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Zibeline n°38 en PDF

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RacinesÀ l’origine le travail d’un photographe, Thomas Heuer,fou des arbres la nuit ; ses clichés arg<strong>en</strong>tiques, auxlongs temps de pose, personnifi<strong>en</strong>t des végétauxnimbés de lune, inspirant à Santu Massiani et DominiqueColonna des poèmes concis, que le groupel’Alba ont mis <strong>en</strong> musique. Les amers de l’île sontd’abord évoqués : I fanali (les sémaphores), chantsobrem<strong>en</strong>t accompagné à la cetera, (le cistre), instrum<strong>en</strong>ttraditionnel. Suiv<strong>en</strong>t les acc<strong>en</strong>ts tziganesd’un violon qui, avant le très dépouillé Di l’Alba,aux mélismes teintés d’Ori<strong>en</strong>t, dans lequel le timbrede la guitare, arpégée dans un style arabo-andalou,semble celui d’une viole d’amour. Retour au cantusacru, avec un Libera me chanté à cinq qui permetd’apprécier a cappella les voix d’une rare qualitéd’un jeune groupe qui ne craint pas de s’ouvrir à desinflu<strong>en</strong>ces diverses : ainsi, dans le chant A Mane Aresu(Matin rasant), la voix haut perchée du chanteur,comme dans le flam<strong>en</strong>co, s’appuie sur une bassebourdoncontinu et un violon aux acc<strong>en</strong>ts hispaniques.Batelli (Navires) s’achève sur une mélopée lancinante,répétée à l’infini, qui semble vouloir emporterles spectateurs dans son sillage… ce qui d’ailleursadvi<strong>en</strong>dra avec le superbe Sta Mane dont la voixsolo, calée sur la rythmique du Kyrie des polyphonistes,conduit à l’apothéose !JEAN-MATHIEU COLOMBANIAtemporelRapprocher dans un même concert Monteverdi etPiazzolla peut sembler étrange. Plus de trois sièclesles sépar<strong>en</strong>t ! Mais le baroque ti<strong>en</strong>t une place privilégiéeparmi les sources savantes du tango, et cesdeux compositeurs ont connu des cheminem<strong>en</strong>tsparallèles <strong>en</strong> r<strong>en</strong>ouvelant profondém<strong>en</strong>t le g<strong>en</strong>remusical dans lequel ils évoluai<strong>en</strong>t.La salle comble du théâtre de Dracénie s’emplitd’une voix nue. Ess<strong>en</strong>ce du tango, le phrasé à peinevoilé de Diego Flores tisse <strong>en</strong>tre le quotidi<strong>en</strong> etl’art d’intimes résonances. Les instrum<strong>en</strong>ts traditionnelsdu tango esquiss<strong>en</strong>t leur première cad<strong>en</strong>ce,pulsations l<strong>en</strong>tes où le corps des danseurs rêve,hersant l’espace scénique de ces pas codifiés paradoxalem<strong>en</strong>tporteurs d’une étonnante liberté. Aubaryton répond le superbe soprano de MarianaFlores. Un son ample, colonne nuancée, qui se jouedes clichés avec humour : ironie des mélismes, etConcert donné le 21 janvier à V<strong>en</strong>tabr<strong>en</strong>CD : Radiche Suprane L’AlbaMonteverdi Piazzolla © Ambronay B. Pich<strong>en</strong>eMUSIQUE47de l’emphase de certaines notes t<strong>en</strong>ues, mais aussit<strong>en</strong>sion subtile des émotions. Monde d’échos, lesmusiques se salu<strong>en</strong>t, se contamin<strong>en</strong>t, les instrum<strong>en</strong>tsgliss<strong>en</strong>t de l’une à l’autre, téorbe ou guitareélectrique pour cet air baroque, piano ou orguepour ce tango ? Merveilleuse dynamique où lesvolutes du baroque s’<strong>en</strong>lac<strong>en</strong>t aux pulsations dutango : même lorsque la voix raconte, simplem<strong>en</strong>t,se press<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t déjà les accords futurs… Lesépoques se r<strong>en</strong>contr<strong>en</strong>t <strong>en</strong> des instants susp<strong>en</strong>dusd’éternité.M.C.Monteverdi/Piazzolla Angel & Demonios’est donné le 11 février à Draguignan© X-D.RLe livre de Thomas Heuer est publié aux EditionsAlain Piazzola à AjaccioTraditionnel d’iciAubagne, terre de Pagnol et des crèches, accueillaitgaloubets, tambourins, la chorale l’Escolo de laRibo et l’incontournable André Gabriel, mestretambourinaire. L’Escandihado, un groupe jovialaux costumes prov<strong>en</strong>çaux, proposait une march<strong>en</strong>apoléoni<strong>en</strong>ne, des Noëls de Saboly, et la Chorale<strong>en</strong>tonnait chants issus de la Pastorale Maurel, sansoublier la célébrissime Mazurka souto li pin, avecun effectif manquant hélas de voix d’hommes.Gabriel et ses deux jeunes compères survolai<strong>en</strong>t lesdifficultés d’un Air à variations de Pascal Arnaud,et un m<strong>en</strong>uet <strong>en</strong>diablé, de 1800. LesTambourinaires du Pays d’Aubagne interprétai<strong>en</strong>tdanses de salon, rigaudons, cotillons du Roy auxsonorités puissantes, rythmées par des tambourinsaux rythmes réguliers. Et le concert se clôturaitavec la Coupo Santo de Frédéric Mistral, coupe quela Catalogne offrit à la Prov<strong>en</strong>ce, sœur de langue.Des choristes, dont certains ont quatre-vingt ans,habit<strong>en</strong>t ces chants et ces jolies mélodies, dirigéspar Jean Martin, patriarche <strong>en</strong>thousiaste. Desfragilités vocales bi<strong>en</strong> sûr, mais une musique qui ala Prov<strong>en</strong>ce comme capitale : pourquoi seules lesmusiques traditionnelles d’ici serai<strong>en</strong>t-ellesregardées comme ringardes ?YVES BERGÉ© Yves Bergé

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