une approche globale des dangers et menaces - La Tribune

3 - « Champ préalable d’inspection » :
le périmètre de l’étude
D’abord, quelques mots d’explication
Comme on l’a vu plus haut, en matière de menaces, la société de l’information élude,
néglige le plus souvent la perspective 8 dans laquelle un acte donné se produit – par
exemple un attentat. Or considérer le « champ préalable d’inspection » dans lequel cette
menace s’inscrit est primordial pour déceler précocement une menace, car ce champ
porte et dirige toute notre compréhension d’un phénomène ; sans sa maîtrise, nulle ac-
tion durablement efficace n’est possible.
Quand l’homme pense peu ou mal – ce qui est fréquent dans la lutte anti-terroriste ou
anti-criminelle - quand il n’inscrit pas son action dans un « cadre d’exécution et
d’opération » approprié, il sombre dans l’activisme irréfléchi ; tel le taureau, il réagit
brutalement au chiffon rouge. L’action lui sert de pensée. La pratique précède ici la
théorie, quand elle ne la supplante pas.
Il faut donc observer le « champ préalable d’inspection » de toute entité ou situation
dangereuse. Ce champ, quel est-il ? Une image l’explique : avoir d’abord saisi ce qu’est
le temps permet seul de comprendre l’usage d’une montre ; non bien sûr son système
mécanique, mais son objet même, sa finalité. Le concept de temps est le « champ pré-
alable d’inspection » expliquant la montre. Et ainsi de suite, pour tout phénomène de-
vant être pensé, notamment terroriste ou criminel.
Pour nous, le « champ préalable d’inspection » est le « tour de la question » criminelle
ou terroriste ; l’approche attentive de sa réalité ; l’élimination de ce champ de tous les
préjugés, illusions, représentations intellectuelles dépassées, mirages, fantasmes, modes
et phobies constituant ensemble les « évidences courantes », la « pensée unique », de la
société de l’information. Déterminer un « champ préalable d’inspection » fécond, c’est
creuser jusqu’au sol ferme et y édifier un socle solide de connaissances, partant duquel
on peut diagnostiquer, c’est à dire, avant tout, nommer.
8 Etymologiquement, pénétrer par le regard, en direction de l’avenir.
Etude RFF - 16