13.07.2015 Views

Katia Guerreiro - Mondomix

Katia Guerreiro - Mondomix

Katia Guerreiro - Mondomix

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

C1-40-MMP001 22/11/03 16:56 Page 7Il y a 30 ans,“Soul Makossa” (1973)Vo u s, les jeunes, vous avez bien de la chance. Ences temps reculés où seules trois chaînes de téléet autant de radios FM véhiculaient en Fr a n c eles sons du monde, l’exotisme musical nedépassait guère Piccadillly ou Detroit. LesStones pompaient bien un peu les gnaouasM a r o c a i n s, et Santana avançait timidement qu’ilétait Mexicain… Mais tout le monde s’en foutait.L’occident n’avait alors d’oreille que pour le rocket la pop triomphantes qui, g l o b a l e m e n t ,n epouvaient venir que de Londres ou de New Yo r k .CExpresso 7’est dans ce contexte, certes richemais un peu monolithique, qu’ila p p a rut soudain. Je me souviens,c’était sur TF1 — mais oui, ça existait déjà.Il était grand, chauve, et vêtu d’un longboubou (on apprendrait plus tard que ças’appelait une « g a n d o u r a »). Il était noir.Bon, on n’ira pas jusqu’à dire que ce fut làune révolution à la télé française ; on avaitdéjà droit, de temps à autre, à des bronzésbon teint comme James Brown, HarryBelafonte, Aretha Franklin, ou les regrettésOtis Redding et Jimi Hendrix. Mais cenègre-là n’était pas né dans les champs decoton du Mississipi. L’animateur de TF1nous annonçait benoîtement qu’il venait desbananeraies du Cameroun.En fait, ce n’était pas tout à fait vrai. Si ledénommé Manu Dibango était bien né àDouala (Afrique-Équatoriale française) en1933, le tube qui le propulsait soudain surles antennes métropolitaines avait, lui, transitépar les charts nord-américains. Et, aupréalable, Soul Makossa avait été enre g i s-tré dans les studios d’une maison dedisques bien parisienne, Sofrason. La particularité de ce label était de nem e t t re aucun de ses 45 tours sur le marché français, mais de les envoyerdirectement sur les marchés de Kinshasa, Yaoundé, Abidjan, ou Dakar.Dibango était l’un de ces Africains de Paris qui, le jour, soufflait dans sonsaxo pour accompagner des artistes français (Nino Ferrer) et, la nuit, enregistraitces petites galettes destinées aux frères restés au pays.Rien, normalement, ne prédestinait donc Soul Makossa à devenir un tube plané t a i re. Ce n’était du reste que la face B d’un 45 tours dont le morceau principalétait l’hymne de la coupe d’Afrique des Nations de football ! Mais voilàqu’une poignée de blacks new-yorkais, à la tête d’un petit magasin de disquesde Harlem — il sera d’ailleurs par la suite rebaptisé Makossa Record s —,t o m b è rent on-ne-sait-comment sur le disque en question, le filèrent à un poteDJ à la radio. Et le morceau enflamma aussitôt l’Amérique, coast-to-coast.Soul Makossa (qui n’était ni de la soul, ni du makossa !) fut ainsi le pre m i e rdisque “africain” à entrer au Top 10. En cela, il marqua l’arrivée desmétèques dans le cercle très fermé de l’industrie musicale anglo-saxonne. Cequi permet à beaucoup de considérer Soul Makossa et l’année 1973 commele véritable point de départ de la “world music”. Après, c’est aff a i re de goût…Jean-Jacques Dufayetwww.rfimusique.com

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!