16entreprises & innovationLA TRIBUNE VENDREDI 14 décembre 2012le zoomde la semaineFrance CitéVision, petit opérateur télécoms « alternatif » qui a construit son propre réseau à Amiens,veut déployer ses offres commerciales dans un large nord-ouest de l’Hexagone, entre Paris, Reims,Dunkerque et Caen. Et entend bien se faire une place à côté des « big five »…Le Petit Poucet picard destélécoms a un appétit d’ogreClaire GarnierFrance CitéVisionchange de modèle.L’opérateur de télécomsalternatif (6 millionsd’euros de chiffred’affaires, 60 salariés, 10 000 abonnésà Amiens) qui a construit sonpropre réseau – câble et fibreoptique – à Amiens intra-muros,veut se recentrer sur le servicedans le très haut débit. « Soit nouspouvons mettre un milliard d’eurossur la table pour continuer àdéployer notre propre réseau, soitnous devenons un opérateur de services», a expliqué à <strong>La</strong> <strong>Tribune</strong>Matjas Sawodnik, le directeurgénéral de France CitéVision, dontil a repris les rênes en juin 2012.RepèresLes forfaits : À partir de23 euros par mois (téléphonieet Internet) jusqu’à 54 euros.À partir de 39,90 euros pour un débitde 100 Mbit/s.Les Actionnairesmajoritaires : Cognis Capitalet York Capital, deux fondsd’investissement anglo-saxons.En juin 2012, ces actionnaires,jusqu’alors minoritaires, ont reprisles actifs du fonds américain WestStar, qui contrôlait l’entreprise.Les opérateurs alternatifsIls représentent 5 % du marchédans le triple play (Internet,téléphone fixe et télévision).être présent là oùles grands ne vont pasFort de son expérience d’opérateurtrès haut débit quadruple playà Amiens (Internet, télévisionnumérique, téléphonie fixe etmobile), France CitéVision adécidé de s’attaquer aux marchéssitués en dehors d’Amiens sur unterritoire compris entre Paris,Reims, Dunkerque et Caen. L’opérateurveut se développer sur leszones moyennement denses(zones AMII) en louant les infrastructuresdéployées par les grandsopérateurs privés, comme Orangeet SFR. Dans son viseur : Dunkerque(Nord), Calais et Boulogne(Pas-de-Calais), Saint-Quentin(Aisne), Beauvais (Oise) ou encoreAbbeville (Somme).L’opérateur va aussi proposerses offres commerciales aux attributairesdes délégations de servicepublic (DSP) qui exploitentles réseaux d’intérêt public (RIP)où ne vont pas les grands du secteur.En attendant, par exemple,l’appel d’offres du syndicat mixteSomme Numérique, il envisage deproposer ses services à Tutor(détenu par un fonds d’investissementcanadien et Vinci), présentdans le Calvados et à Covage, enrégion parisienne.Matjas Sawodnik s’est fixé l’objectifde « passer de 10 000 lignesactives aujourd’hui à 100 000 d’icià cinq ans ». Il ne se prive pas derappeler la « spécificité française »d’un « oligopole avec les “big five”que sont Numericable, SFR, Bouygues,France Telecom et Free ». Enface, explique Matjas Sawodnik,« c’est le désert, avec quelquespetits opérateurs sur le segment“pro”, mais pas vraiment d’alternativesur le segment résidentiel ».Pour être présent physiquementlà où il va s’implanter, FranceCitéVision recrutera des commerciauxet dupliquera la stratégiemise en œuvre dans la capitalepicarde : points de vente, centresd’appels, vente à domicile. ÀAmiens, cette stratégie de proximitél’a même conduit à entrer ennégociation avec le CourrierPicard pour intégrer aux forfaitsun accès direct aux contenus de laÀ l’origine, la volontépolitique municipalede créer un pôlede télécoms pourla capitale picarde.version Web du quotidien régional.Sa nouvelle box Samsung estau cœur de sa stratégie commerciale.« Cette box va permettre lecontrôle du direct et la technologiede l’Internet sur la télévision. »France CitéVision entend clairementcapitaliser sur l’expérienceacquise à Amiens depuisdix ans. « Nous sommes un opérateurà taille “bonsaï” avec l’expériencede tous les compartimentsdu métier, une expérience d’investisseur,d’opérateur et d’exploitant,dans le professionnel et dans lerésidentiel », résume MatjasSawodnik.<strong>La</strong> société revendique être le seulopérateur alternatif à disposer decontrats de diffusion avec plusd’une centaine de chaînes, incluantles majors (Canal + et BeInSport),à avoir l’expérience du métier defournisseur d’accèsEn 2007, France CitéVision a joué les pionnières en déployantune dorsale en fibre optique à Amiens. [PASIEKA / SCIENCE PHOTO LIBRARY]Internet et de disposerd’un équipement detéléphonie basé surInternet pouvant gérerplusieurs centaines demilliers de clients. « Cesservices sont interconnectésaux grandscentres de données parisiens et sontdéployables nationalement. »Sur son réseau d’Amiens, FranceCitéVision garantit un débit comprisentre 30 et 100 Mbit/s dansles deux sens (montant et descendant).« Nous sommes le 1 er opérateuren termes de performances duréseau ; le second est Free, loin derrière», assure DidierBlondin, directeur marketing.S’il garantit letrès haut débit à Amiens,c’est parce qu’en l’espacede dix ans, il a investiquelque 40 millionsd’euros dans le déploiementdu câble et de lafibre optique. Un paricertes un peu fou pour…un « Petit Poucet » destélécoms. « C’est à replacerdans le contexte de la volontépolitique d’Amiens de créer un pôlede télécoms », explique MatjasSawodnik.une cible en fonctionde la clientèleDe fait, l’histoire de France Cité-Vision a commencé en 2002 avecun appel d’offres de la villed’Amiens pour le déploiement d’unréseau câble. L’appel avait été remportépar un consortium d’investisseursanglo-saxons, spécialisédans le déploiement de réseauxcâblés aux États-Unis ; pour40millionsd’euros. C’estce qu’a investien dix ansFranceCitéVision dansle déploiementdu câble et dela fibre optiqueà Amiens.déployer le réseau câble d’Amiens,il avait créé une société ad hoc,France CitéVision. En 2007, lasociété avait joué lespionniers en déployant àAmiens une dorsale enfibre optique. Commeelle n’a pas d’infrastructurepour la téléphoniemobile, elle utilise celled’un tiers et a passé unaccord avec un grossistequi lui revend desminutes de communicationsur le réseaud’Orange.Sa politique tarifaire est à la foisliée au contenu du forfait (nombrede chaînes de TV et d’heures detéléphonie mobile) et au niveaude débit choisi. En parallèle, l’opérateurpropose des offres cibléespour ses différents profils declients (étudiants, seniors…).France CitéVision ne prétend pasêtre le moins cher, mais revendiqueêtre le « perceived priceleader », selon la formule de MatjasSawodnik. « Mais ce n’est pastraduisible en français ! » Commepour le froid, tout est une questionde ressenti ! q
VENDREDI 14 décembre 2012 LA TRIBUNEentreprises & innovation 17Clever Cloud, une énergieinformatique intelligente<strong>La</strong> bonne Avec son service Paas (pour Platform as a Service) Clever Cloudopération a retenu l’attention de Kima Ventures, le fonds d’investissementde Xavier Niel, le patron de Free. Du coup, tout s’accélère pour la start-up !Denis Kerdraon, à nantes«Quand vous travaillezdans l’hébergementinformatique et quevous dites que vous avez Xavier Nieldans votre capital, les événementsprennent une autre dimension ».Quentin Adam sait de quoi il parle.Fondateur PDG de Clever Cloud,société évoluant dans le cloud computing,il est soutenu depuis janvierdernier par Kima Ventures, le fondsd’investissement détenu par lepatron de Free et Jérémie Berrebi.Pour autant, il n’a annoncé cetteparticipation qu’après s’êtredonné le temps de peaufiner sonoffre commerciale… Clever Cloud,c’est d’abord une affaire de passionnéset d’aventuriers du Web. Il y adeux ans, Quentin Adam emprunte10 000 euros à la banque, sousforme de prêt étudiant. « Dès ledébut, j’ai recruté six CDI », préciset-il.Avec une idée simple : le jour, lasociété travaille en tant que prestatairede services. Cela la conduit àdévelopper des applications marketingsur Facebook ou encore intervenirsur les bornes Sesam-VitaleonvaparlerdeluiChristophe Grain, fondateur de « Allo Chef alerte en cuisine »Le SAMU des restaurants en difficultéMétamorphosé et miraculé,le restaurant « Le Vitaliano» de Narbonne (Aude) nedésemplit plus. ChristopheGrain, 43 ans, chef étoilé deBourgogne formé par Jean Breton,y est intervenu pendant cinqjours. « Quand je suis arrivé, lepatron et les employés étaientdésabusés. Le changementbrutal du style de l’établissementavait fait fuir lesclients » explique-t-il.Le premier jour, lecoach restaurateurrepère les faillesdu système mis enplace par le nouveaupatron, DamienVitaliano(29 ans) repreneur del’affaire de son père.Christophe Grain a déjà« sauvé » quelque200 restaurants. [topsud]de l’Assurance maladie. De quoidégager suffisamment de trésoreriepour travailler… la nuit, en R&D.Car Quentin Adam sait où il veutmener sa société : pouvoir optimiserpour n’importe quelle applicationWeb le besoin en énergie. Avecaujourd’hui une offre opérationnelledans le Paas (Platform as aService). « Clever Cloud adapte lesQuentin Adam adémarré avec 10 000 €il y a deux ans. Sonunique « concurrent »aujourd’hui : Google !ressources de façon quasi instantanée,définit le jeune PDG. Cela permetau client de se concentrer sur saseule application. »<strong>La</strong> seule autre société à proposerce type de services, c’est… Google. Àla différence que « quand vous vousappelez Google, ce sont les clients quis’adaptent ; quand vous vous appelezClever Cloud, c’est vous qui vousadaptez ». <strong>La</strong> société nantaise adonc mis au point un supportcapable de s’adapter au code duclient. Actuellement, la start-up deneuf salariés réalise encore le principalde son activité dans le service.Mais Quentin Adam compte fairepasser la partie Paas à 80 % pour unchiffre d’affaires attendu à500 000 euros en 2013. Une montéedue à l’offre mais aussi à l’effet« Niel ». « L’annonce de l’arrivée deKima Ventures dans lecapital nous aide », soulignel’entrepreneur.En contact étroit avecIliad, la maison mèrede Free, il reconnaîtaussi que sans elle, iln’aurait pas réussi àmonter le projet.2013 sera donc commercialementimportante. Avec une stratégiecentrée sur les prescripteurs.D’un côté, les agences Web et lesSSII de telle sorte à être connus,référencés et ensuite associés àdes offres. De l’autre, une communicationaccrue auprès de développeursinfluents dans la blogosphère,« car, souligne QuentinAdam, ce sont également des prescripteurstrès importants ». qDès le deuxième jour, le mécanisme« Alerte en cuisine » estappliqué. Les congélateurs sontvidés : « Le Vitaliano » proposedésormais une cuisine à basede produits frais travailléschaque jour.« C’est plus de boulot,mais c’est trois fois moins cher.Et du coup on augmente lamarge. Ici, on épluche lespommes de terre et les carottes.Et on va chercherle saumon tousles jours chezle poissonnier.C’est une des règles debase de la restauration », insistele coach qui a simplifié la carte :5 entrées, 5 plats et 5 dessertsavec une formule imbattablepour le midi à 9,90 euros. Et…trois semaines après l’opérationsauvetage, Damien Vitaliano a,une nouvelle fois, crié « au secours» à Christophe Grain. Maiscette fois, c’est pour faire faceà l’afflux de clients !En vingt-quatre ansd’opérations, le coach asauvé plus de 200 établissementsde la faillite, avec un tauxexceptionnel de réussite de80 %. Il soigne et répare dansle monde entier, de Dubaï àl’Espagne. En 2013, Christophepromet d’ouvrir enfinson restaurant, à Perpignan.qChristian Goutorbe,à Montpellier, Objectif<strong>La</strong>nguedoc-Roussillon<strong>La</strong> chasse auxbactéries, unmarché appétissantla technoà suivreLe marché de l’analyse biologiquecroît de 5 % à 10 %. De bellesperspectives pour Prestodiag, qui lanceral’an prochain son premier kit de détectionrapide de bactéries, à destination desindustries de l’agroalimentaire.Quelquesheuressuffisent pouravoir lesrésultatsd’analyse,contre 1 à3 jours pourles systèmesconcurrents.[Prestodiag]Consommer des plats cuisinésou tout autre metscontenant des bactériespeut s’avérer mortel. Chaqueannée, les infections alimentairescausent en France plusieurscentaines de morts. Sanscompter les dizaines de milliersde patients hospitalisés. Dans cecontexte, repérer dans les platscuisinés, les viandes ou les fromages,la présence de Listeria,de Salmonella ou d’EscherichiaColi avant leur mise en vente estune question de salubritépublique mais aussi un enjeuindustriel. « Aujourd’hui, lesentreprises doivent attendreentre un et trois jours pour obtenirles résultats d’analyse microbiologiqueavant de vendre ounon leur production », fait valoirThibaut Mercey, 34 ans, présidentcofondateur de Prestodiag.Un marché estimé à1 milliard de dollars« Notre système repose sur unbiocapteur contenant unedizaine d’anticorps différents surlesquels les bactéries viendronts’accrocher par affinité »,indique Félix Piat, jeune ingénieurAgroParisTech et cofondateurde Prestodiag. « Mêmeinfime, la présence de cesintruses sera automatiquementrepérée par notre lecteur optiquequi agit comme une sorte demicrobalance afin de détectertoutes modifications du signal dela biopuce. »Grâce à ce système de détectionqui combine simultanémentla culture des micro-organismeset leur analyse, quelquesheures suffisent pour détecterdes bactéries. Contre un à troisjours donc, voire davantage,pour les systèmes existants, lesquels,à la différence du systèmede Prestodiag, procèdent demanière séquentielle (d’abord laculture des bactéries, ensuitel’analyse biologique). À l’origine,le biocapteur a été développépar un des cofondateurs dePrestodiag, à savoir, ThierryLivache, directeur du laboratoireCreab (Chimie pour lareconnaissance et l’étude d’assemblagebiologique) au CEA.Quant au lecteur optique, il a étéconçu par Thibaut Mercey, ingénieurSupOptique de formation.Créé en mars dernier, Prestodiagse positionne sur un marchéd’un milliard de dollarspour plus de 140 millions d’analysespar an, en croissanceannuelle de 5 à 10 %. « Pour lapremière année, nous comptonsvendre plusieurs centaines voireplusieurs milliers de kits etquelques dizaines de lecteursoptiques », poursuit ThibautMercey, qui compte lancer lacommercialisation de ses produitsen juin prochain pour unvéritable décollage dans deuxou trois ans. D’ici là, la start-upcompte attirer dans son capitalde nouveaux investisseurs.qErick Haehnsen