Le lutin jardinier

FRENCH
EDITION
Le lutin jardinier
Tuula Pere • Outi Rautkallio
W
ickWick

Le lutin jardinier
Histoire de Tuula Pere
Illustrations de Outi Rautkallio
Mise en page de Peter Stone
Traduction française de Edith Girval
ISBN 978-952-325-716-0 (ePub)
ISBN 978-952-325-216-5 (Print)
Première édition
Copyright © 2016 Wickwick Ltd
Publié en 2016 par Wickwick Ltd
Helsinki, Finlande
Imprimé dans l’Union européenne
The Gnome's Garden, French translation
Story by Tuula Pere
Illustrations by Outi Rautkallio
Layout by Peter Stone
French translation by Edith Girval
ISBN 978-952-325-716-0 (ePub)
ISBN 978-952-325-216-5 (Print)
First edition
Copyright © 2016 Wickwick Ltd
Published by Wickwick Ltd
2016, Helsinki, Finland
Printed in EU
Originally published in Finland by Wickwick Ltd in 2016
Finnish “Menninkäisen puutarha”, ISBN 978-952-325-200-4 (Print), ISBN 978-952-325-700-9 (ePub)
US English “The Gnome's Garden”, ISBN 978-952-325-201-1 (Print), ISBN 978-952-325-701-6 (ePub)
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FRENCH
EDITION
Tuula Pere • Outi Rautkallio
Le lutin jardinier
W
ickWick
Children’s Books from the Heart
1

Le jardin de Lazare le Lutin se
cachait au plus profond de la
forêt. Il était niché derrière une vallée
verdoyante et des bosquets d’épicéas
et de bouleaux.
C’était un joli petit jardin très bien
tenu. Lazare était un excellent
jardinier, qui prenait grand soin de
ses plantes. D’immenses fougères
protégeaient ses plantations et
ses graines. Une grande pierre
emmagasinait le soleil toute la journée
pour réchauffer les plantes la nuit.
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Toutes sortes de fruits et de légumes poussaient dans le jardin du lutin. Il y avait
des myrtilles, des airelles rouges, du trèfle, des champignons, et bien d’autres
plantes encore. Quand les fruits et les légumes arrivaient à maturité, une taupe
qui vivait dans la forêt voisine venait aider Lazare à les cueillir. Théa la taupe était
toujours prête à aider Lazare quand elle n’était pas occupée à ses propres affaires.
Lazare et Théa aimaient beaucoup jardiner ensemble.
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6

Quand l’automne fut venu, le lutin invita
ses amis à venir fêter la récolte autour d’un
grand festin. Pour la remercier de son aide, Lazare donna la place
d’honneur à Théa.
« Sans les bons conseils et la patience de Théa, dit le lutin à ses
amis, mon jardin n’aurait jamais produit une récolte aussi
abondante ! »
Tout le monde salua Théa et sourit, tandis que la timide
taupe rougissait. Elle n’aimait pas être au centre de
l’attention. Mais elle était heureuse que Lazare lui ait
confié le soin de son jardin.
7

8
Après le banquet, les amis de Lazare repartirent chacun avec des
fruits et légumes du jardin. Ainsi, ils eurent des provisions pour
les semaines et les mois à venir, qui apporteraient sans nul doute
leur lot d’averses d’automne et de froids vents d’hiver.

Théa fut la dernière à s’en aller. « Au revoir, Lazare, dit-elle. J’ai passé une
excellente soirée. »
« Dès que le soleil de printemps recommencera à briller, reviens me voir,
lui répondit le lutin. J’aurai grand besoin de ton aide pour labourer le sol et
préparer les semis. »
« Bien sûr, je serai là », lui promit Théa.
9

La neige eut tôt fait de recouvrir la
forêt d’un grand manteau blanc. La
taupe s’endormit pour l’hiver auprès des
siens, au creux de son terrier capitonné de paille.
Dans ses rêves, elle voyait déjà le printemps,
ses moustaches frémissaient, ses narines
s’emplissaient de l’odeur des plantes en train de
germer et de l’air frais et doux.
Le lutin vivait dans une maisonnette en bois
toute de guingois, perchée sur la branche d’un
pin. Vue de l’extérieur, sa maisonnette paraissait
bien rustique, mais à l’intérieur elle était
confortable et on y était bien au chaud. Lazare
avait bouché toutes les petites fentes entre les
planches avec de la mousse, et même les plus
grands vents ne pouvaient y entrer.
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12

Lazare rêvait lui aussi du printemps, de son jardin se couvrant de fleurs, de
fruits et de légumes.
Un jour, Lazare s’emmitoufla dans des habits bien chauds, et sortit dans la neige.
Il se mit à danser autour des arbres et à courir parmi les pierres qui étaient encore
recouvertes d’une épaisse couche de neige. Les écureuils et les lapins vinrent jouer
avec lui, comme ils aimaient à le faire, et le lutin ne vit pas passer le temps.
13

Puis un beau jour, le soleil gagna sa bataille contre le givre. La neige commença
à fondre, laissant derrière elle une épaisse boue glacée. Du fond de leur terrier,
les taupes commencèrent à étirer leurs pattes engourdies et à faire bouger leur
queue. La lumière vive du printemps éblouit les petits yeux de Théa.
Le printemps est enfin de retour, pensa-t-elle. Il est temps de faire de nouveaux
semis !
14

Théa traversa la forêt en courant. La neige, en fondant, avait laissé des flaques
d’eau un peu partout. La taupe chercha le chemin le plus sec, et arriva au pied
de l’arbre où vivait le lutin.
15

Lazare était ravi de voir sa chère amie Théa. Ils
échangèrent quelques nouvelles, et se réjouirent
ensemble de l’arrivée du printemps.
« Qu’allons-nous planter cette année ? » demanda Théa.
Le lutin avait beaucoup d’idées, et Théa aussi.
Le lutin et la taupe décidèrent de se retrouver le lendemain
matin avec leurs graines et leurs plants. Le temps
s’annonçait idéal pour jardiner. La glace avait fondu, et le
sol était humide et meuble.
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17

La taupe se mit en route vers
midi. Les préparatifs lui avaient
pris un peu plus longtemps que
prévu. Alors qu’elle approchait de
la maison de Lazare, elle aperçut
une étrange créature voleter entre
les arbres.
Que se passe-t-il ? se demanda-telle.
Quelqu’un était avec Lazare :
c’était un magnifique papillon !
18

Théa en resta bouche bée. Elle n’avait jamais vu un papillon
aussi grand et aussi beau de sa vie entière. Lazare semblait
complètement envoûté par cette éblouissante créature. Il fit un
petit salut à Théa, et se retourna immédiatement vers le papillon.
Théa posa délicatement ses affaires sur le sol.
« Tu pourrais faire tellement de choses dans ce jardin, disait
le papillon. Quel dommage que tu ne plantes que d’ennuyeux
fruits et légumes. Pourquoi ne pas planter des pois de senteur,
des volubilis et des digitales à la place ? Tu verras comme ce sera
beau quand elles fleuriront. »
« Hmm, répondit Lazare. Tu as bien raison. Il est temps de
changer un peu ! ».
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20

Les jours suivants, les jardiniers travaillèrent dur. Tandis que Lazare et Théa
préparaient les parterres, le papillon voletait au-dessus d’eux en leur donnant
des instructions.
« Cette terre meuble est parfaite pour les coquelicots. Les capucines seront très
bien dans ce petit coin ensoleillé, là-bas. »
« Quelles bonnes idées tu as ! » s’exclama le Lutin.
Théa restait silencieuse. Mais au lieu de suivre les instructions du papillon, elle fit
ce qu’elle faisait chaque année avec le lutin : elle planta des fruits et des légumes. «
Les fleurs, ça ne remplit pas un estomac », marmonnait-elle dans son coin.
21

Les jours passaient, les graines germaient et les plantes grandissaient à vue d’œil.
« Il ne se passe pas grand chose dans le jardin en ce moment », dit un jour le
papillon. Théa trouva qu’elle était bien impatiente. « Je reviendrai quand les fleurs
auront poussé et qu’elles seront devenues grandes et belles. »
Lazare et Théa continuèrent à travailler tout seuls. Il y avait beaucoup à faire dans
le jardin. Il fallait attacher les fragiles et délicates fleurs à des branches de saule
pour qu’elles ne tombent pas. Il fallait aussi les arroser abondamment quand il ne
pleuvait pas.
22

Le lutin avait l’air content de tous ces changements. « Le jardin va être
magnifique. Plus beau que jamais ! »
Théa émit un grognement de désapprobation tout en arrosant les fleurs qui
commençaient à bourgeonner. Elle s’essuya le front. « Oui, ce sera sans doute très
beau », marmonna-t-elle.
Quand elle n’était pas en train de prendre soin des parterres,
Théa s’occupait en secret des fruits et des légumes qu’elle
avait semés. Les baies, les champignons et toutes les
autres plantes utiles qu’ils avaient l’habitude de planter
commençaient à germer.
23

24

Le papillon revint pendant la canicule du mois de juillet. Le jardin de Lazare
débordait de fleurs. Les capucines étaient d’un rouge flamboyant, les pois de
senteur avaient grimpé jusqu’en haut de leurs tuteurs, et les digitales se courbaient
doucement sous le poids de leurs grandes fleurs pourpres. Un délicieux parfum
flottait dans tout le jardin.
Lazare était très fier de cette belle réussite.
« Il faut célébrer ça ! déclara le papillon. Je reviendrai ce soir avec du nectar. Nous
ferons une fête dans ta maisonnette. »
« Tu te joindras à nous, Théa ! » dit le lutin.
Elle secoua la tête. « Je crois qu’il vaut mieux que je reste pour surveiller le jardin.
J’ai l’impression qu’un gros orage se prépare. »
25

Théa avait vu juste. À la tombée de la nuit, un violent orage d’été éclata.
Le vent soufflait en rafales et la pluie tombait sans répit. La taupe courait d’un
bout à l’autre du jardin, essayant désespérément de protéger les délicates fleurs
fouettées par le vent.
L’orage dévasta aussi la forêt, cassant les branches et brisant les arbres sur son
chemin. L’arbre du lutin pliait et se balançait sous la force du vent, en poussant
d’horribles gémissements. À l’intérieur de la maisonnette, le lutin tentait de
rassurer ses invités.
« L’orage est venu gâcher notre fête, grogna le papillon. Je n’ai plus aucune envie
d’être ici. À côté de ma belle prairie, cette forêt est sombre et sinistre. Peut-être
que ça ne vous dérange pas, toi et tes amis taupes, mais moi je viens d’un monde
différent. »
26

27

Lazare rougit de honte. Il avait déçu le beau papillon.
Mais, alors que le papillon continuait à se plaindre, Lazare se rendit compte de
quelque chose.
Je n’y suis pour rien. Ce n’est pas de ma faute s’il y a eu un orage. Et ce
n’est pas de ma faute non plus si le papillon n’aime pas la forêt.
28

Lazare regarda à travers la fenêtre qui se balançait au gré du vent. Était-ce Théa
qu’il apercevait dans le jardin ? La pluie battait les carreaux, et il n’arrivait pas à
bien voir.
Lazare eut à nouveau honte. Mais cette fois-ci, c’était en pensant à la pauvre Théa.
Il aurait dû être dans le jardin avec elle, au lieu d’être bien à l’abri dans son arbre, à
consoler un frivole papillon.
29

L
’orage finit par passer, et le soleil
matinal recouvrit le sol de la
forêt d’une fine vapeur blanche. Le
lutin laissa le papillon endormi dans la
maisonnette et alla voir dans quel état
l’orage avait laissé le jardin.
La pluie avait jeté à terre les capucines
et les pois de senteur. Le sol était
jonché de volubilis. Les rafales de
vent avaient enchevêtré les fleurs
et les plantes grimpantes, et Théa
était couverte de débris des
pieds à la tête. Seule sa queue
dépassait du tas de fleurs brisées.
30

Théa se leva, épuisée et pleine de boue. Elle serrait encore dans ses mains
des fleurs qu’elle avait essayé de protéger.
« Je suis désolé, Théa, murmura Lazare. C’était très idiot de ma part de planter ces
fleurs. »
31

Théa était trop fatiguée pour lui répondre. Mais un
peu plus tard, quand le papillon se fut envolé, et
qu’elle fut bien emmitouflée dans une couverture et des
grosses chaussettes de laine prêtées par Lazare,
elle lui dit ces quelques mots.
« Le plus important, c’est
que l’orage soit fini. Les
fleurs n’ont pas résisté,
mais tout le reste peut
s’arranger, dit
Théa.
32

Je te pardonne, Lazare, mais l’été prochain, ne plantons pas de délicates fleurs. Ce
dont nous avons besoin, c’est de plantes robustes et de nourriture pour l’hiver. »
« Je suis tout à fait d’accord, répondit le lutin. Mais tu me promets d’être toujours
là ? »
Théa lui fit un grand sourire. « Je serai toujours là. »
Lazare se mit à ramasser les fleurs cassées. Mais ce faisant, il découvrit le secret
de Théa : un jardin plein de plantes utiles qui donneraient des fruits et légumes en
abondance !
Lazare mit sa main sur le cœur. « Tu es la taupe la plus sage et travailleuse que je
connaisse ! »
33

Au plus profond de la forêt, Lazare s’affaire dans son jardin. Cette année,
Lazare et son amie Théa la Taupe ont décidé de faire pousser des fruits et
des légumes pour en régaler leurs amis. Mais un jour, un papillon arrive dans
la forêt et éblouit Lazare de sa beauté. Pour lui faire plaisir, il entreprend alors
de remplir son jardin de délicates fleurs.
Le fragile jardin de Lazare survivra-t-il au violent orage d’été qui s’abat sur la
forêt ? Et son amitié avec Théa résistera-t-elle à cette épreuve ?
wickwick.fi