13.07.2015 Views

Michèle BENOIT et Claude MICHEL, La Lorraine et ses noms de lieux

Michèle BENOIT et Claude MICHEL, La Lorraine et ses noms de lieux

Michèle BENOIT et Claude MICHEL, La Lorraine et ses noms de lieux

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

Nouvelle Revue d’Onomastique n° 49-50 – 2008propositions hasar<strong>de</strong>u<strong>ses</strong> <strong>et</strong> reconnaît sans hésitation que bon nombre <strong>de</strong> toponymes – <strong>et</strong>notamment les plus anciens, incontestablement ou probablement d’origine préromaine – résistent àl’analyse ; la majorité <strong>de</strong>s formations appartenant aux couches les plus anciennes ainsi qu’uncertain nombre d’autres, sans doute plus récentes, ont ainsi été qualifiées comme étant « d’origineobscure » (cf. p. ex. Allamps [71], Baccarat [81], Bas<strong>lieux</strong> [86], Brin-sur-Seille [105], <strong>et</strong>c.), neserait-ce que parce que l’état actuel <strong>de</strong> la recherche ne perm<strong>et</strong> pas encore <strong>de</strong> les expliquer <strong>de</strong> façonconcluante <strong>et</strong> nécessiterait <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> cas longues <strong>et</strong> fastidieu<strong>ses</strong>.Quelques incohérences sont malheureusement à déplorer dans le traitement <strong>de</strong>s toponymesen -ville, -court, -villers, -ménil, <strong>et</strong>c., contenant comme premiers éléments <strong>de</strong>s anthroponymesd’origine germanique. Ce type <strong>de</strong> formations a pour ainsi dire toujours été doté d’une propositionétymologique, mais non seulement, l’antéposition <strong>de</strong> l’épithète est encore attribuée à l’influencegermanique [33] alors que l’intervention du superstrat proprement dit dans la genèse <strong>de</strong> ces formesa été fortement mise en doute durant ces <strong>de</strong>rnières années 15 ; le déterminant est aussi – à juste titre– relié au déterminé par une voyelle <strong>de</strong> liaison correspondant à un cas oblique roman, largementjustifié par la datation tardive <strong>de</strong> ces formations (VI e -IX e /X e s.) 16 . On ne comprend donc paspourquoi ce déterminé est systématiquement indiqué au nominatif latin (p. ex. *Angoino monspour Angomont [73], *Bernardo vicus pour Bénaménil [91], *Bertramno boscus pour Bertrambois[93], *Bertrīko campus pour Bertrichamps [93], *Bertramno mansus pour Bertrameix [93], <strong>et</strong>c.),alors qu’on s’attendrait à une forme romane issue <strong>de</strong> l’accusatif. Le traitement <strong>de</strong>s anthroponymesgermaniques romanisés, pour lesquels l’auteur, qui suit ici une tendance très répandue enlinguistique romane, se contente <strong>de</strong> chercher dans les dictionnaires <strong>de</strong> référence <strong>de</strong>s formesattestées correspondant phonétiquement aux besoins <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong>, peut aussi poser <strong>de</strong>s problèmes :on ne comprend pas, p. ex., pourquoi le NP Albald rentrant dans la formation du toponymeAbaucourt [67] a été qualifié <strong>de</strong> « germano-roman », alors que Arnald, postulé comme premierélément dans la formation du NL Arnaville [75], est considéré comme « germ[anique] ».L’hypothèse que <strong>de</strong>s <strong>noms</strong> en -ville ou en -court puissent être forgés sur <strong>de</strong>s adjectifs – cas <strong>de</strong>figure certes rare mais néanmoins possible, notamment sur <strong>de</strong>s terres fiscales où la dénominationdu lieu ne pouvait pas s’inspirer du nom du propriétaire – n’est envisagée qu’en cas d’évi<strong>de</strong>nce.Ainsi, Belleville [91] découle bien <strong>de</strong> *bella vīlla, mais dans le même ordre d’idées, rien nes’oppose à ce que le nom d’Autreville [91], situé tout près, soit ramené à *altera vīlla.D’une manière générale, les rares toponymes dont les étymons sont d’origine francique n’ontpas trouvé d’explication satisfaisante, mais le fait ne saurait en aucun cas être reproché à l’auteurcar la méthodologie actuelle <strong>de</strong> l’onomastique <strong>de</strong> contact germano-romane est encore peu connueen France 17 . Certaines <strong>de</strong> ces formes d’origine francique n’ont d’ailleurs pas été i<strong>de</strong>ntifiées comme14 Cf. PUHL, op. cit., p. 189 ; CHAMBON, Jean-Pierre. 2004. « Zones d’implantation publique au HautMoyen Âge précoce dans le nord <strong>de</strong> la cité <strong>de</strong> Besançon. L’apport <strong>de</strong> l’analyse diachronique <strong>de</strong>s <strong>noms</strong> <strong>de</strong><strong>lieux</strong> ». In : HÄGERMANN, Di<strong>et</strong>er/HAUBRICHS, Wolfgang/JARNUT, Jörg (dir.). Akkulturation. Problemeeiner germanisch-romanischen Kultursynthese in Spätantike und frühem Mittelalter. Berlin/New York : <strong>de</strong>Gruyter, p. 221-256, ici p. 240-242.15 Cf. PITZ, Martina. 2003. « Innovations du centre <strong>et</strong> archaïsmes du Nord-Est : fruit du contact <strong>de</strong>s langues enGaule mérovingienne ? Considérations sur le nord-est du domaine d’oïl dans la perspective d’une linguistique<strong>de</strong> contact. VR 62, p. 86-113, ici p. 102-105.16 Cf. PITZ, Martina. 2002. « Nouvelles données pour l’anthroponymie <strong>de</strong> la Galloromania : les toponymesmérovingiens du type Avricourt ». RLiR 66, p. 421-449.17 Voir à ce suj<strong>et</strong> PITZ, Martina. 2004. « Namen und Siedlung im südöstlichen Vorland <strong>de</strong>s merowingischenKönigssitzes M<strong>et</strong>z. Überlegungen zur Relevanz toponomastischer Zeugnisse als Indikatoren fränkischerSiedlung im Nordosten <strong>de</strong>r Galloromania ». In: DEBUS, Friedhelm (dir.). Namen in sprachlichenKontktgebi<strong>et</strong>en. Hil<strong>de</strong>sheim/Zurich/New York : Olms, p. 127-225, ici p. 142-145.10

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!