Stratégies 2017
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dossier<br />
l’union fait la force.<br />
Une vingtaine de marques médias<br />
ont créé l’alliance Gravity afin<br />
de réexister dans un paysage<br />
dominé par Facebook et Google.<br />
© Benjamin Boccas<br />
Cela permettra de construire des segments à la carte en puisant<br />
dans un vivier de 10 milliards de données mensuelles. Deux initiatives<br />
unanimement applaudies par un écosystème en quête de<br />
rééquilibrage. « Ces exemples d’union montrent qu’il y a des parades<br />
possibles. Les éditeurs français ont compris l’enjeu de la<br />
data et c’est une excellente nouvelle. Quelque chose est en train<br />
de se passer », commente Erwan Le Page, président de la place de<br />
marché Audience Square. « Face à des plates-formes aux formats<br />
normés, nous attendons des opportunités créatives plus fortes,<br />
ainsi qu’une transparence accrue, avec la possibilité d’évaluer par<br />
nous-mêmes les campagnes », prévient néanmoins Erwan Lohezic,<br />
directeur général d’iProspect France, l’agence de marketing<br />
digital du groupe Dentsu Aegis.<br />
Talon d’Achille<br />
Et puis ces derniers mois, Google et Facebook ont aussi dévoilé<br />
leur talon d’Achille. Leur stratégie consistait, jusqu’à présent, à<br />
croître à toute vitesse dans une obsession de performance et de<br />
masse. Or cela se faisait au détriment de la qualité publicitaire<br />
et de la brand safety. Deux affaires ont éclaté ces douze derniers<br />
mois : le réseau social de Mark Zuckerberg a reconnu des failles<br />
dans ses mesures d’audiences des vidéos publicitaires, et Google<br />
a été pointé du doigt dans une enquête du Times d’avril dernier,<br />
sur l’affichage de publicités à proximité de contenus à caractère<br />
haineux. « Cela a eu le mérite de faire bouger les lignes » rappelle<br />
Sophie Poncin qui, sous la casquette du SRI, travaille avec l’interprofession<br />
(Udecam, Geste, UDA, IAB, ARPP), pour lancer dès cette<br />
rentrée le label Digital Ad Trust. La nouvelle norme certifiera les<br />
sites qui respecteront les cinq grands critères de brand safety,<br />
visibilité, expérience utilisateur et respect des données personnelles.<br />
« Nous comptons bien éduquer le marché car, pour qu’il évolue,<br />
il faut qu’il y ait des référentiels », conclut-elle.<br />
Ces deux affaires ont eu du<br />
bon : elles ont obligé Google et<br />
Facebook à se remettre en<br />
question et à accepter d’ouvrir<br />
leur plate-forme à des tiers pour<br />
évaluer leurs dispositifs. « Nous<br />
ne pouvons que nous réjouir de<br />
cette émulation générale qui<br />
agit au profit de la qualité des<br />
campagnes», souligne Clément<br />
Bascoulergue, directeur commercial de la société de mesure Integral<br />
Ad Science, qui travaille avec Facebook et Google sur les critères<br />
de visibilité et de fraude, et bientôt avec YouTube sur le sujet<br />
spécifique de la brand safety : « Il y a encore un an, il y avait distorsion<br />
sur les possibilités de vérifier les campagnes selon les types<br />
de médias investis. C’est une avancée majeure, le marché dispose<br />
enfin de KPI homogènes. »<br />
Performance raisonnée<br />
La balle est maintenant dans le camp des annonceurs et de leurs<br />
agences, longtemps séduits par les sirènes de la simplicité, ils<br />
doivent aussi imposer leurs conditions pour que cette course à la<br />
performance soit raisonnée. Certains essayent déjà : « chez iProspect,<br />
la moyenne des investissements sur le duopole est légèrement<br />
inférieure à celle du marché. Nous nous efforçons en effet de<br />
les diversifier pour maximiser les opportunités business de nos<br />
clients. Certains annonceurs nous suivent, d’autres, plus sensibles<br />
aux pures logiques de reach, moins », témoigne Erwan Lohezic.<br />
En matière de programmatique, <strong>2017</strong> est clairement l’année de la<br />
professionnalisation réelle des annonceurs. Pour Yohann Dupasquier,<br />
c’est un point essentiel : « Ils challengent désormais leurs<br />
partenaires, avec une vraie prise de conscience sur la portée du<br />
programmatique en termes de connaissance client et de stratégie<br />
marketing. » C’est sans compter de nouveaux rebondissements qui<br />
pourraient encore changer la donne dans les mois qui viennent. La<br />
Commission européenne, dans sa réflexion sur la protection des<br />
données, prépare un projet de règlement e-privacy qui suggère de<br />
centraliser le consentement des utilisateurs à partir des réglages<br />
du navigateur ou de l’application. Aberration vitale pour les publishers,<br />
Google et Apple devenant alors seuls détenteurs de précieuses<br />
données, nécessaires à l’adaptation de l’offre publicitaire.<br />
Les éditeurs français n’ont décidément pas fini d’en découdre en<br />
cette année <strong>2017</strong>. n<br />
StratégieS N° 1915<br />
28 07/09/<strong>2017</strong>