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Katia Guerreiro - Mondomix

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C1-40-MMP001 22/11/03 16:58 Page 2626 Là-basRepèresbiographiques, 1968 : naissance le 23 juinà Odienné, ouest de laCôte-d’Ivoire, sous le nomde Moussa Doumbia., 1988 : initiation à lamusique avec Joffrey,guitariste ghanéen., 1990 : forme son premiergroupe, Djelys., 1992 : tournée nationaleen première partie dureggaeman ivoirienSolo Jah Gunt., 1993 : premier passage à laradio et première cassette,Djelys., 1994 : tournée dans lesgrandes villes ivoirienne etseconde cassette, “Missiri”., 1997 : l’album“Mangercratie”, un succèsdès sa sortie fin 1996, seretrouve en tête des ventesde cassettes durant cinqmois. Sur scène, Tiken Jahse produit dans des stades., 1998 : premiers concertsen France., 1999 : enregistrementà Abidjan de l’album“Cours d’histoire”, mixéen Jamaïque. À causede chansons commeDiscrimination et Nationalité,il est interdit à laradio ivoirienne. Tournée auBurkina Faso et en Guinée.Sortie en France de l’album“Mangercratie”, suivied’une tournée en premièrepartie du groupe françaisSinsémilia., 2000 : sortie en Côted’Ivoired’un nouvel album,“Le Caméléon”, et enFrance du CD “Coursd’histoire”., 2001 : enregistrement austudio de Bob Marley enJamaïque de l’album“Françafrique”, produit parBarclay. Certaines chansonsdes trois premiers albums ysont réorchestrées avec desgrands noms du reggae. Lachanson-titre dénonce laduplicité de la politiquefrançaise en Afrique., 2002 : succès de la tournéefrançaise qui suit la sortiede “Françafrique” en février2002. Quand des soldatsfont irruption chez lui àAbidjan le 20 septembre,Tiken Jah, qui se sentmenacé, décide de ne pasretourner en Côte-d’Ivoire., 15 février 2003 : Tiken JahFakoly remporte la Victoirede la Musique dans lacatégorie reggae/ragga/world.Tiken Jah FakolyVictoire !Porte-parole de la jeune générationsacrifiée de Côte-d’Ivoire, Tiken JahFakoly chante pour l’annulation dela dette et reçoit une Victoirede la musique 2003 pour l’albumreggae/ragga/world de l’année.Quel bilan tires-tu de ton parcours musical ?Je dirais que le bilan est positif. Quand je repense à mes débuts dansmon village, à 950 km d’Abidjan, j’étais très loin des médias. Je mesuis battu d’abord pour partir du village et réussir à la capitale, ensuitede la capitale à Paris. Et de Paris, je suis allé au Brésil, au Ve n e z u e l a ,aux États-Unis… Mais le plus dur commence et je continue à travailler.Tu as toujours été très clair dans tes chansons sur la situation enCôte-d’Ivoire. Où en est ton combat ?A u j o u rd’hui, je suis hélas obligé de dire que le message n’est pas passécomme je le voulais. J’avais en face des adversaires qui ont utilisé latélévision nationale pour dire le contraire de tout ce que nous disonsdans nos chansons. Or, beaucoup de gens pensent que la vérité vientde la télé. J’aurais voulu être compris par toute la population, ce quinous aurait évité les massacres et la guerre. Pourtant, ça ne va pas mepousser à baisser les bras, parce que j’aime mon pays. C’est la terre demes ancêtres et je pense que ce sera aussi le pays de mes enfants.Donc, je suis obligé de continuer le combat pour que mes enfants puissenttrouver un pays qui fonctionne, sans le nationalisme, et le racismequi existent aujourd’hui et sont aussi la honte de l’Afrique.Face à une Côte-d’Ivoire coupée en deux, quel est ton message ?Mon message est surtout un souhait. Je souhaite qu’il y ait la paix.Mais je suis convaincu d’une chose : c’est qu’il ne peut pas y avoir lapaix s’il n’y a pas aussi la justice et l’égalité. L’actuel chef de l’Étata été mal élu en 2000. Je l’ai dénoncé dans mes chansons et dansmes interv i e w s : les élections se sont très mal passées. Les socialistesétaient au pouvoir en France et le candidat élu en Côte-d’Ivoire étaitleur protégé. Ils l’ont mis aux commandes contre la volonté du peuple,puisque les candidats des deux grands partis ivoiriens, le PDCI et leRDR, ont été rejetés. À partir de là, j’ai compris que la Côte-d’Ivoir eallait prendre feu et je n’ai pas arrêté de dénoncer. Une partie de lapopulation m’a écouté, l’autre partie a préféré écouter ceux qui voulaientdéstabiliser le pays. Et aujourd’hui, on estbloqué… Je souhaite qu’il y ait la paix, mais pour cela, il faut unejustice. Et pour qu’il y ait une justice, il faut laisser les Ivoiriens voter.Depuis les indépendances, les Ivoiriens n’ont pas voté. Houphouët-B o i g n y, resté tre n t e - t rois ans au pouvoir, a fait voter, avant de mourir,une constitution qui désignait Henri Konan Bédié pour nous diriger.Henri Konan Bédié fait l’idiot jusqu’au coup d’État de Robert Gueïen 1999. Robert Gueï (assassiné le 19 s e p t e m b re 2002, NDLR)a s s u re une bonne transition durant six mois, puis entre dans la dérivedu nationalisme. Et ils organisent des élections entre eux, avec lacomplicité des socialistes français… Je ne suis pas contre l’ingére n c e ,tant qu’elle est positive. Parce qu’il y a deux formes d’ingére n c e :celle qui déstabilise l’Afrique afin que l’Occident en profite pour voler,et celle qui consiste à exiger la démocratie dans tous les pays africains.C’est cette dern i è re que j’appelle l’ingérence positive. Je penseque si les socialistes français au pouvoir à l’époque avaient fait unei n g é rence positive — c ’ e s t - à - d i re exiger que tous les candidats soientacceptés à participer aux élections —, on n’en serait pas là. Parc equ’il n’y avait aucune raison que certaines candidatures soient refu -sées. Aujourd’hui, pour qu’il y ait la paix, il faudrait qu’enfin on laisseaux Ivoiriens le libre choix d’élire leur président. Je pense que c’est laseule solution. L’actuel président a organisé ce qu’on a appelé le“ F o rum de réconciliation nationale”. À l’époque, je l’ai appelé “Foru mde distraction nationale”. Car pour moi, il s’agissait juste de distrairele peuple. L’ H i s t o i re m’a donné raison. Beaucoup de résolutionsprises par ce forum — comme de donner un certificat de nationalitéà monsieur Ouattara, qui dirige le RDR — n’ont jamais été re s p e c-tées. L’actuel président de la Côte-d’Ivoire n’est pas un homme deparole. Il est obligé de diviser pour régner, mais s’il va aux élections,le peuple ne va pas le choisir. On n’a pas confiance en lui.Dans la situation actuelle, avec les massacres perpétrés par les milicesp ro - g o u v e rnementales, est-il possible pour un Fakoly (famille du nord )de vivre à Abidjan ?Non. Aujourd’hui, je suis contraint à l’exil et pour un bon moment.Si je veux aller en Afrique, j’irai au Mali ou au Burkina Faso, maispas en Côte-d’Ivoire, parce que le 20 septembre 2002, des militaire sont débarqué chez moi. Ils ont dit qu’ils étaient venu voir si j’étaisen sécurité, mais je sais que c’était pour m’arrêter… Je préfère vivredix ans en dehors de mon pays sous la dictature et revenir dans uneCôte-d’Ivoire libre et juste, plutôt que de rester. Si j’y restais, je nepourrais pas continuer à chanter comme je le fais, alors que je saisque la jeunesse a besoin de moi. Et je ne veux pas non plus donnerl’occasion à ceux qui sont au pouvoir de m’arrêter dans mon combat.Propos recueillis par François Bensignor.Audio & vidéohttp:// www.mondomix.org/papierwww.tikenjah.net

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