13.07.2015 Views

Katia Guerreiro - Mondomix

Katia Guerreiro - Mondomix

Katia Guerreiro - Mondomix

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

C1-40-MMP001 22/11/03 16:57 Page 1212 IciDjazaïr, année de l’AlgérieLa culture à la rescousse du politique ?Yp a rticiper ou pas ? Depuis son lancement, “Djazaïr, l’année de l’Algérieen France” suscite réserves ou controverses. En témoigne la pru d e n c ede certaines municipalités à y participer ou l’arc-en-ciel des positionsdes artistes algériens vis-à-vis de l’événement. Toute manifestation culture l l ed’inspiration inter-étatique prêtant le flanc à suspicions, ces réactions seraientdans l’ord re des choses s’il ne s’agissait pas cette fois d’en référer à un paysexsangue, à un peuple schizophrène jouet de jeux politiques mort i f è res, à unesociété fracassée victime d’une guerre civile ayant causé 200 000 morts et7 000 disparus. D’où la réserve de ceux qui re p rochent à Djazaïr d’abonder àbon frais (20 millions d’euros pour la partie française) dans la politique derelation publique du régime d’Abdelaziz Bouteflika, le choix du boycott s’imposantpour d’autres qui voient dans la manifestation une caution apportée àune caste militaire adossée à la rente pétro l i è re dont nombre d’agissementsn’ont cessé de susciter les mises en cause d’organismes investis dans ladéfense des droits de l’homme. La plupart des artistes kabyles, à l’instar desI d i r, Takfarinas ou Fellag, rappelant à ce titre la longue répression exercée àl ’ e n c o n t re de l’identité amazigh (berbère). A contrario, il y a ceux qui ont vudans Djazaïr une chance ambiguë à saisir pour une culture algérienne enquête d’échanges et de reconnaissance, au-delà, une contribution pour rapprocher deux nations si souvent victimes de rendez-vous manqués. Pour lemoins, l’abondance des événements dûment estampillés (près de deux milledans une centaine de villes) et des rendez-vous indépendants (notammentceux de la riche immigration maghrébine) aura sans doute un effet positif :celui de mieux présenter la création algérienne dans la pluralité de ses sourc e sd’inspirations (arabe, kabyle, française) et de ses expressions. Celle-ci autravers d’une mosaïque de propositions, par littérature, théâtre, cinéma, art splastiques, danse, interposés, réussissant à offrir une image vivante, contrastée,des Algériens, fort éloignée du manichéisme idéologique, des clichésmédiatiques, sinon des vieux poncifs légués par l’histoire. Pour preuve, cettemusique algérienne qui ouvrit Djazaïr avec un concert marathon au Palaiso m n i s p o rts de Paris-Bercy en présence de 17 000 personnes. Une musiquequi rend justice au raï, style canaille oranais s’étant fait une place enviabledans la sono mondiale, ou à l’arabo-andalou (genre savant avec ses foyers deTlemcen, Alger ou Constantine) mais qui fait aussi découvrir aussi aux publicsde l’Hexagone le chaâbi algérois, le chaouï des Aurès, le chant kabyle, lesmultiples acceptions du chant saharien, le courant gnawa, les genres hybridesredevables aux influences orientales ou européennes (charqi, asri, etc), sansoublier le prolixe chant de l’immigration. Qu’importe le flacon pourvu qu’on aitl ’ i v resse, disait l’autre ! Ou le paradoxal effet de ce réel qui faisait chanterCheikha Rimitti : « L’amour c’est l’espoir de vivre / Des filles ont enduré dess o u ffrances / Et ces souffrances se sont transformées en miel »Frank TenailleL’Algérie en France : www.djazair20003.orgIl était une fois Barbès’est au lendemain de la Seconde Guerre mondiale que le quart i e rC de Barbès est devenu une plaque tournante de la production musicalemaghrébine. Dès 1946, l’éditrice Sauviat ouvre un magasin devente de petits formats sur le boulevard de la Chapelle. Très vite, ellesent au vu de l’importante communauté ouvrière d’origine algérienne,que le marché musical oriental pouvait être un bon créneau. Après avoiraidé les Slimane Azem, Cherif Kheddam et bien d’autres stars àquitter l’usine pour tenter leur chance dans la chanson, madameSauviat a passé le relais dans les années 1970 à sa fille. Aujourd ’ h u i ,c’est son gendre Serge Picy qui, toujours à Barbès, maintient en activitéle seul magasin de musique tenu par des Français dans ce quart i e r.Durant la guerre d’Algérie en 1958, sur le même trottoir du boulevardde la Chapelle, madame Sauviat a vu venir s’installer Si Soulimane, ledoyen des producteurs maghrébins encore en activité.Les GuellilMusique à Barbès de mère en filsils de Zoulikha Guellil, historique et unique productrice de Barbès,FAllaa l’aîné est né comme ses deux autres frères au milieu des bandesmusicales produites par ses parents. Ces derniers, réputés pour leursagesse et le respect des artistes, ont été les premiers à pro d u i reTakfarinas, Mami et Matoub Lounes. D’autres, comme Aït Menguellet,sont restés fidèle en amitié pour cette famille qui a toujours refusé dese mettre en avant, préférant l’ombre des artisans de l’imaginaire musicalemaghrébin de France. Dans leur magasin du boulevard de laChapelle, Allaa Guellil a l’art de connaître tous les genres musicaux duM a g h reb, sachant conseiller et convaincre le plus blasé des acheteurs.Smaïn N.Audio & vidéohttp:// www.mondomix.org/papier

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!