13.07.2015 Views

Michèle BENOIT et Claude MICHEL, La Lorraine et ses noms de lieux

Michèle BENOIT et Claude MICHEL, La Lorraine et ses noms de lieux

Michèle BENOIT et Claude MICHEL, La Lorraine et ses noms de lieux

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

COMPTES RENDUSWIRTH, Au<strong>de</strong>. 2004. Les <strong>noms</strong> <strong>de</strong> <strong>lieux</strong> <strong>de</strong> Meurthe & Moselle. Dictionnaireétymologique. Haroué : Gérard Louis éditeur, 313 p.<strong>La</strong> question <strong>de</strong> savoir sous quelle forme un dictionnaire toponymique d’un départementfrançais <strong>de</strong>vrait se présenter au début du XXI e siècle fait partie <strong>de</strong>s éléments récursifs enonomastique galloromane car si besoin en était, la publication récente du Dictionnair<strong>et</strong>oponymique <strong>de</strong>s communes suis<strong>ses</strong> (DTS) 1 a fait clairement apparaître les besoins en la matière.<strong>La</strong> série <strong>de</strong>s dictionnaires topographiques départementaux impulsée durant la secon<strong>de</strong> moitié duXIX e siècle par le Comité <strong>de</strong>s travaux historiques <strong>et</strong> scientifiques (AN F 17 3298-3304) est loind’être publiée dans son intégralité. Certains travaux départementaux ne sont consultables que sousforme <strong>de</strong> fiches manuscrites dans les dépôts d’archives correspondants, d’autres n’ont été éditésque très récemment, parfois sous une forme révisée <strong>et</strong> annotée 2 , ou sont actuellement en coursd’exploitation <strong>et</strong> peuvent ainsi bénéficier d’une saisie informatique 3 perm<strong>et</strong>tant, en principe, <strong>de</strong>compléter le matériel initialement collecté en s’inspirant plus ou moins du modèle adopté par Jean-<strong>Clau<strong>de</strong></strong> MALSY pour le département <strong>de</strong> l’Aisne 4 . Comme le précise Jacques CHAURAND dans sapréface, le travail <strong>de</strong> MALSY « équivaut en fait à une refonte totale » du dictionnaire originel dont« les articles … sont discutés, complétés, réinterprétés » 5 . Dans c<strong>et</strong>te tentative <strong>de</strong> remaniement duconcept initial, les formes anciennes sont i<strong>de</strong>ntifiées avec soin <strong>et</strong> clairement référencées, mais onoublie malheureusement <strong>de</strong> distinguer les attestations provenant <strong>de</strong> chartes originales <strong>de</strong>smatériaux tirés <strong>de</strong> cartulaires ou <strong>de</strong> copies récentes, ce qui limite la valeur <strong>de</strong> l’ensemble pour <strong>de</strong>sétu<strong>de</strong>s linguistiques. Contrairement à certains travaux belges exploitables tels quels 6 , le linguiste <strong>ses</strong>ervant <strong>de</strong>s dictionnaires topographiques pour la constitution d’un corpus onomastique sera donctoujours obligé <strong>de</strong> recourir aux documents originaux pour pouvoir évaluer correctement la qualité<strong>de</strong> <strong>ses</strong> sources 7 . Les dictionnaires topographiques étaient manifestement l’œuvre d’historiens ; ils1 KRISTOL, Andres (dir.). 2005. Dictionnaire toponymique <strong>de</strong>s communes suis<strong>ses</strong>.Neuchâtel/Frauenfeld/<strong>La</strong>usanne : Huber/Payot.2 Cf. p. ex. AYMARD, Robert. 1992. Dictionnaire <strong>de</strong>s <strong>noms</strong> <strong>de</strong> <strong>lieux</strong> <strong>de</strong>s Hautes-Pyrénées rédigé en 1865 parLouis-Antoine LEJOSNE. Révisé <strong>et</strong> annoté. Pau.3 Cf. p. ex. BRASSEUR, Patrice. 2005. « L’informatisation du Dictionnaire topographique du Rhône ». In :HORIOT, Brigitte/VELEANU, Corina (dir.). L’onomastique au carrefour <strong>de</strong>s sciences humaines. Lyon :CEL, p. 59-65.4 Cf. MALSY, Jean-<strong>Clau<strong>de</strong></strong>. 1999-2001. Les <strong>noms</strong> <strong>de</strong> <strong>lieux</strong> du département <strong>de</strong> l’Aisne. 3 vol., Paris : SFO.5 Ibid., vol. 1, p. VII.6 On pensera notamment à GYSSELING, Maurits. Toponymisch Woor<strong>de</strong>nboek van België, Ne<strong>de</strong>rland,Luxemburg, Noord-Frankrijk en West-Duitsland (vóór 1226). 2 vol., Tongeren : Belgisch InteruniversiteirCentrum voor Neerlandistiek.7 Cf. aussi PFISTER, Max. 1992. « Sonorisierungserscheinungen in <strong>de</strong>r galloromanischen unditaloromanischen Toponomastik vor <strong>de</strong>m Jahre 900 ». In : SCHÜTZEICHEL, Rudolf (dir.). Philologie <strong>de</strong>rältesten Ortsnamenüberlieferung. Hei<strong>de</strong>lberg : Winter, p. 311-331, ici p. 331, qui lance un plaidoyer enfaveur d’un « onomastischen Thesaurus <strong>de</strong>r Galloromania …, <strong>de</strong>r diesen Namen verdient. Mit <strong>de</strong>nvorliegen<strong>de</strong>n mangelhaften Grundlagen ist es lei<strong>de</strong>r nur nach mühsamer und zeitrauben<strong>de</strong>r Quellenarbeitmöglich, Materialien zusammenzustellen, die Rückschlüsse auf die Sprachgeschichte und Areallinguistik


Nouvelle Revue d’Onomastique n° 49-50 – 2008<strong>de</strong>vaient ai<strong>de</strong>r à l’i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong>s <strong>lieux</strong> mentionnés dans les sources historiques <strong>et</strong> n’avaient pasvraiment vocation à servir <strong>de</strong> base à <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s onomastiques, même si les onomasticiens ontrarement envisagé <strong>de</strong> s’en passer pour se constituer une documentation authentique correspondantréellement à leurs besoins. C’est sans doute pour c<strong>et</strong>te raison que les dictionnaires toponymiquesse font rares à l’échelle du département ; ce qui existe est généralement <strong>de</strong>stiné au grand public <strong>et</strong>parfois imprégné d’un amateurisme à peine voilé. Dans ce contexte, le DTS, qui « a su resteraccessible au grand public <strong>de</strong> bonne volonté », <strong>de</strong>vrait effectivement « constituer une césure : onpeut espérer qu’il fixera le seuil en-<strong>de</strong>çà duquel les travaux <strong>de</strong> toponymie ne pourront re<strong>de</strong>scendresous peine <strong>de</strong> sombrer définitivement dans le discrédit » 8 .Dans une telle entreprise, si fortement dépendante <strong>de</strong> la collecte <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’analyse <strong>de</strong> nouvellesdonnées, l’ouvrage dont il sera rendu compte ici, <strong>et</strong> dont l’objectif consistait également à fournirune synthèse rapi<strong>de</strong>ment abordable au grand public, a tenté <strong>de</strong> trouver un équilibre entre laréflexion méthodologique <strong>et</strong> la mise en pratique concrète <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te méthodologie. Dans uneapproche très classique, l’introduction [9-10] présente rapi<strong>de</strong>ment les différents bassinstopographiques du département <strong>et</strong> leur structure économique <strong>et</strong> sociale actuelle, ainsi que lesprincipaux cours d’eau qui les alimentent, pour expliquer ensuite la forme singulière <strong>de</strong> c<strong>et</strong>testructure départementale, résultat immédiat <strong>de</strong> la guerre franco-alleman<strong>de</strong> <strong>de</strong> 1870-1871. Certes,c<strong>et</strong>te pratique <strong>de</strong> calquer le champ d’investigation <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s historiques <strong>et</strong> archéologiques sur lecadre institutionnel du département a une longue tradition dans la recherche française <strong>et</strong> se justifiepartiellement par <strong>de</strong>s arguments pratiques comme le cadre <strong>de</strong> classement <strong>de</strong>s archives ou lapolitique éditoriale visant à adapter la confection <strong>de</strong> répertoires aux entités administrativescontemporaines ; il semble cependant évi<strong>de</strong>nt que ce choix n’est pas toujours pertinent pour <strong>de</strong>sétu<strong>de</strong>s linguistiques ou onomastiques. Ainsi faudra-t-il sans doute se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r à l’avenir dansquelle mesure il ne serait pas préférable, y compris pour la confection <strong>de</strong> répertoires, d’adapter lecadre géographique <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s toponymiques aux anciens bassins <strong>de</strong> peuplement <strong>de</strong> l’Antiquitétardive <strong>et</strong> du haut Moyen Âge, pério<strong>de</strong>s durant lesquelles les micro-régions actuelles se sontprogressivement formées. Pour déterminer l’extension originelle <strong>de</strong> ces anciens bassins <strong>de</strong>peuplement que l’administration mérovingienne <strong>et</strong> carolingienne comprenait sous le terme <strong>de</strong>pagus, on pourra s’appuyer sur <strong>de</strong>s cartes archéologiques <strong>et</strong> sur la délimitation actuelle <strong>de</strong>s zonesforestières qui perm<strong>et</strong>tent <strong>de</strong> repérer les zones d’habitat les plus attractives pour l’activitééconomique d’une population essentiellement rurale ; mais il conviendra surtout d’établir la liste<strong>de</strong>s toponymes localisés dans tel ou tel pagus par les sources contemporaines selon uneméthodologie magistralement exposée, à notre sens du moins, dans l’ouvrage <strong>de</strong> Roland PUHL 9 .Au<strong>de</strong> WIRTH cite bien c<strong>et</strong>te étu<strong>de</strong> dans sa bibliographie, mais comme « ouvrage non consulté »[311], alors que plusieurs pagi <strong>de</strong> l’actuel département <strong>de</strong> Meurthe-<strong>et</strong>-Moselle, comme le pagusAlbensis dans la région <strong>de</strong> Blâmont, le pagus Matensis à l’ouest <strong>de</strong> M<strong>et</strong>z, le pagus Scarponensisentre Pont-à-Mousson <strong>et</strong> Nancy ou le pagus Wabrensis dans la région <strong>de</strong> Briey, y sont longuementétudiés. On pourrait peut-être aussi discuter <strong>de</strong> l’utilité d’insérer dans un dictionnaire toponymiquese limitant au cadre d’un département une introduction très générale, certes alimentée <strong>de</strong>nombreux exemples locaux mais posant surtout les grands axes méthodologiques [15-62], car ceermöglichen ».8 CHAMBON, Jean-Pierre. 2006. « Une récente synthèse critique <strong>de</strong> la toponymie helvétique : le Dictionnair<strong>et</strong>oponymique <strong>de</strong>s communes suis<strong>ses</strong> (DTS) ». RLiR 70, p. 589-633, ici p. 590.9 PUHL, Roland W. L. 1999. Die Gaue und Grafschaften <strong>de</strong>s frühen Mittelalters im Saar-Mosel-Raum.Philologisch-onomastische Studien zur frühmittelalterlichen Raumorganisation anhand <strong>de</strong>r Raumnamen und<strong>de</strong>r mit ihnen spezifizierten Ortsnamen. Sarrebruck : sdv. Une approche similaire a été adoptée par MALSY(op. cit.), qui rassemble les informations concernant tel ou tel pagus du haut Moyen Âge sous un articleprenant l’intitulé du choronyme actuel (p. ex. vol. I, p. 528-533 LAONNOIS, pays).8


Comptes rendustexte introductif <strong>de</strong>vrait être repris <strong>de</strong> manière plus ou moins i<strong>de</strong>ntique dans chaque étu<strong>de</strong>particulière si par chance, le nombre <strong>de</strong> répertoires départementaux ou régionaux venait à semultiplier, ce qu’on ose espérer. Du moins dans les dimensions qu’elle a pri<strong>ses</strong> ici (47 p.), un<strong>et</strong>elle approche <strong>de</strong>vrait peut-être être réservée à <strong>de</strong>s ouvrages <strong>de</strong> synthèse. Or, si <strong>de</strong> tels manuels<strong>de</strong>stinés au grand public existent bien 10 , y compris pour le cadre d’un département ou d’unerégion 11 , une synthèse rigoureusement <strong>de</strong>stinée à un public <strong>de</strong> spécialistes, qui tenterait <strong>de</strong> faire lepoint sur la recherche internationale en onomastique galloromane <strong>et</strong> répondrait aux exigencesméthodologiques actuelles en cherchant notamment à cerner les relations potentielles entremacrotoponymie <strong>et</strong> microtoponymie, fait encore cruellement défaut. Une telle synthèse <strong>de</strong>vraitnotamment abor<strong>de</strong>r les questions <strong>de</strong> métho<strong>de</strong> se posant <strong>de</strong> façon récurrente lors <strong>de</strong> l’analyselinguistique d’un nom <strong>de</strong> lieu, tels que Jean-Pierre CHAMBON les a esquissées dans sa « mise enrelief » du DTS : notation <strong>de</strong>s ba<strong>ses</strong> étymologiques, formulation <strong>de</strong>s énoncés explicatifs, <strong>et</strong>c. 12 Enprécisant dans son introduction qu’ « à l’origine …, tous [l]es toponymes ont un sens, ou plusexactement, ont un étymon qui a un sens : ce n’est pas le nom <strong>de</strong> lieu Aix … qui signifie « eauxthermales », mais le substantif dont il est issu, le latin aquis » [9], Au<strong>de</strong> WIRTH montre bienqu’elle est parfaitement consciente <strong>de</strong> ces problèmes <strong>et</strong> entend bien contribuer activement à leurrésolution, même si les commentaires linguistiques <strong>de</strong> <strong>ses</strong> notices toponymiques se réduisentsouvent à un simple énoncé étymologique, alors que l’histoire du site est plus longuement évoquéepour tenter <strong>de</strong> répondre au souhait légitime <strong>de</strong> <strong>ses</strong> lecteurs <strong>de</strong> donner du « sens » à une appellationdonnée.L’auteur nous livre ainsi <strong>de</strong>s propositions étymologiques bien pesées <strong>et</strong> généralement trèssoli<strong>de</strong>s, notamment en ce qui concerne les toponymes d’origine latine <strong>et</strong> française. Les analy<strong>ses</strong> <strong>de</strong><strong>ses</strong> prédécesseurs sont toujours soumi<strong>ses</strong> à un examen critique très bienvenu, <strong>et</strong> on n’hésite pas àréfuter <strong>de</strong>s solutions communément admi<strong>ses</strong> si celles-ci s’avèrent incompatibles avec ladocumentation réunie. À titre d’exemple, on pourra citer le traitement du toponyme Allondrelle[71] (1262 [orig.] Alon<strong>de</strong>l, XIV e s. Alun<strong>de</strong>rs), où l’on n’hésitera pas à suivre l’auteur en rej<strong>et</strong>antl’explication traditionnelle par l’a. fr. alondrelle « hiron<strong>de</strong>lle », sans pour autant pouvoir proposerune alternative convaincante. Dans un p<strong>et</strong>it nombre <strong>de</strong> cas, les solutions proposées semblentnéanmoins suj<strong>et</strong>tes à caution. On pourra citer Anoux ([74] [orig.] Aunous, 1312 [or.] Anoulz, 1437Alnowe), que l’auteur ramène à *alneōlu « p<strong>et</strong>it aulne », alors que le suffixe -eōlu aboutitgénéralement à -ues, -uel ou -u<strong>et</strong> dans les documents <strong>de</strong>s XIII e <strong>et</strong> XIV e siècles émanant <strong>de</strong> c<strong>et</strong>terégion ; ce toponyme nous semble plutôt relever <strong>de</strong> *alnōsu « lieu couvert d’aulnes » ou « riche enaulnes ». De même, Joeuf (1128 Juf, 1242 Juef, 1544 Jeux ; on pourra aussi citer 1279 [orig.],1298 [orig.] Juef 13 , <strong>et</strong>c.), que l’auteur fait dériver <strong>de</strong> lat. judaeus « juif », pourrait être rattaché àlat. jūdiciu, pour lequel <strong>de</strong>s formes parallèles ont été étudiées par Roland PUHL <strong>et</strong> Jean-PierreCHAMBON 14 . Dans tous les cas où la documentation réunie ne perm<strong>et</strong> pas <strong>de</strong> poser uneétymologie au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> tout soupçon, l’auteur échappe à la tentation <strong>de</strong> se livrer à <strong>de</strong>s10 V. p. ex. ROSTAING, Charles. 1992 11 [1945 1 ]. Les <strong>noms</strong> <strong>de</strong> <strong>lieux</strong>. Paris : PUF ; GENDRON, Stéphane.2003. Les <strong>noms</strong> <strong>de</strong> <strong>lieux</strong> en France. Essai <strong>de</strong> toponymie. Paris : Errance.11 Cf., p. ex. VURPAS, Anne-Marie/<strong>MICHEL</strong>, <strong>Clau<strong>de</strong></strong>. 1999. Noms <strong>de</strong> <strong>lieux</strong> <strong>de</strong> l’Ain. Paris : Bonn<strong>et</strong>on ;CHAURAND, Jacques/LEBÈGUE, Maurice. 2000. Noms <strong>de</strong> <strong>lieux</strong> <strong>de</strong> Picardie. Introduction à la toponymie.Paris : Bonn<strong>et</strong>on.12 CHAMBON, art. cit., p. 594-596, voir aussi CHAMBON, Jean-Pierre. 2002. « D’une linguistique populaireécrite par <strong>de</strong>s savants : notes sur les dictionnaires français d’anthroponymie ». In : KREMER, Di<strong>et</strong>er (dir.).Onomastik. Akten <strong>de</strong>s 18. Internationalen Kongres<strong>ses</strong> für Namenforschung (Trier, 12.-17. April 1993), vol. 5.Tübingen : Niemeyer, p. 7-13.13 WICHMANN, Karl. 1908-1916. Die M<strong>et</strong>zer Bannrollen <strong>de</strong>s 13. Jahrhun<strong>de</strong>rts. 4 vol., M<strong>et</strong>z : Gesellschaftfür lothringische Geschichte und Altertumskun<strong>de</strong>, IV, p. 250.9


Nouvelle Revue d’Onomastique n° 49-50 – 2008propositions hasar<strong>de</strong>u<strong>ses</strong> <strong>et</strong> reconnaît sans hésitation que bon nombre <strong>de</strong> toponymes – <strong>et</strong>notamment les plus anciens, incontestablement ou probablement d’origine préromaine – résistent àl’analyse ; la majorité <strong>de</strong>s formations appartenant aux couches les plus anciennes ainsi qu’uncertain nombre d’autres, sans doute plus récentes, ont ainsi été qualifiées comme étant « d’origineobscure » (cf. p. ex. Allamps [71], Baccarat [81], Bas<strong>lieux</strong> [86], Brin-sur-Seille [105], <strong>et</strong>c.), neserait-ce que parce que l’état actuel <strong>de</strong> la recherche ne perm<strong>et</strong> pas encore <strong>de</strong> les expliquer <strong>de</strong> façonconcluante <strong>et</strong> nécessiterait <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> cas longues <strong>et</strong> fastidieu<strong>ses</strong>.Quelques incohérences sont malheureusement à déplorer dans le traitement <strong>de</strong>s toponymesen -ville, -court, -villers, -ménil, <strong>et</strong>c., contenant comme premiers éléments <strong>de</strong>s anthroponymesd’origine germanique. Ce type <strong>de</strong> formations a pour ainsi dire toujours été doté d’une propositionétymologique, mais non seulement, l’antéposition <strong>de</strong> l’épithète est encore attribuée à l’influencegermanique [33] alors que l’intervention du superstrat proprement dit dans la genèse <strong>de</strong> ces formesa été fortement mise en doute durant ces <strong>de</strong>rnières années 15 ; le déterminant est aussi – à juste titre– relié au déterminé par une voyelle <strong>de</strong> liaison correspondant à un cas oblique roman, largementjustifié par la datation tardive <strong>de</strong> ces formations (VI e -IX e /X e s.) 16 . On ne comprend donc paspourquoi ce déterminé est systématiquement indiqué au nominatif latin (p. ex. *Angoino monspour Angomont [73], *Bernardo vicus pour Bénaménil [91], *Bertramno boscus pour Bertrambois[93], *Bertrīko campus pour Bertrichamps [93], *Bertramno mansus pour Bertrameix [93], <strong>et</strong>c.),alors qu’on s’attendrait à une forme romane issue <strong>de</strong> l’accusatif. Le traitement <strong>de</strong>s anthroponymesgermaniques romanisés, pour lesquels l’auteur, qui suit ici une tendance très répandue enlinguistique romane, se contente <strong>de</strong> chercher dans les dictionnaires <strong>de</strong> référence <strong>de</strong>s formesattestées correspondant phonétiquement aux besoins <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong>, peut aussi poser <strong>de</strong>s problèmes :on ne comprend pas, p. ex., pourquoi le NP Albald rentrant dans la formation du toponymeAbaucourt [67] a été qualifié <strong>de</strong> « germano-roman », alors que Arnald, postulé comme premierélément dans la formation du NL Arnaville [75], est considéré comme « germ[anique] ».L’hypothèse que <strong>de</strong>s <strong>noms</strong> en -ville ou en -court puissent être forgés sur <strong>de</strong>s adjectifs – cas <strong>de</strong>figure certes rare mais néanmoins possible, notamment sur <strong>de</strong>s terres fiscales où la dénominationdu lieu ne pouvait pas s’inspirer du nom du propriétaire – n’est envisagée qu’en cas d’évi<strong>de</strong>nce.Ainsi, Belleville [91] découle bien <strong>de</strong> *bella vīlla, mais dans le même ordre d’idées, rien nes’oppose à ce que le nom d’Autreville [91], situé tout près, soit ramené à *altera vīlla.D’une manière générale, les rares toponymes dont les étymons sont d’origine francique n’ontpas trouvé d’explication satisfaisante, mais le fait ne saurait en aucun cas être reproché à l’auteurcar la méthodologie actuelle <strong>de</strong> l’onomastique <strong>de</strong> contact germano-romane est encore peu connueen France 17 . Certaines <strong>de</strong> ces formes d’origine francique n’ont d’ailleurs pas été i<strong>de</strong>ntifiées comme14 Cf. PUHL, op. cit., p. 189 ; CHAMBON, Jean-Pierre. 2004. « Zones d’implantation publique au HautMoyen Âge précoce dans le nord <strong>de</strong> la cité <strong>de</strong> Besançon. L’apport <strong>de</strong> l’analyse diachronique <strong>de</strong>s <strong>noms</strong> <strong>de</strong><strong>lieux</strong> ». In : HÄGERMANN, Di<strong>et</strong>er/HAUBRICHS, Wolfgang/JARNUT, Jörg (dir.). Akkulturation. Problemeeiner germanisch-romanischen Kultursynthese in Spätantike und frühem Mittelalter. Berlin/New York : <strong>de</strong>Gruyter, p. 221-256, ici p. 240-242.15 Cf. PITZ, Martina. 2003. « Innovations du centre <strong>et</strong> archaïsmes du Nord-Est : fruit du contact <strong>de</strong>s langues enGaule mérovingienne ? Considérations sur le nord-est du domaine d’oïl dans la perspective d’une linguistique<strong>de</strong> contact. VR 62, p. 86-113, ici p. 102-105.16 Cf. PITZ, Martina. 2002. « Nouvelles données pour l’anthroponymie <strong>de</strong> la Galloromania : les toponymesmérovingiens du type Avricourt ». RLiR 66, p. 421-449.17 Voir à ce suj<strong>et</strong> PITZ, Martina. 2004. « Namen und Siedlung im südöstlichen Vorland <strong>de</strong>s merowingischenKönigssitzes M<strong>et</strong>z. Überlegungen zur Relevanz toponomastischer Zeugnisse als Indikatoren fränkischerSiedlung im Nordosten <strong>de</strong>r Galloromania ». In: DEBUS, Friedhelm (dir.). Namen in sprachlichenKontktgebi<strong>et</strong>en. Hil<strong>de</strong>sheim/Zurich/New York : Olms, p. 127-225, ici p. 142-145.10


Comptes rendustelles. C’est le cas d’Atton (836 Stadonis [77]), expliqué par un NP germanique employé <strong>de</strong> façonabsolue alors qu’il doit s’agir <strong>de</strong> l’appellatif a. frq. stado « rive » qui désigne souvent un lieu où<strong>de</strong>s marchandi<strong>ses</strong> sont chargées pour être acheminées par la voie fluviale 18 . De même, Frouard[152] renferme sans doute un composé forgé à l’ai<strong>de</strong> du déterminé mha. hart « forêt » 19 ; Haroué(1371 Herewey, [169]) pourrait renfermer le frq. *hari-weg « via publica » 20 , mais <strong>de</strong>s recherchescomplémentaires semblent nécessaires pour confirmer c<strong>et</strong>te hypothèse. En ce qui concerne lestoponymes en Han, Ham [166 s.], on ne voit pas comment le gaul. *cambo « courbe, méandre »aurait pu être ici remplacé par germ. *hamma. Il s’agit d’un mot d’emprunt d’origine franciqu<strong>et</strong>rès fréquent en toponymie 21 <strong>et</strong> ne semble pas nécessaire d’établir un rapport concr<strong>et</strong> avec latoponymie d’origine gauloise. L’étymologie <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux toponymes en -ingas inclus dans le corpus[37] – il y en a en réalité d’autres si l’on tient compte les doubl<strong>et</strong>s, fréquents dans le nord dudépartement très proche <strong>de</strong> la frontière linguistique (pour Hussigny [176], on note p. ex. une formeancienne 1249 [cop.] Husingen) – doit également être revue : Godbrange (1404 Go<strong>de</strong>branges[158] ne relève pas <strong>de</strong> *Godbertingas, qui aurait abouti à *Gobertanges ou *Gobr<strong>et</strong>anges, maisd’un NP dont le premier élément (germ. *gŭlþa-) 22 a dû contenir un l antéconsonantiqueprécocement disparu dans les variétés lorraines 23 , alors que le second élément est à rattacher àgerm. *bĕra- 24 . Pour Herserange (1273 Herselange [173]), l’étymologie proposée paraît aussi biencurieuse : le NP Hariso est certes attesté 25 , mais on le voit mal prendre un second suffixe en -l- ;mieux vaut poser *Hersilo (germ. *hersa- « cheval ») 26 .Le corpus ainsi analysé comprend exclusivement les toponymes (<strong>noms</strong> <strong>de</strong> communes, <strong>de</strong>hameaux <strong>et</strong> d’écarts) figurant sur la carte Michelin au 1/200.000 e [10] ; les <strong>noms</strong> <strong>de</strong> villagesdisparus ainsi que les microtoponymes sous-tendant l’existence d’un ancien habitat (les bor<strong>de</strong>s, lesbaraques, les bures, <strong>et</strong>c., <strong>noms</strong> en -ville, -court, -meix, -ménil, <strong>et</strong>c.) n’ont pas été r<strong>et</strong>enus, ce quiimplique le danger <strong>de</strong> rattacher certaines formes anciennes au mauvais obj<strong>et</strong>. En revanche,certains <strong>lieux</strong>-dits figurant sur la carte Michelin déjà citée ont été inclus ; le corpus <strong>de</strong>s <strong>noms</strong> <strong>de</strong><strong>lieux</strong> rassemblé ici comprend donc aussi <strong>de</strong>s <strong>lieux</strong>-dits, sans pour autant viser une collecteexhaustive <strong>de</strong> ces microtoponymes : certaines formes, difficiles à analyser, ont été exclues pour<strong>de</strong>s raisons linguistiques, d’autres (hydronymes, odonymes, <strong>noms</strong> <strong>de</strong> hauteurs <strong>et</strong> d’ouvragesdéfensifs, <strong>et</strong>c.) l’ont été pour <strong>de</strong>s raisons typologiques. Même en tenant compte <strong>de</strong>s souhaitspotentiels d’un public d’amateurs désireux <strong>de</strong> pouvoir s’informer rapi<strong>de</strong>ment sur toutes sortes <strong>de</strong><strong>noms</strong>, il aurait peut-être été préférable <strong>de</strong> reléguer l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> ces microtoponymes à un ouvrageultérieur ; en tout cas, la position <strong>de</strong> l’auteur selon laquelle une étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la seule macrotoponymie18 STARCK, Taylor/WELLS, John C. 1971. Althoch<strong>de</strong>utsches Glossenwörterbuch (mit Stellennnachweis zusämtlichen gedruckten althoch<strong>de</strong>utschen und verwandten Glossen). Hei<strong>de</strong>lberg : Winter, p. 583.19 LEXER, Matthias. 1872. Mittelhoch<strong>de</strong>utsches Handwörterbuch. 3 vol., Leipzig: Hirzel, I, p. 1189. Il s’agitgénéralement <strong>de</strong> <strong>lieux</strong> situés légèrement en hauteur <strong>et</strong> servant <strong>de</strong> pâture pour les bêtes.20 Cf. LEXER, op. cit., I, p. 1269.21 Cf. aussi TAMINE, Michel. 1993. « Le microtoponyme ar<strong>de</strong>nnais Ham ». In : TAVERDET,Gérard/CHAURAND, Jacques (dir.). Onomastique <strong>et</strong> langues en contact. Actes du colloque tenu àStrasbourg, septembre 1991. Dijon : ABDO, p. 143-162.22 Cf. KAUFMANN, Henning. 1968. Ergänzungsband zu Ernst Förstemann : Personennamen. Munich : Fink,p. 151.23 Cf. PITZ, Martina. 1997. Siedlungsnamen auf -villare (-weiler, -villers) zwischen Mosel, Hunsrück undVogesen. Untersuchungen zu einem germanisch-romanischen Mischtypus <strong>de</strong>r jüngeren Merowinger- und <strong>de</strong>rKarolingerzeit. 2 vol., Sarrebruck: sdv, II, p. 849-851.24 Cf. KAUFMANN, op. cit., p. 57.25 Ibid., p. 175.26 Ibid., p. 183.11


Nouvelle Revue d’Onomastique n° 49-50 – 2008aurait eu quelque chose <strong>de</strong> monotone parce que la majorité <strong>de</strong> ces macrotoponymes s’insère dans<strong>de</strong>s séries bien connues [11], ne sera sans doute pas partagée par tous.Les notices ainsi constituées indiquent toujours les références bibliographiques <strong>de</strong>s travauxantérieurs ayant trait à tel ou tel nom ou à tel ou tel type lexical. Dans ce domaine, on constate ungrand souci d’exhaustivité, d’autant plus remarquable qu’en France, les étu<strong>de</strong>s onomastiques nesont plus répertoriées dans <strong>de</strong>s bibliographies spécialisées <strong>de</strong>puis un certain nombre d’années <strong>et</strong>que les travaux étrangers, notamment allemands, souvent dispersés dans <strong>de</strong>s publicationsspécialisées aux thématiques les plus diver<strong>ses</strong>, ne sont généralement pas disponibles dans lesbibliothèques françai<strong>ses</strong>. On ne saura donc reprocher à l’auteur que certaines <strong>de</strong> ces étu<strong>de</strong>s aientpu échapper à sa vigilance 27 , même si quelques doutes auraient pu être levés à la lecture <strong>de</strong> cestextes 28 . En revanche, il semble plus dommage que les attestations anciennes <strong>de</strong>s toponymes citéespour justifier les étymologies proposées soient, dans leur gran<strong>de</strong> majorité, tirées <strong>de</strong>s dictionnairestopographiques, car ces répertoires très anciens, qu’Au<strong>de</strong> WIRTH critique elle-même à juste titre[20], ne sauraient en aucun cas fournir une image satisfaisante <strong>de</strong> la richesse <strong>de</strong> la documentationexistant à l’heure actuelle pour ce département lorrain sous forme publiée, c’est-à-dire sanscontraindre le chercheur à <strong>de</strong> fastidieux dépouillements archivistiques, difficiles à réaliser dans undélai raisonnable. Au<strong>de</strong> WIRTH exploite certes un nombre important <strong>de</strong> travaux historiques <strong>et</strong>onomastiques régionaux <strong>et</strong> consulte même <strong>de</strong>s documents originaux, notamment les comptes <strong>de</strong>sreceveurs du duc <strong>de</strong> <strong>Lorraine</strong> conservés aux Archives départementales à Nancy (série B), mais lesgran<strong>de</strong>s éditions <strong>de</strong> textes documentaires n’ont pas été consultées. On citera notamment la série<strong>de</strong>s Monumenta Germaniae historica, les actes <strong>de</strong>s rois <strong>et</strong> les bulles pontificales 29 , mais aussi leséditions <strong>de</strong>s cartulaires les plus importants, comme celui <strong>de</strong> l’abbaye <strong>de</strong> Wissembourg datant duIX e siècle, fondamental pour la région <strong>de</strong> Blâmont <strong>et</strong> le pays du Sânon, les chartes <strong>de</strong> Gorze <strong>et</strong> <strong>de</strong>Saint-Mihiel ou encore le cartulaire <strong>de</strong> l’évêché <strong>de</strong> M<strong>et</strong>z qui contient une multitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> toponymeslocalisés dans les régions compri<strong>ses</strong> entre M<strong>et</strong>z <strong>et</strong> Nancy, les rôles <strong>de</strong> bans <strong>de</strong> tréfonds <strong>de</strong> la ville<strong>de</strong> M<strong>et</strong>z ou, pour le nord du département, le Luxemburgisches Urkun<strong>de</strong>nbuch, pour la partie situéeplus à l’est la série <strong>de</strong>s Documents rares ou inédits <strong>de</strong> l’histoire <strong>de</strong>s Vosges <strong>et</strong> l’Histoire <strong>de</strong>scomtes <strong>de</strong> Vaudémont pour la partie sud, sans parler <strong>de</strong>s éditions <strong>de</strong> chartes en langue vulgairecomme celles d’ARNOD ou <strong>de</strong> WAILLY 30 <strong>et</strong> <strong>de</strong>s nombreux mémoires <strong>de</strong> maîtrise <strong>de</strong> l’Université27 Outre l’ouvrage <strong>de</strong> PUHL non consulté, on regr<strong>et</strong>tera notamment l’absence, dans c<strong>et</strong>te bibliographie, <strong>de</strong>snombreux travaux <strong>de</strong> Wolfgang HAUBRICHS sur la toponymie lorraine, dont certains concernentdirectement le département <strong>de</strong> Meurthe-<strong>et</strong>-Moselle, cf., entre autres : 1995. « Fulrad von Saint-Denis und <strong>de</strong>rFrühbesitz <strong>de</strong>r cella Salonnes in Lotharingien. Toponomastische und besitzgeschichtliche Überlegungen ». In:HAUBRICHS, Wolfgang <strong>et</strong> al. (dir.). Zwischen Saar und Mosel. Festschrift für Hans-Walter Herrmann zum65. Geburtstag. Sarrebruck: sdv, p. 1-29 ; 1999. « *Fidivis, Fi<strong>de</strong>u, Schöndorf. Ein Ortsname <strong>de</strong>s Grimo-Testaments von 634 ». In: HAUBRICHS, Wolfgang <strong>et</strong> al. (dir.). Grenzen erkennen, Begrenzungenüberwin<strong>de</strong>n. Festschrift für Reinhard Schnei<strong>de</strong>r zur Vollendung <strong>de</strong>s 65. Lebensjahrs. Sigmaringen :Thorbecke, p. 113-122. « Die ekklesiogenen Ortsnamen <strong>de</strong>s frühen Mittelalters als Zeugnisse <strong>de</strong>rChristianisierung und <strong>de</strong>r Kirchenorganisation im Raum zwischen Maas und Mosel ». In : POLFER, Michel(dir.). L’évangélisation <strong>de</strong>s régions entre Meuse <strong>et</strong> Moselle <strong>et</strong> la fondation <strong>de</strong> l’abbaye d’Echternach (V e -X esiècles). Luxembourg : Institut G.-D. <strong>de</strong> Luxembourg, p. 215-244.28 On aurait ainsi pu écarter s.v. Fillières [146] la forme Fidinis, longuement traitée chez HAUBRICHS,*Fidivis, art. cit., p. 112-122.29 Cf. PFLUGK-HARTTUNG, Julius. 1958 2 . [1881-1886 1 ]. Acta pontificum romanorum inedita (748-1198).Graz : Aka<strong>de</strong>mische Druck- und Verlagsanstalt ; MEINERT, Hermann. 1933. Papsturkun<strong>de</strong>n in Frankreich :Champagne und Lothringen. Göttingen : Van<strong>de</strong>nhoeck Ruprecht.30 GLÖCKNER, Karl/DOLL, Anton (dir.). 1979. Traditiones Wizenburgen<strong>ses</strong>. Die Urkun<strong>de</strong>n <strong>de</strong>s KlostersWeißenburg 661-884. Darmstadt : Hessische Historische Kommission ; d’HERBOMEZ, Armand. 1898-1900.Cartulaire <strong>de</strong> l’abbaye <strong>de</strong> Gorze. 2 vol., Paris : M<strong>et</strong>tensia ; LESORT, André. 1909-1912. Chroniques <strong>et</strong>12


Comptes rendus<strong>de</strong> Nancy contenant <strong>de</strong>s publications <strong>de</strong> textes ou <strong>de</strong> regestes. Pour faire figure <strong>de</strong> modèle enonomastique française où les instruments <strong>de</strong> travail fiables, répondant aux exigences actuelles <strong>de</strong>l’art font encore souvent défaut, c’est donc la partie documentaire <strong>de</strong> ce dictionnaire qu’on auraitpu imaginer un peu plus conséquente, plus que l’analyse linguistique, tout à fait satisfaisante dansson ensemble. Il n’en reste pas moins qu’il s’agit ici d’un travail très soli<strong>de</strong> <strong>et</strong> admirable qui pourraservir <strong>de</strong> gui<strong>de</strong> aux recherches futures auxquelles l’auteur, qui vient <strong>de</strong> soutenir avec bravoure un<strong>et</strong>hèse sur l’anthroponymie lorraine <strong>de</strong>s XI e -XVII e siècles 31 , ne manquera sans doute pas <strong>de</strong>participer.Martina PITZBENOÎT, <strong>Michèle</strong>/<strong>MICHEL</strong>, <strong>Clau<strong>de</strong></strong>. 2006. <strong>La</strong> <strong>Lorraine</strong> <strong>et</strong> <strong>ses</strong> <strong>noms</strong> <strong>de</strong> <strong>lieux</strong>. Meurthe &Moselle. M<strong>et</strong>z : Éditions Serpenoise. 174 p.Les auteurs <strong>de</strong> c<strong>et</strong> ouvrage, <strong>Michèle</strong> BENOÎT <strong>et</strong> <strong>Clau<strong>de</strong></strong> <strong>MICHEL</strong>, sont bien connus <strong>de</strong>slinguistes s’intéressant à la <strong>Lorraine</strong>. <strong>La</strong> première est, entre autres, directrice <strong>de</strong> la collection « <strong>La</strong><strong>Lorraine</strong> au Féminin » chez le même éditeur, Serpenoise (<strong>de</strong>ux titres, parus en 2003 <strong>et</strong> 2004) ; elleest également l’auteur d’une thèse (non publiée) <strong>de</strong> littérature française sur « Les Épîtres <strong>et</strong>Évangiles <strong>de</strong> tout l’an selon l’usage <strong>de</strong> Paris dans la traduction <strong>de</strong> Jean <strong>de</strong> Vignay », travail dirigépar Jean LANHER. <strong>Clau<strong>de</strong></strong> <strong>MICHEL</strong> a quant à lui enseigné la dialectologie à l’Université Nancy2 ; il a écrit, notamment, le Parler <strong>de</strong> Roanne <strong>et</strong> du Roannais 32 <strong>et</strong>, en collaboration avec Anne-Marie VURPAS, le Dictionnaire du français régional du Beaujolais 33 , les Noms <strong>de</strong> <strong>lieux</strong> <strong>de</strong> laLoire <strong>et</strong> du Rhône : introduction à la toponymie 34 <strong>et</strong> les Noms <strong>de</strong> <strong>lieux</strong> <strong>de</strong> l'Ain 35 . <strong>Michèle</strong> BENOÎT<strong>et</strong> <strong>Clau<strong>de</strong></strong> <strong>MICHEL</strong> ont reçu le prix <strong>de</strong> l’Académie Nationale <strong>de</strong> M<strong>et</strong>z en 2001 pour leur précé<strong>de</strong>ntouvrage commun, Le Parler <strong>de</strong> M<strong>et</strong>z <strong>et</strong> du Pays Messin 36 .« Premier d’une série <strong>de</strong> quatre, chaque volume s’intéressant à un département lorrain » [3],ce volume (le seul paru au moment où nous écrivons ces lignes) traite les toponymes <strong>de</strong> lachartes <strong>de</strong> l’abbaye <strong>de</strong> Saint-Mihiel. Paris : M<strong>et</strong>tensia ; MARICHAL, Paul. 1903-1908. Cartulaire <strong>de</strong>l’évêché <strong>de</strong> M<strong>et</strong>z. 2 vol., Paris : M<strong>et</strong>tensia ; WICHMANN, op. cit., DOSDAT, Gérard. Documents d’histoiremessine. Rôles <strong>de</strong> bans. Thèse ms., Université <strong>de</strong> Nancy 2 ; LUNESU, Salvatore. 1997. Rôles <strong>de</strong> bansmessins : 1244 – 1284 – 1287 – 1326 – 1327 – 1333. DEA, Université <strong>de</strong> M<strong>et</strong>z ; WAMPACH, Camille.1933-1955. Urkun<strong>de</strong>n- und Quellenbuch zur Geschichte <strong>de</strong>r altluxemburgischen Territorien bis zurburgundischen Zeit. 10 vol, Luxembourg : St. Paulus-Druckerei ; DUHAMEL, Léopold (dir.). 1868-1896.Documents rares ou inédits <strong>de</strong> l’histoire <strong>de</strong>s Vosges. 11 vol., Paris : Dumoulin ; FRANÇOIS, Michel. 1938.Histoire <strong>de</strong>s comtes <strong>et</strong> du comté <strong>de</strong> Vaudémont <strong>de</strong>s origines à 1473. Nancy : Humblot ; ARNOD, Michel.1974. Publication <strong>de</strong>s plus anciennes chartes en langue vulgaire antérieures à 1265 conservées dans ledépartement <strong>de</strong> Meurthe-<strong>et</strong>-Moselle. Thèse ms., Université Nancy 2 ; WAILLY, Natalis <strong>de</strong>. 1878. « Noticesur les actes en langue vulgaire du XIIIe siècle contenus dans la Collection <strong>de</strong> <strong>Lorraine</strong> à la BibliothèqueNationale ». Notices <strong>et</strong> extraits <strong>de</strong>s manuscrits <strong>de</strong> la Bibliothèque Nationale <strong>et</strong> d’autres bibliothèques publiéspar l’Institut National <strong>de</strong> France, faisant suite aux notices <strong>et</strong> extraits lus au comité établi dans l’Académie<strong>de</strong>s inscriptions <strong>et</strong> belles l<strong>et</strong>tres 28/2, p. 1-288.31 Cf. WIRTH, Au<strong>de</strong>. 2007. 2007. L’anthroponymie <strong>de</strong> la <strong>Lorraine</strong> romane du XI e au XVIII e siècle. Thèse ms.,7 vol., Université Nancy 2.32 1998. Saint-Julien-Molin-Mol<strong>et</strong>te : Éditions Hugu<strong>et</strong>.33 1992. Paris : Bonn<strong>et</strong>on.34 1997. Paris : Bonn<strong>et</strong>on.35 1999. Paris : Bonn<strong>et</strong>on.36 2001. M<strong>et</strong>z : Éditions Serpenoise. 232 p.13


Nouvelle Revue d’Onomastique n° 49-50 – 2008Meurthe-<strong>et</strong>-Moselle. À l’avant-propos [3-5] <strong>et</strong> à l’introduction [7-19] font suite <strong>de</strong>ux gran<strong>de</strong>sparties, la première consacrée aux « thèmes toponymiques » [21-111], la secon<strong>de</strong> aux liensunissant « toponymie <strong>et</strong> histoire » [113-141]. Un in<strong>de</strong>x [143-163] <strong>et</strong> une liste <strong>de</strong>s « principauxouvrages consultés » [165-167] concluent l’ensemble. L’avant-propos est une présentationgénérale <strong>de</strong> la collection incluant, notamment, un chapitre sur « quelques conventions d’écriture »reprenant les « abréviations <strong>et</strong> [les] <strong>noms</strong> les plus fréquemment utilisés » [4]. Si certainesréférences sont incontournables (ALLR, DR, DT, FEW, TGF), d’autres sont en revanche plussurprenantes dans un ouvrage consacré à la Meurthe-<strong>et</strong>-Moselle (FALC’HUN, Perspectivesnouvelles sur l’histoire <strong>de</strong> la langue br<strong>et</strong>onne ; TAVERDET, Les Noms <strong>de</strong> <strong>lieux</strong> <strong>de</strong> Bourgogne) ;enfin, on s’étonnera <strong>de</strong> l’absence <strong>de</strong> citation dans ce chapitre d’un dictionnaire portant sur le mêmedépartement 37 , paru <strong>de</strong>ux ans auparavant <strong>et</strong> cité uniquement parmi les « principaux ouvragesconsultés » [166], sans aucune référence dans le corps du texte. L’introduction présente dans unpremier temps « quelques éléments d’histoire <strong>et</strong> <strong>de</strong> géographie », suivis d’un chapitre sur la« situation linguistique du département » ; dans ce <strong>de</strong>rnier, on regr<strong>et</strong>tera que ne soient pasn<strong>et</strong>tement distingués dialecte <strong>et</strong> français régional. « L’interprétation <strong>de</strong>s <strong>noms</strong> » qui fait suiteregroupe <strong>de</strong>ux types <strong>de</strong> <strong>lieux</strong> : ceux dont on connaît précisément l’époque <strong>de</strong> dénomination (maisquel rapport avec le titre du chapitre ?) <strong>et</strong> ceux dont le nom a subi diver<strong>ses</strong> vicissitu<strong>de</strong>s au fil dutemps (latinisations erronées, aphérè<strong>ses</strong>, <strong>et</strong>c.). On saura gré aux auteurs <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te mise enperspective qui souligne l'importance du scribe dans la transcription du toponyme. L'introductionse termine sur quelques « observations grammaticales » sur l’article, la préposition, l’accord <strong>de</strong>l’adjectif, l’ordre <strong>de</strong>s mots <strong>et</strong> la subsistance <strong>de</strong> la déclinaison. Dans le chapitre consacré à lapréposition, l’affirmation que c<strong>et</strong>te <strong>de</strong>rnière « n’est pas toujours présente <strong>et</strong> que la constructiondirecte juxtaposant <strong>de</strong>ux <strong>noms</strong> (localité <strong>et</strong> distinctif) se rencontre parfois » [16] paraît difficilementapplicable à Villey-le-Sec (Villeium le sec, 1369), où sec est bien plutôt, à l’origine, un adjectif.Plus généralement, quelques références bibliographiques auraient été les bienvenues 38 .Le choix <strong>de</strong> la structure générale <strong>de</strong> l’ouvrage est justifié dans l’avant-propos. Selon lesauteurs, le dictionnaire est une « manière simple <strong>de</strong> présenter les cho<strong>ses</strong>, mais peut-être un peutrop ari<strong>de</strong> » [3]. C’est pour c<strong>et</strong>te raison qu’ils ont choisi « un plan présentant d’abord un aperçuthématique puis historique, le plus apte, semble-t-il, à ne pas lasser le lecteur <strong>et</strong> à perm<strong>et</strong>tre unelecture cursive » [ibid.]. Les auteurs auraient pu ajouter que la parution, <strong>de</strong>ux ans auparavant, d’undictionnaire portant sur le même département rendait le choix <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te forme encore plus difficile.<strong>La</strong> première gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> l’ouvrage est consacrée aux « thèmes toponymiques » <strong>et</strong> distingue« le relief » [23-36], « la végétation » [37-49], « les animaux » [51-53], « le sol <strong>et</strong> le sous-sol »[55-57], « les eaux » [59-70], « la toponymie humaine » [71-100] <strong>et</strong> enfin « la toponymiereligieuse » [101-111]. <strong>La</strong> secon<strong>de</strong> gran<strong>de</strong> partie, « toponymie <strong>et</strong> histoire », se veutchronologique : aux « origines » [115-118] font suite « la romanisation » [119-124], « la diversitédu peuplement » [125-126], « les <strong>noms</strong> d’origine germanique » [127-131], « le Moyen Âge »[133-136] <strong>et</strong> enfin « l’époque mo<strong>de</strong>rne » [137-141]. Ce classement général mêle ainsi, pour lapremière partie, critères sémantique (« le relief », « la végétation ») <strong>et</strong> motivationnel (« latoponymie humaine », « la toponymie religieuse »), pour la secon<strong>de</strong> partie, critères chronologique(« les origines », « la romanisation ») <strong>et</strong> étymologique (« la diversité du peuplement » [« lesAlains », « les Br<strong>et</strong>ons », « les Saxons », « autres <strong>et</strong>hnies »], « les <strong>noms</strong> d’origine germanique ») ;la structure d’ensemble aurait donc mérité d’être affinée.37 WIRTH, Au<strong>de</strong>. 2004. Les Noms <strong>de</strong> <strong>lieux</strong> <strong>de</strong> Meurthe & Moselle. Dictionnaire étymologique. Haroué :Gérard Louis éditeur.38 Par exemple BILLY, Pierre-Henri. 2004. « Syntaxe <strong>de</strong>s <strong>noms</strong> <strong>de</strong> <strong>lieux</strong> : l’ordre déterminant/déterminé enFrance ». NRO 43-44, p. 67-136.14


Comptes rendusUn tel classement a pour inconvénient d’entraîner <strong>de</strong>s redites. Le paragraphe sur lestoponymes dans lesquels « on rencontre […] le rappel d’un pos<strong>ses</strong>seur religieux », paragraphe quise trouve dans le chapitre consacré aux « pos<strong>ses</strong>sions <strong>et</strong> territoires religieux » <strong>de</strong> la parti<strong>et</strong>hématique [102], ressemble beaucoup à celui qui traite <strong>de</strong>s « pos<strong>ses</strong>sions ecclésiastiques » <strong>de</strong> lapartie chronologique [134]. Quelques toponymes sont également mal classés, parmi lesquelsToulaire : « selon les habitants, il faut bien comprendre qu’il s’agit <strong>de</strong> "l’aire <strong>de</strong> Toul(-Rosières)" »[25]. Rien ne justifie en eff<strong>et</strong> <strong>de</strong> classer ce toponyme après Toul, dans « les ba<strong>ses</strong> oronymiquesanciennes ». Plus graves sont les problèmes liés au classement <strong>de</strong>s toponymes dans les chapitres <strong>et</strong>sous-chapitres. Les incertitu<strong>de</strong>s qui pèsent sur nombre d’étymologies font fleurir les formulationstelles que « peut-être », « probablement », <strong>et</strong>c. Prenons par exemple la page 24, consacrée aurelief, plus précisément aux « ba<strong>ses</strong> oronymiques anciennes » ; on y relève « peut-être » (l. 5),« avec plus <strong>de</strong> certitu<strong>de</strong> » (l. 10), « peut être présente » (l. 14), « on pourrait avancer la mêmehypothèse » (l. 16), « perm<strong>et</strong> peut-être <strong>de</strong> rendre compte du nom <strong>de</strong> » (l. 20), « la même hypothèsepourrait être proposée pour » (l. 21-22), « peut-être faut-il voir dans le nom » (l. 25), « peut-être »(l. 29), « peut avoir donné le nom <strong>de</strong> » (l. 32-33) <strong>et</strong> « se trouve probablement dans » (l. 35-36).Certes, leur pru<strong>de</strong>nce fait honneur aux auteurs, mais on peut s’interroger sur la pertinence <strong>de</strong>classer dans tel ou tel chapitre <strong>de</strong>s toponymes dont l’étymologie n’est pas assurée. Le lecteur peutainsi avoir le sentiment que l’on a voulu à tout prix caser ces <strong>noms</strong> <strong>de</strong> <strong>lieux</strong> dans différentesrubriques afin d’étoffer ces <strong>de</strong>rnières. Ainsi, Anthelupt, classé parmi « les animaux » [51],« représente pour Nègre antelu, nom médiéval <strong>de</strong> l’antilope ou d’un animal fabuleux, qui serait<strong>de</strong>venu nom <strong>de</strong> personne, mais une autre solution paraît plus probable ». À la rigueur, oncomprendrait qu’un NL ayant très probablement pour étymon un nom d’animal soit classé dans cechapitre avec d’autres NL pour lesquels une telle origine serait assurée, les seconds étayantl’explication du premier ; mais on ne saisit pas bien l’intérêt <strong>de</strong> classer ce qui n’est qu’hypothèse.Pire, certains chapitres n’ont pas <strong>de</strong> réelle raison d’être : c’est le cas <strong>de</strong> celui qui est consacré auxanimaux [51]. Les auteurs le reconnaissent : « on peut rattacher certains toponymes à <strong>de</strong>s <strong>noms</strong>d’animaux, mais si, parfois, le nom est pris en tant que tel <strong>et</strong> désigne bien l’animal, souvent, il estd’abord <strong>de</strong>venu patronyme <strong>et</strong> désigne un être humain sous un sobriqu<strong>et</strong>, avant <strong>de</strong> passer dans latoponymie. Beaucoup, donc, <strong>de</strong>s <strong>noms</strong> ci-<strong>de</strong>ssous sont <strong>de</strong>s <strong>noms</strong> <strong>de</strong> personnes issus d’un nomd’animal, qui ont donné naissance à <strong>de</strong>s <strong>noms</strong> <strong>de</strong> <strong>lieux</strong> ».C<strong>et</strong>te pratique du classement entraîne également d’importantes incohérences. Blanzey, parexemple, classé dans le chapitre consacré au relief, « pourrait être un composé en -iacum <strong>de</strong> laracine indo-européenne *bhla-n […], mais un nom <strong>de</strong> personne est toujours possible » [23]. Page121, le même toponyme est « composé du nom Blandius » … Le cas <strong>de</strong> Suzémont (Susémont,Sizémont, 1638) est encore plus symptomatique. Ce NL « peut représenter le nom <strong>de</strong> personnelatin Sutius (+ -acum + mons), mais on peut imaginer une autre origine » [28], alors qu’il est citéparmi les NL formés d’un NP germanique ! Quelques pages plus loin [30], il est classé en fonction<strong>de</strong> la situation topographique <strong>de</strong> certains NL en mont <strong>et</strong> on apprend qu’« il est possible, à la suite<strong>de</strong> Nègre, <strong>de</strong> voir dans le premier élément l’adjectif suzain "supérieur", mais un nom <strong>de</strong> personnelatin (Susannus) ou germanique (Sutizo) est également envisageable ». On le r<strong>et</strong>rouve enfin parmiles « dérivés du latin super » [35] car il « peut, malgré une attestation bien tardive, représenterl’ancien français suzain "qui est au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong>", comme le suggère Dauzat pour son homonyme <strong>de</strong>Haute-Marne ». Tel le caméléon, ce NL a le pouvoir <strong>de</strong> changer d’étymon en fonction duclassement. Les toponymes pour lesquels plusieurs explications sont envisageables étant trèsnombreux, les auteurs ont été contraints <strong>de</strong> multiplier les formules annonçant l’existence <strong>de</strong> cesautres explications sans pour autant y renvoyer <strong>de</strong> façon précise. En une dizaine <strong>de</strong> pages, onrelève : « mais une autre hypothèse a été avancée pour ce nom » [24], « mais d’autres hypothè<strong>ses</strong>ont été avancées » [25], « mais une autre hypothèse a été avancée » [30], « mais d’autres15


Nouvelle Revue d’Onomastique n° 49-50 – 2008hypothè<strong>ses</strong> peuvent être avancées » [31], « mais d’autres hypothè<strong>ses</strong> ont été avancées » [33] ou« mais on peut y voir une autre étymologie » [34]. De tels jeux <strong>de</strong> cache-cache satisferont peut-êtreles plus joueurs <strong>de</strong>s lecteurs ; ils se révèleront en revanche rapi<strong>de</strong>ment très agaçants pour lesautres. <strong>La</strong> partie consacrée aux « <strong>noms</strong> énigmatiques » [141] se termine par c<strong>et</strong>te phrase :« d’autres <strong>noms</strong>, placés ici dans d’autres sections, auraient également pu figurer sous c<strong>et</strong>terubrique, car les solutions proposées sont parfois très fragiles ». Effectivement …Les incohérences ou erreurs ne concernent cependant pas que le classement <strong>de</strong>s NL. Tropsouvent, c’est le « sens » <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rniers qui est donné, non celui <strong>de</strong> leur étymon (« Le Point-du-Jour (Ceintrey) est un toponyme fréquent <strong>et</strong> récent. Son sens est clair » [35]). Comme dans leprécé<strong>de</strong>nt exemple, l’étymon n’est parfois pas cité : ainsi pour le Val-le-Prêtre, « dont le nom nousparle encore » [33]. D’autres toponymes font l’obj<strong>et</strong> d’une traduction : « Viéville-en-Haye(V<strong>et</strong>ustae villae, 1106 ; Viesville-en Heys, 1402) est un vieux village » [72]. Dans d’autres cas, ils’agit <strong>de</strong> problèmes ou <strong>de</strong> maladres<strong>ses</strong> liés à la formulation : [23] Blanzey « pourrait être uncomposé en -iacum <strong>de</strong> la racine indo-européenne *bhla-n ». Les racines indo-européennes ne sontque <strong>de</strong>s reconstructions ; il faut donc rétablir « composé en -iacum d’un lexème non i<strong>de</strong>ntifié serattachant à la racine indo-européenne *bhla-n ». [29] « Un nom commun peut s’associer à -mons,comme dans Chèvremont, bois <strong>et</strong> écart à Vathiménil mentionné par le DT, qui est formé avec lelatin capra "chèvre", mont où paissent les chèvres ou nom commun <strong>de</strong>venu sobriqu<strong>et</strong> puisanthroponyme ». L’hypothèse délexicale <strong>de</strong>vait sembler beaucoup plus séduisante à nos auteurs ;c’est presque à regr<strong>et</strong>, par <strong>de</strong>s voies détournées, qu’ils évoquent l’hypothèse déanthroponymique.[30] « Montauville […] semble bien être composé <strong>de</strong> l’adjectif montensis "<strong>de</strong> montagne", ou <strong>de</strong>l’ancien français montoi "colline" suivi du latin villa ». Selon les auteurs, nous pourrions donc êtreen présence d’une formation hybri<strong>de</strong>, à la fois française <strong>et</strong> latine. [32] Au suj<strong>et</strong> du Haut <strong>de</strong> laFaîte : « Faîte vient du germanique *first, qui donne l’ancien français fest, masculin <strong>et</strong> feste,féminin, forme <strong>de</strong> ce toponyme ». Rétablir : « la secon<strong>de</strong> partie du toponyme Haut <strong>de</strong> la Faîte apour étymon afr. feste n. f. ». Telle quelle, l’étymologie <strong>de</strong> l’étymon (<strong>et</strong>imologia remota) neprésente aucun intérêt. [33] « Le latin vallis est très fréquent en toponymie sous la forme "val" ouune forme vocalisée "vau" ». Ni val ni vau ne sont <strong>de</strong>s formes du latin ; ce sont <strong>de</strong>s formesfrançai<strong>ses</strong>. [34] Parmi les NL formés avec vallis, les auteurs citent Mont <strong>La</strong>val, « avecagglutination <strong>de</strong> l’article, mais employé sans doute ici comme anthroponyme ». Si l’étymon est unanthroponyme, le toponyme en question ne doit pas être cité dans ce chapitre. [34] « Barisey-au-Plain (Barisey a Plain, fin XIII e s.) comporte en second élément le latin planum "plaine" ». Non, il« comporte » afr. mfr. plain n. m. « terrain plat, plaine (le plus souvent déboisé) » (ca 1138–1636,FEW IX 29b, PLĀNUS). [38] « "Bois" peut aussi être l’élément constitutif d’un toponyme en un seulnom » avec pour exemples Bertrambois <strong>et</strong> d’autres. Comprendre : « bois peut également entrer encomposition dans un toponyme ». [57] « <strong>La</strong> Roche (Montigny-sur-Chiers : Roche, 1682) est unmicrotoponyme très féquent [fréquent], issu du pré-latin *rocca ». Ce n’est pas le NL Roche qui enest issu, mais son étymon, le substantif féminin roche. On peut également relever <strong>de</strong>s affirmationsétranges : « parfois, mont se comporte comme un genre <strong>de</strong> suffixe, notamment avec <strong>de</strong>s <strong>noms</strong> <strong>de</strong>saints : on enregistre ainsi Saint-Pierremont […]. Il en est <strong>de</strong> même pour Saint-Remimont »[26]. Pourquoi ne pas voir dans ces formations, tout simplement, <strong>de</strong>s composés présentant« l’ordre déterminant + déterminé » [18] (mont <strong>de</strong> ou dédié à Saint-Pierre, mont <strong>de</strong> Saint-Remy) ?Sur ce point, nous renvoyons les auteurs au chapitre qu’ils lui consacrent dans leur ouvrage.L’<strong>et</strong>imologia remota est bien représentée dans l’ouvrage : on nous précise que Boismont vient « dunom germanique Boio, d’origine gauloise » [27] tandis que Heumont a pour étymon le « nom <strong>de</strong>personne latin Urius (dérivé du gaulois urus "bœuf sauvage") » [28]. L’<strong>et</strong>imologia remota sedouble ici d’une quête du pittoresque. On remarquera également la belle finale latine du prétendusubstantif gaulois. Problème comparable pour « la Forêt <strong>de</strong> (Buré) d’Orval (Longuyon <strong>et</strong>16


Comptes rendusAllondrelle), qui semble être un "val doré", dont le sens échappe. Peut-être s’agit-il d’une valléefertile ou d’une belle vallée ? Le nom fait naturellement référence à l’abbaye d’Orval, en Belgique,qui possédait ces terres » [34]. « Le sens échappe » : il faudrait savoir : on vient <strong>de</strong> nous dire qu’ils’agissait probablement d’un « val doré ». Les auteurs auraient-ils voulu écrire motivation ? Enoutre, Orval dans Buré d’Orval est un transfert toponymique : l’étymon d’Orval dans ce NL est leNL wallon Orval. Il n’est donc pas nécessaire <strong>de</strong> rechercher l’étymologie <strong>de</strong> ce <strong>de</strong>rnier.Quelques remarques ponctuelles appellent également un commentaire. L’idée que « lesconnaissances nécessaires à l’étu<strong>de</strong> toponymique sont d’abord les attestations anciennes, lesdifférentes formes phonétiques d’un même nom au cours <strong>de</strong>s âges » [3] indique que les auteursassimilent les attestations anciennes à <strong>de</strong>s formes phonétiques. Or, les étu<strong>de</strong>s scriptologiquesmenées <strong>de</strong>puis une cinquantaine d’années ont démontré que le rapport entre graphème <strong>et</strong> phonèmen’était pas aussi simple 39 . On remarquera d’ailleurs la contradiction entre l’assertion <strong>de</strong> la page 3 <strong>et</strong>l’affirmation, page 12, que les toponymes étudiés dans le chapitre en question « ont été transcrits<strong>de</strong> différentes façons au cours <strong>de</strong>s siècles <strong>et</strong> selon la fantaisie <strong>et</strong> le <strong>de</strong>gré d’instruction <strong>de</strong>sscribes ». Certaines remarques se rapprochent davantage du pamphl<strong>et</strong> que <strong>de</strong> la toponymie. L’idéeque « la toponymie lorraine <strong>et</strong>, d’une manière générale, la linguistique lorraine, n’est pas à la mo<strong>de</strong>dans les mi<strong>lieux</strong> universitaires, scientifiques <strong>et</strong> culturels » [4] est suivie par un appel aux« Lorrains véritables » pour qu’ils prennent conscience <strong>de</strong> la disparition d’une « gran<strong>de</strong> partie dupatrimoine régional ». C’est oublier un peu vite les nombreux mémoires <strong>de</strong> master 2 en histoire dupeuplement soutenus à l’université <strong>de</strong> Nancy 2, les récentes recherches sur l’anthroponymielorraine 40 mais surtout les travaux <strong>de</strong> l’équipe <strong>de</strong> Sarrebruck 41 dont est issue une certaine …Martina PITZ 42 , un nom pas tout à fait inconnu <strong>de</strong>s lecteurs <strong>de</strong> la NRO. Certes, l’onomastiquelorraine n’a pas la vigueur <strong>de</strong> l’onomastique wallonne ; <strong>de</strong> là à dire qu’elle n’est plus « à lamo<strong>de</strong> »… D’autres imprécisions transparaissent <strong>de</strong>s problèmes méthodologiques. Ainsi, certainesformulations laissent-elles un sentiment d’inachevé : « le P<strong>et</strong>it-Rougimont <strong>et</strong> Le Grand-Rougimont […] sont <strong>de</strong>s "monts rouges", parce qu’ils sont couronnés <strong>de</strong> rochers <strong>de</strong> grès rose ou,selon certains, parce qu’ils reçoivent les rayons du soleil levant, les <strong>de</strong>ux hypothè<strong>ses</strong> pouvantd’ailleurs se renforcer » [29]. N’était-il pas possible <strong>de</strong> confronter ces hypothè<strong>ses</strong> aux réalités duterrain ? Même remarque pour l’hydronyme suivant : « l’adjectif latin viridis "vert" semble être àl’origine du nom <strong>de</strong> la Verdur<strong>et</strong>te, affluent <strong>de</strong> la Vezouze. Ce serait un ruisseau aux eaux vertes »[66]. Dans d’autres cas, on cite <strong>de</strong>s suffixes sans aucune référence ou explication : parmi les39 Cf., pour ne citer que <strong>de</strong>ux exemples touchant la <strong>Lorraine</strong>, PITZ, Martina. 2001. «VolkssprachigeOriginalurkun<strong>de</strong>n aus M<strong>et</strong>zer Archiven bis zum Jahr 1270 ». In : GÄRTNER, Kurt/HOLTUS, Günter/RAPPAndrea/VÖLKER, Harald (dir.). Skripta, Schreiblandschaften und Standardisierungsten<strong>de</strong>nzen.Urkun<strong>de</strong>nsprachen im Grenzbereich von Germania und Romania im 13. und 14. Jahrhun<strong>de</strong>rt. Beiträge zumKolloquium vom 16. bis 18. September 1998 in Trier. Trèves : Kliomedia, p. 297-392, <strong>et</strong> TROTTER, David.2005. « Boin sens <strong>et</strong> bonne memoire : tradition, innovation <strong>et</strong> variation dans un corpus <strong>de</strong> testaments <strong>de</strong> Saint-Dié-<strong>de</strong>s-Vosges (XIII e –XV e siècles) ». In : SCHROTT, Angela/VÖLKER, Harald (dir.). HistorischePragmatik und historische Vari<strong>et</strong>ätenlinguistik in <strong>de</strong>n romanischen Sprachen. Göttingen : Nie<strong>de</strong>rsächsischeStaats-und Universitätsbibliothek, p. 269-278.40 WIRTH, Au<strong>de</strong>. 2003. Éléments d’anthroponymie lorraine. Application <strong>de</strong> la méthodologie PatRom à unesélection <strong>de</strong> <strong>noms</strong> <strong>de</strong> famille. Dijon : Association Bourguignonne d’Étu<strong>de</strong>s Linguistiques <strong>et</strong> Littéraires ; id.2007. L’anthroponymie <strong>de</strong> la <strong>Lorraine</strong> romane du XI e au XVIII e siècle. Thèse ms., Université Nancy 2.41 Thèse <strong>de</strong> BUCHMÜLLER-PFAFF, Monika. 1990. Siedlungsnamen zwischen Spätantike und frühemMittelalter. Die -(i)acum-Namen <strong>de</strong>r römischen Provinz Belgica Prima. Tübingen : Niemeyer, pour ne citerqu’un seul exemple.42 Auteur <strong>de</strong> nombreu<strong>ses</strong> publications sur la toponymie lorraine, dont les Siedlungsnamen auf -villare (-weiler,-villers) zwischen Mosel, Hunsrück und Vogesen. 2 vol., Sarrebruck : sdv. 1997, ouvrage cité uniquementdans la bibliographie [166].17


Nouvelle Revue d’Onomastique n° 49-50 – 2008« toponymes comportant un nom <strong>de</strong> personne d’origine germanique » composés « avec d’autressuffixes », on relève Gondrexon, formé « avec le suffixe -onem », <strong>et</strong> Jean<strong>de</strong>lize, possiblementformé avec le « suffixe -isia » [131]. Parfois, les auteurs se montrent un peu trop rapi<strong>de</strong>s : seloneux, « on peut voir dans Battigny (Bateneis, 1176) <strong>et</strong> B<strong>et</strong>aigne (Britannia, 1150) <strong>de</strong>s rappels <strong>de</strong>sBritanni, peuples <strong>de</strong> Celtes insulaires qui se sont fixés en Gaule aux IV e <strong>et</strong> V e siècles, à moins qu’ils’agisse <strong>de</strong> Br<strong>et</strong>ons du continent. Battigny, où le groupe initial br s’est réduit à b, selon laphonétique locale, pourrait être rattaché à la série <strong>de</strong>s Brétigny […]. Mais on peut imaginerd’autres explications pour expliquer ces toponymes » [125]. Ils posent donc comme admis que /br/> /b/ dès l’ancien français sans expliciter la règle <strong>de</strong> trois qui les a amenés à c<strong>et</strong>te conclusion.Une partie <strong>de</strong>s explications étymologiques proposées par les auteurs sont discutables ; c’estnotamment le cas pour celles (en grand nombre) qui renvoient au gaulois. Ainsi « Les Amis,affluent <strong>de</strong> la Vezouze, sans attestation ancienne, semble être avec son article, un nom récent, maisil reprend peut-être avec une nouvelle motivation un hydronyme, probablement pré-celtique, ausens obscur, ou peut-être à rapprocher du gaulois ambe "ruisseau" » [61]. Pourquoi faire simplequand on peut faire compliqué ? L’absence d’attestations anciennes <strong>et</strong> la chronologie relative nefont pas davantage reculer nos auteurs : « le Woigot, autre nom du Ru <strong>de</strong> Mance, dont nousn’avons aucune attestation ancienne (la rivière se nommait Amantia au XII e s.) est difficile àinterpréter. Faut-il y voir un dérivé <strong>de</strong> la racine hydronymique pré-latine *vig-, *veg-, "humi<strong>de</strong>",avec le suffixe diminutif latin -ittu ? » [64]. Les auteurs apprécient tellement nos ancêtres les (pré)-Gaulois qu’ils gratifient le lecteur d’une liste <strong>de</strong>s NL selon eux d’origine gauloise [115-117],suivie d’un chapitre recensant les « <strong>noms</strong> <strong>de</strong> personne d’origine gauloise » [117-118]. On peutégalement relever quelques erreurs : la secon<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> Manoncourt-en-Woëvre ne vient pas,comme l’écrivent les auteurs, du « gaulois *wabero » [37], mais <strong>de</strong> Woëvre, nom d’un territoire.D’après eux, Affracourt « (Fratbodi curtis, X e s. ; Offroicourt, 1350) semble avoir changé <strong>de</strong> nom.<strong>La</strong> première attestation évoque le nom germanique Fradbod, alors que la secon<strong>de</strong> représente unautre nom germanique : Au<strong>de</strong>frid, Otfrid » [83]. <strong>La</strong> première attestation représente non Affracourt,mais Frébécourt 43 . Enfin, Dommartin-la-Chaussée « (Dominum Martinum, 933 ; Dompmairtin <strong>de</strong>lès la Chaulcie, 1297 […] » [94] ne rappelle pas « dans son second élément le bas-latin calceata"route", <strong>de</strong> calx "chaux" » ; il s’agit en réalité du toponyme <strong>La</strong>chaussée, commune <strong>de</strong> la Meuse 44 .<strong>La</strong> bibliographie mérite également d’être commentée. Légère, elle comprend 45 référencesauxquelles il faut ajouter trois publications citées en notes <strong>de</strong> bas <strong>de</strong> page : un article <strong>de</strong> MartinaPITZ sur le choronyme <strong>Lorraine</strong> (RLiR 2005) [8], un ouvrage <strong>de</strong> George CHEPFER, Textes <strong>et</strong>chansons [11], <strong>et</strong> un autre <strong>de</strong> François FALC’HUN, Les Noms <strong>de</strong> <strong>lieux</strong> celtiques, <strong>de</strong>uxième série,Rennes, Éditions armoricaines, 1970 [23]. Les travaux historiques <strong>et</strong> archéologiques en sontquasiment absents, tandis que, dans c<strong>et</strong> ouvrage sur la Meurthe-<strong>et</strong>-Moselle, sont recensés lesPerspectives nouvelles sur l’histoire <strong>de</strong> la langue br<strong>et</strong>onne <strong>de</strong> F. FALC’HUN <strong>et</strong> Les Noms <strong>de</strong><strong>lieux</strong> <strong>de</strong> la Haute-Saône, les Noms <strong>de</strong> <strong>lieux</strong> <strong>de</strong> Bourgogne, Les Noms <strong>de</strong>s communes <strong>de</strong> l’Yonne <strong>et</strong>Les Noms <strong>de</strong> <strong>lieux</strong> <strong>de</strong> la Côte-d’Or <strong>de</strong> Gérard TAVERDET. Le moins que l’on puisse dire est quela bibliographie du gaulois date un peu puisqu’elle se limite à FALC’HUN <strong>et</strong> DOTTIN. Desréférences impréci<strong>ses</strong> à MULON [38], GAMILLSCHEG [70] <strong>et</strong> BILLY [121] dans le texte nerenvoient à rien dans la bibliographie. Plus grave, presque tous les travaux menés par l’équipe <strong>de</strong>Sarrebruck manquent ; seule la thèse <strong>de</strong> Martina PITZ est recensée, mais jamais citée. Peut-êtren’aurait-il pas été tout à fait inutile, dans le chapitre intitulé « les adaptations <strong>de</strong> <strong>noms</strong>, restes d’un43 Vosges ; MARICHAL, Paul. 1941. Dictionnaire topographique du département <strong>de</strong>s Vosges comprenant les<strong>noms</strong> <strong>de</strong> lieu anciens <strong>et</strong> mo<strong>de</strong>rnes. Paris : Imprimerie Nationale, p. 177.44 Calceia a.1132, <strong>La</strong>chaulcie a.1321 ; LIÉNARD, Félix. 1872. Dictionnaire topographique du département<strong>de</strong> la Meuse. Paris : Imprimerie Nationale, p. 121.18


Comptes rendusbilinguisme ? », <strong>de</strong> citer l’article <strong>de</strong> M. PITZ sur les doubl<strong>et</strong>s toponymiques 45 <strong>et</strong>, dans le chapitreconsacré au « suffixe -(i)acum » [119-120], outre d’ARBOIS DE JUBAINVILLE, DR,FALC’HUN <strong>et</strong> TAVERDET, la thèse <strong>de</strong> M. BUCHMÜLLER-PFAFF citée supra. Ainsi, pourHousséville [76], l’explication proposée par BUCHMÜLLER-PFAFF (1990, p. 175-176) n’est pasmême évoquée : seules les propositions <strong>de</strong> DAUZAT <strong>et</strong> MORLET sont examinées ; <strong>de</strong> la mêmefaçon, l’explication fournie par WIRTH (2004, p. 181) pour Jouaville [76] est ignorée ; <strong>de</strong> mêmepour Vaxainville [78] (WIRTH 2004, p. 287 s.). Pour Lunéville, en revanche, l’hypothèseprivilégiée par WIRTH (2004, p. 195) est citée parmi d’autres, mais là encore, sans aucuneréférence. Même traitement pour la thèse <strong>de</strong> M. PITZ : pour le NL Vilcey-sur-Trey [80], lesauteurs envisagent les explications <strong>de</strong> NÈGRE (« on peut imaginer, à la suite <strong>de</strong> Nègre ») <strong>et</strong> <strong>de</strong>DAUZAT ; il n’est, en revanche, fait aucune référence explicite au travail <strong>de</strong> M. PITZ : tout justeapprend-on, à la toute fin du paragraphe consacré à ce toponyme, que « la première attestation <strong>de</strong>Vilcey-sur-Trey montre cependant que le nom était d’abord formé sur le dérivé médiéval <strong>de</strong> villa :villare ». L’ouvrage n’est pas davantage cité dans le chapitre consacré aux « villers » [80-83].Au début <strong>de</strong> leur monographie, les auteurs préviennent le lecteur : « pour ne pas alourdir l<strong>et</strong>exte par <strong>de</strong>s notes bibliographiques trop importantes, nous avons signalé nos références parquelques abréviations <strong>et</strong> le plus souvent par les <strong>noms</strong> <strong>de</strong>s auteurs au fil du texte » [4]. Le moinsque l’on puisse dire est que l’objectif a été atteint : avec moins <strong>de</strong> cent références explicites, pourbeaucoup du type « selon Dauzat » [37], « comme le suggère Nègre » [43] ou encore « Lebelexplique » [52], le texte n’est vraiment pas surchargé. Il est toutefois fréquent que le lecteurrencontre <strong>de</strong>s formulations encore plus vagues comme « d’autres y voient », « une autre hypothèsea été avancée pour ce nom » [24], « d’autres hypothè<strong>ses</strong> ont été avancées » [25], « selon certains »[29], « certains y voient » [31], « d’autres hypothè<strong>ses</strong> ont été avancées » ou encore « <strong>de</strong>sexplications […] ont été avancées » [33]. Certaines sources seraient donc avouables, d’autres non.Mais qui sont ces « autres » ? Pour le découvrir, le lecteur n’aura, dans la plupart <strong>de</strong>s cas, qu’àconsulter les notices correspondantes <strong>de</strong> WIRTH (2004) dans lesquelles sont citées <strong>et</strong> référencéesles différentes explications proposées pour ces mêmes NL. Par exemple, selon les auteurs, Vého« pourrait être un nom germanique <strong>de</strong> la saulaie, composé <strong>de</strong> *wida "saule" <strong>et</strong> *hulta "bois" » [42].C<strong>et</strong>te explication a été avancée par M. PITZ (op. cit., p. 103). L’étymologie proposée par M.BENOÎT <strong>et</strong> C. <strong>MICHEL</strong> pour Repaix [67] trouve sa source dans le même article, p. 248. Làencore, aucune référence n’est faite à l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> M. PITZ.Certes, ce p<strong>et</strong>it ouvrage ne comporte pas d’horreurs telles qu’on peut en trouver danscertaines publications. On regr<strong>et</strong>tera cependant que <strong>de</strong>s auteurs ayant reçu une formation45 PITZ, Martina. 2002. « In pago Albense/Albechowa : onomastische Reflexe frühmittelalterlicherMischsiedlung von Franken und Romanen im heute romanophonen Lothringen ». In : ERNST,P<strong>et</strong>er/HAUSNER, Isol<strong>de</strong>/SCHUSTER, Elisab<strong>et</strong>h/WIESINGER, P<strong>et</strong>er. Ortsnamen und Siedlungsgeschichte.Akten <strong>de</strong>s Symposiums in Wien von 28.-30. September 2000. Hei<strong>de</strong>lberg : Winter, p. 95-106.19


Nouvelle Revue d’Onomastique n° 49-50 – 2008universitaire poussée passent sous silence <strong>de</strong>s travaux récents tout en s’en inspirant parfois,<strong>de</strong> façon directe ou indirecte : c’est là, pensons-nous, un travers méthodologique bien plus grandque le manque <strong>de</strong> connaissances.Au<strong>de</strong> WIRTHGUELLIOT, Octave. 1997-2007. Dictionnaire historique <strong>de</strong> l’arrondissement <strong>de</strong>Vouziers. Édition mise au point par <strong>Michèle</strong> SANZÉ <strong>et</strong> Michel TAMINE. Charleville-Mézières : Éditions Terres Ar<strong>de</strong>nnai<strong>ses</strong>. 10 vol.L’année 2007 a vu s’achever la publication du Dictionnaire historique <strong>de</strong> l’arrondissement<strong>de</strong> Vouziers avec la sortie du dixième <strong>et</strong> <strong>de</strong>rnier volume. L’ouvrage, d’une présentationremarquablement soignée, est abondamment illustré. Des reproductions <strong>de</strong> l’époque, c’est-à-direessentiellement <strong>de</strong> la première moitié du XX e siècle, auxquelles se joignent <strong>de</strong> nombreux schémas<strong>et</strong> croquis – l’auteur semble avoir toujours eu un crayon à la main – ren<strong>de</strong>nt perceptibles lesréférents qui sont traités dans le texte. Conformément aux lois du genre, une large place est faiteaux familles seigneuriales qui se sont succédées aux postes <strong>de</strong> comman<strong>de</strong>, à leur généalogie, àleurs rivalités, à leurs transactions, ainsi qu’aux grands hommes ; mais Octave GUELLIOT étaitun esprit largement ouvert, <strong>et</strong> en dépit <strong>de</strong> <strong>ses</strong> fonctions <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cin <strong>et</strong> <strong>de</strong> chirurgien, il a trouvé l<strong>et</strong>emps <strong>de</strong> laisser parler <strong>ses</strong> goûts <strong>et</strong> d’exercer <strong>ses</strong> talents dans diver<strong>ses</strong> disciplines vers lesquelles leportait son attachement à la région <strong>de</strong> Vouziers. Il a pratiqué l’archéologie : il emploie la premièrepersonne quand il parle <strong>de</strong> telle fouille : « En 1903, j’ai fouillé […] » (t. IV, p. 74), <strong>et</strong> surtout il acollectionné les obj<strong>et</strong>s qui se rapportaient à c<strong>et</strong>te discipline. Sa curiosité ne pouvait manquer <strong>de</strong> luifaire rencontrer l’onomastique : il traite <strong>de</strong> ce domaine non comme un spécialiste, ce qu’il neprétend pas être, mais toujours avec une intelligence <strong>et</strong> une culture exemplaires.Un article substantiel du Dictionnaire est tout entier consacré à la toponymie (t. IX, p. 53-61). Il y récapitule les remarques dispersées qu’il a faites dans l’ensemble <strong>de</strong> l’ouvrage. Ilcommence par quelques considérations générales, puis abor<strong>de</strong> la question <strong>de</strong>s changements <strong>de</strong>nom pour laquelle <strong>ses</strong> travaux d’historien lui donnaient une expérience particulière. Inutile <strong>de</strong>chercher bien loin les origines d’Acy <strong>et</strong> <strong>de</strong> Livry qui sont le résultat <strong>de</strong> transferts <strong>de</strong> titresseigneuriaux. Le maître incontesté est pour lui Auguste LONGNON dont il fait l’éloge à plusieursrepri<strong>ses</strong> <strong>et</strong> qui réunit les trois qualités requi<strong>ses</strong> pour faire un bon onomasticien : linguiste,topographe, historien. Ainsi, il considère la publication du Dictionnaire topographique <strong>de</strong> laMarne (1891) comme une révolution inaugurant ce qu’il appelle « la pério<strong>de</strong> Longnon ». Il se livreensuite à une perspective historique en commençant par l’époque celtique, non sans avoir faitquelques remarques pru<strong>de</strong>ntes sur celle qui l’a précédée : « un certain nombre <strong>de</strong> <strong>noms</strong> <strong>de</strong> rivièresont probablement antérieurs », <strong>et</strong> il cite Axona « l’Aisne » <strong>et</strong> Rotona « la R<strong>et</strong>ourne ». Pour ce<strong>de</strong>rnier, Michel TAMINE rend hommage à la perspicacité <strong>de</strong> l’auteur. Les attestations les plusanciennes <strong>de</strong> la R<strong>et</strong>ourne ne comportaient pas <strong>de</strong> -r- interne ; celui-ci est dû à l’attraction du verber<strong>et</strong>ourner, attraction d’autant plus agissante que le cours est très sinueux 46 . GUELLIOT rapprochele Rotumnam carolingien du microtoponyme Rotonum, village <strong>et</strong> moulin disparus, attestés au XIII esiècle : le terroir <strong>de</strong> la commune, Mont-Saint-Remy, avait son centre près <strong>de</strong> la R<strong>et</strong>ourne, à peuprès au confluent du ruisseau <strong>de</strong> Saint-<strong>La</strong>mbert, entre Mont-Saint-Remy <strong>et</strong> Ville-sur-R<strong>et</strong>ourne.Nous pouvons nous reporter à un plan <strong>de</strong> ce secteur <strong>de</strong>ssiné par l’auteur (t. VI, p. 76).46 TAMINE, Michel. 2007. « Toponymie <strong>et</strong> hydronymie dans le département <strong>de</strong>s Ar<strong>de</strong>nnes ». In : TAMINE,Michel/HERBIN, Jean-Charles (dir.). Espace représenté espace dénommé. Géographie, cartographie,toponymie. Valenciennes : Pres<strong>ses</strong> Universitaires, p. 359-390, p. 381-382.20


Comptes rendusDans son ouvrage Le terroir <strong>de</strong> l’Oise 47 , Michel ROBLIN avait eu l’idée d’analyserR<strong>et</strong>hon<strong>de</strong>s (60) comme un terme suffixé en -ona <strong>et</strong> en avait rapproché Aron<strong>de</strong> ; R<strong>et</strong>hon<strong>de</strong>s serait« peut-être le nom primitif du Fourchon qui se j<strong>et</strong>te ici dans l’Aisne ». R<strong>et</strong>ourne <strong>et</strong> R<strong>et</strong>hon<strong>de</strong>spourraient donc se confirmer réciproquement. <strong>La</strong> masse <strong>de</strong>s <strong>noms</strong> en -y, formés d’unanthroponyme suffixé en -acum, est considérée comme « le gros morceau » <strong>de</strong> l’héritage romain.L’auteur en a dressé une liste <strong>de</strong> quarante-cinq unités accompagnée d’une carte qui fait apparaîtreleur répartition ; ils sont concentrés essentiellement le long <strong>de</strong> la vallée <strong>de</strong> l’Aisne. Quant àl’explication par un anthroponyme suffixé en -acum, GUELLIOT avoue qu’il éprouve quelquesdoutes « non pas sur la réalité <strong>de</strong>s faits, mais sur sa systématisation ». Certains <strong>noms</strong> en -ysemblent avoir une autre origine, <strong>et</strong> il cite Bussy (à Bourcq, Leffincourt, Séchault) qui semblevenir plutôt <strong>de</strong> buxētum « buis » que <strong>de</strong> Buc(c)us, <strong>et</strong> Saulcy (Saint-Morel) qui vient certainement<strong>de</strong> salicētum « lieu planté <strong>de</strong> saules ». Pour l’époque dite « gallo-franque <strong>et</strong> germanique », il aétabli une liste <strong>de</strong> douze unités ; celle <strong>de</strong>s <strong>noms</strong> en mont <strong>et</strong> en val compte respectivement dix-neuf<strong>et</strong> douze unités. GUELLIOT a placé dans c<strong>et</strong> article quelques remarques sur un composécaractéristique <strong>de</strong> la Champagne, summa (en français « somme »), suivi du nom <strong>de</strong> la rivière <strong>et</strong> quien indique la source. Rappelons que dans son ALCB, Henri BOURCELOT consacre la carte n°314 du 1 er volume à ce type d’hydronymes où l’adjectif substantif somme se trouve apposé au nomdu cours d’eau. Les exemples qu’il cite recoupent ceux du Dictionnaire historique : Sommauthe,Sommerance, Semi<strong>de</strong>. Mais l’enquête d’Henri BOURCELOT est dialectologique <strong>et</strong> les formes quifigurent dans l’atlas sont <strong>de</strong>s répon<strong>ses</strong> à une question : cela laisse entendre que la motivation <strong>de</strong> lasérie toponymique n’est pas totalement oubliée. Les exemples situés le plus à l’ouest font partie dudépartement <strong>de</strong> l’Aisne où nous avons Sommelans <strong>et</strong> peut-être Sommeron, <strong>lieux</strong> où le ruisseaud’Allan <strong>et</strong> l’Aron (?) prennent leur source. « Ailleurs, on dit chef » : nous lisons cependant que leruisseau <strong>de</strong> Saulces prend sa source à la Fontaine du chef <strong>de</strong> la Rivière (t. VIII, p. 9, cf. carte <strong>de</strong> lap. 8). Autre remarque touchant l’eau : gué ou wé ne désigne pas le passage d’un cours d’eau maissouvent une mare ou un abreuvoir. Les cartes postales ai<strong>de</strong>nt le lecteur à se représenter ces <strong>lieux</strong>autrefois très animés aux heures où les bêtes s’y rendaient avec leurs conducteurs. L’auteur citeLongwé, Gué-la-Comtesse, une forme en wé <strong>et</strong> une autre en gué. Une carte postale <strong>de</strong> Jonville (t.V, p. 32) a pour légen<strong>de</strong> « Le gué, la pêche miraculeuse », une autre « Le gué <strong>de</strong> Tannay aucoucher du soleil » (t. VII, p. 15). Le même paysage est appelé abreuvoir pour Châtillon-sur-Bar(t. III, p. 49) <strong>et</strong> Monthois (t. VI, p. 60), ce qui laisse entendre une synonymie <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux vocables.Le gué « passage <strong>de</strong> la rivière » peut s’appeler wey, ex. Wey <strong>de</strong> Coussancourt ou Wey du Mortierselon <strong>de</strong>s documents du XIV e siècle (t. III, p. 47).L’article n’est, au dire <strong>de</strong> son auteur, qu’une esquisse, c’est-à-dire qu’il peut être affiné <strong>et</strong>complété. Parmi les <strong>noms</strong> mentionnés comme dépourvus jusqu’ici d’étymologie, nous remarquonsCoulommes. Ce village s’est établi près d’une voie romaine <strong>et</strong> peut-être d’un carrefour. Noussommes tenté <strong>de</strong> proposer un étymon columna « colonne » même si c<strong>et</strong>te origine ne semble pasconfirmée par l’archéologie. Une forme bien attestée en ancien français, colombe, comporte legroupe -mb-, variante <strong>de</strong> -mm-. L’étu<strong>de</strong> capitale <strong>de</strong> Louis REMACLE 48 contient uneargumentation très bien étayée sur ce point. Parallèlement, l’évolution <strong>de</strong> Sindunum, l’un <strong>de</strong>svocables d’origine gauloise, en Senuc, offre un exemple <strong>de</strong> la variation NN/ND. Aubry <strong>de</strong> TroisFontaines fournit ainsi la graphie Senu au XIII e siècle. Nous nous sommes livré, d’autre part, à unessai d’étymologie <strong>de</strong> Vouziers dans un article <strong>de</strong> la NRO 49 .47 Paris : Picard, 1978, p. 91, n. 28.48 REMACLE, Louis. 1984. <strong>La</strong> différenciation <strong>de</strong>s géminées MM, NN en MB, ND. Paris : Les Belles L<strong>et</strong>tres.49 CHAURAND, Jacques. 1997. « Un habitat parmi les arbres. Le nom <strong>de</strong> Vouziers (Ar<strong>de</strong>nnes) ». NRO 29-30,p. 169-174.21


Nouvelle Revue d’Onomastique n° 49-50 – 2008Nous ferons quelques remarques qui nous ont été suggérées par notre lecture. T. I, p. 71,Aure : pour GUELLIOT, le nom du village vient du ruisseau qui l’arrose, l’Alin, hypothèseconfirmée par Paul LEBEL qui analyse Alin comme le cas régime d’un « ancien *ala qui flue àAure, *Alara, puis Alra » 50 . Le cas régime d’Ala pourrait être représenté dans le Soissonnais par lenom du ruisseau d’Allan (Rû d’Allain, 1567, selon Jean-<strong>Clau<strong>de</strong></strong> MALSY 51 ) qui prend sa source àSommelans, attesté sous la forme Summelent en 1145 (ibid., III, p. 527) : ce ruisseau traçait lalimite entre le comté <strong>de</strong> Soissons <strong>et</strong> le duché <strong>de</strong> Valois.T. III, p. 43, Chemin <strong>de</strong> la Haute Chevauchée : c<strong>et</strong> odonyme <strong>de</strong> Châtel(-Chéhéry) est àrapprocher <strong>de</strong> ce que dit Jean BABIN 52 . Le même nom s’applique à un chemin attesté <strong>de</strong>puis 1170<strong>et</strong> qui suivait les crêtes <strong>de</strong> la forêt d’Argonne. Son tracé est encore visible « entre le bois <strong>de</strong> Châtel(Ar<strong>de</strong>nnes) <strong>et</strong> le carrefour <strong>de</strong> la Croix <strong>de</strong> Pierre où il rejoignait la gran<strong>de</strong> route <strong>de</strong> Reims àTrèves ». Selon Jean BABIN, ce chemin doit son nom au fait que l’on pouvait y passer à cheval,par opposition à ceux qui n’étaient praticables qu’à pied <strong>et</strong> à dos <strong>de</strong> mul<strong>et</strong>.T. IV, p. 79, Grandham : les problèmes que pose le toponyme han ont été traités par MichelTAMINE dans un article soli<strong>de</strong>ment documenté 53 . Granham, qui fait partie <strong>de</strong>s quatre communesar<strong>de</strong>nnai<strong>ses</strong> citées au début <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong>, est plusieurs fois mentionné. Le plan <strong>de</strong>ssiné du village faitapercevoir une large courbe que trace le cours <strong>de</strong> l’Aisne à c<strong>et</strong> endroit. Cependant MichelTAMINE m<strong>et</strong> en gar<strong>de</strong> contre la systématisation d’une explication par le gaul. cambo « courbe »qui aurait été remplacé par le germ. ham : un examen plus approfondi fait apparaître que lamajorité <strong>de</strong>s exemples s’applique à <strong>de</strong>s zones <strong>de</strong> pâturages que bor<strong>de</strong> un cours d’eau ; les zonespeuvent correspondre à <strong>de</strong>s bois, ce qui n’a rien d’inattendu, étant donné les usages <strong>de</strong> l’époquedans le pays. Les exemples que nous avons relevés en Thiérache confirment les remarques <strong>de</strong>Michel TAMINE. À Étréaupont (02), le lieu-dit Les Hans désigne une zone <strong>de</strong> pâturages qui apour voisines L’erculée <strong>de</strong>s Rosières (<strong>La</strong> Reculée <strong>de</strong>s R.) <strong>et</strong> <strong>La</strong> Mortoise (prononciation locale elmortouèze selon l’enquête <strong>de</strong> R. LORIOT en 1947), désignation d’un bras mort <strong>de</strong> l’Oise. Selon lamême source, Le Hant (prononcé L’hant) à Erloy (02) se trouve situé dans une zone <strong>de</strong> pâturagesdont font partie les <strong>lieux</strong>-dits suivants : Les Saules Jean Lefèvre (prononcé Les seules […]),L’aune, Le gros Saule (prononcé L’gros seule). En allant encore plus à l’ouest, nous trouvons lelieu-dit Le Han à Ognes, aux portes <strong>de</strong> Chauny (02), dans la vallée <strong>de</strong> l’Oise ; le nom s’applique àune terre cultivée selon l’enquête <strong>de</strong> 1947, mais c’est le cas le plus fréquent dans ce terroir où lespâturages n’ont pas été autant en faveur que dans la Thiérache <strong>de</strong> la <strong>de</strong>uxième moitié du XIX esiècle. Ognes n’est pas très éloigné <strong>de</strong> Ham (80) <strong>et</strong>, sans c<strong>et</strong>te proximité, le toponyme resterait trèsisolé dans le département <strong>de</strong> la Somme où le cadastre napoléonien n’en fournit pas d’autreexemple.T. V, p. 47 <strong>La</strong>m<strong>et</strong>z : « Le nom primitif est <strong>La</strong>mer, var. <strong>La</strong>mers, qu’on rencontre à partir <strong>de</strong>1235 ». Il correspond à Lemé (02), à cela près que l’article a été traité à la façon picar<strong>de</strong> dans lesecond exemple. On explique mare par la présence d’un étang dans le terroir ancien <strong>de</strong> Lemé. Unediscussion étymologique est rapportée à la p. 50 à propos d’une dépendance : Les Mares,anciennement Mars. <strong>La</strong> conclusion est qu’il est préférable d’i<strong>de</strong>ntifier le siège <strong>de</strong> l’abbaye <strong>de</strong> Marifondée vers 1150, par un comte <strong>de</strong> R<strong>et</strong>hel, avec <strong>La</strong>m<strong>et</strong>z, ce qui perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> reculer la premièreattestation du toponyme, mais laisse Les Mares sans étymologie. L’emploi du pluriel est attribué50 LEBEL, Paul. 1956. Principes <strong>et</strong> métho<strong>de</strong>s d’hydronymie française. Dijon : Bernigaud <strong>et</strong> Privat, p. 260.51 MALSY, Jean-<strong>Clau<strong>de</strong></strong>. 1999-2001. Les <strong>noms</strong> <strong>de</strong> lieu du département <strong>de</strong> l’Aisne. 3 vol., Paris : SFO, I, p. 23.52 BABIN, Jean. 1951. Les <strong>lieux</strong>-dits <strong>de</strong> la commune <strong>de</strong> Boureuilles. Étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> caractérisation toponymique.Paris : Klincksieck, p. 43.53 TAMINE, Michel. 1993. « Le microtoponyme ar<strong>de</strong>nnais Ham ». In : TAVERDET, Gérard/CHAURAND,Jacques (dir.). Onomastique <strong>et</strong> langues en contact. Actes du colloque tenu à Strasbourg, septembre 1991.Dijon : ABDO, p. 143-162.22


Comptes rendusau fait que Mars, situé sur les confins <strong>de</strong> <strong>La</strong>m<strong>et</strong>z <strong>et</strong> <strong>de</strong> Montgon, se partage entre <strong>de</strong>ux terroirs. <strong>La</strong>consonne finale ne se prononçait pas, comme dans le mois <strong>de</strong> mars, <strong>et</strong> la graphie Les Mares estrécente. <strong>La</strong> discussion rebondit à propos <strong>de</strong> Marcq (t. VI, p. 19). S’agit-il <strong>de</strong> Mard provenant <strong>de</strong>Medarcum, d’où Médard <strong>et</strong> Mard, ou <strong>de</strong> marca, appellatif d’origine germanique, pour la zonefrontalière <strong>et</strong> le territoire ? L’homonymie est, comme bien souvent, troublante.T. V, p. 62, L’Adhuy : L’Adhuy est une grosse ferme à l’extrémité est du terroir <strong>de</strong> <strong>La</strong>ndres.GUELLIOT cite les conjectures qu’ont faites divers linguistes <strong>et</strong> érudits sur l’origine <strong>de</strong> ce vocablequi correspondrait à <strong>La</strong> Duis (« fontaine, canal »). « Pour Berthaut <strong>et</strong> Matruch<strong>et</strong>, cela vientd’aquaeductus "aqueduc" ? Felice fait dériver Dhuys <strong>de</strong> dives, divos, "divin" ? Le Dr <strong>La</strong>pierre faitplus simplement observer que ce nom semble indiquer un point d’eau <strong>et</strong> que tout proche est leGouffre <strong>de</strong> l’Adhuy, source d’origine du ruisseau <strong>de</strong> <strong>La</strong>ndres. Quelques lignes plus loin, il faitréférence au moulin <strong>et</strong> à l’étang <strong>de</strong> l’Adhuy quid (corr. quod) dicitur <strong>de</strong> la Duiz dans un document<strong>de</strong> 1209. <strong>La</strong> conjecture <strong>de</strong> Raoul <strong>de</strong> Felice mérite-t-elle un point d’interrogation <strong>de</strong> plus que laprécé<strong>de</strong>nte ? Deuos est le correspondant gaulois <strong>de</strong> <strong>de</strong>us "dieu" ». <strong>La</strong> forme féminine Deua est unnom fréquent <strong>de</strong> rivière : Dieue (Meuse), Dives (Oise) <strong>et</strong>c. 54 . <strong>La</strong> séquence -iu- a pu être inversée en-ui- comme dans suit, du verbe suivre, pour un ancien siut. Ainsi s’expliquerait le genre féminin,tandis que duit, bien attesté, provenant <strong>de</strong> ductum, est un nom masculin, avec le sens voisin pournous <strong>de</strong> « canal, conduit ». Nous r<strong>et</strong>rouvons le thème diua avec suffixe dans Dionne, <strong>noms</strong>upplanté par Sainte-Vaubourg à l’époque carolingienne.Le nom d’une ferme <strong>de</strong> la même commune, Les Hazoirs ou, selon la prononciation locale,Les Hazois, est attesté du XVI e siècle à la Révolution. Il est probable que hazoirs « broussailles »provient du frc. *haisi. Des exemples <strong>de</strong> la forme avec le sens apparaissent en ancien lorrain <strong>et</strong> enancien picard (FEW XVI, 121a).T.VI, p. 11 Manre : la première attestation, Menra, est <strong>de</strong> 1008 ; -a- n’apparaît qu’ensuitedans la première syllabe (Manra, 1346), ce qui est tout à fait conforme à l’histoire phonétique dufrançais. L’interprétation du nom, qui aurait la signification <strong>de</strong> « moindre, <strong>de</strong> peu <strong>de</strong> valeur », lerapproche pour le sens du substantif patois manr<strong>et</strong>é « pauvr<strong>et</strong>é » en parlant <strong>de</strong>s cho<strong>ses</strong>. Le sol étaitjadis peu fertile, remarque GUELLIOT, mais on peut se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r si l’auteur ne tire pas sonjugement d’une interprétation qu’il a donnée du nom ou s’il a d’autres justifications. Il sera <strong>de</strong>nouveau question <strong>de</strong> manra à propos <strong>de</strong> Marvaux (t. VI, p. 31), probablement « vallée peufertile » : le composé Menravallis est attesté c<strong>et</strong>te fois dans un texte d’Hincmar, archevêque <strong>de</strong>Reims <strong>de</strong> 845 à 882, <strong>et</strong> qui nous est parvenu grâce à Flodoard (lib. III, cap. X). Il est impossible <strong>de</strong>rapprocher manre <strong>de</strong> l’a. fr. mandre qui signifie « bergerie » : on n’observe pas <strong>de</strong> développement<strong>de</strong> la consonne épenthétique dans une gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> la Champagne. <strong>La</strong> qualité <strong>de</strong> la terre peutavoir sa pertinence dans la recherche étymologique : une opposition peut s’établir entre <strong>de</strong>s ouches<strong>et</strong> <strong>de</strong>s terrains <strong>de</strong> moindre rapport : ainsi le latin tardif olca pouvait désigner, selon Grégoire <strong>de</strong>Tours, une terre proche <strong>de</strong> la basilique Saint-Remi qualifiée <strong>de</strong> « fertile » (foecundus) par leshabitants <strong>de</strong> l’époque, selon Flodoard (lib. I, cap. XX) ; nous avons ainsi le toponyme Oches, avecchute <strong>de</strong> l préconsonantique comme il est fréquent en champenois (t. VII, p. 3).Le lecteur non averti est tenté <strong>de</strong> ranger Pauvre dans la même rubrique que Manre. MaisGUELLIOT nous en dissua<strong>de</strong> : le nom primitif est polra ou pora, glosé par DC VII, 26 terrapalustris exsiccata, c’est-à-dire « terre <strong>de</strong> marécage <strong>de</strong>sséchée ». Dans le FEW, on r<strong>et</strong>rouve souspol<strong>de</strong>r une traduction <strong>de</strong> la glose <strong>de</strong> DU CANGE : polre « marais <strong>de</strong>sséché » (1269-1331). Selonle FEW (XVI, 644a), il s’agirait d’un emprunt au néerlandais, mais je dois à Mme Martina PITZ,que je remercie bien vivement, la suggestion suivante : « Peut-on être vraiment sûr qu’il ne s’agit54 DELAMARRE, Xavier. 2003 2 . Dictionnaire <strong>de</strong> la langue gauloise. Une approche linguistique du vieuxceltiquecontinental. Paris : Errance, p. 142.23


Nouvelle Revue d’Onomastique n° 49-50 – 2008pas d’un emprunt plus ancien à l’ancien francique, d’autant plus que la chute <strong>de</strong> l sembleaccomplie ? Le seul argument plaidant en faveur d’un emprunt récent au néerlandais est l’absenced’attestations antérieures à 1142 en moyen néerlandais, mais le mot apparaît en néerlandais avecun sémantisme qui semble bien plus récent, car plus « spécialisé », que celui <strong>de</strong>s empruntsgalloromans, à savoir « endiguement d’une région fertile gagnée sur la mer » <strong>et</strong> non « terre <strong>de</strong>marécage désséchée ». Pourquoi les emprunts galloromans ne traduiraient-ils pas le sens primitifdu mot ? ». Et l’auteure <strong>de</strong> ces lignes appelle <strong>de</strong> <strong>ses</strong> vœux une étu<strong>de</strong> plus approfondie <strong>de</strong> celexème.T. VI, p. 39, Les Sugnons, t. VIII, p. 92, Suzanne : un lieu-dit <strong>de</strong> la commune <strong>de</strong>Montcheutin, <strong>La</strong> terre <strong>de</strong>s Sugnons, donne son nom à un ruisseau qui prend sa source dans le bois<strong>de</strong>s In<strong>de</strong>s <strong>et</strong> d’autre part à la Fontaine Saint-Pierre, pour se j<strong>et</strong>er dans l’Alin, près <strong>de</strong> Challerange.Le nom est glosé par « sureaux ». Dans la série placée sous la rubrique Flore que nous lisons dansl’article Toponymie, nous avons un autre nom <strong>de</strong> la plante : « Sureau, vulgairement suzain, peutêtresuzanne » . Du terroir <strong>de</strong> Suzanne, toponyme étudié t. VIII, p. 92, proviennent plusieurshaches néolithiques <strong>de</strong> la collection <strong>de</strong> GUELLIOT, ce qui laisse supposer un habitat très ancien.Cependant, les attestations sont relativement récentes, <strong>et</strong> l’auteur aime mieux ranger Suzanneparmi « les nombreu<strong>ses</strong> localités qui doivent leur nom à un arbre, ici le sureau, en patois suzon,suzeau, suzain. <strong>La</strong> forme Suzainne est en eff<strong>et</strong> la plus usitée autrefois » ; elle prédomine dans lesattestations <strong>de</strong> la fin du XIII e siècle <strong>et</strong> au XIV e siècle ; <strong>de</strong> plus, une allusion est faite à la« prononciation locale » actuelle qui serait Suzaine. <strong>La</strong> carte <strong>de</strong>s <strong>noms</strong> du sureau se trouve dans l<strong>et</strong>ome III <strong>de</strong> l’ALCB « (Le) sureau noir », n° 772. Dans l’arrondissement <strong>de</strong> Vouziers, nous voyonsfigurer presque exclusivement suzon (dans un cas isolé, la consonne initiale est <strong>de</strong>venuechuintante). Sugnon a été relevé dans les points 34 <strong>et</strong> 35 qui font partie <strong>de</strong>s cantons <strong>de</strong> Mouzon <strong>et</strong><strong>de</strong> Carignan, situés un peu à l’est ; suzain apparaît aux points 49, 54, 57, 58, 61, c’est-à-dire unpeu plus au sud, dans la partie septentrionale du département <strong>de</strong> la Marne. <strong>La</strong> carte estinterprétable comme révélant une poussée <strong>de</strong> la forme dominante aux extrémités <strong>de</strong> l’aire lexicale.T. VIII, p. 29, Séchault : dans Les <strong>noms</strong> <strong>de</strong> lieu <strong>de</strong> la France (n° 652), LONGNON fait venirSéchault <strong>de</strong> siccus salix « sec saule ». GUELLIOT commente ainsi c<strong>et</strong>te interprétation : « J’avoueque ce salix me laisse incrédule <strong>et</strong> l’on ne voit pas bien un saule accolé à une idée <strong>de</strong> sécheresse ».L’argument est cependant discutable car le saule peut s’être <strong>de</strong>sséché sous l’eff<strong>et</strong> <strong>de</strong> conditionspeu favorables à sa végétation <strong>et</strong> avoir continué à servir <strong>de</strong> repère. Plutôt qu’un masculin, jeverrais en l’occurrence un féminin sicca salix, plus conforme au genre habituel <strong>de</strong> ce nom d’arbre<strong>et</strong> qui expliquerait à souhait la chuintante. Marie-Thérèse MORLET fait venir le nom d’unanthroponyme germanique, Sicwald, <strong>et</strong> y voit un exemple d’anthroponyme en emploi absolu<strong>de</strong>venu nom <strong>de</strong> lieu 55 . L’absence d’attestations suffisamment anciennes rend le choix difficile maisl’étymologie suggérée par LONGNON semble tout à fait soli<strong>de</strong> ; Sicwald fait attendre plutôtSicaud.T. IX, p. 132 : un article est consacré aux vignes ; il est illustré par <strong>de</strong>ux cartes grâceauxquelles nous pouvons voir leur répartition le long <strong>de</strong> la vallée <strong>de</strong> l’Aisne en amont <strong>de</strong> Givry <strong>et</strong>d’Attigny <strong>et</strong> <strong>de</strong>s p<strong>et</strong>its affluents qui se j<strong>et</strong>tent dans la rivière vers c<strong>et</strong> endroit. Les conditions <strong>de</strong>prospérité tenaient au terrain <strong>et</strong> à l’exposition. Le terrain crétacé – surtout la gaize, abondante enArgonne – était propice à la culture, d’où le nom <strong>de</strong> vin <strong>de</strong> gaiz<strong>et</strong>te donné à un produit apprécié<strong>de</strong>s connaisseurs. Le dérivé gaiz<strong>et</strong>te figure sur la carte 241 <strong>de</strong> l’ALCB consacré à la gaize : il estlocalisé dans les cantons d’Attigny <strong>et</strong> <strong>de</strong> Machault.55 1985. Les <strong>noms</strong> <strong>de</strong> personne sur le territoire <strong>de</strong> l’ancienne Gaule. Paris : CNRS : Sicwald, Sechau 1223,445a ; 1997. Dictionnaire étymologique <strong>de</strong>s <strong>noms</strong> <strong>de</strong> famille. Paris : Perrin, p. 893b.24


Comptes rendusT. X, p. 104, Écharson « échalas » : Écharson est le nom d’une maison fondée à Vrizy entre1138 <strong>et</strong> 1202 <strong>et</strong> <strong>de</strong>venue prieuré ; elle appartenait à Saint-Remi <strong>de</strong> Reims. <strong>La</strong>curne [<strong>de</strong> SaintePalaye] cite un texte <strong>de</strong> 1419, dont la localisation ne nous est malheureusement pas donnée : sixjarbes (gerbes) d’escalas ou escharçons. L’ALCB a une carte échalas (t. II, 485) : écharçon est l<strong>et</strong>erme dominant dans c<strong>et</strong>te région à l’époque <strong>de</strong> l’enquête. Dans le domaine d’Écharson, les vignessont mentionnées dans un état <strong>de</strong> 1751 (5 quartels <strong>de</strong> vignes) <strong>et</strong> dans un titre <strong>de</strong> 1781-1782 (166verges, la verge représentant environ 1/100 e d’arpent). On remarquera que le nom <strong>de</strong> lieu est ausingulier <strong>et</strong> sans article. Il est difficile d’affirmer que le nom est plus ancien que la fondation <strong>de</strong> lamaison : la plus ancienne attestation du Chêne [populeux] est du milieu du XIII e siècle, lesprécé<strong>de</strong>ntes étant en latin. Rappelons la Duiz pour l’Adhuy en 1209.Nous n’avons fait que donner une idée <strong>de</strong> ce que le lecteur peut trouver dans c<strong>et</strong> ouvraged’une richesse peu commune. Le département <strong>de</strong>s Ar<strong>de</strong>nnes est encore dépourvu <strong>de</strong> dictionnair<strong>et</strong>opographique : pour l’arrondissement <strong>de</strong> Vouziers, le Dictionnaire y supplée <strong>et</strong> va même au-<strong>de</strong>là.GUELLIOT s’est intéressé à l’agriculture, au paysage, aux maisons <strong>et</strong> à ce que le passé y a laissé<strong>de</strong> traces. Les vignobles, quasi disparus aujourd’hui, sont révélés par la microtoponymiequ’épaulent dans l’ouvrage <strong>de</strong>s cartes manuscrites. L’industrie métallurgique, représentée enparticulier par <strong>ses</strong> forges, est présente, elle aussi, dans la microtoponymie. Le Dictionnaire ai<strong>de</strong> lelecteur à se représenter ce que fut ce pays, sinistré à la fois par les guerres <strong>et</strong> l’évolutionéconomique, qui connut <strong>de</strong>s heures <strong>de</strong> gloire <strong>et</strong> où ont vécu <strong>de</strong>s générations <strong>de</strong> paysans, <strong>de</strong>bûcherons <strong>et</strong> d’artisans. Le travail auquel se sont livrés <strong>Michèle</strong> SANZÉ <strong>et</strong> Michel TAMINE, <strong>et</strong>qui <strong>de</strong>mandait beaucoup <strong>de</strong> compétence <strong>et</strong> <strong>de</strong> ténacité, a porté <strong>ses</strong> fruits. Nous en sommes lesheureux bénéficiaires <strong>et</strong> nous ne manquerons pas <strong>de</strong> le faire valoir.Jacques CHAURANDGERMAIN, Jean/GENETTE, Louis. 2005. Toponymie <strong>de</strong> Spontin <strong>et</strong> <strong>de</strong> Durnal(commune d’Yvoir). Liège : G. Michiels, 244 p. (Mémoires <strong>de</strong> la Commission royale <strong>de</strong>Toponymie <strong>et</strong> <strong>de</strong> Dialectologie, section wallonne, 24).Si les onomasticiens connaissent bien Jean GERMAIN pour sa participation à PatRom <strong>et</strong> <strong>ses</strong>recherches sur l’anthroponymie <strong>et</strong> la toponymie wallonnes, ils ne connaissent en revanche sansdoute pas Louis GENETTE. Jean GERMAIN, dans son avant-propos, nous apprend qu’il est « un<strong>de</strong> [<strong>ses</strong>] amis, aussi bon connaisseur qu’historien passionné du village <strong>de</strong> Spontin » [1]. Tous <strong>de</strong>uxont déjà édité ensemble un ouvrage collectif sur Spontin, Spontin d'eau <strong>et</strong> <strong>de</strong> pierre. Un villagemillénaire au centre <strong>de</strong> la Wallonie (2004. Spontin : « <strong>La</strong> Mémoire <strong>de</strong> Spontin », 2 vol., 829 p.,nombreu<strong>ses</strong> ill.). Spontin <strong>et</strong> Durnal sont <strong>de</strong>ux sections <strong>de</strong> la commune wallonne d’Yvoir (province<strong>de</strong> Namur) ; l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> leur toponymie a été associée dans un même ouvrage « parce que ces <strong>de</strong>uxcommunautés constituaient l’essentiel <strong>de</strong> la Seigneurie <strong>de</strong> Spontin – avec une partie <strong>de</strong> Dorinne <strong>et</strong><strong>de</strong> Purno<strong>de</strong> – <strong>et</strong> qu’elles ont partagé longtemps le même <strong>de</strong>stin jusqu’en 1850 » [1].Trois gran<strong>de</strong>s parties composent c<strong>et</strong> ouvrage : une introduction [3-28], une section consacréeà la toponymie <strong>de</strong> Spontin [29-134] <strong>et</strong> une autre portant sur celle <strong>de</strong> Durnal [135-243].L’introduction débute par un « bref aperçu historique <strong>et</strong> géographique » [3-7] <strong>et</strong> se continue par unchapitre assez rapi<strong>de</strong> sur la « situation dialectale » [7-8] ; l’« aperçu toponymique » [8-16] est unesynthèse dans laquelle les principaux toponymes <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux sections sont classés par thèmes (relief,eau, industrie, <strong>et</strong>c.). <strong>La</strong> « présentation <strong>de</strong>s articles » [16-18] ne se contente pas <strong>de</strong> les présenter :elle explique <strong>et</strong> justifie les choix qui ont été faits, tandis que le chapitre consacré aux « archivesdépouillées <strong>et</strong> [aux] enquêtes orales » [18-23] donne les cotes <strong>de</strong>s nombreux documents dépouillés25


Nouvelle Revue d’Onomastique n° 49-50 – 2008ainsi que les références <strong>de</strong>s sources éditées <strong>et</strong> les <strong>noms</strong> <strong>de</strong>s personnes interrogées lors <strong>de</strong>s enquêtesdialectales. <strong>La</strong> bibliographie sélective qui suit [23-27] ne reprend que les références <strong>de</strong>s principauxtravaux <strong>de</strong> toponymie <strong>et</strong> <strong>de</strong> dialectologie <strong>et</strong> celles <strong>de</strong>s publications relatives à Spontin <strong>et</strong> à Durnal ;pour les autres, renvoi est fait aux très complètes bibliographies existantes. L’introduction s<strong>et</strong>ermine par une liste <strong>de</strong>s abréviations usuelles [28]. <strong>La</strong> « toponymie <strong>de</strong> Spontin » <strong>et</strong> la « toponymie<strong>de</strong> Durnal » qui composent les <strong>de</strong>uxième <strong>et</strong> troisième parties <strong>de</strong> l’ouvrage suivent le même plan :l’étu<strong>de</strong> du nom du village est suivie par un glossaire <strong>de</strong>s <strong>lieux</strong>-dits ; les cartes à la fin <strong>de</strong> ceglossaire perm<strong>et</strong>tent <strong>de</strong> localiser ceux-ci. Dans le glossaire, le classement est alphabétique ;« priorité est donnée aux formes dialectales, mais les formes françai<strong>ses</strong> sont pri<strong>ses</strong> en compteaussi » [16]. Les composés sont rangés sous le simple : sous tri, par exemple, on trouve laid trieu,try bruard ou encore lès tris d’Salazène [122-123]. L’explication étymologique du mot simple estsuivie du classement <strong>de</strong>s différents composés en fonction <strong>de</strong> leur mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> composition, avec leursattestations anciennes classées par ordre chronologique croissant ; le lieu est assez souventlocalisé ; il arrive également que <strong>de</strong>s indications topographiques soient fournies. Certains NLcomposés ont cependant leur notice « à la place du déterminant préposé » parce qu’ils semblaientaux auteurs « constituer <strong>de</strong>s toponymes homogènes <strong>et</strong> autonomes » [17]. Pour ce type <strong>de</strong> NL, ladocumentation historique précè<strong>de</strong> l’explication étymologique. Un commentaire vient parfoiséclairer les motivations <strong>de</strong> l’attribution du nom ou en préciser les circonstances historiques ; il peutégalement indiquer l’évolution <strong>de</strong> l’emploi du toponyme ou s’intéresser à la répartition <strong>et</strong> àl’origine du lexème qui en est l’étymon.Les auteurs sont d’excellents connaisseurs <strong>de</strong> la région, aussi bien <strong>de</strong> son histoire que <strong>de</strong> salangue <strong>et</strong> <strong>de</strong>s sources, archives <strong>et</strong> publications, pour son étu<strong>de</strong> ; les nombreu<strong>ses</strong> référencesbibliographiques au fil du texte <strong>et</strong> l’abondance d’attestations anciennes pour chaque toponyme entémoignent. C<strong>et</strong>te parfaite maîtrise <strong>de</strong> la toponymie <strong>et</strong> <strong>de</strong>s disciplines qui lui sont liées perm<strong>et</strong> auxauteurs d’exposer puis <strong>de</strong> discuter les différentes explications étymologiques proposées jusqu’alors<strong>et</strong> d’en proposer <strong>de</strong> nouvelles qui emportent l’adhésion. Loin <strong>de</strong> pratiquer une étymologiemécanique se limitant à l’indication du sens <strong>de</strong> l’étymon, Jean GERMAIN <strong>et</strong> Louis GENETTEfont partager au lecteur leur étonnement ou leurs doutes ; ainsi pour le toponyme brik’trîye [44]s’interrogent-ils sur l’existence d’une briqu<strong>et</strong>erie à Spontin, arguant que « la brique a été très peuutilisée dans la construction traditionnelle » ; <strong>et</strong> <strong>de</strong> supposer : « en a-t-on ouvert une à c<strong>et</strong> endroitpour les besoins <strong>de</strong>s agrandissements du château, notamment <strong>de</strong> la ferme en 1622 ? ». Leur gran<strong>de</strong>connaissance <strong>de</strong> l’histoire <strong>de</strong> leur commune leur perm<strong>et</strong> ainsi d’apporter <strong>de</strong>s éléments historiquesprécis <strong>et</strong> pertinents à leur raisonnement.Le texte est servi par <strong>de</strong> nombreu<strong>ses</strong> illustrations en noir <strong>et</strong> blanc dont les sources sont citéessystématiquement. Les plus anciennes sont <strong>de</strong>s détails du plan cadastral [5, 65, 127] ou <strong>de</strong>s cartespostales anciennes [39, 50, 63, <strong>et</strong>c.] ; sont également reproduites une charte [en partie : premièreattestation <strong>de</strong> Spontin, 28], une gravure [9] <strong>et</strong> une gouache [53] ; les illustrations plus récentesprennent la forme <strong>de</strong> cartes <strong>de</strong> la commune d’Yvoir [2] ou <strong>de</strong> la seigneurie <strong>de</strong> Spontin à la fin duMoyen Âge [4] ; les plus nombreu<strong>ses</strong> cependant sont <strong>de</strong>s photographies : vues aériennes [10, 15,74, <strong>et</strong>c.], vue générale <strong>de</strong> Durnal [11], vues <strong>de</strong> divers bâtiments, rues, <strong>et</strong>c. <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux villages [52,178, 195, <strong>et</strong>c.], plaques <strong>de</strong> rues [entre autres 100, 170, 177]. Si beaucoup reproduisent le lieudésigné (ou sa désignation dans le cas <strong>de</strong>s plaques <strong>de</strong> rues), certaines donnent à voir l’élément àl’origine du toponyme ; c’est notamment le cas pour la potale Sainte-Barbe [92], que le lecteurdécouvre grâce à une photographie <strong>de</strong> 1974.Si le classement <strong>de</strong>s différents types lexicaux dans les <strong>de</strong>ux « glossaires » perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> saisir lavivacité d’un lexème <strong>et</strong> d’appuyer l’explication fournie, on regr<strong>et</strong>tera cependant l’absence d’unin<strong>de</strong>x facilitant les recherches par types, mais aussi par suffixes, <strong>et</strong>c. Certes, les toponymes sontclassés par ordre alphabétique avec, le cas échéant, renvoi à la notice dans laquelle ils sont traités26


Comptes rendus(cas <strong>de</strong>s composés), mais un in<strong>de</strong>x, en les rassemblant, aurait permis <strong>de</strong> comparer aisément les<strong>noms</strong> <strong>de</strong> Spontin avec ceux <strong>de</strong> Durnal. Quelques toponymes ne sont pas expliqués dans leurintégralité. Le lecteur intéressé par l’origine <strong>de</strong> Poilvache [198], apprendra sous c<strong>et</strong>te entrée qu’ils’agit d’un « ancien château <strong>et</strong> prévôté sur les hauteurs <strong>de</strong> Houx (Yvoir) » ; le renvoi à chemin <strong>de</strong>Poilvache ne l’ai<strong>de</strong>ra guère car chemin [153] renvoie lui-même à vôye [234], article dans lequelfigure effectivement chemin <strong>de</strong> Poilvache [236], malheureusement sans explication <strong>de</strong> l’élémentdu toponyme suivant la préposition. <strong>La</strong> même remarque peut être faite pour li cariére da Mèmèyeou carrière Poncin [47] dont on nous dit seulement que c’est une « ancienne p<strong>et</strong>ite carrière <strong>de</strong> grèsprès du terrain <strong>de</strong> balle pelote ». <strong>La</strong> lisibilité aurait quant à elle pu être optimisée en distinguant parune typographie différente les attestations anciennes <strong>de</strong> l’étymologie <strong>et</strong> du commentaire. Quelquessigles ou références non repris dans la bibliographie risquent également <strong>de</strong> dérouter le nonspécialiste: C.I.L. [32], « les ouvrages <strong>de</strong> Schulze <strong>et</strong> <strong>de</strong> Dessau » [ibid.].En conclusion, Jean GERMAIN <strong>et</strong> Louis GENETTE nous offrent un très bel ouvrage, d’unegran<strong>de</strong> richesse tout en restant accessible <strong>et</strong> clair <strong>et</strong> qui témoigne à chaque paragraphe <strong>de</strong>recherches approfondies <strong>et</strong> d’une parfaite maîtrise du suj<strong>et</strong>. Puissent <strong>de</strong>s travaux comparables êtremenés pour d’autres communes, <strong>de</strong> Wallonie <strong>et</strong> d’ailleurs !Au<strong>de</strong> WIRTHBRENDLER, Andrea / BRENDLER, Silvio (dir.). 2007. EuropäischePersonennamensysteme. Ein Handbuch von Abasisch bis Zentralladinisch. Hamburg :Baar. 868 p.Anthroponymistes <strong>de</strong> renom issus <strong>de</strong> l’« école onomastique » <strong>de</strong> Leipzig, les <strong>de</strong>ux éditeurs<strong>de</strong> ce manuel ont déjà supervisé les ouvrages collectifs Namenarten und ihre Erforschung. EinLehrbuch für das Studium <strong>de</strong>r Onomastik (2004. Hamburg : Baar) 56 <strong>et</strong> Namenforschung morgen.I<strong>de</strong>en, Perspektiven, Visionen (2005. Hamburg : Baar) <strong>et</strong> impulsé la création d’une nouvelle revuespécialement consacrée à l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s patronymes, Zunamen, dont le premier volume vient <strong>de</strong>paraître ; avec Francesco IODICE, Andrea BRENDLER a également signé une série d’articlesportant sur l’onomastique littéraire italienne. À l’occasion du soixante-cinquième anniversaire <strong>de</strong>Rosa KOHLHEIM <strong>et</strong> Volker KOHLHEIM, auteurs, notamment, du Du<strong>de</strong>n : das große Vornamen-Lexikon. Herkunft und Be<strong>de</strong>utung von 8000 Vornamen (2007 3 . Mannheim : Du<strong>de</strong>nverlag) 57 , ilsproposent un ouvrage qui, comme son titre l’indique, présente les différents systèmesanthroponymiques européens, classés par ordre alphabétique.L’avant-propos, dû à Ernst EICHLER [9-12], r<strong>et</strong>race le parcours <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux chercheurs ainsihonorés ; il souligne les apports <strong>de</strong> leurs recherches, notamment <strong>de</strong> leurs principaux travaux, lesRegensburger Rufnamen <strong>de</strong>s 13. und 14. Jahrhun<strong>de</strong>rts (1977. Wiesba<strong>de</strong>n) <strong>de</strong> VolkerKOHLHEIM, <strong>et</strong> les Regensburger Beinamen <strong>de</strong>s 12. bis 14. Jahrhun<strong>de</strong>rts : Beinamen aus Berufs-,Amts- und Stan<strong>de</strong>sbezeichnungen (1990. Hamburg) <strong>de</strong> Rosa KOHLHEIM. L’introduction [21-24],par Silvio BRENDLER, explique le titre <strong>de</strong> l’ouvrage <strong>et</strong> définit la zone géographique <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong>,l’Europe « politico-culturelle » (politisch-kultureller Europabegriff) ; sont ainsi étudiés lessystèmes anthroponymiques <strong>de</strong> 77 langues européennes appartenant à sept familles : indoeuropéenne,basque, ouralienne, turque, caucasienne, arabe, mongole [22-23]. L’objectif est <strong>de</strong>donner un aperçu <strong>de</strong> l’anthroponymie <strong>de</strong> ces différentes langues à tout public (journalistes,hommes politiques, enseignants, étudiants, <strong>et</strong>c.).56 Compte rendu effectué par Pierre-Henri BILLY ici même (2004. NRO 43-44, p. 250-254).57 Même remarque (2003. NRO 41-42, p. 275-278).27


Nouvelle Revue d’Onomastique n° 49-50 – 2008Chaque article compte en moyenne dix à douze pages. Y sont abordés les systèmesanthroponymiques européens les plus importants, ceux <strong>de</strong> l’allemand [139-152, DamarisNÜBLING/Antje DAMMEL], <strong>de</strong> l’anglais [159-169, John INSLEY], <strong>de</strong> l’italien [322-338, RoccoBERARDI], <strong>de</strong> l’espagnol [725-, Andrea BRENDLER/Lidia KOUZNETSOVA], ou encore durusse [620-631, Karlheinz HENGST], mais aussi ceux <strong>de</strong> langues méconnues comme le bachkir[91-93, <strong>La</strong>rs JOHANSON], langue appartenant au groupe turc <strong>de</strong> la famille <strong>de</strong>s langues altaïques,le carélien [363-371, Ol’ga LEONIDOVNA KARLOVA], qui appartient au groupe <strong>de</strong>s languesfinno-ougriennes, ou encore le laze [454-458, Guram KARTOZIA], langue du sud du Caucase.Parmi tous ces articles, les lecteurs <strong>de</strong> la NRO s’intéresseront probablement plus particulièrement àceux qui sont consacrés au français [215-226, Martina PITZ], à l’occitan [562-573, Pierre-HenriBILLY], au basque [94-101, Henrike KNÖRR], au br<strong>et</strong>on [102-108, Albert BOCK], au catalan[387-398, Beatrice SCHMID], au corse [415-428, Marie-José DALBERA-STEFANAGGI/JosephMARTINETTI] ou au néerlandais [534-543, Doreen GERRITZEN], sans oublier d’autres languesromanes comme le portugais [597-606, Rolf KEMMLER], le roumain [608-618, WolfgangDAHMEN], le sar<strong>de</strong> [641-648, Eduardo BLASCO FERRER/Luca GUIDO], le romanche <strong>de</strong>sGrisons [119-127, Johannes KRAMER], le ladin [153-158, Johannes KRAMER], le frioulan [227-236, Giovanni FRAU] ou le galicien [247-258, Ana Isabel BOULLÓN AGRELO].Un certain nombre d’articles suit un plan comparable : à une introduction (Einführung,Einleitung), <strong>de</strong>s remarques préliminaires (Vorbemerkungen) ou <strong>de</strong>s principes fondamentaux(Grundprinzipien) font suite l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s pré<strong>noms</strong> (Rufnamen/Vornamen) puis celle <strong>de</strong>s <strong>noms</strong> <strong>de</strong>famille (Familiennamen/Nachnamen/Vatersnamen [Patronymika]) ; une bibliographie thématiquesélective (thematische Literaturauswahl) termine l’ensemble. Dans certains articles s’intercalent<strong>de</strong>s chapitres sur le système anthroponymique <strong>et</strong> l’usage du nom (Namensystem undNamengebrauch), la structure ou les évolutions du système anthroponymique, le développementdu système mo<strong>de</strong>rne, les sobriqu<strong>et</strong>s (Spitznamen), les motivations du choix du prénom (Motive <strong>de</strong>rVornamengebung), le droit du nom (Namenrecht), <strong>et</strong>c. ; on trouve aussi parfois quelques lignes surles pseudonymes, les <strong>noms</strong> <strong>de</strong> guerre (Kampfnamen, pour le bulgare) ou le nom <strong>de</strong>sreligieux/religieu<strong>ses</strong>. Quelques articles adoptent cependant un plan historique (c’est le cas,notamment, pour les systèmes br<strong>et</strong>on <strong>et</strong> danois).L’ensemble constitue un ouvrage <strong>de</strong> très gran<strong>de</strong> qualité qui fournira à celui qui s’intéresseaux <strong>noms</strong> <strong>de</strong> personnes en Europe <strong>et</strong> a besoin <strong>de</strong> se documenter rapi<strong>de</strong>ment sur le suj<strong>et</strong> l’essentiel<strong>de</strong>s informations importantes sur chaque système anthroponymique ; à l’anthroponymiste nonspécialiste <strong>de</strong>s domaines concernés, il offrira <strong>de</strong>s références bibliographiques préci<strong>ses</strong> <strong>et</strong>nombreu<strong>ses</strong> pour orienter <strong>ses</strong> recherches.Au<strong>de</strong> WIRTHGERMAIN, Jean/KREMER, Di<strong>et</strong>er/CANO GONZÁLEZ, Ana María (dir.). 2007.Dictionnaire historique <strong>de</strong> l’anthroponymie romane. Vol. I/1 : Introduction. Cahier <strong>de</strong>snormes rédactionnelles. Morphologie. Bibliographies. Tübingen : Niemeyer, 286 p.Nous avons déjà salué ici la publication du premier volume <strong>de</strong> résultats <strong>et</strong> c’est avec plaisirque nous saluerons la publication du volume <strong>de</strong> présentation du PatRom qui a connu <strong>de</strong>nombreu<strong>ses</strong> difficultés, liées surtout à l’ampleur <strong>de</strong> l’entreprise. Nous ne reviendrons pas sur cesdifficultés ; il nous suffira <strong>de</strong> constater avec plaisir qu’elles ont pu être surmontées grâce au travailacharné <strong>de</strong>s nombreux collaborateurs. Peut-on faire quelques réserves sur la qualité <strong>de</strong> ce travail ?Certainement pas ; il nous suffira <strong>de</strong> rappeler la table <strong>de</strong>s matières pour faire comprendre que ce28


Comptes rendusvolume n’est pas seulement la présentation d’un futur dictionnaire, il est aussi un plan nécessairepour tous ceux qui voudront s’occuper un jour d’onomastique <strong>et</strong>, plus particulièrement,d’anthroponymie. On sait que le PatRom est un dictionnaire pan-roman (ce qui nécessite unemasse d’informations sur <strong>de</strong>s pays <strong>et</strong> <strong>de</strong>s langues dont les systèmes ne sont pas nécessairement lesmêmes <strong>et</strong> où les structures administratives sont parfois très différentes, ce qui compliqueconsidérablement la documentation) ; mais, dès le départ, <strong>ses</strong> promoteurs, sous la direction <strong>de</strong>Di<strong>et</strong>er KREMER, espéraient que le PatRom pourrait un jour servir <strong>de</strong> cadre à <strong>de</strong>s publicationsnationales. Ces publications nationales ne sont pas encore là <strong>et</strong>, en France en particulier, ce quiexiste est encore du domaine <strong>de</strong> l’amateurisme à peine éclairé (si on fait exception <strong>de</strong> certainesthè<strong>ses</strong> malheureusement restées inédites). Il est vrai aussi que <strong>de</strong>puis la première réunion duPatRom en 1987 à Trèves, nos sources <strong>de</strong> documentation ont beaucoup évolué <strong>et</strong> que tous le<strong>ses</strong>poirs sont permis.Ce volume commence par une prefazione <strong>de</strong> Max PFISTER. Le choix <strong>de</strong> la langue italiennen’est pas neutre ; il importait <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>r à l’ouvrage son caractère roman (una visione globalepanromanza che richie<strong>de</strong> un’analisi equilibrata in grado di valutare criteri geolinguistici, fattoristorici e culturali, la tradizione cristiana e pagana e le ten<strong>de</strong>nze innovazionistiche operanti inquesto campo <strong>de</strong>ll’onomastica). P. 3, Di<strong>et</strong>er KREMER nous parle (en français) <strong>de</strong> la genèse <strong>et</strong> <strong>de</strong>l’organisation du proj<strong>et</strong> PatRom. Notre collègue <strong>de</strong> Trèves regr<strong>et</strong>te que d’autres proj<strong>et</strong>s aient puvoir le jour, surtout du côté <strong>de</strong>s historiens, sans qu’on ait pu penser pour autant à une collaborationinterdisciplinaire. Mais n’est-ce pas là le sort, on pourrait même dire le sortilège, <strong>de</strong>l’onomastique, science qui a du mal à trouver sa place entre la linguistique <strong>et</strong> l’histoire ? EnFrance, en particulier, nous savons que l’onomastique n’est qu’une science auxiliaire <strong>de</strong> l’histoire,du moins selon la définition officielle. Le troisième texte est l’œuvre <strong>de</strong> Ana Maria CANOGONZÁLEZ, en langue espagnole. L’auteur nous rappelle, entre autres, les principes <strong>de</strong>classement <strong>de</strong>s racines : par exemple, Lhommedieu sera classé s.v. HOMO, alors que Cordommesera s.v. CORPUS.Éva BUCHI abor<strong>de</strong> une partie plus technique avec le Cahier <strong>de</strong>s normes rédactionnelles (p.29) ; elle rappelle les <strong>noms</strong> <strong>de</strong> toutes les personnes qui ont amélioré au fil du temps ces normes qui<strong>de</strong>vaient encadrer l’élaboration du proj<strong>et</strong>. Suivent les cartes <strong>de</strong>s pays romans qui perm<strong>et</strong>tent <strong>de</strong>comprendre les découpages géographiques. P. 111, Norbert WEINHOLD abor<strong>de</strong> la morphologiedérivationnelle dans le dictionnaire PatRom ; on trouvera en ces pages la liste, très classique, <strong>de</strong>sprincipaux suffixes utilisés par les langues romanes. <strong>La</strong> partie essentielle du volume est constituée(p. 131) par la bibliographie (ou plutôt par les bibliographies, pour respecter le titre) présentée parClaudia MAAS-CHAUVEAU (ces listes ont été complétées par Jean GERMAIN). Il sera difficiledésormais <strong>de</strong> faire <strong>de</strong>s travaux d’onomastique sans avoir recours à ces listes ; il manque cependantles bibliographies médiévales annoncées dans un prochain volume. Les auteurs nous ont annoncémo<strong>de</strong>stement une bibliographie <strong>de</strong> travail ; mais nous avons l’impression qu’elle <strong>de</strong>vra êtrebeaucoup plus que cela. Et nous pourrions souhaiter (mais ce vœu est sans doute bien téméraire)que ce premier volume du PatRom puisse figurer sur les rayons <strong>de</strong>s principales bibliothèques <strong>de</strong>France.Gérard TAVERDETGOICU, Viorica. 2008. Cerc<strong>et</strong>ãri <strong>de</strong> onomasticã istoricã. Timişoara : Augusta <strong>et</strong>Artpress, 155 p.29


Nouvelle Revue d’Onomastique n° 49-50 – 2008L’ouvrage regroupe neuf étu<strong>de</strong>s inédites <strong>de</strong> l’auteur, qu’elle présente comme une suite <strong>de</strong> <strong>ses</strong>Contribuţii <strong>de</strong> onomastică istorică <strong>et</strong> Onomastică românească, tous <strong>de</strong>ux publiés en 2001 chezl’éditeur Augusta. Dans sa préface, l’auteur redit la nécessité <strong>de</strong> considérer le nom propre danstoute sa dimension : il n’est pas qu’un obj<strong>et</strong> linguistique <strong>de</strong> dictionnaire (ce qui lui fait perdre sonessence même <strong>de</strong> nom propre), il représente linguistiquement un référent <strong>et</strong> a été conféré dans uncontexte social, linguistique, historique, géographique, <strong>et</strong> selon <strong>de</strong>s motivations notammentpsychologiques qui ne sauraient être négligées. C<strong>et</strong>te pluridisciplinarité est aussi linguistique : ence qui concerne <strong>ses</strong> propres étu<strong>de</strong>s, l’auteur a prolongé <strong>ses</strong> recherches dans le domaine magyar, cequi lui a permis <strong>de</strong> dresser <strong>de</strong>s comparaisons utiles pour l’histoire du système <strong>de</strong> dénominationroumain [5-6]. “Originea şi semnificaţia numelui Barbu” [7-18]. Pour les linguistes roumains, leNP Barbu serait un dérivé du NP féminin Barbara parce que <strong>ses</strong> porteurs fêtent leur nom le jourdédié à la sainte. Pour l’auteur, Barbut est un dérivé <strong>de</strong> l’adjectif bărbat dont l’étymon a connul’évolution sémantique suivante : “barbu” > “homme marié, mari” > “fort, courageux”. Del’étymon sont issus un très grand nombre <strong>de</strong> dérivés onomastiques. [19-31] “Originea cuvântuluibrânduşă în limba şi onomastica românească”. C<strong>et</strong> appellatif végétal a laissé <strong>de</strong>s traces dansl’anthroponymie, jusqu’à l’hypocoristique Brânda ; son origine linguistique remonte au substratthraco-dace. [32-41] “Relaţia între cuvântul muscă şi antroponimul Muscă”. Le nom <strong>de</strong> personnehomonyme a plusieurs étymologies possibles selon les régions roumaines : dans la zoneseptentrionale, il vient clairement <strong>de</strong> l’appellatif muscă “mouche”. [42-55] “ Relaţia între numele<strong>de</strong> familie M<strong>et</strong>ea şi tradiţia chirilo-m<strong>et</strong>odiană în cultura românească”. Le NF M<strong>et</strong>ea bien attestédans la partie méridionale <strong>de</strong> la Transylvanie, semble être un hypocoristique <strong>de</strong> M<strong>et</strong>odie, du nomdu frère <strong>de</strong> Cyrille. [56-67] “Originea şi semnificaţiile sufixului regional -oc”. Il existe en roumain<strong>de</strong>ux suffixes homographes, l’un augmentatif <strong>et</strong> péjoratif, du latin -OCCU, l’autre diminutif,emprunté au slave. [68-81] “Nume <strong>de</strong> familie la origine nume <strong>de</strong> meserii din ju<strong>de</strong>ţul Arad în primajumătate a secolului al XVIII-lea”. Dans c<strong>et</strong>te région <strong>de</strong> Transylvanie, les NF attestés au XVIII esiècle sont fréquemment issus <strong>de</strong> <strong>noms</strong> <strong>de</strong> métiers : agriculture, élevage <strong>et</strong> artisanat. [82-93]“Evoluţia sistemului antroponimic în Transilvania”. L’auteur présente un historique <strong>de</strong>s systèmesanthroponymiques roumains, qu’elle illustre par l’analyse d’un registre <strong>de</strong> recensement pour troisdistricts <strong>de</strong> Transylvanie, en 1721. [94-107] “Originea numelor <strong>de</strong> localităţi <strong>de</strong> pe cursul superioral Crişului Alb (ju<strong>de</strong>ţul Hunedoara)”. Dans la vallée supérieure du Crişul Alb, en Transylvanie, les<strong>noms</strong> <strong>de</strong>s villages sont pour la plupart roumains plutôt que slaves ; certains ont été traduits enhongrois dès la fin du Moyen Âge, puis rétablis dans leur langue originelle, d’autres ont ététranscrits avec la graphie <strong>et</strong> la syntaxe hongroise. [108-123] “Dictionnaire historique <strong>de</strong>l’anthroponymie romane. Patronymica Romanica (PatRom). Volume II/1. L’homme <strong>et</strong> les partiesdu corps humain (première partie)”. L’auteur relit ce volume, publié en 2004, à la lumière <strong>de</strong> <strong>ses</strong>connaissances en roumain : certains NF roumains attribués à un étymon lexical relèvent <strong>de</strong> latoponymie ou <strong>de</strong> l’anthroponymie roumaines ; ce type d’erreurs étymologiques a déjà été relevépour les domaines français <strong>et</strong> italien. L’auteur achève son ouvrage par une liste d’abréviations[124], une bibliographie bien fournie [125-138] <strong>et</strong> un résumé en français [139-154].Un ouvrage <strong>de</strong> bon aloi qui nourrit la réflexion <strong>de</strong>s lecteurs roumains autant que panromans<strong>et</strong> laisse présager une suite <strong>de</strong> semblables monographies. <strong>La</strong> variété <strong>de</strong>s suj<strong>et</strong>s traités perm<strong>et</strong> àl’auteur <strong>de</strong> donner <strong>de</strong> bons exemples du nécessaire comparatisme <strong>et</strong> d’une vision globale du nompropre, bien éloignée <strong>de</strong>s sentiers battus par la linguistique théorique.Pierre-Henri BILLY30


Comptes rendusSCHWEICKARD, Wolfgang. 2006. Deonomasticon Italicum. Dizionario storico <strong>de</strong>i<strong>de</strong>rivati da nomi geografici e da nomi di persona. II. Derivati da nomi geografici : F-L.Tübingen : Niemeyer, VII-802 p.<strong>La</strong> gran<strong>de</strong> œuvre continue : le premier volume (A-E) est paru en six fascicules, <strong>de</strong> 1997 à2002 (780 p.), le présent en un seul tome, rédigé <strong>de</strong> 2003 à 2006. Deux autres volumes achèverontl’œuvre, en espérant qu’un cinquième, voué à la seule bibliographie, le parachève. Celle-ci, eneff<strong>et</strong>, comprenait environ 3.000 titres dans le Supplément qui lui a été consacré en 1997 ;aujourd’hui, elle en comprend 11.000 <strong>et</strong> ne cesse d’être mise à jour. <strong>La</strong> publication d’unsupplément bibliographique annoncée en 1997 pour paraître à la fin du premier volume, estmanifestement reportée pour accompagner le <strong>de</strong>rnier volume : un CD-ROM serait-il envisagé ?L’œuvre rassemble donc tous les dérivés, formés en italien ou dans les dialectes italiens, duMoyen âge à aujourd’hui, <strong>de</strong>s <strong>noms</strong> géographiques (pays, <strong>lieux</strong>, rivières, montagnes) du mon<strong>de</strong>entier ; ces dérivés sont aussi présentés à l’intérieur d’expressions : l’article consacré à Frància enest un bon exemple [101-136]. Les dérivés <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 600 étymons étant étudiés dans ce volume,nous attirerons l’attention sur certains d’entre eux : [10] Famenne : rappelons qu’il existe enfrançais une variante famenien, attestée dès 1883 (famennien en 1881) <strong>et</strong> encore usitéeaujourd’hui, aussi graphiée faménien. [11] On peut supposer que Giulia fanèstre ‘Fano’ est à lire‘di Fano’. [31] s.v. Fenìcia, l’auteur regroupe les dérivés <strong>de</strong> la forme grecque <strong>et</strong> <strong>de</strong> la forme latine :pour un dictionnaire géographique (il part du référent), c’est une nécessité ; pour un dictionnairelinguistique (il part du signifiant), on s’interroge. [43] Feuillant : c<strong>et</strong>te abbaye cistercienne a étéfondée au XII e siècle, à quelque 24 km. au sud-ouest <strong>de</strong> Toulouse, dans le diocèse <strong>de</strong> Rieux. Lesformes latines varient : Sancte Marie <strong>de</strong> Fulleltiis en 1249 (CartulLézat, n° 383) ; conventusFulhensium, 1266 ; abbas Fulhensis, 1266 ; conventus <strong>de</strong> Fullano, 1270 (EnquêtesAlfonsePoitiers,n° 70, 77, 128) ; <strong>de</strong> Foliencio, 1276 (DocHistInquisition<strong>La</strong>nguedoc, p. LXXXII). <strong>La</strong> première estissue d’une cacographie pour Fullentiis. Il y a donc hésitation entre plusieurs suffixes d’une part,pluriel <strong>et</strong> singulier d’autre part. D’abord appelée Caritas, l’abbaye a reçu son nom actuel <strong>de</strong> laforêt qui l’entourait : <strong>de</strong> lat. FOLIUM, avec un très probable suffixe originel -INCOS, réinterprété par<strong>de</strong>s scribes <strong>de</strong> langue d’oïl en latin -ENSE <strong>et</strong> -ANU, puis en français -ANT. Sur c<strong>et</strong>te <strong>de</strong>rnière formationa été formé le nom <strong>de</strong>s moines, feuillant au XVI e siècle. On comprend alors mieux les formesitaliennes, fogliènsi en 1651 <strong>et</strong> fogliànti en 1726. [92] Foix : le dérivé italien fuxènse reprend lem. lt. fuxense, en atteste le nom français <strong>de</strong>s habitants appelés Foissois en 1398-1400 par Froissart(XIV, 340). Le pays est appelé Foix en français, mais Foissenx en occitan, en 1248(DocHistInquisition<strong>La</strong>nguedoc, p.XCI). [102] <strong>La</strong> part d’Amérique française est appelée NuovaFrancia en 1556 ; en revanche, l’Ancienne France, ainsi appelée par Estienne en 1552, ne désignepas la France métropolitaine, le Royaume d’alors, mais l’étroit domaine <strong>de</strong>s premiers Capétiensautour <strong>de</strong> Paris (une partie <strong>de</strong> l’Île-<strong>de</strong>-France). [139] Le Frasnien est une strate géologique duDévonien supérieur dont le NL éponyme se trouve en Belgique, à Frasnes-les-Couvins, au sud <strong>de</strong>Charleroi <strong>et</strong> près <strong>de</strong> la frontière française, <strong>et</strong> non pas à Frasnes-lez-Buissenal, au nord-ouest d’Ath.[174] Selon les œnologues, Frontignac désignerait soit une variété du raisin dit Frontignan, soit lemême raisin. En français, la forme Frontignac apparaît en 1583 pour désigner le raisin. En ce quiconcerne le toponyme, il n’est attesté au Moyen âge que <strong>de</strong>ux fois sous la forme (ablative)Frontiniaco, en 1036-60 <strong>et</strong> 1202, dans les chartes LXXX <strong>et</strong> CLXXXII du Cartulaire <strong>de</strong> Gellonerédigé aux XII e <strong>et</strong> XIII e siècle ; toutes les autres sources médiévales offrent la graphieFrontinianum. D’autre part, pour ce qui concerne l’époque mo<strong>de</strong>rne, tous les documents consultésprésentent la forme Frontignan (notamment les Atlas d’Ortelius en 1572, Bouguereau en 1694,Sanson en 1663, Blaeu en 1664), rarement Frontignen (en 1526). <strong>La</strong> forme française Frontignacn’est pas issue <strong>de</strong> la variante graphique médiévale : elle est une invention du XVI e siècle,31


Nouvelle Revue d’Onomastique n° 49-50 – 2008probablement par analogie avec d’autres <strong>noms</strong> <strong>de</strong> vins (<strong>et</strong> surtout les nombreux <strong>noms</strong> <strong>de</strong> villages)en -ac. Quant au gentilé italien, frontignanése, il calque le français frontignanais en s’éloignant <strong>de</strong>l’occ. frountinhanenc. [186] Des <strong>et</strong>hniques comme Galiléen rendu par galileo en italien <strong>et</strong>espagnol, galileano en espagnol <strong>et</strong> portugais incitent à proj<strong>et</strong>er un dictionnaire panroman <strong>de</strong>sdérivés <strong>de</strong>s <strong>noms</strong> géographiques, en version plus légère que le présent dictionnaire évi<strong>de</strong>mment.[199] Gaule est, quant à sa diphtongue, le résultat d’une vocalisation du premier l <strong>de</strong> l’a. fr. Galle,lui-même francisation (littéraire) <strong>de</strong> lat. GALLIA ; la réalisation phonétique française <strong>de</strong> GALLIA eûtété *Jaille, en attestent <strong>de</strong>s toponymes comme Jallais <strong>et</strong> Jallanges, dérivés <strong>de</strong> l’<strong>et</strong>hnique GALLI.[204] On peut se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r si le verbe galleggiàre ne serait pas issu d’un croisement <strong>de</strong> Gall- avecle verbe provençal galejar (FEW XVII, 474 b) issu <strong>de</strong> l’a. frq. WALA “bon”. [227] Sous Garònna, laforme Garounas n’est pas latine : c’est la latinisation graphique (par feu le chanoine NÈGRE) dugrec ∋∀∆≅β


Comptes rendusgéographiques, alors que les dérivés du nom du Grand Patriarche (comme Israélite) sont <strong>de</strong>sdérivés anthroponymiques. [573] En France, en 1917-19, l’adjectif est d’abord graphié yougoslaveavant que n’apparaisse yougoslave qui ne s’y substituera qu’à partir <strong>de</strong> 1919 <strong>et</strong> <strong>de</strong>s traitésinternationaux (Neuilly, Saint-Germain <strong>et</strong> Trianon). L’État rassemblant c<strong>et</strong> ensemble bigarré <strong>de</strong>peuples <strong>et</strong> <strong>de</strong> territoires ne prendra officiellement le nom <strong>de</strong> Yougoslavie qu’en 1929. [574]jacobsìte est un emprunt au fr. jacobsite créé par DAMOUR en 1869. [597] <strong>La</strong> kersantite, aussiappelée, en Br<strong>et</strong>agne, kersanton, est une roche <strong>de</strong> granit dur <strong>et</strong> fin dont le premier gisement a étéexploité sur le site <strong>de</strong> Kersanton, à L’Hôpital-Camfrout (Finistère), <strong>et</strong> non pas sur un <strong>de</strong>s <strong>lieux</strong>appelés Kersaint, tous éloignés <strong>de</strong> la périphérie <strong>de</strong> Brest. Rappelons que, dans les années 1870, leGrand dictionnaire universel du XIX e s. (IX, 1194) porte : kersanton “Espèce <strong>de</strong> talc <strong>de</strong>s environs<strong>de</strong> Brest, qui sert aux constructions, <strong>et</strong> qui a la propriété <strong>de</strong> durcir à l’air”. Quant à kersantite, l<strong>et</strong>erme est attesté entre 1862 <strong>et</strong> 1874. [613] Le grav<strong>et</strong>tien tire son nom du site paléolithique <strong>de</strong> <strong>La</strong>Grav<strong>et</strong>te, à Bayac (Dordogne). Le terme ne semble pas avoir été utilisé par les <strong>de</strong>ux grandsarchéologues qui l’ont fouillé, Breuil <strong>et</strong> Peyrony, mais par un <strong>de</strong> leurs collègues, en 1938 semble-til.Il possè<strong>de</strong> une variante graphique, rare : gravétien. [614] Le protomagdalénien est une création<strong>de</strong> Peyrony dans les années 1920. [615] Le micoquien tire son nom du site paléolithique <strong>de</strong> <strong>La</strong>Micoque, aux Eyzies (Dordogne) : c’est une création <strong>de</strong> HAUSER en 1916. [727] s.v. Limoges :ici, comme ailleurs parfois, le choix du lemme étymon paraît pour le moins arbitraire. Dans c<strong>et</strong>article, figurent en eff<strong>et</strong> <strong>de</strong>s dérivés issus <strong>de</strong> l’<strong>et</strong>hnique gaul. LEMOVICES, du nom <strong>de</strong> provinceLimousin, <strong>et</strong> du nom <strong>de</strong> la ville. [730] Rappelons que <strong>La</strong>nguedoc est déjà attesté sous la forme<strong>La</strong>nguedoch en 1205-10 dans la chanson <strong>de</strong> geste appelée Les Enfances Vivien (MOISAN 1986, 2,p. 1211), puis dans <strong>de</strong>s actes <strong>de</strong> la chancellerie royale, comme Lingua <strong>de</strong> Hoc en 1291 (HGL Xn°66). Sur ce nom a été formé en opposition, toujours par la chancellerie, la <strong>La</strong>ngue <strong>de</strong> France en1285 (RHF XXI, p. 516). [770] lotaringiàno est une adaptation du fr. lotharingien créé par HAUGen 1910. [792] ludiàno est une adaptation du fr. ludien créé par MUNIER-CHALMAS <strong>et</strong> <strong>de</strong>LAPPARENT en 1893. [801] luteziàno est une adaptation du français lutétien créé par <strong>de</strong>LAPPARENT en 1883.<strong>La</strong> comparaison entre les dérivés lexicaux <strong>et</strong> les dérivés anthroponymiques <strong>de</strong> mêmes <strong>noms</strong>géographiques montre à quel point le lexique s’est considérablement enrichi aux XIX e -XX e sièclessous la poussée d’un éminent besoin (on ne saurait parler <strong>de</strong> nécessité) <strong>de</strong> donner un nom différentà chaque chose ; l’anthroponymie est restée en r<strong>et</strong>rait, où les dérivés géographiques (<strong>et</strong>hniques <strong>et</strong>gentilés), formés pour la plupart dans le cours du bas Moyen âge, révèlent une répétitivité sanscommune mesure avec les nombreux dérivés purement anthroponymiques (issus <strong>de</strong>s <strong>noms</strong> <strong>de</strong>baptême). L’œuvre conduite par W. SCHWEICKARD, avec l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> collègues particulièrementqualifiés, semble tellement exhaustive qu’elle n’ignore sûrement pas fût-ce une seule formationdérivée ou syntagmatique apparue dans un écrit italien ; seule la lecture <strong>de</strong> périodiques locaux a(volontairement) échappé à leur pointilleux dépouillement. C<strong>et</strong> ouvrage est utile aussi bien auxitalianisants qu’aux spécialistes <strong>de</strong>s (langues <strong>de</strong>s) nombreux pays rencontrés au cours dudictionnaire.Pierre-Henri BILLYNomenclàtor toponímic <strong>de</strong> la Catalunya <strong>de</strong>l Nord. 2007. Présentation par SalvadorGINER, Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> l’Institut d’Estudis Catalans, <strong>et</strong> Jean BENKHELIL, Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>l’Université <strong>de</strong> Perpignan-Via Domitia : Institut d’Estudis Catalans (Barcelone) <strong>et</strong>Université <strong>de</strong> Perpignan, 130 p.33


Nouvelle Revue d’Onomastique n° 49-50 – 2008Les onomasticiens, par nécessité <strong>et</strong> par <strong>de</strong>voir, sont <strong>de</strong> gros consommateurs d’ouvragesrassemblant <strong>de</strong>s collections <strong>de</strong> formes, même si le choix <strong>de</strong> celles-ci a été soumis à <strong>de</strong>s règlesassez strictes : tel est le cas du Nomenclàtor toponímic <strong>de</strong> la Catalunya <strong>de</strong>l Nord. Ce travailbilingue (français <strong>et</strong> catalan) se réclame <strong>de</strong> la Recommandation B <strong>de</strong> la Conférence <strong>de</strong>s NationsUnies en vue d’uniformiser les <strong>noms</strong> géographiques (Genève, septembre 1967), lesquelles sont àm<strong>et</strong>tre en rapport avec l’organisme dit GENUG (Groupe d’Experts <strong>de</strong>s Nations Unies pour lesNoms Géographiques). <strong>La</strong> rencontre <strong>de</strong> Genève souhaitait que « les recerques sobre el terreny i enoficines aportin informació sobre la forma escrita i oral <strong>de</strong>l nom, i que la forma oral es consigniamb una notació fonètica reconeguda i que l’ortografia <strong>de</strong>ls <strong>noms</strong> geogràfics s’ajusti al màximpossible a la pràctica ortigràfica habitual <strong>de</strong> cada país, tenint en compte, a més, les formesdialectal ». Un tel programme <strong>de</strong> travail, du point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong>s idées qui le sous-ten<strong>de</strong>nt, ne peut quedonner satisfaction à ceux qui étudient les <strong>noms</strong> <strong>de</strong> <strong>lieux</strong>. Mais dans la pratique, son application nepouvait viser à l’élaboration <strong>de</strong> recueils exhaustifs : en eff<strong>et</strong>, les instruments qu’il convenait <strong>de</strong>créer avaient aussi une finalité que l’on peut qualifier d’administrative, le cadre <strong>de</strong> référence choisiétant ce que nous appelons en français la commune. C<strong>et</strong>te entité s’imposait par le simple fait que laCatalogne du Nord correspond à la majeure partie du département <strong>de</strong>s Pyrénées Orientales.Fort heureusement, les inconvénients qui auraient pu découler <strong>de</strong> la situation géopolitiqueque l’on vient d’évoquer ont été évités par les auteurs du Nomenclàtor toponímic <strong>de</strong> la Catalunya<strong>de</strong>l Nord : soucieux <strong>de</strong> n’occulter en rien la « catalanité » <strong>de</strong>s formes, ils ont du point <strong>de</strong> vueorthographique tout naturellement mis en œuvre les principes qu’avait fait prévaloir PompeuFABRA <strong>et</strong> qui ont abouti à l’adoption d’une orthographe reconnue dans toute la Catalogne, <strong>de</strong> part<strong>et</strong> d’autre <strong>de</strong> la frontière franco-espagnole. En même temps, du point <strong>de</strong> vue linguistique, les« prononciations » locales ont toutes été vérifiées <strong>et</strong> transcrites grâce à l’API, le seul système quine pouvait qu’être choisi en c<strong>et</strong>te affaire. Il faut aussi se féliciter du rôle joué par l’Institutd’Estudis Catalans, inévitable organisme <strong>de</strong> référence, pleinement ouvert à une collaboration avecl’Université <strong>de</strong> Perpignan-Via Domitia dont on doit se louer.Indiquons maintenant comment ont opéré ceux qui ont fait naître l’ouvrage. Ainsi que je l’ailaissé entendre plus haut, ils avaient à définir <strong>de</strong>s critères <strong>de</strong> choix <strong>de</strong>s formes <strong>et</strong> à le faire dans <strong>de</strong>slimites préci<strong>ses</strong>. Prenant la commune comme unité <strong>de</strong> travail <strong>et</strong> s’inspirant <strong>de</strong> préconisations duesà notre collègue géographe Jean BECAT (professeur émérite <strong>de</strong> l’Université <strong>de</strong> Perpignan), ilsdéfinissent leur manière d’opérer dans les termes que voici : « Els topònims que consten acontinuació <strong>de</strong>l topònim major (i.e. le nom <strong>de</strong> la localité) <strong>de</strong>l municipi òbviament no representen lallista exhaustiva <strong>de</strong>ls <strong>noms</strong> <strong>de</strong> lloc menors (masos, indr<strong>et</strong>s, rius, <strong>et</strong>c.) <strong>de</strong> cada terme. Han estattriats en funció <strong>de</strong> la seva utilitat en la localitat, perquè són d’ús corrent o prou coneguts pelshabitants antics o recents. Per tant, segon les comarques, es trobaran categories diferents. ElRosselló, en plena expansió urbanística, recupera bona part <strong>de</strong>ls termes agrícoles per fer-ne barriso carrers ; el Vallespir o els Aspres, amb una gran quantitat d’hàbitats dispers, recullen una largasèrie <strong>de</strong> <strong>noms</strong> <strong>de</strong> ca<strong>ses</strong> o masos molt sovint utilitzats diàriament ; el Conflent compta amb un mont<strong>de</strong> pobl<strong>et</strong>s d’hàbitat reagrupat i un relleu acci<strong>de</strong>ntat, i el Capcir i l’Alta Cerdanya, zones d’altamuntanya, contenen més <strong>noms</strong> <strong>de</strong> relleu relacionat amb l’ús <strong>de</strong>ls recursos naturals (boscs, pistesd’esquí, <strong>et</strong>c. » [13]. Ce texte, dans son apparente simplicité, dit beaucoup <strong>de</strong> cho<strong>ses</strong>. En premierlieu, il rappelle à l’onomasticien que la dualité terminologique toponymes/microtoponymes (<strong>noms</strong><strong>de</strong> lloc menors) doit être manipulée avec pru<strong>de</strong>nce. Dans l’échelle <strong>de</strong>s valeurs attribuées par lessuj<strong>et</strong>s parlants aux <strong>noms</strong> <strong>de</strong> <strong>lieux</strong>, chacun <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rniers peut, en fonction <strong>de</strong>s divers contextesénoncés dans l’extrait ci-<strong>de</strong>ssus, être réputé « majeur » tout aussi bien que « mineur » : ladichotomie en question est donc relative. En second lieu, la prise en considération <strong>de</strong> ce que l<strong>et</strong>exte appelle « la seva utilitat » n’a rien <strong>de</strong> banal : choisir ce point <strong>de</strong> vue revient toutnaturellement à vouloir comprendre pour quels motifs un nom, en tel endroit, a survécu ou34


Comptes rendussurvivra plus qu’un autre. Enfin, <strong>et</strong> cela n’a rien <strong>de</strong> négligeable, la manière <strong>de</strong> traiter <strong>de</strong> latoponymie telle qu’elle est exposée est d’un incontestable intérêt pédagogique, en ce sens quechacun est invité à penser aux <strong>noms</strong> <strong>de</strong> <strong>lieux</strong> en regardant du côté <strong>de</strong> la géographie dans <strong>ses</strong> diversaspects : relief, vie sociale, appropriation <strong>de</strong> la terre par l’homme, forme <strong>de</strong> l’habitat, toutes cho<strong>ses</strong>qui ne peuvent que nous faire rencontrer l’histoire.Examinons maintenant comment chaque article du Nomenclàtor est structuré. En premier <strong>et</strong>en caractères gras vient le nom <strong>de</strong> la commune <strong>et</strong> l’indication <strong>de</strong> la partie <strong>de</strong> la Catalogne du Nord(la comarca 58 ) dans laquelle se trouve la localité concernée, ces mentions étant données dansl’orthographe catalane officielle, c’est-à-dire celle qui a été adoptée à la faveur <strong>de</strong>s travaux <strong>et</strong> <strong>de</strong>l’action <strong>de</strong> Pompeu FABRA : p. ex. Estagell dans le Rosselló (Roussillon ; le passage à l’italiquepour la région d’appartenance a été choisi par ceux qui ont conçu l’ouvrage). Dans le corps <strong>de</strong>l’article, le nom <strong>de</strong> la localité en orthographe catalane officielle revient en tête, accompagné <strong>de</strong> laforme prise par le nom dans l’usage national français (en italique), soit ici Estagel ; figureégalement la prononciation catalane : [εστα∋∑Ε∧] (pour certains <strong>noms</strong>, c<strong>et</strong>te prononciation estdonnée avec <strong>ses</strong> variantes les plus caractéristiques). On trouve ensuite les <strong>noms</strong> <strong>de</strong> <strong>lieux</strong>considérés comme les plus présents <strong>et</strong> les plus sollicités dans l’usage local, avec aussi leurstranscriptions phonétiques ; dans le cas d’« Estagell / Estagel », entrent dans c<strong>et</strong>te liste « Bada, bac<strong>de</strong> la » [βαγδελε∋βα∂ε], « Coll <strong>de</strong> la Creu, el » [ελ∋κο∧∂ελε∋κΡΕω], « Grava, la » [λε∋⁄Ραβε],« Jau, mas <strong>de</strong> » [‘µαζδε∋∑αω] (une ferme établie à l’emplacement <strong>de</strong> « Santa Maria <strong>de</strong>Cavanac », ancien établissement religieux, église ou édifice ayant abrité une communautémonacale), « Mont d’Estagell, el » [ελ∋µυνδεστα∋∑Ελ], « Pedregu<strong>et</strong>s, els » [ελσπε∂Ρε∋⁄Ετσ],« Pla, el » [ελ∋πλα], « Sant-Vicenç » [‘σαµβι∋σΕνσ], « Tombes, las » [λεσ∋τυµβεσ]. Leséquivalents en graphie administrative francisante ou semi-francisante nous sont, eux aussi,fournis : respectivement Le Bac <strong>de</strong> la Ba<strong>de</strong>, Coll <strong>de</strong> la Créou, (Torrent) <strong>de</strong> la Grave, Mas <strong>de</strong> Jau,Mont d’Estagel, Lous Padragu<strong>et</strong>s, Le Pla, Saint-Vincent, <strong>La</strong>s Toumbes. C<strong>et</strong>te triple entrée <strong>de</strong>sformes est susceptible <strong>de</strong> donner lieu à <strong>de</strong>s réflexions sur le statut <strong>et</strong> le <strong>de</strong>stin <strong>de</strong>s élémentsonomastiques dans notre espace linguistique, culturel <strong>et</strong> social. Il faut aussi signaler qu’un systèmed’abréviations, basé sur les mots catalans, perm<strong>et</strong> au lecteur <strong>de</strong> savoir à quel site ou à quel type <strong>de</strong>réalité géographique ou autre renvoie le toponyme : pour ce qui est d’Estagell/Estagel, lessymboles utilisés sont nucli pour nucli <strong>de</strong> població « lieu d’habitation : ville, hameaau, village,<strong>et</strong>c. », indr. pour indr<strong>et</strong> « lieu-dit » (littéral. « endroit »), edif. pour edificació « construction isolée(maison, mas, moulin, tour, <strong>et</strong>c.) », edif. hist. pour édificació històrica « monument historique(château, ermitage, église, <strong>et</strong>c.) », hidr. pour hidrònim « hydronyme » (le mot ou la notion pouvantconcerner, ainsi que le disent les auteurs « qualsevol element relacionat amb els cursos d’aigua(barranc, còrrec, estany, ribera, riu, torrent) », en français <strong>et</strong> selon la traduction faite par les auteurseux-mêmes « tout type d’élément lié aux cours d’eau (ravin 59 , étang, rive, rivière, torrent) ». Ainsi,Estagell est qualifié <strong>de</strong> nucli, bac <strong>de</strong> la Bada d’indr. (id. pour el coll <strong>de</strong> la Creu, el Montd’Estagell, els Pedregu<strong>et</strong>s, el Pla <strong>et</strong> les Tombes) ; pour el mas <strong>de</strong> Jau, on a recours à edif. <strong>et</strong> pourSant Vicenç à edif. hist. <strong>La</strong> liste <strong>de</strong>s éléments qui entrent dans ce co<strong>de</strong> est évi<strong>de</strong>mment plus riche :ce système a dans tous les cas l’avantage <strong>de</strong> nous m<strong>et</strong>tre directement en présence <strong>de</strong>s pointsd’impact du processus onomastique.58 Rappelons que comarca, commun au catalan <strong>et</strong> au castillan, est un dérivé <strong>de</strong> marca « frontière, territoirefrontière» < germ. *MARK-Ō-.59 Le terme còrrec ne possè<strong>de</strong> pas d’équivalent dans la partie en français <strong>de</strong> l’ouvrage. Pompeu FABRA,Diccionari general <strong>de</strong> la llengua catalana, définit ce terme par son synonyme escorranc auquel il attribue lasignification que voici : « Excavació produida en un terreny rost per l’escorriment <strong>de</strong> les aigües <strong>de</strong> pluja »(Rigole occasionnée dans un terrain en pente par les eaux <strong>de</strong> pluie).35


Nouvelle Revue d’Onomastique n° 49-50 – 2008Je tiens à signaler que dans le Nomenclàtor n’a pas été oubliée la région nomméeFenolledès/ Fenouilledès, <strong>ses</strong> <strong>noms</strong> <strong>de</strong> communes faisant l’obj<strong>et</strong> d’un intéressantcomplément [111-121 <strong>et</strong> in<strong>de</strong>x p. 129-130] : c<strong>et</strong>te disposition tient au fait que dans le parlervernaculaire <strong>de</strong> la zone en question, le voisinage <strong>de</strong> l’occitan <strong>et</strong> du catalan donne lieu à <strong>de</strong>ssituations <strong>de</strong> diglossie plus ou moins accentuées. Sont ainsi pri<strong>ses</strong> en compte trente-six localités àpropos <strong>de</strong>squelles sont apportées d’intéressantes indications <strong>et</strong> dont le nom apparaît dans sa formegraphique normalisée occitane <strong>et</strong> catalane, p. ex. Prats <strong>de</strong> Sornian (occ.) / Prats <strong>de</strong> Sornià (cat.) /Prats-<strong>de</strong>-Sournia (graphie française officielle).Je dois aussi faire état <strong>de</strong> la mo<strong>de</strong>stie <strong>de</strong> ceux qui ont participé à l’élaboration <strong>de</strong> l’ouvrage :leurs <strong>noms</strong> apparaissent dans une discrète note au bas <strong>de</strong> la p. 13. Signalons aussi que sapublication a coïncidé avec le centième anniversaire <strong>de</strong> la fondation <strong>de</strong> l’Institut d’EstudisCatalans. Il serait excessif <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r au Nomenclàtor toponímic <strong>de</strong> la Catalunya <strong>de</strong>l Nord cequ’il n’a pas vocation à donner : adressé à un public plus vaste que celui <strong>de</strong>s cercles savant, il a lemérite d’attirer l’attention sur l’existence <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te composante du patrimoine culturel qu’est latoponymie. Celle-ci, si elle doit être étudiée, est avant tout un bien commun comme l’est la languequi la porte. C<strong>et</strong>te idée, dans toute sa simplicité, ne peut qu’inciter à se féliciter <strong>de</strong> la venue àl’existence du livre dont il est question dans ce qui précè<strong>de</strong> : son respect du linguistique sousplusieurs <strong>de</strong> <strong>ses</strong> aspects en témoigne.Xavier RAVIERDONATI, Bruno/VASSERE, Stefano. 2006. Repertorio toponomastico ticinese. I nomidi luogo <strong>de</strong>i comuni <strong>de</strong>l cantone Ticino. Broglio. Bellinzona : Archivio di StatoBellinzona. 271 p., 3 cartes h. t.<strong>La</strong> commune <strong>de</strong> Broglio, étendue, est aujourd’hui agrégée dans le vaste territoire <strong>de</strong> lanouvelle commune <strong>de</strong> <strong>La</strong>vizzara : pays très montagneux du nord du Tessin, oscillant entre 650 <strong>et</strong>2735 m. Le livre commence par plusieurs p<strong>et</strong>ites étu<strong>de</strong>s, dont une <strong>de</strong> Daniele ZOPPI sur les <strong>noms</strong><strong>de</strong> famille <strong>et</strong> l’émigration [35-39]. De nombreu<strong>ses</strong> familles ont abandonné la pauvr<strong>et</strong>é <strong>de</strong>s <strong>lieux</strong> aucours du XIX e siècle, laissant le soin à une seule famille <strong>de</strong> peupler les trois quarts du village. <strong>La</strong>bibliographie court <strong>de</strong>s pages 51 à 58. [65] i Acèss désigne ici le chemin <strong>de</strong> procession qui part <strong>de</strong>l’église paroissiale. [69] L’intérêt sociologique <strong>de</strong> la microtoponymie est ici confirmé : la maisonqui appartint, jusque dans l’Entre-Deux-Guerres, à la famille DONATI, puis à Giuseppe TONINIqui l’a transformée en bureau postal dont il était l’agent, est appelée aujourd’hui <strong>de</strong> trois <strong>noms</strong> : laC’a di Donèd, la C’a du Pèpp dala Pòsta, la Pòsta. En 1936, elle n’était que la casa eredi Donati.[71] Ici, les génériques dialectaux se mêlent aux italiens pour désigner le même type <strong>de</strong>bâtiment, en l’occurrence l’étable : al Técc du Barnardígn, la Stála di Pomíta. [74] Une <strong>de</strong>s ruesdu village a été baptisée par les jeunes la Banofstrásse, du nom <strong>de</strong> la célèbre avenue zurichoise.[88] la Rónsgia, autrefois graphié Rongia en 1598, Roggia en 1904, désigne un lieu dans lequel s<strong>et</strong>rouvait un bief <strong>de</strong> moulin, dit aujourd’hui ròngia ou roogia en dialecte. [99] il Sasso <strong>de</strong>i Gerbidésigne un lieu attesté en 1865, non localisé aujourd’hui ; son déterminant repose sur un motdialectal signifiant “terrain au soleil”. [102] la Lárasc est une formation récente pour désigner ungrand <strong>et</strong> ancien mélèze : alla <strong>La</strong>rice en 1865, <strong>de</strong>l <strong>La</strong>rice en 1942. Ce nom se trouve en cinqendroits sur la commune, preuve s’il en est qu’il est faux d’affirmer qu’un nom <strong>de</strong> lieu ne peut s<strong>et</strong>rouver qu’à un exemplaire sur un territoire délimité (paroisse ou commune). [104] la Gána tireson nom d’un prélt. *GANNA “moraine, terrain rocailleux”. [116] On peut supputer que c’est sonappartenance à la paroisse qui a valu son nom à la Pezza <strong>de</strong>l Santissimo ainsi nommée en 1888.36


Comptes rendus[118] al Casòtt dal’Áqua tire son nom d’un générique, casòtt, qui sert à désigner différentsédifices, le plus souvent <strong>de</strong> p<strong>et</strong>ite taille <strong>et</strong> éphémères, ici un bâtiment en béton pour abriter unemachinerie <strong>de</strong> pompage, mais ailleurs … <strong>de</strong>s lupanars. [126] la Strada Vegia est l’adaptationgraphique d’un odonyme qui n’est plus attesté <strong>de</strong>puis 1700 (Strada Vecchia) <strong>et</strong> désignait alors unvieux chemin, déjà ainsi nommé en 1598 ; seules quelques traces subsistent, mais l’abandon <strong>de</strong>son usage a entraîné l’abandon <strong>de</strong> son nom. [131] i Löit, appelé Loïta en 1914 est issu <strong>de</strong> *LOKETU,pour désigner un p<strong>et</strong>it terrain en pente. [163] al Croadásc est un collectif formé sur le nom dusapin blanc, cròat. [179] al Tául est un somm<strong>et</strong> arrondi <strong>et</strong> légèrement allongé ; al Taulign est unsomm<strong>et</strong> voisin, p<strong>et</strong>it <strong>et</strong> plan. Les <strong>de</strong>ux <strong>noms</strong> sont issus <strong>de</strong> l’appellatif tàul “table”. [183] alPilástro est le nom d’un éperon rocheux à la confluence <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux ruisseaux. [186] al Córt C’ücc’est un syntagme dont le déterminant est le celt. *KUKKA, pour désigner la cime arrondie ; déjà CortCucco en 1700. [192] al <strong>La</strong>vónc désigne un lac éphémère d’altitu<strong>de</strong> : son nom est issu <strong>de</strong> lat. LACU“lac” + -UNCULU. [196] al Zücar est le nom d’un somm<strong>et</strong> du territoire, dit motto <strong>de</strong>l Zucchero en1855. Sa forme triangulaire lui a valu ce nom dont on connaît l’équivalent français sous la formePain <strong>de</strong> sucre. [214-215] <strong>La</strong> même forme triangulaire vaut à <strong>de</strong>ux autres somm<strong>et</strong>s, proches l’un <strong>de</strong>l’autre, d’être appelés al Triangolígn <strong>et</strong> al Triangolómm : ce <strong>de</strong>rnier est aussi connu sous le nom<strong>de</strong> al Zücar <strong>de</strong>s habitants <strong>de</strong> Broglio, <strong>de</strong> Sass Ross <strong>de</strong>s habitants <strong>de</strong> la vallée <strong>de</strong> la Verzascha. Unin<strong>de</strong>x alphabétique <strong>de</strong>s toponymes clôt le volume [235-250].Pierre-Henri BILLYSCHWARZ-AMMANN, Cornelia. 2007. Repertorio toponomastico ticinese. I nomi diluogo <strong>de</strong>i comuni <strong>de</strong>l cantone Ticino. Ronco sopra Ascona. Bellinzona : Archivio di StatoBellinzona, 235 p., 3 cartes h. t.<strong>La</strong> commune <strong>de</strong> Ronco sopra Ascona est située sur le <strong>La</strong>c Majeur, tout proche <strong>de</strong> la frontièreitalienne, rive droite. Son territoire est acci<strong>de</strong>nté, jusqu’à près <strong>de</strong> 1300 m. d’altitu<strong>de</strong>, aux troisquarts boisé. <strong>La</strong> bibliographie court <strong>de</strong>s pages 35 à 43. Les p. 24-27 sont consacrées aux sur<strong>noms</strong>propres aux familles <strong>de</strong> la commune ; certains se r<strong>et</strong>rouvent dans <strong>de</strong>s communes voisines, d’autresconcernent <strong>de</strong>s familles désormais disparues. De quelques sur<strong>noms</strong> les habitants ont oublié le nom<strong>de</strong> famille correspondant ; une seule famille, aisée <strong>et</strong> cultivée, semble ne jamais avoir reçu <strong>de</strong>surnom [27]. [58] Barchétt est le terme dialectal employé pour désigner ces nombreux passagescouverts qui caractérisent les rues du bourg <strong>de</strong> Ronco. [83] Une maison <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> taille estsurnommée el Vaticáno ; son nom habituel est la Ca di Bitt, du surnom d’un ancien propriétaire.[84] la Venásca est un vallon abrupt dont le nom fait l’obj<strong>et</strong> d’une étymologie populaire : ce seraitune zone <strong>de</strong>… chasse ! [86] el Mónte Tábor tient son nom, comme la plupart <strong>de</strong> <strong>ses</strong> homonymes,d’un transfert du nom biblique. [90] Le cim<strong>et</strong>ière érigé au XIX e siècle est oralement appelé elCampsánt “champ saint”. [101] la Vóce <strong>de</strong>l Desèrto est le nom rare d’un ancien hôtel du début duXX e siècle. [113] in Barcón, qui désigne <strong>de</strong>s champs aujourd’hui, est attesté anciennement, dès1632. Il désignait à l’époque un grand abri pour les bêtes (ici les bovins) ; c’est en eff<strong>et</strong> unaugmentatif <strong>de</strong> barc(h) “abri”. [118] i Ganèll est un dérivé <strong>de</strong> gana “moraine” (< p.i.-e. GANDA).[122] le quartier el Pián Carinágh, transformé en zone pavillonnaire, porte le surnom <strong>de</strong> la NuòvaGermánia. [131] el Ciapón : nom <strong>de</strong> lieu, dérivé pour le peuple <strong>de</strong> ciápa “fesse”, pour l<strong>et</strong>oponymiste <strong>de</strong> ciápa “parcelle” ; pour le peuple, le lieu évoquerait la forme susdite. [140] elZúcher désigne, ici encore, une (p<strong>et</strong>ite) hauteur rocheuse. Les pages 167-203 sont consacrées à un<strong>et</strong>raduction alleman<strong>de</strong> d’une partie <strong>de</strong> l’introduction <strong>et</strong> d’un choix d’articles du dictionnair<strong>et</strong>oponymique. Certains toponymes sont traduits : leur choix mériterait à lui seul un article. <strong>La</strong>37


Nouvelle Revue d’Onomastique n° 49-50 – 2008traduction est nécessitée par le fait que la commune comprend 33 % <strong>de</strong> germanophones ; le cantonseulement 8 %. Les p. 207-209 constituent un répertoire explicatif <strong>de</strong>s <strong>noms</strong> <strong>de</strong> rues du bourg. Unin<strong>de</strong>x alphabétique <strong>de</strong>s toponymes clôt le volume [211-221].Pierre-Henri BILLYDRESSI, Patrizio <strong>et</strong> al. 2007. Repertorio toponomastico ticinese. I nomi di luogo <strong>de</strong>icomuni <strong>de</strong>l cantone Ticino. Giornico. Bellinzona : Archivio di Stato Bellinzona, 207 p., 3cartes h. t.<strong>La</strong> commune <strong>de</strong> Giornico est située dans le nord du canton, sa partie inférieure constituée parla vallée du Tessin, la supérieure culminant à 2741 m. <strong>La</strong> majeure part du territoire est boisée,quand elle n’est pas réputée infertile. Dans quelques zones sont regroupées <strong>de</strong>s caves creuséesdans la roche, surtout usitées au XIX e siècle : elles ne paraissent pas avoir reçu <strong>de</strong> nom, en tout casconservé dans la mémoire collective. L’exploitation <strong>de</strong> l’eau était strictement réglementée, l’accèsà l’eau <strong>de</strong>s rigoles étant accordée selon <strong>de</strong>s documents officiels (rodolo <strong>de</strong>ll’acqua) mentionnantles usagers riverains, leurs parcelles, <strong>et</strong> le temps d’usage qui leur était imparti. Ces rôlesconstituent une source onomastique éminente pour le XIX e siècle [23-29]. Une liste <strong>de</strong>s sur<strong>noms</strong>familiaux est ici donnée [31-32]. <strong>La</strong> bibliographie court <strong>de</strong>s pages 41 à 50. [79] L’étymologie« officielle » <strong>de</strong> Giornico, <strong>et</strong> fixée par le DTS, est un dérivé <strong>de</strong> gaul. *JURIS ; cependant, O.LURATTI a proposé en 2004 un dérivé <strong>de</strong> lat. DIURNUS, pour désigner un lieu où aurait siégé lajustice locale (placita donnegaria). Le toponyme paraît être un hapax dans la nomenclature duTessin : cela conforterait la thèse gauloise qui reposerait alors sur un double suffixe, -(I)N-ICCU.[89] a Frècc, attesté Frag en 1652, est issu <strong>de</strong> l’appellatif m. lat. FRACTA, au sens d’“enclos”. [89]Lènca repose sur un appellatif homonyme au sens <strong>de</strong> “flaque”. [102] la Fròda est formé sur ledialectal froda “casca<strong>de</strong>” < gaul. *FRUTA “ruisseau”. [112] la Vígna di Pitói contenait une vigneappartenant à l’église paroissiale, dont le produit était <strong>de</strong>stiné aux passants, plus exactement auxmendiants comme son nom l’indique. [116] in Trípoli : le transfert <strong>de</strong> ce nom, dans l’Entre-Deux-Guerres, est dû aux cultures <strong>de</strong> type méditerranéen pratiquées dans c<strong>et</strong>te zone. Un autre lieu,relativement proche, a reçu le même nom pour la même raison [134]. [119] al Próu do Spagnoléttfait souvenir d’un prato <strong>de</strong>l Spagnol<strong>et</strong>to mentionné en 1754 ; le surnom <strong>de</strong> l’homme, propriétaire,fait référence à son émigration en Espagne. [121] in Ísra est le résultat dialectal <strong>de</strong> lat. INSULA.[122] al Diamantín tire son nom d’une ancienne usine appelée Officine Diamantin. [124] i SássiGròssi est connu pour avoir été le lieu d’une bataille entre Suis<strong>ses</strong> <strong>et</strong> Milanais en 1478 ; toujours <strong>et</strong>encore au pluriel, il est parfois, aujourd’hui, employé au singulier, i Sass Gröss. Le changement <strong>de</strong>genre est un fait grammatical fréquent dans la microtoponymie ancienne <strong>et</strong> actuelle, comme dansles <strong>noms</strong> <strong>de</strong> communes <strong>de</strong> France jusqu’au XIX e siècle. [129] Un p<strong>et</strong>it ruisseau porte trois <strong>noms</strong> lelong <strong>de</strong> son cours : en amont, Dragonéi (déjà riello <strong>de</strong> Dragonerio en 1424) ; au milieu, Rïè diTráu ; en aval, la Lènca di Tráu. D’amont en aval, les trois appellatifs éponymes respectifssignifient : “couloir (<strong>de</strong> roche)”, “ruisseau”, “flaque”. [137] la Forcarèla d’Áfata est un p<strong>et</strong>it col.[153] Dans la toponymie du Tessin, la variabilité <strong>de</strong>s suffixes est gran<strong>de</strong> : ici, Mugarolo, sur lecadastre récent, alterne avec in Mügarón. [170] <strong>La</strong> montagne est dite ici Cristalína, nom motivé38


Comptes renduspar la présence <strong>de</strong> cristaux dans la roche. L’attestation la plus ancienne est alpem Crostaline en1407, forme persistante au XV e siècle. Un in<strong>de</strong>x alphabétique <strong>de</strong>s toponymes clôt le volume [185-201].Pierre-Henri BILLYJANKA, Wolfgang/PRINZ, Michael (dir.). 2007. Albrecht GREULE, EtymologischeStudien zu geographischen Namen in Europa. Ausgewählte Beiträge 1998-2006.Ratisbonne: 264 p.À l’occasion <strong>de</strong> son 65 e anniversaire, le 13 avril 2007, <strong>ses</strong> élèves W. JANKA (Université <strong>de</strong>Ratisbonne) <strong>et</strong> M. PRINZ (Université <strong>de</strong> Leipzig) ont estimé nécessaire <strong>de</strong> rassembler en unvolume 26 articles que le récipiendaire a publiés entre 1998 <strong>et</strong> 2006 dans différentes revues, <strong>de</strong>svolumes <strong>de</strong> colloques ou congrès, <strong>de</strong>s recueils <strong>de</strong> mélanges éparpillés chez <strong>de</strong>s éditeurs <strong>de</strong>plusieurs pays. Ceux qui connaissent l’auteur connaissent aussi sa passion : les <strong>noms</strong> propresprégermaniques, <strong>et</strong> en particulier les <strong>noms</strong> <strong>de</strong> rivières. Sa première gran<strong>de</strong> publication étaitconsacrée aux Vor- und frühgermanische Flußnamen am Oberrhein. Ein Beitrag zurGewässernamengebung <strong>de</strong>s Elsaß, <strong>de</strong>r Nordschweiz und Südba<strong>de</strong>ns en 1973 : le texte <strong>de</strong> sa thè<strong>ses</strong>outenue en 1971 à l’Université <strong>de</strong> Fribourg-en-Brisgau. C’est pourquoi les éditeurs ont regroupéles articles en les classant selon six critères : vue d’ensemble (2) ; stratigraphie onomastique (5) ;suffixation (3) ; hydronymes <strong>et</strong> autres sortes <strong>de</strong> <strong>noms</strong> (4) ; <strong>noms</strong> isolés <strong>et</strong> groupes <strong>de</strong> <strong>noms</strong> (4) ;<strong>noms</strong> prégermaniques (8). Les articles ayant tous été publiés, nous n’en ferons pas <strong>de</strong> critique. [9-17] “Geschichte und Typen <strong>de</strong>r <strong>de</strong>utschen Gewässernamen”. Types morphologiques, sémantiques,stratigraphie linguistique en hydronymie. [19-28] “Gewässernamen als Spiegel <strong>de</strong>rKulturlandschaft”. Les <strong>noms</strong> géographiques, en particulier les hydronymes, reflètent la culture <strong>et</strong>l’activité <strong>de</strong>s hommes. [29-36] “Gewässernamenschichten in Nordostbayern”. Cinq strateslinguistiques ont forgé l’hydronymie du nord-est <strong>de</strong> la Bavière. [37-51] “Gewässernamenschichtenim Flußgebi<strong>et</strong> <strong>de</strong>r <strong>La</strong>hn”. Quatre strates, étudiées ici <strong>de</strong> la plus récente à la plus ancienne, dans lebassin <strong>de</strong> la <strong>La</strong>hn (affluent rive droite du Rhin en amont <strong>de</strong> Coblence). [53-61] “Die FlußnamenWürttembergs : Ergebnisse und Probleme ihrer Erforschung”. Surtout consacré à la stratigraphielinguistique dans le Wurtemberg. [63-77] “Beobachtungen zur Gewässernamenschichtung inSachsen-Anhalt”. Méthodologie <strong>et</strong> répertoire hydronymique étymologique dans la Saxe. [79-86]“Entlehnte “Wasserwörter” in <strong>de</strong>n ostseefinnischen Sprachen und die frühgermanischeHydronymie”. Étu<strong>de</strong> onomasiologique du répertoire finnois. [87-99] “Die Rolle <strong>de</strong>r Derivation in<strong>de</strong>r altgermanischen Hydronymie”. Principalement centré sur les dérivés <strong>de</strong>s racines germaniques*MARI-, *HAR-U-, *HWEITA-. [101-108] “Mit -m- suffigierte germanische Gewässernamen”. [109-122] “Namenstypen und Namenräume. Das Suffix -nd- und seine Varianten in germanischenOrtsnamen”. Hydronymes reposant sur -UND-, -AND-, -IND-, -ANDRA- <strong>et</strong> -INDRA-. [123-129]“Flussnamen als Gebi<strong>et</strong>s- und als Personengruppennamen”. Les rapports réciproques entre <strong>noms</strong><strong>de</strong> cours d’eau, <strong>de</strong> pays <strong>et</strong> <strong>de</strong> peuples. [131-139] “Flurnamenforschung alsGewässernamenforschung. Plädoyer für ein Historisch-<strong>et</strong>ymologisches Gewässernamenbuch vonThüringen”. L’auteur milite pour l’inclusion <strong>de</strong>s <strong>noms</strong> <strong>de</strong> cours d’eau dans les dictionnairestoponymiques régionaux. [141-147] “Flurnamen und Gewässernamen. Beobachtungen amSüdhessischen Flurnamenbuch”. Sur les rapports entre <strong>noms</strong> <strong>de</strong> <strong>lieux</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong> cours d’eau dans le sud<strong>de</strong> la Hesse, étu<strong>de</strong> basée sur le Südhessisches Flurnamenbuch publié par Hans RAMGE en 2002.[149-158] “Ortsnamen als Sprachgeschichtsquelle”. Plusieurs exemples sériés montrent l’utilité<strong>de</strong>s <strong>noms</strong> <strong>de</strong> <strong>lieux</strong> pour reconstituer l’histoire <strong>de</strong>s langues. [159-163] “Zum schwedischen39


Nouvelle Revue d’Onomastique n° 49-50 – 2008Seenamen Vättern”. Nom issu <strong>de</strong> la racine indoeuropéenne *U9ODR8 / *U9EDŌR “eau”. [165-169]“Felda, Vils und Ville. Rund um ein germanisches “Wasserwort””. À propos <strong>de</strong>s racines *FELWA“blafard”, *FELU- <strong>et</strong> *FELWŌ “forêt marécageuse”. [171-172] “Speyer”. Le nom <strong>de</strong> la ville serait issu<strong>de</strong> l’adjectif verbal *SPĪW-RA-, d’une racine *SPĪW- “écume ; salive”.[173-174] “Wiesba<strong>de</strong>n”.L’étymon du premier élément du composé n’est pas assuré. [175-180]“Vorgermanisch/Vorindogermanisch”. Sur les différents substrats dans l’Europe occi<strong>de</strong>ntale(Allemagne <strong>et</strong> France pour l’essentiel). [181-189] “Keltische Ortsnamen in Ba<strong>de</strong>n-Württemberg”.Concerne les <strong>noms</strong> <strong>de</strong> <strong>lieux</strong>, <strong>de</strong> montagnes <strong>et</strong> <strong>de</strong> cours d’eau. [191-197] “Das Morphem SAL in <strong>de</strong>rToponymie”. Les sens <strong>de</strong> c<strong>et</strong> étymon indo-européen sont divers. [199-202] “Sal<strong>et</strong>ione – Salossia –Selz. Zur Geschichte <strong>de</strong>s Namens”. Le lieu aurait ainsi été nommé d’après la présence <strong>de</strong> sel.[203-210] “Keltisch *Brig- in <strong>de</strong>r Toponymie Mitteleuropas. Beiträge zu einem Wörterbuch <strong>de</strong>rkeltischen Etyma in <strong>de</strong>r Toponymie Mitteleuropas”. L’article, accompagné <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux cartes, rangesous le même étymon hydronymes <strong>et</strong> toponymes ; il ne mentionne pas le glissement <strong>de</strong> sens“hauteur” > “rive” qu’implique ce classement. [211-216] “Itter – civitas Au<strong>de</strong>riensium –O<strong>de</strong>nwald”. Ces <strong>noms</strong> proviennent d’un même étymon, *EUD H -, <strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>ses</strong> variantes vocaliques*OUD H - <strong>et</strong> *UD H -. [217] “Würzburg”. Le premier élément du composé pourrait être un celtique*VERT-. [219-225] “Radaspona, Castra Regina, Reganesburg. Wie die Stadt zu ihren Namen kam”.Historique d’un doubl<strong>et</strong> toponymique célèbre, Regensburg en allemand, Ratisbonne en français.Le choix <strong>de</strong>s articles perm<strong>et</strong> au lecteur non seulement d’apprécier l’étendue du savoir durécipiendaire, mais aussi <strong>et</strong> surtout <strong>de</strong> pouvoir comparer les données avec celles <strong>de</strong> son proprepays. Les éditeurs du recueil ne se sont en eff<strong>et</strong> pas contentés <strong>de</strong> reproduire les articles : ils en ontentièrement recomposé la saisie <strong>et</strong>, surtout, les ont accompagnés d’une bibliographie regroupanttous les travaux cités [227-244], une table <strong>de</strong>s abréviations non bibliographiques [245-247], lesréférences <strong>de</strong>s articles ici reproduits [249-251] <strong>et</strong>, atout suprême, un in<strong>de</strong>x <strong>de</strong>s <strong>noms</strong> propres <strong>et</strong> <strong>de</strong>sétymons étudiés ou mentionnés [253-264]. Bref, les éditeurs ont su en faire une mine aisémentexploitable, une réussite éditoriale.Pierre-Henri BILLYPETERSON, Lena. 2007. Nordiskt Runnamns Lexikon. Femte, revi<strong>de</strong>ra<strong>de</strong> utgåvan,Uppsala : Institut<strong>et</strong> för språk och folkminnen, 345 p.C<strong>et</strong>te publication se veut une cinquième édition révisée : les précé<strong>de</strong>ntes avaient été publiéesseulement sur intern<strong>et</strong>. C’est en 1999 que l’auteur a pour la première fois présenté au public leproj<strong>et</strong> <strong>de</strong> ce dictionnaire, dans le cadre <strong>de</strong> l’Institut d’Uppsala qui l’emploie, le SOFI. Trois ansplus tard paraissait, sur le site intern<strong>et</strong> du SOFI, la première édition du dictionnaire. L’auteur est laspécialiste incontestable <strong>de</strong>s runes suédoi<strong>ses</strong>. Parallèlement à ce travail consacré aux NP dans lesrunes suédoi<strong>ses</strong>, elle a publié un lexique <strong>de</strong> ces runes : Svenskt Runordsregister, dont la troisièmeédition revue est parue en 2006. Dans le cadre du SOFI, elle est aussi la maîtresse d’œuvre <strong>de</strong>stravaux anthroponymiques : au sein du Sveriges me<strong>de</strong>ltida personnamn, dictionnaire <strong>de</strong>s NP dubas Moyen âge, dont le premier fascicule est paru en 1967. En 2004, elle a aussi publié un Lexikonöver urnordiska personnamn, dictionnaire <strong>de</strong>s NP attestés jusqu’à l’an 700. Le NordisktRunnamns Lexikon est, pour sa part, consacré aux NP attestés sur les inscriptions runiques,d’environ 800 à 1100. L’ensemble <strong>de</strong> l’anthroponymie suédoise est donc, désormais, répertorié <strong>et</strong>étudié.Les articles <strong>de</strong> l’ouvrage sont étudiés <strong>et</strong> présentés selon une méthodologie déjà éprouvéedans <strong>ses</strong> précé<strong>de</strong>nts travaux : lemme, genre, variantes anthroponymiques dans le mon<strong>de</strong> nordique40


Comptes rendusmédiéval, étymologie, attestations référencées <strong>et</strong> classées selon leur cas, référencesbibliographiques. Les lemmes sont aussi <strong>de</strong>s premiers ou seconds éléments <strong>de</strong> composés : l’auteurdonne alors une liste <strong>de</strong>s autres éléments <strong>de</strong>sdits composés. L’ouvrage apporte <strong>de</strong>s donnéesnouvelles qui méritent d’être exploitées, par exemple pour la Normandie. En ne reprenant quel’édition <strong>de</strong>s Noms <strong>de</strong>s communes <strong>et</strong> anciennes parois<strong>ses</strong> <strong>de</strong> la Manche publiée par François <strong>de</strong>BEAUREPAIRE en 1986, on peut ainsi proposer : Anneville-en-Saire : Anslevilla en 1156 < ĀSL[31] ; Anneville-sur-Mer : i<strong>de</strong>m ; Annoville : Unnovilla en 1172 < UNN, au génitif Unar [243] ;Biville : Buistot villa en 1013-20 < BŌI [46] ; Brainville : Brenvilla vers 1280 < BRANDI [49] ;Écoquenéauville : Escoghernevilla, s.d. < SKŌGR [198] ; Érou<strong>de</strong>ville : Arou<strong>de</strong>villa, s.d. < HARALDR[106] ; Foucarville : Foucarvilla en 1046-53 < FOLKGÆIRR [65] ; Fresville : Freevilla vers 1080


Nouvelle Revue d’Onomastique n° 49-50 – 2008le lecteur <strong>de</strong>vra donc porter son attention sur la source avant d’ém<strong>et</strong>tre un jugement philologiquesur une attestation. <strong>La</strong> bibliographie n’ayant cessé <strong>de</strong> s’accroître <strong>de</strong>puis la publication du premierfascicule (Aabiørn – Ar(n)vidh) en 1967, une nouvelle bibliographie est publiée dans le fascicule15, aux pages I-XXIII.Le dictionnaire regroupe les seuls <strong>noms</strong> personnels (les sur<strong>noms</strong> en sont exclus), qu’ilssoient attestés en première position (les <strong>noms</strong> <strong>de</strong> baptême) ou en secon<strong>de</strong> (avec l’élément suffixal-son “fils <strong>de</strong>”). En entrée d’article, le lemme <strong>et</strong> la (les) forme(s) latine(s). À la suite, les différentesformes casuelles attestées, par ordre chronologique ; enfin toutes les attestations, dûmentréférencées, aussi classées par ordre chronologique. Le parti pris adopté, citer toutes lesattestations, n’a peut-être pas grand intérêt : les rédacteurs ont eu la bonne idée <strong>de</strong> faire figurer lescontextes, mais aussi une note d’ordre prosopographique quand les renseignements recueillis s’yprêtent. Après les attestations purement anthroponymiques, qui constituent l’essentiel <strong>de</strong> l’article,suivent (quelques) attestations du nom en composition toponymique. Une analyse linguistique <strong>et</strong>étymologique du nom clôt chaque article. Les anthroponymes rassemblés ici couvrent l’ensembledu bas Moyen âge jusqu’à l’an 1520. Ce matériau fait, chronologiquement, suite à celui publié parLena PETERSON dans le Lexikon över urnordiska personnamn, dictionnaire <strong>de</strong>s NP attestésjusqu’à l’an 700, <strong>et</strong> dans le Nordiskt Runnamns Lexikon, qui couvre les années 800 environ à1100, ce <strong>de</strong>rnier sur la seule base <strong>de</strong>s runes. Ces NP sont <strong>de</strong> diver<strong>ses</strong> origines : c’est ainsi que lesrédacteurs distinguent les NP bibliques, hébreux, grecs, latins, germaniques, nordiques (avectoutes les variantes <strong>de</strong> langues), romans, les <strong>noms</strong> <strong>de</strong> saints <strong>et</strong> les hypocoristiques. On sait ce qu’untel classement a <strong>de</strong> bancal puisqu’il mêle <strong>de</strong>s critères bien différents : la langue, le (support du)corpus (la Bible), le référent (saint). Il est partout usité <strong>et</strong> universellement adapté aux réalitéslocales occi<strong>de</strong>ntales. Bon nombre <strong>de</strong> saints pourraient figurer dans les <strong>de</strong>ux autres critères, langue<strong>et</strong> Bible. D’autre part, affirmer que, dans un corpus bas-médiéval, Jacob est un nom hébreu n’aaucun sens : non seulement il n’a d’hébraïque que l’origine, mais il n’est pas choisi comme nombiblique, seulement comme nom <strong>de</strong> saint. Aux XVI e -XVII e siècle en France, en revanche, Jacobest le plus souvent un nom biblique choisi par les protestants <strong>et</strong> les juifs, Jacques, son résultatfrançais, un nom <strong>de</strong> saint choisi par les catholiques : la motivation du choix est alors purementreligieuse. Pour le haut Moyen âge (en France), l’on pourrait, si l’on tient à un critère linguistique,évoquer la distinction entre les <strong>noms</strong> transmis par le latin (d’origine grecque ou hébraïque parexemple), les <strong>noms</strong> d’origine latine, les <strong>noms</strong> d’origine germanique ; si l’on s’en tient à un critèrereligieux, évoquer la distinction entre les <strong>noms</strong> transmis par la Bible, les <strong>noms</strong> <strong>de</strong> saints antiques,les <strong>noms</strong> <strong>de</strong> saints médiévaux. Pour le Moyen âge classique, encore plus au XII e qu’au XI e siècle,le critère linguistique n’est plus vali<strong>de</strong> : même sous leur forme latinisée, les <strong>noms</strong> sont désormaisromans (fréquemment latinisés dans les textes latins) <strong>et</strong> les motivations du choix ne sontfranchement plus d’ordre linguistique, puisque, le plus souvent, éminemment religieu<strong>ses</strong>. Ilconvient <strong>de</strong> reconnaître aussi que les critères <strong>de</strong> classement <strong>de</strong>s <strong>noms</strong> <strong>de</strong> baptême ont toujours étédifférents <strong>de</strong> ceux qui prési<strong>de</strong>nt au classement <strong>de</strong>s sur<strong>noms</strong> ou <strong>de</strong>s <strong>noms</strong> <strong>de</strong> <strong>lieux</strong> : peu <strong>de</strong>chercheurs sérieux se sont amusés à classer sur<strong>noms</strong> <strong>et</strong> toponymes formés au bas Moyen Âge enfonction <strong>de</strong> critères linguistiques. C’est l’éternelle confusion entre le nom <strong>et</strong> son étymon : <strong>et</strong> laconcision nécessaire <strong>de</strong> l’écriture ne suffit pas pour se dédouaner <strong>de</strong> ce qui constitue une erreurscientifique.On constatera que, parmi les <strong>noms</strong> les plus attestés, les plus riches en variantes sont d’origineétrangère. Le caractère exogène ne produit pas le même eff<strong>et</strong> dans tous les pays, loin s’en faut.L’organisation en renvois perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> r<strong>et</strong>rouver aisément les hypocoristiques, les variantesgraphiques ou phonétiques, sans attendre la parution d’un in<strong>de</strong>x final, d’ici, très probablement,l’an 2020. C<strong>et</strong>te œuvre considérable suscite l’admiration. L’on a cependant bien consciencequ’elle ne peut être imitée à l’échelle d’un pays comme la France ou <strong>ses</strong> pays circonvoisins, dont42


Comptes rendusles archives éditées – ne parlons pas <strong>de</strong>s inédites – sont si nombreu<strong>ses</strong> qu’un article comme celuidédié à Jacobus nécessiterait plusieurs fascicules.Pierre-Henri BILLYBURGAN, Paul/LAFON, André. 2006. Toponymie du Tarn-<strong>et</strong>-Garonne. Dictionnaireétymologique. Les <strong>noms</strong> <strong>de</strong> communes, <strong>de</strong>s anciennes parois<strong>ses</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong>s <strong>lieux</strong>-ditsimportants. Montauban : Association Antonin Perbosc, 387 p.Les <strong>de</strong>ux auteurs <strong>de</strong> c<strong>et</strong> important travail sont bien connus par leur pratique <strong>de</strong> la langueoccitane <strong>et</strong> leur ancrage dans le local. Le département qui leur sert <strong>de</strong> terrain d’exploration est uneaberration du système français : dans une région fortement royaliste, Napoléon I er , par sénatusconsultedu 2 novembre 1808, a décidé <strong>de</strong> démembrer les départements existants à l’entour(Aveyron, Haute-Garonne, Gers, Lot <strong>et</strong> Lot-<strong>et</strong>-Garonne) en rassemblant quelques-uns <strong>de</strong> leurscantons en un nouveau département, nommé Tarn-<strong>et</strong>-Garonne <strong>de</strong> par les <strong>de</strong>ux grands cours d’eauqui le traversent. Sa toponymie même est plurielle : le territoire relève <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux zones linguistiques,languedocienne <strong>et</strong> gasconne, <strong>et</strong> les traitements phonétiques propres à chacune sont révélés dans les<strong>noms</strong> <strong>de</strong> <strong>lieux</strong> dès le milieu du Moyen âge. L’Introduction [7-11] n’évoque pas ces spécificités,mais s’attar<strong>de</strong> sur une présentation <strong>de</strong> la toponymie historique du département à partir <strong>de</strong>s quelque550 <strong>noms</strong> étudiés, dont les 195 <strong>noms</strong> <strong>de</strong>s communes. <strong>La</strong> Bibliographie [12-17] recèle l’étendue<strong>de</strong>s dépouillements menés par les auteurs, en particulier au niveau <strong>de</strong>s sources médiévales, alliantinédits <strong>et</strong> sources imprimées <strong>de</strong> manière presque exhaustive. Les revues locales, notamment, ontbeaucoup contribué à ancrer plus encore les recherches dans les réalités d’un terrain bien défrichépar les archéologues <strong>et</strong> les historiens en particulier. Les auteurs ont puisé dans <strong>de</strong> nombreuxouvrages toponymiques ou linguistiques extérieurs à la région, à fin d’étayer mieux encore leurspropositions. Le lecteur regr<strong>et</strong>tera l’emploi d’abréviations bibliographiques parfois bien obscures,<strong>de</strong> variances dans leur usage, sur un modèle mis en œuvre par feu le chanoine NÈGRE dans saToponymie Générale <strong>de</strong> la France ; d’où quelques coquilles, comme BW pour FEW [260]. À lasuite <strong>de</strong>s ouvrages <strong>de</strong> feu GROSCLAUDE sur les Pyrénées-Atlantiques <strong>et</strong> les Hautes-Pyrénées,celui-ci présente un classement <strong>de</strong>s <strong>noms</strong> par cantons ; les <strong>noms</strong> <strong>de</strong>s parois<strong>ses</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong> quelquesautres <strong>lieux</strong> importants sont classés sous les <strong>noms</strong> <strong>de</strong>s communes d’appartenance. L’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s<strong>noms</strong> est menée selon une grille bien précise : superficie du territoire <strong>et</strong> nombre d’habitants, brèveprésentation géographique, évolution du nombre d’habitants <strong>de</strong>puis 1850, liste chronologique <strong>de</strong>sformes anciennes, prononciation locale, étu<strong>de</strong> <strong>et</strong> discussion étymologique (les auteurs discutentune à une les hypothè<strong>ses</strong> <strong>de</strong> leurs prédécesseurs). Des compléments d’ordre historique ouarchéologique, parfois anecdotiques, perm<strong>et</strong>tent d’affiner la connaissance du terroir <strong>et</strong>, <strong>de</strong> temps àautre, la motivation <strong>de</strong> l’étymon ou <strong>de</strong> la réinterprétation du nom faite par la population. L’enquêtephonétique a, elle aussi, été menée avec minutie auprès <strong>de</strong> plusieurs dizaines <strong>de</strong> témoins, tant pourles <strong>noms</strong> <strong>de</strong>s communes que pour les autres <strong>noms</strong> étudiés.Contrairement à la quasi-totalité <strong>de</strong> leurs prédécesseurs, les auteurs ont porté un effortparticulier sur l’i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong>s saints dont le nom est entré dans la toponymie. Parmi les trèsnombreux faits dont fourmille l’ouvrage, on notera en particulier : [24] <strong>La</strong> Carte <strong>de</strong> Cassinid’Agen (vers 1784) mentionne un lieu appelé Marceau, munie d’une église ; celle-ci n’a déjà plusle statut paroissial qu’elle possédait encore au siècle précé<strong>de</strong>nt. Le vocable Saint-Martial s’estdonc r<strong>et</strong>rouvé réduit au seul nom du saint dès avant la Révolution, phénomène qui ne touchaitguère, auparavant que <strong>de</strong> très rares vocables comme Sainte-Marie-Ma<strong>de</strong>leine. [32] Sistels estgraphié Sestelh en 1271. Ce nom provient du même étymon que celui <strong>de</strong> Cîteaux (Côte-d’Or), le43


Nouvelle Revue d’Onomastique n° 49-50 – 2008dérivé CISTELLUM issu <strong>de</strong> lat. CISTELLA “p<strong>et</strong>ite corbeille”. Pour Cîteaux, la connotation religieuseparaît évi<strong>de</strong>nte : l’abbaye est (sise en) un lieu qui apporte la nourriture spirituelle. Pour Sistels, enrevanche, le site en forme <strong>de</strong> corbeille renversée paraît la seule motivation en l’absence <strong>de</strong> toutprieuré répertorié. [44] Esparsac relève d’une série toponymique bien fournie par toute la France.Ce nom ne provient pas d’un anthroponyme conjecturé, *SPARTIUS, mais d’un appellatif grec,SPARTÍON “sorte <strong>de</strong> genêt” (FEW XII, 135 b), muni du suffixe d’origine gauloise, ici à valeurcollective, -ACU. [48] Le nom du village <strong>de</strong> Gimat, situé sur la Gimone, est bien un dérivé en -ATE<strong>de</strong> l’hydronyme. Quant à celui <strong>de</strong> Gimont, bourg sur la Gimone (mais dans le département duGers), il est régulièrement issu d’un dérivé masculin <strong>de</strong> l’hydronyme GIMONNA. [50] Le nom <strong>de</strong>Goas est régulièrement issu <strong>de</strong> *GŬFF-, onomatopée au sens <strong>de</strong> “grossier” (FEW IV, 305 a) ; enGascogne, <strong>ses</strong> résultats dialectaux ont <strong>de</strong>s sens comme “mouillé, trempé” ; en <strong>La</strong>nguedoc “gonflé,bouffi”. Le site collinaire oriente vers le second sens. [61] Le village <strong>de</strong> Bourg-<strong>de</strong>-Visa a eul’honneur d’une débaptisation révolutionnaire sur la base d’un calembour : Bien-Avisant. [79] Lesauteurs reprennent avec raison la découverte d’un historien médiéviste : Castelsarrasin doit sonnom à un bourgeois <strong>de</strong> la ville <strong>et</strong> nom au peuple ou à l’un <strong>de</strong> <strong>ses</strong> membres. [87] Le nom <strong>de</strong>Meauzac relève d’une série toponymique très fournie. En l’absence d’une origineanthroponymique plausible, il convient <strong>de</strong> préférer le gaulois *MEL- “mélèze”, muni du suffixe-ĬCE (FEW VI/1, 654a) ; seule explication phonétique possible, elle laisse à désirer sur le plansémantique : soit l’aire du mélèze a été beaucoup plus étendue dans l’Antiquité qu’aujourd’hui,soit l’appellatif a possédé un second sens disparu entre-temps. [93] Montevols, <strong>de</strong> par <strong>ses</strong> formesanciennes, semble être un dérivé <strong>de</strong> lat. MONS, avec un double suffixe, -IVU- + -OLU. [105] Dans lenom <strong>de</strong> la commune <strong>de</strong> Saint-Vincent-d’Autejac, le déterminant était autrefois (Moyen Âge <strong>et</strong>Ancien Régime) graphié Antejac, jusqu’à ce qu’une erreur <strong>de</strong> lecture, effectuée entre 1801 <strong>et</strong>1851, à une date encore indéterminée, conduise à c<strong>et</strong>te forme aberrante. [106] Le nom <strong>de</strong>Septfonds a une valeur mystique, reconnaissent les auteurs. De par son chiffre, sept, évi<strong>de</strong>mment,chiffre le plus souvent mentionné dans les écritures saintes. Mais surtout parce qu’il est latraduction d’un nom bien connu <strong>de</strong>s Croisés, Heptapegon, issu <strong>de</strong> la traduction grecque du nom <strong>de</strong>lieu hébreu Beersheba : celui-ci, qui signifiait “puits <strong>de</strong>s sept”, avait été traduit par les Grecsheptapegon, soit “sept sources” (cf. les travaux <strong>de</strong> Keith BRIGGS sur le suj<strong>et</strong>). [110] Dans l’articleCaylus, les auteurs recensent toutes les hypothè<strong>ses</strong> étymologiques connues ; la plus récente, d’unlinguiste réputé, attribue à tous les NL Caylus une origine mérovingienne, sans tenir compte <strong>de</strong>sréalités historiques : un bon nombre du Quercy ont reçu leur nom <strong>de</strong> la famille <strong>de</strong>s seigneurs quiles possédaient. [112] <strong>La</strong>mandine tire son nom du NP féminin Na Mandina, issu non pas <strong>de</strong>AMANDUS + -INA, absent <strong>de</strong> la région (contrairement à AMANTIUS), mais <strong>de</strong> ALAMANNUS, ici fréquent,muni du même suffixe. [128] <strong>La</strong> toponymie du département <strong>et</strong>, plus généralement, <strong>de</strong> la région,plai<strong>de</strong> en faveur d’une origine appellative pour Bessens : gaulois *BETTIU- “bouleau” + -INCOS. [129]Campsas est le produit d’une réinterprétation graphique <strong>de</strong> Cansas (en 1142), en passant parCamsas (en 1395) puis Campsas sur la Carte <strong>de</strong> Cassini ; peut-être réfection étymologique, cf. occ.cansat issu <strong>de</strong> lat. CAMPSATUS (FEW II, 156 a). Sa formation est parallèle à celle <strong>de</strong>s Cansac : mêmeétymon anthroponymique, le cognomen latin CANTIUS (<strong>et</strong> non CANITIUS), mais avec le suffixe latin-ANOS. [135] Le nom <strong>de</strong> <strong>La</strong>basti<strong>de</strong>-Saint-Pierre présente un cas non rare dans la toponymie <strong>de</strong>svillages : au IX e siècle est fondé au lieu appelé <strong>La</strong>s Places, un village autour d’une église dédiée àsaint Pierre dont il prend le nom ; autour <strong>de</strong> 1270, le village est reconstruit en basti<strong>de</strong> ; au XIV esiècle, l’appellatif bastida <strong>de</strong>vient part entière <strong>de</strong> la chaîne onomastique <strong>et</strong> le lieu est ainsi appeléBastida <strong>de</strong> Sancto P<strong>et</strong>ro. [159] Tissac, <strong>de</strong> Atitiago en 1096, provient du nomen latin ATTICIUS, bienattesté. [165] Carcès, seule (ancienne) paroisse <strong>de</strong> ce nom dans l’ancien diocèse <strong>de</strong> Cahors, nepeut être qu’i<strong>de</strong>ntifié avec le Carcerio <strong>de</strong> la Vie <strong>de</strong> saint Didier <strong>de</strong> Cahors. [166] Dalmayrac estissu du cognomen latin DALMASIUS, muni du suffixe -ACU, avec phénomène <strong>de</strong> rhotacisme. [169]44


Comptes rendusValromane (comm. <strong>de</strong> Montagud<strong>et</strong>) tient son nom <strong>de</strong> la population qui y parlait latin, entouréequ’elle était par <strong>de</strong>s populations germaniques dont les <strong>noms</strong> ont été conservés dans la toponymie :Gandalle (comm. <strong>de</strong> Miramont-<strong>de</strong>-Quercy) < *VANDALA, Touffailles < *THEOFALIA. [178] Le nomd’Asques relève d’une série toponymique très fournie dans le Sud-Ouest : son origine aquitaniquene fait guère <strong>de</strong> doute. L’étymon est apparenté au basque. Les Pyrénées centrales <strong>et</strong> occi<strong>de</strong>ntalesconnaissent un féminin asco “avalanche” (FEW XXV, 1306 a) : le village d’Asques étant situé surune ligne <strong>de</strong> crête, le sens d’“avalanche” est à proscrire, mais celui <strong>de</strong> “pente” pourraitparfaitement convenir. Ledit village est sis dans la partie gasconne du département. [183] Levillage <strong>de</strong> <strong>La</strong>vit est situé à la croisée <strong>de</strong> chemins : son nom, attesté <strong>de</strong> Vita <strong>et</strong> Vita aux XII e -XIII esiècles, ne peut provenir que <strong>de</strong> m. lt. *HABITA “gîte d’étape” ; aucune autre hypothèse n’estplausible : les formes en Vic <strong>et</strong> Bic proviennent d’une mélecture <strong>de</strong> la consonne ; les autres formesmasculines comme <strong>La</strong>vit sont issues <strong>de</strong> *HABITUM, à l’origine du féminin (issu du neutre pluriel)*HABITA. [192] Boudou apparaît régulièrement sous une forme Bodor du XI e au XIII e siècle, <strong>et</strong> ilfaut attendre le XIV e pour qu’apparaisse une réfection en <strong>de</strong> Bodone, sur la forme occitane.L’étymon anthroponymique BODO, d’origine germanique, doit donc être écarté. Ce nom <strong>de</strong> lieurelève d’une série ; nonobstant, son étymologie reste obscure. [208] Auty est attesté Alti en 1130.<strong>La</strong> situation topographique du village rend compte d’un dérivé bas latin <strong>de</strong> ALTUS “haut”, ALTINUS,infiniment plus probable que le cognomen ALTINUS que d’aucuns ont cru reconnaître aussi dans lasérie <strong>de</strong>s Autignac / Autigny. [240] Souillas provient d’un étymon à l’origine <strong>de</strong> nombreuxtoponymes : c’est ici le nom d’une ancienne paroisse sise sur la voie d’Agen à Cahors. On yreconnaîtra le latin SŎLIUM “siège ; cuve” (FEW XII, 61 b), avec le suffixe -ACEU. Le site <strong>de</strong> hauteurperm<strong>et</strong> <strong>de</strong> penser que l’appellatif a été utilisé avec son premier sémantisme. [246] Cos estmanifestement un oronyme masculin, <strong>et</strong> <strong>de</strong> nombreux homonymes gascons en ren<strong>de</strong>nt compte.D’après PALAY (Dictionnaire du béarnais <strong>et</strong> du gascon mo<strong>de</strong>rnes, p. 252), cos signifierait“coteau, monticule” ; d’après HOUTH-BALTUS (RIO 1954, p. 170), “butte, hauteur” dans le Gers<strong>et</strong> les <strong>La</strong>n<strong>de</strong>s. PALAY voudrait en faire un dérivé masculin <strong>de</strong> lat. COSTA, dérivé bien attesté danscertaines chartes, certes. L’attestation Cosa dans la Table <strong>de</strong> Peutinger est i<strong>de</strong>ntifiée avec notrenom : la station romaine figure sur la voie <strong>de</strong> Cahors à Toulouse, ce qui est le cas présent. Sixsiècles plus tard, le nom est attesté sous la forme <strong>de</strong> Casso (probablement refaite sur l’homonymegallo-latin), puis au XI e s. Chos. Il convient donc <strong>de</strong> partir d’une forme féminine *COSSA, évoluéeen un dérivé masculin COSSUM. L’étymon en est inconnu, mais très probablement préroman. [264]Finhan est attesté Amfiniano en 680, puis Affiniano en 1096 ; la première attestation a laissé croireà la présence originelle d’une nasale <strong>et</strong> porté à inventer un anthroponyme latin *AMPHINIUS. Il paraîtplus raisonnable <strong>de</strong> supputer une nasalisation spontanée provoquée par la géminée <strong>et</strong> d’évoquer lenomen latin AFINIUS, bien attesté en Italie. [302] Ginals, comme Gignal, est un toponyme toujoursproche <strong>de</strong>s limites diocésaines qui reprennent <strong>de</strong>s frontières <strong>de</strong> peuples gaulois. Son étymon n’estpas anthroponymique mais lexical. Mais lequel ? [305] <strong>La</strong>guépie est Guipia en 1176 (lat.), <strong>La</strong>Guepia en 1181 (occ.). Devant la difficulté, voire l’impossibilité <strong>de</strong> lui trouver un étymongermanique, les toponymistes se sont accordés pour lui attribuer un étymon anthroponymique lat.VIPPIUS, qui aurait été soumis par analogie à l’évolution du w germanique, avec adjonction dusuffixe latin -IA, sous-entendu villa. <strong>La</strong> précession <strong>de</strong> l’article dès le XII e siècle fait cependantdifficulté. On pourrait donc évoquer une formation du type la NP + -ia, le NP étant d’un type*Guepe étranger à la région. [323] Castelferrus repose sur un NP Ferrucius médiéval lui-mêmedérivé d’un cognomen latin FERRUCIO attesté à Rome. [341] Buzenou, attesté Buzonor en 1286, estissu d’un dérivé masculin (au génitif pluriel) <strong>de</strong> BOTINA “borne” : le lieu est situé à 1 km. à l’ouest<strong>de</strong> la limite provinciale du Quercy, à 5 km. à l’est <strong>de</strong> la limite du diocèse <strong>de</strong> Cahors. [341] DansEspalais à l’instar d’Escazeaux [43], l’apparition <strong>de</strong> la préposition occitane ès “dans les” seproduit en même temps que son agglutination, sur la Carte <strong>de</strong> Cassini <strong>de</strong> Montauban (éditée en45


Nouvelle Revue d’Onomastique n° 49-50 – 20081776-1777) : c’est probablement une création <strong>de</strong> l’auteur <strong>de</strong>s levées. [344] Golfech : la solutionpasse par un composé anthroponymique germanique jusqu’ici non répertorié. <strong>La</strong> forme Wolfwig nepeut être à l’origine <strong>de</strong> Golfech. [345] <strong>La</strong>magistère, nom d’un port sur la Garonne, tire trèsprobablement son nom d’une féminisation du mot savant magister qui servait à désigner unpropriétaire <strong>de</strong> bateaux. [349] Teul<strong>et</strong> est clairement un dérivé, avec le suffixe collectif -ETU, <strong>de</strong>l’occ. teula pour désigner un lieu où l’on extrayait la matière <strong>de</strong>stinée à fabriquer <strong>de</strong>s briques <strong>et</strong><strong>de</strong>s tuiles. Un In<strong>de</strong>x <strong>de</strong>s <strong>noms</strong> étudiés [381-386] complète l’ouvrage.Il convient <strong>de</strong> reconnaître en ce travail une forte avancée méthodologique, les auteurs ayantdécidé d’embrasser la toponymie dans son sens le plus large, pour se rapprocher le plus possible<strong>de</strong>s faits <strong>et</strong> donc <strong>de</strong> la probable origine <strong>de</strong>s <strong>noms</strong>. Consacré à un département, fût-il <strong>de</strong> p<strong>et</strong>ite taille,c<strong>et</strong> ouvrage fait date parmi <strong>ses</strong> compagnons. Sa rédaction, loin du style <strong>de</strong>s dictionnaires, n’en étaitque plus difficile <strong>et</strong> les auteurs ont su en éviter les écueils. Souhaitons d’une part que l’ouvragesoit bien reçu dans le public occitan mais aussi scientifique, d’autre part que <strong>ses</strong> auteurs veuillentbien lui donner une suite en étudiant le département voisin du Lot-<strong>et</strong>-Garonne : sa toponymie estméconnue, son personnel <strong>de</strong>s Archives accueillant, <strong>et</strong> les travaux historiques <strong>et</strong> archéologiquessont suffisamment nombreux <strong>et</strong> avancés pour perm<strong>et</strong>tre une publication relativement rapi<strong>de</strong>.Pierre-Henri BILLYComissió <strong>de</strong> Toponímia <strong>de</strong> Catalunya. 2006. Criteris per a la toponimia d’àmbitmunicipal. Barcelona : Generalitat <strong>de</strong> Catalunya, 41 p.<strong>La</strong> Généralité <strong>de</strong> Catalogne, dont on sait l’intense engagement en faveur <strong>de</strong> la culture, danstous les sens du terme, a créé <strong>de</strong>puis longtemps une Commission <strong>de</strong> Toponymie très active. Afind’encourager les créations <strong>de</strong> nouveaux <strong>noms</strong> <strong>de</strong> <strong>lieux</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong> rues, afin aussi <strong>de</strong> les normaliser, ellea préparé ce fascicule <strong>de</strong>stiné d’abord <strong>et</strong> avant tout aux maires <strong>de</strong>s villes <strong>et</strong> <strong>de</strong>s villages catalans.Le fascicule définit <strong>de</strong>s critères <strong>de</strong> dénomination <strong>et</strong> <strong>de</strong> fixation, <strong>de</strong> graphie <strong>et</strong> <strong>de</strong> signalétique. Lesauteurs insistent sur la nécessité <strong>de</strong> préserver le patrimoine historique <strong>et</strong> <strong>de</strong> s’abstenir d’utiliser <strong>de</strong>s<strong>noms</strong> commerciaux ou <strong>de</strong> marques. Un autre principe <strong>de</strong> base consiste à conserver la présence <strong>de</strong>l’article, <strong>et</strong> seulement le dialectal, el, sa, <strong>et</strong>h, <strong>et</strong>c.[5-6]. Contrairement à l’usage français, lesauteurs souhaitent que les fusions <strong>de</strong> communes respectent leurs i<strong>de</strong>ntités onomastiques : leurs<strong>noms</strong> doivent être séparés par la conjonction <strong>de</strong> coordination <strong>et</strong>, éventuellement, par une virgule(s’il y a trois <strong>noms</strong> ou plus) [7]. Ils souhaitent que soit évitée la manie française (rarement attestéeen Catalogne) <strong>de</strong> créer <strong>de</strong>s nouveaux <strong>noms</strong> sur la base <strong>de</strong> parties <strong>de</strong> <strong>noms</strong> existants. Pour ce qui est<strong>de</strong>s quartiers, les auteurs <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt que cesse l’utilisation <strong>de</strong> <strong>noms</strong> à caractère commercial outouristique, notamment le transfert <strong>de</strong> <strong>noms</strong> anglais [10]. En ce qui concerne les rues, ilsrecomman<strong>de</strong>nt l’emploi <strong>de</strong> la minuscule pour les articles <strong>de</strong>s <strong>noms</strong> <strong>de</strong> <strong>lieux</strong> catalans (Camí <strong>de</strong> saRiera), <strong>de</strong> la majuscule pour ceux <strong>de</strong>s <strong>noms</strong> étrangers (Carrer <strong>de</strong> Les Houches) [13]. C<strong>et</strong>tedistinction peut paraître bizarre dans la mesure où elle n’intègre pas l’article dans le nom <strong>de</strong> lieucatalan : quelques exemples <strong>de</strong> graphies <strong>de</strong> toponymes, employés en tant que tels, explicitentencore mieux c<strong>et</strong>te attitu<strong>de</strong> (cat. el Racó, mais gasc. Eth Pònt <strong>de</strong> Rei [4]). À l’intérieur d’unsyntagme odonymique, l’appellatif doit en revanche prendre une majuscule : Plaça <strong>de</strong> l’ArquitecteSert [14]. Les <strong>noms</strong> <strong>de</strong> famille compris dans les <strong>noms</strong> <strong>de</strong> fermes doivent être normalisés selon lagraphie officielle catalane ; d’ailleurs, les NF catalans peuvent désormais subir une normalisationgraphique, comme en a décidé une loi du 7 janvier 1998 [20]. D’une manière fort pragmatique, ilest recommandé que les appellatifs topographiques soient graphiés avec une minuscule quand leursens correspond au référent, avec une majuscule quand il n’y correspond plus [21] : chacun sait46


Comptes rendusqu’en France, c<strong>et</strong>te distinction n’est plus guère faite <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>s siècles. Les auteurs considèrentque l’agglutination <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux morphèmes va <strong>de</strong> pair avec l’absence d’article comme éléments <strong>de</strong>discrimination toponymique [27], en citant comme exemples Casanova <strong>de</strong> la Riera ouQuatrecamins. Il est vrai que la nomenclature <strong>de</strong>s communes catalanes ne possè<strong>de</strong> que <strong>de</strong> raresexceptions à c<strong>et</strong>te règle, comme el Montmell. Ils recomman<strong>de</strong>nt enfin un usage spécifique du traitd’union dans certains composés toponymiques, en fonction <strong>de</strong> critères phonétiques : premierélément terminé par une voyelle <strong>de</strong>vant r-, s- ou x-, en cas <strong>de</strong> redoublement graphique <strong>de</strong> lagraphie -ll- ; mais aussi pour éviter <strong>de</strong>s mélectures ou conserver à certains composés un minimum<strong>de</strong> lisibilité [28]. Le fascicule s’achève par <strong>de</strong>s annexes législatives <strong>et</strong> bibliographiques, un in<strong>de</strong>xthématique <strong>et</strong> une table <strong>de</strong>s matières. On signalera une correction à porter à la prochaine édition :les génériques tossal <strong>et</strong> turó qui relèvent <strong>de</strong> l’oronymie sont à mentionner avec les oronymes(a.3.2.) [24].Ce fascicule est rédigé pour ceux qui ont le pouvoir <strong>de</strong> nommer <strong>de</strong>s <strong>lieux</strong> (maires), <strong>de</strong> lesécrire sur <strong>de</strong>s panneaux signalétiques (Équipement) ou <strong>de</strong>s cartes (Institut Cartogràfic <strong>de</strong>Catalunya). Il couvre tout le panel <strong>de</strong> la toponymie <strong>et</strong> <strong>de</strong>vrait servir <strong>de</strong> modèle aux différentesCommissions <strong>de</strong> Toponymie existant ailleurs, <strong>et</strong> d’outil pour alimenter nos réflexions sur latoponymie contemporaine.Pierre-Henri BILLYBRENDLER, Andrea <strong>et</strong> Silvio (dir.). 2005. Namenforschung morgen. I<strong>de</strong>en,Perspektiven, Visionen. Hambourg : Baar, 217 p.Même si l’on affirme avec force qu’elle offre sans doute le plus grand potentield’innovations parmi les grands secteurs <strong>de</strong> la linguistique, l’onomastique a souvent été considérée,au cours <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rnières années, comme moribon<strong>de</strong>. Déjà dans les années 1960, lorsque lalinguistique historique <strong>et</strong> la dialectologie, soucieu<strong>ses</strong> <strong>de</strong> favoriser une progression dans l<strong>et</strong>raitement <strong>de</strong>s questions fondamentales par le dépouillement <strong>et</strong> l’analyse <strong>de</strong> nouvelles sources,s’engageaient dans une vaste collecte <strong>de</strong> matériaux, l’onomastique restait dans l’ombre <strong>de</strong>s grandsproj<strong>et</strong>s lexicographiques <strong>et</strong> <strong>de</strong>s atlas linguistiques régionaux. Dès c<strong>et</strong>te époque, <strong>de</strong> nombreuxproj<strong>et</strong>s, notamment dans le domaine <strong>de</strong> la toponymie <strong>et</strong> <strong>de</strong> la microtoponymie, n’ont guère dépasséle sta<strong>de</strong> <strong>de</strong> la collecte <strong>de</strong>s matériaux, <strong>et</strong> les travaux publiés se caractérisent souvent par unedisproportion étonnante entre la mise en forme minutieuse <strong>et</strong> systématique <strong>de</strong>s sources <strong>et</strong> leuranalyse comparativement faible. Un véritable commentaire linguistique fait souvent défaut <strong>et</strong> lespossibilités méthodologiques offertes par l’informatique, qui facilite la gestion <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s mas<strong>ses</strong><strong>de</strong> données, autorise <strong>de</strong>s interrogations croisées <strong>et</strong> accélère la publication <strong>de</strong>s résultats, restentsous-exploitées. Par ailleurs, l’onomastique est souvent considérée comme une science auxiliaire,en dépit <strong>de</strong> sa reconnaissance comme discipline-charnière au carrefour <strong>de</strong>s sciences humaines <strong>et</strong><strong>de</strong>s sciences du langage. On insiste certes sur l’importance <strong>de</strong>s passerelles interdisciplinaires <strong>et</strong>interculturelles découlant <strong>de</strong> façon quasi-automatique du choix <strong>de</strong>s suj<strong>et</strong>s <strong>et</strong> <strong>de</strong>s approchesméthodologiques, mais le problème d’une éventuelle « spécificité onymique » <strong>de</strong>s <strong>noms</strong> propre<strong>ses</strong>t rarement soulevé.Le p<strong>et</strong>it ouvrage dont il est rendu compte ici part <strong>de</strong> ce constat en essayant, pour différentesbranches <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te discipline, <strong>de</strong> dresser un bilan <strong>et</strong> <strong>de</strong> proposer <strong>de</strong>s perspectives d’avenir concrètes.Deux dates importantes dans l’histoire disciplinaire <strong>de</strong> l’onomastique alleman<strong>de</strong> ont présidé à laréalisation <strong>de</strong> ce volume. D’une part la création <strong>de</strong> la chaire d’onomastique à l’université <strong>de</strong>Leipzig en 1975 perm<strong>et</strong>tait, au moment <strong>de</strong> la parution <strong>de</strong> notre ouvrage en 2005, <strong>de</strong> j<strong>et</strong>er un regardrétrospectif sur trente années d’activités <strong>de</strong> recherche inten<strong>ses</strong>. Confiée d’abord à Hans47


Nouvelle Revue d’Onomastique n° 49-50 – 2008WALTHER, spécialiste <strong>de</strong> l’onomastique <strong>de</strong> Thuringe <strong>et</strong> <strong>de</strong> Saxe, puis à Ernst EICHLER,Karlheinz HENGST <strong>et</strong> Jürgen UDOLPH, c<strong>et</strong>te nouvelle chaire, qui est restée unique enAllemagne, a notamment ouvert le chemin à <strong>de</strong> nombreu<strong>ses</strong> étu<strong>de</strong>s toponymiques sur l’histoire <strong>de</strong>l’habitat <strong>de</strong> l’est <strong>de</strong> l’Allemagne <strong>et</strong> sur les contacts historiques entre Germania <strong>et</strong> Slavia, ainsi qu’à<strong>de</strong>s travaux <strong>de</strong> longue haleine sur l’anthroponymie, avec l’instauration d’un service d’assistancepour toute question concernant <strong>de</strong>s problèmes juridiques <strong>et</strong> notamment les possibilités <strong>de</strong> choisirpour son bébé un prénom « exotique », un service <strong>de</strong> renseignement très prisé sur l’origine <strong>et</strong> larépartition géographique <strong>de</strong>s <strong>noms</strong> <strong>de</strong> famille <strong>et</strong> une émission radiophonique quotidienneextrêmement populaire. D’autre part, la parution <strong>de</strong> ce volume intervient 35 ans après celle <strong>de</strong>l’ouvrage collectif Namenforschung heute. Ihre Ergebnisse und Aufgaben in <strong>de</strong>r DeutschenDemokratischen Republik (Berlin : Aka<strong>de</strong>mie-Verlag, 1971), ce qui a incité les initiateurs <strong>de</strong> cenouveau proj<strong>et</strong> éditorial à choisir le titre fédérateur Onomastique <strong>de</strong> <strong>de</strong>main (Namenforschungmorgen). <strong>La</strong> métho<strong>de</strong> mise en œuvre est aussi simple qu’efficace : plusieurs générationsd’onomasticiens allemands <strong>et</strong> étrangers, parmi lesquels on regr<strong>et</strong>tera néanmoins l’absence <strong>de</strong>certains grands <strong>noms</strong>, sont invités à faire part <strong>de</strong> leurs idées <strong>et</strong> <strong>de</strong> leurs « visions » personnelles,sans oublier l’éditeur <strong>de</strong> l’ouvrage qui a lui-même fourni une contribution importante (SilvioBRENDLER, Brückenschlagen : Von einer zukunftsträchtigen Stärke <strong>de</strong>r Namenforschung, p. 23-32). Il y souligne le potentiel innovant <strong>de</strong> notre discipline, essentiellement lié, selon lui, à lasouplesse d’esprit <strong>de</strong> <strong>ses</strong> représentants, particulièrement ouverts à toute approche pluridisciplinaire<strong>et</strong> toujours prêts à j<strong>et</strong>er <strong>de</strong>s ponts <strong>et</strong> à saisir au vol <strong>de</strong> nouvelles approches théoriques <strong>et</strong>méthodologiques. Pour une meilleure visibilité du caractère spécifiquement onymique <strong>de</strong> <strong>ses</strong>obj<strong>et</strong>s d’analyse, il lui semble néanmoins absolument nécessaire <strong>de</strong> renforcer le vol<strong>et</strong> purementlinguistique <strong>de</strong>s sciences du nom propre, en favorisant une évolution <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te discipline vers ce quec<strong>et</strong> auteur appelle « une onomastique véritablement onomastique » (eine wahrhaft onomastischeOnomastik) – préalable indispensable pour perm<strong>et</strong>tre aux étu<strong>de</strong>s onomastiques <strong>de</strong> se débarrasser<strong>de</strong> l’étiqu<strong>et</strong>te fortement réductrice <strong>de</strong> science auxiliaire, étiqu<strong>et</strong>te pourtant largement méritée carc<strong>et</strong>te discipline aurait toujours eu tendance à se servir <strong>de</strong>s <strong>noms</strong> propres pour répondre à <strong>de</strong>simpératifs pour lesquels ces <strong>noms</strong> ne servaient que <strong>de</strong> faire-valoir (zur Beantwortung diverserFragen, die mit <strong>de</strong>n Namen selbst nicht vor<strong>de</strong>rgründig <strong>et</strong>was zu tun haben [25]). Telle qu’elle s’esttoujours pratiquée, l’onomastique serait pour ainsi dire exclusivement focalisée sur une approchepragmatique <strong>et</strong> ne se préoccuperait guère <strong>de</strong> questionnements systémiques (dass Namenforschungbisher vor allem Namen(be)nutzung und weniger Namen(er)forschung war [25]), à l’exceptiond’une p<strong>et</strong>ite broch<strong>et</strong>te d’étu<strong>de</strong>s typologiques visant à comparer le fonctionnement interne <strong>de</strong>différents systèmes onymiques [27]. Le moins que l’on puisse dire est que c<strong>et</strong>te thèse paraît osée,<strong>et</strong> il semble judicieux <strong>de</strong> se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r s’il existe réellement <strong>de</strong>s domaines <strong>de</strong> la langue danslesquels les <strong>noms</strong> propres nous apportent <strong>de</strong>s informations que les matériaux tirés du lexiqueappellatif seraient incapables <strong>de</strong> fournir. Et, si l’on répond par l’affirmative à c<strong>et</strong>te questioncharnière,peut-on i<strong>de</strong>ntifier précisément ces domaines <strong>et</strong> en évaluer l’impact pour une orientationméthodologique nouvelle <strong>de</strong> l’onomastique pour les années à venir ? C<strong>et</strong>te nouvelle orientationplus linguistique <strong>de</strong> l’onomastique revendiquée par BRENDLER, aussi légitime soit-elle,nécessite-elle donc réellement la mise en place <strong>de</strong> « fon<strong>de</strong>ments théoriques <strong>et</strong> méthodologiques <strong>de</strong>l’onomastique correspondant pleinement aux particularités onymiques <strong>de</strong> <strong>ses</strong> obj<strong>et</strong>s d’analyse »(einer spezifisch onomastischen M<strong>et</strong>hodik, einer theor<strong>et</strong>isch-m<strong>et</strong>hodischen Fundierung, ... dieihrem Gegenstand voll entspricht [27]) ?Les autres contributions placent la barre un peu moins haute ; en évitant <strong>de</strong> chercher <strong>de</strong>srépon<strong>ses</strong> à <strong>de</strong>s questionnements aussi épineux, leurs auteurs dressent avant tout le bilan <strong>de</strong> leursactivités personnelles <strong>et</strong> tentent d’en définir le prolongement éventuel. Le classement suit un ordrestrictement alphabétique, ce qui me semble constituer une p<strong>et</strong>ite erreur méthodologique, dans la48


Comptes rendusmesure où c<strong>et</strong>te présentation ne perm<strong>et</strong> pas <strong>de</strong> dégager les gran<strong>de</strong>s lignes <strong>de</strong> la recherche pour telleou telle branche <strong>de</strong> l’onomastique. Une répartition <strong>de</strong>s textes en fonction <strong>de</strong> critères thématiquesnous perm<strong>et</strong>tra <strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre en lumière le « fil directeur » qu’on perd parfois un peu <strong>de</strong> vue à lalecture <strong>de</strong> l’ouvrage.En tentant <strong>de</strong> développer une vision « globale » <strong>de</strong> la discipline, le slaviste Ernst EICHLER[33-35] plai<strong>de</strong> pour une généralisation d’approches résolument comparatistes, en synchroniecomme en diachronie, qui perm<strong>et</strong>traient <strong>de</strong> distinguer le plus n<strong>et</strong>tement possible les traitsspécifiques <strong>de</strong> tel ou tel système onymique <strong>de</strong>s traits généraux, afin <strong>de</strong> dégager d’éventuellestendances onymiques à caractère universel. Le diachronicien P<strong>et</strong>er ANREITER [13-21] soulignel’importance <strong>de</strong> la « linguistique <strong>de</strong> terrain » pour la résolution <strong>de</strong> problèmes étymologiques. Si laprise en compte <strong>de</strong> données extralinguistiques constitue une évi<strong>de</strong>nce en lexicographie, une telleapproche, illustrée ici par <strong>de</strong>s exemples pris dans la toponymie <strong>de</strong> la Romania submersa du Tyrol,où <strong>de</strong>s variétés alleman<strong>de</strong>s (ou plus exactement bavaroi<strong>ses</strong>) se sont substituées durant les XIV e <strong>et</strong>XV e siècles aux variétés rhéto-romanes plus anciennes, est malheureusement beaucoup trop rare entoponymie <strong>et</strong> sa mise en application systématique perm<strong>et</strong>trait d’éviter <strong>de</strong> nombreu<strong>ses</strong> erreursétymologiques. L’auteur se prononce ainsi en faveur d’un dialogue approfondi sur les obj<strong>et</strong>snommés, y compris avec les sciences dites « dures ». Dans le même ordre d’idées, JürgenUDOLPH [173-181] <strong>et</strong> Horst NAUMANN [129-139] soulignent l’importance <strong>de</strong>s matériauxonomastiques pour la lexicologie <strong>et</strong> l’étymologie, <strong>et</strong> Heinz-Di<strong>et</strong>er POHL [153-160] <strong>et</strong> WalterWENZEL [193-210] les rejoignent en m<strong>et</strong>tant l’accent sur l’analyse <strong>de</strong>s contacts <strong>et</strong> <strong>de</strong>sinterférences linguistiques par le biais <strong>de</strong> l’onomastique. En soulignant la complexité <strong>de</strong> lasituation onomastique <strong>de</strong>s régions multilingues, Heinz-Di<strong>et</strong>er POHL m<strong>et</strong> en lumière l’impact <strong>de</strong>srecherches onomastiques pour l’histoire sociale <strong>et</strong> culturelle <strong>et</strong> l’intérêt d’une valorisation <strong>de</strong> cesrecherches à <strong>de</strong>s fins touristiques. Gerhard SCHILDBERG-SCHROTH [161-171] souligneégalement la valeur patrimoniale <strong>de</strong> la toponymie <strong>et</strong> <strong>de</strong> la microtoponymie <strong>et</strong> insiste surl’importance <strong>de</strong> sa valorisation par le biais <strong>de</strong> dictionnaires <strong>et</strong> d’atlas onomastiques. Tout commeEdgar HOFFMANN [87-96], il se prononce en faveur d’une approche très pragmatique, enaccentuant les urgences en matière <strong>de</strong> constitution <strong>et</strong> <strong>de</strong> publication <strong>de</strong> corpus car dans un mon<strong>de</strong>en proie à <strong>de</strong>s transformations structurelles majeures, la survie même <strong>de</strong> ce patrimoineonomastique est souvent fortement menacée. L’enjeu est tout autre dans le domaine <strong>de</strong>l’anthroponymie, comme le montre la longue contribution <strong>de</strong> Volkmar HELLFRITZSCH [61-80],accompagnée <strong>de</strong> plusieurs cartes en couleurs, qui dresse un bilan <strong>de</strong>s recherches patronymiquesrévélant les avancées considérables dues aux progrès technologiques <strong>et</strong> notamment à la révolution<strong>de</strong> l’informatique <strong>et</strong> du numérique dans l’exploitation <strong>de</strong>s annuaires téléphoniques. Ces nouvellestechniques sont aussi évoquées par Damaris NÜBLING <strong>et</strong> Konrad KUNZE [141-151] quiprésentent ici un proj<strong>et</strong> <strong>de</strong> recherche en cours, qui tente <strong>de</strong> rassembler sous la forme d’un atlaspatronymique la répartition actuelle <strong>de</strong> certains types <strong>de</strong> patronymes, en s’approchant du modèleexpérimenté pour la Romania dans le cadre du proj<strong>et</strong> PATROM, alors que Rosa <strong>et</strong> VolkerKOHLHEIM souhaitent étudier la diffusion <strong>de</strong>s patronymes à travers l’Europe dans uneperspective diachronique, en tentant <strong>de</strong> dégager les principes régissant l’émergence du patronymedans différents systèmes anthroponymiques. Pour ce faire, Uta-Dorothée IMMEL <strong>et</strong> MichaelKLINTSCHAR [97-105] proposent par ailleurs <strong>de</strong> renforcer les liens avec les spécialistes <strong>de</strong>l’histoire familiale <strong>et</strong> avec la généalogie. Sur un autre plan, Doreen GERRITZEN [45-53], attachéeà l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s pré<strong>noms</strong> actuels, cherche à j<strong>et</strong>er <strong>de</strong>s ponts vers la sociologie interprétative, ens’intéressant aux critères <strong>de</strong> sélection accompagnant le choix d’un nom, toujours révélateur <strong>de</strong>phénomènes <strong>de</strong> mo<strong>de</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong> questions i<strong>de</strong>ntitaires. Karlheinz HENGST [81-86] s’attache àrenforcer les étu<strong>de</strong>s en onomastique littéraire, à laquelle il confère le néologisme <strong>de</strong>« poétonomastique » (Po<strong>et</strong>onomastik) <strong>et</strong> propose d’intégrer c<strong>et</strong>te discipline dans la formation49


Nouvelle Revue d’Onomastique n° 49-50 – 2008universitaire <strong>de</strong>s traducteurs littéraires, alors que Karina van DALEN-OSKAM [184-191] seprononce en faveur d’une approche comparatiste. Katharina LEIBRING [117-125], enfin, insistesur la nécessité d’ouvrir les étu<strong>de</strong>s onomastiques à l’analyse <strong>de</strong> toute catégorie <strong>de</strong> <strong>noms</strong>, y comprisles <strong>noms</strong> d’animaux, les <strong>noms</strong> <strong>de</strong> marques, les pseudonymes sur Intern<strong>et</strong>, <strong>et</strong>c., alors que MilanHARVALIK [55-59] porte une attention particulière aux questions terminologiques car les usagesvarient considérablement d’un pays à l’autre. L’auteur constate la formation fréquente <strong>de</strong>néologismes « extravagants » <strong>et</strong> s’exprime en faveur d’usages plus uniformes <strong>et</strong> d’une impositionprogressive <strong>de</strong> certains internationalismes. Notons enfin que l’une <strong>de</strong>s contributions les plusoriginales, à notre sens, est due au germaniste P<strong>et</strong>er ERNST [37-44] pour qui les points <strong>de</strong>convergence à exploiter en priorité se situeraient surtout du côté <strong>de</strong> la linguistique appliquée <strong>et</strong> <strong>de</strong>stravaux récents sur l’acquisition <strong>de</strong> la langue : comment les <strong>noms</strong> propres s’inscrivent-ils dans lelexique mental <strong>de</strong>s locuteurs, comment font-ils pour les reconnaître <strong>et</strong> se les remémorer ? Les<strong>noms</strong> propres constituent-ils effectivement <strong>de</strong>s signes linguistiques « d’un autre genre », soumis à<strong>de</strong>s règles particulières ?Certes, le concept même qui avait présidé à la réalisation <strong>de</strong> c<strong>et</strong> ouvrage ne perm<strong>et</strong> pasd’exploiter, ni même d’abor<strong>de</strong>r, toutes les potentialités méthodologiques <strong>de</strong> l’onomastique actuellecar les différents auteurs posent finalement plus <strong>de</strong> questions qu’ils n’en résolvent. Il n’en reste pasmoins qu’il s’agit là d’une initiative fort intéressante qui ne <strong>de</strong>man<strong>de</strong> qu’à être complétée par <strong>de</strong>sproj<strong>et</strong>s similaires, notamment pour l’onomastique française qui n’a absolument pas été prise encompte dans c<strong>et</strong>te enquête.Martina PITZGARCÍA GALLARÍN, Consuelo (dir.). 2007. Los nombres <strong>de</strong>l Madrid multicultural,Madrid : Ediciones Parthenon, 346 p.Bien connue pour <strong>ses</strong> travaux sur les pré<strong>noms</strong> espagnols <strong>de</strong>s époques mo<strong>de</strong>rne <strong>et</strong>contemporaine, la coordinatrice <strong>de</strong> c<strong>et</strong> ouvrage a récidivé en lançant une enquête collective sur l<strong>et</strong>hème <strong>de</strong>s pré<strong>noms</strong> actuels dans la ville <strong>et</strong> la communauté urbaine <strong>de</strong> Madrid, portés par leshabitants quel que soit leur âge. Bon nombre ont <strong>de</strong>s origines linguistiques bien éloignées <strong>de</strong>scastillanes : du catalan au japonais en passant par le roumain ou l’hispanoaméricain. <strong>La</strong>prénomination actuelle est à l’image <strong>de</strong>s populations : un brassage linguistique, culturel, social,religieux. [13-15] (Consuelo García Gallarín), “El nombre propio y la construcción <strong>de</strong> lai<strong>de</strong>ntidad”. L’auteur y rappelle notamment la nécessité pour nombre <strong>de</strong> parents <strong>de</strong> « se faire unnom », comme au XVII e s. : le prénom conféré à l’enfant a tendance à le classer quant à <strong>ses</strong>origines (géographiques, sociales…) ; <strong>ses</strong> parents tentent donc, par le prénom <strong>de</strong> naissance, <strong>de</strong> lechanger <strong>de</strong> classe : l’imagination <strong>de</strong> ceux qui rencontrent l’enfant peut alors errer. À l’opposé,l’autre tendance est d’« être soi » : conserver l’i<strong>de</strong>ntité familiale à travers le choix du prénom. [19-42] María <strong>de</strong>l Carmen BRAVO LLATAS, “Descripción estadística <strong>de</strong> los datos <strong>de</strong>l padrónmunicipal. Periodo <strong>de</strong> 1996-2006”. L’auteur présente <strong>et</strong> analyse les tableaux <strong>de</strong>s données extraites<strong>de</strong> l’état civil <strong>de</strong> la zone, avec <strong>de</strong>s classements notamment par origines linguistiques (en fonction<strong>de</strong>s pays d’origine), par groupes d’âge. Le plus fort contingent venu <strong>de</strong> l’étranger est équatorien(11,44% du total <strong>de</strong> la population). [43-62] Juan Carlos GALENDE DÍAZ, “Normativa legal <strong>de</strong>lnombre propio”. Dans son historique, l’auteur rappelle la naissance du prénom double à la fin duXVI e siècle. Ensuite, il présente exhaustivement l’historique <strong>de</strong> la législation espagnole sur leprénom, notamment l’interdiction <strong>de</strong>s pré<strong>noms</strong> régionaux sous l’ère franquiste. [65-98] Carlos CidABASOLO, “Nombres vascos en Madrid”. L’auteur dresse un long historique <strong>de</strong> la prénomination50


Comptes rendusbasque <strong>de</strong>s origines à aujourd’hui, <strong>de</strong>s tableaux <strong>de</strong> fréquence actuelle, les étymologies <strong>et</strong> leshypocoristiques, les motivations du choix <strong>de</strong>s pré<strong>noms</strong> (politiques <strong>et</strong> autres). [99-133] ConsueloGARCÍA GALLARÍN, “Tradición e innovación antroponímicas (Madrid, 1996-2006)”. Par unhistorique <strong>de</strong> la prénomination à Madrid tout au long du XX e siècle, l’auteur nous conduit à lapério<strong>de</strong> actuelle par une analyse fine <strong>de</strong>s changements <strong>de</strong>s motivations <strong>et</strong> <strong>de</strong>s évolutionsmigratoires. [135-161] M a Victoria NAVAS SÁNCHEZ-ÉLEZ, “Los nombres <strong>de</strong>l Madridmulticultural : resi<strong>de</strong>ntes <strong>de</strong> lengua oficial portuguesa y <strong>de</strong> lengua gallega”. L’auteur analyse lesdonnées en distinguant bien l’origine géographique <strong>de</strong>s lusitanophones : le classement fréquentiel<strong>de</strong>s pré<strong>noms</strong> est extrêmement variable, comme on pouvait s’y attendre. Des rappels historiquesperm<strong>et</strong>tent au lecteur <strong>de</strong> resituer dans le temps l’état actuel <strong>de</strong> la prénomination, <strong>et</strong> <strong>de</strong> relativisercertaines évolutions. [163-178] Juan José ORTEGA ROMÁN, “Nombres catalanes en Madrid”.<strong>La</strong> plupart <strong>de</strong>s <strong>noms</strong> catalans sont typiques, <strong>de</strong> par leur graphie ou leur localisation originelle.Cependant, un certain nombre embarassent qui sont manifestement <strong>de</strong>s formes catalanisées <strong>de</strong><strong>noms</strong> étrangers aux territoires catalan <strong>et</strong> espagnol. L’auteur constate aussi la gran<strong>de</strong> variabilité <strong>de</strong>sgraphies, observable en Espagne (comme en France), <strong>de</strong>puis les années 1980. [181-196] CarlosCID ABASOLO, Arturo RODRÍGUEZ, LÓPEZ, “Nombres eslavos”. Les <strong>noms</strong> slaves, portés par<strong>de</strong>s Slaves, sont d’un nombre limité, mais leurs variantes graphiques <strong>et</strong> phonétiques nombreu<strong>ses</strong>,en fonction <strong>de</strong> l’origine géographique, mais aussi <strong>de</strong> la translittération, voire l’adaptation. Le nomOleksan<strong>de</strong>r est ainsi adapté par <strong>de</strong>s Rus<strong>ses</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong>s Bulgares sous la forme castillane Alejandro(13,2%), mais aussi sous la française Alexandre (7,4%) [190]. Parallèlement, l’adaptationcastillane Pedro ne représente que 2% <strong>de</strong>s formes issues <strong>de</strong> Piotr dans la population slave <strong>de</strong> lacommunauté urbaine [192]. [197-207] Carmen DÍAZ BAUTISTA, “Antroponimiahispanoamericana : la variación generacional”. Les pré<strong>noms</strong> portés par les immigrés d’originehispanoaméricaine sont marqués par une anglicisation certaine en ce qui concerne le choix <strong>de</strong>spré<strong>noms</strong>, <strong>et</strong> une liberté totale quant au choix <strong>de</strong>s variantes graphies. Pour ne prendre qu’unexemple, celui <strong>de</strong> l’anglais Diana, la graphie du prénom chez les adultes est très majoritairementDiana, celle adoptée pour les jeunes oscille entre Diana, Dayana <strong>et</strong> Dahiana [201]. [209-234]Consuelo GARCÍA GALLARÍN, “<strong>La</strong> evolución <strong>de</strong> la antroponimia hispanoamericana”. Histoirecomparée <strong>de</strong> la prénomination en Amérique du Sud <strong>et</strong> en Espagne. À Madrid, les pré<strong>noms</strong> <strong>de</strong>sadultes immigrés sont entachés d’une volonté d’i<strong>de</strong>ntification aux coutumes anthroponymiques <strong>de</strong>leur pays d’origine ; ceux <strong>de</strong> leurs enfants montrent clairement une volonté d’intégration pardifférents moyens que l’auteur analyse (choix du prénom, <strong>de</strong> la graphie, <strong>et</strong>c.). Les ressortissants<strong>de</strong>s pays qui pratiquent le zézaiement choisissent souvent une graphie qui en rend compte.L’article est d’une gran<strong>de</strong> richesse. [235-253] Ángel IGLESIAS OVEJERO, “Nombres <strong>de</strong>ldominio francófono en el Madrid multicultural (1996-2006)”. Ces <strong>noms</strong> concernent <strong>de</strong>sressortissants aussi bien français qu’africains : c’est ainsi que le prénom le plus fréquent estMamadou. L’analyse ne sépare pas les pré<strong>noms</strong> féminins <strong>de</strong>s masculins, ce qui ne favorise guèreles étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> fréquence. L’auteur, dans sa gran<strong>de</strong> nomenclature, relève un prénom féminin que lesparents ont voulu significatif : Nancy Lorenna [244] ; ce peut être aussi un simple jeu <strong>de</strong> <strong>noms</strong>. Lefait que <strong>de</strong>s Français aient pu donner à leurs enfants <strong>de</strong>s pré<strong>noms</strong> d’hommes d’État alors aupouvoir est patent [249] : une adhésion politique a joué ; après leur sortie, le rapport entre le choixdu prénom <strong>et</strong> l’homme est douteux ; la nostalgie a pu jouer dans certains cas, mais la motivationfondamentale n’est plus politique. Prenons l’exemple <strong>de</strong> Philippe : prénom <strong>de</strong> plus en plus donné àpartir <strong>de</strong> 1920, sa fréquence augmente régulièrement jusqu’en 1940 ; en 1941, elle explose (<strong>de</strong>uxfois plus qu’en 1939) : c’est l’époque du r<strong>et</strong>our <strong>de</strong>s prisonniers <strong>de</strong> guerre, <strong>de</strong>mandé <strong>et</strong> obtenu par lemaréchal Philippe Pétain ; puis la fréquence décroît jusqu’à atteindre en 1944 le niveau <strong>de</strong> 1937,en 1945 un niveau inférieur à celui <strong>de</strong> 1936 ; dès 1946, la fréquence repart à la hausse avec leniveau <strong>de</strong> 1940, une très forte hausse jusqu’à 1963. En clair, le prénom Philippe a été à la mo<strong>de</strong> <strong>de</strong>51


Nouvelle Revue d’Onomastique n° 49-50 – 20081920 à 1963 (le niveau <strong>de</strong> 1920 est à nouveau atteint en 1998, après une forte décrue), <strong>et</strong> la pério<strong>de</strong><strong>de</strong> l’État français n’est qu’un p<strong>et</strong>it acci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> parcours dans la progression régulière <strong>de</strong> safréquence. [255-289] Carmen MAÍZ ARÉVALO, “<strong>La</strong> influencia anglosajona en la antroponimiamadrileña”. Le titre est mal choisi puisqu’il n’y est traité que <strong>de</strong>s pré<strong>noms</strong> portés par <strong>de</strong>s immigrés<strong>de</strong> pays anglosaxons (43% <strong>de</strong>s Etats-Unis, 38% du Royaume-Uni). Parmi les pré<strong>noms</strong> fémininsqui seraient issus du français, Amy [259] : c’est en fait un emprunt actuel à l’anglais (XIX e <strong>et</strong>surtout fin du XX e siècle), adaptation anglaise médiévale du français Amée. L’étu<strong>de</strong> est biendocumentée <strong>et</strong> les données bien analysées. Il en ressort notamment que les migrants nordaméricainssont le plus portés vers une hispanisation <strong>de</strong>s pré<strong>noms</strong> : le mélange <strong>de</strong>s cultures estinscrit dans leurs racines. [291-321] Juan José ORTEGA ROMÀN, “Onomástica y <strong>de</strong>onomásticarumanas”. Les pré<strong>noms</strong> roumains ont <strong>de</strong>s origines communes avec les autres pré<strong>noms</strong> européens.Mais une particularité bien n<strong>et</strong>te, propre à la Roumanie : une gran<strong>de</strong> importance numérique <strong>de</strong>spré<strong>noms</strong> issus du lexique [304-308], <strong>et</strong> la fréquence <strong>de</strong>s hypocoristiques [314-316]. [323-336]Francisco RUIZ GIRELA, “El nombre árabe”. L’auteur insiste sur l’histoire <strong>de</strong> la prénominationarabe <strong>de</strong>s origines à nos jours. En Espagne, la question majeure est celle <strong>de</strong> la transcription <strong>de</strong>s<strong>noms</strong> : d’où, par exemple, l’assimilation <strong>de</strong> l’article arabe El [332], ou les 18 variantes graphiques<strong>de</strong> Mohamed [333]. [337-346] Lili TONEGAWA, “Nombres japone<strong>ses</strong>”. Ces <strong>noms</strong> connaissentune évolution morphologique : les éléments suffixaux varient avec l’âge. Ainsi, les hommes lesplus âgés ont souvent <strong>de</strong>s pré<strong>noms</strong> terminés par -rō <strong>et</strong> -o, les plus jeunes par -zō [343]. Il en est <strong>de</strong>même pour les femmes, avec le suffixe -ko [344]. Ce suffixe, emprunté au chinois, signifie“enfant” <strong>et</strong> vaut, à l’origine, pour les garçons <strong>et</strong> les filles, avec un sens honorifique pour les mâlesqui représentent la famille, <strong>et</strong> un sens hypocoristique pour les filles. Depuis le début du XX e siècle,le suffixe a été usité dans la majorité <strong>de</strong>s pré<strong>noms</strong> féminins ; <strong>de</strong>puis les années 1950, la mo<strong>de</strong> s’estatténuée <strong>et</strong>, mi<strong>ses</strong> à part quelques familles très traditionnelles, les enfants ne reçoivent plus <strong>de</strong> telspré<strong>noms</strong> <strong>de</strong>puis les années 1980.Ce thème est une excellente chose <strong>et</strong> perm<strong>et</strong>tra <strong>de</strong> confronter – ce qui n’a pas été faitdirectement ici – les différentes mo<strong>de</strong>s dans les différentes populations <strong>de</strong> la communauté urbaine<strong>de</strong> Madrid. Une grille <strong>de</strong> lecture uniforme sera aisée à dresser <strong>et</strong> perm<strong>et</strong>tra <strong>de</strong> mieux saisir lesliens, les écarts, les enjeux <strong>de</strong>s systèmes <strong>et</strong>hniques <strong>de</strong> prénomination dans un cadre géographique,historique, juridique <strong>et</strong> social bien particulier. <strong>La</strong> base <strong>de</strong> données, particulièrement immense,perm<strong>et</strong> toutes sortes d’analy<strong>ses</strong>, <strong>et</strong> surtout l’approfondissement du présent travail. Espérons qu’unsecond volume viendra parfaire <strong>et</strong> achever celui-ci.Pierre-Henri BILLYCASANOVA i HERRERO, Emili/ TERRADO i PABLO, Xavier (dir.). 2007. Studia inhonorem Joan Coromines, centesimi anni post eum natum gratia, a sodalibus <strong>et</strong>discipulis oblate. Lleida : Pagès, 481 p.Déjà singulièrement honoré, en Catalogne notamment, dès son r<strong>et</strong>our d’exil, le grandCOROMINES, décédé en 1997, reçoit ici un nouvel hommage à l’occasion du centièmeanniversaire <strong>de</strong> sa naissance. L’ouvrage recueille <strong>de</strong>ux types <strong>de</strong> collaborations : 18 articles à titre<strong>de</strong> mélanges dédiés au maître disparu [27-287] <strong>et</strong> 13 communications exposées à la Journéed’Étu<strong>de</strong> organisée à sa mémoire à la Faculté <strong>de</strong> Philologie <strong>de</strong> Valence en décembre 2005 [289-456]. Une biographie concise mais bien enlevée [13-15] perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> resituer l’homme dans sonœuvre. Elle rappelle notamment que Louis GAUCHAT lui avait suggéré, dès 1930, d’élaborer unOnomasticon Cataloniae : le premier volume en est paru en 1989. Sa bibliographie rapporte52


Comptes rendusl’essentiel <strong>de</strong> son œuvre écrite <strong>de</strong> 1931 à 1992 [17-25]. [29-41] Santi ARBÓS, “<strong>La</strong> singularitat<strong>de</strong>ls cog<strong>noms</strong> aranesos : 25 llinatges d’Aran”. Les <strong>noms</strong> les plus fréquents sont espagnols, lesautres gascons. Parmi ceux, gascons, qu’étudie l’auteur, Medan : l’étymologie que reprend l’auteurest celle <strong>de</strong> COROMINES, gaul. *MEDDANO- ; le nom est en fait formé sur le lat. MEDIANUS, il est lavariante gasconne du NF languedocien Méjan. D’autres étymologies sont ici à réviser. [43-48]Lluís CABRUJA, “Mostra <strong>de</strong> mots referits a Sant Pol <strong>de</strong> Mar (Maresme) que recull el diccionariCOROMINES. Joan COROMINES, notari <strong>de</strong> la nostra llengua”. L’auteur a extrait la cinquantained’appellatifs que COROMINES avait relevés lors <strong>de</strong> <strong>ses</strong> séjours d’avant-guerre dans c<strong>et</strong>te villebalnéaire <strong>et</strong> qu’il a par la suite insérés dans son Diccionari <strong>et</strong>imològic. [49-65] Aitor CARRERA,“Un pregasconisme corominià. <strong>La</strong> diftongació <strong>de</strong> Ĕ davant <strong>de</strong> -LL- en l’occità <strong>de</strong> l’alta conca <strong>de</strong> laGarona”. L’auteur étudie c<strong>et</strong>te diphtongaison dans le lexique <strong>et</strong> la toponymie du Val d’Aran. [67-77] Gloria CLAVERÍA NADAL, “El Diccionario <strong>et</strong>imológico <strong>de</strong> J. Coromines y el Diccionariohistórico”. Sur les liens entre ces <strong>de</strong>ux œuvres <strong>et</strong> leurs auteurs respectifs ; la secon<strong>de</strong> œuvre a vu sapublication définitivement interrompue, à la l<strong>et</strong>tre C, par la guerre civile en 1936. [79-91] PilarDÍEZ <strong>de</strong> REVENGA TORRES, “Léxico patrimonial y préstamos en la lengua científica <strong>de</strong>l sigloXIX”. <strong>La</strong> terminologie scientifique du XIX e siècle est, pour une bonne part, bâtie sur <strong>de</strong>s empruntsà la française. [93-109] Pi<strong>et</strong>ro U. DINI, “Sobre l’element bàltic en el Diccionari (DECat.) <strong>de</strong> JoanCoromines : i<strong>de</strong>es per a una investigació”. Sur la langue « sorotaptique » dont le nom <strong>et</strong> la réalitémême ont été créés <strong>de</strong> toutes pièces par COROMINES. [111-118] M a Teresa ECHENIQUEELIZONDO, “Notas para el establecimiento <strong>de</strong> conexiones léxicas luso-pirenaicas en la obra <strong>de</strong>Joan Coromines”. Les nombreux matériaux recueillis par COROMINES dans son DCECH offrentla possibilité d’établir <strong>de</strong>s liens entre les lexiques gascon <strong>et</strong> basque d’une part, lusitanien d’autrepart : l’auteur s’appuie sur quelques exemples. [119-133] Joan FERRER COSTA, “El romanès :esbós d’història d’una llengua romànica”. Quelques pages pour présenter un historique du roumain<strong>de</strong> l’Antiquité jusqu’au XIX e siècle compris. [135-156] X. Ll. GARCÍA ARIAS, “Aportaciones alDiccionariu Etimolóxicu <strong>de</strong> la Llingua Asturiana”. L’auteur apporte une quarantaine d’articlesbien étayés. [157-177] Fernando GONZÁLEZ OLLÉ, “Origen <strong>de</strong> -ito, con una revisión histórica<strong>de</strong> otros sufijos diminutivos románicos”. Serait un suffixe construit analogiquement sur ceux en ítonique (-illo, -ino). [179-191] María Dolores GORDÓN PERAL, “Estratigrafía históricolingüística<strong>de</strong> la toponimia <strong>de</strong> la mitad septentrional <strong>de</strong> la provincia <strong>de</strong> Sevilla”. <strong>La</strong> stratigraphieproposée, du prélatin au castillan, repose sur l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> 75 <strong>noms</strong> <strong>de</strong> communes. [193-199] EmilioNIETO BALLESTER, “Cat. xera, “bona acollida, àpat, gatzara”, “flamarada, fogueró”, un o dosmots”. Au sens <strong>de</strong> “bona acollida …”, l’appellatif serait un dérivé en -ERA <strong>de</strong> DALLA, d’originepréromane, notamment commun avec l’occitan <strong>et</strong> l’aragonais. [201-216] Joan Anton RABELLA,“Reflexions sobre el substrat preromà al Pallars i la Ribagorça”. <strong>La</strong> langue basque ancienne n’apas dépassé le Val d’Aran ; d’autre part, les langues pyrénéennes qui présentent <strong>de</strong>s affinités avecle basque en sont une variété, mais ne peuvent être appelées « basques ». [217-229] Philip D.RASICO, “Toponímia <strong>de</strong>l terme <strong>de</strong> Banyuls <strong>de</strong> la Marenda (Rosselló) : una enquesta inèdita <strong>de</strong> J.Coromines (1959)”. Très riche enquête sur la toponymie orale <strong>de</strong> la commune <strong>de</strong> Banyuls-sur-Mer ; la comparaison avec la carte IGN actuelle (inconnue <strong>de</strong> RASICO qui se contente <strong>de</strong>l’ancienne) montre les limites <strong>de</strong> la normalisation faite par l’IGN. [231-241] StefanRUHSTALLER, “Análisis toponomástico <strong>de</strong> un documento alfonsí : el amojonamiento <strong>de</strong> la Torre<strong>de</strong> Borjabenzohar (1253)”. Élaboré cinq ans après la reconquête catholique <strong>de</strong> la région, cedocument <strong>de</strong> bornage est exceptionnel pour la toponymie <strong>de</strong> la pério<strong>de</strong>. [243-252] PatxiSALABERRI, “Sobre algunas <strong>et</strong>imologías vascas en la obra <strong>de</strong> Coromines”. L’auteur réexaminel’article <strong>de</strong> COROMINES publié en 1972 sur la toponymie basque <strong>de</strong>s Pyrénées-Atlantiques.[253-261] José Antonio SAURA RAMI, “Notes d’<strong>et</strong>imología aragonesa”. L’auteur apporte unedizaine d’articles concernant <strong>de</strong>s appellatifs <strong>et</strong> <strong>de</strong>s toponymes. [263-287] Joan TORT i DONADA,53


Nouvelle Revue d’Onomastique n° 49-50 – 2008“Per a una interpr<strong>et</strong>ació geogràfica <strong>de</strong> l’obra <strong>et</strong>imològica <strong>de</strong> Joan COROMINES”. L’auteurs’appuie sur <strong>de</strong> nombreux exemples tirés <strong>de</strong> l’Onomasticon <strong>et</strong> du DECat pour montrer enCOROMINES un topographe (plutôt que géographe) averti. [291-298] Vicente ÁLVAREZVIVES, “A propòsit <strong>de</strong> catalanismes en Romania cantat : « Els darrers dies » <strong>de</strong> Joan Coromines”.Sur un recueil <strong>de</strong> poésies catalanes publié par COROMINES dans un vaste corpus panromanappelé Romania cantat. [299-316] Xaverio BALLESTER, “Moix y otros étimos Hespéricos”.L’auteur apporte une quinzaine d’articles étymologiques concernant <strong>de</strong>s appellatifs <strong>et</strong> <strong>de</strong>s <strong>noms</strong>propres. [317-325] Max CAHNER, “El compromís <strong>de</strong> Joan Coromines amb el país”. Dès 1932,COROMINES se revendiquait comme un patriote : son œuvre n’a jamais cessé d’être au service<strong>de</strong> la culture <strong>et</strong> <strong>de</strong>s habitants <strong>de</strong> son pays, en travaillant notamment à la recherche <strong>de</strong>s origines <strong>de</strong>la langue, du lexique <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’onomastique catalans. [327-355] Emili CASANOVA, “El valordialectal <strong>de</strong>l DECat <strong>de</strong> Joan Coromines : el corpus Valencià”. L’apport <strong>de</strong> COROMINES à laconnaissance du lexique dialectal valencien : plus <strong>de</strong> 4000 mots. [357-364] Pi<strong>et</strong>ro U. DINI, “Enmarge a les correspondències sorotàptic ≈ bàltic segons Joan Coromines : ploms d’Arles ‹axonias›,cat. barana”. Par <strong>de</strong>ux exemples, axonias <strong>et</strong> barana, l’auteur montre le lien qu’établissaitCOROMINES entre le « sorotaptique » <strong>et</strong> les langues baltiques. [365-372] Carles DUARTE iMONTSERRAT, “El valor literari <strong>de</strong>l DECat”. Dans son dictionnaire, COROMINES a introduit<strong>de</strong>s (morceaux <strong>de</strong>) poésies qu’il avait écrites. [373-387] Joan FERRER, “Josep Pla i JoanCoromines : dos homenots”. PLA a fortement contribué à bâtir l’image du grand COROMINESauprès du public catalan ; <strong>de</strong> son côté, COROMINES a beaucoup utilisé l’œuvre <strong>de</strong> PLA dans sonDECat. [389-420] Joaquim MARTÍ MESTRE, “Processos fonètics catalans en el DECat <strong>de</strong> JoanCoromines. I. M<strong>et</strong>odologia, vocalisme i variació”. Véritable traité <strong>de</strong> phonétique historique àtravers les données du Dictionnaire. [421-428] Xavier MATA OROVAL, “De llatí pīca ‘garsa’ acatalà piga”. Le nom catalan <strong>de</strong> la pie a servi à désigner la tache <strong>de</strong> rousseur. [429-431] SalvadorRABASA SANCHIS, “El meu Coromines”. [433-438] Vicenç M. ROSSELLÓ i VERGER, “Els<strong>noms</strong> catalans <strong>de</strong>ls rius segons Joan Coromines. Entre l’erudició i la saviesa”. Stratificationhistorique <strong>de</strong>s hydronymes dans l’Onomasticon. [439-448] Juan SÁNCHEZ MÉNDEZ, “<strong>La</strong>presencia <strong>de</strong> Hispanoamérica en la obra <strong>de</strong> Joan Coromines”. Sur les américanismes dans leDCECH <strong>et</strong> autres travaux. [449-456] Xavier TERRADO i PABLO, “Escorcollant la DivinaComèdia amb ulls <strong>de</strong> toponimista”. Sur les appellatifs topographiques dans l’œuvre <strong>de</strong> Dante <strong>et</strong>leurs rapports avec la toponymie catalane. Une table <strong>de</strong>s matières [7-9], un in<strong>de</strong>x lexical [457-470]<strong>et</strong> un onomastique (mais pas toponomàstic) [471-481] complètent l’ouvrage.Parmi les adjectifs dérivés du nom <strong>de</strong> COROMINES, citons c<strong>et</strong> hapax : corominiànic [382].L’œuvre scientifique catalane <strong>de</strong> COROMINES a pris, dès l’Entre-<strong>de</strong>ux-guerres, trois directionsqu’elle ne quittera plus : grammaire historique, dictionnaire étymologique <strong>de</strong> la langue,dictionnaire toponymique. On r<strong>et</strong>rouvera dans ce recueil d’articles à sa mémoire ces trois thèmesétudiés par un certain nombre <strong>de</strong> <strong>ses</strong> élèves. Grâce à eux <strong>et</strong> à la vigueur <strong>de</strong> leur souvenir, le travail<strong>de</strong> toute une vie est appelé à transcen<strong>de</strong>r <strong>de</strong>s générations entières.Pierre-Henri BILLY54

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!