Dumas Volume 3

Yelena Mazour-Matusevich
pouvait y fumer seul sur son tabouret près de la fenêtre.
Au moins celui-là, contrairement à son frère, se
tenait tranquille. Il causa à sa mère, une abominable
toxicose au début mais au moins maintenant il se tenait
tranquille. Si tranquille qu’elle eut, quand il ne bougea
pas en elle au moment où l’enfant devrait bouger, un
bref espoir… Elle n’alla même pas chez le gynéco par
peur de perdre cet espoir, l’espoir qu’il a enfin compris
et n’insistera plus... Elle voulait attendre le plus
longtemps possible pour qu’aucun miracle de la
médecine moderne, qu’on pourrait utiliser contre elle, ne
parvienne plus à le réanimer. Mais un jour, quand elle
racontait à une voisine, en cachant sa joie, qu’il ne
bougeait jamais, cette dernière lâcha qu’en cas de mort,
le petit corps se désintégrerait dans son utérus et
l’empoisonnerait d’une infection générale. Encore la
mort et encore à cause de lui, de ce petit ver qui la
rongeait inlassablement de l’intérieur. Mais, encore une
fois, « le fœtus se développait normalement », il avait,
paraît-il, juste un caractère timide, selon l’expression du
gynéco qui essayait de la rassurer.
« Peut-être que c’est une fille, ah? Elle pourra
t’aider à la maison et puis les filles sont toujours plus
proches de leurs mères, c’est bien d’avoir une fille », lui
disait-il en cherchant à l’apaiser. « Je ne veux pas, tu
entends, je ne veux pas ! », répétait-elle en serrant les
dents, mais au fond d’elle, l’idée d’une fille, de sa
semblable, faisait son chemin pacificateur. Lui, en
sentant qu’il trouva juste, répétait, aux moments de
tendresse, ce mot doux à son oreille: une fille, une fille.
Ce fût un garçon. À cette nouvelle, elle poussa
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