Elu/es et question de g<strong>en</strong>reà Manifestation lors de la Journéede la Femme (2004)Remise <strong>en</strong> cause des acquis féministes <strong>en</strong> France :deux exemplesa crise a touché <strong>en</strong> priorité les emplois indus-plus masculins, mais ce sont bi<strong>en</strong> lesLtriels,emplois féminins qui sont atteints lorsque intérimset CDD ne sont pas r<strong>en</strong>ouvelés, ou quand il est faitpression pour diminuer les temps partiels (unedégradation qui apparaît peu dans les statistiques).Comme le rappell<strong>en</strong>t des chercheurs del'OFCE 1 , "la crise risque de reléguer au dernierplan la question de l’égalité professionnelle. Il y aun an, <strong>en</strong> mars 2008, la loi sur l’égalité salarialeavait été votée, la confér<strong>en</strong>ce sociale nationale surl’égalité v<strong>en</strong>ait d’avoir lieu, et l’on discutait duRapport de situation comparée des conditions généralesd’emploi et de formation des femmes et deshommes, que les <strong>en</strong>treprises devai<strong>en</strong>t élaborer tousles ans pour constater les inégalités et négocierdans l’<strong>en</strong>treprise. Une bonne base, pouvait-onespérer, qui ne ferait certes pas évoluer d’ellemêmela situation, mais dont pouvai<strong>en</strong>t s’emparerles syndicats et les associations. (...) Mais qu’estdev<strong>en</strong>ue l’annonce, qui avait fait grand bruit àl’époque, selon laquelle toutes les <strong>en</strong>treprises quine se serai<strong>en</strong>t pas <strong>en</strong>gagées dans une démarcheégalitaire à la fin de 2009 serai<strong>en</strong>t sanctionnéesfinancièrem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> 2010 ?"Autre problème : alors que plus de 200 000avortem<strong>en</strong>ts sont <strong>en</strong>core nécessaires aujourd'hui<strong>en</strong> France, "la logique de r<strong>en</strong>tabilité et la tarificationà l'activité auxquels sont soumis les établissem<strong>en</strong>tshospitaliers impos<strong>en</strong>t des restructurations,fusions, regroupem<strong>en</strong>ts" et "cette politique démantèleles c<strong>en</strong>tres d'IVG" qui se retrouv<strong>en</strong>t noyés dansles services de gynécologie obstétrique où l'avortem<strong>en</strong>t,non r<strong>en</strong>table, est loin d'être une activitéprioritaire. Pour un c<strong>en</strong>tre IVG sauvé comme àLyon récemm<strong>en</strong>t, combi<strong>en</strong> seront démantelés malgréles luttes des personnels et des associations ?Dans les réponses à notre <strong>en</strong>quête, l'importance del'information sur la contraception et l'avortem<strong>en</strong>tn'est m<strong>en</strong>tionnée que par deux élues, de la régionÎle-de-France et de la ville de Lyon. Ainsi qu'<strong>en</strong>témoigne Michèle Loup, conseillère régionale, "lasituation de l’IVG dans notre région Île-de-Franceest très mauvaise, à tous points de vue. Avec la disparitiond’un très grand nombre de c<strong>en</strong>tres, lesfemmes doiv<strong>en</strong>t partir à l’étranger car elles ne sontpas reçues dans les délais et plus de 50 % des IVGsont réalisées dans le secteur privé faute de placesdans le secteur public..."Et ailleurs ?Le Bulletin de liaison international de la Marchemondiale des femmes 2009, dans son n°1, remarqueque "les femmes sont de plus <strong>en</strong> plus cantonnéesdans le travail précaire, atypique, flexible, à dom<strong>ici</strong>le,informel". Plus largem<strong>en</strong>t, "le capitalisme tireprofit du racisme et du patriarcat et vice-versa. Laféminisation de la pauvreté, de la maladie, et <strong>en</strong>particulier des migrations, <strong>en</strong> constitue unexemple. Ces migrations légales et illégales desfemmes constitu<strong>en</strong>t aujourd’hui la moitié desmigrations totales. Chaque année par exemple, desmilliers d’aides domestiques et des milliers d’<strong>en</strong>traîneusesde bar émigr<strong>en</strong>t vers des pays du Nordou de l’Ouest pour travailler dans des conditionsqui se rapproch<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> souv<strong>en</strong>t de l’esclavage. Latraite et le trafic de femmes et de filles à des finsd’exploitation sexuelle sont <strong>en</strong> croissance partoutdans le monde."1. Clair&net@OFCE, article du 5 mars 2009, de FrançoiseMilewski et Hélène Périvier.Mais si tout cela fait système, ce n'est jamaisabsolu et, dans les marges et les interstices, apparaiss<strong>en</strong>tla désertion et la non-collaboration, <strong>en</strong>même temps que l'inv<strong>en</strong>tion d'une civilisationmoins nuisible. S'y trouv<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre autres visés l'égalitédes g<strong>en</strong>res et le dépassem<strong>en</strong>t du seul dualismehomme/femme. Et il arrive que nos institutionspolitiques, témoins de ces alternatives, les <strong>en</strong>courag<strong>en</strong>tau lieu de les ignorer ou de les réprimer. Aforce de pati<strong>en</strong>ce et d'influ<strong>en</strong>ce, par le nombre etpar l'argum<strong>en</strong>tation, on parvi<strong>en</strong>t à des avancées.Désormais, par exemple, la mairie de Rou<strong>en</strong> etd'autres villes propos<strong>en</strong>t une réception symboliqueà tous les couples contractant un Pacs...Sil<strong>en</strong>ce <strong>en</strong>t<strong>en</strong>d donc, par ce dossier, valoriser lamanière dont quelques élu/es relay<strong>en</strong>t, si peu quece soit, les progrès vers l'égalité des g<strong>en</strong>res quiapparaiss<strong>en</strong>t dans notre société.Marie-Pierre Najman naubertolivier.org8 S!l<strong>en</strong>ce n°377 mars 2010
Elu/es et question de g<strong>en</strong>reEt lesassociationsféministesdans toutça ?D.R.Ö Affiche du Festival"Brisez le sil<strong>en</strong>ce"Lors d'un rassemblem<strong>en</strong>t à Vénissieux, dans le cadre du festivalBrisez le sil<strong>en</strong>ce, j'ai pu interroger des membres de 5 associationsprés<strong>en</strong>tes, parmi d'autres : le Frisse (Femmes, réduction desrisques et sexualité), le Planning familial, Filactions, FCI (Femmescontre les intégrismes) et l’UFCS (Union féminine civique etsociale), aujourd'hui incluse dans Familles rurales.QUELLES SONT PREMIÈRES ATTENTESENVERS LES ÉLU/ES ? LA DEMANDE DE SUBVENtionsest évidemm<strong>en</strong>t générale, mais aussi celle delocaux et de moy<strong>en</strong>s de communication.Pour les associations féministes, la problématiquede l'égalité devrait être mise <strong>en</strong> avant aumoins une fois par an dans toutes les communesavec des initiatives s'adressant au public.Au-delà, dans le cont<strong>en</strong>u des politiques, il faudraitprêter att<strong>en</strong>tion aux g<strong>en</strong>res pour chaqueaction : ne pas p<strong>en</strong>ser par exemple "les jeunes", caralors le point de vue masculin l'emporte très souv<strong>en</strong>t,mais distinguer un public de filles et degarçons, ou d'hommes et de femmes dans l'élaborationde toute action, dans son déroulem<strong>en</strong>t et dansson bilan.Dans leur <strong>en</strong>semble, les associations rêv<strong>en</strong>t designes plus forts, d'une collaboration plus lisible etplus durable de la part des élu/es.A quand une loi-cadre sur les viol<strong>en</strong>ces conjugales,avec une seule juridiction au lieu des trois possiblesactuellem<strong>en</strong>t, une loi globale et cohér<strong>en</strong>te ?Plus généralem<strong>en</strong>t, les associations att<strong>en</strong>d<strong>en</strong>tqu'ils ou elles soi<strong>en</strong>t s<strong>en</strong>sibles à leurs luttes maissav<strong>en</strong>t qu'il faut une mobilisation importante decitoy<strong>en</strong>/nes pour que les interpellations d'élu/eslocaux soi<strong>en</strong>t suivies d'effets ou remont<strong>en</strong>t la hiérarchieinstitutionnelle. Récemm<strong>en</strong>t, des manifestationset plus de 100 000 signatures <strong>en</strong> ligne,relayées par des élu/es, ont permis que la ligne budgétairequi <strong>en</strong>levait leurs moy<strong>en</strong>s aux établissem<strong>en</strong>tsd'information et d'éducation à la sexualitésoit rétablie. Et la résistance est <strong>en</strong> cours pour lemainti<strong>en</strong> de tous les c<strong>en</strong>tres d'IVG...Les viol<strong>en</strong>ces au cœurde l'évolution des relationsavec les élu/esL'accueil par les élu/es est de plus <strong>en</strong> plus positif.Le souci de l'égalité des g<strong>en</strong>res progresse dansles collectivités territoriales, il est mieux compris, ily a moins d'idées reçues sur les viol<strong>en</strong>ces conjugales: moins de "elle l'a cherché", et plus du toutde "elle aime ça"...Souv<strong>en</strong>t, l'organisation de groupes de parolesest confiée à des associations. Mais un nombre grandissantde régions ou de communes agiss<strong>en</strong>t aussi,comme <strong>en</strong> Île-de-France, pour que les personnelsdes services sociaux sach<strong>en</strong>t écouter sans préjugésles femmes victimes de viol<strong>en</strong>ce. Cette confianceinitiale, cette écoute, insiste aussi une élue de Leers(59), sont primordiales pour pouvoir espérer queces femmes poursuiv<strong>en</strong>t leur démarche de libérationavec une aide plus spécialisée.Un problème tout aussi crucial est celui dulogem<strong>en</strong>t. La région Île-de-France a, par exemple,un programme de création d'hébergem<strong>en</strong>ts réser-La pétition pour le mainti<strong>en</strong> desc<strong>en</strong>tres IVG se trouve là :http://orta.dynalias.org/petitionstructures-ivg/homeEt pour la loi-cadre, de nombreuxsites propos<strong>en</strong>t la pétitiondu Collectif national pour lesdroits des femmes. Par exemple,<strong>ici</strong>, avec des courriels de signataires:http://www.pcf.fr/spip.php?article2303S!l<strong>en</strong>ce n°377 mars 20109