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A C Q U I S I T I O N SV E D E T T E SŒuvre inédite et récemment découverte, Jardin d’une villa italienne est lepaysage le plus ambitieux et le plus maîtrisé de ceux qu’a réalisés HubertRobert pendant les onze années de son séjour à Rome. Fils d’un valet dechambre bien établi dans la maison de François-Joseph de Choiseul, marquis de Stainville,Robert bénéficie de l’éducation classique habituellement réservée à la noblesse. À son arrivéeà Rome où il accompagne le futur duc de Choiseul, il est recommandé en novembre 1754 àCharles Natoire, directeur de l’Académie de France, et logé toutes dépenses payées àl’Académie même. Après cinq années passées à Rome aux frais du duc de Choiseul, Robertest <strong>of</strong>ficiellement reçu pensionnaire de l’Académie, honneur habituellement réservé auxseuls peintres de scènes historiques.Pendant ce long séjour, Robert exécute de multiples croquis et étu<strong>des</strong> <strong>des</strong> habitants de Romeainsi que <strong>des</strong> monuments, bâtiments architecturaux et jardins de la ville et de la campagneenvironnante, la « campagna ». Devenu l’ami de Jean-Honoré Fragonard, avec qui il <strong>des</strong>sineet croque <strong>des</strong> vues régulièrement, il crée un genre de paysage « naturel » radicalement neufet original, qui rompt avec les conventions de l’héroïque et du pastoral. D’une facture fluide,ces paysages aux surfaces peintes de couleurs riches et vibrantes apportent une réponsevisuelle authentique, jusque-là absente de la tradition paysagiste française, auxenvironnements naturels et aux activités quotidiennes.Jardin d’une villa italienne est la somme <strong>des</strong> leçons italiennes et probablement l’une <strong>des</strong>dernières compositions importantes que Robert ait peintes avant de rentrer à Paris en juillet1765. Conformément à la pratique habituelle de l’artiste, cette œuvre ne fait pas strictementréférence à un jardin ou à une villa identifiable, mais suggère plutôt divers bâtiments etjardins de Rome ou de ses environs, notamment la villa Borghèse et la villa d’Hadrien, prèsde Tivoli. De toute évidence, ce jardin pittoresque pour lequel l’artiste s’est inspiré de sessouvenirs de plusieurs villas célèbres se situe loin du centre-ville.Il émane une grâce particulière <strong>des</strong> figures, ou personnages. Une dame élégante monte unescalier monumental conduisant aux jardins d’une grande villa Renaissance en compagnied’un abbé. Elle désigne d’un geste la lumière que diffuse le feuillage. Du premier plan, unelavandière postée à droite, un vieil homme portant un tricorne noir et un jeune garçonreprésenté à gauche observent la progression du couple écrasé par les pins qui forment unearche surplombante et créent au loin un berceau de verdure. Au centre, les arbresfrémissants et, à droite, les cyprès inclinés laissent présager l’arrivée imminente d’un orage.Au-<strong>des</strong>sus du corps principal de la villa, une trouée de ciel bleu a déjà viré au gris dans lesnuages sombres qui planent au-<strong>des</strong>sus <strong>des</strong> arbres agités.L’un <strong>des</strong> artistes préférés de sa génération, Hubert Robert a su s’imposer auprès <strong>des</strong> autoritéspar son assiduité et son acharnement au travail. Il s’investit totalement dans la représentation<strong>des</strong> monuments et <strong>des</strong> sites de Rome et <strong>des</strong> alentours. Ses peintures et ses aquarelles, où leséléments topographiques inspirés <strong>des</strong> bâtiments de la ville ancienne et moderne et <strong>des</strong>environs sont juxtaposés en <strong>des</strong> ensembles fantaisistes – et souvent fantastiques – séduisentd’emblée les grands connaisseurs et collectionneurs parisiens. Il reste encore à découvrir quifut le premier acheteur de ce Jardin d’une villa italienne, sans nul doute l’une <strong>des</strong> œuvresles plus fouillées et les plus ambitieuses de cette série de paysages pittoresques réalisés parRobert la dernière année de son séjour à Rome.Hu3 1