<strong>et</strong>te étude concernant surtout <strong>des</strong> installations fixes <strong>et</strong> non <strong>des</strong> matériels mobiles, ou<br />

<strong>des</strong> installations <strong>des</strong>tinées au public (wagons, gares...) nous avons ainsi renoncé à y<br />

aborder directement le risque nucléaire-radiologique-biologique-chimique (NRBC).<br />

Nous entreprendrons donc ici d’identifier <strong>et</strong> décrire les <strong>dangers</strong> réels du monde présent,<br />

car seule leur exposition précise <strong>et</strong> réaliste peut perm<strong>et</strong>tre de concevoir à temps <strong>des</strong><br />

para<strong>des</strong> appropriées.<br />

Ces <strong>dangers</strong> réels sont à leur tour de deux ordres :<br />

- Certains sont de nature stratégique, car répondant à <strong>des</strong> objectifs (certes dévoyés ou<br />

extrémistes) <strong>et</strong> <strong>des</strong> motivations (politiques, religieuses, financières) dépassant c<strong>et</strong>te im-<br />

pulsion momentanée qui pousse un ou quelques individus à comm<strong>et</strong>tre, sur le champ, un<br />

acte peu ou pas réfléchi.<br />

- Les autres <strong>dangers</strong> sont de type anomique, c’est à dire, justement, spontanés ou irréflé-<br />

chis. Ces actes anomiques entrent pour la plupart (l’exception étant ici celle de<br />

l’individu atteint d’<strong>une</strong> pathologie mentale) dans le domaine de ce qu’on nomme les<br />

« violences urbaines », cadre très spécifique à l’intérieur duquel <strong>une</strong> entreprise – même<br />

Etude RFF - 3


importante <strong>et</strong> riche – est quasiment réduite à l’impuissance, limitée qu’elle est au strict<br />

registre du préventif. Un préventif, notons-le, administré un peu à l’aveugl<strong>et</strong>te, du fait<br />

du manque grave de renseignement proactif sérieux sur ce qui se trame dans ce qu’il<br />

faut bien appeler les zones hors-contrôle <strong>et</strong> autres « cités sensibles » qui parsèment notre<br />

territoire national.<br />

Mais, pour en revenir au stratégique, <strong>et</strong> alors que nous écrivons ce texte, grandit à<br />

l’horizon un péril majeur pour la sécurité <strong>des</strong> peuples <strong>et</strong> <strong>des</strong> nations : celui d’<strong>une</strong> hybri-<br />

dation chaque jour plus poussée entre entités terroristes <strong>et</strong>/ou criminelles. Ce processus<br />

d’hybridation est périlleux pour ceux qui le subissent – ou qui s’y livrent – <strong>et</strong> nombre de<br />

groupes, de ban<strong>des</strong> ou de gangs disparaîtront à coup sûr dans l’aventure.<br />

Or – souvenons nous de Frédéric Ni<strong>et</strong>zsche : « Tout ce qui ne me tue pas me rend plus<br />

fort » (Ainsi parlait Zarathoustra). Les sociétés criminelles survivantes, ayant surmonté<br />

l’épreuve, seront plus fortes encore, ajoutant à leur maîtrise de la méthodologie terro-<br />

riste, la large gamme d’outils de corruption <strong>et</strong> d’intimidation du crime organisé.<br />

Au total, les <strong>dangers</strong> <strong>et</strong> <strong>menaces</strong> ci-après exposés sont d’ordre terroriste <strong>et</strong>/ou criminel,<br />

<strong>et</strong> nous les envisageons d’abord dans le cadre large, à l’échelle géopolitique.<br />

Etude RFF - 4


Dangers <strong>et</strong> <strong>menaces</strong> visant le ferroviaire :<br />

un élément d’alerte précoce<br />

De façon confidentielle, <strong>des</strong> savants <strong>et</strong> techniciens au service de la CIA <strong>et</strong> <strong>des</strong> services<br />

spéciaux britanniques (MI5, équivalent de la DST en France, <strong>et</strong> MI6, de la DGSE) tra-<br />

vaillent aujourd’hui au proj<strong>et</strong> SAFEE (« Security of Aircraft in the Future European<br />

Environment »), initié par les sociétés Airbus <strong>et</strong> BAE Aerospace.<br />

Au prix (à ce jour) d’un investissement de 40 millions de dollars US, ils sont en passe<br />

de créer un avion non-piratable (« hijack-proof airliner »), que <strong>des</strong> terroristes ne pour-<br />

ront jamais contrôler.<br />

C<strong>et</strong> avion ne peut en aucun cas être détourné de son plan de vol, même si les pilotes ont<br />

été assassinés <strong>et</strong> si les pirates contrôlent l’aéronef. Les comman<strong>des</strong> sont sous contrôle<br />

biométrique <strong>et</strong> nul autre que le pilote ou le co-pilote ne peut les actionner. Toute autre<br />

empreinte manipulant les comman<strong>des</strong> les bloquent sur le champ. L’avion signale lui-<br />

même à la tour de contrôle toute manœuvre suspecte. Il identifie les montagnes <strong>et</strong><br />

structures élevées <strong>et</strong> s’en détourne automatiquement, sans que les pirates n’y puissent<br />

rien. Dans la cabine, <strong>des</strong> senseurs, micros <strong>et</strong> caméras contrôlent minutieusement toute<br />

activité durablement suspecte <strong>des</strong> passagers. Enfin, l’aéronef est capable d’atterrir tout<br />

seul sur l’aéroport, ou l’espace libre, le plus proche.<br />

Ces premier avions non-piratables devraient être disponibles dès 2010. Dès lors, la seule<br />

règle universellement valide en criminologie, l’eff<strong>et</strong> de déplacement, commencera à<br />

jouer. Les pirates chercheront <strong>des</strong> cibles moins « dures » : aviation privée <strong>et</strong> j<strong>et</strong>s<br />

d’affaires, bien sûr, mais là, le faible nombre de passagers ne devrait pas perm<strong>et</strong>tre pas<br />

aux terroristes d’espérer <strong>une</strong> couverture médiatique majeure.<br />

Restent alors les moyens de transports terrestres de prestige, comme les trains de luxe<br />

(type « Orient-Express ») ou les TGV : les pirates tenteront alors de les contrôler par<br />

prise d’otages, ou de les détruire, par <strong>des</strong> bombes ou <strong>des</strong> tirs de roqu<strong>et</strong>tes anti-char. Un<br />

risque sérieux, que le monde ferroviaire doit dès aujourd’hui prendre en compte.<br />

Etude RFF - 5


1 - Penser dans la perspective large<br />

les <strong>menaces</strong> sur les réseaux ferroviaires<br />

Quiconque entreprend aujourd’hui de réfléchir à la sécurité d’un réseau critique comme<br />

nos chemins de fer nationaux bute immédiatement sur deux pièges conceptuels d’autant<br />

plus dangereux, que la démarche conduisant à y tomber semble banale <strong>et</strong> allant de soi :<br />

- Le premier piège est celui de l’oubli de l’ennemi : il consiste à occulter la menace, à<br />

la tenir pour bien connue <strong>et</strong> donc, à passer illico aux contre-mesures techniques ou ad-<br />

ministratives. Or aujourd’hui sur le continent européen, pour la première fois depuis<br />

presque un millénaire, l’ennemi ne va pas de soi. Qui il est n’est ni clair, ni indiscuta-<br />

ble. Aujourd’hui, les gouvernements, les états-majors, les médias <strong>et</strong> l’opinion peinent à<br />

imaginer, à concevoir, à nommer <strong>et</strong> à désigner un ennemi qui s’attaque à <strong>des</strong> Etats mais<br />

n’est ni de même nature, ni à la même échelle qu’eux.<br />

Etablissons ici la nature indécidable de l’ennemi dans la période présente. Qu’il y ait<br />

<strong>une</strong> guerre en Irak, chacun le sait, mais qui les Etats-Unis d’Amérique combattent-ils<br />

dans ce pays ? Quel est leur ennemi ? Qui sont les belligérants tués par l’armée améri-<br />

caine, <strong>et</strong> qui tue les G. I.’s ? Fondamentales, ces questions restent en fait sans réponse :<br />

« <strong>La</strong> première <strong>et</strong> la plus basique <strong>des</strong> questions auxquelles la CIA doit répondre est : qui<br />

combattons-nous [en Irak] ? Sauf erreur, il n’existe auc<strong>une</strong> réponse officielle à c<strong>et</strong>te<br />

question ; juste de rares réponses anecdotiques, (...) qui, au hasard, qualifient nos adver-<br />

saires de baathistes acharnés, de <strong>des</strong>perados <strong>et</strong> de derniers fidèles de Saddam Hus-<br />

sein. » 1 . Ainsi, <strong>et</strong> de façon un peu effarante en <strong>une</strong> époque portant aux nues la<br />

« communication », on en sait moins sur un ennemi, qui (en janvier 2007) a déjà tué au<br />

combat plus de 2 500 soldats américains, qu’on en savait au XIII e siècle sur les Huns ou<br />

les Mongols.<br />

- Le second piège est celui du douill<strong>et</strong> cocon franco-français. Il consiste à ne pas pren-<br />

dre pour horizon la mondialisation criminelle ou terroriste – effectuée bien plus tôt, plus<br />

vite <strong>et</strong> complètement que l’autre, celle <strong>des</strong> gens honnêtes <strong>et</strong> <strong>des</strong> activités licites. A ne<br />

pas chercher plus loin que « ce qui est de prime abord familier » ou que « ce qui s’offre<br />

immédiatement au regard » ; à ne pas dépasser « ce qui ne fait que se trouver là au-<br />

1 « Secr<strong>et</strong> intelligence and the war on terror », New York Review of Books, 16/12/2004.<br />

Etude RFF - 6


jourd’hui, l’actuel, le plus proche ». A ne pas s’extraire de « la sphère <strong>des</strong> expériences<br />

<strong>et</strong> <strong>des</strong> conceptions personnelles » (pour employer l’espace d’un paragraphe la langue<br />

philosophique).<br />

Or aujourd’hui sortir de ce cocon est vital, mais aussi complexe, car, phénomène classi-<br />

que en cas de grand bouleversement, les cadres conceptuels dans lesquels on étudie de-<br />

puis la fin du XIX e siècle la criminalité ou le terrorisme sont devenus obsolètes :<br />

- Sa mutation depuis l’abolition de l’ordre bipolaire du monde fait que le terrorisme dé-<br />

borde largement du champ où naguère, on l’analysait.<br />

- Le crime organisé, lui, s’est mondialisé <strong>et</strong> a pris <strong>une</strong> ampleur telle que la vieille cri-<br />

minologie à base psychologique ou sociologique ne perm<strong>et</strong> plus de l’analyser ni même<br />

de le comprendre.<br />

Plus grave peut-être encore, l’actuel chaos mondial génère désormais <strong>des</strong> entités hybri-<br />

<strong>des</strong>, consubstantiellement terroristes <strong>et</strong> criminelles, comme (entre cent autres exemples<br />

analogues) ce réseau d’islamistes-braqueurs démantelé en décembre 2005 dans la région<br />

parisienne, 25 individus allant du gangster pur <strong>et</strong> dur au p<strong>et</strong>it voyou en phase<br />

d’islamisation radicale, mais tous proches du Groupe salafiste (GSPC, algérien) pour la<br />

prédication <strong>et</strong> le combat.<br />

L’existence <strong>et</strong> les agissements de ces terroristes, mafieux <strong>et</strong> « gangsterroristes » impo-<br />

sent un champ conceptuel plus vaste, celui <strong>des</strong> <strong>menaces</strong>, hybri<strong>des</strong>, criminelles ou terro-<br />

ristes, pour cerner, pour penser, le chaos mondial.<br />

Avant d’envisager les formes de terrorisme ou de crime pouvant cibler les réseaux fer-<br />

roviaires, il faut donc placer c<strong>et</strong>te menace particulière dans son cadre large – <strong>et</strong> donc<br />

<strong>des</strong>siner ce cadre à grands traits ; ce par quoi débute c<strong>et</strong>te étude.<br />

Menaces : qui ? Où ? Pourquoi ? Comment ?<br />

Menaces objectives : ce qui provient du chaos mondial<br />

Hier l'ennemi était connu, stable, familier. Aujourd'hui il est fugace, bizarre, incompré-<br />

hensible - mais tout aussi dangereux, sinon plus. Durant la Guerre froide, toutes les me-<br />

naces stratégiques étaient lour<strong>des</strong>, stables, lentes, identifiées - voire familières (Pacte de<br />

Etude RFF - 7


Varsovie). Le terrorisme lui-même était stable <strong>et</strong> explicable. Exemple, le « Fatah-<br />

Conseil Révolutionnaire » d’Abou Nidal : chacun savait qui l’hébergeait, de quels ar-<br />

mes <strong>et</strong> explosifs il usait. Et « décoder » le sigle de circonstance dont il signait ses ac-<br />

tions était enfantin. Au contraire, la terreur est désormais brutale, fugace, irrationnelle -<br />

voir la secte Aum ou le GIA algérien.<br />

Aujourd'hui, les <strong>menaces</strong> réelles émanent d’entités hybri<strong>des</strong>, opportunistes, capables<br />

d'évolutions foudroyantes. Les conflits réels (Balkans, Afrique, <strong>et</strong>c.) sont civils, le plus<br />

souvent <strong>et</strong>hniques ou tribaux. Véritables tourbillons criminels, ils mélangent fanatismes<br />

religieux, famines, massacres, piraterie maritime ou aérienne, trafics d’êtres humains, de<br />

stupéfiants, d'armes, de produits toxiques, <strong>et</strong> de gemmes (« diamants de guerre »).<br />

Ainsi <strong>et</strong> pour l’avenir prévisible, la guerre, forme suprême du conflit, aura <strong>une</strong> dimen-<br />

sion criminelle ou terroriste, ou hybride entre les deux. Elle affectera toujours plus les<br />

civils (populations, métropoles, entreprises) comme nous l’ont montré le « 9/11 » <strong>et</strong><br />

l’attaque au bacille du charbon (ou anthrax), à New York, à l’automne 2001. Terroristes<br />

ou criminelles, ces guerres auront souvent pour origine les zones hors-contrôle de la<br />

planète :<br />

- Des pays « échoués » ayant sombré, momentanément ou durablement, dans l’anarchie<br />

(Afghanistan, Albanie, Liberia, Sierre Leone,...),<br />

- Des mégapoles anarchiques du sud du monde (Karachi, <strong>La</strong>gos, Rio,...), immensités<br />

dont <strong>des</strong> quartiers <strong>et</strong> banlieues entiers - <strong>des</strong> milliers de kilomètres carrés, <strong>des</strong> millions<br />

d’habitants - sont sous le contrôle réel de mafieux, de terroristes, de trafiquants, <strong>et</strong>c. Par-<br />

tant de tels fiefs 2 , les entités dangereuses pourront aisément frapper les centres dévelop-<br />

pés <strong>et</strong> leurs cibles symboliques.<br />

Dans le chaos mondial, <strong>des</strong> terrorismes hybri<strong>des</strong> nouveaux<br />

Aujourd’hui, le terrorisme est partout. Il forme notamment l'<strong>une</strong> <strong>des</strong> composantes ma-<br />

jeures de la guerre - après l'avoir lentement mais sûrement infectée au cours <strong>des</strong> trois<br />

2 Karachi, voir « Etats échoués, mégapoles anarchiques », Anne-Line Didier <strong>et</strong> Jean-Luc Marr<strong>et</strong>, PUF,<br />

coll. Défense & Défis Nouveaux, 2001. « Forteresses criminelles » du Brésil, voir sur le site du<br />

Département de recherche sur les Menaces Criminelles Contemporaines , la « Note<br />

d’Alerte » N°2, intitulée « Cocaïne sur l’Europe : l’inondation <strong>approche</strong> ».<br />

Etude RFF - 8


décennies passées. Au début du XXI e siècle, le terrorisme est ainsi pour nos gouverne-<br />

ments la préoccupation centrale en matière de sécurité. On peut même dire<br />

qu’aujourd'hui, le terrorisme est devenu la guerre.<br />

Mais ce terrorisme envahissant tout - pour mille raisons <strong>des</strong> bombes explosent chaque<br />

jour, de par le globe - a également subi <strong>une</strong> mutation importante. Ainsi, le terrorisme<br />

d'Etat de la guerre froide, politique ou idéologique, a quasiment disparu. Et depuis la fin<br />

de la Guerre froide, de nouveaux acteurs ont investi la scène terroriste : en son centre<br />

bien sûr, <strong>des</strong> fanatiques comme les terroristes islamistes ; aussi, <strong>des</strong> entités non-politi-<br />

ques <strong>et</strong> criminelles comme <strong>des</strong> mafias ; <strong>des</strong> sectes millénaristes, d’autres entités irra-<br />

tionnelles violentes encore.<br />

Dans ce contexte, qu’est-ce qu’<strong>une</strong> « nouvelle menace » ?<br />

Observer la réalité <strong>des</strong> aires dangereuses, constater objectivement l’origine <strong>des</strong> attentats,<br />

où se déroulent les conflits réels, d’où proviennent les flux de biens <strong>et</strong> services illicites<br />

(êtres humains, stupéfiants, armes de guerre, véhicules,...), montre que depuis la fin de<br />

l’ordre mondial bipolaire, les vraies <strong>menaces</strong> émanent de :<br />

- Milices, guérillas mutantes, entités hybri<strong>des</strong> peuplées de terroristes, de fanatiques, de<br />

« bandits patriotes » <strong>et</strong> de militaires déserteurs ;<br />

- Aux ordres de généraux dissidents, de seigneurs de la guerre, d’illuminés ou de purs <strong>et</strong><br />

simples bandits ;<br />

- D'entités méconnues ou insaisissables, capables de mutations <strong>et</strong> de changement d'al-<br />

liances foudroyants ;<br />

- Ignorant les lois internationales <strong>et</strong> d'abord celles qui relèvent du respect de l'humani-<br />

taire ;<br />

- Vivant en symbiose avec l’économie criminelle, dans le triangle narcotiques - armes<br />

de guerre - argent noir.<br />

Les entités dangereuses<br />

<strong>La</strong> fin de l'ordre bipolaire a provoqué la mutation d'entités hier purement terroristes ou<br />

criminelles, leur glissement brusque <strong>et</strong> imprévu du champ du technomorphe à celui du<br />

biomorphe.<br />

Etude RFF - 9


Technomorphe : hier, le terrorisme transnational était le fait de groupes récupérés par<br />

<strong>des</strong> services spéciaux pour le compte d'Etats. Sur ordre <strong>et</strong> au cach<strong>et</strong>, ces groupes agis-<br />

saient mécaniquement, par impulsion marche/arrêt.<br />

Biomorphe : aujourd'hui prolifèrent de façon quasi-biologique, <strong>et</strong> à ce jour incontrôlée,<br />

<strong>des</strong> entités dangereuses complexes, difficiles à identifier, à définir, à comprendre ; ce,<br />

dans <strong>des</strong> territoires <strong>et</strong> <strong>des</strong> flux eux-mêmes mal explorés.<br />

Caractéristiques comm<strong>une</strong>s <strong>des</strong> entités dangereuses du chaos mondial<br />

Tentons de déceler <strong>des</strong> similitu<strong>des</strong> entre la plupart <strong>des</strong> entités évoquées dans ce texte.<br />

• Ce ne sont pas <strong>des</strong> organisations « à l’occidentale »<br />

D’abord, elles ont en commun de n’être pas <strong>des</strong> organisations, au sens pris par ce terme<br />

dans notre société, c’est à dire <strong>des</strong> structures soli<strong>des</strong>, voire rigi<strong>des</strong>. Ces entités sont au<br />

contraire flui<strong>des</strong>, liqui<strong>des</strong> même - sinon volatiles.<br />

Prenons le cas de ce que l’exécutif <strong>des</strong> Etats-Unis nomme « al-Qaida » <strong>et</strong> présente obsti-<br />

nément comme <strong>une</strong> organisation formelle dotée de « numéro 2 » ou de « numéro 3 » -<br />

donc d’<strong>une</strong> hiérarchie ; <strong>et</strong> dont « les deux tiers <strong>des</strong> cadres auraient été éliminés » ce qui<br />

induit qu’elle aurait <strong>des</strong> effectifs stables. Propos repris par quelques « experts », affir-<br />

mant sans rire que les « membres d’al-Qaida » seraient (par exemple) 1 200... Or un rai-<br />

sonnement enfantin perm<strong>et</strong> de démontrer qu’« al-Qaida » n’est pas <strong>une</strong> organisation, au<br />

sens où, pour en rester au terrorisme, l’IRA en est <strong>une</strong>. Que, pour dire les choses autre-<br />

ment, « al-Qaida » n’est pas <strong>une</strong> sorte d’IRA islamiste <strong>et</strong> non catholique.<br />

Entre le mois d’août 1998 <strong>et</strong> ses deux premières attaques contre les ambassa<strong>des</strong> améri-<br />

caines à Nairobi <strong>et</strong> Dar es-Salaam, <strong>et</strong> le printemps 2003, « al-Qaida » a vu se déchaîner<br />

contre elle la pire vague répressive de l’histoire mondiale. Selon notre base de données,<br />

près de 5 000 individus présentés comme ses « membres » ont alors été interpellés dans<br />

58 pays du globe ; eux-mêmes étant originaires d’autant de pays, sinon plus. De plus,<br />

surtout dans le monde Arabe, <strong>des</strong> centaines d’autres interpellations ont été opérées en<br />

secr<strong>et</strong>. Tout cela, notons-le, avant la guerre d’Irak du printemps 2003 <strong>et</strong> les attentats<br />

consécutifs :<br />

- Riyad (Arabie Saoudite; mai 2003, 35 morts ; novembre 2003, 17 morts)<br />

Etude RFF - 10


- Casablanca (Maroc, mai 2003, 45 morts)<br />

- Djakarta (Indonésie, août 2003, 12 morts)<br />

- Istanbul (Turquie, novembre 2003, 69 morts)<br />

- Madrid (Espagne, mars 2004, 202 morts)<br />

- Taba (Egypte, octobre 2004, ± 35 morts)<br />

- Londres (Grande-Br<strong>et</strong>agne, juill<strong>et</strong> 2005, 58 morts)<br />

- Charm el-Cheikh (Egypte, juill<strong>et</strong> 2005, ± 90 morts)<br />

- Bali (Indonésie, octobre 2005, ± 30 morts)<br />

- Amman (Jordanie, novembre 2005, ± 60 morts)<br />

- Dahab (Egypte, avril 2006, ± 30 morts)<br />

Prenons maintenant deux gran<strong>des</strong> organisations (<strong>des</strong> vraies, elles) présentes par besoin<br />

professionnel tout autour du globe : <strong>une</strong> multinationale <strong>et</strong> un service de renseignement<br />

extérieur. Disons General Motors <strong>et</strong> la CIA. Que resterait-il de ces deux géants si, mon-<br />

dialement, de 5 à 6 000 de leurs cadres <strong>et</strong> employés étaient j<strong>et</strong>és en prison ou assassinés,<br />

leurs bureaux bombardés, leurs archives pillées, leurs outils de travail, comptes en ban-<br />

que <strong>et</strong> fonds, confisqués ? Rien.<br />

• Autres caractéristiques <strong>des</strong> entités dangereuses du chaos mondial<br />

. Leur nature est hybride, partie « politique », partie criminelle ; on constate aujourd'hui<br />

<strong>des</strong> échanges poussés entre entités criminelles <strong>et</strong> terroristes : Camorra napolitaine avec<br />

l'ETA basque <strong>et</strong> le Groupe Islamique Armé d'Algérie ; gang de Dawood Ibrahim à Ka-<br />

rachi avec <strong>des</strong> islamistes (Jaish-i-Muhammad, Harakat-ul-Mujahideen) proches de Ben<br />

<strong>La</strong>den ; ainsi qu’entre les terroristes de l'IRA <strong>et</strong> la guérilla dégénérée <strong>et</strong> proto-criminelle<br />

<strong>des</strong> FARC (Colombie),<br />

. Elles disposent d’<strong>une</strong> capacité de mutation ultra-rapide en fonction du facteur dollar,<br />

désormais crucial,<br />

- <strong>La</strong> plupart <strong>et</strong> le plus souvent, elles sont noma<strong>des</strong>, dé-territorialisées (ou implantées<br />

dans <strong>des</strong> zones inaccessibles) <strong>et</strong> transnationales,<br />

- Elles sont coupées du monde <strong>et</strong> de la société civilisée : leurs objectifs sont, soit crimi-<br />

nels, soit d'ordre fanatique ou millénariste ; soit factices, simplement <strong>des</strong>tinés à abuser<br />

Etude RFF - 11


le monde extérieur (Liberia <strong>et</strong> Sierra Leone : la bande prédatrice de Foday Sankoh se di-<br />

sant « Front révolutionnaire uni ») ; soit enfin (secte Aum) quasi-incompréhensibles,<br />

- Elles sont en général privées de tout sponsorship d'Etat - ce qui les rend plus imprévi-<br />

sibles <strong>et</strong> incontrôlables encore,<br />

- Elles ont <strong>une</strong> pratique extensive du massacre, la volonté de donner la mort au plus de<br />

gens possible (ben <strong>La</strong>den, le GIA algérien, la secte Aum, <strong>et</strong>c.).<br />

Etude RFF - 12


2 - L’oubli <strong>des</strong> <strong>menaces</strong>, phénomène<br />

fréquent <strong>et</strong> préoccupant<br />

<strong>La</strong> plupart <strong>des</strong> textes officiels consacrés aux mesures à prendre contre le terrorisme ou<br />

le crime organisé om<strong>et</strong>tent purement <strong>et</strong> simplement d’y décrire <strong>et</strong> désigner clairement<br />

les acteurs de ces deux types d’activités illicites, comme si ceux-ci allaient de soi,<br />

étaient connus par cœur ; comme si la nature <strong>et</strong> les activités de ces acteurs étaient trans-<br />

parents de part en part.<br />

Or cela n’est pas vrai <strong>et</strong> le défaut de définition <strong>et</strong> d’exposition <strong>des</strong> <strong>dangers</strong> <strong>et</strong> <strong>menaces</strong><br />

réels du monde vrai nuit fort à l’élaboration de diagnostics précis <strong>et</strong> efficaces, <strong>et</strong> génère<br />

à l’inverse <strong>des</strong> textes théoriques, flous <strong>et</strong> allusifs, incapables d’aller très avant dans le<br />

concr<strong>et</strong>. Le 27 février 2006 par exemple, la Commission <strong>des</strong> Communautés européen-<br />

nes publiait <strong>une</strong> « Communication de la Commission au Conseil, au Parlement euro-<br />

péen, au Comité économique <strong>et</strong> social européen <strong>et</strong> au Comité <strong>des</strong> régions, sur le renfor-<br />

cement de la sûr<strong>et</strong>é de la chaîne d’approvisionnement ». Voici ce qu’en tout <strong>et</strong> pour<br />

tout, on y dit du motif même de l’exercice : « Le terrorisme est l’<strong>une</strong> <strong>des</strong> <strong>menaces</strong> les<br />

plus gran<strong>des</strong> pour la démocratie <strong>et</strong> la liberté. Le risque d’un attentat terroriste visant les<br />

transports de marchandises reste élevé. Les dommages qu’il pourrait entraîner pour les<br />

vies humaines <strong>et</strong> pour l’activité économique sont inimaginables <strong>et</strong> incalculables ».<br />

Sur quoi <strong>et</strong> jusqu’à sa fin, le texte ne traite plus que de mesures administratives ou tech-<br />

niques – en négligeant quasi-absolument ce pourquoi ces mesures sont prises.<br />

A l’échelle de notre pays, les documents accessibles traitants <strong>des</strong> problèmes de sûr<strong>et</strong>é <strong>et</strong><br />

de sécurité dans le monde ferroviaire témoignent d’un semblable défaut d’analyse de la<br />

menace. Le plus souvent, ces textes font allusion à <strong>des</strong> « actes malveillants » sans beau-<br />

coup plus de précisions, ou renvoient au niveau local l’analyse <strong>des</strong> <strong>dangers</strong> <strong>et</strong> <strong>menaces</strong>.<br />

Pour la SNCF 3 , il s’agit de « prévenir les actes délictueux... atténuer le sentiment<br />

d’insécurité chez les clients... instaurer un climat de confiance (Objectifs géné-<br />

raux1.2.1.) <strong>et</strong> plus largement de « cerner les enjeux <strong>et</strong> évolutions liés aux faits, <strong>menaces</strong>,<br />

3 « Directive pilotage général de la sûr<strong>et</strong>é <strong>des</strong> personnes <strong>et</strong> <strong>des</strong> biens – Politique de sûr<strong>et</strong>é de la SNCF »<br />

(RG008).<br />

Etude RFF - 13


isques <strong>et</strong> adapter les dispositifs opérationnels... anticiper les évolutions de<br />

l’environnement... ». (1.2.2.).<br />

Dans sa « Définition de la politique de sûr<strong>et</strong>é » le même document déclare vouloir<br />

« assurer <strong>une</strong> veille prospective en relation avec <strong>des</strong> organismes confrontés à <strong>des</strong> pro-<br />

blèmes similaires (<strong>et</strong>) les autorités publiques en charge <strong>des</strong> questions de sûr<strong>et</strong>é <strong>et</strong> de dé-<br />

fense... Analyser <strong>et</strong> exploiter les données issues de la base de recueil <strong>des</strong> informations<br />

de sûr<strong>et</strong>é CEZAR 4 , pour connaître l’évolution <strong>des</strong> zones à risque... ». On aura noté : <strong>des</strong><br />

zones à risque, mais pas les populations. Et tout ceci semble devoir se faire au niveau<br />

local, qui seul est invité à définir <strong>et</strong> estimer la menace, pour préparer (par exemple) le<br />

plan de sûr<strong>et</strong>é du site.<br />

De même, un autre document 5 , consacré au diagnostic de sûr<strong>et</strong>é, conseille aux acteurs<br />

de terrain de « posséder <strong>une</strong> appréciation <strong>des</strong> faits d’insécurité suivant un processus<br />

structuré : localisation géographique (où ?) – temporelle (quand ?) – contextuelle<br />

(comment ?). Où, quand, comment mais pas qui ; là encore, les acteurs sont négligés.<br />

Une autre note encore 6 envisage l’élaboration d’<strong>une</strong> cartographie <strong>des</strong> zones à risque<br />

(« gares <strong>et</strong> zones affectées par <strong>des</strong> actes de malveillance répétés »), or ces actes (pour<br />

parler clair, <strong>des</strong> pillages d’entrepôts ou de wagons, accompagnés ou non d’agressions)<br />

sont le fait de ban<strong>des</strong> oscillant entre délinquance juvénile <strong>et</strong> crime organisé ; mais de<br />

s’informer sur cela – qui provoque tout le reste - il n’est nullement question dans ces<br />

enquêtes.<br />

Ainsi, dans <strong>une</strong> littérature abondante, précise <strong>et</strong> fort détaillée consacrée à la sûr<strong>et</strong>é du<br />

ferroviaire, avons nous trouvé <strong>une</strong> seule allusion à la dimension humaine <strong>des</strong> activités<br />

terroristes ou criminelle – facteur humain pourtant crucial, dans la mesure où les bom-<br />

bes ne se fabriquent pas d’elles-mêmes ; que ni les vols, ni les sabotages ne s’opèrent<br />

pas par génération spontanée – <strong>et</strong> que, posé sur <strong>une</strong> table en l’absence de tout être hu-<br />

main, un revolver ne peut menacer ni tuer quiconque.<br />

4 Voir en annexe <strong>une</strong> présentation de la base documentaire CEZAR.<br />

5 « Direction de la sûr<strong>et</strong>é – Document de préconisations – Guide de diagnostic sûr<strong>et</strong>é (ra 0102).<br />

6 « Orientations annuelles sécurité de l’activité fr<strong>et</strong> 2007 (fr 0415).<br />

Etude RFF - 14


C<strong>et</strong>te allusion figure dans le protocole de préparation d’un « plan de sûr<strong>et</strong>é site » 7 ; il<br />

s’agit d’<strong>une</strong> « évaluation <strong>des</strong> <strong>menaces</strong> » devant perm<strong>et</strong>tre de caractériser les actes de<br />

malveillance possibles. On y fait figurer :<br />

- Les types de malfaiteurs (premier <strong>et</strong> seul cas de curiosité concrète sur ce point),<br />

- Les objectifs susceptibles de les intéresser,<br />

- Les types de biens visés,<br />

- Et les métho<strong>des</strong> pouvant être employées.<br />

Or toute activité de détection, de prévention <strong>et</strong> de protection demande <strong>une</strong> connaissance<br />

fine <strong>et</strong> proactive d’un trinôme criminel territoires – populations – flux, <strong>et</strong> nos préconi-<br />

sations viseront justement à doter RFF de moyens (souples, légers, évolutifs) d’acquérir<br />

<strong>et</strong> de conserver ce savoir élaboré de ce qui menace aujourd’hui, <strong>et</strong> menacera demain,<br />

notre réseau ferré national.<br />

7 « Organisation <strong>et</strong> management de la sûr<strong>et</strong>é de l’activité fr<strong>et</strong> » (fr 0270).<br />

Etude RFF - 15


3 - « Champ préalable d’inspection » :<br />

le périmètre de l’étude<br />

D’abord, quelques mots d’explication<br />

Comme on l’a vu plus haut, en matière de <strong>menaces</strong>, la société de l’information élude,<br />

néglige le plus souvent la perspective 8 dans laquelle un acte donné se produit – par<br />

exemple un attentat. Or considérer le « champ préalable d’inspection » dans lequel c<strong>et</strong>te<br />

menace s’inscrit est primordial pour déceler précocement <strong>une</strong> menace, car ce champ<br />

porte <strong>et</strong> dirige toute notre compréhension d’un phénomène ; sans sa maîtrise, nulle ac-<br />

tion durablement efficace n’est possible.<br />

Quand l’homme pense peu ou mal – ce qui est fréquent dans la lutte anti-terroriste ou<br />

anti-criminelle - quand il n’inscrit pas son action dans un « cadre d’exécution <strong>et</strong><br />

d’opération » approprié, il sombre dans l’activisme irréfléchi ; tel le taureau, il réagit<br />

brutalement au chiffon rouge. L’action lui sert de pensée. <strong>La</strong> pratique précède ici la<br />

théorie, quand elle ne la supplante pas.<br />

Il faut donc observer le « champ préalable d’inspection » de toute entité ou situation<br />

dangereuse. Ce champ, quel est-il ? Une image l’explique : avoir d’abord saisi ce qu’est<br />

le temps perm<strong>et</strong> seul de comprendre l’usage d’<strong>une</strong> montre ; non bien sûr son système<br />

mécanique, mais son obj<strong>et</strong> même, sa finalité. Le concept de temps est le « champ pré-<br />

alable d’inspection » expliquant la montre. Et ainsi de suite, pour tout phénomène de-<br />

vant être pensé, notamment terroriste ou criminel.<br />

Pour nous, le « champ préalable d’inspection » est le « tour de la question » criminelle<br />

ou terroriste ; l’<strong>approche</strong> attentive de sa réalité ; l’élimination de ce champ de tous les<br />

préjugés, illusions, représentations intellectuelles dépassées, mirages, fantasmes, mo<strong>des</strong><br />

<strong>et</strong> phobies constituant ensemble les « évidences courantes », la « pensée unique », de la<br />

société de l’information. Déterminer un « champ préalable d’inspection » fécond, c’est<br />

creuser jusqu’au sol ferme <strong>et</strong> y édifier un socle solide de connaissances, partant duquel<br />

on peut diagnostiquer, c’est à dire, avant tout, nommer.<br />

8 Etymologiquement, pénétrer par le regard, en direction de l’avenir.<br />

Etude RFF - 16


Déterminer un « champ préalable d’inspection » fécond à propos de la mise en sécurité<br />

du réseau ferré français, tel est l’obj<strong>et</strong> de ce chapitre.<br />

<strong>La</strong> notion d’infrastructure critique à l’échelle de l’Union européenne<br />

Dans la classification établie par l’UE, les infrastructures critiques se trouvent dans 11<br />

domaines : énergie – technologies de la communication <strong>et</strong> de l’information – eau –<br />

nourriture – santé – finance – sécurité publique, loi <strong>et</strong> ordre – administration publique –<br />

transports – industries chimique <strong>et</strong> nucléaire – espace de recherche. Dans ces 11<br />

domaines, figurent 37 secteurs de production de biens ou de services. Le secteur N°30<br />

est celui du transport ferroviaire.<br />

Qu’entend-on par réseau critique ?<br />

Citons ici « L’engrenage de la technique » d’André Lebeau (voir sources de l’étude, en<br />

annexe) : « Il existe <strong>une</strong> classe particulière d’aménagements que l’on désigne du terme<br />

de réseaux <strong>et</strong> qui ont pour fonction d’établir <strong>des</strong> liaisons de natures diverses entre ins-<br />

tallations techniques à la surface de la terre. Longtemps, les seuls réseaux développés<br />

sur de gran<strong>des</strong> étendues ont été ceux <strong>des</strong> routes carrossables... <strong>et</strong> ceux <strong>des</strong> réseaux navi-<br />

gables de la Chine <strong>et</strong> de l’empire romain. Mais à partir du XIX e siècle <strong>et</strong> au cours du<br />

XX e , les réseaux se sont multipliés <strong>et</strong> diversifiés. Le réseau ferré d’abord, doublant<br />

celui <strong>des</strong> routes, puis les réseaux de canalisations acheminant <strong>des</strong> flui<strong>des</strong> divers,<br />

conduites d’eau potable ou usée... oléoducs <strong>et</strong> gazoducs pour les produits pétroliers, ré-<br />

seaux de distribution de l’énergie électrique <strong>et</strong> réseaux de télécommunications ».<br />

Enracinés dans <strong>des</strong> territoires eux-mêmes habités par <strong>des</strong> populations avec lesquelles ils<br />

entr<strong>et</strong>iennent <strong>des</strong> relations spécifiques, ces réseaux ont <strong>des</strong> vulnérabilités particulières,<br />

qui tiennent d’abord aux gran<strong>des</strong> distances qu’ils parcourent <strong>et</strong> qui les rendent impossi-<br />

bles à protéger en tout point.<br />

Pour la société du XXI e siècle, les réseaux cruciaux pour la société sont ainsi ceux de<br />

l’électricité <strong>et</strong> <strong>des</strong> télécommunications, mais aussi le réseau ferré, qui achemine quoti-<br />

diennement, par millions <strong>et</strong> milliers de tonnes, les humains <strong>et</strong> les marchandises.<br />

Tous les réseaux ne sont cependant pas également vulnérables : routes <strong>et</strong> canaux sont a<br />

priori difficiles à saboter efficacement ; les canalisations sont peu ou pas accessibles ;<br />

Etude RFF - 17


Intern<strong>et</strong> a été conçu, justement pour être in<strong>des</strong>tructible. Quant aux réseaux aériens, ils<br />

sont désormais très surveillés, comme on a pu le voir au début de c<strong>et</strong>te étude. Qui plus<br />

est, ils ne seront, dans l’avenir, accessibles qu’en leurs points de départ <strong>et</strong> d’arrivée, par<br />

<strong>des</strong> attentats à vue ou <strong>des</strong> sabotages ; <strong>et</strong> inaccessibles en l’air, à altitude de croisière.<br />

Dans c<strong>et</strong> ensemble, le réseau ferré – qui dépend lui-même d’autres réseaux, électrique,<br />

télécommunications <strong>et</strong> informatique – est à la fois crucial <strong>et</strong> attaquable. D’autant plus<br />

que nous avons, en fait, affaire ici à <strong>des</strong> écheveaux de réseaux imbriqués, tout spéciale-<br />

ment fragiles à leurs interconnexions, branchements <strong>et</strong> points de rencontre.<br />

Sûr<strong>et</strong>é <strong>et</strong> sécurité en matière ferroviaire : définitions<br />

• Pour le comité <strong>des</strong> transports intérieurs de l’ONU, groupe de travail <strong>des</strong> transports par<br />

chemin de fer (avril 2002) :<br />

Sûr<strong>et</strong>é : « Le niveau socialement requis d’absence de risque de danger dans le système<br />

de transport ferroviaire, ledit risque ayant trait aux accidents <strong>et</strong> blessures touchant les<br />

personnes, ou aux préjudices matériels ».<br />

Sécurité : « <strong>La</strong> protection <strong>des</strong> personnes, <strong>des</strong> moyens de transport <strong>et</strong> de l’infrastructure<br />

<strong>des</strong> transports contre tout acte non autorisé ou imprévu ».<br />

Le cadre sécuritaire ferroviaire<br />

A l’échelle mondiale, il est déterminé par le groupe sûr<strong>et</strong>é de l’Union internationale <strong>des</strong><br />

chemins de fer (UIC),<br />

A l’échelle de l’Union européenne, les paramètres suivants sont à prendre en compte :<br />

Cadre large : tentative de susciter un niveau de sûr<strong>et</strong>é suffisant <strong>et</strong> uniforme pour les in-<br />

frastructures critiques de l’Union <strong>et</strong> dans ce cadre, travail de l’association Colpofer, qui<br />

regroupe <strong>des</strong> responsables opérationnels de la sûr<strong>et</strong>é ferroviaire :<br />

. Déclaration du Conseil européen de mars 2004, sur le renforcement de la<br />

sûr<strong>et</strong>é de tous les moyens de transport,<br />

. Conseil européen de juin 2004, sur l’établissement d’<strong>une</strong> stratégie <strong>globale</strong>,<br />

visant à renforcer la protection <strong>des</strong> infrastructures critiques, dont le ferroviaire.<br />

Etude RFF - 18


. En novembre 2005, à Bruxelles, publication d’un livre vert sur un programme<br />

européen de protection <strong>des</strong> infrastructures critiques, présenté par la<br />

Commission, dans lequel il est dit [1. Considérations générales] : « Les<br />

infrastructures critiques peuvent subir <strong>des</strong> dommages ou <strong>des</strong> interruptions, ou<br />

encore être détruites par <strong>des</strong> actes terroristes délibérés, ou par <strong>des</strong> catastrophes<br />

naturelles, par négligence, accident ou piratage informatique ; du fait<br />

d’activités criminelles ou d’actes de malveillance »<br />

. Démarrage <strong>des</strong> programmes européens de protection <strong>des</strong> infrastructures<br />

critiques (EPCIP) <strong>et</strong> du réseau d’alerte concernant les infrastructures critiques<br />

(CIWIN).<br />

A l’échelle française - alors que, depuis un arrêté du 23/12/1998, RFF appartient à la<br />

catégorie <strong>des</strong> « opérateurs d’importance vitale », la sécurité <strong>des</strong> activités elles-mêmes<br />

d’importance vitale à fait l’obj<strong>et</strong> d’un décr<strong>et</strong> (du 23 février 2006). <strong>La</strong> loi du 23 janvier<br />

2006 relative à la lutte contre le terrorisme contribue aussi à définir le cadre dans lequel<br />

doivent être conçues <strong>et</strong> menées les politiques de sûr<strong>et</strong>é <strong>et</strong> de sécurité <strong>des</strong>dites activités,<br />

par les acteurs en cause.<br />

En la matière, le concept central est celui <strong>des</strong> points <strong>et</strong> réseaux sensibles devant être<br />

prioritairement protégés. Le réseau ferré français compte ainsi aujourd’hui 700 « points<br />

d’importance vitale » (<strong>une</strong> centaine dans l’avenir, du fait d’évolutions en cours) faisant<br />

l’obj<strong>et</strong> de mesures particulières de protection, soit permanentes, soit temporaires <strong>et</strong> gra-<br />

duées. <strong>La</strong> conception de ces mesures associe aujourd’hui le Haut fonctionnaire de dé-<br />

fense, la direction de l’exploitation de RFF, la direction de l’infrastructure de la SNCF<br />

<strong>et</strong> le secrétariat général de la zone de défense concernée.<br />

Pour RFF, devra prochainement s’adjoindre aux précités un délégué pour la défense <strong>et</strong><br />

la sécurité (art. 5 du décr<strong>et</strong> du 23/02/2006), notamment chargé d’établir le plan de sécu-<br />

rité d’opérateur d’importance vitale, <strong>et</strong> de coordonner les plans particuliers de chacun<br />

<strong>des</strong> points d’importance vitale. De façon complémentaire, ce délégué devra aussi<br />

s’assurer que RFF satisfait bien aux prescriptions de sûr<strong>et</strong>é prévues par la loi de janvier<br />

2006 sur le terrorisme.<br />

Etude RFF - 19


Partons <strong>des</strong> faits de base :<br />

4 - Dangers <strong>et</strong> <strong>menaces</strong> :<br />

les spécificités ferroviaires<br />

- Le 11 septembre 2001 a révélé à la planète entière qu’un moyen de transport pouvait<br />

aisément se transformer en arme de <strong>des</strong>truction massive, <strong>et</strong> cela, l’opinion publique in-<br />

ternationale ne l’oubliera plus, pour <strong>une</strong> génération au moins.<br />

- De longue date, les transports terrestres – notamment les réseaux ferroviaires, voir les<br />

annexes à la fin de c<strong>et</strong>te étude – constituent <strong>une</strong> cible attractive pour les révoltés, gué-<br />

rilléros, terroristes <strong>et</strong> bandits de tout poil :<br />

. Les voies <strong>et</strong> aiguillages sont aisés à saboter, ainsi que les centres de triage, de<br />

contrôle <strong>et</strong> de régulation,<br />

. Les ponts <strong>et</strong> tunnels perm<strong>et</strong>tent <strong>des</strong> attentats à l’explosif meurtriers,<br />

. Les gares perm<strong>et</strong>tent <strong>des</strong> attaques de type chimique, ou autre.<br />

. En outre, les chemins de fer transportent régulièrement <strong>des</strong> produits <strong>et</strong> matiè-<br />

res dangereux, ainsi que du matériel militaire.<br />

- Or dans le monde ferroviaire, la sûr<strong>et</strong>é est un facteur déterminant du service proposé,<br />

affectant tout autant l’image, les bénéfices d’exploitation <strong>et</strong> les relations de travail.<br />

- Il y a 238 000 kilomètres de voies ferrées en Europe (dont 32 000 en France) – la plu-<br />

part du temps, bien sûr, en zone rurale - <strong>et</strong> les trains de l’Union européenne (hors ré-<br />

seaux métropolitains) ont approché en 2005 les 6 milliards de voyageurs transportés.<br />

(357 milliards de passagers-kilomètre 9 , voir plus bas). Tout ce gigantesque maillage,<br />

fréquenté par <strong>des</strong> foules immenses, est aisé à perturber à l’échelle régionale, voire na-<br />

tionale.<br />

9 Passager-kilomètre, ou PKM : sur un territoire national donné, unité de mesure d’un passager sur un<br />

kilomètre.<br />

Etude RFF - 20


- En France, le réseau ferré compte 90 100 ouvrages d’art <strong>et</strong> 4 100 gares. Il circule au-<br />

jourd’hui 700 TGV par jour sur les lignes à grande vitesse (LGV) <strong>et</strong> il en circulera<br />

1 000/jour en 2010.<br />

Le transport ferroviaire dans l’Union européenne, en en France :<br />

données de base 10<br />

Dans l’Union européenne à 25, le transport ferroviaire <strong>des</strong> passagers a progressé de<br />

2,2 % en 2005,<br />

Passagers (en 2005)<br />

1 – France : 76 milliards de PKM, + 3% sur 2004<br />

2 – Allemagne : 75 milliards de PKM, + 3% sur 2004<br />

3 – Italie : 46 milliards de PKM, + 1% sur 2004<br />

Fr<strong>et</strong> (en 2005)<br />

1 – Allemagne : 95 milliards de TKM, + 4% sur 2004 (TKM = tonne-kilomètre)<br />

2 – Pologne : 50 milliards de TKM, - 5% sur 2004<br />

3 – France : 41 milliards de TKM, - 10% sur 2004<br />

Nombre de passagers par train (en 2004)<br />

1 – France : 185 passagers par train<br />

2 – Italie : 165 passagers par train<br />

3 – Portugal : 146 passagers par train<br />

- En France, justement, <strong>des</strong> progrès sont possibles en matière de maintenance du réseau,<br />

puisque les dépenses dans ce domaine, qui sont en moyenne européenne de 97 euros par<br />

kilomètre, ne seraient que de 52 euros dans notre pays 11 .<br />

Les <strong>dangers</strong> <strong>et</strong> <strong>menaces</strong> criminels <strong>et</strong>/ou terroristes sont naturellement à l’échelle d’un ré-<br />

seau d’<strong>une</strong> telle étendue, transportant au quotidien de telles foules. Mais ces risques sont<br />

aussi très spécifiques.<br />

10 Eurostat Press Office : stat 07/14, 29/01/2007.<br />

11 « Des voies à rem<strong>et</strong>tre sur les rails », Valeurs Actuelles, 3/11/2006.<br />

Etude RFF - 21


- Le transport ferroviaire, demande un libre accès aux gares <strong>et</strong> aux trains, <strong>et</strong> interdit la<br />

mise en œuvre de la plupart <strong>des</strong> mesures restrictives <strong>et</strong> pratiques de sûr<strong>et</strong>é en vigueur<br />

dans le transport aérien ou maritime (délais, coûts, <strong>et</strong>c.).<br />

- Contrairement à l’aérien <strong>et</strong> au maritime, le transport ferroviaire suppose souvent <strong>des</strong><br />

espaces encombrés, fréquentés par de fortes densités de passagers.<br />

- Il doit pouvoir s’arrêter fréquemment, dans <strong>des</strong> lieux ouverts <strong>et</strong> accessibles,<br />

- Il doit rester pratique <strong>et</strong> bon marché sous peine d’être déserté, ce qui réduit les options<br />

de protection <strong>et</strong> les budg<strong>et</strong>s alloués à la sûr<strong>et</strong>é.<br />

Or toute atteinte grave <strong>et</strong> un peu durable au réseau ferroviaire provoque :<br />

- Un impact sérieux sur l’économie d’<strong>une</strong> région, <strong>et</strong> parfois au-delà,<br />

- Une mise en cause par l’opinion d’un gouvernement incapable de lui assurer la sécu-<br />

rité.<br />

Dans un tel contexte, la sécurité totale n’est naturellement pas concevable. Il est cepen-<br />

dant possible de compliquer la tâche <strong>des</strong> terroristes, ou <strong>des</strong> malfaiteurs, tentés de cibler<br />

le ferroviaire, <strong>et</strong> même possible de les décourager.<br />

L’essentiel de ce qui peut se concevoir en la matière relève du registre du préventif. Il<br />

faut d’abord <strong>et</strong> sans relâche détecter, identifier, alerter. Comment ? Nous le verrons dans<br />

le chapitre X de c<strong>et</strong>te étude, consacré aux préconisations.<br />

Etude RFF - 22


5 - Dangers <strong>et</strong> <strong>menaces</strong> réels : les faits<br />

Rappelons d’abord <strong>une</strong> évidence : tout groupe criminel ou terroriste ciblant un système<br />

sur rails (urbain, suburbain, train, métro, gares, <strong>et</strong>c.) le considère comme un tout <strong>et</strong> ne<br />

discrimine entre le fixe <strong>et</strong> le mobile que tactiquement, ou selon <strong>des</strong> considérations de<br />

commodité. Il cherche simplement à annoncer ou provoquer le maximum de morts, au<br />

seul profit de sa propagande ou de son chantage - voir par exemple ci-après le cas de<br />

l’IRA (Armée républicaine irlandaise) ou de la secte Aum Shinrikyo.<br />

L’objectif de ce chapitre (ainsi que <strong>des</strong> trois annexes figurant en fin de dossier) est<br />

d’exposer, pour les faire mieux connaître, les divers types d’attaques possibles de ré-<br />

seaux ferroviaires. Et ainsi, de perm<strong>et</strong>tre aux services de sûr<strong>et</strong>é de ces réseaux de mieux<br />

choisir ou préconiser <strong>des</strong> contre-mesures, d’ajuster les mesures prises <strong>et</strong> d’évaluer les<br />

résultats obtenus, dans <strong>une</strong> logique d’ensemble diagnostic – compréhension – réaction.<br />

A l’échelle mondiale<br />

<strong>La</strong> compilation <strong>des</strong> cas connus d’attaques de transports terrestres (de 1920 à 2000, soit<br />

sur la longue période) partant <strong>des</strong> bases de données accessibles perm<strong>et</strong> de voir que, sur<br />

l’ensemble <strong>des</strong> types de moyens de transports, les attaques se ventilent comme suit :<br />

- Autobus : 32 %<br />

- Trains <strong>et</strong> métros : 26 %<br />

- Stations de trains <strong>et</strong> métros : 12 %<br />

- Voies ferrées : 8%<br />

- Stations de bus : 7 %<br />

- Bus de touristes : 7 %<br />

- Ponts <strong>et</strong> tunnels : 5 %<br />

- Bus scolaires : 1 %<br />

- Autres : 2 %<br />

Dans la période récente (1997 – 2000), les pays les plus touchés par <strong>des</strong> attaques de<br />

transports terrestres ont été (par ordre alphabétique) : Algérie, Cambodge, Egypte, Inde,<br />

Israël, Ouganda, Pakistan, Philippines, Russie, Sri <strong>La</strong>nka, Turquie. (la moitié du total<br />

recensé concerne le sous-continent indien).<br />

Etude RFF - 23


Sur la même période <strong>et</strong> sur 196 attentats précisément décrits visant les transports terres-<br />

tres, 52 visaient les réseaux ferroviaires, pour lesquels les attaques les plus fréquemment<br />

subies ont été :<br />

- Attentats à la bombe, 60 % du total<br />

- Sabotages, 5 %<br />

Hors du champ du terrorisme <strong>et</strong> du chantage « classiques », deux types d’attaques sur<br />

les réseaux ferroviaires augmentent en Europe, dans la toute dernière période (2000 –<br />

2005) :<br />

- Les actions de vandales juvéniles,<br />

- Les sabotages de voies ferrées par <strong>des</strong> écoterroristes anti-nucléaires, en Allemagne.<br />

Cas symptomatiques <strong>et</strong> exemples précis<br />

• <strong>La</strong> campagne « réseaux ferrés » de l’IRA<br />

Du 23 août 1973 au 19 juill<strong>et</strong> 2000, l’IRA a mené <strong>une</strong> campagne d’attentats visant (no-<br />

tamment) les transports terrestres anglais (mais pas ceux du Pays de Galles <strong>et</strong> de<br />

l’Ecosse, considérés comme nations celtes-sœurs, asservies par Londres). Durant c<strong>et</strong>te<br />

campagne, 81 attentats ou tentatives ont visé le réseau ferré britannique. Il s’agit de 79<br />

bombes à r<strong>et</strong>ardement déposées à la main, dont la moitié à fait long feu. l’objectif de<br />

l’IRA était de semer le pagaille plutôt que de provoquer un massacre, car toute la cam-<br />

pagne n’a causé « que » 11 morts <strong>et</strong> 200 blessés.<br />

Le plus fort de la campagne concerne les années 1991 – 1997 : tous moyens de trans-<br />

ports confondus, 41 attentats ont été commis à l’aide de 81 bombes dont 29 ont explosé,<br />

causant 3 décès. Dans la même période, 6 569 appels téléphoniques d’alerte à la bombe,<br />

émanant de sympathisants de l’IRA, ont amplifié encore la pagaille provoquée par les<br />

attentats eux-mêmes.<br />

Pour le point qui nous concerne ici, celui <strong>des</strong> <strong>menaces</strong> visant le réseau ferré anglais, sur<br />

les 38 attentats les plus graves étudiés sur la longue période (1973 – 2000), 11 ont visé<br />

spécifiquement les rails <strong>et</strong> installations fixes hors les gares.<br />

Etude RFF - 24


• L’attentat chimique dans le métro de Tokyo<br />

Le 20 mars 1995, un gaz neurotoxique, le Sarin, est libéré, à l’heure de pointe, dans le<br />

plus grand nœud de correspondance du métro de Tokyo, provoquant 12 morts <strong>et</strong> 5 000<br />

blessés, dont 1 300 sérieux. L’attentat – <strong>une</strong> première mondiale – est le fait d’<strong>une</strong> secte<br />

bouddhiste japonaise apocalyptique <strong>et</strong> paranoïaque, du nom de Aum Shinrikyo (Vérité<br />

suprême), fondée en 1987 par le gourou-escroc Shoko Asahara, expert en « guérisons<br />

miraculeuses », visions d’OVNI <strong>et</strong> même en lévitation...<br />

• Attentats salafistes-jihadis à Madrid<br />

Le matin du 11 mars 2004, de 7h 39 à 7h 42, 10 engins explosifs improvisés explosent<br />

dans 4 trains de banlieue, en gare ou à proximité, à Madrid <strong>et</strong> dans sa périphérie, provo-<br />

quant quelque 200 morts <strong>et</strong> 1 800 blessés. Les bombes sont conçues comme suit : un dé-<br />

tonateur planté dans <strong>une</strong> motte d’explosif type plastic « Goma 2 » est connecté à un<br />

téléphone portable. Autour de l’explosif, 650 grammes de vis <strong>et</strong> boulons <strong>des</strong>tinés à pro-<br />

duire un eff<strong>et</strong> schrapnel. En mode vibreur, le téléphone a son réveil-matin réglé sur 7h<br />

40. Le déclenchement du réveil entraîne celui du détonateur, puis l’explosion.<br />

• Attentats salafistes-jihadis à Londres<br />

Le 7 juill<strong>et</strong> 2005, quatre je<strong>une</strong>s musulmans britanniques, trois originaires du sous-conti-<br />

nent indien <strong>et</strong> un jamaïquain converti, en apparence bien intégrés dans la société britan-<br />

nique, mais en fait gagnés à l’idéologie de ben <strong>La</strong>den, comm<strong>et</strong>tent <strong>des</strong> attentats-suicide<br />

dans le métro (3) londonien <strong>et</strong> dans un autobus. Ils provoquent 56 morts <strong>et</strong> plus de 700<br />

blessés, au lendemain de la désignation de Londres par le Comité International Olympi-<br />

que pour les Jeux Olympiques d'été de 2012 <strong>et</strong> le jour même de l'ouverture du G8 en<br />

Écosse. Le 21 juill<strong>et</strong>, <strong>une</strong> « réplique » se produit dans <strong>des</strong> circonstances analogues (3<br />

bombes dans le métro <strong>et</strong> <strong>une</strong> dans un bus, le tout à Londres), mais il ne s’agit pas<br />

d’attentats-suicide <strong>et</strong> les bombes n’explosent pas, seuls les détonateurs ayant fonc-<br />

tionné ; donc, pas de victimes.<br />

Le pire ne s’est pas encore produit<br />

Malgré <strong>des</strong> bilans très lourds, <strong>des</strong> attentats de c<strong>et</strong>te nature, visant <strong>des</strong> réseaux ferrés <strong>et</strong><br />

notamment <strong>des</strong> wagons ou trains contenant <strong>des</strong> produits chimiques explosifs <strong>et</strong>/ou<br />

Etude RFF - 25


intoxicants, auraient pu être bien plus meurtriers encore, provoquant <strong>des</strong> victimes par<br />

milliers.<br />

Considérons à titre d’exemple l’accident catastrophique survenu dans la nuit du 13 au<br />

14 janvier 1993 sur le réseau ferré français : un wagon d’un convoi ferroviaire de 20<br />

wagons-citernes transportant du carburant (1 600 m 3 d’essence sans plomb, soit 80 000<br />

litres par wagon) déraille dans la gare de <strong>La</strong> Voulte. 7 wagons s’enflamment <strong>et</strong> aussitôt<br />

s’élève un mur de feu. Des maisons s’embrasent, d’autres sont soufflées par l’explosion,<br />

<strong>des</strong> plaques d’égout sont proj<strong>et</strong>ées en l’air, l’essence ayant inondé les conduits<br />

d’évacuation avant d’exploser. Tout un pâté de maison est incendié <strong>et</strong> en partie détruit.<br />

Il faut six heures pour maîtriser l’incendie <strong>et</strong> deux semaines pour rétablir le trafic sur la<br />

ligne. Par miracle, il n’y a que 6 blessés. Mais on voit bien le drame que provoquerait<br />

<strong>une</strong> telle situation, provoquée par un attentat, à proximité de lieux habités <strong>et</strong> en présence<br />

d’<strong>une</strong> foule.<br />

Or il existe un décalage certain entre les <strong>dangers</strong> réels <strong>et</strong> proches tels que dépeints ci-<br />

<strong>des</strong>sus <strong>et</strong> la sûr<strong>et</strong>é <strong>et</strong> la sécurité, vues aujourd’hui par le monde ferroviaire <strong>et</strong> notamment<br />

par la SNCF, qui envisagent surtout <strong>des</strong> actes plus mo<strong>des</strong>tes <strong>et</strong> semblent privilégier les<br />

p<strong>et</strong>its aléa sécuritaires du quotidien. C’est d’ailleurs ce que montre le dernier rapport sé-<br />

curité publié par la SNCF (mai 2006), en son chapitre 2.7 « <strong>La</strong> sûr<strong>et</strong>é, composante de la<br />

sécurité de l’exploitation ». De quoi y est-il question ?<br />

- D’actes de malveillance contre les biens <strong>et</strong> installations de la SNCF. Il y en a eu<br />

26 000 en 2005 (+ 4 % sur 2004), dont 50 % en Ile-de-France.<br />

- De dépôts d’obj<strong>et</strong>s sur les voies <strong>et</strong> détérioration de signalisations (actes dont la plupart<br />

<strong>des</strong> auteurs connus ont moins de 16 ans <strong>et</strong> beaucoup, moins de 13 ans). 2 000 faits en<br />

2005 (- 13 % sur 2004). Parmi ces faits, 89 dépôts susceptibles de provoquer un dérail-<br />

lement (- 18 % sur 2004).<br />

- De manipulations d’installations de sécurité, hors signaux d’alarme : 1 100 en 2005<br />

(+ 3 % sur 2004).<br />

- De <strong>des</strong>tructions ou dégradations d’installations de sécurité : 690 faits (+ 13 % sur<br />

2004).<br />

Etude RFF - 26


- Enfin, le rapport s’inquiète de l’utilisation malveillante faite par certains <strong>des</strong> outils <strong>et</strong><br />

matières entreposés le long <strong>des</strong> voies, ce qui pose à terme le problème de<br />

l’environnement <strong>des</strong> chantiers <strong>et</strong> lieux de stockage, de la protection <strong>des</strong> matériels, <strong>et</strong>c.<br />

Etude RFF - 27


6 - Le « triangle de sûr<strong>et</strong>é »<br />

RFF – SNCF - EPSF<br />

Pour les terroristes <strong>et</strong> les criminels à l’œuvre dans l’actuel chaos mondial, ou à partir de<br />

lui, le ferroviaire est indissociable en tant que cible : fixe ou mobile, rails ou gares, tun-<br />

nels ou aiguillages sont vus comme un tout, qu’il s’agit :<br />

- D’attaquer pour provoquer un massacre à résonance médiatique forte,<br />

- Ou de menacer de frapper dans le cadre d’un chantage.<br />

Or sur notre scène ferroviaire nationale, trois acteurs majeurs doivent désormais jouer<br />

ensemble : la SNCF 12 , RFF <strong>et</strong> le récent EPSF (établissement public de sécurité ferro-<br />

viaire, créé en janvier 2006 13 ) : il va donc falloir que ces acteurs fonctionnent selon <strong>une</strong><br />

logique orchestrale, tous les instrumentistes jouant le même morceau (ici, subissant les<br />

mêmes <strong>dangers</strong> <strong>et</strong> <strong>menaces</strong>), mais, selon sa partition, exécutant sur son instrument tel ou<br />

tel élément particulier de la mélodie principale.<br />

Ainsi, à terme, la cohérence <strong>et</strong> l’harmonie devraient-ils régner entre ces acteurs, tandis<br />

que les possibles zones de friction entre SNCF <strong>et</strong> RFF (secteurs <strong>et</strong> installations partagés,<br />

<strong>et</strong>c.) devraient être identifiées, puis progressivement réduites, voire éliminées, dans<br />

l’intérêt même de la lutte contre les <strong>dangers</strong> <strong>et</strong> <strong>menaces</strong> criminels <strong>et</strong>/ou terroristes.<br />

Comment aller dans ce sens ? C’est ce que nous verrons dans le chapitre<br />

« préconisations » de la présente étude. En attendant, notre domaine de réflexion central<br />

étant ici Réseau Ferré de France, rappelons à son propos quelques faits de base, ici uti-<br />

les (notamment, pour d’éventuels lecteurs de l’étude n’appartenant pas à la direction de<br />

RFF).<br />

12 Qu’il n’est pas besoin de présenter ici, tant le fondateur <strong>et</strong> opérateur historique du système ferroviaire<br />

français est connu <strong>des</strong> acteurs plus récents en la matière ; <strong>une</strong> bonne partie de leurs personnels <strong>et</strong> cadres<br />

provenant d’ailleurs <strong>des</strong> rangs de la Société nationale. <strong>La</strong> seule indication utile dans ce contexte est que la<br />

direction de la sûr<strong>et</strong>é de la SNCF (partenaire crucial face aux <strong>dangers</strong> <strong>et</strong> <strong>menaces</strong>) est rattachée au<br />

Secrétariat général de l’entreprise.<br />

13 Comme l’EPSF est encore peu connu, nous publions à la fin de c<strong>et</strong>te étude le décr<strong>et</strong> relatif aux<br />

missions <strong>et</strong> aux statuts de c<strong>et</strong>te institution administrative, chargée de superviser <strong>et</strong> de surveiller le réseau<br />

ferroviaire national, dans <strong>une</strong> perspective de mise en concurrence de ses utilisateurs.<br />

Etude RFF - 28


RFF a été créé par la loi 97-135 du 13/02/1997. Il est propriétaire, gestionnaire <strong>et</strong> maître<br />

d’ouvrage du réseau ferré national. S’agissant <strong>des</strong> infrastructures concernées, RFF en<br />

est le gestionnaire de premier rang, la SNCF n’en étant que le gestionnaire délégué.<br />

Ses missions sont au nombre de quatre :<br />

- Exploiter <strong>et</strong> entr<strong>et</strong>enir ce réseau,<br />

- L’aménager <strong>et</strong> le développer,<br />

- Gérer son patrimoine<br />

- Gérer sa d<strong>et</strong>te.<br />

Hors de son siège, RFF est structuré en 11 directions régionales : Ile-de-France – Cen-<br />

tre, Limousin – Br<strong>et</strong>agne, Pays de la Loire – Haute & Basse Normandie – Nord, Pas-de-<br />

Calais, Picardie – Alsace, champagne-Ardennes - Bourgogne, Franche-Comté – Rhône-<br />

Alpes, Auvergne – Provence, Alpes, Côte d’Azur – <strong>La</strong>nguedoc-Roussillon – Midi-<br />

Pyrénées – Poitou-Charentes, Aquitaine.<br />

Etude RFF - 29


7 - Préconisations : face aux risques,<br />

renforcer la sûr<strong>et</strong>é du réseau ferré français<br />

Le double objectif de ce chapitre est :<br />

1 – Immédiatement – de proposer <strong>une</strong> série d’opérations perm<strong>et</strong>tant <strong>une</strong><br />

« radiographie » approfondie du réseau, partant <strong>des</strong>quelles il sera possible,<br />

. De déterminer sa présente capacité de résistance – ou à l’inverse ses<br />

fragilités – face aux attaques extérieures,<br />

. Egalement, de vérifier si les points <strong>et</strong> zones sensibles 14 aujourd’hui connus<br />

sont bien les seuls, ou si le réseau ne présente pas d’autres vulnérabilités,<br />

insoupçonnées ou négligées.<br />

Ce diagnostic fait, <strong>et</strong> à la lumière de ce qu’il a révélé,<br />

2 – A plus long terme – après concertation avec les dirigeants concernés de RFF visant<br />

tout d’abord à hiérarchiser les <strong>menaces</strong>, d’élaborer un proj<strong>et</strong> délimité, comprenant di-<br />

verses sortes d’actions (plus bas - <strong>et</strong> avant le diagnostic - exposées à titre théorique)<br />

perm<strong>et</strong>tant de susciter, au plan humain comme à celui <strong>des</strong> ouvrages <strong>et</strong> installations, <strong>une</strong><br />

vigilance durable, ainsi que de « durcir » les cibles potentielles, contre :<br />

. Des actions menaçantes en vue d’un chantage,<br />

. Des intrusions physiques ou électroniques,<br />

. Des attaques virtuelles (cybercriminalité),<br />

. Des attaques physiques (attentats).<br />

Plus précisément, quels sont les risques concr<strong>et</strong>s pour le réseau ferré français ?<br />

. Attentats visant les voies (rails, triages, aiguillages, <strong>et</strong>c.), ou d’autres<br />

infrastructures (postes de commande <strong>et</strong> de régulation du trafic, locaux<br />

techniques, sous-stations électriques...) ou encore les réseaux de transmissions,<br />

systèmes informatiques importants, <strong>et</strong>c.<br />

. Piratage informatique de niveau stratégique,<br />

14 Par « points sensibles », nous entendons tous les ouvrages ou installations indispensables au bon<br />

fonctionnement du réseau ; les « zones sensibles » sont d’abord les secteurs urbains à population dense.<br />

Etude RFF - 30


. Sabotages : physiques (coupures de câbles, <strong>et</strong>c.), ou électroniques (brouillages<br />

radio),<br />

. Vols de matériels ou de métaux (segments de voies ferrées, <strong>et</strong>c.).<br />

Face à ces risques, cinq types de contre-mesures doivent être envisagées. Nous les énu-<br />

mérons ici, en allant du plus au moins stratégique, du général au particulier.<br />

1°) Pratiquer la détection précoce<br />

Contrairement au domaine du train, où prédominent les actes de malveillance spontanés<br />

<strong>et</strong> impulsifs, tout acte un peu sophistiqué visant les infrastructures est forcément prémé-<br />

dité, donc décelable. Comme l’être humain invente peu, mais copie beaucoup, il est<br />

ainsi possible d’établir, avec l’aide d’experts, un système de veille <strong>et</strong> d’alerte (à plu-<br />

sieurs niveaux, du plus mo<strong>des</strong>te au plus grave) s’intéressant aux <strong>menaces</strong> plausibles <strong>et</strong><br />

précises pesant sur <strong>des</strong> réseaux analogues de par le monde ; à partir de l’analyse<br />

d’attaques récentes, <strong>et</strong> <strong>des</strong> <strong>menaces</strong> proférées à l’encontre de ces réseaux. Un tel sys-<br />

tème d’alerte pourrait fonctionner en interne à RFF, ou être sous-traité à <strong>des</strong> experts re-<br />

connus. Il aiderait les dirigeants concernés de RFF à connaître la réalité <strong>des</strong> <strong>menaces</strong> ;<br />

les faits <strong>et</strong> analyses ainsi rassemblés enrichissant en outre, <strong>et</strong> rendant plus concr<strong>et</strong>s, les<br />

programmes de sensibilisation <strong>et</strong> de formation évoqués ci-<strong>des</strong>sous.<br />

2°) Sensibiliser <strong>et</strong> former les personnels <strong>et</strong> cadres<br />

En allant, selon les cas, de la séance d’information au stage approfondi, l’idée est ici<br />

d’éveiller aux <strong>menaces</strong> l’attention <strong>des</strong> personnels, d’aiguiser leur vigilance ; de les sen-<br />

sibiliser aux risques <strong>et</strong> à l’utilité d’<strong>une</strong> bonne politique de sûr<strong>et</strong>é.<br />

Plus précisément, le proj<strong>et</strong> est de former les personnels <strong>et</strong> cadres sûr<strong>et</strong>é de RFF aux<br />

métho<strong>des</strong> d’analyse <strong>et</strong> de détection <strong>des</strong> risques, à partir d’un enseignement fait par <strong>des</strong><br />

experts, sur les <strong>dangers</strong> <strong>et</strong> <strong>menaces</strong> du monde présent.<br />

Le rôle <strong>des</strong> experts dans le dispositif de sûr<strong>et</strong>é<br />

Des experts extérieurs qualifiés peuvent aider à déceler, identifier <strong>et</strong> évaluer les entités dangereuses<br />

ou menaçantes visant le ferroviaire ; à caractériser l’attaque possible ; à suggérer<br />

<strong>des</strong> contre-mesures.<br />

Ces experts peuvent aussi intervenir, à un niveau ou à un autre, dans le système d’alerte,<br />

ainsi que dans le processus de sensibilisation <strong>et</strong> de formation.<br />

Etude RFF - 31


3°) Coopérer avec les sociétés <strong>et</strong> services concernés par la sûr<strong>et</strong>é ferroviaire<br />

Dans le « triangle de sûr<strong>et</strong>é » SNCF – RFF – EPSF, il y a nécessité de créer <strong>des</strong> proto-<br />

coles d’alertes précoces réciproques, d’échange sécurisé d’informations 15 <strong>et</strong> de bonnes<br />

pratiques. Idem avec les réseaux ferrés concomitants, Allemagne, Belgique, <strong>et</strong>c.<br />

RFF devrait aussi disposer d’<strong>une</strong> cellule chargée d’identifier les partenaires français<br />

cruciaux (police, gendarmerie, services spéciaux, <strong>et</strong>c.) <strong>et</strong>, ceci fait, de suivre toutes les<br />

évolutions, mutations <strong>et</strong> changements au sein <strong>des</strong> structures en cause (mise à jour de<br />

préférence hebdomadaire <strong>des</strong> noms, adresses, courriels, numéros de téléphone, <strong>et</strong>c., en<br />

cas de crise).<br />

Entre tous ces partenaires, on pourrait imaginer que RFF initie <strong>une</strong> conférence annuelle<br />

« Sécurail », vivante <strong>et</strong> conviviale (c’est à dire, pas uniquement technologique...), ou-<br />

verte aux experts <strong>et</strong> perm<strong>et</strong>tant à date fixe de se r<strong>et</strong>rouver <strong>et</strong> d’échanger (sur l’évolution<br />

<strong>des</strong> <strong>menaces</strong> dans le monde, les nouveautés intéressantes, <strong>et</strong>c.)<br />

4°) Simuler <strong>une</strong> situation de crise (action de type kriegspiel)<br />

C<strong>et</strong>te pratique précède d’ordinaire la création d’<strong>une</strong> cellule de crise efficace <strong>et</strong> rodée.<br />

Elle perm<strong>et</strong> de :<br />

- Maintenir l’appareil « sûr<strong>et</strong>é » de RFF en état d’alerte <strong>et</strong> de bon<br />

fonctionnement,<br />

- Vérifier l’effectivité <strong>des</strong> chaînes de commandement,<br />

- Vérifier la réalité <strong>des</strong> liaisons externes du personnel sûr<strong>et</strong>é de RFF avec les<br />

services officiels, <strong>des</strong> moyens de communiquer avec eux, <strong>et</strong>c.,<br />

- Tester les réflexes <strong>et</strong> réactions de l’appareil « sûr<strong>et</strong>é »,<br />

- Etablir <strong>des</strong> priorités en matière de sûr<strong>et</strong>é.<br />

15 Notamment <strong>des</strong> données contenues dans la base documentaire CEZAR de la SNCF (décrite plus bas,<br />

en annexe).<br />

Etude RFF - 32


5°) Renforcer la sûr<strong>et</strong>é , en <strong>des</strong> points particuliers<br />

En matière de sûr<strong>et</strong>é humaine :<br />

(révélés comme vulnérables lors de la phase audits/diagnostic)<br />

- Dans les points les plus sensibles, contrôle <strong>des</strong> accès <strong>et</strong> identification<br />

systématique <strong>des</strong> employés, <strong>des</strong> visiteurs, <strong>et</strong>c.<br />

- Vérification <strong>des</strong> antécédents <strong>des</strong> personnels affectés à ces points sensibles, ou<br />

ayant accès aux données confidentielles perm<strong>et</strong>tant de comm<strong>et</strong>tre un<br />

sabotage ou un attentat ; idem pour les sociétés sous-traitantes (s’il en existe<br />

en la matière), dans les domaines <strong>et</strong> cas précités.<br />

En matière de sûr<strong>et</strong>é physique :<br />

- Pour les sites les plus stratégiques, dotation de systèmes de détection<br />

d’explosifs <strong>et</strong> autres substances dangereuses,<br />

- Dans les zones ou installations les plus sensibles, contrôle <strong>des</strong> flux de<br />

matières, biens, appareils <strong>et</strong> véhicules entrant ou sortant,<br />

- Codage de certains types de communication.<br />

Pour les périmètres à risque, les systèmes <strong>et</strong> réseaux vulnérables :<br />

- Elaboration (voir aussi formation, sur ce point) de manuels de sûr<strong>et</strong>é<br />

clairs <strong>et</strong> accessibles, de protocoles d’action appropriés indiquant les bonnes<br />

pratiques, <strong>et</strong>c.<br />

- Intégration <strong>des</strong> paramètres de sûr<strong>et</strong>é dans les opérations de maintenance<br />

<strong>et</strong> d’entr<strong>et</strong>ien du réseau, lors <strong>des</strong> inspections, <strong>et</strong>c. (là encore, voir formation)<br />

- Pratique régulière de tests d’intrusion,<br />

- Renforcement de l’observation physique, de la surveillance électronique<br />

ou de la vidéosurveillance,<br />

- Renforcement <strong>des</strong> éclairages, la pose de clôtures, barrières <strong>et</strong> grilles, si besoin<br />

est.<br />

Etude RFF - 33


Annexes<br />

Etude RFF - 34


I - Chronologie <strong>des</strong> principaux attentats ferroviaires,<br />

du XIX e au XXI e siècle<br />

Date Pays Acte<br />

Octobre 1879 Russie Tsariste Une bombe explose sous <strong>une</strong> voie ferrée, visant<br />

le train du Tsar Alexandre II. Mais le train touché<br />

n'est pas le bon.<br />

année 1903 Empire ottoman Première grande campagne du XX e siècle visant<br />

les infrastructures ferroviaires : un groupe proche<br />

du VMRO (Organisation révolutionnaire intérieure<br />

macédonienne) fait exploser les voies ferrées<br />

près de la gare de Salonique.<br />

Juill<strong>et</strong> 1920 Raj indien Sabotage <strong>des</strong> voies : un train déraille à Belur, 25<br />

morts.<br />

Octobre 1920 Raj indien Des saboteurs r<strong>et</strong>irent un rail au passage du<br />

« Madras-Bangalore mail » : 13 morts.<br />

Janvier 1939 Raj indien Le « Dehra Dun Express » déraille, 21 morts.<br />

C’est le 131 e sabotage, ou tentative, en 10 ans.<br />

Août 1939 Etats-Unis L’express « City of San-Francisco » déraille, 21<br />

morts. Sabotage manifeste.<br />

Mai 1942 Raj indien Le « Punjab Mail » (Karachi-<strong>La</strong>hore) déraille, 22<br />

morts.<br />

Décembre 1947 France Sabotage « militant » de la voie ferrée au passage<br />

d’un train Paris-Lille : 21 morts.<br />

Mars 1961 Birmanie Explosion d’<strong>une</strong> bombe au passage d’un train<br />

Mandalay-Rangoon, 23 morts.<br />

Juill<strong>et</strong> 1970 Italie Attentat à la bombe contre un train à Gioia Tauro,<br />

6 morts.<br />

Août 1974 Italie Attentat à la bombe contre le train « Italicus », 12<br />

morts<br />

Août 1980 Italie Attentat à la bombe dans la gare de Bologne.<br />

Acte <strong>des</strong> « Noyaux armés révolutionnaires »,<br />

groupe nihiliste issu de l’extrême-droite italienne.<br />

85 morts. L’objectif de l’attentat <strong>et</strong> ses réels<br />

commanditaires sont toujours inconnus.<br />

Etude RFF - 35


Mars 1982 France Attentat commis par le terroriste « Carlos », visant<br />

le « Capitole » Paris-Toulouse, 5 morts.<br />

Décembre 1983 France Bombes de « Carlos » (Organisation de la lutte<br />

armée arabe) dans le TGV Marseille-Paris<br />

(Drôme), 2 morts ; dans la gare Saint-Charles de<br />

Marseille (bombe dans <strong>une</strong> consigne), 5 morts.<br />

Février 1984 France Attentat à la bombe d’Ipar<strong>et</strong>arrak (groupe français<br />

proche de l’ETA) contre la voie ferrée à Urrugne<br />

(Pays Basque français), le Paris-Madrid (Talgo)<br />

déraille, pas de victimes.<br />

Août 1984 France Le groupe « M 5 » (ancêtre du pseudo-AZF) fait<br />

exploser trois bombes dans <strong>des</strong> gares à Lyon,<br />

Grenoble <strong>et</strong> Annecy, demandant <strong>une</strong> rançon pour<br />

arrêter sa « campagne ». Deux désœuvrés sont<br />

ultérieurement arrêtés <strong>et</strong> condamnés.<br />

Décembre 1984 Italie Attentat contre un train Naples-Milan à Val di<br />

Sambro, 15 morts.<br />

Décembre 1985 Japon A l’aube, <strong>des</strong> militants révolutionnaires japonais<br />

sabotent en 34 endroits différents <strong>des</strong> câbles du<br />

réseau de contrôle <strong>des</strong> trains de Tokyo (6 millions<br />

de passagers/jour). Pagaille monstre.<br />

Mars 1986 France Attentat du CSPPA (contexte libanais) dans le<br />

TGV Paris-Lyon, 10 blessés.<br />

Mai 1986 Bangla<strong>des</strong>h Sabotage de voies ferrées, un train déraille, 25<br />

morts.<br />

Septembre 1987 Allemagne Bombes sur <strong>des</strong> voies ferrées (région de Berlin,<br />

ligne Göttingen-Kassel) visant <strong>des</strong> trains militaires<br />

américains. Pas de victimes.<br />

Novembre 1987 Ulster Bombe de l’IRA sur la voie ferrée Dublin-Belfast,<br />

pas de victimes. En 1988-89, il y aura 60 attentats<br />

<strong>et</strong> alertes graves sur c<strong>et</strong>te même voie.<br />

Avril 1989 Espagne, Pays Basque<br />

& Navarre<br />

6 bombes visent les lignes <strong>et</strong> stations électriques<br />

du réseau ferré régional. Pas de victimes.<br />

Juin 1989 Thaïlande Près de la frontière malaisienne, 1 bombe explose<br />

sur la voie au passage d’un train, quelques<br />

blessés.<br />

Etude RFF - 36


Juin 1989 France Au Pays Basque, bombe sur la voie ferrée Paris-<br />

Madrid (Ipar<strong>et</strong>arrak). Pas de victimes, trafic bloqué<br />

plusieurs heures.<br />

Septembre 1989 Espagne Au Pays Basque, bombe sur la voie ferrée Paris-<br />

Madrid. (ETA) Pas de victimes, trafic bloqué plusieurs<br />

heures.<br />

Août 1990 Bombe sur la voie ferrée Gijon-Madrid. (ETA) Pas<br />

de victimes, trafic bloqué quelques heures. Des<br />

attentats analogues les semaines suivantes.<br />

Février 1991 Allemagne Bombe sur <strong>une</strong> voie ferrée, visant <strong>des</strong> trains militaires<br />

américains. Pas de victimes.<br />

Février 1991 Grande-Br<strong>et</strong>agne Attentats (IRA) dans les gares londoniennes de<br />

Victoria & Paddington. D’autres attentats visent le<br />

réseau ferré britannique les semaines suivantes.<br />

Novembre 1991 Afrique du Sud Attentat à l’explosif sur <strong>une</strong> voie ferrée proche de<br />

Johannesburg. Pas de victimes, trafic bloqué<br />

plusieurs heures.<br />

Janvier 1992 Ulster Attentat (IRA) visant les voies ferrées, près de la<br />

gare de Belfast. Pas de victimes, trafic bloqué<br />

plusieurs heures.<br />

Avril 1992 Argentine Bombe sur <strong>une</strong> voie ferrée proche de Buenos-<br />

Aires. Pas de victimes, trafic bloqué plusieurs<br />

heures.<br />

Avril 1992 Malaisie Sabotage d’<strong>une</strong> voie ferrée de l’Etat de Johor ;<br />

pas de victimes.<br />

Septembre 1992 Turquie Sabotage d’<strong>une</strong> voie ferrée proche d’Elazig par le<br />

PKK (Parti <strong>des</strong> travailleurs du Kurdistan) ; un train<br />

de voyageurs déraille, 4 blessés graves.<br />

Octobre 1992 Grande-Br<strong>et</strong>agne Vague d’attentats de l’IRA (13 bombes en 2 semaines),<br />

2 bombes visent <strong>des</strong> voies ferrées dans<br />

la périphérie de Londres.<br />

Octobre 1992 Turquie Attentat du PKK visant un train, qui déraille quand<br />

la bombe explose sur la voie, 3 morts.<br />

Février 1993 Birmanie (Myanmar) Dans le sud-est du pays, bombe au passage d’un<br />

train, 9 morts.<br />

Etude RFF - 37


Juill<strong>et</strong> 1993 Russie En Ossétie du Nord, au Caucase, bombe au passage<br />

d’un train de marchandises, qui déraille.<br />

Pas de victimes, trafic bloqué plusieurs heures.<br />

Août 1993 Cambodge Dans le sud du pays (Kampot), bombe au passage<br />

d’un train, qui déraille, 10 morts.<br />

Mars 1994/1 Thaïlande Près de la frontière malaisienne, 1 bombe explose<br />

sur <strong>une</strong> voie ferrée. Pas de victimes, trafic<br />

bloqué plusieurs heures.<br />

Mars 1994/2 Thaïlande Près de la frontière malaisienne, puissante<br />

bombe sur <strong>une</strong> voie ferrée. Un train déraille,<br />

quelques blessés.<br />

Août 1995 France Une bonbonne de gaz associée à un système de<br />

mise à feu est découverte sur la ligne TGV Paris-<br />

Lyon, au nord de Lyon (Cailloux sur Fontaine).<br />

Attentat prévu par Khaled Kelkal, lié au Groupe<br />

islamique armé algérien (GIA).<br />

Octobre 1995 Etats-Unis Dans l’Arizona, sabotage sophistiqué d’<strong>une</strong> voie<br />

ferrée par « les fils de la Gestapo » ( ?) ; un train<br />

déraille à 100 km/h au sud-ouest de Phoenix, 1<br />

mort, 20 blessés graves.<br />

Octobre 1996 Allemagne Sabotage visant <strong>des</strong> voies ferrés dans le nord du<br />

pays (lignes <strong>et</strong> poteaux électriques, <strong>et</strong>c.). Pas de<br />

victimes, trafic bloqué plusieurs heures.<br />

Janvier 1997 Allemagne Sabotage d’un pylône, tombé sur <strong>une</strong> voie ferrée<br />

du centre du pays (chantage, éco-terroristes ?).<br />

Février 1997/1 Allemagne Sabotage du réseau électrique <strong>des</strong> voies ferrées<br />

entre Stuttgart <strong>et</strong> Mannheim (éco-terroristes). Pas<br />

de victimes, trafic bloqué plusieurs heures.<br />

Février 1997/2 Allemagne Sabotage du réseau électrique <strong>des</strong> voies ferrées<br />

près de Francfort (éco-terroristes). Pas de victimes,<br />

trafic bloqué plusieurs heures.<br />

Avril 1997 Grande-Br<strong>et</strong>agne Vague d’attentats de l’IRA, 2 bombes visent <strong>des</strong><br />

installations ferroviaires à Leeds <strong>et</strong> Doncaster.<br />

Pas de victimes, trafic bloqué plusieurs heures.<br />

Juin 1997 Inde Dans l’Etat d’Andra Pra<strong>des</strong>h, <strong>des</strong> Naxalites (terroristes<br />

maoïstes) sabotent <strong>des</strong> voies ferrées dans<br />

la région de Hyderabad. Pas de victimes, trafic<br />

bloqué plusieurs heures.<br />

Etude RFF - 38


Juin 1997 Inde Dans l’Etat de Jammu-Kashmir, puissante bombe<br />

sur <strong>une</strong> voie ferrée. Un train déraille. Pas de victimes,<br />

trafic bloqué plusieurs heures.<br />

Printemps 2003 République tchèque Un maître-chanteur dit avoir posé <strong>une</strong> bombe<br />

sous un pont ferroviaire proche de la ville<br />

d’Olomouc. L’engin est r<strong>et</strong>rouvé. L’individu demande<br />

320 000 euros de rançon, mais cesse<br />

ensuite de se manifester.<br />

Décembre 2003 Espagne Dans la région de Saragosse, attentat à la bombe<br />

visant <strong>une</strong> voie de chemin de fer. Pas de victimes,<br />

trafic bloqué plusieurs heures.<br />

Mars 2004 Espagne Le matin du 11, 10 bombes explosent dans 4<br />

trains de banlieue, à Madrid <strong>et</strong> dans sa banlieue :<br />

environ 200 morts <strong>et</strong> 1 800 blessés.<br />

Juill<strong>et</strong> 2005 Turquie Dans la province kurde de Bingol, le PKK fait<br />

exploser <strong>une</strong> mine télécommandée sous la voie<br />

Elazig – Tatvan, au passage d’un train de passagers,<br />

qui déraille. 5 morts.<br />

Juill<strong>et</strong> 2006 Inde 7 attentats en moins de 15 minutes (islamistes ?)<br />

visent <strong>des</strong> trains de banlieue à Bombay <strong>et</strong> dans<br />

sa périphérie : 130 morts. D’analogues attentats<br />

ont déjà fait, en mars 2006, 23 morts à Bénarès ;<br />

<strong>et</strong> en octobre, 66 morts à New Delhi.<br />

Novembre 2006 Inde Dans le Nord-est, <strong>des</strong> bombes à bord de trains<br />

font 7 morts (Bengale) <strong>et</strong> 4 morts (Assam). les<br />

suspects sont : Kamtapur liberation organization<br />

(KLO), United Liberation front of Assam (Ulfa) <strong>et</strong><br />

Jama’atul mujahideen Bangla<strong>des</strong>h (JMB).<br />

Etude RFF - 39


II - Les principaux épiso<strong>des</strong> du chantage du pseudo-AZF<br />

Date Evénement<br />

• Le sigle « AZF » adopté par les rack<strong>et</strong>teurs fait évidemment référence à l’explosion de<br />

l’usine chimique toulousaine éponyme le 21/09 2001, qui fit 30 morts <strong>et</strong> 2000 blessés.<br />

• Les l<strong>et</strong>tres <strong>des</strong> rack<strong>et</strong>teurs évoquées ci-<strong>des</strong>sous ont été expédiées depuis Maisons-<strong>La</strong>ffitte,<br />

Melun <strong>et</strong> Roubaix.<br />

• A lire sur ce suj<strong>et</strong> : « Les maîtres-chanteurs d’AZF refont surface », Le Figaro, 26/03/05.<br />

11 <strong>et</strong> 14 décembre<br />

2003<br />

En deux l<strong>et</strong>tres successives de menace à la présidence de la République<br />

<strong>et</strong> au ministère de l’Intérieur, « AZF », d’abord, menace, puis indique<br />

avoir disséminé <strong>des</strong> bombes au long <strong>des</strong> 32 000 km. du réseau<br />

ferré français, réclamant <strong>une</strong> rançon importante pour ne pas les faire<br />

exploser. <strong>La</strong> SNCF n’est pas avertie de la menace.<br />

29 janvier 2004 <strong>La</strong> présidence <strong>et</strong> l’intérieur reçoivent un nouveau courrier d’AZF, se<br />

bornant à en annoncer un suivant.<br />

13 février 2004 AZF annonce plus précisément avoir enfoui 9 bombes sous le ballast de<br />

voies ferrées, devant exploser à 9 dates différentes. Il donnera<br />

l’emplacement de ces bombes contre rançon. Les échanges se font<br />

désormais par p<strong>et</strong>ites annonces dans « Libération », sous forme d’un<br />

dialogue entre « Suzy » <strong>et</strong> son « Gros loup ».<br />

18 février 2004 Ouverture d’<strong>une</strong> information judiciaire par le juge Jean-Louis Bruguière ;<br />

6 000 policiers sont mobilisés dans la discrétion.<br />

20-21 février<br />

2004<br />

AZF exige désormais 4 millions de dollars US <strong>et</strong> 1 million d’euros, demandant<br />

qu’un hélicoptère attende ses instructions au somm<strong>et</strong> de la<br />

tour Montparnasse. Comme preuve de sérieux, AZF donne aussi<br />

l’emplacement d’<strong>une</strong> de ses bombes, découverte le lendemain à Folles,<br />

Haute-Vienne (près de Limoges), sous le ballast de la ligne Paris-Toulouse,<br />

près d’un viaduc ferroviaire. C’est <strong>une</strong> boîte « Tupperware »<br />

contenant 2,5 kg. de mélange nitrate+fioul ; un « engin très élaboré »,<br />

pouvant provoquer <strong>une</strong> sérieuse explosion. L’engin est désamorcé. <strong>La</strong><br />

SNCF participe à l’opération.<br />

24 février 2004 Une femme appelle l’intérieur pour dire « dépêchez-vous ». Le même<br />

jour, message de « Suzy » à son « Gros loup ».<br />

1 er mars 2004 Rendez-vous raté pour le paiement de la rançon, à partir de l’aérodrome<br />

de Montargis (Loir<strong>et</strong>). L’hélicoptère de la police ne trouve pas le signal<br />

au sol annonçant le point de largage de la rançon.<br />

Etude RFF - 40


3 mars 2004 <strong>La</strong> « Dépêche du Midi » révèle au public l’existence du chantage<br />

« AZF ». Première inspection par 10 000 cheminots de la SNCF de<br />

32 000 km. de voie ferrée du réseau.<br />

10 mars 2004 AZF exige désormais 4 millions de dollars <strong>et</strong> 2 m. d’euros, en bill<strong>et</strong>s de<br />

100, usagés.<br />

12 mars 2004 Une femme se disant d’AZF appelle la police pour négocier les conditions<br />

de versement de la rançon. <strong>La</strong> surveillance <strong>des</strong> installations ferroviaires<br />

est accrue, suite aux attentats de Madrid.<br />

16 mars 2004 Nouvelles <strong>menaces</strong> d’AZF.<br />

24 mars 2004 Sur la ligne Paris-Bâle, à 25 km. de Troyes, découverte d’un engin explosif<br />

à demi-enterré dans le ballast ; c’est « <strong>une</strong> bombe nitrate+fioul<br />

équipée d’<strong>une</strong> pile plate reliée à six détonateurs pyrotechniques <strong>et</strong> d’un<br />

détonateur transformé en inflammateur ».<br />

25 mars 2004 AZF suspend ses opérations <strong>et</strong> expédie son 8 e <strong>et</strong> dernier courrier à<br />

L’intérieur <strong>et</strong> à la présidence ; on y lit : « Fort de l’expérience acquise<br />

ces dernières semaines <strong>et</strong> désormais conscient de ses faiblesses, technologiques<br />

ou autres, AZF suspend son action durant le temps nécessaire<br />

pour y remédier ». AZF affirme enfin qu’il n’y a plus de bombes<br />

opérationnelles sur le réseau ferré français.<br />

25 mars 2005 Nouveau courrier, attribué à AZF, envoyé à la présidence <strong>et</strong> à l’intérieur.<br />

<strong>La</strong> l<strong>et</strong>tre à Dominique de Villepin (alors ministre de l’Intérieur) contient<br />

un détonateur <strong>et</strong> rappelle les précédentes <strong>menaces</strong> d’AZF visant le<br />

réseau ferroviaire. <strong>La</strong> l<strong>et</strong>tre annonce l’intention d’AZF de passer à<br />

l’action dès le 3 mai suivant. On peut lire dans la l<strong>et</strong>tre : « Lorsque nous<br />

demanderons, payez donc sans façon <strong>et</strong> n’en parlons plus, sinon, la<br />

France surpassera sans gloire les tristes records espagnols. »<br />

• Depuis lors, il n’a plus été question publiquement d’AZF, <strong>et</strong> il semble<br />

que l’enquête initiée en février 2004 n’ait guère progressé.<br />

Etude RFF - 41


III – <strong>La</strong> bombe sur la LGV, près d’Angers, avril 2006<br />

Date Evénement<br />

19 avril 2006 Posé sur le ballast, à 20 cm. <strong>des</strong> rails, un engin explosif est découvert<br />

sur la LGV Paris – Nantes, à 5 km. d’Angers, à 200 m. <strong>des</strong> premières<br />

habitations (donc à l’<strong>approche</strong>, là où les trains ralentissent).<br />

C<strong>et</strong>te bombe était <strong>des</strong>tinée à exploser : sa minuterie s’était déclenchée,<br />

mais l’engin a fait long feu.<br />

<strong>La</strong> bombe se compose d’un tube de pvc gris, contenant 1 litre de fioul,<br />

dans lequel se trouve un tube plus p<strong>et</strong>it, plein d’un mélange de chlorate<br />

de soude <strong>et</strong> de sucre en poudre ; en son milieu, le filament d’<strong>une</strong> lampe.<br />

Le système d’allumage de l’engin se compose d’un ensemble pile + fil<br />

électrique, <strong>et</strong> se déclenche par l’arrivée en bout de course d’<strong>une</strong> minuterie<br />

de cuisine.<br />

Selon les experts, c<strong>et</strong> engin « de facture artisanale, mais assez judicieux<br />

» aurait en explosant libéré « <strong>une</strong> boule de feu de plusieurs mètres<br />

de diamètre ». Il pouvait « placé comme il faut, détériorer le rail <strong>et</strong><br />

provoquer un déraillement ».<br />

Pour les bombes artisanales découvertes au fil <strong>des</strong> années en France,<br />

sans avoir explosé, l’utilisation d’un tube de pvc pour contenir la substance<br />

explosive est <strong>une</strong> première.<br />

• Depuis avril 2006, plus auc<strong>une</strong> bombe n’a été trouvée sur <strong>des</strong> voies<br />

ferrées françaises ; nulle revendication de c<strong>et</strong> acte n’a été faite publiquement<br />

<strong>et</strong> l’enquête ne semble pas avoir encore permis d’identifier un<br />

groupe, ni d’interpeller <strong>des</strong> suspects.<br />

Etude RFF - 42


Journal Officiel 75 du 29 mars 2006 - Décr<strong>et</strong> n° 2006-369 du 28 mars 2006 relatif aux missions<br />

<strong>et</strong> aux statuts de l'Etablissement public de sécurité ferroviaire - NOR :<br />

EQUT0600796D<br />

______________________________<br />

Le Premier ministre,<br />

Sur le rapport du ministre <strong>des</strong> transports, de l'équipement, du tourisme <strong>et</strong> de la mer,<br />

Vu la directive 2004/49 /CE du Parlement européen <strong>et</strong> du Conseil du 29 avril 2004 concernant la sécurité<br />

<strong>des</strong> chemins de fer communautaires <strong>et</strong> modifiant la directive 95/18 /CE du Conseil concernant les<br />

licences <strong>des</strong> entreprises ferroviaires ainsi que la directive 2001/14 /CE concernant la répartition <strong>des</strong><br />

capacités d'infrastructure ferroviaire, la tarification de l'infrastructure ferroviaire <strong>et</strong> la certification en<br />

matière de sécurité ;<br />

Vu le code général <strong>des</strong> impôts ;<br />

Vu le nouveau code de procédure civile ;<br />

Vu le livre <strong>des</strong> procédures fiscales ;<br />

Vu la loi no 82-1153 du 30 décembre 1982 modifiée d'orientation <strong>des</strong> transports intérieurs ;<br />

Vu la loi no 2006-10 du 5 janvier 2006 relative à la sécurité <strong>et</strong> au développement <strong>des</strong> transports, notamment<br />

ses articles 1er à 4 ;<br />

Vu le décr<strong>et</strong> no 53-1227 du 10 décembre 1953 relatif à la réglementation comptable applicable aux<br />

établissements publics nationaux à caractère administratif ;<br />

Vu le décr<strong>et</strong> no 62-1587 du 29 décembre 1962 modifié portant règlement général sur la comptabilité<br />

publique ;<br />

Vu le décr<strong>et</strong> no 92-681 du 20 juill<strong>et</strong> 1992 modifié relatif aux régies de rec<strong>et</strong>tes <strong>et</strong> aux régies d'avance<br />

<strong>des</strong> organismes publics ;<br />

Vu le décr<strong>et</strong> no 99-575 du 8 juill<strong>et</strong> 1999 relatif aux modalités d'approbation de certaines décisions<br />

financières <strong>des</strong> établissements publics de l'Etat ;<br />

Vu le décr<strong>et</strong> no 2004-85 du 26 janvier 2004 relatif aux enquêtes techniques après événements de mer,<br />

accident ou incident de transport terrestre ;<br />

Vu le décr<strong>et</strong> no 2005-757 du 4 juill<strong>et</strong> 2005 relatif au contrôle financier au sein <strong>des</strong> établissements publics<br />

administratifs de l'Etat ;<br />

Le Conseil d'Etat (section <strong>des</strong> travaux publics) entendu,<br />

Décrète :<br />

TITRE I er - DISPOSITIONS GÉNÉRALES<br />

Article 1<br />

L'Etablissement public de sécurité ferroviaire, ci-après dénommé l'établissement, est un établissement<br />

public de l'Etat à caractère administratif placé sous la tutelle du ministre chargé <strong>des</strong> transports.<br />

Article 2<br />

L'établissement a pour mission :<br />

a) De délivrer, r<strong>et</strong>irer ou suspendre les certificats de sécurité d'entreprise ferroviaire, les agréments de<br />

gestionnaire d'infrastructure, les agréments d'organisme ou expert qualifié <strong>et</strong> les autorisations de réalisation,<br />

de modification substantielle <strong>et</strong> de mise en exploitation commerciale de systèmes <strong>et</strong> sous-systèmes<br />

de transport ferroviaire délivrées en application de l'article 13-1 de la loi no 82-1153 du 30 décembre<br />

1982 susvisée, ou d'en restreindre le champ d'application ;<br />

b) D'assurer le suivi <strong>et</strong> le contrôle <strong>des</strong> autorisations mentionnées au a en particulier au moyen d'inspections<br />

<strong>et</strong> d'audits ;<br />

Etude RFF - 43


c) D'assurer le contrôle de la mise sur le marché <strong>des</strong> constituants d'interopérabilité conformément aux<br />

dispositions <strong>des</strong> articles 26 à 26-6 de la loi no 82-1153 du 30 décembre 1982 susvisée ;<br />

d) D'élaborer <strong>et</strong> de publier les documents techniques, règles de l'art <strong>et</strong> recommandations relatifs à la<br />

sécurité ferroviaire ;<br />

e) De répondre aux consultations du ministre chargé <strong>des</strong> transports sur toute question relative à la sécurité<br />

<strong>et</strong> à l'interopérabilité ferroviaires <strong>et</strong> de lui faire toute proposition d'évolution de la réglementation<br />

;<br />

f) D'apporter son concours à <strong>des</strong> étu<strong>des</strong> ou <strong>des</strong> activités en rapport avec la sécurité ferroviaire ;<br />

g) D'élaborer chaque année un rapport relatif à la sécurité du transport ferroviaire.<br />

TITRE II - ORGANISATION ET FONCTIONNEMENT<br />

Article 3<br />

L'établissement est administré par un conseil d'administration composé de douze membres, dont :<br />

1° Cinq membres de droit représentant l'Etat :<br />

a) Le directeur <strong>des</strong> transports ferroviaires <strong>et</strong> collectifs ou son représentant ;<br />

b) Le directeur <strong>des</strong> affaires économiques <strong>et</strong> internationales auprès du ministre chargé <strong>des</strong> transports ou<br />

son représentant ;<br />

c) Le directeur du budg<strong>et</strong> ou son représentant ;<br />

d) Le directeur de la défense <strong>et</strong> de la sécurité civiles ou son représentant ;<br />

e) Le directeur général <strong>des</strong> entreprises ou son représentant ;<br />

2° Un représentant de l'Etat choisi parmi les membres du Conseil général <strong>des</strong> ponts <strong>et</strong> chaussées ;<br />

3° Un député <strong>et</strong> un sénateur, désignés respectivement par le président de l'Assemblée nationale <strong>et</strong> par<br />

le président du Sénat ;<br />

4° Deux personnalités choisies en raison de leur connaissance du système ferroviaire ;<br />

5° Deux représentants du personnel élus selon <strong>des</strong> modalités fixées par le règlement intérieur de l'établissement,<br />

pour <strong>une</strong> durée de trois ans.<br />

Les membres mentionnés au 2° <strong>et</strong> au 4° sont nommés par le ministre chargé <strong>des</strong> transports pour <strong>une</strong><br />

durée de trois ans. Les membres mentionnés au 3° restent en fonctions jusqu'au terme de leur mandat<br />

parlementaire.<br />

Article 4<br />

En cas de vacance d'un siège au conseil d'administration avant la fin normale du mandat pour quelque<br />

cause que ce soit, un autre membre est désigné selon les modalités prévues à l'article 3 pour la durée<br />

du mandat restant à courir.<br />

Article 5<br />

Le conseil d'administration élit son président parmi ses membres pour <strong>une</strong> durée de trois ans renouvelable.<br />

Le président convoque le conseil d'administration, arrête l'ordre du jour <strong>des</strong> séances sur proposition<br />

du directeur général <strong>et</strong> dirige les débats. Il veille à l'exécution <strong>des</strong> décisions prises par le conseil<br />

d'administration <strong>et</strong> lui en rend compte.<br />

Article 6<br />

En cas d'empêchement ou de décès du président, le doyen d'âge du conseil d'administration assume les<br />

fonctions de président jusqu'à la fin de l'empêchement du président ou jusqu'à l'élection du nouveau<br />

Etude RFF - 44


président. Le premier conseil d'administration suivant la constatation de l'empêchement ou du décès<br />

est convoqué par le directeur général.<br />

Article 7<br />

Le conseil d'administration se réunit au moins trois fois par an. Les convocations sont faites par tout<br />

moyen. En outre, la convocation est de droit dans les quinze jours à compter de la demande qui en est<br />

faite par le ministre chargé <strong>des</strong> transports ou par le tiers au moins <strong>des</strong> membres du conseil d'administration<br />

pour l'examen d'<strong>une</strong> question déterminée.<br />

Article 8<br />

Le conseil d'administration ne se réunit valablement que si la moitié au moins de ses membres sont<br />

présents. Si ce quorum n'est pas atteint, le conseil est à nouveau convoqué sur tout ou partie <strong>des</strong> questions<br />

inscrites à l'ordre du jour dans un délai maximum de quinze jours. Il délibère alors valablement<br />

quel que soit le nombre de membres présents.<br />

Les décisions du conseil d'administration sont adoptées à la majorité. <strong>La</strong> voix du président est prépondérante<br />

en cas de partage égal <strong>des</strong> voix.<br />

Le conseil d'administration peut entendre toute personne dont il estime l'audition utile à son information.<br />

Les administrateurs, ainsi que toute personne appelée à assister aux réunions du conseil, sont tenus à<br />

<strong>une</strong> obligation de confidentialité.<br />

Le procès-verbal signé par le président <strong>et</strong> par le secrétaire de séance est adressé sans délai aux ministres<br />

chargés <strong>des</strong> transports <strong>et</strong> du budg<strong>et</strong> <strong>et</strong> à l'autorité chargée du contrôle financier.<br />

Article 9<br />

Le conseil d'administration fixe son règlement intérieur. Il règle par ses délibérations les affaires de<br />

l'établissement. A ce titre notamment :<br />

1° Il fixe le siège de l'établissement ;<br />

2° Il approuve l'organisation générale de l'établissement <strong>et</strong> adopte son règlement ;<br />

3° Il fixe les conditions de la gestion administrative <strong>et</strong> financière <strong>des</strong> personnels, leurs conditions générales<br />

de recrutement, d'emploi <strong>et</strong> de rémunération ;<br />

4° Il adopte le budg<strong>et</strong> de l'établissement, les décisions modificatives <strong>et</strong> détermine le tableau <strong>des</strong> emplois<br />

;<br />

5° Il propose aux ministres chargés <strong>des</strong> transports <strong>et</strong> du budg<strong>et</strong> les taux applicables au droit de sécurité<br />

mentionné au 1° de l'article 2 de la loi no 2006-10 du 5 janvier 2006 susvisée ;<br />

6° Il détermine l'assi<strong>et</strong>te, le taux <strong>et</strong> les conditions de perception <strong>des</strong> redevances prévues par le 3° de<br />

l'article 3 de la loi du 5 janvier 2006 susvisée ;<br />

7° Il approuve le compte financier ;<br />

8° Il autorise la passation <strong>des</strong> contrats, marchés <strong>et</strong> conventions ;<br />

9° Il autorise les acquisitions, aliénations, échanges d'immeubles, les baux <strong>et</strong> locations dont le montant<br />

est supérieur à un seuil fixé par arrêté conjoint <strong>des</strong> ministres chargés <strong>des</strong> transports <strong>et</strong> du budg<strong>et</strong> ;<br />

10° Il autorise les actions en justice <strong>et</strong> les transactions ;<br />

Etude RFF - 45


11° Il autorise les participations de l'établissement dans <strong>des</strong> sociétés, groupements ou organismes en<br />

conformité avec la mission dévolue à l'établissement ;<br />

12° Il accepte les dons <strong>et</strong> legs <strong>et</strong> en détermine l'emploi ;<br />

13° Il approuve le programme d'activité <strong>et</strong> les orientations de la politique de l'établissement proposés<br />

par le directeur général ;<br />

14° Il délibère sur le rapport annuel de l'établissement présenté par le directeur général.<br />

Le conseil d'administration peut, dans les conditions <strong>et</strong> limites qu'il détermine, déléguer au directeur<br />

général les attributions mentionnées aux 3°, 8°, 9°, 10° <strong>et</strong> 12° ci-<strong>des</strong>sus.<br />

Les délibérations du conseil d'administration prévues aux 4°, 6°, 7° <strong>et</strong> 11° sont transmises au ministre<br />

chargé du budg<strong>et</strong> <strong>et</strong> au ministre chargé <strong>des</strong> transports qui disposent d'un délai d'un mois à compter de<br />

leur réception pour s'y opposer. Si aucun d'entre eux n'y a fait opposition dans ce délai, elles sont exécutoires.<br />

Le conseil d'administration est informé chaque année de l'ensemble <strong>des</strong> contrats, marchés ou conventions<br />

conclus l'année précédente.<br />

Article 10<br />

Les fonctions de membre du conseil d'administration sont exercées à titre gratuit. Elles ouvrent droit<br />

au remboursement <strong>des</strong> frais de déplacement <strong>et</strong> de séjour dans les conditions applicables aux personnels<br />

de l'établissement.<br />

Article 11<br />

Le directeur général est nommé par décr<strong>et</strong> du Président de la République sur proposition du ministre<br />

chargé <strong>des</strong> transports.<br />

Il exerce les compétences définies à l'article 2 de la loi du 5 janvier 2006 susvisée.<br />

A ce titre notamment, le directeur général :<br />

a) Prépare les délibérations du conseil d'administration <strong>et</strong> en assure l'exécution ;<br />

b) Délivre, r<strong>et</strong>ire ou suspend les autorisations requises pour l'exercice <strong>des</strong> activités ferroviaires ou en<br />

restreint le champ d'application ;<br />

c) Accomplit tous les actes relevant de la compétence de l'établissement qui ne sont pas dévolus au<br />

conseil d'administration en vertu <strong>des</strong> dispositions de l'article 9 ;<br />

d) Rend compte au conseil d'administration <strong>des</strong> mesures prises dans le cadre <strong>des</strong> délégations d'attribution<br />

qui lui sont octroyées ;<br />

e) A autorité sur tous les personnels dont il assure le recrutement, la nomination <strong>et</strong> la gestion <strong>et</strong> dont il<br />

fixe la rémunération dans le cadre <strong>des</strong> conditions générales définies par le conseil d'administration ;<br />

f) Est ordonnateur <strong>des</strong> rec<strong>et</strong>tes <strong>et</strong> dépenses ;<br />

g) Est la personne responsable <strong>des</strong> marchés ;<br />

h) Etablit <strong>et</strong> m<strong>et</strong> en oeuvre le programme de contrôle <strong>des</strong> entreprises concernées par la réglementation<br />

technique <strong>et</strong> de sécurité <strong>des</strong> transports ferroviaires ;<br />

i) Représente l'établissement en justice <strong>et</strong> dans tous les actes de la vie civile.<br />

Article 12<br />

Le directeur général de l'établissement participe aux réunions du conseil d'administration avec voix<br />

consultative. Il peut se faire assister de toute personne de son choix. L'autorité chargée du contrôle<br />

financier <strong>et</strong> l'agent comptable participent également aux séances avec voix consultative.<br />

Article 13<br />

Etude RFF - 46


Le directeur général peut déléguer sa signature aux agents placés sous son autorité, dans <strong>des</strong> limites <strong>et</strong><br />

<strong>des</strong> conditions déterminées par le conseil d'administration. L'acte de délégation précise l'identité du<br />

délégataire <strong>et</strong> l'étendue de la délégation. Les actes de délégation font l'obj<strong>et</strong> d'<strong>une</strong> publication au Bull<strong>et</strong>in<br />

officiel du ministère compétent en matière de transports.<br />

Article 14<br />

Le ministre chargé <strong>des</strong> transports peut à tout moment se faire communiquer par le directeur général<br />

tous documents, pièces ou archives. Il peut porter à la connaissance du directeur général toute information<br />

qu'il juge utile.<br />

Si le ministre chargé <strong>des</strong> transports estime qu'<strong>une</strong> décision du directeur général intéressant la sécurité<br />

ou l'interopérabilité <strong>des</strong> transports ferroviaires sur le réseau qui relève de la compétence de l'établissement<br />

comporte <strong>une</strong> menace grave pour l'ordre public ou la continuité du service public, il peut demander<br />

au directeur général un réexamen de sa décision. Après avoir procédé à ce réexamen, le directeur<br />

général informe le ministre, sous forme écrite <strong>et</strong> motivée, de sa décision soit de confirmer, soit<br />

de r<strong>et</strong>irer ou soit de réformer sa première décision.<br />

Article 15<br />

Les personnels du cadre permanent de la SNCF ou de la RATP peuvent être mis en position de détachement<br />

auprès de l'établissement dans les conditions définies ci-après.<br />

Les personnels détachés auprès de l'établissement sont rémunérés par lui <strong>et</strong> sont soumis aux règles<br />

régissant la fonction qu'ils y exercent durant leur détachement à l'exception <strong>des</strong> dispositions réglementaires<br />

ou conventionnelles relatives à la rupture du contrat de travail <strong>et</strong> à la fin de carrière pour<br />

lesquelles les dispositions statutaires de leur entreprise d'origine restent applicables.<br />

Leur contrat de travail avec leur entreprise d'origine est alors suspendu sous réserve de l'application<br />

<strong>des</strong> alinéas suivants.<br />

Les personnels en détachement continuent à bénéficier du régime de r<strong>et</strong>raite de leur entreprise d'origine.<br />

Celle-ci adresse à l'établissement les éléments de calcul nécessaires à la détermination du montant<br />

<strong>des</strong> cotisations constitutives <strong>des</strong> droits à pension, selon les modalités fixées par la convention<br />

prévue à l'alinéa suivant.<br />

Une convention passée entre l'établissement <strong>et</strong> chac<strong>une</strong> <strong>des</strong> entreprises d'origine précise la durée du<br />

détachement <strong>et</strong> les conditions dans lesquelles les personnels mis en position de détachement peuvent<br />

notamment continuer à bénéficier durant c<strong>et</strong>te période d'un avancement au sein de leur entreprise<br />

d'origine <strong>et</strong> pourront y être réintégrés.<br />

C<strong>et</strong>te convention précise en outre les conditions dans lesquelles il peut être mis fin de manière anticipée<br />

au détachement auprès de l'établissement.<br />

Article 16<br />

Les inspecteurs de l'établissement procèdent aux inspections décidées par le directeur général. Ils doivent<br />

pouvoir justifier de leur identité <strong>et</strong> de leurs fonctions au sein de l'établissement.<br />

Dans le cas d'un refus d'accès tel que prévu par le III de l'article 2 de la loi du 5 janvier 2006 susvisée,<br />

l'agent habilité ou le directeur général peuvent saisir le président du tribunal de grande instance dans le<br />

ressort duquel sont situés les lieux dont l'accès est refusé, ou un magistrat délégué par lui. Celui-ci est<br />

saisi <strong>et</strong> statue selon la procédure d'ordonnance sur requête prévue aux articles 493 à 498 du nouveau<br />

code de procédure civile. Le ministère d'avocat n'est pas obligatoire.<br />

<strong>La</strong> requête précise les locaux, lieux, installations ou matériels de transport auxquels l'accès est refusé.<br />

Elle comporte tous les éléments de nature à justifier c<strong>et</strong> accès.<br />

Etude RFF - 47


L'ordonnance mentionne les locaux, lieux, installations <strong>et</strong> matériels de transport, à l'exclusion <strong>des</strong><br />

domiciles <strong>et</strong> de la partie <strong>des</strong> locaux servant de domicile, dont l'accès est autorisé, ainsi que le nom <strong>et</strong> la<br />

qualité de l'agent habilité à procéder à la visite. Elle fixe <strong>une</strong> durée à l'issue de laquelle la mesure ordonnée<br />

est caduque. C<strong>et</strong>te durée ne peut excéder deux mois.<br />

<strong>La</strong> visite s'effectue sous le contrôle du président du tribunal de grande instance ou du magistrat délégué<br />

par lui qui l'a autorisée. Celui-ci peut se rendre sur place pendant l'intervention <strong>et</strong>, à tout moment,<br />

décider la suspension ou l'arrêt de la visite.<br />

Article 17<br />

Les informations recueillies dans le cadre d'<strong>une</strong> mission d'inspection font l'obj<strong>et</strong> d'un rapport transmis<br />

par l'inspecteur chargé de la mission au directeur général de l'établissement. Ce rapport est communiqué<br />

par le directeur général à la personne responsable <strong>des</strong> locaux, lieux, installations ou matériels de<br />

transport inspectés. C<strong>et</strong>te personne peut faire valoir ses observations dans un délai de quinze jours.<br />

Article 18<br />

Les agents de l'établissement sont astreints au secr<strong>et</strong> professionnel pour les informations dont ils ont<br />

eu connaissance à l'occasion de leurs fonctions.<br />

TITRE III - DISPOSITIONS FINANCIÈRES ET COMPTABLES<br />

Article 19<br />

Sauf dispositions contraires mentionnées ci-<strong>des</strong>sous, l'établissement est soumis au régime financier <strong>et</strong><br />

comptable applicable aux établissements publics nationaux à caractère administratif, conformément<br />

aux dispositions <strong>des</strong> articles 14 à 25 du décr<strong>et</strong> du 10 décembre 1953 susvisé <strong>et</strong> <strong>des</strong> articles 151 à 189<br />

du décr<strong>et</strong> du 29 décembre 1962 susvisé.<br />

Article 20<br />

L'établissement est soumis au contrôle financier dans les conditions prévues par le décr<strong>et</strong> du 4 juill<strong>et</strong><br />

2005 susvisé. L'autorité chargée du contrôle financier est désignée par arrêté du ministre chargé du<br />

budg<strong>et</strong>.<br />

Article 21<br />

L'agent comptable de l'établissement est nommé par arrêté du ministre chargé <strong>des</strong> finances.<br />

Article 22<br />

Des régies de rec<strong>et</strong>tes <strong>et</strong> <strong>des</strong> régies d'avances peuvent être instituées dans les conditions fixées par le<br />

décr<strong>et</strong> du 20 juill<strong>et</strong> 1992 susvisé.<br />

Article 23<br />

Les conditions <strong>et</strong> les modalités de règlement <strong>des</strong> frais occasionnés par les déplacements professionnels<br />

<strong>des</strong> personnels de l'établissement sont fixées par le conseil d'administration.<br />

Article 24<br />

Le droit de sécurité prévu par le 1° de l'article 3 de la loi du 5 janvier 2006 susvisée est constaté, recouvré<br />

<strong>et</strong> contrôlé par l'établissement.<br />

A c<strong>et</strong> eff<strong>et</strong>, le directeur général habilite les agents de l'établissement chargés d'exercer le droit de<br />

communication prévu par l'article L. 81 du livre <strong>des</strong> procédures fiscales. Le directeur général ou la<br />

personne à qui il a délégué sa signature en application de l'article 13 du présent décr<strong>et</strong> signe les actes<br />

nécessaires à l'accomplissement de la procédure de redressement contradictoire prévue aux premier <strong>et</strong><br />

dernier alinéas de l'article L. 57 du livre <strong>des</strong> procédures fiscales ou de la procédure de taxation d'office<br />

prévue par l'article L. 76 du même livre ainsi que le titre exécutoire de recouvrement <strong>des</strong> droits supplémentaires<br />

<strong>et</strong> <strong>des</strong> pénalités correspondantes prévus aux articles 1727 <strong>et</strong> suivants du code général <strong>des</strong><br />

impôts.<br />

Etude RFF - 48


Article 25<br />

Les réclamations relatives au droit de sécurité prévu par le 1° de l'article 3 de la loi du 5 janvier 2006<br />

susvisée sont présentées <strong>et</strong> instruites comme en matière de taxe sur le chiffre d'affaires sous réserve<br />

<strong>des</strong> dispositions ci-après.<br />

Les réclamations relatives à l'assi<strong>et</strong>te du droit de sécurité sont adressées au directeur général de l'établissement.<br />

Les réclamations relatives à son recouvrement sont adressées à l'agent comptable de l'établissement.<br />

TITRE IV - DISPOSITIONS TRANSITOIRES<br />

Article 26<br />

<strong>La</strong> première réunion du conseil d'administration se tient dans un délai n'excédant pas quatre mois à<br />

compter de la date de publication du présent décr<strong>et</strong> sur convocation du ministre chargé <strong>des</strong> transports.<br />

Au cours de c<strong>et</strong>te réunion, présidée par le doyen d'âge, il est procédé à l'élection du président du<br />

conseil d'administration.<br />

Article 27<br />

Par dérogation aux dispositions de l'article 3 <strong>et</strong> jusqu'à l'élection <strong>des</strong> membres du conseil d'administration<br />

représentant le personnel, le conseil peut se réunir en l'absence de c<strong>et</strong>te catégorie de membres.<br />

Durant c<strong>et</strong>te période, les règles de quorum fixées à l'article 8 s'appliquent en tenant compte uniquement<br />

<strong>des</strong> dix autres membres du conseil d'administration.<br />

Article 28<br />

Les biens mobiliers acquis par l'Etat <strong>et</strong> les droits <strong>et</strong> obligations qu'il a contractés en vue de la création<br />

de l'établissement sont transférés à celui-ci à compter de la publication du présent décr<strong>et</strong>. Les dépenses<br />

consenties par l'Etat en vue du même obj<strong>et</strong> lui sont remboursées par l'établissement.<br />

Article 29<br />

Dès sa nomination <strong>et</strong> jusqu'à la première réunion du conseil d'administration, le directeur général<br />

prend toute décision nécessaire à l'organisation <strong>et</strong> au fonctionnement courant de l'établissement. Il<br />

établit un proj<strong>et</strong> de budg<strong>et</strong> provisoire qui, par dérogation à l'article 9 du présent décr<strong>et</strong>, devient exécutoire<br />

dès son approbation par le ministre chargé du budg<strong>et</strong> <strong>et</strong> le ministre chargé <strong>des</strong> transports. Ce<br />

budg<strong>et</strong> reste exécutoire jusqu'à l'adoption du budg<strong>et</strong> définitif par le conseil d'administration de l'établissement.<br />

Le directeur général rend compte au conseil d'administration au cours de sa première<br />

séance <strong>des</strong> actes <strong>et</strong> décisions qu'il a pris <strong>et</strong> qui relèvent <strong>des</strong> compétences du conseil d'administration en<br />

vertu de l'article 9.<br />

Article 30<br />

Le ministre de l'économie, <strong>des</strong> finances <strong>et</strong> de l'industrie <strong>et</strong> le ministre <strong>des</strong> transports, de l'équipement,<br />

du tourisme <strong>et</strong> de la mer sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l'exécution du présent décr<strong>et</strong>,<br />

qui sera publié au Journal officiel de la République française.<br />

Fait à Paris, le 28 mars 2006.<br />

Dominique de Villepin<br />

Par le Premier ministre :<br />

Le ministre <strong>des</strong> transports, de l'équipement,<br />

du tourisme <strong>et</strong> de la mer,<br />

Dominique Perben<br />

Le ministre de l'économie,<br />

<strong>des</strong> finances <strong>et</strong> de l'industrie,<br />

Thierry Br<strong>et</strong>on<br />

Etude RFF - 49


<strong>La</strong> base de données CEZAR 16<br />

(CEZAR = Connaître l’Evolution <strong>des</strong> Zones A Risque)<br />

Créé en 1998, CEZAR est un outil informatisé d’analyse <strong>et</strong> d’aide à la décision concer-<br />

nant les vols, actes de malveillance <strong>et</strong> actes d’environnement, commis à l’encontre du<br />

personnel <strong>et</strong> <strong>des</strong> installations de la SNCF.<br />

De façon évolutive <strong>et</strong> opérationnelle, CEZAR perm<strong>et</strong> l’analyse <strong>des</strong> faits constatés (par<br />

mois, jour <strong>et</strong> tranche horaire, diurne ou nocturne) :<br />

- Sur l’ensemble du territoire,<br />

- Dans <strong>une</strong> région administrative, ou SNCF,<br />

- Dans un ou plusieurs département (s),<br />

- Dans <strong>une</strong> ou plusieurs comm<strong>une</strong> (s),<br />

- Dans telle gare, section de ligne, ou dans tel train.<br />

Une ventilation est aussi possible :<br />

Par type de transport<br />

Par type d’acte<br />

- VFE : TGV <strong>et</strong> trains internationaux,<br />

- TER : trains régionaux<br />

- Transilien : réseau régional Ile-de-France<br />

- Atteintes aux voyageurs, ou aux agents,<br />

- Vol à l’encontre de passagers, ou de la SNCF,<br />

- Actes de malveillance<br />

• A notre connaissance tout du moins, CEZAR ne paraît pas s’intéresser spécifiquement<br />

aux infrastructures <strong>et</strong> installations hors les gares.<br />

16 Voir notamment : « Signalement <strong>des</strong> incidents de sûr<strong>et</strong>é de l’activité fr<strong>et</strong> » (fr 0306) <strong>et</strong> « Référentiel<br />

voyageurs, document d’information – Plan d’action sûr<strong>et</strong>é <strong>des</strong> activités voyageurs 2005 » (vo 0320).<br />

Etude RFF - 50


Sources <strong>et</strong> références de l’étude<br />

SNCF – Sécurité de l’exploitation – Direction de la sécurité – DS-CM-052006 –<br />

31/05/2006 – « Rapport sur la sécurité de l’exploitation en 2005 sur le réseau ferré<br />

national français, vol. 1 <strong>et</strong> vol. 2 (annexes) »<br />

US department of Justice – United States bomb data center – 25/07/2005 – « UK transit<br />

system attacks, official UK bomb data center release »<br />

André Lebeau « L’engrenage de la technique », NRF Gallimard, Bibliothèque <strong>des</strong> scien-<br />

ces humaines, 2005<br />

Nations-Unies – Conseil économique <strong>et</strong> social – Commission économique pour<br />

l’Europe – Comité <strong>des</strong> transports intérieurs – 7/07/2004 « Sûr<strong>et</strong>é <strong>et</strong> sécurité dans les<br />

transports ferroviaires »<br />

United Kingdom – Police national bomb data centre – SO 13 – New Scotland Yard,<br />

London – 20/03/2004 « Briefing note »<br />

SNCF Infrastructure « Protection <strong>des</strong> infrastructures critiques dans le transport ferro-<br />

viaire » - 13/11/2003<br />

Min<strong>et</strong>a Transportation Institute – College of business – San Jose State University<br />

« Protecting public surface transportation against terrorism and serious crime : conti-<br />

nuing research on best security practice » - september 2001.<br />

Etude RFF - 51

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