Bois Jolan Bois Jolan La plage de Bois Jolan au pipirit chantant Le Bon Air. Mai/Juin 2011 40
Bois Jolan Il faut aller tôt le matin à Bois Jolan pour en apprécier tous les charmes. Son lagon turquoise, son sable blanc et sa barrière de corail, tous les ingrédients d’une plage telle qu’on la rêve quand tout s’agite autour de nous. Les rivages de Bois Jolan reviennent de loin. Cette plage a beaucoup souffert d’une fréquentation anarchique : il n’était alors pas rare de côtoyer les véhicules et les serviettes des baigneurs à même le front de mer. Cette époque est heureusement révolue. Devenue site naturel protégé, des aires naturelles de stationnement bien délimitées et respectées de tous rendent à cette plage son caractère sauvage et attachant. Palmiers, cocotiers, arbres du voyageur bordent cette langue de sable blanc, fin comme de la farine et que l’on foulera aux pieds tel un tapis moelleux. Mais pas avant d’emprunter les caillebotis qui mènent à un petit promontoire et invitent à un panorama unique sur les îles des Saintes, de Marie-Galante, et par temps très favorable, de la Dominique. A gauche, la Pointe des Châteaux dresse son épieu. La mer est d’huile, protégée par la barrière de corail interdisant aux vagues de l’Atlantique de s’échouer sur ce joli rivage. Surprise ! Des bœufs accourent, venus paitre les feuilles des raisiniers, faisant fi des promeneurs ou des baigneurs. En retrait, un premier ajoupa de bonne taille et sa grande table laisse à penser que nombreuses seront les familles qui viendront bientôt s’attabler. On enjambe les arbres secs, noueux, tortueux devenus sculptures, les troncs de cocotiers penchés à l’horizontale, souvenirs de cyclones dévastateurs, et sur lesquels se greffent parfois des raisiniers bord de mer qui trempent leurs racines dans l’eau cristalline et tiède. La plage s’étire ainsi sur plus d’un kilomètre en plusieurs petits bassins. Ici et là, des briques calcinées, barbecues improvisés, révèlent la présence de quelques irréductibles malveillants. Au lever du soleil, joggeurs, marcheurs, amoureux de la nature sauvage pointent leurs talons. Sur les troncs de majestueux cocotiers, une trace orangée signale l’itinéraire à suivre. En arrière plan, la forêt sèche cache des petits sentiers propices à la promenade où raisiniers, amandiers et mapous noirs feront de l’ombre. Caché par deux ou trois filaos, un autre carbet. Il en existe ainsi deux autres. Avant que le sable ne fasse place à quelques petits rochers, un écriteau accroché à un frêle poteau annonce « Respectons les enclos, ils servent au développement d’espèces végétales. Merci de respecter le site ». Respect ! Une fois franchi un passage étroit entre deux petits poteaux de bois, ce petit bout de monde est interdit aux campeurs, le silence est d’or et la nature reprend ses droits. La plage se termine là où commence une petite falaise empruntée par les randonneurs en quête de sentiers insolites. Si le long de la plage, le bain est propice au barbotage, on se régalera ici d’une eau plus profonde. Puis les yeux distinguent alors un sous-bois invitant à faire demi-tour. Plus loin, un paysage bucolique révèle des étendues de champs de cannes parsemées de mares où les vaches étanchent leur soif. Il faut alors suivre un chemin de tuf longé par quelques pieux de bois et nous voici arrivés à notre point de départ. L’atmosphère a changé. Un peu de la magie s’envole. Déjà, balai et râteau à la main, les vacanciers d’un jour peaufinent leur territoire. On déplie les chaises, les tables et on déballe les canaris, annonciateurs d’un déjeuner familial. Plage éponyme par excellence, il ne faut pas s’en étonner. 41 Le Bon Air. Mai/Juin 2011