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immobilier - La Tribune

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30L’interviewLA TRIBUNE VENDREDI 14 décembre 2012Denis KesslerPrésident-directeur général du groupe SCOR« Il faut une nouvellerefondation sociale »Qu’on se le dise, le PDG du réassureur Scor n’est pas candidat pour succéder à <strong>La</strong>urence Parisot àla tête du Medef. Mais il regrette que tant de temps ait été perdu pour réformer le pays. Selon lui,les partenaires sociaux devraient repenser notre système de protection sociale, pour le sauver.Propos recueillis par Philippe Mabille( <strong>La</strong> tribune – Comment voyez-vous évoluer l’économie en2013 ?Denis Kessler – <strong>La</strong> situation se dégrade de façon significative.Dès 2009, je prédisais un double dip, au momentoù beaucoup pensaient que la sortie de crise était probable.On est au cœur de ce deuxième creux, même si la contractionde l’activité ne se manifeste pas partout avec la mêmeintensité. <strong>La</strong> raison en est simple. Tous les freins sont serrésau même moment, dans la plupart des pays au monde.Le deleveraging [désendettement] généralisé est nécessaire.Cela va être notre principal horizon économique etfinancier, pour encore plusieurs années. Les États-Unisl’ont engagé plus tôt et sont en avance dans ce processus,mais l’Europe, à part l’Allemagne, est en retard.( Le plan de redressement de FrançoisHollande est-il à la hauteur ?Croire que la solution pour restaurerl’équilibre des comptes publicset sociaux est d’augmenter lesprélèvements obligatoires estune grave erreur. C’est opérerune ponction massive sur le secteurprivé au moment précis oùcelui-ci est obligé de réduireson propre endettement.C’est pourquoi je suispour une doubleLe PDG de Scor rêve d’un mondeoù « l’entreprise ne serait plusun objet de débat politique ». [DR]« règle d’or ». Le retour indispensable à l’équilibre structureldes comptes publics doit être renforcé par uneseconde règle d’or sur les moyens d’y parvenir. L’Étatdevrait réaliser au moins les deux tiers de l’effort enréduisant ses dépenses, et limiter à un tiers la haussedes recettes sur le secteur productif et les ménages. Or,le plan actuel repose pour l’essentiel sur l’augmentationdes prélèvements. On est donc en train de tarir la sourcede cash-flow de la nation. On ponctionne les richessesexistantes en faveur de la sphère publique, mais on nefait rien pour créer les richesses futures.( En 2000, lors de la création du Medef dont vous étiez viceprésident,vous aviez lancé la « refondation sociale ». Est-elletoujours d’actualité ?Oui… Le diagnostic de la refondation sociale a déjà treizeans et n’a hélas ! pas pris une ride. Car réformer, cen’est pas changer tel ou tel paramètre du financementde la protection sociale ou des prestationsservies. Cette approche ne marche plus.On a passé les trente dernières années àrafistoler le système existant, qui paraît deplus en plus coûteux sans être pour autantplus performant. Il faut inventer la protectionsociale du xxi e siècle, sans tabou,en nous inspirant de ce qui marche cheznos partenaires.( Depuis, on a quand même avancé…Des efforts ont été entrepris sur la représentativitédes organisations syndicales.On a engagé une réforme desretraites, qui est inachevée etparcellaire. On a créé PôleEmploi, mais sans améliorersignificativement leservice d’aide de retour àl’emploi des chômeurs,dans une conjoncturepar ailleurs difficileIl est comme ça !iPhone ou Blackberry ?Les deux.Travail le soir ou le week-end ?Les deux.<strong>La</strong> qualité que vous préférezchez vos collaborateurs ?L’intelligence loyale.Le défaut que vous ne pardonnezpas chez un collaborateur ?<strong>La</strong> déloyauté bête.Votre plus grand regretprofessionnel ?En théorie des jeux, on parle destratégie no regret. Et je ne regrettepas de l’avoir suivie.d’augmentation du chômage. On a créé le RSA, on a changécertains paramètres, mais on s’est bien gardé de repenser lesystème. Au total, une décennie en grande partie perdue. Ilfaut faire la retraite par points, en unifiant tous les régimes,créer des contrats de mission, intermédiaires entre le CDIet le CDD, réformer l’assurance-chômage et l’assurancemaladie,basculer sur d’autres bases toutes les cotisationsgrevant la feuille de paie qui n’ont pas de lien avec le contratde travail, etc. Je forme le vœu que l’on avance dans tous cesdomaines. Il en va de la compétitivité du pays.( Qu’attendez-vous de la grande négociation sociale sur l’emploi ?Nous sommes le dernier pays où l’on réunit les partenairessociaux au niveau national, en sommet, en pensant qu’en lesenfermant dans une pièce pendant suffisamment longtempset à plusieurs reprises, ils vont résoudre les problèmes…Selon moi, un accordnational interprofessionneln’a plus beaucoupde sens à notreépoque, tant la variétédes situations d’entrepriseest forte. Il faudratôt au tard dénationaliserle dialoguesocial. Le cadre publicen matière socialedevra être défini auniveau européen – les«Il faudra tôtou tarddénationaliser ledialogue social. Lecadre public devraêtre défini auniveau européen. »droits fondamentaux, l’ordre public social – et leur applicationfaite au niveau des entreprises, par des partenairessociaux en responsabilité, et pour une certaine part, auniveau des branches européennes.( Le Medef prend-il le problème comme il le faudrait ?Le Medef est une confédération de branches nationalesdont la compétence s’arrête aux frontières de l’Hexagone.Les entreprises – plutôt que les branches – devraient êtremajoritaires dans les instances de gouvernance du Medef.Je suis également en faveur d’une plus grande unité dansla représentation des entreprises, et on peut imaginerregrouper les organisations actuelles dans une entité nouvelleavec trois collèges : celui des très grandes entreprises,celui des entreprises moyennes et intermédiaires, et celuides TPE. Au-delà de la représentation des entreprises, ilfaut surtout retracer une frontière claire entre ce qui relèvedes entreprises et ce qui relève de l’État. Lorsque les prestationsn’ont pas de lien avec le contrat de travail, il fautsubstituer un impôt national (CSG ou TVA) aux cotisationspatronales et salariales, dont la distinction n’a d’ailleursplus aucune justification. On a créé en France de toutespièces une source de conflit permanent entre le salarié, quivoit seulement son salaire net avant impôt, et l’employeur,qui supporte le coût total du travail, charges comprises.C’est en France que cet écart entre revenu brut et revenunet est le plus élevé ! C’est une source d’incompréhension.( Êtes-vous candidat au Medef ?J’en suis parti il y a dix ans, après avoir déjà donné douzeans de mon existence aux instances patronales, et je n’aipas ménagé ma peine. Je ne suis pas candidat. Aupassage, une bonne gouvernance consisterait àinstaurer une présidence de deux ans non renouvelableexercée par un chef d’entreprise en activité,encadré par l’ancien président et le présidentà venir, afin d’assurer une continuité des dossiers,une gestion plus collégiale, un renouvellementpermanent des responsables, une meilleurereprésentativité des différentes catégories d’entrepriseet des secteurs. Mais dépassons le cadrede l’institution. Je rêve depuis des années d’unmonde où l’entreprise ne serait plus un objet dedébat politique. Notre collectivité a décidé defaire de l’entreprise – et de ses responsables – lebouc émissaire de ses difficultés et de la chargerde tous les péchés. L’entreprise n’est qu’un instrumentde création de richesse, ni plus ni moins.Politiser en permanence l’entreprise, en faire unenjeu politique national, lui donner une fortecharge idéologique, est un jeu très dangereux. q

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