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Zibeline n°38 en PDF

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Peterson le glas ?Librem<strong>en</strong>t adaptée du docum<strong>en</strong>taire éponyme deJean-Xavier de Lestrade par Dorian Rossel, Soupçonsretrace une affaire judiciaire comme les États-Unis<strong>en</strong> viv<strong>en</strong>t souv<strong>en</strong>t, spectaculaire, longue, chère, oùles notions de culpabilité et d’innoc<strong>en</strong>ce sont parfoisreléguées au second plan, au profit notamm<strong>en</strong>t del’emballem<strong>en</strong>t médiatique. Ce procès est celui deMichael Peterson, écrivain, éditorialiste critique contrela police et le procureur du comté de Durham,bourgade conservatrice de Caroline du Nord, reconnucoupable d’avoir tué sa femme retrouvée morteARLESTHÉÂTRE23au pied de l’escalier de la maison familiale. Partantd’une réécriture des dialogues du docum<strong>en</strong>taire,Dorian Rossel et Carine Corajoud n’ont pas cherchéà r<strong>en</strong>dre compte du réel avec exactitude, mais plus àdéconstruire l’id<strong>en</strong>tité sociale et médiatique crééelors du procès. Très réussie, la première partie, parune scénographie ingénieuse qui joue avec un décormodulable et introduit la vidéo dans laquelle s’incrust<strong>en</strong>tles personnages, multiplie les points de vue,faisant que tous les comédi<strong>en</strong>s jou<strong>en</strong>t tous les rôles,<strong>en</strong> introduisant <strong>en</strong> sus un humour perturbant. Un versantludique qui brouille hélas le propos, et ne permetpas de s’attacher à cette si controversée personnalité,ni de saisir la charge émotionnelle de faitabs<strong>en</strong>te. La deuxième partie, c<strong>en</strong>trée sur le procès,perd de sa pertin<strong>en</strong>ce, au profit d’une prise de paroleun brin mécanique qui fait se succéder toutes lesparties sans réelle distanciation. Et Peterson ?Condamné à la prison à vie.Soupçons a été joué le 25 janvierau théâtre d’Arles© Carole ParodiDétournem<strong>en</strong>ts imaginairesEntièrem<strong>en</strong>t dévolue à l’exploration de la magi<strong>en</strong>ouvelle, thème c<strong>en</strong>tral du temps fort proposé par lethéâtre d’Arles dans le cadre de la programmationTerritoire de cirque commune aussi à Port-de-Boucet Martigues, 14:20 prés<strong>en</strong>tait Notte, voyage <strong>en</strong> clairobscur<strong>en</strong> compagnie de jongleurs et danseurs.Étrange ballet <strong>en</strong> vérité que celui qui se crée surscène, composé de «visions» plus ou moins courtes,impressions de rétines qui racont<strong>en</strong>t une histoire…Des balles lumineuses, seules visibles, ont uneMoins perruqué que Simon Baker, le m<strong>en</strong>talist de lasérie télévisée à audi<strong>en</strong>ce expon<strong>en</strong>tielle, ThierryCollet est non seulem<strong>en</strong>t un acteur qui maîtriseparfaitem<strong>en</strong>t sa partition -le déroulé de sa confér<strong>en</strong>ce-démonstrationest réglée au cordeau- mais unaussi un habile prestidigitateur de nos consci<strong>en</strong>ces.«Ceci n’est pas un spectacle» prévi<strong>en</strong>t-il <strong>en</strong> intro. Etpourtant. Durant plus d’une heure, il utilise la magiem<strong>en</strong>tale pour démontrer à son auditoire que la manipulationest une chose courante. «Il est dans la naturedes choses et des êtres d’être soumis à influ<strong>en</strong>ce». Àtravers un dispositif d’expéri<strong>en</strong>ces collectives, auxquellesse soumett<strong>en</strong>t volontiers les spectateurs, lemaître s’amuse, très sérieusem<strong>en</strong>t, à les manipuler.Par son discours et ses adresses tutoyées, il agit surla p<strong>en</strong>sée et soumet le jugem<strong>en</strong>t de ses cobayes.trajectoire aléatoire sur fond de bande son estivale àbase de criquets, puis animées par des bras àl’ampleur démesurée voilà qu’elles se font tracespersistantes ; mom<strong>en</strong>t de grâce avec un numérod’habillage-déshabillage qui invite la vidéo à brouillerla vision de deux personnages superposés (c’estdonc possible !) ; mélange d’images agrandies dedétail du corps d’un danseur virtuose qui exécute aupremier plan une folle chorégraphie qui nous perd…Tout est relatif, le temps s’étire, les lumièresLe M<strong>en</strong>talist inquisiteurUne manipulation collective, amusante, épatante même,mais qui fait froid dans le dos. La preuve qu’unesociété peut être modélisée par la psychologiesociale, que le prét<strong>en</strong>du libre arbitre est orchestrableet prévisible… Lorsqu’une spectatrice accepte de selaisser planter une longue aiguille dans la gorge, <strong>en</strong>confiance aveugle avec l’orateur qu’elle ne connaîtque depuis 30 minutes, cela devi<strong>en</strong>t proprem<strong>en</strong>t hallucinant.Les derniers mots du spectacle, car il s’agitbi<strong>en</strong> de cela, sont ceux du Grand Inquisiteur deDostoïevski, <strong>en</strong> conclusion d’une hypothèse de lasoirée écrite <strong>en</strong> amont, dans laquelle descriptionsphysiques, choix guidés et déroulé exact étai<strong>en</strong>tconsignés. Spectaculaire !DELPHINE MICHELANGELIdessin<strong>en</strong>t sur les corps des mouvem<strong>en</strong>ts bi<strong>en</strong> réelset pourtant complètem<strong>en</strong>t imaginaires. La magiealors se loge dans d’infimes digressions visuelles quifont ins<strong>en</strong>siblem<strong>en</strong>t dévier le réel, le transformesuffisamm<strong>en</strong>t pour réinv<strong>en</strong>ter nos perceptions.Troublante réalité.DO.M.Notte a été proposé le 4 févrierpar le théâtre d’ArlesInflu<strong>en</strong>ces s’est joué au théâtre d’Arlesle 11 février© X-D.R

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