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olivier twist ii

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Olivier Twist II<br />

Chapitre XXXIII<br />

réflexions ou quels efforts peuvent les alléger dans ces moments de fièvre<br />

et de désespoir ?<br />

Le jour parut, et tout dans le petit coage était triste et silencieux : on<br />

se parlait à voix basse ; des visages inquiets se montraient à la porte de<br />

temps à autre, et femmes et enfants s’éloignaient tout en pleurs. Pendant<br />

cee mortelle journée et encore après la chute du jour, Olivier arpenta<br />

lentement le jardin en long et en large, levant les yeux à chaque instant<br />

vers la chambre de la malade, et frissonnant à la pensée de voir disparaître<br />

la lumière qui éclairait la fenêtre, si la mort s’abaait sur cee maison. À<br />

une heure avancée de la nuit, arriva M. Losberne. « C’est cruel, dit le bon<br />

docteur ; si jeune, si tendrement aimée... mais il y a bien peu d’espoir. »<br />

Le lendemain matin, le soleil se leva radieux, aussi radieux que s’il<br />

n’éclairait ni malheurs ni souffrances ; et, tandis qu’autour d’elle la verdure<br />

et les fleurs brillaient de tout leur éclat, que tout respirait la vie, la<br />

santé, la joie, le bonheur, la belle jeune fille dépérissait rapidement. Olivier<br />

se traîna jusqu’au vieux cimetière, et, s’asseyant sur un des tertres<br />

verdoyants, il pleura sur elle en silence.<br />

La nature était si belle et si paisible ; le paysage doré par le soleil avait<br />

tant d’éclat et de charme ; il y avait dans le chant des oiseaux une harmonie<br />

si joyeuse, tant de liberté dans le vol rapide du ramier ; partout<br />

enfin tant de vie et de gaieté, que, lorsque l’enfant leva ses yeux rouges<br />

de larmes et regarda autour de lui, il lui vint instinctivement la pensée<br />

que ce n’était pas là un temps pour mourir ; que Rose ne mourrait certainement<br />

pas, quand tout dans la nature était si gai et si riant ; que le<br />

tombeau convenait à l’hiver et à ses frimas, non à l’été et à ses parfums.<br />

Il était presque tenté de croire que le linceul n’enveloppait que les gens<br />

vieux et infirmes, et ne cachait jamais sous ses plis funèbres la beauté<br />

jeune et gracieuse.<br />

Un tintement de la cloche de l’église l’interrompit tristement dans<br />

ses naïves réflexions ; puis, un autre tintement : c’était le glas des funérailles.<br />

Une troupe d’humbles villageois franchit la porte du cimetière ;<br />

ils portaient des rubans blancs, car la morte était une jeune fille ; ils se<br />

découvrirent près d’une fosse, et parmi ceux qui pleuraient il y avait une<br />

mère... une mère qui ne l’était plus ! Et pourtant le soleil brillait radieux,<br />

et les oiseaux continuaient de chanter.<br />

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